Au XIXe siècle, les sœurs hospitalières sont au cœur du système de soin parisien. L’identité et les activités sociales de ces femmes qui partagent un engagement religieux et un apostolat soignant auprès des pauvres de la capitale sont analysées dans cette thèse. La vocation, fruit d’un choix entre les jeunes femmes et l’institution, est une voie d’émancipation dans l’espace public et le monde du travail, mais qui leur permet aussi de s’affirmer comme individu en sapant l’autorité paternelle et en légitimant l’expression d’un désir. Chevilles ouvrières du système de santé publique et figures de la charité privée, les sœurs en accompagnent la croissance. Le soin aux pauvres et leur dévouement justifient la reconnaissance de leur utilité sociale devant l’urgence d’une société confrontée à une pauvreté massive et aux effets contrastés du processus de déchristianisation. Paradoxalement, la laïcisation conforterait leur présence dans le dispositif charitable et soignant de la capitale. Les sœurs se forment à certaines exigences médicales et cherchent à maintenir un « écart chrétien » dans le monde. Le soin des sœurs participe ainsi à la médicalisation de la société mais reste une stratégie de reconquête religieuse. Leur apostolat révèlerait que la demande sociale de santé et de religion reposerait sur un souci de soi et un besoin plus vaste d’attention. Mais ce « souci de soi » est aussi, pour les sœurs, une voie fonctionnelle et harmonieuse de réconcilier les volets religieux et profane de leur mission. Dès lors, les sœurs peuvent s’adapter à la modernité en articulant les préoccupations du siècle avec une exigence spirituelle. / In the nineteenth century, sisters of charity were at the core of the Parisian health system. This thesis analyses the identity and the social activities of these women who shared a religious commitment and a caring apostolate towards the poor of Paris. Vocation, which resulted from a choice by young women and the religious institution, was a way for these women to find a place in public space and in the workplace. It enabled them to assert themselves as individuals, undermining paternal authority and legitimating the expression of a desire. Cornerstones of the public health system and figures of charity, the nuns accompanied the growth of both. Their care of the poor and their devotion justified their claim to be recognised as socially useful in a context where French society was confronted by the new problem of widespread poverty and by the countervailing effects of dechristianization. Paradoxically, republican secularization would confirm their presence in the capital’s caring and charitable system. The sisters undertook training to new medical standards at the same times as they tried to maintain a ‘Christian singularity’ in the world. The care that the sisters provided played a role in the medicalization of society but nonetheless remained part of a strategy of religious reconquest. Their apostolate would reveal that society’s health and religious needs rested on a ‘care of the self’ and a need for attention. This ’care of the self’ was also a way for the nuns to reconcile the lay and religious aspects of their mission. Thus, sisters of charity could adapt themselves to modernity by articulating worldly preoccupations with a spiritual imperative.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2016IEPP0060 |
Date | 03 December 2016 |
Creators | Jusseaume, Anne |
Contributors | Paris, Institut d'études politiques, Chanet, Jean-François, Boutry, Philippe |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
Page generated in 0.0023 seconds