Spelling suggestions: "subject:"corps humain"" "subject:"corps pumain""
141 |
Le sol urbain : un arrière-plan de l’expérience somatique des ambiances urbaines / Urban ground : a basis for the somatic experience of urban atmospheresGermon, Olivia 21 March 2017 (has links)
Le sol en tant que support de la vie urbaine est encore peu pensé par la recherche architecturale et urbaine. Dans un monde où la concurrence entre villes se joue entre autres sur la qualité des espaces publics, il est pourtant un élément essentiel des usages pédestres. Le pied le foule, l’œil le fait entrer dans l’horizon perceptif sans qu’on s’y attarde, et sans qu’une recherche approfondie nous en ait montré toutes les dimensions sensibles.Après un rappel historique des enjeux de l’aménagement du sol urbain, nous nous penchons sur la façon dont celui-ci est très tôt intégré dans la structuration de l’expérience vécue par tout un chacun, notamment lors de l’apprentissage de la marche. Le sol est une donnée première de l’environnement et joue un rôle dans la formation de l’équilibre, du sens de la proprioception. Il participe ainsi à l’arrière-plan corporel de l’expérience, en même temps qu’il est une surface d’échanges. En matière d’architecture et d’urbanisme, nous faisons l’hypothèse que le sol fait partie du fond de l’ambiance : il contribue à l’arrière-plan ambiantal de l’expérience sensorielle des espaces publics. Pour avancer sur ces hypothèses, trois corpus sont constitués : le premier, à partir d’une écoute réactivée de vingt sons enregistrés à Paris, analyse la part du sol dans la qualité sonore de l’ambiance vécue ; le second, issu d’observations et de relevés vidéo sur deux terrains comparés à Barcelone et La Défense, permet d’évoquer les relations entre topographie et mobilité ; le troisième, issu de l’expérimentation de dix parcours commentés effectués les yeux fermés sur une partie du site de La Défense, tente d’approcher l’expérience somatique dans le rapport au sol : comment se joue la relation entre le sol et le « soma » ? Pour conclure, nous discutons les apports réciproques entre Ambiances et Somatiques, deux disciplines au cœur desquelles le sentir est exploré. Que peuvent apporter les somatiques aux ambiances en terme de méthode d’étude, du point de vue théorique et pour l’approche du projet ? / The ground as a support for urban life remains a largely understudied topic in architectural and urban research. In a world where towns compete to offer a better quality of public spaces, pedestrian use is considered as an essential aspect. Felt underfoot and seen on the perceptual horizon without being consciously considered, very little in-depth research has revealed its sentient dimensions.After some brief historical considerations on the importance of urban ground, the study focuses on how the ground is integrated into the lived experience of our environment, beginning with how we learn to walk. The ground is a fundamental dimension and plays an essential role in keeping balance and creating a sense of proprioception. It participates as a basis for bodily experience by providing a surface of exchange. In terms of architecture and urban design, this study posits the ground as part of the ambiance as it constitutes the ambient background of the sensory experience of public spaces. In order to develop this hypothesis three case studies are considered: the first, based on a reactivated listening of twenty sounds recorded in Paris to provide an analysis of the role that the ground plays in experiencing the ambiance; the second, a comparative set of observations and video recordings taken in two sites in Barcelona and La Défense in Paris; the third, is based on ten blind-folded commented walks carried out at La Défense. It tries to examine what the somatic experience of the ground entails, how does the relationship between the ground and the “soma” take place? In conclusion, the reciprocal contributions of Ambiances and Somatics are considered in relation to this material as we ask what new theoretical approaches these disciplines can provide in exploring body experience.
|
142 |
La création de personnages numériques : réalisme perceptuel, corporéité et monstruositéMorency, Joël 20 April 2018 (has links)
Ce mémoire de recherche-création explore le lien entre les implications théoriques et pratiques de la production de personnages numériques non réalistes. Les technologies d’imagerie de synthèse permettent aux personnages virtuels de partager l’espace filmique avec des êtres de chair dans une même image isotopique. Le réalisme perceptuel fournit un cadre conceptuel qui inscrit ces effets visuels dans une esthétique de l’illusion, initiée dès les débuts du cinéma. Le corps de l’acteur virtuel est simulé de manière à reproduire le corps réel dans ses mécanismes physiques. Cependant, le regard porté sur le corps biologique est empreint des discours et des pratiques qui l’entourent, tout comme le corps numérique est porteur de ses propres discours. Le corps physique étant une norme, les figures qui s’écartent de celle-ci exploitent la monstruosité, envisagée comme un écart par rapport à la norme, en tant qu’esthétique.
|
143 |
L'image du faire en peinture et en dessin : l'entre matière-penséeFecteau, Cynthia 20 April 2018 (has links)
Les propos tenus dans ce mémoire accompagnent l’exposition L’Antichambre présentée à L’Œil de Poisson du 14 au 30 juin 2013. Ils ont pour point de départ le concret de mes actions sur la matière en peinture et en dessin, leur rapport au corps et à l’expérience. Le texte est divisé en six segments qui abordent ma pratique de la peinture et du dessin en suivant un ordre allant du simple au complexe, du concret à l’abstrait. Ce mémoire témoigne du processus de recherche-création réalisé de septembre 2011 à juin 2013 durant ma maîtrise en arts visuels à l’Université Laval.
|
144 |
Faire du corps une image : pour une iconographie épistémique de l'art posthumainCoulombe, Maxime 11 April 2018 (has links)
Tableau d'honneur de la Faculté des études supérieures et postdoctorales, 2006-2007 / L'art posthumain est l'histoire d'une rencontre. Il tente de faire dialoguer, sous le régime de l'art, une certaine conception de l'homme et du corps avec les nouvelles technologies. Cette thèse de doctorat interdisciplinaire interroge les enjeux sémiotiques, plastiques et sociologiques de cette rencontre. La cybernétique, paradigme né de l'écume incarnate de la Seconde Guerre mondiale, est rapidement apparue pour les prosélytes des nouvelles technologies comme un nouveau regard sur le monde et sur l'homme, un regard ayant comme spécificité de décentrer le sujet de sa place de « maître et possesseur de la nature » (Descartes). Fruit de ce décentrement, la posthumanité rêve de dépasser la condition mortelle de l'homme, mais peut-être surtout de dépasser la condition humaine même. Analysant la pratique artistique de Stelarc, d'Orlan, d'Aziz et Cucher, d'Arthur Elsenaar, de Stahl Stenslie et de Natasha Vita-More, je mets en évidence que l'art posthumain ne se résume pas à un florilège de tentatives appliquant le paradigme cybernétique sur le corps humain. Il n'est pas que simple expérimentation désintéressée. Plutôt, chaque recours à la cybernétique dans l'art posthumain porte la marque d'un manque et d'un désir. La posthumanité n'est pas simple science-fiction ; si elle est fiction, c'est qu'elle est de même une réponse, se voulant scientifique, à un désir de transcendance. L'imaginaire posthumain n'est aussi fascinant, aussi séduisant, que parce qu'il se propose de résoudre l'incomplétude coextensive à la condition humaine. En cela, la posthumanité s'offre comme une nouvelle foi ; elle souhaite refonder un nouveau mode d'être au monde où le sujet pourrait se passer de toute altérité. L'art posthumain se fait à la fois symptôme - et en cela voie d'analyse - de ces enjeux de sens et lieu d'exploration des promesses posthumaines.
|
145 |
Corps, genre et nouvelles technologies biomédicales : reconfigurations antinaturalistes au sein des théories féministesGrino, Claire 10 January 2025 (has links)
La matérialité biologique du corps humain est devenue l'objet d'interventions inédites au moyen de nouvelles technologies biomédicales, comme la procréation médicalement assistée, les tests génétiques, la contraception hormonale. Cette thèse part des difficultés inhérentes à une approche antinaturaliste pour aborder la dimension biologique des corps sexués. “On ne naît pas femme, on le devient” : mais qu'en est-il des corps ? Les technologies biomédicales investissent la chair selon des modalités qui échappent aux grilles d'analyses matérialiste et butlérienne. Faut-il y voir une réfutation du constructivisme, la revanche d'un socle biologique – hormonal, génétique, moléculaire – primant sur les effets anatomiques de la socialisation, comme le suggèrent les partisan·e·s d'un material turn féministe ? À partir d'une analyse de l'évolution de la notion de nature, définie comme "vie elle-même" depuis la révolution moléculaire de la biologie, cette thèse propose une autre interprétation, en définissant les technologies biomédicales comme des technologies de pouvoir relevant d’une biopolitique moléculaire de genre. Sans infirmer la perspective constructiviste, ces médiations sociales originales (adossées au nouveau paradigme épistémique) permettent de comprendre comment les frontières et limites du genre sont déplacées, tout en produisant des identités, des expériences et des subjectivités genrées inédites. En dégageant les coordonnées d'un véritable dispositif biomédical, notre étude comparative entre techniques disciplinaires et biopolitique moléculaire de genre plaide pour une critique antinaturaliste renouvelée, s’articulant à une critique de la technique qui permette d'inventer collectivement des moyens pour se réapproprier démocratiquement les technologies biomédicales. / The biological materiality of the human body has become an object of unprecedented interventions through “new biomedical technologies” as medically assisted procreation, genetic tests, or hormonal contraception. This thesis interrogates the difficulties inherent to anti-naturalist approaches in order to address the biological dimension of sexed bodies. “One is not born a woman, one becomes one”, but is this also true for the body? The analytical frames of materialist or deconstructivist feminism cannot cease the modalities through which biomedical technologies invest the flesh. Do biomedical technologies make constructivist approaches obsolete through the revenge of a biological – hormonal, genetic, molecular – ground that tops the anatomical effects of socialization? Partisans of a feminist “material turn” seem to think so. After analyzing how the molecular biology revolution changes the very concept of nature in defining it as “life itself”, I offer an alternative interpretation by defining biomedical technologies as technologies of power that stem from a molecular biopolitics of gender. Instead of overturning constructivist perspectives, these new social mediations (residing on a new epistemic paradigm) help understanding a shift in what has been seen as the limits of gender. This shift creates unprecedented identities, experiences and subjectivities of gender. In exposing the coordinates of the biomedical apparatus, this comparative study between disciplinary techniques and molecular biopolitics of gender pleads for a renewed anti-naturalist critique that takes the form of a critique of technology in order to allow for a collective appropriation of biomedical technologies.
|
146 |
Nous, les autresPlourde, Catherine 19 April 2018 (has links)
Ce mémoire analyse certaines pratiques artistiques actuelles (cinéma, performance, photographie) empreintes d’interrogations identitaires et de dualités rejoignant celles de mon projet pictural nous, les autres. La composition inhabituelle du corps et de l’objet-vêtement, dans ce travail, permet de favoriser la controverse et de renouveler les perceptions du regardeur. Tout au long des trois chapitres, six œuvres cinématographiques, performatives et photographiques côtoieront ma série de peintures pour en dévoiler le parcours. De l’identité à la perception, le sujet-objet de mes toiles se joue d’abord de l’image trouble renvoyée au spectateur, tel que le fait l’acteur au cinéma. Entre opposition et annulation, surgit ensuite la fiction neutre et duelle qui émane du performatif, d’où émerge comique et poétique. Finalement, c’est entre hasard et propension que mes choix artistiques de mise en image équilibrent imprévus et réflexes, tout comme la photographie harmonise l’ensemble. Ce mélange matière et couleurs constituant nous, les autres est pour le regardeur une œuvre ouverte prête à déambuler. / This essay explores certain current artistic practices (cinema, performance, photography) marked by identity questions and dualities mirroring those of my pictorial project nous, les autres. Through an unusual composition of body and clothing objects, fictional entities fuel controversy and renew the viewer’s perceptions. In the three chapters, two cinematographic works, two performances and two photographs will stand alongside my series of paintings to reveal their journey. De l’identité à la perception, the subject-object of my paintings, toys with the blurred image shown to the spectator, much like an actor in a movie. Entre opposition et annulation evokes the neutral and dual fiction stemming from a performance giving rise to the poetic and the comical. Finally, entre hasard et propension provides a backdrop for my artistic choice of images to balance mishaps and reflexes, much like photography complementing an ensemble. Through this mixture of matter and colour, nous, les autres takes the form of open artwork.
|
147 |
L'opportunité de l'admission de la matière cellulaire et génétique humaine à la brevetabilité en droit françaisLaulan, Julie 20 December 2024 (has links)
Les biotechnologies constituent aujourd'hui un secteur d'activités dynamique offrant de nouvelles perspectives d'innovations. Ces connaissances, permettant d'allier deux entités jusqu'ici traitées séparément, la technique et le vivant, sont en proie de révolutionner notre rapport au monde à de nombreux égards. La présente étude a plus spécifiquement vocation à se pencher sur les innovations biologiques produites à partir d'éléments extraits du corps humain, tels que les cellules souches et les gènes. La biologie cellulaire et le génie génétique se sont imposés comme des secteurs phares des biotechnologies en raison des progrès significatifs qu'ils pourraient permettre pour le traitement de certaines maladies génétiques rares. Toutefois, la protection juridique devant être octroyée à ce type de créations suscite un flot de réactions souvent très partagées au sein de l'opinion publique. Si le brevet est reconnu comme l'outil de propriété industrielle privilégié pour protéger efficacement les inventions, son application au domaine du vivant, et qui plus est au corps humain, demeure plus délicate et controversée. L'inadéquation des critères de brevetabilité aux inventions biotechnologiques fait aujourd'hui obstacle à la prise en considération de ces nouvelles formes de créations par la propriété intellectuelle. Ce projet de recherche s'inscrit dans une perspective globale et transversale, visant à comprendre en quoi le domaine brevetable est influencé par une série de considérations éthiques et par la superposition d'intérêts économiques et sociaux divergents. Il s'agit ainsi de tenter de clarifier les délimitations de l'objet brevetable et de réfléchir à l'opportunité de nouvelles admissions dans le champ de la brevetabilité tout en maintenant certains garde-fous essentiels à la protection des droits fondamentaux individuels. Dès lors, cette étude s'intéresse aux outils et stratégies disponibles afin de renforcer la coopération entre les acteurs impliqués dans ce débat et d'assurer un meilleur équilibre entre les différents intérêts en présence. / Biotechnologies are now a key economic sector offering new prospects for innovation. Technology and life are brought together in a single discipline to develop new knowledge that could revolutionize our world's vision in many ways. Our study focuses on biological innovations made up of elements extracted from the human body, such as stem cells ang genes. Cell biology and genetic engineering are the most attractive and dynamic areas of biotechnology. They are leading to major advances in the treatment of some rare genetic diseases. However, the legal protection of these forms of inventions raises a lot of issues and leads to a flood of divergent reactions in public opinion. Patent is traditionally recognized as the most appropriate industrial property tool to protect inventions. Its application to the life field and especially to human body remains however more controversial. The difficulties stemming from patentability criteria where biotechnological inventions are concerned illustrate the shortcomings of industrial property law in grasping these new forms of creation. This report adopts a global and transversal point of view in order to understand how the scope of patentability is influenced by a range of ethical considerations as well as economic and social interests. The main objective of this work is to clarify the boundaries of patentability and to reflect on the opportunity of new admissions as patent-eligible subject matter while ensuring protection of human fundamental rights such as bodily integrity and human dignity. This paper brings up the tools and strategies that could be used to strengthen cooperation between the different actors involved in this debate but also to ensure a better balance of interests at stake.
|
148 |
Le corps en droit pénal / The body under criminal lawKurek, Camille 12 December 2017 (has links)
La seule évocation du corps humain éveille l’attention. Pourtant, le droit pénal ne s’en saisit qu’à travers la personne humaine et aux fins de protection de cette dernière. Le corps humain apparaît au travers des valeurs sociales protégées consubstantielles à la personne, ou plus généralement à l’humain, mais rarement en tant que tel. Dissimulé derrière ces valeurs, le corps interroge quant à la place que lui accorde le droit pénal. Cette étude se propose de renverser la perspective classique en appréhendant le corps non pas au travers des valeurs qu’il véhicule, mais pour ce qu’il est. L’analyse de la place du corps en droit pénal révèle sa dissimulation fréquente derrière la personne. Lorsqu’il est appréhendé comme un objet autonome, le législateur semble l’assimiler à une valeur sociale protégée. Or, cette première impression est trompeuse car il n’en constitue que le substrat. La vie, l’intégrité physique ou encore la dignité lui sont certes inhérentes, mais le corps n’est que le support concret qui véhicule ces notions abstraites. Il en découle un régime peu satisfaisant, d’une part parce que le traitement réservé aux valeurs sociales protégées ne lui est pas adapté et, d’autre part, car lorsqu’il est traité en dehors du prisme de la personne, il fait l’objet d’une appréhension lacunaire.Face à ces incohérences, cette étude se propose de renouveler le régime octroyé au corps humain en lui appliquant les règles relatives aux catégories juridiques préexistantes – les choses et les personnes. Tirant profit du droit pénal de la personne et du droit pénal des biens, une conception renouvelée du corps émerge en droit pénal. / The mere mention of the body captures the attention. However, criminal law considers it only through the human person and the protection purposes of the latter. The human body is reflected through protected social values which are part and parcel of the person, or more generally of the human being, but it is rarely considered as such. The body, being concealed behind these values, questions its position under criminal law. This study is intented to reverse the traditional approach by addressing the body for what it is and not through the values it conveys.The analysis of the position of the body under criminal law reveals its frequent concealment behind the person. When the body is tackled as an individual object, then the legislator seems to associate it with a protected social value. Yet, this first impression is misleading since it forms only the substratum. Life, physical integrity or dignity are certainly inherent to the body but the latter being only the solid support to convey those abstract notions. All this leads to an unsatisfactory legal regime, firstly because the treatment accorded to protected social values is not suitable to the body and secondly, because when treated outside the person lens, the body is the subject of a flawed apprehension. Faced with these inconsistencies, this study aims to renew the legal regime granted to the human body by applying the rules on the pre-existing legal categories- things and people. By taking advantage of the criminal law regarding people and of criminal law regarding property, a renewed understanding of the body emerges in criminal law.
|
149 |
Culture du corps et technosciences : vers une « mise à niveau » technique de l’humain? Analyse des représentations du corps soutenues par le mouvement transhumanisteRobitaille, Michèle 11 1900 (has links)
L’intérêt marqué porté actuellement aux recherches NBIC (nano-bio-info-cognitivo technologies) visant l’optimisation des capacités humaines augure d’un profond bouleversement dans nos représentations du corps humain et du rapport humain-machine. Tour à tour, des travaux issus des domaines du génie génétique, de la pharmacologie, des biotechnologies ou des nanotechnologies nous promettent un corps moins sujet à la maladie, mieux « adapté » et surtout plus malléable. Cette construction en laboratoire d’un corps amélioré fait amplement écho aux préoccupations contemporaines concernant la santé parfaite, le processus de vieillissement, l’inaptitude, l’apparence, la performance, etc. En vue d’analyser les transformations qu’induisent ces recherches sur les représentations du corps, nous avons construit un modèle théorique appuyé, d’une part, sur des travaux en sociologie du corps et, d’autre part, sur des travaux en épistémologie des sciences. Puis, en scrutant différents textes de vulgarisation scientifique produits par des chercheurs transhumanistes – militant ouvertement en faveur d’une optimisation radicale des capacités humaines par le biais des technosciences –, il a été observé que les représentations du corps s’organisent autour de trois principaux noyaux. Le corps humain est présenté, dans ce discours, comme étant à la fois informationnel, technologiquement perfectible et obsolète.
Cette représentation tripartite du corps permet aux transhumanistes d’ériger leur modèle d’action (i.e. amélioration des capacités physiques, intellectuelles, sensitives, émotionnelles, etc.) à titre de nécessité anthropologique. À leurs yeux, l’amélioration des conditions humaines doit passer par une mutation contrôlée de la biologie (i.e. une hybridation avec la machine) du fait que le corps serait « inadapté » au monde contemporain. Ainsi, les promesses NBIC, une fois récupérées par les chercheurs transhumanistes, se voient exacerbées et prennent une tonalité péremptoire. Ceci contribue vivement à la promotion du posthumain ou du cyborg, soit d’un individu transformé dans l’optique d’être plus robuste et intelligent, de moduler sa sensitivité et ses états émotifs et de vivre plus longtemps, voire indéfiniment. Enfin, situé à mi-chemin entre la science et la science-fiction, ce projet est qualifié de techno-prophétie en ce qu’il produit d’innombrables prévisions basées sur les avancées technoscientifiques actuelles et potentielles.
Afin d’accroître l’acceptabilité sociale de leur modèle d’action, les transhumanistes ne font pas uniquement appel à la (potentielle) faisabilité technique; ils s’appuient également sur des valeurs socialement partagées, telles que l’autodétermination, la perfectibilité humaine, l’égalité, la liberté ou la dignité. Néanmoins, la lecture qu’ils en font est parfois surprenante et rompt très souvent avec les conceptions issues de la modernité. À leur avis, le perfectionnement humain doit s’opérer par le biais des technosciences (non des institutions sociales), sur le corps même des individus (non sur l’environnement) et en vertu de leur « droit » à l’autodétermination compris comme un droit individuel d’optimiser ses capacités. De même, les technosciences doivent, disent-ils, être démocratisées afin d’en garantir l’accessibilité, de réduire les inégalités biologiques et de permettre à chacun de renforcer son sentiment d’identité et d’accomplissement. L’analyse du discours transhumaniste nous a donc permis d’observer leurs représentations du corps de même que la résonance culturelle du projet qu’ils proposent. / The current interest in NBIC research (nano-bio-info-cognitivo technologies), which are intended to optimize human capacities, points to deep-seated change in both our representation of the human body and the human-machine relationship. Again and again, the work coming out of genetic engineering, pharmacology, the biotechnologies and the nanotechnologies promises a human body that is less subject to illness, better “adapted” and, especially, more malleable. This in-laboratory construction of an improved body echoes contemporary concern about perfect health, the ageing process, inaptitude, appearance, performance, etc. To analyze the transformations this research causes in the representation of the body, we built a theoretical framework supported by studies both in the sociology of the body and in the epistemology of the sciences. Then, examining different popularized scientific documents written by transhumanist researchers—who openly advocate a radical optimization of human capacities via the technosciences—we observed that representations of the body pivot around three main axes. The human body is presented in this discourse as being informational, technologically perfectible and obsolete.
This threefold representation of the body suggests that transhumanists’ plan of action (i.e. improving humans’ physical, intellectual, sensorial, emotional, etc., capacities) is an anthropological necessity. In their view, the improvement of human conditions means a controlled biological mutation (i.e., hybridization with the machine) because the body is “unadapted” to the contemporary reality. Thus, once adopted by transhumanist researchers, the possibilities of NBIC are taken to their extreme and given a peremptory tone. This actively contributes to promoting the posthuman, also called the cyborg—an individual transformed to be more robust and intelligent, to modulate its sensitivity and emotional states, and live longer, even indefinitely. Situated half-way between science and science fiction, this project is said to be “techno-prophesy” as it generates countless previsions based on current and potential technoscientific advances.
To make their action plan more socially acceptable, transhumanists not only rely on its (potential) technical feasibility, but on socially shared values, such as self-determination, human perfectibility, equality, liberty and dignity. Nevertheless, their interpretation is sometimes surprising and very frequently breaks with notions that have grown out of modernity. In their opinion, human perfection must occur through the technosciences (and not via social institutions) directly on individuals’ bodies (and not on their surroundings) and according to their “right” to self-determination, which is seen as an individual’s right to optimize his or her capacities. Similarly, they maintain that the technosciences must be made democratic to guarantee accessibility, reduce biological inequalities and allow all humans to reinforce their identity and sense of accomplishment. This analysis of transhumanists’ discourse has thus allowed us to observe their representation of the body as well as the cultural resonance of the project they put forth.
|
150 |
Le Grotesque contemporain : une catégorie de l’émotion dans l’art / Contemporary Grotesque : A Category Of Emotion In ArtLee, Jae-Geol 12 October 2012 (has links)
Le mot grotesque est mal défini ; il recouvre, comme nom et adjectif, des réalités très disparates. Aussi, comment peut-il être utilisé pour désigner un système cohérent de représentation ? Quel est le point commun à toutes les formes du grotesque ?Dans un premier temps, il s’agit de présenter un panorama des références nécessaires à une description synthétique des motifs du grotesque. Deux analyses se sont particulièrement révélées stimulantes dans le processus : celles de Wolfgang Kayser et Mikhaïl Bakhtine. Analyses qui ne datent que d’environ un demi-siècle et reposent sur un corpus littéraire (respectivement Kafka et Rabelais). Puis il sera question des tenants et aboutissants du grotesque en fonction des contraintes et possibilités des différents mediums de l’art contemporain. Ainsi, dans quelle mesure les outils critiques de la littérature peuvent-ils être féconds pour la compréhension de ces formes plastiques ?Dans un second temps, il apparaît que le corps humain et ses acceptions sociale, culturelle, psychologique, ait pris une place prépondérante dans la production plastique du XXe siècle en ce sens que le support se fait documentaire. En quoi cette politique du corps s’est-elle structurée à un moment ou un autre sur le motif du grotesque ?Ensuite, il s’agit de produire une typologie des manifestations du grotesque et des réactions qu’elles suscitent. Dans quelle mesure ces émotions ont-elles leur part dans une compréhension de l’individu en tant que tel et de son mode de vie, des rapports de pouvoir et des aspirations qui les traversent ?Enfin, le grotesque semble se perdre dans les tentatives de définition, notamment en fournissant des modèles esthétiques hétéroclites. Comment serait-il possible toutefois de solidifier ses expressions en des formes théorisées distinctes ? Ainsi une théorie des formes du grotesque, aussi disparates qu’elles puissent être, et en évolution permanente, pourrait bien être un outil incontournable pour une appréhension sensible de l’art contemporain et ainsi peut-être s’en approprier les motifs. / The word grotesque has never been accurately defined. As a noun and an adjective, it covers disparate concepts. Therefore how could it be used to designate a coherent representational system? What is the common point between all the forms of the grotesque?Firstly we’ll present a comprehensive overview of the references necessary to the description of grotesque patterns. In this process, two analysis have been particularly stimulating : those of w k and m b. These analysis are less than fifty years and are respectively based on Kafka and Rabelais’ body of literature.We’ll then talk about the ins and outs of the grotesque depending on both the possibilities and the constraints of contemporary artistic mediums. We’ll also explain how literary critical tools can help understand the art forms of the grotesque. Secondly we’ll see how the human body - as well as its social, cultural and psychological acceptions - have become predominant in the artistic production of the 20th century. How have these acceptions sooner or later edified a conceptual body around the notion of grotesque ?Thirdly we’ll try and produce a typology of the manifestations of the grotesque as well as a typology of the reactions it has generated. To what extent have these emotions played a part in the understanding of the human being and its lifestyle? Finally we’ll see how the grotesque tends to loose its meaning when we attempt to define it. It is especially the case when those attempts try to provide aesthetic benchmarks. However, could it be possible to consolidate those analysis and turn them into several distinctive theories?The forms of the grotesque are diverse, disparate and in constant evolution. However a theory of these forms is a tool not only indispensable to the comprehension of contemporary art but also necessary to the understanding of its patterns.
|
Page generated in 0.0377 seconds