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Le processus de revendication huron pour le recouvrement de la seigneurie de Sillery, 1651-1934Gardette, Joëlle 13 April 2018 (has links)
Concédée, en 1651, aux Amérindiens néophytes situés à proximité de Québec, sous la tutelle des jésuites, la seigneurie de Sillery fut, dans la seconde moitié du xvne siècle, absorbée dans les Biens des jésuites. Les différents transferts, qui ont mené à cette situation et ont déchu les Amérindiens de leur titre de seigneurs, sont des plus complexes et ont donné lieu à de multiples interprétations. Dès le milieu du XVIIIe siècle, les Hurons, qui se présentent comme les seuls ± Sauvages chrétiens ¿ à être demeurés dans les limites originelles de la seigneurie de Sillery, vont revendiquer, auprès des différentes autorités qui se succéderont, le recouvrement de celle-ci. Aucune compensation, aucune réparation ne leur a jamais été accordée par leurs interlocuteurs français, britanniques ou canadiens. Cette étude, qui prend appui sur des sources variées issues, en grande partie, des archives coloniales de la France et de la Grande-Bretagne, vise à dresser le tableau d'un dialogue qui perdure dans le temps, entre des pétitionnaires hurons déterminés à recouvrir leur seigneurie ou, à tout le moins, à obtenir réparation pour sa perte, et des autorités, armées, politiquement et juridiquement, pour contrer toute prétention à ce sujet. Une démarche double a été adoptée : - une approche chronologique qui, sous forme de tableaux récapitulatifs, met en relief le contexte historique dans lequel pétitions, réponses, rapports, enquêtes, stratégies, etc. s'insèrent ; - une approche thématique, plus précisément centrée sur le discours des protagonistes en présence, les interprétations qui s'opposent et les arguments qui se contredisent. L'histoire, relatée par les uns et par les autres, de cette relation contractuelle et de sa rupture est révélatrice d'une rencontre, qui est également opposition de la logique amérindienne de l'alliance, marquée par le don et le contre-don, et de la logique coloniale, visant l'assimilation et la civilisation des autochtones. Elle ouvre encore des pistes sur le métissage et la question de l'identité amérindienne, intrinsèquement touchée par le changement.
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Chroniqueurs citadins et nouveaux pouvoirs en Émilie-Romagne (vers 1300 - vers 1500) / Power and City’s Chroniclers in Emilia-Romagna (ca.1300-ca.1500) / Cronisti cittadini e potere nell’Emilia-Romagna (c.1300-c.1500)Bouchet, Serge 29 November 2011 (has links)
L’Émilie-Romagne, entre offensives seigneuriales et réaffirmation des prérogatives pontificales, connaît une abondante production historique citadine du XIVe siècle aux deux premières décennies du XVIe siècle. La transformation de l'écriture de l'histoire et la sensibilité des chroniqueurs sont analysées à partir de soixante-dix chroniques issues de Rimini, Césène, Forli, Bologne, Modène, Reggio Emilia et Ferrare.Après avoir présenté les auteurs, la forme des textes et leur évolution, l’étude expose les enjeux politiques des histoires des origines. L'espace est ensuite considéré afin de préciser le regard porté par ces chroniqueurs sur leur cité et, de là, sur l’espace régional et sur le monde. Les images ouvrent une autre dimension de la pensée des auteurs. Les messages des dessins insérés dans les manuscrits ainsi que l’iconographie des marges, la communication par l’image dans la ville et les icônes du pouvoir sont ainsi interprétés. L’analyse du discours tenu sur les hommes de pouvoir complète l’approche permettant d’appréhender les clichés, les critiques et les représentations des auteurs. Les manifestations du pouvoir viennent clore l’étude. L’évocation de la ville et de la société par les chroniqueurs écrivant entre la fin du XVe siècle et le XVIe siècle, est abordée pour finir. / From the 14th century to the first two decades of the 16th century, vast historical urban expansion took place in Emilia-Romagna, mainly due to offensives by lords and the reassertion of pontifical prerogatives. The aim of the paper is to analyze the evolution of the way history is told by chroniclers as well as their sensibilities. For this, we focused on seventy chronicles written in Rimini, Cesena, Forli, Bologna, Modena, Reggio-Emilia and Ferrara. First, the authors, the outline of the texts and their evolution are presented. Then the paper sheds light on the political stakes behind the original stories. Subsequently, the geographical location of the chroniclers is considered to analyze their points of view on their cities and, more widely, on the world. Images lead to other considerations: messages of the drawings inserted in the manuscripts, margin iconography, visual communication in the city, and icons of the power. Analysis of the descriptions of power holders gives an overview of the chroniclers’ criticisms and praises. Finally we reveal how the city and the societies in transformation are evoked in the 15th and 16th centuries. / L’Emilia Romagna, tra offensive delle signorie e riaffermazione delle prerogative pontifice, conosce una abbondante produzione storica cittadina dal XIV secolo fino ai primi due decenni del XVI secolo. La trasformazione della scrittura della storia e la sensibilità dei cronisti sono analizzati a partire dalle settanta cronache redatte a Rimini, a Cesena, Forlì, Bologna, Modena, Reggio Emilia e Ferrara. Dopo aver presentato gli autori, la forma dei testi e la loro evoluzione, lo studio espone le scommesse (o poste) politiche delle storie delle origini. Lo spazio è poi considerato per precisare lo sguardo che questi cronisti rivolgono alla loro città e, di qui, sullo spazio della loro regione e sul mondo. Le immagini autorizzano inoltre altre considerazioni. Vengono interpretati i messaggi veicolati dai disegni inseriti nei manoscritti, l’iconografia dei margini, la comunicazione attraverso l’immagine nella città e le icone del potere. L’analisi del discorso tenuto sugli uomini di potere completa l’approccio permettendo di cogliere critiche e lodi dei cronisti. Viene affrontata, poi, la rievocazione della città e di una società in trasformazione fatta dagli autori che scrivono tra la fine del XV e il XVI secolo.
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Un imbroglio territorial en Montérégie au temps du Bas-Canada : la seigneurie de La SalleTrudeau, Hélène January 2007 (has links) (PDF)
Sur la rive sud de Montréal, recouvrant en partie les villes actuelles de Saint-Constant, Saint-Édouard, Saint-Rémi et Saint-Mathieu, la seigneurie de La Salle était située en second rang derrière les seigneuries de Châteauguay et de Sault-Saint-
Louis (Kahnawake), entre les seigneuries de Beauharnois et de La Prairie de la Magdeleine. A partir de la réduction territoriale que La Salle a subie au début du XIXe siècle, nous étudions les questions de découpage liées à l'instauration des cantons aux confins des seigneuries en conséquence de l'Acte constitutionnel de 1791 qui créa le Bas-Canada. Après un procès en bornage dont le jugement en 1805 statuait que la ligne de profondeur de la seigneurie de La Salle devait être une droite joignant ses lignes latérales, le procureur général Jonathan Sewell porta la cause en appel. Le jury comprenait les bénéficiaires désignés du canton de Sherrington destiné à jouxter La Salle à sa limite sud. En 1807, le jugement en appel décréta que La Salle serait désormais bornée en profondeur par une ligne brisée, ce qui lui fit perdre environ le cinquième de son territoire, lequel devint partie du canton de Sherrington et fut donc soumis au régime de propriété en franc et commun socage. Les censitaires établis dans le secteur détaché de La Salle demandèrent les secours de la Chambre pour conserver leurs biens en conformité de leurs actes de concession. Près de quinze ans après le décret de 1807, l'affaire fut portée en appel devant le Conseil privé de Londres et la solution appliquée en 1823-1824 fut la rétroconcession des parties visées du canton de Sherrington en quatre petites seigneuries, après l'annulation des lettres patentes ayant érigé et partagé ce canton entre des membres du Conseil exécutif. Cet épisode fait prendre conscience de certains des problèmes que peuvent susciter les interventions cadastrales sur des territoires déjà lotis et occupés. Pour la période étudiée, il met en lumière les difficultés des colons pour se défendre de spéculateurs occupant des postes privilégiés et le rôle essentiel que jouèrent en Chambre les députés majoritairement canadiens pour protéger les intérêts de leurs compatriotes. De Simon et Christophe aux patriotes Charles-Amable et Christophe-Ambroise, l'imbroglio territorial eut des incidences néfastes sur trois générations de Sanguinet, seigneurs de La Salle. Il fut l'unique cas de réduction d'une seigneurie à être ordonné par un recours en justice de l'État bas-canadien, auquel fut également apportée une solution d'exception. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Bas-Canada, Chambre d'assemblée, Seigneurie, Censitaire, Seigneurie de La Salle, Canton, Franc et commun socage, Cadastre, Spéculateur.
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« Vieux manoirs, vieilles maisons » : la patrimonialisation des résidences seigneuriales sur la Côte-du-SudLévesque-Dupéré, Mathieu January 2018 (has links)
Le régime seigneurial a profondément marqué le paysage du Québec. Aboli en 1854, il a laissé des traces, à la fois culturelles, sociales et matérielles. La région de la Côte-du-Sud est particulièrement représentative de l’influence seigneuriale, puisque de nombreux seigneurs et seigneuries s’y retrouvent. La présence de nombreux manoirs seigneuriaux en ces lieux en est la preuve matérielle.
Ces manoirs seigneuriaux font partie du patrimoine culturel du Québec. Par contre, tout comme les autres traces seigneuriales, ils ne sont pas tous considérés comme des objets méritant d’être conservés et d’obtenir la surveillance de l’État, même s’ils représentent des témoins importants du régime seigneurial au Québec. De fait, plusieurs conditions doivent être réunies pour qu’un bâtiment puisse faire partie de la liste des biens à protéger et à préserver.
Parmi les nombreux éléments patrimoniaux, les traces du paysage, des bâtiments, des monuments commémoratifs, des témoignages, des personnages historiques et des objets du passé seigneurial suscitent un intérêt considérable tant pour la population que la communauté scientifique. En particulier, le manoir seigneurial demeure un symbole prédominant dans le paysage culturel du Québec qui permet de rappeler la matérialisation d’un pan incontournable de l’histoire du Québec.
Cependant, ce ne sont pas tous les manoirs seigneuriaux qui ont été protégés par l’État, plusieurs d’entre eux ont disparu, ont subi des modifications majeures ou encore ont été complètement transformés. En effet, pour que les manoirs seigneuriaux puissent obtenir un statut particulier afin d’être préservés, ils ont dû passer par un processus de patrimonialisation complexe et variable, que cette étude vise à comprendre. Les manoirs à l’étude sont ceux de Montmagny, Cap-Saint-Ignace, Saint-Jean-Port-Joli, Saint-Roch des Aulnaies, La Pocatière et Kamouraska.
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La pénétration de la monnaie de carte dans l'espace rural laurentien (1685-1743)Bernier, Emmanuel 05 April 2024 (has links)
L’intendant Jacques de Meulles crée la monnaie de carte en 1685 pour pallier un manque de numéraire dans la vallée du Saint-Laurent. Cette expérience monétaire qui ne devait durer qu’une saison allait bientôt être appelée à se renouveler d’année en année pour devenir un élément incontournable dans l’économie canadienne jusqu’à la fin du Régime français, et ce hormis une éclipse de 1720 à 1729. Par l’étude de neuf greffes de notaires ruraux de la Côte-de-Beaupré et de la Côte-du-Sud de 1685 à 1743, nous avons tenté de comprendre les paramètres régissant la circulation de cet instrument d’échange. Comme toute monnaie parallèle – c’est-à-dire une devise évoluant en marge de la monnaie nationale –, les « cartes » sont caractérisées par une pluralité de cloisonnements qui circonscrivent son utilisation et définissent une communauté de paiement assez bien délimitée. L’analyse sérielle de quelque 5000 actes notariés impliquant des transactions en argent a montré que ces cloisonnements concernent d’abord l’espace – la monnaie de carte pénètre davantage dans les paroisses plus proches du lieu d’émission de Québec, souvent plus anciennes –, mais aussi le temps, l’état de la colonisation, les usages et le sexe et l’âge des utilisateurs.
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Ambitions et illusions d'un entrepreneur seigneurial en Nouvelle-France : Robert Giffard, 1634-1653Rainville, Alain 25 April 2018 (has links)
Ce mémoire a pour sujet les ambitions et les illusions de l'entrepreneur seigneurial Robert Giffard entre les années 1634 et 1653. Il est subdivisé en cinq chapitres. Le premier chapitre présente les facteurs externes qui influencent les ambitions et les illusions du seigneur de Beauport : l'État et son mandataire, la Compagnie des Cent-Associés, de même que le territoire. Le deuxième chapitre fait une biographie de Robert Giffard où sont présentés ses origines, sa famille, sa première aventure en Amérique, ses entreprises, ses titres et sa promotion sociale. En troisième chapitre, le projet seigneurial de Robert Giffard est présenté avec son plan d'action. Le quatrième chapitre s'attarde à décrire la mise en place du projet seigneurial de Robert Giffard, c'est-à-dire de la seigneurie de Beauport : les défrichements, les premières exploitations, l'établissement d'un premier noyau de peuplement, ainsi que la distribution des terres et la création des arrière-fiefs et des terres en roture. Enfin, le cinquième chapitre présente les réalités, les limitations du plan d'action de Robert Giffard et partant, de ses ambitions : les capitaux financiers et humains insuffisants, la géographie qui influence la forme et l'orientation des terres, les relations entre le seigneur Giffard et ses censitaires en ce qui concerne le premier noyau de peuplement et la préparation de l'aveu de 1647. / Québec Université Laval, Bibliothèque 2013
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Traduction commentée du Kitāb Riyāḍat al-nafs wa Adab al-nafs (Du redressement de l’âme et De l’éducation de l’âme) d’al-Ḥakīm al-Tirmidhī (m. vers 300/910) / Commented translation of the Kitāb Riyāḍat al-nafs wa Adab al-nafs (Of the recovery of the soul and Of the education of the soul) of al-Ḥakīm al-Tirmidhī (d. about 300/910)Villetard, Gabrielle 09 October 2018 (has links)
Cette thèse propose la traduction et le commentaire de la Riyāḍa et de l’Adab al-nafs d’al-Ḥakīm al-Tirmidhī, mystique sunnite khorasanien des 9ème et 10ème siècles de l’ère commune, connu pour l’impact qu’a eu son Kitāb khatm al-awliyā’ sur la pensée postérieure, celle d’Ibn ‘Arabī (m. 638/1240) en particulier. Ce sont deux manuels fondamentaux d’anthropologie spirituelle qui témoignent d’une mystique philosophique islamique ancienne assimilant des éléments de la pensée néoplatonicienne et de traditions religieuses orientales telles que le manichéisme et le bouddhisme. La systématisation du concept de sainteté (walāya) caractérise cette pensée que l’on pourrait qualifier de théosophique : dans la Riyāḍa et l’Adab sont ainsi exposées les règles de l’éducation de l’égo en vue de rétablir l’ascendant du cœur sur ce dernier, transformant le croyant en saint (walī). L’éthique de Tirmidhī se rapproche du principe bouddhiste selon lequel des actes apparemment identiques proviennent soit d’une motivation désintéressée soit d’une motivation égoïste. Le cœur, organe cognitif et organe de l’action, produit des actes conformes à la connaissance divine, tandis que l’âme s’approprie les actes pour satisfaire sa passion égoïste. L’anthropologie du Sage de Termez possède une dimension cosmologique, caractéristique elle aussi de la théosophie mystique : le saint, libéré de l’égo, voit apparaître en son cœur l’ordre divin régissant les mondes et devient ainsi lieutenant de Dieu, l’instrument d’une manifestation divine qui établit au sein de la communauté des croyants et dans le monde l’ordre de l’unicité et de la Loi que le culte de l’égo transgresse et corrompt. Les caractéristiques du saint chez Tirmidhī – sa connaissance et son pouvoir théophaniques – possèdent des correspondances évidentes avec celles attribuées à l’imam dans le shi‘isme. / This thesis proposes the translation of and commentary on the Riyāḍa and the Adab al-nafs of al-Ḥakīm al-Tirmidhī, a Khorasanian Sunni mystic from the 9th and 10th centuries of the Common Era, known for the impact that his Kitāb khatm al-awliyā' had on posterior thought, that of Ibn 'Arabī (638/1240) in particular. These are two fundamental textbooks of spiritual anthropology that testify to an ancient Islamic philosophical mysticism assimilating elements of Neoplatonic thought and Eastern religious traditions such as Manichaeism and Buddhism. The systematization of the concept of holiness (walāya) characterizes this thought that could be described as theosophical: in the Riyāḍa and the Adab are thus exposed the rules of the education of the ego in order to restore the ascendancy of the heart on the latter, transforming the believer into a saint (walī). Tirmidhī's ethic is similar to the Buddhist principle that seemingly identical acts come either from selfless motivation or from a selfish motivation. The heart, the cognitive organ and the organ of action, produces acts in accordance with the knowledge of the Law and divine attributes, while the soul appropriates acts to satisfy its selfish passion. The anthropology of the sage of Termez has a cosmological dimension, also characteristic of mystical theosophy: the saint, freed from the ego, sees appearing in his heart the divine order governing the worlds and thus becomes a lieutenant of God, the instrument of a divine manifestation which establishes within the community of believers and in the world the order of Oneness (tawḥīd) and Law that the cult of the ego transgresses and corrupts. The characteristics of the saint in Tirmidhī - his theophanic knowledge and power - have obvious correspondences with those attributed to the imam in Shi'ism.
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Ponction féodale et société rurale en Allemagne du sud (XIe-XVIe siècles). Essai sur la fonction des transactions monétaires dans les économies non capitalistesDemade, Julien 09 December 2004 (has links) (PDF)
Notre thèse a pour objet de reprendre la question des modifications fondamentales que l'historiographie s'accorde à repérer, dans l'espace allemand, au XIIe siècle, et que l'on peut résumer comme le passage du système domanial au système seigneurial. S'interroger sur une transformation n'étant possible que si l'on est en mesure de définir les états de départ et d'arrivée du processus, parce qu'ils déterminent ce dernier (ses causes comme ses formes), l'enquête se devait nécessairement d'être chronologiquement plus large - elle a, en l'occurrence, porté sur les XIe-XVIe siècles. Si l'extrême rareté de la documentation pour la période domaniale nous a contraint à traiter un vaste espace méta-régional (l'ensemble de la moitié sud des contrées germanophones), la multiplication des sources pour la période seigneuriale rendait au contraire nécessaire une limitation du champ géographique de l'investigation, qui est toutefois restée d'un niveau macro puisqu'elle s'est portée sur une région entière, la Franconie, perçue à travers le prisme de la ville qui l'organisait, Nuremberg. Pour la période domaniale, nous avons conservé l'idée, communément admise, d'un système de domination fondé sur les " corvées ", mais l'étude sémantique précise du vocabulaire des sources nous a amené à remanier profondément cette notion. En effet, le travail (en tant qu'entité nettement séparée aussi bien de ses conditions que de son résultat) n'était ni une catégorie des sources, ni, tout simplement, une catégorie qu'il eût été alors possible de penser, parce que la distinction du produire d'avec son produit ne peut être opérée dans une société où le rapport entre production et consommation est direct, et non pas médiatisé par l'échange. Dès lors, la notion de prélèvement en travail par opposition à un prélèvement en nature et en monnaie, et donc la notion de corvées, ne nous ont plus semblé pouvoir être pertinentes - ce qui apparaissait confirmé par le fait que le vocabulaire des sources opérait un regroupement des dus structuré non par cette tripartition (purement historiographique) du prélèvement, mais par la notion unificatrice de servitium, qui couvrait aussi bien les réquisitions d'activité que les cens en céréales ou les redevances en argent. Le seul point commun entre ces différentes formes de prélèvement qui fût susceptible d'expliquer leur subsomption dans cette catégorie englobante de servitium, réside dans les formes de déplacement qu'elles impliquent, soit des déplacements longs et répétés vers le maître pour lui livrer ce qui lui est dû. Or ces déplacements sont particulièrement importants dans le cas des réquisitions en activité puisque celles-ci sont généralement dues trois fois par semaine (tandis que les cens et redevances ne sont exigibles qu'à quelques termes dans l'année) sur une curia domaniale éloignée des résidences des dépendants en raison de la dispersion qui caractérise les structures du peuplement avant l'encellulement. Ainsi les réquisitions en activité étaient-elles logiquement la forme préférentielle du servitium puisqu'elles assuraient paradigmatiquement la réalisation des déplacements qui étaient au cœur de ce dernier, en tant que manifestation de la domination. La disparition du système domanial correspond donc au quasi-effacement de telles réquisitions, qui n'ont plus d'existence que symbolique (elles ne sont plus exigées que trois jours par an) - c'est-à-dire qu'elles deviennent des corvées, avec toute la charge d'humiliation que recèle ce terme, et qui ne valait nullement pour un servitium qui était au contraire idéologiquement valorisé (puisque le même terme désignait aussi bien le service féodal et le service divin). Cette disparition des réquisitions en activité n'a été que partiellement compensée par l'accroissement du prélèvement en nature et en monnaie, d'où l'idée classique selon laquelle la seigneurie rentière de la fin du Moyen Âge, retirée de la production, serait par là-même bien plus faible que le grand domaine qui l'avait précédée. Il nous semble toutefois erroné de ne considérer, parmi les éléments qui assurent la domination économique seigneuriale, que les différents prélèvements, dans la mesure où ce serait supposer que ce qui était désigné par le discours indigène comme le fondement même de la seigneurie, assurait bien, et assurait seul, cette fonction. En effet, une telle supposition reviendrait à ignorer le rôle joué par l'idéologie pour masquer les mécanismes effectifs de la domination au sein d'une société, et ainsi en empêcher la contestation. L'analyse économétrique d'une série de prix frumentaires nurembergeois des XVe-XVIe siècles, par les phénomènes paradoxaux qu'elle a dégagés, nous a amené à émettre l'hypothèse que la ponction1 s'opérait en fait par le biais des transactions sur les denrées, et que donc le prélèvement n'en était que le masque - aussi bien que la condition. Cette série présente en effet deux caractéristiques saillantes : d'une part, au niveau intra-annuel, la complète absence de tout phénomène de soudure (c'est-à-dire d'augmentation progressive des prix d'une récolte à l'autre), en lieu et place duquel on découvre un maximum des prix de milieu d'année agricole (soit en plein hiver) ; d'autre part, au niveau inter-annuel, l'existence d'une répartition des prix contradictoire avec la loi statistique dite " normale " (ou de Gauss) en raison et de la concentration des valeurs vers les prix les plus bas, et de l'existence de prix très élevés (distribution dite log-normale). Ces deux phénomènes peuvent être analysés comme la conséquence d'un contrôle des transactions frumentaires par un petit nombre d'agents, qui leur permet aussi bien (au niveau intra-annuel) de provoquer une augmentation des prix sans rapport avec des difficultés réelles d'approvisionnement (puisque les maxima ne sont nullement atteints au moment de la soudure) que (au niveau inter-annuel) d'empêcher que les prix ne passent en dessous d'un prix plancher (d'où la concentration d'occurrences au niveau de ce prix plancher et la dissymétrie de la distribution, puisqu'au contraire rien n'est fait pour limiter les hausses de prix). Ces agents qui contrôlent les transactions frumentaires à leur profit sont les seigneurs, maîtres des stocks grâce aux versements en nature de leurs tenanciers - et cette maîtrise leur permet de faire porter une ponction également sur ceux qui sont libres du lien seigneurial, soit les citadins, qui sont les acheteurs de ces denrées artificiellement renchéries. La ponction, donc, ne passe directement ni par la production ni par la consommation, mais par la mise en rapport des deux, c'est-à-dire par la circulation. Ainsi, alors que dans le système domanial la domination était assurée par les rapports de production (en tant que les réquisitions d'activité était une manière d'organiser la production), désormais elle passe par les rapports de circulation. Production et consommation ne sont dès lors plus, dans le système seigneurial, que les conditions d'une domination assurée par les transactions monétaires, qui prennent de ce fait un rôle central. Ceci ne signifie cependant nullement - contrairement à ce que suppose toute une historiographie, aussi bien marxiste que néo-classique, de la transition du féodalisme au capitalisme - que la fin du Moyen Âge connaîtrait un fonctionnement de type proto-capitaliste. En effet, d'une part, si la ponction passe désormais par le biais de la valeur d'échange et non plus de la valeur d'usage, par la monnaie et non plus directement par les produits, cependant elle ne prend pas (comme dans le système capitaliste) la forme d'une survaleur, c'est-à-dire de l'écart entre deux valeurs d'échange, mais naît de la transformation d'une valeur d'usage (celle des produits versés par des tenanciers auto-consommateurs) en une valeur d'échange (celle de la vente de ces produits par les seigneurs aux citadins). D'autre part, alors que dans le système capitaliste les transactions monétaires ont pour fonction d'organiser l'ensemble des mécanismes économiques en assurant l'allocation et des moyens de production et des moyens de consommation en fonction de l'offre et de la demande, dans le système seigneurial par contre les transactions monétaires n'ont pour fonction que d'assurer la ponction dans la mesure où pour l'essentiel et la production et la consommation restent centrées sur la valeur d'usage, qui guide les pratiques de tenanciers auto-suffisants. Ainsi le développement des transactions monétaires à la fin du Moyen Âge, loin d'annoncer le fonctionnement capitaliste, a-t-il pour origine un prélèvement fondé sur une contrainte extra-économique, et pour fonction d'assurer une ponction. Il ne représente donc qu'une réorganisation du système féodal, réorganisation qui lui confère une plus grande efficacité en rendant la ponction invisible aux agents puisqu'elle ne s'opère plus directement par le biais du prélèvement. La conclusion de notre thèse peut donc s'énoncer de la façon suivante : la translation du système domanial au système seigneurial est passage d'une domination fondée sur le contrôle de la circulation (forcée) des hommes dans l'espace, qui permet le contrôle de la production et qui passe par les produits, à une domination fondée sur le contrôle de la circulation (forcée) des objets entre les hommes, qui permet le contrôle de la consommation et qui passe par la valeur monétaire.
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Espace, temps et administration. : vivre dans les campagnes du nord de l'Artois (bailliages d'Aire et de Saint-Omer) de la reconquête française à la Révolution (1677-1790) / Space, time and administration : country life in northern Artois (baillages of Aire and Saint Omer) from french reconquest to the revolution (1677-1790)Fontaine, Matthieu 23 October 2009 (has links)
Les campagnes du nord de l’Artois, autour des villes d’Aire et de Saint-Omer, sont conquises par les armées de Louis XIV en 1676 et 1677. Le déplacement de frontière qui en découle a d’abord des conséquences économiques, avec la coupure des anciens débouchés que fournissaient les Pays-Bas méridionaux. La région est profondément attachée à ses anciens souverains bourguignons sous lesquels elle jouissait d’une liberté tout autant politique qu’économique. Le rattachement au royaume de France se fait au prix dune lecture nouvelle de l’histoire. L’appropriation de l’espace se traduit d’abord par l’adaptation à l’environnement, mais aussi par la manière de le représenter, sous forme de cartes ou dans le récit des voyageurs, et par la toponymie. Sur le plan administratif, la période est également marquée par de profonds changements. Elle voit la genèse et le développement de l’administration moderne. La seigneurie se défait de ses atours féodaux pour devenir une structure économique la plus rentable possible. La vieille noblesse entre en concurrence avec une noblesse récente, de robe ou financière. Les officiers seigneuriaux au village, les gros laboureurs et les fermiers, qui sont généralement les plus gros propriétaires fonciers, occupent les places les plus importantes dans la gestion de la fabrique paroissiale, qui gère les finances locales. Ils dominent aussi la communauté d’habitants, institution qui apparaît comme moins importante que la fabrique, mais dont les procès-verbaux témoignent des rapports de force au village. / Northern Artois countries, near Aire and Saint-Omer, are subdued by Louis XIV armies in 1676 and 1677. The movement of the border had economic consequences with the stoppage of ancient southern Low Countries channels. The population are deeply attached to her old burgundian sovereigns under those they take advantage of political and economical liberties. The annexation to the kingdom of France is in the beginning of a new reading of the history. The appropriation of space is first interpreted by the adaptation to the environment, but also by the way to represent it, in the form of maps or in voyagers narrations, and by toponymy. The period is a like marked by administrative transformations, with genesis and development of modern administration. Seigniory leave its feudal clothes to became a profit-earning economic structure. Old nobility is in rivalry with the new legal or financial one. Seigniorial officers in the village got a real power, more especially as the lord and his agents usually don’t live on the spot. In the village, laboureurs and fermiers, that are among the most important ground-landlords, filled the principal posts in the administration of parochial fabrique, that ruled local resources. They also ruled the communauté d’habitants, institution that appeared as less important than the fabrique
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Stratégies foncières, gestion seigneuriale et pluriactivité économique : Josias et Jonathan Würtele, 1780-1853Lelièvre, Nicolas January 2020 (has links) (PDF)
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