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Montage polyphonique et excessif chez les Wachowski : les doubles connexions de sens dans Sense8 et Cloud Atlas

Bich, Clara 04 1900 (has links)
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Les recueils français de nouvelles du XVIe siècle, laboratoires des romans comiques / French tales from sixteenth century, laboratories of "romans comiques"

Boutet, Anne 04 March 2017 (has links)
Les nouvelles du XVIe siècle sont souvent lues comme de simples passe-temps, loin derrière les livres de Rabelais. Pourtant, cette littérature labile est dotée d’une « grande variété de formes narratives qui témoignent de [s]a souplesse et de [s]a plasticité […], laboratoire des expériences romanesques à venir » (D. Souiller, La nouvelle en Europe de Boccace à Sade). Il est ainsi difficile de conférer une identité générique à ces textes. En l'absence d’arts poétiques contemporains, la critique propose des définitions discutables. Trop restrictives ou partiales, elles aboutissent à un compromis : donner des caractéristiques majeures (brièveté, moralité, bon tour, bon mot, « réalisme », etc.), sans nettement distinguer le genre de formes narratives voisines (discours bigarrés, histoires tragiques). Pourtant, une autre piste est possible : adopter le point de vue des auteurs de romans comiques pour profiter d'une pratique d'écriture nourrie des conteurs de la Renaissance et d'une réception littéraire plus proche de celle des lecteurs du XVIe siècle, soit affiner les analyses modernes pour aspirer à établir la première liste de critères génériques fiables et opératoires. / Read short stories from XVIth french century, it’s like reading fancy stories or recreations, far away from Rabelais’books. However, this unsettled literature has a « grande variété de formes narratives qui témoignent de [s]a souplesse et de [s]a plasticité […], laboratoire des expériences romanesques à venir » (D. Souiller, La nouvelle en Europe de Boccace à Sade). It’s difficult, indeed, to give a set generic identity at these texts. Without contemporary arts of poetry, modern critics suggest debatable definitions. Too restrictive or partial, those definitions end up at a compromise : to give main characteristics (brevity, moral, good trick, good word, « realism », etc.) without make a clear distinction with close narrative forms (« discours bigarrés », « histoires tagiques »). Yet, there is another path : take the point of view of « romans comiques »’ authors in order to take advantage of a writing fed from Renaissance’s storytellers and of a reading closer with XVIth century’s readers, that is to say refine modern studies in order to draw up the first list of reliable and operating generic criteria.
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La diffraction énonciative dans l'oeuvre de Georges Perec : étude des stratégies discursives / The enunciative diffraction in the works of Georges Perec : study of the discurses strategies

Ben jalloul, Monia 20 March 2017 (has links)
Ce travail est une étude linguistique et énonciative qui s’intéresse aux jeux de diffractions énonciatives dans les œuvres de Georges Perec. Il s’agit d’une part de repérer les échos énonciatifs et dialogiques que tissent les œuvres entre elles et, d’autre part, de comprendre pourquoi l’écriture chez Georges Perec ne peut se lire que dans une déviation du langage qui fait de la réticence un principe fédérateur / This work is a linguistic and enunciative study focusing on the games of enunciatives diffraction in the works of Georges Perec. On the one hand, it is a question of identifying the enunciative and dialogical echoes that the works create and on the other hand, of understanding why the writing of Georges Perec can only be read in a deviation of language which makes reluctance a unfying principle
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La polyphonie dans l'oeuvre de Camus : de l'unité ontologique à la fracture discursive

Arnaud-Gomez, Sylvie 09 October 2008 (has links) (PDF)
D'une confidence fortuite à la polyphonie bakhtinienne<br /><br />L'origine de ce projet de thèse est une histoire familiale. J'étais étudiante en lettres lorsque ma mère, au détour d'une conversation, me confie que Camus a écrit sur mon grand-père et qu'on peut trouver ces documents dans les Cahiers Albert Camus. Je m'étonne et prends connaissance du détail de l'affaire. Mon grand-père est le magasinier Mas emprisonné aux côtés d'Hodent, entraîné dans une fausse accusation de malversation et de spéculation par ceux-là mêmes qui agissaient dans la seule finalité de leur profit personnel en modifiant à leur guise le prix du blé fixé par des amendements du Front Populaire. L'intervention de Camus, jeune journaliste à Alger Républicain, permet d'éviter l'erreur judiciaire. Une série de quinze articles est consacrée à ce procès répertorié sous le nom d'« affaire Hodent ». <br />Je suis le procès en entendant les voix des accusés, celle du procureur, celles des avocats, des témoins cités à la barre et celle de Camus, jeune journaliste passionné et investi dans la recherche de la vérité. Et, dans ce foisonnement, je m'interroge sur le pouvoir de la parole, sur la polysémie du langage, ses zones d'ombre, sur les ambivalences des hommes, sur la foi erronée en une vérité unique. D'où parle-t-on ? À qui les discours s'adressent-ils ? Quelle croyance obsolète supposent-ils dans l'unité du sujet parlant et dans la capacité du langage à restituer une unité originelle ? Je relis Bakhtine. J'explore l'ouvrage de Dunwoodie qui met en parallèle Camus et Dostoïevski. Je découvre les influences, les intertextualités. Ma recherche s'oriente alors vers la polyphonie, vers une réflexion sur le rapport de l'homme au langage, à l'unité, à la vérité. Le procès d'Hodent m'y a conduit.<br />J'entre dans l'ère du soupçon qui est la marque du XXe siècle. Je lis avec passion L'Anneau de Clarisse de Magris qui retrace les grandes étapes du désenchantement du monde lié à la mort de Dieu. Nietzsche prend alors toute la place. Il est au centre névralgique de cette explosion à la fois jubilatoire et dysphorique. La foi dans l'unité du sujet n'est plus. L'homme est multiple. Il est une myriade d'éclats, il est bigarrures et paradoxes dans un monde marqué par la perte des repères.<br /><br />Une voix dans le fracas du monde <br /><br />Camus s'efforce de faire entendre sa voix dans le fracas du monde et dans la multitude des voix d'autrui, voix des habitants de Belcourt, voix silencieuse de la mère, voix autoritaire de la grand-mère, voix des maîtres qui guident l'enfant, voix des premiers romanciers lus avec émotion et éblouissement, voix des « grands auteurs », des Classiques, voix de la Grèce antique et de la Rome latine, voix des philosophes de l'ère chrétienne, voix du messie qui crie sa déréliction et sa souffrance de l'incarnation, voix des penseurs solitaires, des créateurs de concepts, voix des comédiens sur les planches, des amis chaleureux, des femmes aimées, de celles qui ont trahi, de celles qu'il a trompées pour dire ailleurs d'autres mots, se nourrir d'autres murmures, voix des orateurs aux tribunes de l'actualité, voix des maîtres à penser, des moralisateurs, voix des traîtres, voix des lâches, voix qui se sont tues à jamais sous les fusillades aveugles qui fauchent sans pitié la jeunesse, la bravoure. Camus reste vivant après le cataclysme de la guerre, heureux et honteux, n'ayant plus alors que le témoignage comme seule justification. Les voix des morts résonnent dans le silence bruyant de la Libération et la voix de la vengeance est impérieuse avant de s'adoucir dans l'évidence du pardon et de l'oubli. Il est un homme labyrinthique qui façonne une œuvre en costume d'Arlequin. Il est un pantin tournoyant dans les orages du siècle, restituant, jusqu'au mutisme, les clameurs du siècle. Mais il est aussi un artiste qui ne renonce jamais totalement à l'exigence d'une voix personnelle, d'une voix du secret de l'intime, de l'opacité lumineuse du renoncement aux autres et de l'acceptation de soi comme condition de la création. <br />Voilà posée la tension camusienne entre le désir d'unité et d'harmonie, la course folle vers la fusion avec le monde, l'ardeur consacrée à rétablir la paix entre les peuples, le respect et la reconnaissance d'autrui dans son altérité et dans sa mêmeté d'une part, et d'autre part, la lucidité parfois effarée face à l'éclatement de l'être, à la victoire de la confusion et du désordre, au règne du paradoxe, de l'aporie, de la guerre. L'élan enthousiaste ou désespéré vers le désir d'harmonie s'incarne dans le choix d'être un écrivain et de porter, par les mots agencés, l'unité de l'homme et du monde. L'écriture tente de lutter contre l'éclatement, la fragmentation, la diversité. Mais les mots jaillissent et restituent le désordre, la confusion, la complexité de l'homme. L'écrivain fait l'expérience dysphorique et vivifiante, jubilatoire et angoissante de la polyphonie. Par qui suis-je habité quand je parle ? C'est la question que chaque « sujet parlant » ne peut manquer de se poser à la suite de Bakhtine ou de Ducrot. Quels échos résonnent dans une voix, quels dédoublements en abyme habitent l'auteur qui prend la plume ? Quel chemin peut conduire l'individu vers la singularité authentique dans le fracas assourdissant des voix d'autrui qui se mêlent et s'emmêlent? L'uni et l'unique ne sont-ils que des leurres, des fantômes aveuglés par l'orgueil et l'outrecuidance ? Comment livrer l'intime sans impudeur ? Comment être à la fois héraut de son temps, chantre de la justice et « politiquement et affectivement incorrect » ?<br />Faut-il chercher un fil conducteur ? Y a-t-il un fil d'Ariane menant à une vérité ultime ? Il ne semble pas que Camus se soit jamais imposé cette contrainte. La lecture des Carnets témoigne, malgré l'évolution programmatique annoncée très tôt par l'auteur, d'une œuvre qui avance au gré des lectures et des événements et restitue une pensée vibrante, frémissante, curieuse et avide, toujours en mouvement, toujours à l'affût d'une nouvelle rencontre, d'un nouvel éblouissement, toujours à l'écoute de cette palpitation intérieure que ne fait pas taire la clameur du monde. Ce paradoxe tensionnel et fécond de l'unité ontologique et de la fracture discursive se retrouve dans les différentes dimensions de l'œuvre camusienne, dans le rapport à l'histoire de son temps, dans le désir du chant de l'intime, dans la volonté de restituer l'authenticité de l'homme dans ce temps qui est le sien, sur cette terre qu'il a voulue sienne. <br />Pour, à l'instar de Camus, ne renoncer à rien, pour réunir tous les paradoxes, pour faire entendre la multitude des voix, le foisonnement des œuvres, j'ai choisi de placer mon parcours sous l'œil attentif et bienveillant de trois figures tutélaires. J'ose espérer que Camus aurait emprunté, non sans déplaisir, cette route que j'espère inexplorée, qui n'exclut pas les incursions inattendues, les chemins de traverse, les explorations imprévues. <br /><br />Salomon, constructeur du Temple<br /><br />Ce personnage biblique recèle en lui les ambitions de l'homme présent dans sa cité, acteur de son destin et de celui de ses compagnons. Il est le roi d'une justice immanente, inscrite à hauteur d'homme, évidente car elle sollicite la vérité du cœur. Il est un roi de sagesse qui règne dans un temps de paix. Mais on lui attribue également L'Ecclésiaste qui oriente sa pensée vers une philosophie liée au temps présent et à la perception aiguë de la précarité. L'ambivalence non contradictoire entre le temps de l'action et l'évidence de la nécessité de construire d'une part et d'autre part la conscience d'un absurde lié à la fugacité de la vie rend compte de la tension de l'œuvre de Camus où le désenchantement n'entraîne pas la désespérance. La figure de Salomon permet d'envisager les engagements politiques de Camus, d'observer comment il a contribué à maintenir debout les fondations de notre civilisation occidentale mise à mal par la fureur des hommes et la violence des guerres.<br />Je distingue trois temps dans cette dimension de l'œuvre. Le premier temps est un temps de l'engagement dichotomique. Il permet l'émergence d'une poétique de l'innocence. Camus a la volonté d'édifier un monde équitable. Il dénonce les injustices dans son reportage sur la Kabylie. Il fustige les excès d'une Droite sûre de ses droits en choisissant le ton acerbe du satiriste. Le verbe engagé prend place sur les planches, trouvant là une autre tribune pour énoncer son désir d'un monde de justice et dénoncer les vilenies des hommes et des régimes, des partis, des gouvernements. Il dénonce les tyrannies dans des adaptations théâtrales – Malraux, Gorki – ou dans des créations collectives – Révolte dans les Asturies. <br />Plus tard – c'est le deuxième temps, le temps de la parole héroïque – il s'engage avec Pia dans la grande aventure de Combat. Sa parole est édifiante. Il fait entendre la voix de l'honneur, en appelle à la justice des nations. Il dénonce les hypocrisies face à l'Espagne franquiste et défend la République en exil. Il s'afflige du silence des Occidentaux devant la dictature. Il en appelle au patriotisme dans ses éditoriaux de Combat. Il s'engage contre l'invasion soviétique en Hongrie. Il poursuit son engagement journalistique et met en place un théâtre engagé, en Algérie, avec des moyens de fortune, puis à Paris dans un moment de sa carrière où il a gagné, par ses romans, ses essais et sa présence à la tribune des journaux, une vraie notoriété. <br />Puis vient le temps du doute et du désenchantement. Camus se trouve dans la nécessité du silence et d'un retour sur soi. Il s'isole et se marginalise. Il fait l'expérience des limites de l'efficacité du discours. Il adapte les Possédés de Dostoïevski. Cette œuvre magistrale et complexe est le miroir des paradoxes contemporains et d'un climat délétère de manœuvres et de suspicions, de mensonges et d'hypocrisies. Ses dernières interventions journalistiques, obtenues par l'habileté et l'opiniâtreté de Jean-Jacques Servan-Schreiber et la médiation de Jean Daniel, témoignent d'un accroissement du doute et du désenchantement et cultivent l'art du décalage, de la marge, de l'inattendu. Camus déconcerte. On ne le comprend plus. <br /><br />Orphée, poète de l'absence<br /><br />Orphée chante la perte de l'être aimé et charme tous les êtres vivants. C'est la voix singulière de l'homme qui se fait entendre ici. Non plus celle qui s'offre à la communauté mais celle qui s'octroie le droit à la singularité. Camus laisse vibrer la corde sensible du lyrisme, il s'autorise le désir d'harmonie et de fusion au sein d'une nature flamboyante et généreuse, pleine de promesses. Il révèle la fascination féconde pour la tension nietzschéenne entre Apollon et Dionysos et l'exploration d'une forme nouvelle de poésie au plus près de l'homme. La lecture du Nietzsche de La Naissance de la Tragédie lui permet de comprendre la tension féconde entre le beau figé, hiératique, éternel et l'éclatante fulgurance d'une vie qui ne se saisit que dans l'éclair, le fugace, le transitoire, le désordre, la folie. L'antique alliance de l'apollinien et du dionysiaque a permis l'émergence de la tragédie. Cette lucidité ne laisse guère en repos. Elle est exigence de tous les instants et ne cesse de contraindre le sujet à s'interroger sur sa place dans le monde, sur l'origine de la parole, sur l'identité de celui qui parle et sur la coïncidence entre ce qui est senti, ce qui est pensé et ce qui est dit. À moins que le verbe n'ait valeur d'authenticité du fait même qu'il est proféré, sorti de soi. Ces questions hantent Camus qui s'interroge au cœur même de son œuvre, qui fait de ce questionnement une matière poétique. Il s'interroge également, sans être le seul dans ce siècle de guerres, d'hégémonies destructrices et de génocides, dans ce monde où la bravoure cède le pas à la lâcheté et à l'hypocrisie, sur la pertinence d'une parole poétique. Les poètes de ce milieu du XXe siècle, Jabès, Jaccottet, Bonnefoy, Char bien sûr, l'ami intime, n'ont pas éludé l'horreur de leur temps. Au contraire, ils l'ont regardée avec la lucidité des artistes et l'ont inscrite au cœur même de leur œuvre sans renoncer pour autant au réel de la beauté.<br /> Camus poursuit les mêmes exigences que ses contemporains sur une voie qui est la sienne, sur une route où il va, solitaire, sombre et solaire, à la croisée des chemins, dans le clair-obscur des cultures qui se côtoient sans se comprendre. Ces exigences multiples ne sont pas aporétiques. Je les explore en écoutant le son envoûtant de la flûte de Dionysos. C'est une musique de l'insoumission, une musique non régie par le logos. Elle s'approche du mystère des origines et de l'effroi de la mort, elle est au plus près des pulsations intimes, du sang qui bat dans les tempes quand il fait trop chaud ou que l'émotion est trop intense. Elle nous fait entendre l'aulos de la Grèce antique. Elle est l'accord mineur, la gamme de l'être mi-homme, mi-dieu, du satyre, de Pan. Mais ce souffle ne saurait exister sans l'intervention d'Apollon. L'homme jaillit de l'informel dionysiaque. Il devient un individu. Il se saisit du logos. Il chante la beauté du monde accompagné du son mélodieux de sa lyre. L'instrument à cordes remplace l'instrument à vent. La gamme en accord majeur impose sa puissance et son unité harmonieuse. Le poète est alors celui qui cherche la vérité et la beauté, l'équilibre et la vérité. Il est celui qui poursuit l'éternité dans le chant de l'Un retrouvé. Dionysos et Apollon s'équilibrent, ou plus exactement s'offrent l'un à l'autre le pouvoir d'exister. J'ai ajouté un dernier chant, un peu inattendu à ces deux accords premiers, le mineur et le majeur, celui que produit l'arc d'Ulysse alors même que le héros retrouve son arme et se venge des prétendants indignes. Ulysse est présent dans l'œuvre de Camus. Il est l'homme du nostos, l'homme de la nostalgie et de l'exil. Il est celui qui ne renonce jamais. Il est ce héros à la fois brave et faible, invincible et vulnérable, fidèle et infidèle. Il est celui qui a renoncé à l'immortalité que lui offrait Calypso pour retrouver sa femme, son fils, son royaume. Il fait le choix de la précarité. Il est un homme. Il est, dans la métaphore musicale, l'accord dissonant dont parle Clément Rosset, cet accord qui, au contact de l'accord parfait, permet la fugace révélation de l'harmonie perdue. <br /><br />Adam, le premier homme. <br /><br />Placé sous le signe d'une temporalité inexorable, il est l'homme de la faute originelle, le père de Caïn, le premier meurtrier, le premier errant. Il rappelle le poids du réel et de l'irrémédiable. Le roman apparaît comme le domaine privilégié pour l'expression de la faute. L'ontologique s'inscrit dans le temporel, le précaire, l'incertain. Je retrouve le même cheminement qui conduit de l'innocence à l'édification et au désenchantement – c'est le parcours que j'ai suivi sous l'égide de Salomon. Je retrouve le désordre fusionnel dionysiaque qui prend ici la forme de la carnavalisation bakthinienne, le goût de l'unité dans la tentation épique, et le désir intact de se maintenir au plus près de l'humaine condition. Les tensions sont les mêmes et s'entrecroisent. L'art du roman inscrit l'homme dans un temps linéaire. Ce temps, dans notre tradition judéo-chrétienne, commence avec la faute originelle qui conduit Dieu à chasser Adam et Ève du paradis où le temps ni la mort n'existent. <br />La matière fictionnelle peut être un succédané à l'effroi face à la mort et à la culpabilité. Le jeune Camus est d'abord tenté par une forme d'idéalisme. Ses œuvres de jeunesse, influencées par Bergson et Nietzsche, sont teintées de symbolisme métaphysique, d'idéalisme et d'onirisme. Mais, peu à peu, les voix des habitants de Belcourt s'imposent et trouvent un écho plus puissant. L'écriture s'allège. La phrase se densifie en même temps qu'elle accède à une plus grande simplicité. La banalité du quotidien devient la matière première de l'œuvre fictionnelle. Le fait divers devient source de l'inspiration. La création se déploie dans l'ordinaire et délaisse les marges oniriques. Camus s'éloigne d'une conception symbolique de la littérature et d'une approche rousseauiste de l'homme. En réalité, ce parcours n'est pas chronologique. Camus aborde la question du mal dès ses premières œuvres. Dans son Mémoire sur Plotin et saint Augustin, il examine la conception du mal chez les agnostiques puis exprime pour la première fois l'intérêt qu'il porte au christianisme qui est la religion de la souffrance et de la mort. C'est ce moment qui cristallise un imaginaire lié à la souffrance, au sang mais aussi à l'abandon.Une remise en question de la notion du souverain Bien kantien entraîne Camus sur les chemins périlleux de l'exploration des zones obscures, des morts éthiquement inacceptables comme celles des enfants. Il est l'auteur de La Peste mais aussi du « Renégat », de La Chute. Il est l'auteur du meurtre gratuit, de cet acte inacceptable et incompréhensible, dans La Mort heureuse et L'Étranger. Il n'élude pas les monstruosités de la guerre d'Algérie dans Le Premier homme et s'immerge dans les affres slaves, depuis sa mise en scène des Frères Karamazov dans ses jeunes années, jusqu'à celle des Possédés à la fin de sa vie. <br />Mais l'importance de Dostoïevski ne doit pas oblitérer la place capitale de Tolstoï dans la gestation de l'œuvre. La fréquence des citations de l'auteur de Guerre et Paix montre la très grande fidélité à cet autre géant de la littérature russe du XIXe siècle. Tolstoï excelle dans la représentation de l'homme dans le monde, sous son double aspect, familier et héroïque. Il recherche l'équilibre, la règle, l'intelligibilité, l'ordonnance, l'organisation, l'agencement limpide, la structure, la causalité, le déterminisme. Dostoïevski cultive le désordre, la débauche, la rupture, le bouleversement, la confusion, la violence, l'excès, l'incohérence, le trouble. Il étonne et ravit dans son exploration de l'âme humaine. Tolstoï est du côté de l'épopée, Dostoïevski se situe au cœur de la ménippée. Je trouve là une opposition fondamentale dans la genèse romanesque camusienne, un paradoxe entre l'attrait de l'ordre et du monologisme, le plaisir de la sentence, de l'axiome, le goût de la vérité et de la hauteur de vue – son versant solaire, son adret apollinien et, d'un autre côté, sa tentation du désordre fécond, de la polyphonie, son versant obscur, son ubac dionysiaque.
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W.G. Sebald, Die Ausgewanderten : radiographie d'une écriture de l'exil

Savaton, Christine 15 September 2012 (has links) (PDF)
Cette thèse consacrée à Die Ausgewanderten de W.G. Sebald (1992) procède à une étude microscopique et détaillée de l'écriture dans sa singularité, une radiographie du texte et de sa matérialité hétérogène. L'étude montre la structure binaire sous-jacente de l'ouvrage, la complexité des stratégies stylistiques et narratives, la manière dont le signifiant se soumet à l'impératif catégorique du signifié mais aussi la prééminence de signes tangentiels et obliques ; elle s'intéresse également à la singularité de l'enchaînement des discours rapportés et met en lumière le geste mélancolique du narrateur sébaldien. Il apparaît que l'intertextualité revêt une spécificité particulière puisque la polyphonie sébaldienne est orientée différemment de celle envisagée par M. Bakhtine. La deuxième partie s'attache à étudier la critique de la civilisation (Kulturkritik) dans une œuvre fortement marquée par la constellation idéologique de l'École de Francfort et plus précisément par " La Dialectique de la Raison " de Horkheimer et d'Adorno. La prose allemande muséale de l'auteur, qui rappelle celle d'Adalbert Stifter mais aussi, par ses emboîtements narratifs, emprunte la virtuosité bernhardienne, est incrustée de " moments " de bonheur ou de beauté qui mettent en évidence et soulignent l'inouï du monde concentrationnaire. Les thématiques de l'exil et du pays natal sont au centre des intérêts de la troisième partie. L'étude s'attache à montrer que l'ouvrage réécrit en quelque sorte une littérature de l'exil que l'auteur, professeur de littérature de langue allemande, a eu l'occasion de fréquenter mais aussi d'analyser. C'est un " chœur d'exilés " qui se fait entendre dans Die Ausgewanderten et qui manifeste la tragédie de l'homme moderne.
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Le moment décisif dans l'oeuvre romanesque de Dostoïevski

Racine-Poulin, François 02 1900 (has links) (PDF)
Dans le présent mémoire, nous tentons de démontrer que la poétique de Dostoïevski, dans sa période de l'après-bagne, s'articule essentiellement autour du concept-clé de « moment décisif ». Celui-ci renvoie notamment à l'ensemble des procédés narratifs inspirés du mélodrame auquel l'auteur a recours lors des scènes de rencontres extraordinaires et théâtrales qui foisonnent dans son œuvre et que nous qualifions de « conclaves polyphoniques ». Ces passages d'une importance cruciale rassemblent toutes les caractéristiques du moment décisif : le temps y devient élastique, les événements s'enchaînent de façon incohérente et imprévisible, et les personnages, souvent malades ou délirants, s'y trouvent livrés à des forces inconnues qui marqueront pour toujours la fracture de leur destinée en un avant et un après. Du point de vue formel, ces passages sont caractérisés par une dynamique de rupture, de fracas et d'incohérence, modalité propre au moment décisif. Ce dernier tient également lieu de complexe situationnel dont dépend tant la mise en intrigue que la caractérisation des personnages. En effet, l'intrigue dostoïevskienne se joue à coups de brisure, et les héros y passent d'une crise à une autre, ce qui mène à la redéfinition complète de leur conscience de soi. Ces accès d'extrême lucidité qui leur permettent de poser un regard nouveau non seulement sur eux-mêmes, mais sur leurs semblables et sur le monde, sont accompagnés d'une altération des sens ou sont carrément causés par la maladie. Cette dernière joue d'ailleurs un rôle d'une importance capitale dans le discours de certains des personnages les plus marquants de l'œuvre de Dostoïevski. Comme l'auteur, ils ont connu le moment décisif de la révélation par le biais de la maladie; ils ont vacillé sur le seuil entre deux mondes et, comme le condamné à mort ayant survécu à l'exécution (ce qu'a également connu l'auteur), ils ressentent le besoin d'en livrer un témoignage à leurs semblables. Le moment décisif représente ainsi beaucoup plus qu'un simple motif thématique ou encore qu'un strict procédé formel. Chez Dostoïevski, il est à la base même du discours philosophico-religieux qui sous-tend toute son œuvre de l'après-bagne. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Dostoïevski, Crime et châtiment, Le Joueur, L'Idiot, Les Démons, Les Frères Karamazov, temporalité, polyphonie
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La historia carnavalesca del 68 en Palinuro de México de Fernando del Paso

Thivierge, Paule 08 1900 (has links)
Résumé Ce travail cherche à révéler les stratégies utilisées dans Palinuro de México (1977) de Fernando del Paso pour représenter l’histoire du mouvement étudiant de 1968, qui se termina par le massacre de Tlatelolco. Afin de protéger son image, le gouvernement censura cet événement, qui compte parmi les plus marquants de l’histoire contemporaine du Mexique. Nous situons Palinuro de México dans un corpus littéraire qui résiste au silence imposé par les autorités avec la création d’une poétique capable de raconter l’histoire et de dénoncer la censure. Notre hypothèse s’appuie sur les réflexions de Paul Veyne et Jacques Rancière, qui démontrent que l’écriture de l’histoire ne possède pas de méthode scientifique, mais procède plutôt d’une construction littéraire. Cela nous permet d’affirmer que l’histoire, puisqu’elle relève de la littérature, peut aussi être racontée dans un roman. La théorie de la littérature carnavalesque de Mijail Bajtin, qui se caractérise par le rire, la liberté d’expression et l’opposition aux règles officielles, nous sert à identifier les procédés utilisés dans Palinuro de México pour créer une mémoire de Tlatelolco. Ce style rappelle la vitalité du mouvement étudiant, en soulignant la joyeuse subversion des valeurs. De plus, son caractère polyphonique permet d’inclure une pièce de théâtre dans un roman et de confronter les différentes idéologies qui s’opposaient durant le conflit. / Summary This work aims to reveal the strategies used in Fernando del Paso’s Palinuro de México (1977) to represent the history of the 1968 student movement, which ended with the massacre of Tlatelolco. In order to protect its image, the government censored this event, among the most significant of Mexico’s contemporary history. We approach Palinuro de México as part of a literary corpus that resists the silence imposed by the authorities with the creation of a poetics capable of recounting the student movement’s history and denouncing the regime’s censorship. Our working hypothesis borrows from research by Paul Veyne and Jacques Rancière, who demonstrate that the writing of history does not possess a scientific method, but is instead a form of literary construction. It allows us to assert that history, because it uses literature, can also be told in a novel. Mijail Bajtin’s theory of the carnavalesque, which is characterized by its humour, liberty of expression, and opposition to official rules, allows us to identify the literary processes used in Palinuro de México to create a memory of Tlatelolco. This style recalls the vitality of the student movement by underlining their merry, non-violent subversion of values. Its polyphonic element also allows the author to include a theatrical play within the novel and to represent the different ideologies opposed during the conflict. / Sumario Este estudio busca revelar las estrategias utilizadas en Palinuro de México (1977) de Fernando del Paso para representar la historia del movimiento estudiantil de 1968, que terminó con la masacre de Tlatelolco. Para proteger su imagen, el gobierno censuró este acontecimiento, que cuenta dentro de los más destacados de la historia contemporánea de México. Situamos a Palinuro de México dentro de un corpus literario que resiste al silencio impuesto por las autoridades con la creación de una poética capaz de contar esta historia y de denunciar la censura. La hipótesis que sostenemos se apoya en las reflexiones de Paul Veyne y Jacques Rancière, que demuestran que la escritura de la historia no tiene un método científico, sino que resulta de una construcción literaria. Esto nos permite afirmar que si la historia utiliza la literatura, puede también ser contada en una novela. La teoría de la literatura carnavalesca de Mijail Bajtin, que se caracteriza por la risa, la libertad de expresión y la oposición a las reglas oficiales, nos sirve para identificar los procedimientos literarios utilizados en Palinuro de México para crear una memoria de Tlatelolco. El estilo carnavalesco recuerda la vitalidad del movimiento estudiantil, subrayando la alegre subversión de los valores. Además, su carácter polifónico permite incluir una pieza de teatro en una novela y confrontar las distintas ideologías que se oponían durante el conflicto.
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Création : Dieu reconnaîtra les seins (roman). Travail critique : l'humour dans Au bonheur des ogres de Daniel Pennac : étude des parenthèses

Jacmin, Sophie 03 1900 (has links)
Ce mémoire en création littéraire se compose de deux parties. La première, un roman intitulé « Dieu reconnaîtra les seins », suit les aventures de Caroline, jeune femme dans la trentaine qui, ayant subi une ablation des seins, voit sa vie basculer alors qu'elle tente de trouver une solution médico-esthétique à sa situation. Le ton enjoué du roman permet d'aborder l'aspect tragique de la vie de Caroline de façon légère. Il permet également, sous forme d'humour ironique, absurde ou même noir, de soulever des thèmes universels tels que l'amour, la solitude, le désespoir, la pauvreté et la mort. Ainsi porté, le récit évolue vers une vision tant impitoyable que bienveillante de l'humain qui, à travers les événements à la fois médiocres et grandioses de la vie de Caroline, trouve sa place dans un univers pourtant hostile. La deuxième partie du mémoire se consacre à l'étude de l'humour dans « Au bonheur des ogres » de Daniel Pennac, et plus particulièrement, à l'humour inséré entre parenthèses. Pennac utilise abondamment ce procédé humoristique, créant ainsi un récit polyphonique où plusieurs niveaux narratifs entrent en dialogue. Trois types d'humour présents dans les parenthèses sont analysés, à savoir l'humour noir, l'humour absurde et l'ironie. Cet essai fait donc écho au roman en ce qu'il se penche sur l'humour et l'ironie comme procédés littéraires. / This thesis in creative writing is composed of two parts. The first one, a novel entitled Dieu reconnaîtra les “seins”, follows the adventures of a young woman in her thirties named Caroline who, having had her breasts surgically removed, sees her life plunge into chaos as she tries to find a cosmetic and medical solution to her situation. The light tone of the novel allows for an humorous look at the tragic cirucumstances Caroline finds herself in. Following the trials and tribulations of her life, the story touches on such universal themes as love, loneliness, hopelessness, poverty and death, and evolves toward a vision of humanity that is both merciless and benevolent. The second part of the thesis is an study of humour in Daniel Pennac's Au bonheur des ogres, and more specifically, the use of parentheses as a humoristic device. Pennac frequently uses parentheses as a way to create humour, thus building a polyphonic narrative in which various levels of discourse communicate with each other. Three types of humour are present within parentheses: black humour, absurdist humour and irony. As such, the essay echoes the novel in that it looks at humour and irony in literature.
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L'énonciation ironique de l'écrivain de Mayotte : Nassur Attoumani. Analyse d'un discours littéraire de l'Océan Indien / The Ironic Enunciation of a Writer from Mayotte : Nassur Attoumani. Analysis of an Indianocean Literay Discourse

Cosker, Christophe 01 March 2018 (has links)
Ce travail de recherche articule les méthodes de l’analyse du discours et de la linguistique de l’énonciation, en particulier la théorie de la polyphonie d’Oswald Ducrot. Il porte sur l’ironie du discours littéraire d’un écrivain francophone de l’île de Mayotte dans l’océan Indien : Nassur Attoumani.La situation coloniale théorisée par Octave Mannoni et Georges Balandier est transposée en une situation d’énonciation littéraire dans laquelle s’opposent des voix coloniales et postcoloniales, de Mayotte et de France. Pour ce faire, un certain nombre de termes pivots sont identifiés et leur fonctionnement est étudié en fonction des concepts d’axe paradigmatique, ou de sélection et d’axe syntagmatique ou de combinaison. L’analyse de la manière dont les voix de l’énoncé polyphonique s’accordent ou non aboutit à la formulation d’une morale de l’ironie de l’écrivain francophone de Mayotte Nassur Attoumani. Cette approche exogène est complétée par une approche endogène des enjeux de l’ironie en fonction du terme auquel elle renvoie dans la langue et la culture de Mayotte à savoir le kinume, c’est-à-dire le fait de ne pas être d’accord. / This work links two methods : discourse analysis on the one hand and enunciation linguistics on the other, more precisely Ducrot’s theory of polyphony. It lays the stress on the irony of the literary discourse of an Indianocean francophone writer from the island of Mayotte : Nassur Attoumani.The ‘situation coloniale’ as Octave Mannoni and Georges Balandier call it is here transformed into a literary enunciation in which colonial and postcolonial voices, France’s and Mayotte’s, disagree. To prove this hypothesis, some keywords are identified and their choice or combination are analysed. This drives to Nassur Attoumani’s moral of irony.This exogenous approach is completed by an endogenous approach of irony in Mayotte’s language.The word ‘kinume’ is the equivalent of ‘irony’ and means ‘disagreement’. It helps understanding Nassur Attoumani’s irony in the precise context of Mayotte.
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Le jazz symphonique. Harmonie et spatialité / The symphonic jazz. Harmony and spatiality

Bonnefoy, Carine 21 December 2017 (has links)
Cette recherche, en lien avec mes activités de pianiste, compositrice et chef d’orchestre, porte sur l’élaboration de l’œuvre de jazz symphonique. Le jazz symphonique a représenté un hybride musical et un terrain de recherche autour de l’espace sonore de l'orchestre. Il a été à bien des égards un précurseur dans l’exploration des possibilités pour créer une musique dans laquelle les approches et les préoccupations jazz et savantes entraient dans une dialectique productive. Le geste d’écriture qu'il a privilégié intègre alors la palette instrumentale comme un révélateur fondamental des structures musicales. Le compositeur élabore un processus musical qui permet au matériau de s’exprimer, de déployer ses potentialités expressives et perceptives par l’appréhension de l’espace orchestral. Identifier et comprendre les stratégies d’écoute que le compositeur destine à l’auditeur et la manière dont il potentialise la signification des éléments constitutifs de l’œuvre représentent un des principaux enjeux de la recherche. / This research relates to my pursuits as a pianist, composer and conductor, and concerns the development of the art of symphonic jazz. Symphonic jazz has represented a musical hybrid and a field of research around the soundscape of the orchestra. In many ways, it has been a forerunner in exploring the possibilities for creating music in which jazz and scholarly approaches and inquiries had entered into a productive dialectic. Hence the favoured approach to writing now integrates a variety of instruments as a fundamental revealer of musical structures. The composer creates a musical process that allows the material to express itself and spread its expressive and perceptive potential through comprehension of the orchestral space. Identifying and understanding the composer’s listening strategies for the listener, as well as the way he increases the meaning of the elements constituting the work is one of the main subjects of research.

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