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Les relations entre frères et sœurs dans un contexte de recomposition familiale

Rosette, Audrey 09 1900 (has links)
Ce mémoire se penche sur les processus de constructions des relations fraternelles auprès d’adultes qui ont précédemment vécu dans une famille recomposée. Il a pour point de départ un constat ressorti des études antérieures sur les fratries : celles-ci portent majoritairement sur la situation des familles dites « intactes » où les liens biologiques sont pris pour acquis dans la définition de ce qu’est une fratrie. Or l’augmentation des familles recomposées, phénomène observé dans la plupart des pays occidentaux et au Québec en particulier, met en présence des fratries dont les liens débordent du cadre biologique. Quelles spécificités présentent ces « fratries recomposées » par rapport à ce que les études nous apprennent du fonctionnement des fratries « intactes », notamment à l’âge adulte ? Deux concepts sont particulièrement mobilisés dans ces études, ceux de temps et de mémoire. Ces concepts nous sont apparus des plus pertinents pour comprendre comment s’établissent les relations fraternelles en contexte de recomposition familiale à l’âge adulte. Cette étude exploratoire a pour objectifs de comprendre les formes que prennent les relations fraternelles à travers le temps jusqu’à l’âge adulte et d’identifier les moments clés dans le parcours des frères et sœurs qui ont marqué leurs relations. La méthodologie est de type qualitatif, inspirée de la méthode du récit de vie. Ainsi, nous avons recueilli les récits de quatorze participant.es ayant vécu dans une famille recomposée durant l’enfance et/ou l’adolescence. L’analyse de ces discours met en évidence le fait que les liens établis entre frères et sœurs en contexte de recomposition familiale ont une portée tout aussi significative que les liens existant dans les familles où frères et sœurs sont reliés exclusivement par le sang. Des spécificités apparaissent certes, mais au-delà du statut biologique ou recomposé des liens, c’est davantage l’expérience du temps, d’une histoire partagée et d’une mémoire commune qui contribuent à la configuration et au maintien ou non des relations entre frères et sœurs à l’âge adulte. Le caractère exploratoire de l’étude ne permet évidemment pas de généraliser ces résultats, il reste que ce mémoire invite à élargir le regard sur cet objet trop peu étudié en sociologie de la famille que sont les relations entre frères et sœurs. / This master thesis focuses on the construction process of relationships between adult full-, half- and step- siblings who previously lived in a stepfamily. This research originates from observations made from earlier studies on siblings: they focus mainly on full sibling relationships in non-divorced families, in which biological links are taken for granted in the definition of siblings. Conversely, the increase in stepfamilies, a phenomenon observed in most western countries and particularly in Quebec, suggests that siblings from different family backgrounds are prone to live together. This implies that their links extend beyond the biological framework. How does these full-, half- and step- sibling relationships differ from findings on studies of full siblings in adulthood? From these researches on adult full siblings, two concepts particularly stand out: time and memory. Drawing from these findings, we speculate that these concepts are most relevant when examining the establishment of relationships amongst full-, half- and step- siblings in adulthood. This exploratory study aims to understand the construct of adult full-, half- and step- sibling relationships over time and to identify the key moments in their life course which impacted their relationships. The methodology used was qualitative in nature and based on life stories. Therefore, we collected the life stories of fourteen participants who lived in a stepfamily during their childhood and/or adolescence. The analysis of their speeches highlights that the bonds established between brothers and sisters in stepfamilies are as important as the bonds existing in families where siblings are exclusively related by blood. However, we found that sibling relationships in stepfamilies go beyond their sharing of biological ties: it is more the time experienced in stepfamilies, a shared history and a shared memory which contribute to the configuration and maintenance or not of their relationships in adulthood. Even though the exploratory nature of this study clearly does not allow the generalisation of our findings, we believe that this research invites us to broaden our focus on sibling relationships, an understudied object in the sociology of family.
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L’auteur au temps du recueil : repenser l’autorité et la singularité poétiques dans les premiers manuscrits à collections auctoriales de langue d’oïl (1100-1340).

Stout, Julien 04 1900 (has links)
Cette thèse entend proposer une analyse originale du phénomène connu mais polémique que constitue l’introduction de la notion d’auteur dans la littérature de langue française au Moyen Âge. Il s’agira d’essayer de contribuer à repenser la signification poétique, culturelle et historique de ce moment particulier où l’auteur – c’est-à-dire l’attribution d’un texte ou d’une série de textes à un nom propre donné – s’est imposé pour la première fois comme un critère structurant et primordial dans la production et surtout la transmission des textes de langue française dans les manuscrits médiévaux. Usant du concept foucaldien de fonction-auteur, des théories de la réception et du paratexte, ainsi que de la « Nouvelle Codicologie », l’approche déployée ici aborde l’auteur en tant que construction textuelle et éditoriale signifiante au sein d’un corpus de recueils littéraires de langue d’oïl où la volonté de construire des figures d’auteurs par les éditeurs de ces ouvrages est à la fois claire et indiscutable. Partie à l’origine d’un examen systématique de la tradition manuscrite d’environ 320 noms de poètes de langue d’oïl actifs entre 1100 et 1340, l’analyse se concentre principalement sur 25 manuscrits contenant des collections auctoriales dédiées à 17 poètes, dont le nom est associé avec insistance à une série de textes copiés les uns à la suite des autres. Parmi ces auteurs, on trouve les célèbres Chrétien de Troyes, Rutebeuf et Adam de la Halle, mais aussi Philippe de Thaon, frère Angier, Guillaume le clerc de Normandie, Pierre de Beauvais, Philippe de Remi, Gautier le Leu, Jacques de Baisieux, Geoffroi de Paris, Jean de l’Escurel, Baudouin de Condé, Jean de Condé, Watriquet de Couvin et Nicole Bozon. La présente analyse tente de nuancer et de dépasser la lecture répandue selon laquelle ces manuscrits à collections auctoriales individuelles constitueraient, de concert avec les fameuses biographies de troubadours et les chansonniers de trouvères, souvent présentés comme leurs « ancêtres », les débuts balbutiants d’une vaste épopée de l’avènement de l’« auteur moderne », annonciateur tout à la fois d’une « subjectivité littéraire », d’une « esthétique autobiographique » et d’un contrôle accru des auteurs historiques, réels, sur la transmission manuscrite de leurs propres œuvres. Tout en offrant une mise à jour contextuelle et matérielle – données originales à l’appui – concernant la dimension collaborative de la genèse de ces recueils et le caractère modulaire de leur transmission, on montrera qu’ils sont le fruit d’un dialogue nourri avec le modèle livresque latin et pluriséculaire de l’auctor – qui est à la fois un auteur, un garant de la vérité (auctoritas) et un ambassadeur prestigieux de la grammaire –, ainsi qu’avec l’antique exemple d’œuvres dites « biobibliographiques », qui décrivent la vie et l’œuvre d’auteurs illustres et exemplaires, comme le fait le De viris illustribus de saint Jérôme. Les manuscrits étudiés usent à répétition de ce modèle ancestral de la biobibliographie (« la vie et l’œuvre ») pour mettre en scène un face-à-face entre auteurs de langue d’oïl et auctores. Or cette mise en regard s’avère d’autant plus intéressante que, contrairement à ce qu’on observe pour les troubadours, considérés très tôt comme de nouveaux auctores illustres en langue vulgaire, dignes de cautionner l’excellence de la poésie et de la grammaire d’oc, elle ne prend pas uniquement, en français, la forme d’une imitation ou d’une adaptation de modèles anciens. En fait, l’analogie avec les auctores donne lieu à des exercices savants, autoréflexifs et parfois ironiques sur la fabrique éditoriale, poétique et épistémologique du type d’auteur et d’auctoritas qui peuvent (ou non) être bâtis dans des recueils en langue d’oïl, idiome qui était encore dépourvu à l’époque (1100-1340) de véritable grammaire, et où fleurissaient en revanche les genres littéraires de divertissement comme le roman, où l’on explorait la porosité des frontières entre le vrai et le faux, entre le bien et le mal. Plus qu’un pas pris dans la direction d’un sacre inéluctable, l’« invention de l’auteur français » à laquelle procèdent les recueils étudiés est un geste pétri des incertitudes et des interrogations de ceux qui le posaient, et qui en mesuraient la profonde vanité au regard de Dieu et de la mort. / This thesis aims to provide an original analysis on an often studied yet controversial issue: the introduction of the notion of authorship in French language medieval literature. The objective here is to reconsider the poetic, cultural, and historical signification of the particular moment when the author – understood here as the attribution of a text or of a series of texts to a proper noun – first became an essential structuring criteria in the production, and more importantly, in the transmission of French-language texts through medieval manuscripts. Using Michel Foucault’s concept of fonction-auteur, theories of reception and of the paratext, as well as New Codicology, this thesis will consider the author as a signifying textual and editorial construction within several literary collections written in langue d’oïl, in which the editors clearly and undeniably sought to construct figures of the author. Based on the systematic examination of the manuscript tradition of approximately 320 names of langue d’oïl poets, who were active between 1100 and 1340, this analysis will focus primarily on 25 manuscripts containing authorial collections dedicated to 17 poets, whose names are strongly associated with a series of texts that are copied one after the other. Among these authors are the famous Chrétien de Troyes, Rutebeuf and Adam de la Halle, as well as Philippe de Thaon, frère Angier, Guillaume le clerc de Normandie, Pierre de Beauvais, Philippe de Remi, Gautier le Leu, Jacques de Baisieux, Geoffroi de Paris, Jean de l’Escurel, Baudouin de Condé, Jean de Condé, Watriquet de Couvin and Nicole Bozon. This thesis attempts to question and ultimately discard the common conception according to which the manuscripts containing individual authorial collections constituted – along with the famous biographies of the troubadours and the chansonniers of the trouvères, often considered as their « ancestors » – the timid beginnings of the rise of the « modern author », himself a prequel to « literary subjectivity », « autobiographical aesthetics » and an ever stronger control exerted by actual empirical authors over the manuscript transmission of their own works. While offering contextual and material updates – supported by original data – regarding the collaborative process that went into the creation of these collections, as well as the modular aspect of their reception, this thesis will show that these collections were formed through a rich dialogue with the centuries-old latin model of the auctor – who is at once an author, a guardian of truth (auctoritas) and a prestigious ambassador of grammar –, as well as with the antique tradition of « biobibliographical » texts, dealing with the life and works of famous and exemplary authors, such as De viris illustribus, by saint Jerome. The manuscripts studied here repeatedly used this ancient model of biobibliography (« the life and works ») in order to stage a competition between authors writing in langue d’oïl and auctores. This confrontation is particularly interesting when one considers that – contrary to what may be observed in the case of the troubadours, who were quickly seen as the new illustrious vernacular auctores, worthy of vouching for the excellency of langue d’oc poetry and grammar – , we are not simply dealing here with a form of imitation or adaptation in French of ancient models. In fact, the analogy with auctores allows for autoreflexive and sometimes ironic learned exercises, dealing with the editorial, poetic and epistemological creation of the type of author and auctoritas in manuscript collections in langue d’oïl, an idiom which at the time (1100-1340) lacked a true grammar, yet was used in various literary genres meant for entertainment, such as romance, which explored the evanescent barriers between truth and lies, good and evil. Rather than a small step in the long path towards an inevitable coronation, the « invention of the French author » undertaken by these collections constitutes an action that reflects all the uncertainty and interrogations of those who undertook it, while being fully convinced of its utter vanity in the eyes of God and death.

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