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Histoire du gouren (XIXe-XXIe siècles) : l'invention de la lutte bretonne

Epron, Aurélie 06 May 2008 (has links) (PDF)
L'étude s'attache à éclairer l'histoire d'une pratique de lutte traditionnelle en Bretagne, le gouren, en questionnant son ancrage dans la culture bretonne. A partir de questions en apparence simples : qu'est-ce que le gouren ? Comment une pratique traditionnelle survit-elle au temps qui passe ? Quelles significations revêtent ses éventuelles mutations ? Nous montrons de quelle manière l'histoire de la lutte bretonne doit être abordée au travers d'une double approche anthropo-historique. Il s'agit d'une part de mettre à jour le passé d'une pratique, les étapes et les transformations qui ont jalonné et façonné sa trajectoire, défini les rôles des acteurs, la sociologie des pratiquants et des institutions au coeur de l'espace breton durant la période contemporaine (XIXe-XXIe siècles) ; alors même que la nation et la société françaises privilégient des modèles concurrents de cultures corporelles. Il s'agit conjointement de s'attacher à l'étude des positions, discours, revendications des acteurs qui font de la lutte bretonne le lieu d'un investissement identitaire marqué et l'espace de reconstruction d'une mémoire sans cesse réactivée au nom de la bretonnité, de la tradition, d'un passé idéalisé, reconstruit et en partie réinventé (au sens que donnent Hobsbawm et Ranger, 1983). Finalement, le gouren, devenu sport traditionnel est bien le lieu où se joue, en grande partie à partir des années trente, une complexe alchimie entre le désir de pérenniser une tradition de lutte, issue de pratiques communautaires, en reconfigurant sportivement ses usages et, d'autre part, la volonté d'en appeler à la pureté des luttes d'antan qui ont fait et font l'originalité d'une région, quitte à en ré-inventer les usages et les traditions. Une relation ambiguë entre tradition et modernité, entre passé et présent, qui, encore aujourd'hui marque de manière polémique la définition culturelle et/ou institutionnelle légitime de la lutte bretonne
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L'histoire et la mémoire en suspens : le patrimoine des villes post-industrielles et le cas du silo no 5 de Montréal

Martineau, Marie-Nathalie January 2010 (has links) (PDF)
Le présent mémoire s'intéresse à la question du patrimoine des villes post-industrielles à partir de l'analyse d'un cas spécifique, celui du processus de patrimonialisation de l'élévateur à grain no 5 de Montréal. En partance d'une relecture d'un débat sur les notions et les pratiques de l'histoire et de la mémoire ayant contribué, dans les années 1980, aux mouvements de l'histoire culturelle et au renouveau de l'épistémologie des sciences historiques, nous interrogeons la construction socioculturelle des patrimoines contemporains, et du patrimoine industriel en particulier. Plus spécifiquement, nous questionnons la participation de ce type émergeant de patrimoine aux transformations des rapports à l'espace et au temps qui caractérisent les villes post-industrielles. Dans cette perspective, notre démarche s'interroge sur l'implication des savoirs historiques et sur leurs tensions constitutives avec la construction de mémoires socioculturelles spécifiques, qui contribuent ainsi à la patrimonialisation d'un objet public urbain. Trois questions centrales président à notre démarche. De qui, de quoi y a-t-il mémoire? De qui, de quoi y a-t-il histoire? Comment les savoirs cultivés et les souvenirs culturels transigent-ils ainsi dans la construction des patrimoines actuels? Le cas du silo no 5 est ainsi examiné à l'aune de deux séries historiques comparées. La première présente la mise en forme d'une description historique du silo no 5, que nous avons construite à partir d'une recherche documentaire de notre cru. La seconde décrit, par le biais d'une analyse comparée, la mise en exposition du silo no 5 telle qu'elle fut réalisée, en 2000, à l'occasion d'une exposition organisée spécifiquement à son sujet par le Centre d'histoire de Montréal. Cette analyse descriptive débouche sur l'exposé de quatre logiques patrimoniales se dégageant du processus de patrimonialisation examiné, qui prennent la forme de tensions imbriquées et paradoxales. Une première logique, qui s'attache aux intentionnalités qui sous-tendent l'action patrimoniale, identifie une tension entre la transformation et la monumentalisation de l'objet, d'où ressort le travail d'une mémoire paradoxalement absente du lieu. Une seconde logique démontre la prégnance de l'urbanité sur le passé propre de l'objet patrimonial, en exemplifiant les tensions qui définissent son intégration et sa dislocation dans le tissu urbain. Une troisième logique, plus proprement culturelle, s'attarde aux tensions du spectaculaire et de l'intervention dans la mise en scène patrimoniale, qui correspondent à des dispositifs caractéristiques de la transformation des nouveaux espaces publics urbains. Ces tensions constitutives culminent enfin dans une logique plus globale de l'objet patrimonial mettant en exergue l'un des enjeux fondamentaux du patrimoine contemporain, et des rapports à l'histoire et à la mémoire qu'il engage. Cet enjeu est celui d'une question troublante d'actualité: les patrimoines actuels parviendraient-ils ainsi à tirer de l'oubli par l'oubli? Fondés sur une « authenticité » nouvelle, les patrimoines des villes post-industrielles imposeraient-ils désormais à l'histoire le verdict de la mémoire? ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Histoire, Mémoire, Sociologie historique, Épistémologie de l'histoire, Ville post-industrielle, Espaces publics urbains, Patrimoine, Patrimoine industriel, Montréal (Québec).
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Le patrimoine de proximité en contexte urbain comme nouvel espace d'identification collective : le cas de la rue Saint-Malo à Brest

Breton, Marie-Ève 02 1900 (has links) (PDF)
Cette recherche est une étude de cas qui a pour objectif de faire ressortir les logiques d'appropriation à l'origine de la mise en patrimoine de la rue Saint-Malo à Brest dont la singularité témoigne d'une modification en cours de l'espace de référence identitaire. Ces logiques d'appropriation constituent autant de stratégies d'identification grâce auxquelles une collectivité se fait jour dans le patrimoine. Pour ce faire, nous avons reconstitué, par l'intermédiaire d'une méthode historico-interprétative, cette patrimonialisation de la proximité que nous voulions comme objet d'étude afin d'interroger, sur le temps plus ou moins long de l'histoire de la rue Saint-Malo, les logiques d'appropriation à l'œuvre et ce faisant, de mettre en lumière la spécificité de la reconfiguration des rapports identitaires en lien avec leur contexte d'énonciation, confirmant par là même la particularité des identités qui s'inscrivent dans un temps et un espace spécifiques. L'étude de la rue Saint-Malo s'avère d'autant plus intéressante que le contexte dans lequel elle s'insère en fait un lieu unique en tant que plus vieille rue conservée de Brest; les identités qui y prennent forme sous-tendent des logiques d'appropriation singulières à l'échelle du territoire urbain parce qu'elles se réfèrent à un cadre bâti tout aussi singulier qui en facilite la lecture. C'est ainsi que nous soutenons l'hypothèse selon laquelle le patrimoine de proximité permet de lire la recomposition des identités collectives locales par l'intermédiaire des logiques d'appropriation qui contribuent à sa production. Cette étude, qui s'intéresse plus largement à la production des identités collectives locales en contexte urbain à travers l'analyse et l'interprétation de la patrimonialisation qui en permet le dévoilement, souhaite mettre l'accent sur les relations quotidiennes qu'entretiennent les collectivités locales avec leur cadre de vie et, plus spécifiquement, avec ce que nous qualifions de patrimoine de proximité, patrimoine qui a ceci de particulier qu'il met en scène des individus qui déterminent à l'échelle locale les représentations dont il est nécessaire d'assurer la protection. Face à la complexification croissante des interventions publiques rendues nécessaires par la multiplication des patrimoines et la diversité des représentations identitaires, cette perspective heuristique sur la production du patrimoine de proximité vise le développement de nouveaux outils de compréhension mieux adaptés à l'appréhension de ce qui fait la spécificité de ce patrimoine et ce, de manière à orienter de nouvelles interventions en matière de sauvegarde du patrimoine plus sensibles aux collectivités locales. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : patrimoine de proximité, identités collectives locales, logiques d'appropriation, patrimonialisation, local, cadre bâti, cadre de vie, rue Saint-Malo, Brest.
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Recompositions du monde artisanal et mutations urbaines au regard des mises en patrimoine et en tourisme au Maghreb et au Moyen-Orient (Fès, Istanbul, Alep) / Craft world transformations and urban mutations in the context of heritagization and touristification in the Maghreb and the Middle East (Fez, Istanbul, Aleppo)

Girard, Muriel 23 March 2010 (has links)
La thèse examine, à partir de la question patrimoniale, les dynamiques sociales en cours dans des villes du Maghreb et du Moyen-Orient. Sont ainsi analysés les rapports entre les mises en patrimoine et en tourisme et les pratiques artisanales et leurs évolutions dans les centres urbains anciens de Fès, Istanbul et Alep. L’analyse comparée vise à montrer comment en résulte de multiples recompositions, sociales, spatiales et identitaires. Espaces du monde artisanal, visités par les touristes, les centres urbains anciens sont pensés comme une ressource à valoriser par des acteurs locaux et internationaux. Les imaginaires patrimoniaux et touristiques contribuent ainsi à catégoriser l’artisanat, érigé en figure patrimoniale, jugé illégitime, parfois réinventé. Leur mise en acte participe d’un processus d’esthétisation, entre évincement et mise en scène des artisans. Les positions sociales des artisans peuvent alors changer tandis qu’ils développent leurs propres actions pour composer avec l’action publique patrimoniale et le tourisme. / This thesis examines the heritage question, and seeks to understand social dynamics in progress within the cities of the Maghreb and the Middle East. Thus are analyzed the relations between heritagization and touristification, as well as the artisanal practices and their evolution within the ancient urban centres of Fez, Istanbul and Aleppo. The comparative study aims at showing how multiple social, spatial, and identity reorganisation processes are resulting from it. Areas of craft world, visited by the tourists, the ancient urban centres are thought like a resource, which needs to be valorised by local and international actors. In this way, heritage and touristic imaginations are contributing to the craft industry’s categorization, which is established as a heritage figure, judged illicit, and sometime is reinvented. This setting participates to an aesthetic process, in which the craftsmen are ousted or staged as part of the scenery. The craftsmen social position can therefore be changing whereas they are developing their own actions, compromising with the public heritage action and tourism.
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Une reconstruction de l'espace-temps : approche croisée des processus de patrimonialisation et de territorialisation dans les territoires ruraux en France et aux Maroc. / A reconstruction of the time-space continum : cross-approch of heritage process and territorialization in rural territories in France and Marocco

Senil, Nicolas 27 September 2011 (has links)
Positionné dans le champ de la géographie sociale, ce travail porte sur les formes et les logiques des processus de patrimonialisation engagés dans les territoires ruraux. Il fait l'hypothèse que les acteurs engagent simultanément des processus de patrimonialisation et de territorialisation pour reconstruire une durabilité territoriale. En donnant à l'espace une référence temporelle et au temps une emprise spatiale, ce couple nouveau, à penser ensemble dans un espace/temps refondateur, permet aux sociétés de se réapproprier leur être au monde. Cette thèse s'articule autour de quatre parties. En s'appuyant sur les concepts de patrimonialisation et de territorialisation, la première partie fixe le cadre théorique général en mettant en avant que les rapports au temps et à l'espace ne vont pas de soi. Elle aboutit à la formalisation de régimes d'historicité et de géographicité capables de traduire ces inscriptions sociétales différenciées. Puis, la deuxième partie s'attache à analyser ce fonctionnement autour de deux objets symétriques, la grotte Chauvet et le viaduc de Millau, qui révèlent des processus de patrimonialisation identiques mais inversés. Les modalités de construction de ces deux objets montrent que la patrimonialisation et la territorialisation ne peuvent pas être dissociées et qu'elles se nourrissent mutuellement. Cela met aussi en avant le fait que la construction de l'objet s'accompagne d'une valorisation qui perturbe la lecture non marchande stricte. C'est pourquoi, la troisième partie s'appuie sur la notion de ressource territoriale et à partir d'une définition renouvelée, montre qu'elle permet de dépasser les oppositions classiques, objet/sujet et marchand/non marchand, non opérantes dans le cas du patrimoine. De là, l'horizon de mobilisation de ces dynamiques, le développement durable, est questionné et sa formalisation conceptuelle est critiquée. Le patrimoine devient alors le lieu de construction d'une durabilité territoriale maitrisée. La quatrième partie démontre cela en s'appuyant sur l'analyse du couple patrimoine/territoire dans la mise en œuvre de politiques publiques de développement, au sein de contextes culturels différenciés, les Pôles d'Excellence Rurale français et les Pôles d'Economie du Patrimoine marocains. Cela amène à conclure à la nécessité de reconsidérer le développement durable selon une approche pragmatique et non normative, la seule capable de suivre les dynamiques actuelles de réappropriation de l'espace et du temps. Au final, dans un contexte sociétal marqué par des préoccupations fortes en matière de durabilité, cette thèse permet d'apporter une réflexion inédite sur les interactions contemporaines entre patrimoines et territoires, en testant leur fonctionnement dans des rapports distincts à la modernité. / Positioned in the social geographic field this study deals with the logical processes and methods of the heritage process in rural territories. He raised the hypothesis that the main actors are launching simultaneously heritage and territorial processes to rebuild a long-term territoriality. By giving to the space a temporal dimension and to the time a spatial influence, this new match rebuilds a new space-time conception, allowing societies to reconsider and to re-appropriate their own state to the world. This study is based on four different parts. Relying on the patrimonial and territorial concepts the first part establishes the general theoretical aspect by highlighting the fact that the space and time link is not self explanatory and is far to be obvious. This thesis ends with the formalization of systems based on historicity and geographicity, capable of translating these differentiated societal fundamentals. Then the second part analyzes this functioning around two sites : “the Chauvet cave” and “the viaduct of Millau” that disclose identical but inverse heritage processes. The practical details of construction of these two objects show that heritage process and territorialization cannot be dissociate and mutually support each other. This also highlights the fact that the construction of the object is associated with a valorization that interferes with a strict non valuable interpretation. That's why the third part is based on the notion of territorial resource. It shows, from a renewed definition that the territorial resource allow to overtake the classical oppositions, object/ subject and valuable/ non valuable, inoperating in the case of heritage. From there the horizon of mobilization of these dynamics, the sustainable development, is questionned and this conceptual formalization is criticized. Then, heritage process becomes a place of construction for a controlled territorial sustainability. The Fourth part demonstrates this, relying on the analysis of the pour-match heritage/territory implemented by the Public policies for development within differentiated cultural context, the french “Pôles d'Excellence Rurale” et the morocco “Pôles d'Economie du Patrimoine”. Lastly that leads up to conclude to the necessity to reconsider the sustainable development according to a pragmatic and non normative approach, the only one capable of following actual dynamics of reappropriation of time and space. Finally, in a societal context influenced by important concerns in terms of durability, this thesis brings a completely new thinking on the contemporary interactions between heritage and territories, testing their functioning in distinctive connections to the modernity.
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« Vieux manoirs, vieilles maisons » : la patrimonialisation des résidences seigneuriales sur la Côte-du-Sud

Lévesque-Dupéré, Mathieu January 2018 (has links)
Le régime seigneurial a profondément marqué le paysage du Québec. Aboli en 1854, il a laissé des traces, à la fois culturelles, sociales et matérielles. La région de la Côte-du-Sud est particulièrement représentative de l’influence seigneuriale, puisque de nombreux seigneurs et seigneuries s’y retrouvent. La présence de nombreux manoirs seigneuriaux en ces lieux en est la preuve matérielle. Ces manoirs seigneuriaux font partie du patrimoine culturel du Québec. Par contre, tout comme les autres traces seigneuriales, ils ne sont pas tous considérés comme des objets méritant d’être conservés et d’obtenir la surveillance de l’État, même s’ils représentent des témoins importants du régime seigneurial au Québec. De fait, plusieurs conditions doivent être réunies pour qu’un bâtiment puisse faire partie de la liste des biens à protéger et à préserver. Parmi les nombreux éléments patrimoniaux, les traces du paysage, des bâtiments, des monuments commémoratifs, des témoignages, des personnages historiques et des objets du passé seigneurial suscitent un intérêt considérable tant pour la population que la communauté scientifique. En particulier, le manoir seigneurial demeure un symbole prédominant dans le paysage culturel du Québec qui permet de rappeler la matérialisation d’un pan incontournable de l’histoire du Québec. Cependant, ce ne sont pas tous les manoirs seigneuriaux qui ont été protégés par l’État, plusieurs d’entre eux ont disparu, ont subi des modifications majeures ou encore ont été complètement transformés. En effet, pour que les manoirs seigneuriaux puissent obtenir un statut particulier afin d’être préservés, ils ont dû passer par un processus de patrimonialisation complexe et variable, que cette étude vise à comprendre. Les manoirs à l’étude sont ceux de Montmagny, Cap-Saint-Ignace, Saint-Jean-Port-Joli, Saint-Roch des Aulnaies, La Pocatière et Kamouraska.
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l'élevage montagnard face au paysage patrimonial : organisation et réseaux d'acteurs autour de la construction d'une nouvelle représentation collective : l’exemple des sites « Causses et Cévennes » et « Chaîne des Puys – Faille De Limagne » / montagnard farming facing landscape heritage : organization and networks of actors around the construction of a new collective representation on the management of space : example of sites "causses et cevennes" and "chaîne des puys - faille de limagne"

Badan, Xavier 08 March 2017 (has links)
Qu’est-ce qu’un paysage patrimonial ? C’est un nouveau regard porté par des acteurs sur un paysage qui, selon la définition de Lévy et Lussault (2003) « est censé mériter d’être transmis du passé, pour trouver une valeur dans le présent ». C’est « un ensemble d’attributs, de représentations et de pratiques fixés sur un objet non contemporain […] dont est décrété collectivement l’importance présente, intrinsèque (ce en quoi cet objet est représentatif d’une histoire des objets de société) et extrinsèque (ce en quoi cet objet recèle des valeurs supports d’une mémoire collective), qui exige qu’on le conserve et le transmette ». Afin de définir les propriétés patrimoniales du paysage, ces personnes s’organisent en groupes et tentent de communiquer entre eux. Chacun construit une représentation du paysage autour d’attributs spécifiques qui présentent un intérêt pour le groupe. Toutes ces représentations sont différentes et pourtant elles concernent bien un seul et unique paysage. Lorsqu’il s’agit de réaliser une action qui aura un effet sur cet espace commun, les acteurs se mettent à interagir au sein d’un « réseau collectif ». L’action peut alors faire l’objet de négociations, de tensions, de conflits, d’un accord ou d’un abandon en fonction de la position de chacun. Toutefois, que l’action ait été portée jusqu’à son aboutissement ou bien qu’elle ait été abandonnée, les acteurs ont échangé leurs regards au sujet du paysage pendant toute la phase d’interaction. Donc, au fur et à mesure des actions réalisées sur l’espace, les acteurs construisent un regard commun du paysage que l’on qualifie de « représentation collective ».Contrairement à un objet matériel, le paysage est difficilement quantifiable. L’acquisition pour ce dernier d’une valeur patrimoniale demande donc un processus complexe qualifié de « processus de patrimonialisation ». Ce processus n’a rien d’anodin pour les acteurs présents, il perturbe la représentation collective qui avait été créé au fur et à mesure de leurs échanges. Dans ce désordre social, les acteurs vont lutter pour faire valoir leur représentation du paysage, créant ainsi une nouvelle représentation collective. Dans ce contexte, notre thèse pose la problématique suivante : En se situant à l’échelle d’un territoire qui subit une transformation du regard vers un contexte patrimonial, dans quelle mesure les acteurs agricoles et non-agricoles se coordonnent et construisent une nouvelle représentation collective axée sur le maintien de l’élevage, l’utilisation de l’espace et la gestion du paysage ?Pour répondre à cette problématique, nous avons mobilisé les réseaux d’acteurs agricoles et non agricoles existant sur deux sites dans le Massif central (les Causses et les Cévennes et la Chaîne des Puys – faille de Limagne) qui sont inscrits ou en recherche d’inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO. Après une rapide description des deux sites, nous avons expliqué notre positionnement en ce qui concerne l’aspect collectif plutôt qu’individuel dans la construction d’une représentation du paysage et autour de l’organisation et de la gestion de ce dernier. Nous avons ensuite construit une méthodologie qui s’inspire de cet apport théorique. Grâce à elle, nous avons su mener une centaine d’enquêtes qui nous ont permis d’identifier et d’analyser sur les sites les deux réseaux dans lesquels les acteurs collectifs s’organisent pour intégrer ce nouvel enjeu patrimonial dans leur représentation du paysage. Cette organisation en réseau se concrétise autour d’une série d’actions destinées en outre à la gestion du patrimoine, mais aussi au soutien de l’élevage et à la valorisation de la production agricole. Ainsi, nous constatons que le processus de patrimonialisation contribue indirectement, en influençant la représentation collective de l’espace agricole, à l’évolution des pratiques agricoles qui sont elles-mêmes responsables de la construction de l’espace. / What is a landscape heritage? It is a new look by actors on a landscape wichi, according to Levy & Lussault (2003) “is supposed to deserve a transfer from past to find a value in present”. It is “a collection of attributes, representations, practices fixed on a non-contemporary object […] whose present importance is declared collectively, intrinsic (how this objet is representative of history of society’s objects) and extrinsic (how this object contains the values of a collective memory), which requires its conservation and its transmission.In order to define the heritage properties of landscape, people organize themselves into groups and try to communicate with each other’s. Each constructs a representation of the landscape around specific attributes that are of interest to the group. All these representations are different and yet they concern a single landscape. When it comes to carrying out an action that will have an effect on this common space, the groups interact with each other within a “collective network”. The action may be the subject of negotiations, tensions, conflicts, agreement or abandonment depending on the position of each person. However, whether the action was carried out or abandoned, the actors have exchanged their views on the landscape throughout the collective network. Therefore, as actions are progressively carried out on patrimonial landscape, groups of people construct a common view of this landscape: it is the “collective representation of the landscape”.Unlike a material object, the landscape is difficult to quantify. The acquisition for the latter of a heritage value therefore requires a complex process called “patrimonialization process”. For the groups of people present in the landscape, this process is not insignificant. It disrupts the collective representation of the landscape that has been built in the collective network. In the resulting social disorder, the groups will struggle to assert their representation of the landscape in a new collective representation. In this context, our thesis poses the following problem: Considering a territory undergoing a transformation of the look towards a heritage context, to what extent do agricultural and non-agricultural stakeholders build a new collective representation focused on keeping livestock, use of space and landscape management?To address this problem, we have mobilized the networks of agricultural and non-agricultural actors existing at two sites in the Massif Central that are registered or in search of inscription on the UNESCO World Heritage (“Les Causses et les Cévennes” and “La Chaîne des Puys - faille de Limagne”). After a brief description of the two sites, we have explained our positioning as regards the collective rather than the individual aspect in the construction of a representation of the landscape and around the organization and management of the landscape. We have then constructed a methodology that is inspired by this theoretical contribution. Thanks to it, we managed to conduct a hundred interviews which enabled us to identify and analyze on the sites the two networks in which the collective actors are organizing to integrate this new heritage stake in their representation of the landscape. This network organization materializes around a series of actions aimed to the management of the heritage, as well as support for livestock rising and the enhancement of agricultural production. Thus, we note that the process of patrimonialization contributes indirectly, by influencing the collective representation of agricultural space, to the evolution of agricultural practices which are themselves responsible for the construction of space
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De la construction à la diffusion du patrimoine européen dans les réseaux transnationaux : processus d'appropriation, de médiation et de transmission dans les itinéraires culturels du Conseil de l'Europe / From constructing to spreading European heritage in transnational networks : appropriation, mediation and transmission processes in the Cultural Routes of the Council of Europe

Gaillard, Marie 09 December 2015 (has links)
Dans ce travail de thèse, nous nous intéressons au phénomène d'émergence du patrimoine européen. Dans une démarche interdisciplinaire, il s'agit d'aborder les processus d'appropriation, de médiation et de transmission du patrimoine comme européen dans le cadre particulier des Itinéraires Culturels du Conseil de l'Europe et selon une posture interculturelle. Grâce à un ensemble d'analyses communicationnelles et organisationnelles du Programme des Itinéraires Culturels du Conseil de l'Europe, mais aussi de trois cas d'Itinéraires Culturels (Via Regia, Via Francigena et Saint Martin de Tours), il s'agit d'appréhender le processus de patrimonialisation à l'échelle européenne en questionnant notamment les enjeux de sens, de visibilité et de lisibilité, de représentation et de légitimation qu'une construction européenne du patrimoine commun aux membres de réseaux transnationaux peut comprendre. Enfin, il s'agit de comprendre aussi comment, dans le cadre d'une labellisation de projets européens, la publicisation du patrimoine peut être le lieu de résistances vis-à-vis des institutions, qui peuvent alors influencer les discours sur les éléments patrimonialisés. / In this dissertation, we are focusing on the phenomenon of the emergence of European cultural heritage. In an interdisciplinary and intercultural approach, it is about getting into the processes of appropriation, mediation and transmission of cultural heritage considered as European in the specific framework of the Cultural Routes of the Council of Europe. Based on a set of communicational and organisational analyses of the Program of the Cultural Routes of the Council of Europe, but also of three cases of Cultural Routes (Via Regia, Via Francigena and Saint Martin of Tours), this works aims at comprehending the process of making heritage at a European level by questioning, among others, the meanings, the visibility and legibility plans, and the representation and legitimation strategies that are at stakes when members of transnational networks build a European sense of common heritage. Finally, it is also about understanding how, in the framework of the procedure of giving a label to European projects, publicizing heritage can be a place of resistance against institutions that can then influence the discourses about the heritage items.
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L'invention du paysage culturel sous-marin : le traitement en patrimoine des épaves de la Mer d'Iroise et ses ambiguïtés / Imaging the underwater landscape : the patrimonialization of wrecks and its ambiguities

Cann, Typhaine 05 December 2014 (has links)
Cette recherche aborde la question du rôle de médiateurs que nous attribuons aux choses dans notre dialogue avec le passé. Elle vise à retracer, en fonction des idéologies propres à chaque époque, l’évolution du statut des objets “repris” à la mer par les habitants des côtes. Si les images sous-Marines font partie de notre quotidien, il n’y a pas si longtemps, l’océan était un domaine insondable, auquel on ne se mesurait pas sans crainte. De ce fait, la récupération de la “laisse de mer”, qui paraît pourtant être une composante essentielle des échanges entre les hommes et le milieu océanique, génère un certain malaise car elle relève d’une “économie de la prise” étrangère à l’idéal qui structure l’univers domestique. Le trouble est encore renforcé par une « culture macabre » prégnante dans la région (que les naufrages contribuent à alimenter). Mais le rapport tend pourtant maintenant à s'inverser et ce serait l’homme qui représenterait une menace pour l’océan. La création d’une Aire marine protégée participe d’un système global d’organisation des rapports à l’espace et au temps, dans lequel la patrimonialisation des épaves s’insère parfaitement. L’enquête révèle que l’inscription de la mémoire dans l’espace public se répercute dans la sphère privée, via la mise en scène de leur mémoire personnelle par les individus. À mi chemin entre “trophées” et “reliques”, les souvenirs collectés en plongée reflètent l’influence de mécanismes d’identification au groupe, aux lieux, à leur histoire, plus ou moins conscients. Sans nier l’ambiguïté de ces formes multiples d’intervention sur le passé, la recherche entend insister sur les ressorts affectifs des comportements observés. / This research investigates the tendency we have to use things as mediators in our dealing with the past. It aims at drawing the evolution of the status of the things taken back from the sea by inhabitants of coastal areas. Underwater pictures may have become part of our daily life, but not long ago the ocean was still considered as the realm of the unknown, a reality that people didn’t challenge fearlessly. To pick up what stand as foreshore, which seemed nevertheless to play a fundamental part in the interactions between human societies and the ocean, induces a certain unease, for this practise depends on an “economy of salvage” which is at odds with domestic life. This trouble is strenghten by a “culture macabre” which pervades the atmosphere in traditional Brittany (partly fostered by castaways). Still, nowadays the balance seems to be likely to reverse, and it is man who appears as being a threat hanging over the Ocean. The creation of a rotected Marine Area in western Finistere is part of a global system aimed at managing time and space, including patrimonialization of shipwrecks. The inquiry shows that the engraving of memory in public areas echoes with the exhibition of individual memory in privacy. Between “trophies” and “relics”, the souvenirs salvaged by divers reveal the strenght of mechanisms of identification to the group, to places and to their history. These mechanisms are not always conscious. We shall not deny the ambiguity of such process of reinventing the past but this study intends to highlight the emotional affects observed on the ground.
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La construction d'une identité niçoise par les associations du Comté de Nice / The construction of a Nice identity by the associations of the County of Nice

Salvador, Sylvie de 07 April 2017 (has links)
« Identité » est un terme qui a fait irruption dans les sciences sociales dans les années 70 puis, à partir des années1990, dans les politiques de développement européenne et française comme dans les recommandations de l’UNESCO. « Identité » devient alors un sésame des subventions, élément incontournable des politiques publiques, indispensable à tout dirigeant local en quête de reconnaissance. Ce marqueur de visibilité sur un marché touristique de plus en plus concurrentiel fait naître à Nice l’urgence de se doter d’une « identité », alors même que la ville traverse une crise de son économie touristique et sort tout juste d’un important marasme politique.Relayées par des associations culturelles, les sept années de politique municipale des « Etats généraux de l’identité niçoise » font naître le “Comté de Nice”. Conceptualisé à partir d’un acte fondateur – la Dédition de Nice à la Savoie – ce « Comté de Nice » sert d’alibi à une demande de recomposition territoriale dont les principaux moteurs sont la volonté récurrente de se défaire de la tutelle de Marseille et la revendication d’une place privilégiée dans les négociations en cours sur la répartition des rôles dans les nouveaux territoires européens.L’offre croissante de biens culturels et matériels à référence identitaire contribue à leur diffusion et rend leur usage de plus en plus naturel, ce qui aboutit à la création d’une communauté imaginée de Niçois source d’un communautarisme revendicatif, dans une ville dont le cosmopolitisme avait jusque-là contribué à la renommée. / Identity” is a term that first appeared in social sciences in the seventies, and in European and French developmentpolicies, as well as in the UNESCO Recommendations, in the nineties. “Identity” then became a means to acquiresubsidies, a key component to public policies and an essential aspect for any leader seeking recognition. Thismarker of visibility in an increasingly competitive tourism market created the urgency for Nice to adopt an“Identity”, although the town was going through a tourism economy crisis and just pulling out of a significantpolitical slump. Relayed by cultural associations, the seven years municipal policy of the “Etats généraux del’identité niçoise” gave rise to the “County of Nice”. Conceptualised from a founding act – the Dédition of Nice toSavoie – this “County of Nice” has been used as an alibi for a territorial recombining request, whose main driversDépôt de thèseDonnéescomplémentairesare the willingness to separate from the administrative supervision of Marseilles and the call for an advantageousposition in the current negotiations regarding the role distribution in the new European territories. The increasingsupply of identity-related cultural and material goods contributes to their dissemination and makes them evenmore mainstream, which has led to the creation of an imagined community from Nice as the source of a protestingcommunitarianism in a town where cosmopolitanism had been a contributing factor of fame.

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