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Dynamiques transgressives et subversions du désir dans l'oeuvre narrative d'Anne HébertBeauchemin, Mélanie January 2011 (has links)
Chez Anne Hébert, le désir est la chance donnée à l'individu de s'émanciper. Mais il aveugle parfois au point de ruiner la responsabilité et la conscience. C'est par leur refus de la soumission que les protagonistes féminins affirment, dans un premier temps, leur différence. Une telle opposition engendre une agitation fiévreuse qui rappelle l'enfance sauvage. Le délire, avec sa violence inouïe, et les retours obsédants au passé excitent la colère au point où elle devient destructrice. L'épreuve de la maladie permet aux héroïnes de mieux préparer leur révolte, à l'abri du regard des autres. L'excès qui suit la réclusion ébranle; la rage qui accompagne cette ardeur s'observe même physiquement. Aussi la métamorphose de ces femmes conduit-elle, dans un deuxième temps, à l'émergence d'une force renversante. Sur ce point, la thèse s'inspire des idées de Georges Bataille, qui voit dans la révolte une possibilité de sortir de soi, par l'épreuve du ravissement, indissociable de la peur née au contact de l'interdit. Le désir fait partie de la part maudite de l'humanité, parce qu'il permet de s'affranchir des contraintes ou, pour reprendre une expression chère à Bataille, d'accéder à la souveraineté. Cette mise en mouvement d'une acuité déchirante se déploie dans la nouvelle « Le torrent » (1950), de même que dans les romans Les chambres de bois (1958), Kamouraska (1970), Les enfants du sabbat (1975), Héloïse (1980), Les fous de Bassan (1982), L'enfant chargé de songes (1992) et Un habit de lumière (1999). Dans ces oeuvres narratives, vient un moment où la préoccupation n'est plus de respecter les convenances familiales et sociales, mais d'être disponible à l'expérience de la liberté. Dans le premier chapitre, la thèse traite de la dynamique transgressive depuis l'assujettissement des héroïnes jusqu'à leur comportement désinvolte, lorsqu'elles rient, séduisent ou réclament une vie plus impétueuse. Par un retour sur l'enfance qui ravive le désir sauvage, le deuxième chapitre étudie les conduites et les épreuves, face à l'autorité maternelle, distinctes selon que le personnage soit un homme ou une femme. La reconnaissance de la part irrévérencieuse en soi est une forme d'acquiescement au désordre. Les conduites immodérées sèment incompréhensions et douleurs. Ces moments de bascule font l'objet du troisième chapitre qui présente un sujet aux prises avec la trace ou le remous de présences mortes. Les hommes, en particulier, se font autres dans le désir. Leur curiosité les entraîne dans un chaos au même titre que le délire. Le quatrième chapitre vise à mieux décrire les expériences subversives du fantasme et ses effets dans Les enfants du sabbat. Au contact de la sorcière, des traumatismes resurgissent. Ils empruntent les formes de l'ivresse, de l'horreur et de l'effusion érotique. Cette coïncidence du mouvement du mal avec celui de la liberté est étudiée dans le cinquième chapitre. Les personnages masculins tentent en vain de surmonter leurs impulsions. La frustration de ne pas y parvenir laisse place à la révolte et parfois même au meurtre. Ils prennent alors les attributs du diable et de la bête. La rage a l'éclat d'une jouissance aussi bien que d'un aveuglement. Elle mène à un «envers du monde» où les êtres sont confrontés au fantastique. Le sixième chapitre décrit cette zone sauvage auquel le corps répond par le surgissement violent du désir. Les forêts, les villes et les villages sont autant de lieux susceptibles de mettre en évidence le lien intime entre érotisme, agressivité et transformation physique.
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Toute est dans toute : sorcelleries et féminismesGodin, Marie-Andrée 25 April 2018 (has links)
Ce texte témoigne des interrogations qui ont accompagné mon passage à la maîtrise et de ma recherche portant sur la figure de la sorcière comme figure féministe, ainsi que son inclusion dans ma pratique ar-tistique afin d’y soutenir la production d’un discours féministe. Abordant la sorcière sous les angles historique, politique et spirituel, j’examine les différents discours de réappropriation et de réhabilitation qui lui sont accolés. Souvent, ces discours s’apparentent au fémi-nisme radical et au féminisme marxiste ou au féminisme matérialiste. J'ai donc cherché à mieux com-prendre ces théories et en quoi elles concordaient ou non avec ma propre pensée. Je me suis demandé quelle façon celles-ci s'intégraient ou pouvaient s'intégrer à un féminisme d'aujourd'hui, principalement en regard des concepts d’intersectionnalité et de trans-inclusion. De mes recherches, certains concepts ont émergé : la conscience holistique, l’a-hiérarchie, les actes de fabrication et la connaissance comme source de pouvoir. Mots-clés: féminisme, sorcellerie, pensée holistique, a-hiérarchie, acte de fabrication, pouvoir, connais-sance, anticolonialisme, art.
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La Sociétose suivi de L’illusion du média en direct dans Les Sorcières de la République de Chloé DelaumeThéroux, Alain 05 1900 (has links)
Ce mémoire propose une analyse de la dystopie féministe et mémorielle Les Sorcières de la République de Chloé Delaume, en s'intéressant particulièrement à l’illusion du média en direct que l'autrice y met en scène. Notre but sera de déterminer quel effet cette illusion peut produire dans le format statique d’un récit littéraire imprimé, ainsi que fut notre intention scripturale avec La Sociétose, court roman d’anticipation présenté dans ce mémoire.
Seront entre autres convoqués dans la réalisation de ce projet, les philosophes Giorgio Agamben et Tzvetan Todorov, qui guideront notre réflexion, dans le premier cas, sur les intentions critiques de Chloé Delaume, puisque nous posons le postulat que le dispositif encadrant son récit mène à une dénonciation des institutions contemporaines, par la profanation, et que cette critique se veut forte grâce à un direct spectaculaire destiné à servir l'histoire. Dans un second volet réservé aux stratégies langagières, le critique Todorov nous fera voir comment l'enjeu de la parole magique pimente les tribulations croisées des personnages centraux.
Notre projet créatif rejoint les Sorcières de Chloé Delaume à maints égards. La Sociétose raconte l'histoire d'une anthropolinguiste mondialement connue pour avoir créé un idiome inclusif, que le gouvernement nomme, sans raison apparente, en 2067, à la tête d'un organisme de haute instance destiné à éradiquer cette langue. Tout au long du récit, cette femme au cheminement contradictoire, fera l'objet d'une série d'émissions spéciales menées en direct dans le contexte de vifs débats linguistiques qui étouffent l'espace public alors que gronde la menace d'opérations subversives. Les deux récits au cœur de notre travail en recherche/création ont cours dans le futur, et à leur manière de « direct littéraire » mettent en scène des voix qui luttent contre leur effacement. / This project offers an analysis of the feminist and memorial dystopia Les Sorcières de la République, a novel by Chloé Delaume focusing on a live media broadcast staged by the author. Our goal will be to determine what effect this illusion can produce in the static format of a book, as was our scriptural intention with La Sociétose, a short anticipatory novel presented in this essay.
Among others, the philosophers Giorgio Agamben and Tzvetan Todorov, will guide our reflection, in the first case, on what we supposed to be the critical intentions of Chloé Delaume, towards contemporary institutions, in a goal of denunciation by profanation. In a second section underlining language strategies, the Bulgarian critic Todorov will show us how magic speech intervene in the course of the central characters.
Our creative project joins Les Sorcières of Chloé Delaume in many ways. La Sociétose tells the story of an anthropolinguist, Milénia Bernard, known worldwide for having created an inclusive language. For no apparent reason the government appoints Milénia, in 2067, to manage a high-level state organization intended to eradicate this language. Throughout the story, this contradictory character will be the subject of a series of special live programs in the context of fiery linguistic debates while a riot is to be prepared by fanatics. The two stories, La Sociétose an Les Sorcières complete each other in our research and creation work
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Processus de construction de nouvelles identités genrées dans la tradition wicca à QuébecGargon, Clara 27 January 2024 (has links)
Nous assistons depuis quelques années à un regain d'intérêt pour le monde de la sorcellerie au sein des sociétés occidentales. Séries télévisées, films, articles de presse sont tous là pour reprendre l'image de la sorcière dans un nouveau contexte historique. Or, très peu connaissent la réalité des identités issues des communautés païennes et néopaïennes, telles que celles liées à la wicca, une tradition magico-religieuse qui présente une cosmologie singulière où s'ancrent les relations entretenues entre l'identité de genre des pratiquants et leurs pratiques rituelles et magiques. Dans une perspective anthropologique, ce mémoire propose d'explorer la construction et l'expression d'une identité wiccane et genrée à Québec, à travers les rites publics et la vie quotidienne wiccans. Il s'agit de poser un regard critique sur la manière d'appréhender la multiplicité des identités genrées aujourd'hui au sein de la wicca. Cette ethnographie vise à explorer les changements survenus dans la religiosité wicca avec l'affirmation de communautés présentant une vision autre de l'identité genrée hétéronormative. / We have witnessed in recent years a renewed interest in the world of witchcraft in Western societies. TV series, films, press articles are all there to take on the image of the witch in a new historical context. However, very few know the reality of identities from pagan and neopagan communities, such as those linked to Wicca, a magico-religious tradition which presents a singular cosmology that provides meaning to the relationships between the gender identity of practitioners and their ritual and magical practices. From an anthropological perspective, this dissertation proposes to explore the construction and expression of a Wiccan and gendered identity in Quebec, through public rites and Wiccan daily life. It is a question of taking a critical look at the way of apprehending the multiplicity of gendered identities today within Wicca. This ethnography aims to explore the theological changes that have arisen after the assertion of communities presenting a different vision of heteronormative gender identity.
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Représentation et performance de genre et de « race » dans la littérature féminine noire (africaine-américaine, caribéenne, française) / Representation and performance of gender and « race » in black women's literature (african-american, caribbean, french)Monbeig, Fanny 05 October 2018 (has links)
L'esclavage constitue le chronotope de "Tituba" de M. Condé et de "Beloved" de T. Morrison. Il est un héritage paradigmatique dans les autres œuvres de ces auteures, ainsi que chez Alice Walker et Gisèle Pineau, déterminant les rapports raciaux contemporains. La fragmentation du corps esclave convoque le motif de la couture, entre tissage conteur, re-membrement du corps social, et reconfiguration d'une tâche traditionnellement féminine. La mise en exergue du pouvoir performatif des mots des maîtres rappelle l’historicité et la dimension politique de l'invention du racisme dans le régime plantocratique. L'exemple de la beauté féminine et de sa racialisation illustre l'intrication complexe de la construction du genre et de la race. Mais le récit du passé esclavagiste, s'il peut éclairer et expliquer le présent, n'est fait qu'au prix d'un combat douloureux contre divers processus de refoulements, individuels et collectifs. Si "Beloved" et "La couleur Pourpre" rappellent le rôle essentiel de la réminiscence, "Paradis", "Morne Câpresse" et "Heremakhonon" mettent en scène des hypertrophies mémorielles problématiques ou drolatiques. La critique de la prétention historienne à l'objectivité y participe d'une remise en cause globale de la scientificité et de l'héritage des Lumières. Les ambivalences de la postmémoire s'opposent à la sacralisation contemporaine de la littérature mémorielle ou testimoniale, et la hantise postcoloniale se donne à voir sous un jour nouveau, ironique. L'analyse des maternités dialectiques dans "Beloved", "Tituba" ou "Rosie Carpe" permet de réfléchir le lien entre narration de la nation, racialisation de la maternité et contrôle du corps des femmes. Une lecture des œuvres du corpus à l'aune du concept d'intersectionnalité permet d'envisager une déconstruction globale de la féminité libérée de l'injonction à la sexualité reproductive. Au croisement du pouvoir de donner la vie et de son refus, le personnage de la sage-femme est récurrent. Souvent accusée de sorcellerie, elle nourrit une mythologie féminine qui peut retourner le stigmate magique. Fruit de rivalités dans les champs médicaux et religieux, la figure de la sorcière chez Toni Morrison, Maryse Condé ou Marie NDiaye est une invention interculturelle dont la force performative et parodique ébranle les catégories littéraires. Issus du traumatisme de l'esclavage, les romans étudiés esquissent les contours d'utopies concrètes. Leur dimension totalitaire et séparatiste cependant se révèle dans le visage grimaçant de l'espérance eschatologie contemporaine : la secte. Si la projection dans le futur semble ainsi dérisoire, le retour en un espace premier, refuge utérin et remontée dans le temps, s'abîme dans l'impossibilité du retour en Afrique. La Négritude césairienne est ainsi mise à distance, tandis que les espoirs de la Créolité semblent battus en brèche par une littérature récusant l'utopie post-raciale. Les migrations contemporaines et les douleurs de la condition exilique sont narrées sans idéalisation de la mobilité, tandis que les stratégies narratives des auteures diffèrent, tout en se retrouvant dans un désir de révéler en même temps que de dépasser la ligne de couleur. / Slavery is the chronotope of "Tituba" by M. Condé and "Beloved" by T. Morrison. Slavery is a paradigmatic heritage in other novels by these authors, as well as in Alice Walker's and Gisèle Pineau's art ; it determines the contemporary racial relationships. The splitting up of the slave's body calls to mind the pattern of sewing, narrative weaving, re-membering of the social body, and reinventing a traditionally feminine work. The highlighting of performative power of the master's words reminds us the historicity and the politic aspect of the invention of racism in the plantation system. The example of women's beauty and its racialization illustrates the complicated co-construction of gender and race. The writing of past history of slavery points out and explains the present time, but it requires a painful fight against various processes of individual and collective repression. "Beloved" and "The Color Purple" remind us of the importance of rememory, while "Paradise", "Morne Câpresse" and "Heremakhonon" tell about memory in excess. The criticism of historian claim for objectivity belongs to a global questioning of science on the one hand, and of the heritage of Enlightenment on the other. The ambivalences of postmemory confront the contemporary sacralization of memorial and testimonial literature. Postcolonial haunting is seen in a nex light, quite ironic. The analysis of dialectic motherhood in "Beloved", "Tituba" or "Rosie Carpe" allows us to conceptualise the link between national storytelling, racialization of motherhood and political control of women's bodies. Reading and analysing the novels with the concept of intersectionality shows a global deconstruction of womanhood, freed from the stress of reproductive sexuality. At the crossroad of women's power to give birth and death, the midwife is a recurring character. The midwife is often accused of being a witch, and she belongs to a feminine mythology that can turn the stigma around. The witch is born from rivalry in both religious and medical fields. In Toni Morrison's, Maryse Condé's or Marie Ndiaye's novels, the witch is an intercultural invention ; her parodic and performative strength undermines literary categories. Born from the trauma of slavery, the novels outline the pattern of concrete utopias. The totalitarian and separatist aspect of these utopias appears in the grinning face of the contemporary eschatological hope: the sect. Therefore any hope of a better future seems to be ridiculous ; when the return to a primary space, turning back in time, is dying in the impossible way back to Africa. The "Négritude" of Aimé Césaire is dismissed, and so are the hopes of "Créolité", by a literature that rejects post-racial utopia. There is not any idealization of movement in these novels, which tell contemporary migrations and pains of exile condition. Although the narrative strategies are different, they all intend to expose and overcome the color line.
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