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501

Le cinéma expressionniste d'après-guerre : une identité masculine allemande bouleversée

Lapierre-St-Michel, Camille 08 1900 (has links)
Ce mémoire porte sur les représentations de la masculinité traumatisée dans le cinéma expressionniste allemand. Le traumatisme de la Première Guerre mondiale occasionne, en Allemagne, l’ébranlement des identités genrées individuelles et de l’identité masculine nationale. Par le biais de l’analyse de cinq films expressionnistes (Das Cabinet des Dr Caligari, Robert Wiene, 1920 ; Nosferatu, Wilhelm Murnau, 1922; Die Nibelungen, Fritz Lang, 1924 ; Orlacs Hände, Robert Wiene, 1924 ; Metropolis, Fritz Lang, 1927), le présent mémoire étudie à la fois l’expression du genre, du traumatisme et de l’Histoire nationale. Nous y envisagerons l’image filmique comme un lieu de conflits et de compromis. C’est particulièrement par le biais des enjeux de contrôle, des corps et de leur économie et des dynamiques d’agentivité dans les rapports hommes-femmes que se manifeste l’ébranlement de la masculinité allemande d’après-guerre. Si certaines œuvres confrontent les anxiétés masculines de l’époque en traitant frontalement des traumatismes liés à la guerre et au bouleversement de la place de l’homme dans la société d’après-guerre, d’autres s’appliquent plutôt à rétablir une masculinité d’avant-guerre par l’expression de fantasmes nationaux et individuels de pouvoir et de virilité. En privilégiant une approche psychanalytique du cinéma, ce mémoire s’intéresse notamment aux mécanismes de défense qui transparaissent dans les œuvres. Il s’agit, tout compte fait, de comprendre comment le cinéma négocie avec le genre suite au traumatisme, et comment la temporalité peut influencer cette négociation. / This thesis focuses on representations of traumatized masculinity in German Expressionism. In Germany, trauma caused by the First World War unsettled individual gender identities and upset national conceptions of male identity. The thesis examines issues of gender, trauma and national history in five Expressionist films (Das Cabinet des Dr Caligari, Robert Wiene, 1920; Nosferatu, Wilhelm Murnau, 1922; Die Nibelungen, Fritz Lang, 1924; Orlacs Hände, Robert Wiene, 1924; Metropolis, Fritz Lang, 1927). These films comprise notable embodiments of conflict and compromise. It is argued that the disruption of German masculinity after the war registers in them by way of issues related to control, corporeality and gender relations. Contemporary anxieties about masculinity are tackled differently in the films, with some directly addressing themes of war trauma, emasculation and the postwar disruption to men’s traditional social roles and others seek to re-establish pre-war notions of manhood through expressing national and individual fantasies of power and virility. Drawing on a psychoanalytic approach to cinema, this thesis examines how defence mechanisms operate in the films. Key aims are to understand how Expressionist cinema addresses the impact of trauma on masculine identity and also how its approach to articulating trauma shifts through time.
502

Les relations franco-polonaises 1944-1947 : rapports bilatéraux à l'ère de la naissance des blocs

Michalec, Tomasz January 2002 (has links)
Mémoire numérisé par la Direction des bibliothèques de l'Université de Montréal.
503

Servitude et grandeur militaires en CinemaScope : étude de réception de The Bridge on the River Kwai et autres films relatant la Deuxième Guerre mondiale auprès des jeunes spectateurs en France de 1957 à 1964

Ly, Hieu-Thong 12 1900 (has links)
Cotutelle avec Sorbonne-Nouvelle / Par l'entremise d'une enquête ethnographique effectuée auprès de 229 cinéphiles français ayant fréquenté les salles de 1957 à 1964, nous examinons les différentes lectures que ces spectateurs — alors adolescents ou jeunes adultes — ont pu effectuer de The Bridge on the River Kwai (1957). D’autres succès au box-office tels The Young Lions (1958), The Guns of Navarone (1961) The Longest Day (1962), The Great Escape (1963) ou encore Quand passent les cigognes (1958) et les films français comme Le Passage du Rhin (1960) sont aussi examinés auprès de nos 229 participants afin de cerner l’approche qu’ils ont adoptée face à un film mettant la Deuxième Guerre mondiale en image. En analysant non seulement le discours de nos participants sur les films, mais aussi leur « récit de vie », nous établissons les « traces » (tel que l’entend Janet Staiger dans ses travaux sur la réception) qui ont contribué à former le contexte de réception dans lequel ils ont « rencontré » les films. Nous traitons donc des notions de cadre d’interprétation et de stratégie interprétative. Ce qui veut dire que nous nous penchons dans un premier temps sur les circonstances qui amènent les spectateurs à attribuer une identité générique au film. Puis, suite à cette identification générique, nous examinons la stratégie interprétative choisie par les spectateurs dans leur lecture du film. Ainsi, nous pouvons voir que le vécu personnel de l’Occupation, ou sinon le roman familial de 39- 45, a orienté la lecture des films. Nous constatons aussi que la Guerre d’Algérie a produit une forte polarisation des opinions sur l’armée; ces prises de position sur l’armée ont des répercussions sur la lecture de The Bridge on the River Kwai. / Through an ethnographic inquiry carried out among 229 French moviegoers who went to the movies at least from 1957 to 1964, we examine the different readings that these spectators - then in their teens or young adults - could carry out of The Bridge on the River Kwai (1957). Other huge box-office hits such as The Young Lions (1958), The Guns of Navarone (1961) The Longest Day (1962), The Great Escape (1963) or even The Cranes Are Flying (1958) and French films like Le Passage du Rhin (1960) are also examined with our 229 informants in order to identify the approach they adopted when faced with a film depicting the Second World War. By analyzing not only our informants' discourse on the films, but also their “life story”, we establish the "traces" (from Janet Staiger's reception theory) that helped shape the reception context in which they have encountered the films. We therefore deal with the notions of interpretation framework and interpretive strategy. This means that we first look at the circumstances which lead viewers to attribute a generic identity to the film. Then, following this generic identification, we examine the interpretive strategy chosen by spectators in their reading of the film. Thus, we can see that the personal experience of the Occupation period or otherwise the family’s story of WWII guided the readings of films on WWII. We also find that the Algerian War produced a strong polarization in the opinions about the Army. These positions on the Army have repercussions on the reading of The Bridge on the River Kwai.
504

Deux mémoires pour une identité en Ukraine post-soviétique

Ostriïtchouk Zazulya, Olha 16 April 2018 (has links)
Depuis l'indépendance de 1991, l'Ukraine s'efforce de se doter d'un capital symbolique pour appuyer sa nouvelle identité et exister en tant qu'État-nation. Ainsi sont mises en place des politiques patrimoniales, de nouvelles commémorations, et une révision du récit historique. Mais la volonté de renforcer la cohésion nationale se heurte à la persistance d'une fracture sociétale, schématisée dans une opposition entre un Ouest dit «prooccidental» et un Est dit «prorusse». Les uns défendent le principe d'une identité nationale à base ethnique s'appuyant sur la mémoire des luttes nationalistes (1920-1950), entretenue par la diaspora nord-américaine, comme enjeu majeur pour la société actuelle. Les autres, réfractaires à cette «nationalisation» du passé et de ses héros controversés, rejettent cette forme d'identification collective, allant jusqu'à lui en préférer d'autres: le panslavisme orthodoxe, le régionalisme, le soviétisme... Cette thèse, se saisit du phénomène mémoriel et en particulier des usages publics du passé, pour décrypter les raisons de cette division, issue d'expériences contrastées, portées par deux mémoires, ayant chacune son propre choix de commémorations, sa logique narrative, ses silences, renvoyant à des enjeux politico-idéologiques sous-jacents. Trois supports mémoriels-clés (Tarass Chevtchenko, la Grande Famine de 1932-1933, la Seconde Guerre mondiale) sont convoqués pour mettre en évidence, à partir de leurs interprétations concurrentes, les visions respectives du passé que se renvoient, comme dans un jeu de miroirs, les tenants des deux camps mémoriels, et qui empêchent la fixation de referents identitaires communs.
505

Spéculations : de la dialectique au différend

Gagnon, Vincent 04 1900 (has links)
Ce mémoire prend comme point de départ la question « Après Auschwitz », héritée de Theodor W. Adorno et Jean-François Lyotard, afin de réfléchir sur la place et le rôle de la philosophie après les événements de la Seconde Guerre Mondiale. En employant un outillage conceptuel emprunté à diverses disciplines telles que la sémiologie, la psychanalyse, la philosophie du langage et du marxisme français post- 68, le texte cherche à identifier la nécessité pour la philosophie de continuer à phraser « après Auschwitz », pour ensuite dégager des familiarités qui ont eu et peuvent encore avoir lieu avec la pensée nationale-socialiste. Finalement, le mémoire s’achève sur une discussion sur la logique – qu’il conviendra alors de qualifier de « spéculative » - qui œuvre à rendre compossibles la nécessité philosophique de phraser, le risque du retour dans la barbarie, de même que la possibilité omniprésente du différend, concept central bien qu’il ne soit pas systématiquement nommé. / This thesis takes as its starting point the question “After Auschwitz”, written by Theodor W. Adorno and Jean-François Lyotard, in order to reflect on the place and role of philosophy after the events of the Second World War. By employing conceptual tools borrowed from various disciplines such as semiology, psychoanalysis, philosophy of language and post-68 French Marxism, the text seeks to identify the need for philosophy to continue to phrase "after Auschwitz", in order to then extricate familiarities that have had and can still take place with National Socialist thought. Finally, the thesis ends with a discussion of logic – which should then be described as “speculative” – which works to make compossible the philosophical necessity of phrasing, the risk of returning to barbarism, as well as the ubiquitous possibility of the différend, a central concept although it is not systematically named.
506

« The fight for the minds of men » : le Committee on Public Information et son exportation dans le monde (1917-1919)

Guy, Frédéric 08 1900 (has links)
Ce mémoire de maîtrise examine la création aux États-Unis du Committee on Public Information (CPI) et son implantation en Europe, et analyse la relation qui s’établit entre son directeur, George Creel, et le président Woodrow Wilson. Les archives mobilisées pour cette recherche sont des lettres et documents, datés de 1916 à 1920, issus des Woodrow Wilson Papers déposés à la Library of Congress de Washington. Au moment de l’entrée en guerre des États-Unis en avril 1917, le gouvernement — suivant un courant de pensée émergeant au XIXe siècle sur le pouvoir de l’opinion publique — prend conscience de l’importance de maintenir un engouement pour la guerre auprès de sa population, ce qui mène à la création du CPI. Ce comité de « propagande » n’a pas originellement vocation à déborder des frontières américaines. Ce n’est qu’après la révolution en Russie à l’automne 1917 et face à la peur de voir cet allié sortir de la guerre que prend forme l’idée d’exporter les valeurs démocratiques américaines et les idées wilsoniennes dans le monde afin de gardées mobilisées les populations alliées et préparer le terrain pour l’après-guerre. Loin de se restreindre à la Russie, le comité étend son travail aux autres pays de l’Entente et aux neutres, avec comme objectif d’atteindre éventuellement les populations des empires centraux. L’analyse des échangés entre le président et George Creel met en lumière la collaboration étroite entre les deux hommes et la relation d’interdépendance qui s’établit entre eux au cours de la guerre. Le CPI trouve dans le président un soutien précieux afin d’affirmer son autorité et ainsi atteindre un plus grand public, malgré les critiques acerbes provenant du personnel diplomatique en poste à l’étranger et méfiant quant aux objectifs et méthodes du comité. Inversement, le Président bénéficie d’une organisation dédiée à mettre en valeur ses idéaux en Amérique et dans le monde. Ce mémoire est la première recherche qui examine de façon globale l’œuvre du CPI sur le continent européen. / This master's thesis examines the creation in the United States of the Committee on Public Information (CPI) and its deployment in Europe, and analyzes the relationship that developed between its director, George Creel, and President Woodrow Wilson. The archives used for this research are letters and documents, dated from 1916 to 1920, from the Woodrow Wilson Papers in the Library of Congress in Washington. Upon the entry of the United States into the war in April 1917, the government - following a trend of thought emerging in the nineteenth century on the power of public opinion - became aware of the importance of maintaining enthusiasm for the war among its population, which led to the creation of the CPI. This "propaganda" committee was not originally intended to extend beyond American borders. It was only after the revolution in Russia in the fall of 1917 and the fear of seeing this ally leave the war that the idea of exporting American democratic values and Wilsonian ideas around the world took shape in order to keep the allied populations mobilized and prepare the ground for the post-war period. Far from restricting itself to Russia, the committee extended its work to other Entente countries and neutrals, with the aim of eventually reaching the populations of the central empires. An analysis of the exchanges between the President and George Creel highlights the close collaboration between the two men and the interdependence that developed between them during the war. The CPI found in the President a valuable support in order to assert its authority and thus reach a wider public, despite the sharp criticism coming from the diplomatic personnel posted abroad who was suspicious of the committee's objectives and methods. In return, the President benefits from an organization dedicated to showcasing his ideals in the United States and around the world. This dissertation is the first research to examine the work of the CPI on the European continent globally.
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La préparation pré-déploiement de l'infanterie canadienne avant le débarquement allié en Sicile : doctrine et entraînement des armées canadiennes et allemandes 1919-1944

Fournier, Ismaël 23 April 2018 (has links)
Le présent mémoire porte sur l’entraînement de l’infanterie canadienne lors de la Deuxième Guerre mondiale jusqu’à l’invasion de la Sicile par les troupes alliées en 1943. Malgré une puissance militaire incomparable, les Alliés déployés sur le Front de l’Ouest eurent énormément de difficulté à vaincre une armée allemande déjà passablement affaiblie par le Front russe. Malgré des effectifs militaires inférieurs et l’absence d’appui aérien soutenu, les troupes hitlériennes résistèrent avec acharnement aux offensives initiées par les Alliés qui furent surclassés à maintes reprises par les divisions de la Wehrmacht. À cet effet, les troupes d’infanterie canadiennes ne firent pas exception. La contre-performance inhérente aux opérations offensives canado-britanniques en Europe fut la résultante de nombreux facteurs de nature tactique, opérationnelle et politico-stratégique. La présente recherche se penche spécifiquement sur la culture militaire, la constitution de la doctrine tactique britannique et le syllabus d’entraînement pré-déploiement des troupes d’infanterie de l’armée canadienne. Une fois ces éléments comparés au modus operandi tactique de la Wehrmacht, il ne fait aucun doute que la doctrine et l’entraînement des troupes d’infanterie canadiennes ne furent tout simplement pas aptes à assurer une suprématie tactique sans failles de l’armée canadienne sur le continent européen.
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La chimère polonaise : la social-démocratie allemande et la Question polonaise au cours de la Première Guerre mondiale

Doré, Pier-Alexandre 07 December 2020 (has links)
Héritée du XIXe siècle, la Question polonaise est l’un des enjeux majeurs des politiques intérieures de l’Empire allemand au tournant du siècle. Loin de s’avouer vaincue, la minorité nationale polonaise, marginalisée et ciblée par des politiques d’assimilation demeure un objet d’inquiétude qui s’amplifie avec la Première Guerre mondiale. Au milieu des tensions entre l’État allemand et ses citoyens polonais, le mouvement social-démocrate allemand intègre peu à peu les débats socio politiques concernant les problématiques polonaises de la Prusse-Orientale. onfrontés à des environnements politiques intérieurs et étrangers dépendant des affres de la guerre, les sociaux-démocrates peinent à imposer leurs visions sur l’avenir des communautés germano-polonaises. Les interventions étrangères répétées, l’implosion du mouvement social démocrate, la Paix de Brest-Litovsk, les défaites militaires et les révolutions allemande et polonaises marquent finalement l’échec du programme polonais social-démocrate. À de nombreux égards, la Première Guerre mondiale et la gestion de la minorité nationale polonaise d’Allemagne souhaitée par les sociaux-démocrates marquent la fin d’un chapitre pour les relations polono-germaniques. À la conclusion du conflit, la défaite allemande et le nouveau gouvernement social-démocrate mettent la table vers des années de compétitions polono-germaniques qui s’observent par les nombreux conflits marquant les années de l’Entre-Deux Guerres. / Inherited from the 19th century, the Polish Question was one of the major challenges of the internal policies of the German Empire at the turn of the century. Far from admitting defeat,the Polish national minority, marginalized and targeted by assimilation policies, remains an object of concern which increases with the First World War. Amidst tensions between theGerman state and its Polish citizens, the German social democratic movement is gradually integrating socio-political debates concerning the Polish problems of East Prussia. Faced with domestic and foreign political environments dependent on the throes of war, the SocialDemocrats are struggling to impose their visions on the future of German-Polish communities.Repeated foreign interventions, the implosion of the social democratic movement, the Peace of Brest-Litovsk, military defeats and the German and Polish revolutions ultimately mark the failure of the German social democracy’s polish program. In many ways, the First World Warand the management of the Polish national minority in Germany desired by the SocialDemocrats marked the end of a chapter for Polish-German relations. At the end of the conflict,the German defeat and the new social-democratic government set the stage for years of PolishGerman competition, which can be seen in the numerous conflicts marking the years of theInterwar period.
509

Sovereign debts in trouble times

Oosterlinck, Kim January 2003 (has links)
Doctorat en sciences sociales, politiques et économiques / info:eu-repo/semantics/nonPublished
510

Contribution à l'histoire de l'édition francophone belge sous l'Occupation allemande 1940-1944

Fincoeur, Michel 30 May 2006 (has links)
<p align="justify"><b>1. Introduction</b><br> <p>Le 10 mai 1940 et pour la seconde fois en vingt ans, la Belgique est envahie par l’Allemagne. Contrairement à l’invasion de la Grande Guerre, il ne faut que dix-huit jours aux armées teutonnes pour écraser l’armée belge et occuper le territoire national tout entier. Peu avant la fin des hostilités, la vie culturelle reprend néanmoins timidement. Dès la fin mai 1940, les cinémas rouvrent leurs portes. La presse reparaît sous surveillance allemande. L’édition du livre, machine beaucoup plus lourde, ne reprend son activité qu’à la fin de l’été de 1940. Avec la signature des conventions bilatérales puis internationales sur la propriété intellectuelle dans la seconde moitié du XIXe siècle, la Belgique a vu le secteur de l’édition du livre s’effondrer. Le public belge marque en outre une certaine désaffection envers les auteurs belges et plus particulièrement envers ceux qui se font éditer localement. N’est-ce pas le mémorialiste français Georges Suarez qui écrivait, en 1932, que « L’écrivain wallon trouve devant lui une route hérissée de difficultés ;son public est clairsemé, épars, capricieux […] ;les snobs locaux, acceptent les yeux fermés tout ce qui vient de Paris […] mais exercent un contrôle hautain sur leurs auteurs nationaux » (Georges Suarez, La Belgique vivante. Préface d’André Tardieu. [Louvain, Editions Rex, 1932], p.28-29). Toutes catégories confondues – presse quotidienne ou périodique, livres et brochures diverses –, la production éditoriale belge – domaines francophone, néerlandophone, germanophone et dialectal wallon confondus – connaît pourtant entre 1936 et 1939 une courbe ascendante ;puis, de 1941 à 1945, une inflexion avant de voir remonter lentement la production de 1946 à 1949. Le pic de l’année 1938 ne sera pas égalé dans les dix années qui suivent. En 1939, nous constatons une très infime baisse de l’offre de titres :1,1%. Les sommets atteints par l’éventail de titres proposés en 1938 et 1939 s’explique par la mobilisation des réservistes qui n’ont d’autres loisirs que la lecture. En 1940, le chaos qui suit la Campagne des Dix-Huit Jours contraint la plupart des éditeurs à l’inactivité. La reprise de certains secteurs de l’édition au début de l’été permet toutefois de maintenir une production de titres supérieure aux années 1935-1936. La production reprend de façon spectaculaire en 1941, dépassant le niveau de 1939 et se rapprochant de celui de 1938. Nous interprétons cette remontée du nombre de titres par l’effet de la fermeture des frontières et donc par la nécessité de présenter de nouveaux titres au public belge avide de lecture. De 1942 à 1944, la chute spectaculaire s’explique sans doute par la disparition d’une grande partie de la presse périodique et par le caractère de plus en plus contraignant de la censure allemande. Celle-ci réduit le nombre de titres publiés à cause de la raréfaction croissante du papier disponible. Remarquons que la raréfaction des titres disponibles sur le marché n’implique pas obligatoirement une diminution quantitative des tirages. A partir du mois de septembre 1944 et en 1945, un certain nombre d’éditeurs sont placés sous les projecteurs de la Justice militaire et interrompent ou cessent leurs activités. Par ailleurs, une série de petits éditeurs occasionnels qui publiaient n’importe quoi sous n’importe quelle forme disparaissent du champ éditorial. De plus, la pénurie de papier, les ruptures de fourniture d’électricité industrielle qui fait tourner les rotatives et la réouverture des frontières aux importations françaises, puis néerlandaise dans la seconde moitié de l’année 1945, incitent les éditeurs belges à la frilosité. Enfin, en 1946, la reprise peut s’expliquer par la stabilisation économique.</p><p><p><p align="justify"><b>2. L’épuration des bibliothèques et des librairies</b><br> <p>Même si la liberté de presse est garantie par la Constitution, la loi belge organise les délits de presse. Les circonstances exceptionnelles de la déclaration de guerre de la France et de l’Angleterre à l’Allemagne à la suite de l’invasion de la Pologne provoquent la création d’un éphémère Ministère de l’Information nationale (1939-1940), puis d’un Service d’Information du Premier Ministre (1940). Une censure larvée, justifiée par la sécurité du territoire et le respect de la neutralité de la Belgique, est d’ailleurs exercée dès le mois de septembre 1939 afin d’éviter tout prétexte d’intervention de la part des belligérants. Durant les premiers mois de l’Occupation, une épuration anarchique s’exerce à l’encontre des bibliothèques privées et des librairies. Ce sont tantôt des soldats qui brûlent des livres trouvés sur les rayonnages de leur logement réquisitionné, tantôt des officiers qui prennent la mouche en découvrant chez le libraire de leur nouveau lieu de résidence un opuscule de l’espèce J’ai descendu mon premier Boche. Dès le 13 août 1940, la Militärverwaltung ordonne l’épuration systématique des bibliothèques publiques et des librairies. Tout livre ou brochure anti-allemand ou anti-nazi doit être immédiatement mis sous clef et bientôt déposé entre les mains des services allemands. Le soin de déterminer ce qui tombe ou non dans cette catégorie particulièrement vague est laissé à la seule appréciation des bibliothécaires et des libraires. Ceux-ci doivent attendre le mois de septembre 1941 pour que la Propaganda Abteilung daigne publier une liste de 1800 titres interdits. Des compléments sont ensuite régulièrement insérés dans le Journal de la Librairie de la Gilde du Livre et dans les Mededeelingen van het Boekengilde. Le Ministère de l’Instruction publique charge de surcroît des enseignants et des inspecteurs d’épurer les manuels scolaires de tout propos anti-allemands. Cette mesure a pour but d’éviter que l’occupant ne s’en charge lui-même et n’impose le manuel unique à l’instar de ce qui se passe Outre-Rhin. Le 8 octobre 1940, sans en avoir soumis le texte aux autorités allemandes, le Ministère de l’Instruction publique crée donc une Commission chargée de la révision des ouvrages classiques pour l’enseignement normal, moyen, primaire et gardien, plus communément désignée sous le nom de Commission pour la Révision des Ouvrages Classiques. Composée de collaborationnistes notoires mais également d’authentiques résistants, la Commission examinera près de 5000 titres entre la fin octobre 1940 et la fin mai 1944 ;elle interdira l’usage de 564 manuels et en fera modifier 182 autres.</p> <p><p><p align="justify"><b>3. La censure des livres</b><br> <p>Au début de l’été, les Allemands chargent l’Union des Industries Graphiques & du Livre (UNIGRA), le syndicat des imprimeurs belges, d’exercer une censure préalable générale et d’empêcher ainsi la publication de tout propos anti-allemand. Cette censure est ensuite circonscrite, à partir du 20 août 1940, à la littérature qui traite de sujets militaires et politiques (en ce compris les questions concernant la race, le judaïsme et la Franc-maçonnerie). Le 24 septembre 1940, la Propaganda Abteilung prend le relais de l’organisme belge. Le Referat Schrifttum est dirigé par le Sonderführer Pr Dr Hans Teske et par son adjoint le Sonderführer Leutenant Bruno Orlick. Durant son premier exercice, ce bureau de la littérature refuse 100 manuscrits sur les 600 qu’il examine. A partir du 15 janvier 1943, invoquant le manque de papier, le Referat Schrifttum impose aux éditeurs de soumettre tous leurs manuscrits. Chaque demande est établie en triple exemplaire. Le premier est conservé dans les dossiers de la Propaganda Abteilung, les deux autres exemplaires sont transmis à l’Office Central du Papier - Papier Centrale (OCP-PC). Celui-ci y appose un numéro correspondant à un bon de consommation de papier. L’un est conservé dans les archives de l’OCP et l’autre est retourné à l’éditeur qui doit le présenter à l’imprimeur. Sans ce bon de consommation, l’imprimeur ne peut entreprendre le travail puisqu’il doit justifier les quantités utilisées dans ses ateliers. Tout le processus de contrôle apparaît dans les livres sous la forme de numéros précédés des mentions « Autorisation PA n° » / « Toelating PA nr » / « Zulassung Nr… » et « OCP n° » / « PC nr ». Parfois encore, le numéro d’affiliation de l’imprimeur auprès de l’OCP figure dans le colophon du volume. Chaque numéro est lié à un titre et à l’éditeur qui le demande. En cas d’annulation du projet par l’éditeur, le numéro est alors perdu. Du côté de la SS, l’Abteilung III C 4 de la Sicherheitsdienst se charge notamment de la surveillance des Editions autorisées. Contrairement à la Propaganda Abteilung qui intervient le plus souvent en amont, la SD intervient essentiellement en aval. Celle-ci saisit les ouvrages « séditieux » qui auraient pu échapper à la sagacité des censeurs de la Propaganda Abteilung, ou à l’autocensure des éditeurs belges.</p><p> <p><p align="justify"><b>4. La pénurie de papier</b><br> <p>Avant la guerre, la Belgique importait la quasi-totalité des matières premières destinées à la fabrication du papier et du carton. Mais le déclenchement des hostilités a rendu l’approvisionnement difficile et réduit en conséquence la fabrication du papier. La pénurie des matières premières provoque une réaction rapide de l’administration militaire allemande. Dès le 17 juin 1940, elle exige un état des lieux de la production, des stocks et de la consommation qui permette la rationalisation de l’économie. Parallèlement à ces mesures et en complément à celles-ci, le Ministère des Affaires économiques crée en février 1941 un Office Central du Papier pour veiller à la production et à l’utilisation rationnelle du papier et du carton. Près de la moitié de la cellulose est alors consacrée à la fabrication de produits ersatz comme le carton-cuir pour les chaussures ou le « Balatum » et l’« Unalit ». En mai 1941, l’OCP interdit la fabrication de produits de luxe tels les confettis, les sous-bocks et le papier-dentelle pour tarte. Les besoins en papier et carton augmentent cependant :pour les emballages en replacement d’autres matières devenues rares, pour le papier d’occultation, ou encore pour la paperasserie administrative occasionnée par la rationalisation de l’économie. En avril 1942, le Referat Papier, sous prétexte de rationalisation, ordonne la fermeture de près de la moitié des papeteries. Mais celles qui restent en activité souffrent de la pénurie de matières premières et de combustible qui entraîne une baisse de la production. En octobre 1942, prétextant cette fois la pénurie de papier, le Referat Schrifttum interdit la publication de livres à plus de 5.000 exemplaires mais autorise des dépassements aux éditeurs suffisamment bien en cour. La consommation de papier est alors contrôlée par l’OCP. En avril 1943, le spectre de la pénurie permet encore le recensement des stocks de papier chez les imprimeurs. Or personne n’est la dupe de ces dernières mesures qui relèvent plus de la censure que de l’économie. </p><p><p><p align="justify"><b>5. La restructuration économique et professionnelle</b><br> <p>Dès le début de l’été 1940, la Militärverwaltung commence de saisir les biens ennemis, c’est-à-dire français et britanniques. Grâce à la mise sous séquestre des avoirs du Groupe Hachette, l’actionnaire français de l’Agence Dechenne, le principal distributeur de presse en Belgique est administré par un Allemand, représentant des intérêts du groupe éditorial allemand Amann. Celui-ci obtient le monopole de l’importation de quotidiens étrangers et de la distribution des journaux belges. Il réussit également à devenir le principal grossiste en livres, imposant aux éditeurs le choix de certains titres, le tirage et parfois la couverture des livres. En novembre 1940, tous les éditeurs de livres et de périodiques ainsi que les libraires doivent s’inscrire au Cercle belge de la Librairie ou à son homologue flamand. En juin 1942, le Ministère des Affaires Economiques institue la Gilde du Livre / Boekengilde qui détient, par le biais de ses deux chambres linguistiques, le monopole de la représentation professionnelle. En 1941, l’Occupant suscite la formation d’un organisme de collaboration, la Communauté culturelle wallonne (CCW) qui devrait investir le champ culturel, à l’instar de la Deutsch-Vlämische Arbeitsgemeinschaft (DeVlag). Dirigée par l’écrivain prolétarien Pierre Hubermont, la CCW tente de regrouper les auteurs au sein d’une Chambre des Lettres françaises et d’une Chambre des Lettres dialectales. Très peu d’intellectuels se rallieront à cet organisme rapidement démonétisé. A la suite du congrès européen des écrivains tenu à Weimar en octobre 1941, une Europäische Schriftsteller Vereinigung est par ailleurs fondée le 27 mars 1942. Cette Société Européenne des Ecrivains (SEE), destinée à remplacer le PEN-Club international, encourage les traductions et la diffusion des ouvrages de ses membres. Pierre Hubermont est désigné pour tenir le rôle de porte-parole de la Section wallonne et belge de langue française (SWBLF) qui commence d’être organisée dans le courant du mois de mars 1942. Seule une poignée d’écrivains répondront aux sirènes de Weimar. En 1943 la Communauté Culturelle Wallonne fonde une nouvelle structure plus discrète, et surtout, moins discréditée :la Fédération des Artistes wallons et belges d’expression française (FAWBEF) dont l’intitulé est très proche de celui de la section locale de la SEE. Il ne s’agit pas d’un repli stratégique de la part de Pierre Hubermont – qui est cependant contraint de constater le semi échec de la CCW – mais d’une tentative d’officialisation de la structure corporative ébauchée par la CCW sous l’œil attentif du Ministère de l’Instruction publique. La FAWBEF ébauche la création d’une Chambre de Littérature subdivisée en Chambre des Ecrivains d’expression française, en Chambre des Ecrivains d’expression wallonne, en Chambre des Traducteurs et en Chambre des Editeurs. Le but est d’aboutir à une adhésion obligatoire et ainsi à un contrôle de l’accès à la profession. Depuis l’instauration de la législation et la signature des conventions internationales sur la protection des droits d’auteur dans la seconde moitié du XIXe siècle, les redevances sont essentiellement perçues en Belgique par des sociétés de droit français. Face à cette situation de perceptions multiples, l’administration militaire allemande impose une perception unique par une société de droit belge. Dans un premier temps, la Militärverwaltung place sous séquestre les sociétés françaises qui disposent du monopole de fait de la perception des droits d’auteur en Belgique francophone. Dans un second temps, au début du mois de janvier 1941, la Nationale Vereeniging voor Auteursrecht (NAVEA) est réquisitionnée et désignée pour détenir le monopole de la perception des droits. Toujours en janvier 1941, une tentative de rallier l’Association des Artistes professionnels de Belgique (AAPB) à la société unique afin d’en faire sa section francophone échoue grâce à la résistance de ses dirigeants. L’AAPB est alors dissoute par les Allemands. Le monopole de la NAVEA pose de nombreux problèmes juridiques. Pour toucher les droits de suite, les artistes et leurs ayants droit doivent devenir membre de la NAVEA, alors que les sociétés françaises interdisent la double appartenance sous peine de perdre les droits à la pension. Après d’âpres pourparlers, la NAVEA s’engage à payer les pensions pour les artistes qui la rejoindraient rapidement. La NAVEA ne collabore pourtant pas avec l’occupant puisque, clandestinement, celle-ci noue un accord avec la société anglaise The Performing Right Society, via Lausanne et Lisbonne, et répartit en secret les droits des auteurs anglais et américains. Elle tente de surcroît de protéger ses affiliés juifs en refusant de livrer la liste des ses adhérents.</p><p><p><p align="justify"><b>6. La production</b><br> <p>Malgré les contraintes liées à la pénurie de papier et celles qu’impose la censure, les éditeurs belges profitent des circonstances pour éditer à tour de bras tout et n’importe quoi, puisant essentiellement dans le vivier des littérateurs locaux. En effet, les Belges s’adonnent au loisir peu onéreux de la lecture. La fermeture des frontières bloque les importations de livres français et néerlandais. D’une part, la culture flamande est revalorisée alors que toute velléité pan-néerlandaise est combattue. D’autre part, la littérature française est contingentée :les Lettres françaises sont systématiquement dénigrées car on les juge délétères. Enfin, la germanisation rampante va bon train grâce à la promotion des Lettres scandinaves et allemandes :il s’agit de remodeler les structures mentales des lecteurs grâce aux traductions. Les tirages sont énormes pour des valeurs sûres comme le Leeuw van Vlaanderen (200 000 exemplaires) d’Hendrik Conscience et De Vlaschaard (100 000 exemplaires) de Stijn Streuvels. La plupart des maisons d’édition développent ou inaugurent des collections de lettres étrangères. A la suite de pressions du Referat Schrifttum, rares sont les grands éditeurs qui ne publient pas de traductions de l’allemand. Aux quelques éditeurs rétifs, le chef du Referat Schrifttum suggère de remplacer les textes allemands par des traductions d’auteurs scandinaves et finno-estoniens. C’est ainsi qu’une maison anti-allemande éditera des romans du prix Nobel norvégien Knut Hamsun pourtant rallié à la collaboration la plus dure. Mais les éditeurs ne peuvent pas publier toutes les traductions :les auteurs slaves du nord (Russes et Polonais), anglo-saxons contemporains et juifs sont considérés comme indésirables et interdits. Le Referat Schrifttum autorise la publication de romans anglo-saxons qui ne sont pas encore tombés dans le domaine public. Ces autorisations exceptionnelles ont trait à des textes qui dénigrent systématiquement le modèle social britannique et américain. Curieusement sont ainsi traduits des romans remettant en cause un ordre social ou moral comme Babbitt (1943) de Sinclair Lewis, The Grapes of Wrath (De Druiven der gramschap, 1943 et Grappes d’amertume, 1944) de John Steinbeck, The Picture of Dorian Gray (Le Portrait de Dorian Gray, 1944) d’Oscar Wilde ou encore The Rains came (La Mousson, 1944) de Louis Bromfield. La réédition de The Scarlet Pimpernel (Le Mouron Rouge, 1943) de la baronne Emmuska Orczy dénonce le fanatisme de la Révolution Française et stigmatise l’hédonisme de la Gentry anglaise. A titre d’exemple, les Editions de La Toison d’Or, financées par les Allemands, publient 26 % de traductions, les Editions Les Ecrits sortent 31,75 % de traductions. A l’Uitgeverij De Lage Landen qui publie en langues néerlandaise, allemande et française, les traductions constituent 44 % du catalogue néerlandais.</p><p><p><p align="justify"><b>7. Les éditeurs</b><br> <p>La demande permet à une nouvelle génération d’éditeur de se manifester. Certaines maisons d’édition sont créées avec l’appui de l’un ou l’autre service allemand. D’autres, qui ne s’inscrivent pourtant pas dans une politique de collaboration, sont fondées sous le regard attentif de la Propaganda Abteilung. Des maisons jugées hostiles au national-socialisme sont mises sous séquestre. Enfin, des administrateurs provisoires et des directeurs littéraires inféodés au nouveau pouvoir sont nommés. Comme le reste de la population, les acteurs du champ éditorial adoptent un éventail de positions qui va de la Résistance à la Collaboration avec, pour le plus grand nombre, une accommodation à des degrés divers. Si certains choisissent de résister et freinent la politique allemande du livre dans la mesure de leurs moyens, aucun toutefois n’entre dans la clandestinité. A partir du 15 janvier 1943, tous les manuscrits doivent toutefois passer entre les mains de l’administration allemande ;ce sera souvent la seule compromission des éditeurs. La grande majorité des maisons reste patriote, à l’instar des Editions Casterman, des Editions Dupuis ou des Editions Charles Dessart. Un réseau éditorial d’Ordre nouveau est en revanche composé par Léon Degrelle et des rexistes. Le 25 août 1940, la s.a. La Presse de Rex obtient de pouvoir sortir à nouveau son quotidien de combat, Le Pays Réel (1936). La ligne éditoriale outrancière du journal ne parvient pas à fidéliser son lectorat (moins de 10 000 exemplaires vendus en 1942) et Degrelle renfloue les caisses de la rédaction grâce aux bénéfices du Palais des Parfums, une entreprise juive spoliée, et à des subventions de la SS. En 1943, Degrelle finance un nouveau quotidien, L’Avenir, inspiré de Paris Soir. Le groupe de presse de Degrelle publie également des hebdomadaires :une version collaborationniste du Pourquoi Pas ?intitulée pour l’occasion Voilà ;Tout, copié sur les géants Match, Tempo et Signal ;Indiscrétions, un magazine de mode qui prend rapidement le titre Elle et Lui ;et une revue pour jeunes gens, Mon Copain « volé ». La Presse de Rex possède encore trois maisons d’édition :les Editions Rex (1929), les Editions Ignis (1939), l’Uitgeverij Ignis (1941) et les Editions de L’Archer (1944). La s.a. Editoria, dirigée par le critique d’art Paul Colin, fait également partie du même réseau. Editoria regroupe la Nouvelle Société d’Edition (1934), l’hebdomadaire Cassandre (1934) et Le Nouveau Journal (1940). Des journalistes rexistes participent à la création de maisons littéraires :Claude Chabry fonde, en 1943, les éditions du même nom, les Editions du Rond-Point (1943) puis les Editions de La Mappemonde (1943) ;Victor Meulenijzer s’associe au caricaturiste de Cassandre René Marinus pour monter Les Editions du Dragon (1944) ;Eugène Maréchal relance en 1941 les Editions Maréchal (1938) et participe à la création des Editions du Carrefour (1943). Julien Bernaerts, le fondateur des Editions de la Phalange (1934) et de l’Uitgeverij De Phalanx (1938), se rallie à l’Ordre nouveau. Il est bientôt remarqué par le SS-Hauptsturmführer Hans Schneider qui travaille pour l’Ahnenerbe, le cercle académique de la SS. En 1943, Schneider persuade Bernaerts de créer l’Uitgeverij De Burcht. Dans le même cadre, Franz Briel, Léon Van Huffel et René Baert mettent sur pied les Editions de La Roue Solaire (1943). Proche de la SS, le directeur de l’Uitgeverij Steenlandt (DeVlag), Jan Acke, est abattu par la résistance. Il n’est pas le seul puisque Paul Colin est bientôt exécuté par un étudiant de l’Université libre de Bruxelles, Arnaud Fraiteur. Toujours dans l’orbite de la collaboration, les deux grands trusts de presse allemands Mundus et Amann essayent de pénétrer le marché belge. Tandis que le groupe germano-slovaque Mundus finance la création des Editions de La Toison d’Or (1941), fondées par Edouard Didier, Guido Eeckels et Raymond De Becker, Amann tente de s’emparer de l’Uitgeverij De Lage Landen (1941) de Guido Eeckels, puis Mundus devient un temps actionnaire de l’entreprise qui publie alors des ouvrages pour le compte du Deutsche Institut. Rappelons que, par l’entremise d’administrateurs provisoires, Amann pèse sur l’édition grâce à l’Agence Dechenne et signalons que Mundus a fait tomber le quotidien mosan La Légia (1940) dans son escarcelle. Les Editions de Belgique de Maximilien Mention, qui porte pourtant l’uniforme noir des cadres rexistes, ne semblent pas exprimer les idées nouvelles. Les journalistes rexistes Jules Stéphane et son épouse Marguerite Inghels dirigent la coopérative Les Auteurs Associés (1942) et Het Boek (1943) qui ne sont pas non plus d’obédience nazie. A la marge de ce réseau, mais très impliquées dans le réseau national-catholique, figurent les Editions L’Essor (1939) de Léon Renard. Comme toutes les coopératives ouvrières, les Editions Labor d’Alexandre André sont placées sous séquestre. André est maintenu à la direction commerciale de la maison tandis que le chef de la CCW est propulsé par l’occupant à la direction littéraire.</p><p><p><p align="justify"><b>8. La Libération</b><br> <p>A la Libération, l’Etat Belge instaure à nouveau un régime de censure larvée dans le but d’empêcher la diffusion des idées ennemies :des auteurs réputés inciviques sont interdits de publication dans la presse, des livres sont saisis et des maisons d’édition sont placées sous séquestre et leurs livres mis à l’index. Quelques éditeurs de la nouvelle génération quittent Bruxelles pour Paris en prétextant la mauvaise conjoncture économique mais en réalité ils fuient un climat qu’ils jugent répressif. Plusieurs retrouvent une place importante dans les champs éditorial et littéraire parisiens où leur passé est ignoré. Notons que la Justice militaire belge a rarement poursuivi un éditeur pour ses activités, comme si les éditeurs n’étaient pas responsables des idées qu’ils ont mises sur le marché. Le refus de livrer la liste de ses adhérents juifs et les accords clandestins avec The Performing Right Society permettent à la NAVEA de survivre après la Libération sous une nouvelle appellation :la Société des Auteurs Belges-Belgische Auteursmaatschappij (SABAM). L’Etat de droit rétabli, les sociétés françaises reprennent leurs activités en Belgique, restaurant ainsi le système de la perception multiple. L’Association des Artistes professionnels de Belgique constitue un jury d’honneur pour sanctionner ses membres qui auraient fauté. L’Association des Ecrivains belges exclut de ses rangs les auteurs compromis. Les Académies expulsent des immortels et en blâment d’autres, les écartant provisoirement de leur honorable société. Des écrivains, peu ou prou impliqués dans la collaboration, suivent le chemin des éditeurs et posent leurs valises sur les bords de la Seine. Les uns deviennent conseillers littéraires de grandes maisons parisiennes, d’autres, comme Paul Kenny, deviennent millionnaires en publiant des romans d’espionnage. Plusieurs exilés ci-devant anti-bolchevistes se lancent dans la traduction de romans anglais et américains. D’aucuns inventent la solderie de livres neufs à prix réduit s’ils ne revêtent pas l’habit vert. La réouverture des frontières aux livres d’écrivains français, néerlandais et anglo-saxons repousse la plupart des littérateurs belges dans l’ombre dont ils étaient sortis à l’occasion de circonstances exceptionnelles. On pourrait croire que l’âge d’or de l’édition est terminé. Or la crise du papier va entraîner l’émergence d’une nouvelle littérature et la création de nouvelles sociétés d’édition :les imprimeurs sont tenus de prendre deux qualités de papier, l’une bonne et l’autre médiocre. Celle-ci est alors utilisée pour des publications à destination de la jeunesse. Naissent ainsi une quinzaine d’hebdomadaires parmi lesquels figurent Franc-Jeu (1944), Lutin (1944), Perce-Neige (1944), Story (1945), Wrill (1945), Cap’taine Sabord (1946), Jeep (1945), Annette (1945) et Tintin (1946). Les deux derniers deviendront de véritables « blanchisseries » pour les réprouvés de l’Epuration… La bande dessinée belge et ses deux écoles, Marcinelle et Bruxelles, ainsi que les sociétés qui éditent leurs albums vont bientôt dominer le marché francophone. </p><p> / Doctorat en philosophie et lettres, Orientation langue et littérature / info:eu-repo/semantics/nonPublished

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