Le travail en équipe est devenu une pratique courante dans les milieux organisés. De plus, considérant la hausse de l'immigration, le vieillissement de la population et le niveau de scolarisation de plus en plus élevé chez les jeunes, les équipes de travail sont de plus en plus composées de gens détenant des caractéristiques diverses. Selon la littérature à ce sujet, les équipes de travail hétérogènes ont comme particularité d'être très innovatrices puisqu'elles détiennent de nombreuses perspectives en raison des différences de leurs membres. Toutefois, la diversité contenue dans ces équipes influence négativement la dimension affective du groupe, ce qui freine l'orchestration du processus d'identification et empêche ces équipes des bien performer dans les organisations. À la lumière de cette problématique, notre objectif général de recherche est d'explorer la manière dont les représentations de la diversité contenue dans les équipes de travail influencent l'identification des membres à leur groupe. Pour réaliser nos ambitions, nous avons choisi la perspective méthodologique qualitative puisqu'elle s'attarde aux perceptions, à l'expérience ainsi qu'aux enjeux auxquels font face les acteurs sociaux. Nous avons précisément choisi de collecter nos données à l'aide d'entrevues individuelles semi-dirigées, ceci auprès d'une équipe de huit membres, œuvrant dans une petite organisation montréalaise de type privé, dont les membres étaient diversifiés en termes d'âge, de genre, d'ethnie et de fonctions professionnelles. À la suite de l'analyse de nos données, nos résultats démontrent que les attributs visibles de la diversité ont une incidence plutôt positive sur l'identification des membres à leur groupe; les attributs sous-jacents ont, au contraire, un impact plutôt négatif. Il s'est aussi dégagé que certains traits communs aux membres tels que, entre autres, la curiosité, l'ouverture et l'authenticité favorisaient une catégorisation inclusive. Nous avons également constaté que la diversité pouvait être un facteur d'influence positive sur l'identification en raison de l'apprentissage qu'elle suscite. Cet apprentissage est apparu comme un élément modérateur de la diversité elle-même. Finalement, le fait de ne pas être rémunéré à la commission semble promouvoir un climat de non-compétitivité, favorisant ainsi le travail d'équipe, le soutien, l'entraide, la solidarité et la confiance au sein du groupe, de même que l'identification. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : groupes de travail, représentations, diversité, identification, affectif.

La peur est traditionnellement comprise comme une " émotion fondamentale " ; en cette formule obscure on entend communément la peur comme une conséquence psycho-physiologique d'un stimulus objectif. La peur se voit ainsi définie en sa périphérie causaliste. Dès lors, l'antienne définitionnelle ne parvient jamais (ni ne cherche) à la cerner en sa phénoménalité. C'est en cette aporie que le présent travail s'insère. En outre, précisément, ladite aporie hante la philosophie durandienne (Durand, 1960) faisant de la peur à la fois une conséquence du temps ennemi et un profond et essentiel dynamisme de l'imaginaire. L'imaginaire trouverait ainsi son essence dans l'extériorité du monde perdant ainsi sa marque transcendantale. Toutefois, en s'affranchissant de la théorie ordinaire de la peur, en tentant de la comprendre en sa phénoménalité, et pour cela en s'appuyant sur la profonde réflexion henryenne dévoilant l'affectivité comme Essence de la Manifestation (Henry, 1963), il paraît possible d'enrayer cette progressive aliénation de l'imaginaire. L'affectivité, et conséquemment la peur, comprises comme cette essence transcendantale, l'imaginaire dynamisé par elles retrouve un ancrage éidétique stable. Ce dynamisme aux pieds ancrés dans la transcendantalité et aux mains qui façonnent structurellement les constellations d'images, c'est le schème ; non plus ce schème qui se perdait dans les mystères du réflexe, de l'instinct, de la pulsion, etc. mais ce schème issu du plus essentiel des savoirs - le savoir affectif immanent de soi : le schème est affectif, il est la transcendance affective qui de l'affectivité structure l'imaginaire, manifeste le monde. En empruntant les voies de la phénoménologie bachelardienne, ce schème affectif - ici anxiologique - peut être retrouvé. Nous verrons qu'il est double - pénétrant et constricteur - et qu'il se joue sur différentes voix (passive, intermédiaire, active). Afin de montrer l'étendue et l'efficace de cette schématique mais également afin de répondre aux exigences contextuelles qui portent le présent travail (partenariat avec le Commissariat à l'Énergie Atomique de Grenoble), nous parcourrons l'imaginaire anxiologique de la technologie RadioFrequency Identification (RFID). Loin de n'être qu'un simple et froid agrégat de silice permettant de nouvelles données et de nouveaux flux informationnels, la RFID est un produit technique, est un produit humain. Comme tel, elle n'a de réalité et de possibilité que sur le fonds anthropologique duquel elle émerge. Et ce fonds regorge d'yeux, de crocs et de venins pénétrants, de mains, de toiles et de filets constricteurs.

Ce travail vise une exploration du sens autour de l’identité dans les romans de Sylvie Germain qui est une auteure importante de la littérature française contemporaine. L’univers romanesque de l’auteure interroge l’existence humaine et incite le lecteur à se poser des questions sur la vie et l’identité. En mettant en jeu la vie fictive de ses personnages, Sylvie Germain dénonce les contraintes du monde moderne et contemporaine qui provoquent les troubles de l'identité chez les gens. Les romans de notre corpus (“Chanson des Mal-aimants”, “Magnus”, “L’inaperçu”) sont traversés par cette problématique de l’identité qui marque tout le parcours des acteurs-personnages. Dans notre étude, nous nous proposons de mettre en évidence les différents aspects de la problématique identitaire dans une perspective sémiotique. En examinant le dispositif affectif, cognitif et modal des personnages romanesques, nous nous attardons sur leurs rôles et attitudes de façon à relever le changement et la permanence dans leur construction identitaire. Notre étude s’appuie notamment sur l’analyse des “formes de vie” qui déterminent les modes d’existence et de persévérance des personnages dans leur cours de vie marqué par l’incertitude et les obstacles. Notre analyse cherche à déterminer les perturbations qui affectent la construction identitaire des personnages. A travers l’analyse sémiotique qui nous permet d’étudier les différentes dimensions du discours romanesque - narrative, figurative, affective, énonciative-, nous nous proposons de saisir les éléments significatifs concernant la configuration de l’identité dans l’univers romanesque de Sylvie Germain. / This work aims to explore the meaning of identity in the novels of Sylvie Germain, who is an important author of contemporary French literature. The novelistic universe of the author que stions the human existence and encourages the reader to ask questions about life and identity. By putting into play the fictional life of her characters, Sylvie Germain denounces the constraints of the modern and contemporary world that cause identity disorders in people. The novels of our corpus ("The Song of False lovers ", "Magnus", "Hidden Lives") are met by this issue of identity that marks the whole journey of actors-characters. In our study, we propose to highlight the different aspects of the problem of identity in a semiotic perspective. By examining the affective, cognitive and modal features of the fictional characters, we focus on their roles and attitudes in order to identify change and permanence in their identity construction. Our study is based in particular on the analysis of "life forms" which determine the modes of existence and perseverance of the characters in their course of life marked by uncertainty and obstacles. Our analysis seeks to determine the disturbances that affect the identity construction of the characters. Through the semiotic analysis that allows us to study the different dimensions of the novelistic discourse-narrative, figurative, affective, enunciative-we propose to capture the significant elements concerning the configuration of identity in Sylvie Germain’s novel universe.

La situation de l'homme dans le monde pose l'interrogation fondamentale de l'émotion en rapport à la rationalité, Cette position dichotomique opère une transformation, positive ou négative, de l'action humaine dans l'histoire. Cependant, les sentiments sont un océan de tonalités affective variées, propres à la condition humaine de la sensibilité, ce qui place l'affectivité au coeur de l'existant. Ainsi, I'affectivité se traduit par un senti du corps, un processus psychosomatique,plongeant l'individu dans un désir d'être, pour une recherche du bonheur, dans un souci de paix de l'âme et corps. Or, aujourd'hui, ce désir d'être n'est plus un désir, un enthousiasme pour l'effort spirituel, vers la sagesse et la paix entre les hommes comme projet de réalisation ; la fin de l'homme devient le bonheur comme recherche du plaisir et contentement de soi. / The situation of man in the world raises the fundamental issue of the rapport between feeling and rationality, a dichotomy which transforms human action in history in positive or negative ways. However, the fact that feelings encompass a wide spectrum of emotional hues inherent to the human condition places affectivity at the core of reality. As affectivity manifets itself in the body as a psychosomatic experience, so it immerses the individual in a wish for being, in a search for hapiness and a desire for peace of mind and body. Yet in modern times, this desire to be no longer becomes a desire or enthusiasm for spiritual effort nor a striving toward wisdom and peace between men as a project for historical realisation; instead, the aim of mankind has become hapiness as the pursuit of pleasure and self-satisfaction.

Cette thèse a pour objectif général de comprendre les stratégies d'acculturation des pères immigrants et leurs influences sur l'engagement de ces derniers et le développement socioaffectif de leurs enfants. Il s'agit plus spécifiquement de : décrire les stratégies d'acculturation des pères immigrants et explorer les liens entre ces stratégies et le contexte de l'immigration ; préciser la relation entre les stratégies d'acculturation et différentes modalités de l'engagement des pères immigrants ; tester la relation indirecte entre les stratégies d'acculturation des pères immigrants et le développement socio-affectif de l'enfant à travers l'engagement paternel en contexte migratoire. Le bien-être de la famille et de l'enfant en particulier occupe une place importante dans nos sociétés. Les facteurs et les évènements susceptibles d'agir sur la construction et la dynamique familiale constituent aujourd'hui des préoccupations pour le monde de la recherche. Pendant longtemps, la relation mère-enfant et le rôle de la mère dans le développement précoce de l'enfant ont fait l'objet d'études et de constats. L'attachement de l'enfant à la mère se présentait dès lors comme une logique et une norme, alors que la contribution du père s'avérait minime ou se révélait bien plus tard. Cependant, de plus en plus de travaux sont menés sur l'implication et la place du père dans l'évolution du jeune enfant. Ceux-ci montrent, en effet, l'influence positive d'une participation précoce et assidue du père sur le bon épanouissement de l'enfant. En plus donc de la mère, le père constitue un acteur majeur du développement de l'enfant lorsqu'il est présent dans la vie de ce dernier. Toutefois, les recherches qui ont mis en lumière l'importance de l'implication ou de l'engagement paternel ont très peu porté sur les pères en situation d'immigration. Pourtant celle-ci est capable d'agir sur la relation père-enfant. À travers donc un devis de recherche quantitatif, nous avons interrogé des pères, mais aussi des mères (notamment pour le développement de l'enfant) issus de l'immigration. Nous avons également recueilli des informations sur le développement socio-affectif de leurs enfants. Cent quarante-cinq personnes (86 pères et 45 mères) ont rempli différents questionnaires. Ces personnes proviennent en majorité de l'Afrique subsaharienne (80 %), puis de l'Afrique du Nord et de l'Amérique latine. Elles vivent au Québec depuis, en moyenne, 6 ans, occupent un emploi pour la plupart avec un revenu familial annuel supérieur ou égal à 40 000 $. Les analyses faites par la suite portent essentiellement sur les pères et les enfants. Les résultats indiquent que les pères immigrants de notre échantillon obtiennent des moyennes élevées aussi bien dans l'orientation vers leur culture d'origine que celle vers la société québécoise au niveau des attitudes d'acculturation. Le constat général qui émane donc est que les pères immigrants concilient bien les valeurs de leur pays d'origine et celles de la société d'accueil québécoise. Les analyses montrent également que les pères utilisent différentes stratégies d'acculturation (assimilation, intégration, marginalisation, séparation) et que celles-ci changent en fonction de certaines variables de contexte et d'immigration (âge des pères, situation d'emploi, revenu familial et statut d'immigration). Par ailleurs, les stratégies d'acculturation (attitudes et profils d'acculturation) qui, du reste, ne demeurent pas statiques agissent sur l'engagement paternel. Ainsi, les pères qui s'orientent vers la culture québécoise ou qui présentent un profil d'intégration ou d'assimilation sont plus engagés auprès de leurs enfants. Enfin, des analyses de médiation par équations structurelles montrent qu'au-delà de cet engagement, les stratégies d'acculturation du père influencent le développement socioaffectif de l'enfant. Ces actions s'opèrent de deux manières. D'une part, les attitudes et les profils d'acculturation du père agissent directement sur le développement socio-affectif de l'enfant. Dans cette situation, quand le père s'oriente vers la culture québécoise, l'enfant manifeste moins d'anxiété et d'agressivité alors que l'orientation du père vers sa culture d'origine provoque de l'anxiété chez ce dernier. En effet, dans les circonstances où le père rencontre des difficultés et a du mal à accepter les valeurs de la société d'accueil, il peut vivre du stress et de l'anxiété qu'il transmet, d'une façon ou d'une autre, à son enfant. D'autre part, les stratégies d'acculturation interviennent de façon indirecte sur le développement socio-affectif de l'enfant. Cette observation est surtout vérifiée pour la compétence sociale. Les différentes analyses indiquent que dans la mesure où le père s'oriente vers la culture québécoise ou présente un profil d'intégration, il est engagé et son enfant s'épanouit sur le plan de la compétence sociale. L'engagement paternel agit, dans ces circonstances, comme un médiateur dans la relation entre les stratégies d'acculturation et le développement socio-affectif de l'enfant, particulièrement la formation de sa compétence sociale. Ces résultats sont discutés à la lumière des recherches sur l'immigration, l'engagement paternel, le développement socio-affectif et les besoins de l'enfant. Les apports et les limites de cette étude ainsi que les pistes pour de futurs travaux sont également abordés. / The overall goal of this thesis is to understand immigrant fathers' acculturation strategies and their influences on their engagement and their children's social-emotional development. Specifically, it aims to: describe the acculturation strategies of immigrant fathers and explore the links between these strategies and the immigration context; clarify the relationship between acculturation strategies and different modalities of immigrant fathers' involvement; test the indirect relationship between immigrant fathers' acculturation strategies and the child's social-emotional development through paternal engagement in the context of migration. The well-being of the family and of the child in particular occupies an important place in our societies. Factors and events that may affect construction and family dynamics are now concerns for the research community. For a long time, the mother-child relationship and the role of the mother in the early development of the child have been the subject of studies and observations. The child's attachment to the mother was then presented as a logic and a norm, while the father's contribution was minimal or revealed much later. However, more studies on the engagement and place of the father in the development of the young child are seeing the day. These studies reveal the positive influence of an early and assiduous participation of the father on the development of the child. Therefore, in addition to the mother, the father is a major attachment figure for the child when he is present in the child's life. However, research that has highlighted the importance of paternal engagement or commitment has had very little interest in fathers in immigration situation. Yet, this engagement can influence the father-child relationship. Through a quantitative research design, we interviewed fathers, but also mothers (especially for the development of the child) from immigrant backgrounds. We also collected information on the socio-emotional development of their children. In total, one hundred and forty-five people (86 fathers and 45 mothers) completed various questionnaires. Most of participants come from sub-Saharan Africa (80%), followed by North Africa and Latin America. They have been living in Quebec for an average of 6 years, most of them are employed and have an annual family income of $40,000 or more. The analyses that follow focus on fathers and children. Our findings indicate that immigrant fathers in our sample have high averages both in their orientation towards their culture of origin and in their orientation towards Quebec society in terms of acculturation attitudes. Per our findings, immigrant fathers reconcile the values of their country of origin well with those of the Quebec host society. The analyses also show that fathers use different acculturation strategies (i.e. assimilation, integration, marginalization, separation), and that these strategies change depending on certain context and immigration variables (e.g. fathers' age, employment status, family income and immigration status). Moreover, acculturation strategies (attitudes and acculturation profiles) which do not remain static have an impact on paternal engagement. Thus, fathers who are oriented towards Quebec culture or who have a profile of integration or assimilation are more engaged with their children. Finally, structural equation modeling analyses show that beyond this commitment, the acculturation strategies of the father influence the socio-emotional development of the child. These actions take place in two ways. On the one hand, the attitudes and acculturation profiles of the father directly affect the socioemotional development of the child. In this situation, when the father orients himself towards Quebec culture, the child shows less anxiety and aggression while the father's orientation towards his culture of origin causes anxiety in the latter. In fact, in circumstances where the father encounters difficulties and has difficulty accepting the values of the host society, he may experience stress and anxiety that he transmits, in one way or another, to his child. On the other hand, acculturation strategies are indirectly involved in the child's socioemotional development. This observation is mostly verified for social competence. The various analyses indicate that to the extent that the father is oriented towards Quebec culture or has an integration profile, he is engaged and his child flourishes in terms of social acquisitions. In these circumstances, paternal commitment acts as a mediator in the relationship between acculturation strategies and the socio-emotional development of the child, especially the formation of his social skills. These findings are discussed in light of previous research on immigration, paternal engagement, socio-emotional development and the needs of the child. The contributions and limitations of this study as well as the avenues for future work are also discussed.

L’objectif de ce mémoire est de dégager la conception de Scheler à propos de la sympathie et de l’amour développée dans Nature et formes de la sympathie. Plus précisément, nous visons à montrer avec l’auteur que, contrairement à ce que proposent les théories psychologiques, lesdits sentiments constituent des actes purs émergeant d’une dimension supérieure, métempirique de l’homme, leur fonction étant de saisir certaines qualités également à caractère pur : les valeurs portées par ceux qui font l’objet de notre sympathie et de notre amour. Afin de mener à terme notre projet, notre premier chapitre abordera les conditions de base pour la rencontre intersubjective, thème sous-jacent de tout l’ouvrage. Nous montrerons alors que cette dernière est fondée sur deux actes à caractère eidétique : la conscience de l’altérité au sens général et la perception d’un autre au sens concret. Néanmoins, étant donné que cela n’est que le début du lien avec autrui, notre deuxième chapitre présentera –suite à la critique des théories psychologiques de la sympathie- la hiérarchie schelerienne des sentiments sympathiques, actes supérieurs à la perception. Ici nous expliquerons que c’est la sympathie dite « Mitgefühl », en tant que saisie affective de la valeur de l’existence psychique d’autrui, qui élève la rencontre à un niveau ontologique et éthique-axiologique plus haut. Or, Scheler défendra que le sommet de ladite rencontre se trouve dans l’acte de l’amour, sujet de notre troisième chapitre. Ainsi, une fois que nous aurons réfuté les perspectives psychologiques sur ce sentiment, nous décrirons les types scheleriens d’amour ainsi que leurs correspondances axiologiques. Notre cheminement conclura en montrant que l’amour spirituel, en visant la valeur de la personne spirituelle d’autrui, est le seul capable de mener la rencontre interhumaine à sa perfection morale.

La prodigieuse lumière de la modernité et ses succès techniques éblouissants projettent une ombre sur l'humanité. Les découvertes scientifiques qui se sont succédé à une vitesse jamais vue nous ont laissés étourdis et perplexes. La Vérité n'est plus qu'une ruine. Nous sommes aujourd'hui incapables de fixer notre regard sur la réalité, le feu d'Héraclite brûlant tout sur son chemin. Ne reste qu'un relativisme généralisé, voire un nihilisme capable, avec fierté et arrogance, de souffler nos plus solides convictions. Fatigué, épuisé, simple reflet de ce qu'il fut, imitation comique de ce qu'il devrait être, l'humain moderne vit dans un monde d'une insoutenable absurdité. Nous voici dans l'ère de la parodie! Copie d'une copie, mimèsis de mimèsis, la parodie élimine la profondeur, vole en surface. Pour survivre au relativisme, nous devons en rire. Mais voilà, la blague porte sur nous! Peut-on vaincre le relativisme? Peut-on sauver l'homme de la parodie? À partir de la phénoménologie non-intentionnelle de la vie que nous propose Michel Henry, nous tenterons de dépasser le relativisme en nous engageant une fois de plus sur la route de la vérité. C'est par-delà la raison, en revenant à la source de la Vie, que nous découvrirons les fondations de demain, dans la vérité affective.

Mémoire numérisé par la Division de la gestion de documents et des archives de l'Université de Montréal.

Mémoire numérisé par la Direction des bibliothèques de l'Université de Montréal.

La présente recherche met en évidence un phénomène qui est le fond commun des manières d’apparaître analysées par la phénoménologie française contemporaine. Ce phénomène est mis en évidence par l’analyse des œuvres de Jean-Luc Marion, Mihel Henry et Emmanuel Lévinas. L’analyse de l’œuvre de Marion permet de définir la métaphysique : celle-ci considère que l’apparaître est nécessairement la prérogative d’un Je. Contre cette idée, la phénoménologie met en évidence un phénomène qui apparaît avant qu’un Je ne s’en reçoive. Ce qui se montre ainsi de soi-même est le phénoménal. C’est sur fond de ce phénoménal que la donation se déploie, et si la donation ne donne plus son contenu à l’apparaître, elle est déploiement des phases qui structurent la phénoménalité. L’analyse de l’œuvre de Henry permet de distinguer la manière d’apparaître du phénoménal de celle du Je. Le contenu de l’apparaître du phénoménal est identiquement sa manière d’apparaître, et en cela le phénoménal est affectivité. Mais cette affectivité est impersonnelle et se dit d’une foison de tonalités affectives. Elle doit donc être distinguée du fait de se sentir soi-même considéré en lui-même qu’est cette essence de l’affectivité où le Soi se saisit de son ipséité. L’analyse de l’œuvre de Lévinas permet de décrire le déploiement des phases de la phénoménalité en deux mouvements. Par un mouvement d’en-stase, l’essence de l’affectivité se distille du phénoménal. Par un mouvement d’extase, le gouffre de l’« il y a », l’idée d’infini et la distance phénoménologique s’évaporent du phénoménal. L’unité de ces deux mouvements contraires est nommée diastase, et cette diastase est comprise comme quête d’emphase. / This researh highlights a phenomenon that is the common bakground of the various modes of manifestation analysed by the french contemporary phenomenology. That phenomenon is highlighted by the analysis of the works of Jean-LucMarion, Mihel Henry and Emmanuel Levinas. The analysis of the works of Marion brings us to a definition of the metaphysics : it considers that the manifestation is always the prerogative of a subject. Against this idea, the phenomenology highlights a phenomenon that appears before any subject. The phenomenon that shows itself that way is the phenomenal. It’s on that that the donation spreads, and if that donation does not give its content to the manifestation, it is the deployment of the phases that structure the phenomenality. The analysis of the works of Henry brings us to a distinction between the way that the phenomenal appears and the way that the ego appears. The contents of the manifestation of the phenomenal is also its way of appearance, and in that sense, the phenomenal is affectivity. But that kind of affectivity is impersonal, and concerns an abundance of affective qualities. It must be distinguish from the fact to feel itself considered in itself whih is that essence of affectivity on whih the self seize its selfhood. The analysis of the works of Levinas allows a description of the deployment of the phases of the phenomenality in two movements. By a movement of enstasis, the essence of affectivity gets distilled from the phenomenal. By a movement of extasis, the gulf of the « there is », the idea of infinity, and the phenomenological distance, evaporates from the phenomenal. The unity of these two movements is called diastasis.