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La vie rurale en Syrie centrale à la période protobyzantine (IVe-VIIe siècle). / Rural life in Central Syria in the early Byzantine period (4th-7th century).

Rivoal, Marion 15 March 2011 (has links)
La Syrie centrale connaît au début de la période byzantine, et en particulier au Ve et au VIe siècle, un fort mouvement d’expansion des sédentaires vers l’est, qui coïncide avec une importante mise en valeur de ces nouveaux territoires. Comme pour d’autres régions de Syrie et du Proche-Orient à la même époque, un optimum climatique – pourtant déclinant – semble avoir permis la conquête et l’exploitation agricole de nouveaux terroirs dans une zone marginale qui n’avait jusqu’alors connu qu’une occupation sédentaire ponctuelle. La Syrie centrale est caractérisée par des milieux aux potentiels agronomiques très différents, souvent imbriqués. Le peuplement et la mise en valeur y sont soumis à la double contrainte de l’aridité climatique et édaphique, qui s’exerce avec une prégnance croissante vers le sud et l’est. Ces conditions, qui s’améliorent localement à la faveur de niches écologiques, ont permis à des politiques de mise en valeur et à des économies distinctes, souvent complémentaires, de voir le jour.Dans une région où les cités paraissent en grande partie absentes, l’économie repose d’abord sur les villages et sur quelques bourgs qui possédaient manifestement une orientation commerciale spécifique. Aux côtés des agglomérations, et souvent d’autant plus nombreux que les conditions d’implantation sont délicates, des fermes et des monastères s’affirment comme des acteurs économiques apparemment indépendants et souvent prospères. Des entités géographiques relativement homogènes ont donné lieu à une répartition des différentes formes de peuplement et à des économies microrégionales spécifiques. Si l’agriculture vivrière reste la règle, il semble bien cependant qu’on observe une spécialisation locale des productions : culture du blé et accessoirement plantations à l’ouest, oléiculture et peut-être viticulture dans les plateaux basaltiques du nord-ouest et vraisemblablement un élevage spéculatif, qu’on doit probablement attribuer à des populations sédentaires, dans les secteurs sud et est. / In Late Antiquity, especially between the 5th and 6th centuries, Central Syria witnessed a strong expansion of sedentary settlements eastward, which coincided with a significant agricultural development of these new territories. As for other areas in Syria and Near-East at the same period, a waning climatic optimum seems to have allowed byzantine population to settle down in marginal areas which barely experienced hitherto sedentary occupation and farm nearly unbroken lands.Central Syria is made up of various landscapes, sometimes deeply nested, with contrasted agricultural potential. Settlements and agricultural exploitation are affected by an increasingly significant climatic and edaphic aridity eastward and southward. These conditions, which may locally improve thanks to ecological niches, enabled specific and often complementary substance strategies to develop.In a country whence cities are virtually absent, villages and a few market towns seem to be at the very root of the regional economy. Along with agglomerations, scattered habitats – namely farmsteads and monasteries –, more numerous under heavy bioclimatic constraints, would appear as independent and apparently prosperous economic players.Homogeneous geographic areas led to specific settlement patterns and different economic orientations. Food-producing agriculture remains the rule, but a local productive specialization may be noticed: mainly wheat production and incidentally plantations westward, olive-growing and maybe wine-growing as well in the north-west basaltic plateaus and presumably speculative livestock exploitation eastward and southward, probably mostly due to sedentary populations.
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Vivre et produire dans les campagnes de la colonie de Valence (IIe s. av. J.-C. - VIe s. apr. J.-C.) / Living and producing in the country of the colony of Valence (IInd B.C. - VIth A.C.)

Gilles, Amaury 12 February 2016 (has links)
Durant l’Antiquité, Valence bénéficie du prestigieux statut de colonie romaine, au même titre qu’Arles, Vienne et Lyon. Sa position au confluent du Rhône et de l’Isère et au carrefour de plusieurs itinéraires terrestres - Voie d’Agrippa, Voie des Alpes - lui conférait un rôle stratégique et économique considérable. Cette région, au cœur de la moyenne vallée du Rhône, occupe une position charnière qui lui assure, au moins depuis le Premier Âge du fer, un rôle d’intermédiaire entre le bassin méditerranéen et le monde celtique.Elle bascule dans l’orbite de Rome en même temps que la Gaule méridionale, soit dès la fin du IIe s. av. J.-C. Valence est fondée dans un deuxième temps, vraisemblablement entre 46 – 36 av. J.-C. et acquiert son statut de colonie de droit romain peut-être dès cette date avancée selon P. Faure et N. Tran (2013). La fondation d’une colonie romaine s’accompagne d’une division du sol public, matérialisée par une centuriation afin qu’il soit distribué aux membres du corps civique nouvellement créé comprenant plusieurs milliers de colons. Dans ce contexte historique précis, ces citoyens sont principalement des vétérans de l’armée romaine alors constituée majoritairement d’Italiens. Ce phénomène a donc un impact démographique et culturel considérable pour la vie des populations locales. Le statut juridique avantageux conféré à ces communautés leur assure également des avantages économiques importants stimulant les productions agro-pastorales et artisanales. Les travaux consacrés aux provinces gauloises ont montré que les siècles suivants ne sont pas exempts de mutations économiques et culturelles importantes qui touchent les structures de peuplement et de production. Partant de ce constat, j’ai choisi d’aborder cet impact culturel et économique à travers la culture matérielle (vestiges architecturaux, objets de la vie quotidienne) et l’analyse de l’occupation du sol. Le cadre chronologique et spatial retenu doit permettre d’observer de manière dynamique l’évolution des modes de vie et des activités agro-pastorales et artisanales dans les campagnes de la cité de Valence. L’examen des caractéristiques de plusieurs centaines d’établissements ruraux doit permettre de proposer une lecture diachronique et complexe de l’occupation et l’exploitation de ce territoire, d’aborder les rapports qu’entretient la colonie avec l’espace rural. L’approche chronologique et fonctionnelle des bâtiments et des objets de la vie quotidienne permet d’apprécier plus finement l’évolution dans le temps des techniques, des modes de vie, mais aussi de relever la diversité des situations locales à une même période. / During the Antiquity, Valence is known as a roman colony like Lyon, Arles or Vienna, settled in the middle Rhône valley at the confluent of the Rhône and the Isère, and also at the crossroads of alpine route and the Via Agrippa. This strategic position confers to the colony an important role in the economy of the roman Gaul. Since the early Iron Age, this area is a link between the mediterranean and the celtic worlds.Even if the region is conquered by Rome since the end of the II c. B.-C., the colony is founded later, perhaps between 46 and 36 B.-C. and maybe already own his prestigious status of colonia of roman rights according to P. Faure and N. Tran hypothesis (2013). As a consequence of the foundation, the public soil is divided, centuriated, and distributed to thousands of new citizens.In this specific historical context, the citizens are chosen among the veterans of the roman army, who were Italians at this time. This decision should have huge demographic and cultural consequences on local communities. The legal status of the citizens gives them considerable economics advantages that stimulate the local economy. The studies devoted to the gallic provinces have shown that the following centuries see numerous changes affecting settlements and economic structures.Considering this historical context, I have chosen to evaluate the cultural and economic impact of this foundation by studying settlement patterns and material culture (architectural remains, objects of the daily life) between the II c. B.-C. to the VIth c. B.-C.The study of few hundreds of settlements allows us to introduce a complex and diachronic view of the settlements, their economic roles and relations with the colony.The chronological and functional study of the buildings and daily life objects allow us to assess finely the evolution through time about craftsmen’s techniques, lifestyle and highlight regional differences during a same period.
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Nouvelle approche d'estimation de la vulnérabilité des aquifères combinant le modèle DRASTIC et la sensibilité des sols à l'infiltration. Application à l'aquifère du Dogger dans l'interfluve Clain-Vienne, Poitou-Charentes, France / New approach of estimation of the vulnerability of aquiferes combining the model DRASTIC and the sensibility of grounds in the infiltration. Application in the aquifer of Dogger in the interfluve Clain-Vienne, Poitou-Charentes, France

Shorieh, Amani 16 July 2014 (has links)
Cette étude s'intéresse, par l'utilisation de la cartographie, à l'évaluation de la vulnérabilité des eaux souterraines aux pollutions en particulier à la vulnérabilité intrinsèque des nappes libres. Dans cette optique, une étude bibliographique sur les méthodes d'estimation de la vulnérabilité des nappes a été menée. A partir de cette étude bibliographique on a trouvé que la méthode DRASTIC a été considérée comme la base de la plupart des études de vulnérabilité.<br>L'aquifère du Dogger convient tout-à-fait à une application des différentes méthodologies. En effet, grâce à son importance en tant que source d'eau potable et d'irrigation ainsi qu'à sa principale problématique qui est la vulnérabilité aux concentrations en nitrates (on peut la considérer comme une nappe très vulnérable aux pollutions superficielles, surtout aux surconcentrations en nitrates), une base de données à la fois volumineuse et diversifiée a été acquise sur plusieurs décennies de travaux de prospection, de suivi et d'exploitation. On peut retrouver ces données sous forme de fiches, de tableaux de cartes et de comptes-rendus.<br>Une description générale de la zone d'étude nous a permis de déterminer les paramètres disponibles dans cette aquifère afin de déterminer quelle méthode il convenait d'appliquer à cette nappe. Ainsi, une étude hydrogéochimique à été réalisée à partir d'une campagne de prélèvements et d'analyses chimiques des eaux souterraines. Ces analyses chimiques, en particulier les analyses des teneurs en nitrates, ont été utilisées pour valider les cartes de la vulnérabilité de l'aquifère du Dogger.<br>Donc, dans le but de cartographier la vulnérabilité de la nappe du Dogger dans le département de la Vienne, on a appliqué deux méthodes, et tout d'abord la méthode DRASTIC (Aller et al. 1987). La carte obtenue par cette méthode est mal corrélée avec la concentration en nitrates.<br>En effet cette méthode attribue un poids faible au sol dans le calcul de l'indice final et elle a complètement ignoré les rôles des activités agricoles. C'est pourquoi on a proposé une nouvelle méthode dévirée de la méthode DRASTIC. Cette seconde méthode est plus adaptée à la nappe libre localisée sous la surface d'une activité agricole très importante. En prenant en considération les neuf paramètres qui déterminent la sensibilité des sols à l'infiltration verticale et l'occupation du sol. La nouvelle carte a permis d'obtenir une meilleure corrélation entre les concentrations en nitrates mesurées et les zones vulnérables par rapport à la méthode originale.<br> Le système d'information géographique avec le logiciel Arc Map (10) a représenté un facteur très important pour réaliser ce projet. Ce SIG a permis de construire une base de toutes les données existantes "géologiques, hydrogéologiques, chimiques et les caractéristiques du sol". Cette base, d'une part permet de disposer pour l'aquifère du jurassique moyen dans la zone d'interfluve Clain-Vienne, des couches d'informations complètes qui pourraient être une référence pour plusieurs études hydrogéologiques. D'autre part, le SIG a été très précieux dans le domaine de la protection et de la gestion des nappes. Il a pu faciliter l'application des méthodes d'estimation de la vulnérabilité, grâce à ses outils (coupage, superposition, méthode d'interpolation, calcul mathématique) qui permettent de traiter un grand nombre des données en superposant toutes les cartes de chaque facteur sur un support de même taille, ainsi que d'intégrer et combiner ces cartes. Nous pouvons à l'aide de tous ces outils, calculer les indices finaux et produire une carte finale de la vulnérabilité qui devient elle-même un outil facile de comparaison avec les teneurs en nitrates afin de valider les résultats. / The main objective of this PhD thesis is the optimization of a novel approach to estimate groundwater vulnerability using both the DRASTIC model and soil infiltration sensitivity. The model will be then applied to the Dogger aquifer of Poitiers, Center West France; to delineate areas that are more susceptible to contamination from anthropogenic sources. This is an important element for sensible resource management and land use planning.<br>Poitou-Charentes, located in the Center-West of France, is a region where economy is mainly based on agriculture. It is made up of 4 Departments (Vienne, Charente, Charente Maritime, Deux-Sèvres) and is largely supplied by groundwater, both for consumption and irrigation. This resources thus vital to the region and its preservation is a major issue. The objective of this study is the determination of the roundwater quality in the Dogger aquifer of Poitiers (Vienne Department), which is the main water resource for his area in order to achieve a better understanding of the factors influencing groundwater mineralization. Sixty-six wells, distributed over the study area, were sampled and analyzed for major ions (Ca2+, M2+, Na+, K+, HCO3-, Cl-, SO42-, NO3-). The hydrochemistry of groundwater is determined by both natural processes, and anthropogenic factors. Natural factors are dissolution of carbonate and dolomite minerals, and cation exchanges with clays, while anthropogenic factors are contaminant infiltration of wastewater and agricultural fertilizers. Nitrate is the main contaminant found in the groundwater and makes this resource unsuitable for consumption at some places.<br>This study focuses, by the use of mapping, on the assessment of the vulnerability of groundwater to pollution in particular to the intrinsic vulnerability of unconfined aquifers. The DRASTIC method was considered the most basic vulnerability studies.<br>In this study, we intend initially to implement the DRASTIC model, as it was developed by US-EPA. The results of application of DRASTIC will be discussed and validated against available knowledge on Dogger groundwater quality, and in particular nitrate levels. Secondly, the development of a new approach will be developed based on a combination of DRASTIC model and a concept recently developed by the Chamber of Agriculture of Vienne soil susceptibility to infiltration. The results showed that this new approach results in a vulnerability assessment of the aquifer is entirely consistent with the state of contamination of the well and integrates all the parameters (risk parameters intrinsic parameters) involved in transferring pollutants from the soil surface to the well.<br>
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Les entreprises de la Gironde occupée (1940-1944) : restrictions, intégrations, adaptations / Enterprises in Occupied Gironde (1940-1944) : restrictions, integrations, adaptations

Durand, Sébastien 08 December 2014 (has links)
Tandis que la Drôle de Guerre est l’occasion d’une première confrontation avec la réglementation et la réquisition, la signature de l’armistice marque pour les entreprises de la Gironde occupée le début d’un dialogue complexe et fécond avec le gouvernement de Vichy et les autorités allemandes. Celles-ci font face à une polycratie franco-allemande, imposant des nouveaux cadres, administratifs et territoriaux, à leur activité. L’entreprise devient un enjeu réel de pouvoir. Apparaissent à la fois des réels points de convergence (aryanisation des « entreprises juives », rémunérations du travail) et d’importantes surfaces de tension (contrôle du port, concentration de la production, départ d’ouvriers pour l’Allemagne). Par ailleurs, le régime de Vichy ne lésine pas sur les moyens, en vue de faire de l’entreprise une vitrine idéologique (Révolution nationale) : cérémonies collectives, structures d’entraide, corporatismes, associations politiques, mouvements collaborationnistes. Armé d’un redoutable arsenal législatif et répressif, il parvient – avec le soutien des Allemands – à en faire un lieu d’exclusion, d’où sont violemment extraits les éléments jugés indésirables, que ce soit pour leurs activités politiques (les communistes) ou pour leur appartenance religieuse abusivement qualifiée de « raciale » (les juifs). À l’inverse, la stratégie consistant à faire de chaque établissement un lieu d’intégration à ses idéaux, ne rencontre qu’un succès mitigé. L’attachement des acteurs de l’entreprise à la personne même du maréchal Pétain, réel au début de la période, s’estompe sous l’effet des épreuves et des sujétions dont sont victimes les Girondins. De ce point de vue, la politique sociale de l’État français (Charte du travail et comités sociaux) ne lui permet pas – sauf exception – de « ramener » patrons et ouvriers dans le giron vichyste. Dans un contexte de graves pénuries (matières premières, main-d’œuvre, moyens de transport), les entreprises girondines cherchent bien des alternatives à ce qu’on appelle communément la « collaboration économique » : utilisation de produits de remplacement, reconversion des activités, réadaptation de l’appareil productif, essor des pratiques illicites (marché noir). Mais rares sont les patrons à ne pas devoir se poser la question de l’opportunité de proposer une offre de services à l’occupant. Cette offre est largement répandue, mais variable selon les métiers, les branches et les temps de l’Occupation. Les occupants tirent ainsi profit des atouts du tissu économique local, puisqu’ils parviennent à intégrer à leur économie de guerre les industries anciennement mobilisées pour la Défense nationale et plus encore les richesses tirées du sol girondin : le bois, la résine, le vin. / While the Phoney War occasioned a first confrontation with regulations and requisition, the signing of the Armistice marked the start of a complex period for the enterprises in occupied Gironde, in that it prompted a fruitful dialogue with the Vichy government and the German authorities. These enterprises faced a French German polycracy, which imposed new administrative and territorial executives on their activities. Enterprise became a real power issue. There were points of convergence (the aryanisation of “Jewish enterprises”, the remuneration of work) as there were of conflict (the control of the port, the concentration of production, the workers' departure for Germany). Moreover, the Vichy regime did all it could to make enterprise an ideological showcase (“Révolution Nationale”): ceremonies, support groups, corporatism, political associations, collaborationist movements. Armed with a formidable legislative and repressive arsenal, it managed – with the support of the Germans – to create a place of exclusion, from which were violently removed, any elements that were judged undesirable either for their political activities (communists) or for their religious affiliation, abusively qualified as “racial” (Jews). On the contrary, the strategy which consisted in making each establishment a place of integration of its ideals, was not met with much success. The attachment that the actors of the enterprises had for Maréchal Pétain himself, which was very real in the beginning, soon faded with the trials and constraints that the people of Gironde had to suffer. From this point of view, the social policy of the French State (“Charte du Travail”) did not allow it – with some exceptions – to “bring” employers and workers back to the Vichy realm. In a context of severe shortage (primary goods, labour and means of transport), enterprises in Gironde looked for alternatives to what we commonly call the “economic collaboration”: use of products of replacement, reconversion of activities, readjustment of the productive machine, development of illicit practices (black market). Few entrepreneurs, however, missed the business opportunity that lay in offering their services to the occupying forces. These services were widespread, but varied according to jobs, fields of activity and times of the Occupation. In this way, the occupying forces benefited, from the strengths of the local economic fabric, since they managed to integrate into their war economy not only the industries that had earlier been mobilized for the “Défense Nationale” but also the natural resources of the land: wood, resin, wine.
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Contribution à l'histoire de l'édition francophone belge sous l'Occupation allemande 1940-1944

Fincoeur, Michel 30 May 2006 (has links)
<p align="justify"><b>1. Introduction</b><br> <p>Le 10 mai 1940 et pour la seconde fois en vingt ans, la Belgique est envahie par l’Allemagne. Contrairement à l’invasion de la Grande Guerre, il ne faut que dix-huit jours aux armées teutonnes pour écraser l’armée belge et occuper le territoire national tout entier. Peu avant la fin des hostilités, la vie culturelle reprend néanmoins timidement. Dès la fin mai 1940, les cinémas rouvrent leurs portes. La presse reparaît sous surveillance allemande. L’édition du livre, machine beaucoup plus lourde, ne reprend son activité qu’à la fin de l’été de 1940. Avec la signature des conventions bilatérales puis internationales sur la propriété intellectuelle dans la seconde moitié du XIXe siècle, la Belgique a vu le secteur de l’édition du livre s’effondrer. Le public belge marque en outre une certaine désaffection envers les auteurs belges et plus particulièrement envers ceux qui se font éditer localement. N’est-ce pas le mémorialiste français Georges Suarez qui écrivait, en 1932, que « L’écrivain wallon trouve devant lui une route hérissée de difficultés ;son public est clairsemé, épars, capricieux […] ;les snobs locaux, acceptent les yeux fermés tout ce qui vient de Paris […] mais exercent un contrôle hautain sur leurs auteurs nationaux » (Georges Suarez, La Belgique vivante. Préface d’André Tardieu. [Louvain, Editions Rex, 1932], p.28-29). Toutes catégories confondues – presse quotidienne ou périodique, livres et brochures diverses –, la production éditoriale belge – domaines francophone, néerlandophone, germanophone et dialectal wallon confondus – connaît pourtant entre 1936 et 1939 une courbe ascendante ;puis, de 1941 à 1945, une inflexion avant de voir remonter lentement la production de 1946 à 1949. Le pic de l’année 1938 ne sera pas égalé dans les dix années qui suivent. En 1939, nous constatons une très infime baisse de l’offre de titres :1,1%. Les sommets atteints par l’éventail de titres proposés en 1938 et 1939 s’explique par la mobilisation des réservistes qui n’ont d’autres loisirs que la lecture. En 1940, le chaos qui suit la Campagne des Dix-Huit Jours contraint la plupart des éditeurs à l’inactivité. La reprise de certains secteurs de l’édition au début de l’été permet toutefois de maintenir une production de titres supérieure aux années 1935-1936. La production reprend de façon spectaculaire en 1941, dépassant le niveau de 1939 et se rapprochant de celui de 1938. Nous interprétons cette remontée du nombre de titres par l’effet de la fermeture des frontières et donc par la nécessité de présenter de nouveaux titres au public belge avide de lecture. De 1942 à 1944, la chute spectaculaire s’explique sans doute par la disparition d’une grande partie de la presse périodique et par le caractère de plus en plus contraignant de la censure allemande. Celle-ci réduit le nombre de titres publiés à cause de la raréfaction croissante du papier disponible. Remarquons que la raréfaction des titres disponibles sur le marché n’implique pas obligatoirement une diminution quantitative des tirages. A partir du mois de septembre 1944 et en 1945, un certain nombre d’éditeurs sont placés sous les projecteurs de la Justice militaire et interrompent ou cessent leurs activités. Par ailleurs, une série de petits éditeurs occasionnels qui publiaient n’importe quoi sous n’importe quelle forme disparaissent du champ éditorial. De plus, la pénurie de papier, les ruptures de fourniture d’électricité industrielle qui fait tourner les rotatives et la réouverture des frontières aux importations françaises, puis néerlandaise dans la seconde moitié de l’année 1945, incitent les éditeurs belges à la frilosité. Enfin, en 1946, la reprise peut s’expliquer par la stabilisation économique.</p><p><p><p align="justify"><b>2. L’épuration des bibliothèques et des librairies</b><br> <p>Même si la liberté de presse est garantie par la Constitution, la loi belge organise les délits de presse. Les circonstances exceptionnelles de la déclaration de guerre de la France et de l’Angleterre à l’Allemagne à la suite de l’invasion de la Pologne provoquent la création d’un éphémère Ministère de l’Information nationale (1939-1940), puis d’un Service d’Information du Premier Ministre (1940). Une censure larvée, justifiée par la sécurité du territoire et le respect de la neutralité de la Belgique, est d’ailleurs exercée dès le mois de septembre 1939 afin d’éviter tout prétexte d’intervention de la part des belligérants. Durant les premiers mois de l’Occupation, une épuration anarchique s’exerce à l’encontre des bibliothèques privées et des librairies. Ce sont tantôt des soldats qui brûlent des livres trouvés sur les rayonnages de leur logement réquisitionné, tantôt des officiers qui prennent la mouche en découvrant chez le libraire de leur nouveau lieu de résidence un opuscule de l’espèce J’ai descendu mon premier Boche. Dès le 13 août 1940, la Militärverwaltung ordonne l’épuration systématique des bibliothèques publiques et des librairies. Tout livre ou brochure anti-allemand ou anti-nazi doit être immédiatement mis sous clef et bientôt déposé entre les mains des services allemands. Le soin de déterminer ce qui tombe ou non dans cette catégorie particulièrement vague est laissé à la seule appréciation des bibliothécaires et des libraires. Ceux-ci doivent attendre le mois de septembre 1941 pour que la Propaganda Abteilung daigne publier une liste de 1800 titres interdits. Des compléments sont ensuite régulièrement insérés dans le Journal de la Librairie de la Gilde du Livre et dans les Mededeelingen van het Boekengilde. Le Ministère de l’Instruction publique charge de surcroît des enseignants et des inspecteurs d’épurer les manuels scolaires de tout propos anti-allemands. Cette mesure a pour but d’éviter que l’occupant ne s’en charge lui-même et n’impose le manuel unique à l’instar de ce qui se passe Outre-Rhin. Le 8 octobre 1940, sans en avoir soumis le texte aux autorités allemandes, le Ministère de l’Instruction publique crée donc une Commission chargée de la révision des ouvrages classiques pour l’enseignement normal, moyen, primaire et gardien, plus communément désignée sous le nom de Commission pour la Révision des Ouvrages Classiques. Composée de collaborationnistes notoires mais également d’authentiques résistants, la Commission examinera près de 5000 titres entre la fin octobre 1940 et la fin mai 1944 ;elle interdira l’usage de 564 manuels et en fera modifier 182 autres.</p> <p><p><p align="justify"><b>3. La censure des livres</b><br> <p>Au début de l’été, les Allemands chargent l’Union des Industries Graphiques & du Livre (UNIGRA), le syndicat des imprimeurs belges, d’exercer une censure préalable générale et d’empêcher ainsi la publication de tout propos anti-allemand. Cette censure est ensuite circonscrite, à partir du 20 août 1940, à la littérature qui traite de sujets militaires et politiques (en ce compris les questions concernant la race, le judaïsme et la Franc-maçonnerie). Le 24 septembre 1940, la Propaganda Abteilung prend le relais de l’organisme belge. Le Referat Schrifttum est dirigé par le Sonderführer Pr Dr Hans Teske et par son adjoint le Sonderführer Leutenant Bruno Orlick. Durant son premier exercice, ce bureau de la littérature refuse 100 manuscrits sur les 600 qu’il examine. A partir du 15 janvier 1943, invoquant le manque de papier, le Referat Schrifttum impose aux éditeurs de soumettre tous leurs manuscrits. Chaque demande est établie en triple exemplaire. Le premier est conservé dans les dossiers de la Propaganda Abteilung, les deux autres exemplaires sont transmis à l’Office Central du Papier - Papier Centrale (OCP-PC). Celui-ci y appose un numéro correspondant à un bon de consommation de papier. L’un est conservé dans les archives de l’OCP et l’autre est retourné à l’éditeur qui doit le présenter à l’imprimeur. Sans ce bon de consommation, l’imprimeur ne peut entreprendre le travail puisqu’il doit justifier les quantités utilisées dans ses ateliers. Tout le processus de contrôle apparaît dans les livres sous la forme de numéros précédés des mentions « Autorisation PA n° » / « Toelating PA nr » / « Zulassung Nr… » et « OCP n° » / « PC nr ». Parfois encore, le numéro d’affiliation de l’imprimeur auprès de l’OCP figure dans le colophon du volume. Chaque numéro est lié à un titre et à l’éditeur qui le demande. En cas d’annulation du projet par l’éditeur, le numéro est alors perdu. Du côté de la SS, l’Abteilung III C 4 de la Sicherheitsdienst se charge notamment de la surveillance des Editions autorisées. Contrairement à la Propaganda Abteilung qui intervient le plus souvent en amont, la SD intervient essentiellement en aval. Celle-ci saisit les ouvrages « séditieux » qui auraient pu échapper à la sagacité des censeurs de la Propaganda Abteilung, ou à l’autocensure des éditeurs belges.</p><p> <p><p align="justify"><b>4. La pénurie de papier</b><br> <p>Avant la guerre, la Belgique importait la quasi-totalité des matières premières destinées à la fabrication du papier et du carton. Mais le déclenchement des hostilités a rendu l’approvisionnement difficile et réduit en conséquence la fabrication du papier. La pénurie des matières premières provoque une réaction rapide de l’administration militaire allemande. Dès le 17 juin 1940, elle exige un état des lieux de la production, des stocks et de la consommation qui permette la rationalisation de l’économie. Parallèlement à ces mesures et en complément à celles-ci, le Ministère des Affaires économiques crée en février 1941 un Office Central du Papier pour veiller à la production et à l’utilisation rationnelle du papier et du carton. Près de la moitié de la cellulose est alors consacrée à la fabrication de produits ersatz comme le carton-cuir pour les chaussures ou le « Balatum » et l’« Unalit ». En mai 1941, l’OCP interdit la fabrication de produits de luxe tels les confettis, les sous-bocks et le papier-dentelle pour tarte. Les besoins en papier et carton augmentent cependant :pour les emballages en replacement d’autres matières devenues rares, pour le papier d’occultation, ou encore pour la paperasserie administrative occasionnée par la rationalisation de l’économie. En avril 1942, le Referat Papier, sous prétexte de rationalisation, ordonne la fermeture de près de la moitié des papeteries. Mais celles qui restent en activité souffrent de la pénurie de matières premières et de combustible qui entraîne une baisse de la production. En octobre 1942, prétextant cette fois la pénurie de papier, le Referat Schrifttum interdit la publication de livres à plus de 5.000 exemplaires mais autorise des dépassements aux éditeurs suffisamment bien en cour. La consommation de papier est alors contrôlée par l’OCP. En avril 1943, le spectre de la pénurie permet encore le recensement des stocks de papier chez les imprimeurs. Or personne n’est la dupe de ces dernières mesures qui relèvent plus de la censure que de l’économie. </p><p><p><p align="justify"><b>5. La restructuration économique et professionnelle</b><br> <p>Dès le début de l’été 1940, la Militärverwaltung commence de saisir les biens ennemis, c’est-à-dire français et britanniques. Grâce à la mise sous séquestre des avoirs du Groupe Hachette, l’actionnaire français de l’Agence Dechenne, le principal distributeur de presse en Belgique est administré par un Allemand, représentant des intérêts du groupe éditorial allemand Amann. Celui-ci obtient le monopole de l’importation de quotidiens étrangers et de la distribution des journaux belges. Il réussit également à devenir le principal grossiste en livres, imposant aux éditeurs le choix de certains titres, le tirage et parfois la couverture des livres. En novembre 1940, tous les éditeurs de livres et de périodiques ainsi que les libraires doivent s’inscrire au Cercle belge de la Librairie ou à son homologue flamand. En juin 1942, le Ministère des Affaires Economiques institue la Gilde du Livre / Boekengilde qui détient, par le biais de ses deux chambres linguistiques, le monopole de la représentation professionnelle. En 1941, l’Occupant suscite la formation d’un organisme de collaboration, la Communauté culturelle wallonne (CCW) qui devrait investir le champ culturel, à l’instar de la Deutsch-Vlämische Arbeitsgemeinschaft (DeVlag). Dirigée par l’écrivain prolétarien Pierre Hubermont, la CCW tente de regrouper les auteurs au sein d’une Chambre des Lettres françaises et d’une Chambre des Lettres dialectales. Très peu d’intellectuels se rallieront à cet organisme rapidement démonétisé. A la suite du congrès européen des écrivains tenu à Weimar en octobre 1941, une Europäische Schriftsteller Vereinigung est par ailleurs fondée le 27 mars 1942. Cette Société Européenne des Ecrivains (SEE), destinée à remplacer le PEN-Club international, encourage les traductions et la diffusion des ouvrages de ses membres. Pierre Hubermont est désigné pour tenir le rôle de porte-parole de la Section wallonne et belge de langue française (SWBLF) qui commence d’être organisée dans le courant du mois de mars 1942. Seule une poignée d’écrivains répondront aux sirènes de Weimar. En 1943 la Communauté Culturelle Wallonne fonde une nouvelle structure plus discrète, et surtout, moins discréditée :la Fédération des Artistes wallons et belges d’expression française (FAWBEF) dont l’intitulé est très proche de celui de la section locale de la SEE. Il ne s’agit pas d’un repli stratégique de la part de Pierre Hubermont – qui est cependant contraint de constater le semi échec de la CCW – mais d’une tentative d’officialisation de la structure corporative ébauchée par la CCW sous l’œil attentif du Ministère de l’Instruction publique. La FAWBEF ébauche la création d’une Chambre de Littérature subdivisée en Chambre des Ecrivains d’expression française, en Chambre des Ecrivains d’expression wallonne, en Chambre des Traducteurs et en Chambre des Editeurs. Le but est d’aboutir à une adhésion obligatoire et ainsi à un contrôle de l’accès à la profession. Depuis l’instauration de la législation et la signature des conventions internationales sur la protection des droits d’auteur dans la seconde moitié du XIXe siècle, les redevances sont essentiellement perçues en Belgique par des sociétés de droit français. Face à cette situation de perceptions multiples, l’administration militaire allemande impose une perception unique par une société de droit belge. Dans un premier temps, la Militärverwaltung place sous séquestre les sociétés françaises qui disposent du monopole de fait de la perception des droits d’auteur en Belgique francophone. Dans un second temps, au début du mois de janvier 1941, la Nationale Vereeniging voor Auteursrecht (NAVEA) est réquisitionnée et désignée pour détenir le monopole de la perception des droits. Toujours en janvier 1941, une tentative de rallier l’Association des Artistes professionnels de Belgique (AAPB) à la société unique afin d’en faire sa section francophone échoue grâce à la résistance de ses dirigeants. L’AAPB est alors dissoute par les Allemands. Le monopole de la NAVEA pose de nombreux problèmes juridiques. Pour toucher les droits de suite, les artistes et leurs ayants droit doivent devenir membre de la NAVEA, alors que les sociétés françaises interdisent la double appartenance sous peine de perdre les droits à la pension. Après d’âpres pourparlers, la NAVEA s’engage à payer les pensions pour les artistes qui la rejoindraient rapidement. La NAVEA ne collabore pourtant pas avec l’occupant puisque, clandestinement, celle-ci noue un accord avec la société anglaise The Performing Right Society, via Lausanne et Lisbonne, et répartit en secret les droits des auteurs anglais et américains. Elle tente de surcroît de protéger ses affiliés juifs en refusant de livrer la liste des ses adhérents.</p><p><p><p align="justify"><b>6. La production</b><br> <p>Malgré les contraintes liées à la pénurie de papier et celles qu’impose la censure, les éditeurs belges profitent des circonstances pour éditer à tour de bras tout et n’importe quoi, puisant essentiellement dans le vivier des littérateurs locaux. En effet, les Belges s’adonnent au loisir peu onéreux de la lecture. La fermeture des frontières bloque les importations de livres français et néerlandais. D’une part, la culture flamande est revalorisée alors que toute velléité pan-néerlandaise est combattue. D’autre part, la littérature française est contingentée :les Lettres françaises sont systématiquement dénigrées car on les juge délétères. Enfin, la germanisation rampante va bon train grâce à la promotion des Lettres scandinaves et allemandes :il s’agit de remodeler les structures mentales des lecteurs grâce aux traductions. Les tirages sont énormes pour des valeurs sûres comme le Leeuw van Vlaanderen (200 000 exemplaires) d’Hendrik Conscience et De Vlaschaard (100 000 exemplaires) de Stijn Streuvels. La plupart des maisons d’édition développent ou inaugurent des collections de lettres étrangères. A la suite de pressions du Referat Schrifttum, rares sont les grands éditeurs qui ne publient pas de traductions de l’allemand. Aux quelques éditeurs rétifs, le chef du Referat Schrifttum suggère de remplacer les textes allemands par des traductions d’auteurs scandinaves et finno-estoniens. C’est ainsi qu’une maison anti-allemande éditera des romans du prix Nobel norvégien Knut Hamsun pourtant rallié à la collaboration la plus dure. Mais les éditeurs ne peuvent pas publier toutes les traductions :les auteurs slaves du nord (Russes et Polonais), anglo-saxons contemporains et juifs sont considérés comme indésirables et interdits. Le Referat Schrifttum autorise la publication de romans anglo-saxons qui ne sont pas encore tombés dans le domaine public. Ces autorisations exceptionnelles ont trait à des textes qui dénigrent systématiquement le modèle social britannique et américain. Curieusement sont ainsi traduits des romans remettant en cause un ordre social ou moral comme Babbitt (1943) de Sinclair Lewis, The Grapes of Wrath (De Druiven der gramschap, 1943 et Grappes d’amertume, 1944) de John Steinbeck, The Picture of Dorian Gray (Le Portrait de Dorian Gray, 1944) d’Oscar Wilde ou encore The Rains came (La Mousson, 1944) de Louis Bromfield. La réédition de The Scarlet Pimpernel (Le Mouron Rouge, 1943) de la baronne Emmuska Orczy dénonce le fanatisme de la Révolution Française et stigmatise l’hédonisme de la Gentry anglaise. A titre d’exemple, les Editions de La Toison d’Or, financées par les Allemands, publient 26 % de traductions, les Editions Les Ecrits sortent 31,75 % de traductions. A l’Uitgeverij De Lage Landen qui publie en langues néerlandaise, allemande et française, les traductions constituent 44 % du catalogue néerlandais.</p><p><p><p align="justify"><b>7. Les éditeurs</b><br> <p>La demande permet à une nouvelle génération d’éditeur de se manifester. Certaines maisons d’édition sont créées avec l’appui de l’un ou l’autre service allemand. D’autres, qui ne s’inscrivent pourtant pas dans une politique de collaboration, sont fondées sous le regard attentif de la Propaganda Abteilung. Des maisons jugées hostiles au national-socialisme sont mises sous séquestre. Enfin, des administrateurs provisoires et des directeurs littéraires inféodés au nouveau pouvoir sont nommés. Comme le reste de la population, les acteurs du champ éditorial adoptent un éventail de positions qui va de la Résistance à la Collaboration avec, pour le plus grand nombre, une accommodation à des degrés divers. Si certains choisissent de résister et freinent la politique allemande du livre dans la mesure de leurs moyens, aucun toutefois n’entre dans la clandestinité. A partir du 15 janvier 1943, tous les manuscrits doivent toutefois passer entre les mains de l’administration allemande ;ce sera souvent la seule compromission des éditeurs. La grande majorité des maisons reste patriote, à l’instar des Editions Casterman, des Editions Dupuis ou des Editions Charles Dessart. Un réseau éditorial d’Ordre nouveau est en revanche composé par Léon Degrelle et des rexistes. Le 25 août 1940, la s.a. La Presse de Rex obtient de pouvoir sortir à nouveau son quotidien de combat, Le Pays Réel (1936). La ligne éditoriale outrancière du journal ne parvient pas à fidéliser son lectorat (moins de 10 000 exemplaires vendus en 1942) et Degrelle renfloue les caisses de la rédaction grâce aux bénéfices du Palais des Parfums, une entreprise juive spoliée, et à des subventions de la SS. En 1943, Degrelle finance un nouveau quotidien, L’Avenir, inspiré de Paris Soir. Le groupe de presse de Degrelle publie également des hebdomadaires :une version collaborationniste du Pourquoi Pas ?intitulée pour l’occasion Voilà ;Tout, copié sur les géants Match, Tempo et Signal ;Indiscrétions, un magazine de mode qui prend rapidement le titre Elle et Lui ;et une revue pour jeunes gens, Mon Copain « volé ». La Presse de Rex possède encore trois maisons d’édition :les Editions Rex (1929), les Editions Ignis (1939), l’Uitgeverij Ignis (1941) et les Editions de L’Archer (1944). La s.a. Editoria, dirigée par le critique d’art Paul Colin, fait également partie du même réseau. Editoria regroupe la Nouvelle Société d’Edition (1934), l’hebdomadaire Cassandre (1934) et Le Nouveau Journal (1940). Des journalistes rexistes participent à la création de maisons littéraires :Claude Chabry fonde, en 1943, les éditions du même nom, les Editions du Rond-Point (1943) puis les Editions de La Mappemonde (1943) ;Victor Meulenijzer s’associe au caricaturiste de Cassandre René Marinus pour monter Les Editions du Dragon (1944) ;Eugène Maréchal relance en 1941 les Editions Maréchal (1938) et participe à la création des Editions du Carrefour (1943). Julien Bernaerts, le fondateur des Editions de la Phalange (1934) et de l’Uitgeverij De Phalanx (1938), se rallie à l’Ordre nouveau. Il est bientôt remarqué par le SS-Hauptsturmführer Hans Schneider qui travaille pour l’Ahnenerbe, le cercle académique de la SS. En 1943, Schneider persuade Bernaerts de créer l’Uitgeverij De Burcht. Dans le même cadre, Franz Briel, Léon Van Huffel et René Baert mettent sur pied les Editions de La Roue Solaire (1943). Proche de la SS, le directeur de l’Uitgeverij Steenlandt (DeVlag), Jan Acke, est abattu par la résistance. Il n’est pas le seul puisque Paul Colin est bientôt exécuté par un étudiant de l’Université libre de Bruxelles, Arnaud Fraiteur. Toujours dans l’orbite de la collaboration, les deux grands trusts de presse allemands Mundus et Amann essayent de pénétrer le marché belge. Tandis que le groupe germano-slovaque Mundus finance la création des Editions de La Toison d’Or (1941), fondées par Edouard Didier, Guido Eeckels et Raymond De Becker, Amann tente de s’emparer de l’Uitgeverij De Lage Landen (1941) de Guido Eeckels, puis Mundus devient un temps actionnaire de l’entreprise qui publie alors des ouvrages pour le compte du Deutsche Institut. Rappelons que, par l’entremise d’administrateurs provisoires, Amann pèse sur l’édition grâce à l’Agence Dechenne et signalons que Mundus a fait tomber le quotidien mosan La Légia (1940) dans son escarcelle. Les Editions de Belgique de Maximilien Mention, qui porte pourtant l’uniforme noir des cadres rexistes, ne semblent pas exprimer les idées nouvelles. Les journalistes rexistes Jules Stéphane et son épouse Marguerite Inghels dirigent la coopérative Les Auteurs Associés (1942) et Het Boek (1943) qui ne sont pas non plus d’obédience nazie. A la marge de ce réseau, mais très impliquées dans le réseau national-catholique, figurent les Editions L’Essor (1939) de Léon Renard. Comme toutes les coopératives ouvrières, les Editions Labor d’Alexandre André sont placées sous séquestre. André est maintenu à la direction commerciale de la maison tandis que le chef de la CCW est propulsé par l’occupant à la direction littéraire.</p><p><p><p align="justify"><b>8. La Libération</b><br> <p>A la Libération, l’Etat Belge instaure à nouveau un régime de censure larvée dans le but d’empêcher la diffusion des idées ennemies :des auteurs réputés inciviques sont interdits de publication dans la presse, des livres sont saisis et des maisons d’édition sont placées sous séquestre et leurs livres mis à l’index. Quelques éditeurs de la nouvelle génération quittent Bruxelles pour Paris en prétextant la mauvaise conjoncture économique mais en réalité ils fuient un climat qu’ils jugent répressif. Plusieurs retrouvent une place importante dans les champs éditorial et littéraire parisiens où leur passé est ignoré. Notons que la Justice militaire belge a rarement poursuivi un éditeur pour ses activités, comme si les éditeurs n’étaient pas responsables des idées qu’ils ont mises sur le marché. Le refus de livrer la liste de ses adhérents juifs et les accords clandestins avec The Performing Right Society permettent à la NAVEA de survivre après la Libération sous une nouvelle appellation :la Société des Auteurs Belges-Belgische Auteursmaatschappij (SABAM). L’Etat de droit rétabli, les sociétés françaises reprennent leurs activités en Belgique, restaurant ainsi le système de la perception multiple. L’Association des Artistes professionnels de Belgique constitue un jury d’honneur pour sanctionner ses membres qui auraient fauté. L’Association des Ecrivains belges exclut de ses rangs les auteurs compromis. Les Académies expulsent des immortels et en blâment d’autres, les écartant provisoirement de leur honorable société. Des écrivains, peu ou prou impliqués dans la collaboration, suivent le chemin des éditeurs et posent leurs valises sur les bords de la Seine. Les uns deviennent conseillers littéraires de grandes maisons parisiennes, d’autres, comme Paul Kenny, deviennent millionnaires en publiant des romans d’espionnage. Plusieurs exilés ci-devant anti-bolchevistes se lancent dans la traduction de romans anglais et américains. D’aucuns inventent la solderie de livres neufs à prix réduit s’ils ne revêtent pas l’habit vert. La réouverture des frontières aux livres d’écrivains français, néerlandais et anglo-saxons repousse la plupart des littérateurs belges dans l’ombre dont ils étaient sortis à l’occasion de circonstances exceptionnelles. On pourrait croire que l’âge d’or de l’édition est terminé. Or la crise du papier va entraîner l’émergence d’une nouvelle littérature et la création de nouvelles sociétés d’édition :les imprimeurs sont tenus de prendre deux qualités de papier, l’une bonne et l’autre médiocre. Celle-ci est alors utilisée pour des publications à destination de la jeunesse. Naissent ainsi une quinzaine d’hebdomadaires parmi lesquels figurent Franc-Jeu (1944), Lutin (1944), Perce-Neige (1944), Story (1945), Wrill (1945), Cap’taine Sabord (1946), Jeep (1945), Annette (1945) et Tintin (1946). Les deux derniers deviendront de véritables « blanchisseries » pour les réprouvés de l’Epuration… La bande dessinée belge et ses deux écoles, Marcinelle et Bruxelles, ainsi que les sociétés qui éditent leurs albums vont bientôt dominer le marché francophone. </p><p> / Doctorat en philosophie et lettres, Orientation langue et littérature / info:eu-repo/semantics/nonPublished
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Analýza podmínek kabotáže v silniční nákladní dopravě ve vybraném státě EU / Analysis of Conditions for Cabotage in Road Haulage in Selected EU Country

Večeřa, Petr January 2013 (has links)
The thesis describes conditions for carrying out cabotage in road freight transport, in comparison to current and past development at the EU level, and in transport policy of the EU described in the primary law. The most current changes at the field of cabotage are a good precondition for the future growth of this type of transport. The issue of cabotage could be described in three groups of topics, the first being the unified EU regulations of cabotage and conditions set for carrying out cabotage, the second concerns topics, that are similar in every EU country due to harmonization of national law, for example the payment of VAT, admission to the occupancy of road haulier or technical conditions for vehicles. The third group deals with matters that are different in every EU country, e.g. toll systems. Carrying out cabotage is therefore to be adjusted to all aforesaid conditions, which have a direct influence to the economical background of cabotage transports.
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Optimality of the Financial Decision and the Theory of American and Exotic Options / Optimalité de la décision financière et théorie des options américaines et exotiques

Laminou Abdou, Souleymane 02 November 2016 (has links)
Cette thèse examine les décisions financières à travers la théorie des options Américaines et Exotiques. Dans un premier temps, nous avons présenté une revue de la littérature sur les options de type Américain. La tarification de l’option Américaine standard d’achat est revisitée en vue de fournir les pré-requis. Dans l’étape suivante, un nouveau type de contrat d’option, appelé Strangle Euro-American ou Strangle Hybride, a été introduit. Des formules analytiques ont été fournies pour leurs prix ainsi que leurs paramètres de gestion. Une nouvelle méthode est proposée pour calculer les intégrales qui définissent les bornes d’exercice anticipé. Il a été démontré que cette méthode est efficiente, précise et rapide pour la tarification de tous les types de Strangle voir au delà. Puis, nous avons examiné les options Step de type Américain. Nous avons démontré que les propriétés des options d’achat "vanille" ne s’appliquent pas aux Step dans certaines situations. Les formules d’évaluation et des paramètres de gestion ont été déterminés. Et enfin, nous avons considéré l’évaluation d’une firme détenant simultanément une option d’abandon et une option d’expansion de ses activités selon des conditions du marché (favorables ou défavorables). Les seuils critiques de décision ont été obtenus. Des formules analytiques pour la valeur de la firme ont été obtenues. Des simulations illustrent le comportement de ces seuils critiques de décisions anticipées. / This thesis investigates the financial decisions through the theory of American and Exotic options. First, the literature on American-style derivatives is surveyed. The pricing of standard American call option in the early exercise premium representation is addressed in order to provide prerequisites for what follows. Second, a new variant of Strangle contracts, called Euro-American or Hybrid Strangles, is introduced and priced. Analytical formulas are provided for the prices of all these option contracts as well as their hedging parameters. A new quadrature is proposed to account for the systems of coupled integral equations that locate the early exercise boundaries. It is shown to be efficient, accurate, and fast for pricing all types of early exercisable strangles and more. Third, we examines the valuation of American Step options contract. The structures of the immediate exercise regions of the various contracts are identified. Typical properties of American vanilla calls are shown to fail in some cases. Formulas for prices and hedging parameters, for the American Step options, are derived. Finally, we consider the valuation of a firm holding simultaneously an option to expand and to abandon productions depending on the state of the market (good or bad) in a real option framework. Optimal decision levels are obtained. Analytical formulas for the firm’s value are provided. Numerical results document the behavior of the firm’s value and optimal exercise boundaries levels.
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Život a dílo brněnské herečky Vlasty Fialové / The Life and Work of Vlasta Fialová, actress of Brno

Břeň, Martin January 2019 (has links)
The Life and Work of Vlasta Fialová, actress of Brno This master's thesis is to bring closer the life and work of one of the most prominent Czech artists of the 20th century. The actress, who wrote herself into the history of film, television productions and radio, but especially the theater that was everything for her. The work is trying to capture her life and career, she has been able to build for a long, active fifty-year period, only in three Moravian cities: Opava, Olomouc and Brno. The work maintains a line beginning in the period before her birth, focuses on the cultural and historical events of the Brno metropolis, the beginning of her life, the years of childhood and adolescence, which she experienced as a student of a grammar school and a musical drama department of the Brno Conservatory during the Nazi occupation of her hometown. And then emphasis is placed on her individual theatrical engagements, as well as on the films and TV productions in which she performed, and the programs recorded for the radio. It also presents a certain reflection and characteristic of the characters and the acting art of this unique actress, whether it is a stage character or a silver screen. From those she created as a fresh and very talented graduate of the Conservatoire, through very handsome women with...
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Role OSS ve Vietnamu během druhé světové války / The OSS in Vietnam during the Second World War

Do, Phuong Thuy January 2020 (has links)
The United States engagement in Vietnam began during the Second World War. With military bases established in China, the U.S. took part in fighting the Japanese troops in the Pacific theatre. When France surrendered to Nazi Germany in 1940, Japan would take over the French Indochina and the war would spread to Vietnam as well. In order to collect intelligence on Japanese targets, the Americans needed to operate secret services on the ground. After the Japanese coup de main in 1945, they would eventually partner with Ho Chi Minh and his organization Viet Minh. The Office of Strategic Services (OSS), the wartime predecessor of the CIA, provided intelligence training and equipment, while the Viet Minh would assist with valuable information on Japanese troops. To some extent, the OSS helped Ho Chi Minh and Viet Minh accede to power in Vietnam after the war.
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Mozky nebo svaly: Srovnání vzdělanostního a zaměstnaneckého statusu pracovních migrantů ze zemí mimo EU / Brains versus Brawn: Comparison of the Educational and Occupational Status of non-EU Labour Migrants in the Czech Republic

Leontiyeva, Yana January 2012 (has links)
The main aim of this thesis is to examine the educational and occupational structure of non-EU labour migration to the Czech Republic. Using insights from human capital theory and the sociology of migration this thesis explores the extent to which there is an educational-occupational mismatch among non-EU migrant workers in the Czech Republic. This thesis uses currently available statistical data and evidence from qualitative and quantitative sociological studies. The dissertation exploits data from two unique surveys conducted by the Institute of Sociology, Academy of Sciences of the Czech Republic in 2006 and 2010.

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