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La notion d'irréel et ses avatars terminologiques dans les grammaires françaises et anglophones de l'anglais / The notion of unreality and its terminological manifestations in French and Anglophone grammars of English

Hounhouayenou-Toffa Adjovi, Ernest 26 June 2018 (has links)
Cette thèse s’intéresse aux différents paradoxes que suscitent les unités lexicales irréel/unreal en grammaire et en linguistique. Il repose, pour ce faire, sur un large corpus français et anglophone d’ouvrages de terminologie linguistique et de grammaires de l’anglais publiées entre le 16e siècle et le 21e siècle. Si de nombreuses études se sont en effet intéressées à l’expression grammaticale de l’irréel, peu se sont penchées sur les discontinuités qui existent entre le mot de la langue générale et le terme tel qu’il est employé dans ces deux domaines de connaissances. Conventionnelle dans la tradition grammaticale française, mais nébuleuse, voire inappropriée pour certains linguistes, l’unité lexicale irréel semble pâtir d’un caractère protéiforme qui pose la question de son statut conceptuel, de la délimitation de son périmètre sémantique et de son utilité pour les grammaires de l’anglais. Notre travail sur corpus s’attache ainsi à étudier la conceptualisation de la notion d’irréalité, à expliquer et tenter de résoudre le problème posé par le foisonnement de ses avatars terminologiques dans les grammaires françaises et anglophones de l’anglais. Nous démontrons qu’eu égard à la façon dont le terme irréel est conçu dans les ouvrages de notre corpus, il apparaît fallacieux d’appréhender le non-factuel de façon binaire (procès actualisés vs procès non-actualisés). À partir d’une lecture sociocognitive du terme irréel, nous proposons donc une modélisation qui conçoit sa structure en termes de prototype. / Based on a vast corpus of grammars and dictionaries of linguistic terminology, all published between the 16th and the 21st centuries in the French and Anglophone traditions, this thesis exposes and unravels the paradoxes raised by the term irréel and its equivalent unreal(ity). If several studies have indeed analysed the linguistic expression of unreality in present-day English, only few have shed light on the discontinuity between the unspecialised use of the term and the specialised one. Notwithstanding that it is a conventional term in the French grammatical tradition, irréel and its equivalent unreal(ity) are often portrayed as referring to nebulous and abstract notions, with polymorphic terminological manifestations, which explains why their adequacy and usefulness are at stake in linguistic descriptions. Our corpus-based approach thus seeks to explain and ultimately solve the problem posed by the complex terminological web that arises out of these notions. A careful perusal of our corpus reveals that, in view of the way unreality is conceptualised in French and Anglophone grammars, non-factuality cannot be conceived as a binary category. In line with the socio-cognitive approach to terminology, we suggest a modelisation of unreality that is articulated around a prototype structure.
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Les pratiques éducatives auprès de la jeunesse en milieu judiciaire : de la pluralité des principes de justice aux compromis / Educational practices for Youth in Juvenile Justice : examining the shift from the plurality of principles of justice to the emergence of compromise

Derobert, Amélie 03 December 2016 (has links)
Cette thèse analyse la pluralité des principes de justice autour des pratiques éducatives auprès des jeunes dans les services et les hébergements du ministère de la Justice et les enjeux qui en résultent pour les éducateurs-fonctionnaires. Il a été également envisagé, à travers l’analyse des compromis et des arrangements en acte, la nature des « solutions » permettant de « tenir ». Ainsi, la thèse est composée de trois parties. La première partie se consacre à l’étude de « l’éducation judiciaire » du point de vue historique et juridique et expose la démarche de recherche engagée en sociologie pragmatique. La perspective boltanskienne examine les justifications et les critiques de ces justifications lorsque les acteurs (et les objets) tentent de sortir des situations de conflit. Méthodologiquement, l’enquête s’appuie sur l’analyse de textes juridiques (internationaux, nationaux et locaux) qui traitent de la « problématique éducative » des jeunes délinquants, d’une enquête ethnographique auprès d’acteurs dans un service régional, deux établissements et trois services éducatifs et d’entretiens avec les acteurs « périphériques ». La seconde partie de la thèse traduit ce cadre théorique à l’éducation judiciaire. Il s’agit de dégager un essai de modélisation permettant de concevoir « le monde qui là » et ses différentes influences sur la pratique éducative. Ces nombreuses disputes et critiques rendent l’épreuve de l’éducation et du judiciaire instable et, montrent que l’éducabilité de la jeunesse déviante est un problème de société et pas simplement de la Justice. Enfin, la troisième partie de la thèse expose les montages plus ou moins cohérents des individus lorsqu’ils organisent un minimum de règles et de prévisibilité sociale autour des pratiques éducatives auprès des jeunes dans deux dispositifs éducativo-judiciaires (hébergements, milieu ouvert). Ainsi, il apparaît que les acteurs, pris dans un processus de normalisation institutionnelle qui, dans le quotidien, doit être « bricolé » (Javeau, 2001) afin de s’ajuster au plus près des situations juvéniles et de leurs spécificités. / This PhD thesis analyzes the plurality of principles of justice regarding educational practices for Youth in Juvenile Justice and hosting services, with special focus on this specific study field, and the challenges resulting there from educators and justice officials. Our analysis of the prevailing compromise and arrangement strategies enabled us to examine the sustainability of envisaged solutions for officials of justice. The thesis is composed of three parts. The first part is devoted to the study of « judicial education » from a historical as well as a legal point of view. It also focuses on and discusses the process of committed research in pragmatic sociology. The Boltanskian framework and perspective examine the justifications and provide a critical analysis of these justifications when actors (and objects) try to deal with a conflict situation. Methodologically, the survey relies on the analysis of legal texts (international laws and conventions, domestic/local laws), which tackle « Educational issues » related to juvenile delinquency. We also conducted an ethnographic survey among individuals of a Regional Judicial Police Service, two territorial establishments and three educational services. Moreover, we conducted interviews with « peripheral actors ». The second part of this thesis translates the above-mentioned theoretical framework into judicial education practices. The purpose is to identify a model design or a preliminary model which would allow us to conceive this « specific world » and its different influences on educational practice. These numerous disputes and criticisms increase the complexity as well as the instability of judicial education and show that the educability of deviant youth is a social matter and not merely a judicial establishments problem. Finally, the third part of this thesis discusses the more or less coherent legal arrangements individuals opt for when they propose to implement a minimum of rules/guidelines or social predictability related to educational practices for youth in two judicial education services (hosting, open system). Thus, it appears that actors get engaged in a process of institutional normalization which needs to be constantly « tinkered with » (Javeau, 2001) in order to adjust themselves as much as possible to juvenile situations and to their specificities.
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Une étude du rôle des connecteurs dans le discours explicatif en anglais contemporain / Investigating the role of connectives in explanatory discourse in contemporary english

Bourse, Sarah 13 July 2017 (has links)
Cette recherche porte sur la réalisation linguistique de l’explication en anglais contemporain. À la suite d’un travail définitoire de la notion sont identifiés deux types d’explication: la clarification et l’explication causale. L’étude adopte une approche énonciative tout en offrant des considérations d’ordre pragmatique. L’analyse linguistique se fonde sur un corpus de textes didactiques et examine plus particulièrement le rôle des connecteurs dans le discours explicatif. Enfin, ce travail vise également la formalisation de quelques relations discursives à l’œuvre dans l’explication et l’écriture de règles linguistiques en vue de la reconnaissance automatique de ces relations. / This study is concerned with the linguistic realisation of explanation in contemporary English. After a definitional work on the notion, two types of explanation are identified: clarifying explanation and causal explanation. The study adopts an utterer-centered approach while also considering pragmatic aspects. The linguistic analysis is based on a corpus of didactic texts and it focuses on the role played by connectives in explanatory discourse. Finally, the study also aims at formalising some discourse relations involved in explanations and designing linguistic rules in order to automatically identify the discourse relations at stake.
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Émergence de la servitude subjectale au XVIe siècle. : Textes narratifs en prose (1504-1585) / Emergence of subjective servitude in the 16th century. : Narrative texts in prose (1504-1585)

Taddei, Edith 26 June 2012 (has links)
Cette thèse aborde un phénomène du changement linguistique spécifique à la langue française en tant que langue romane : la généralisation de l’emploi des personnels sujets considérée comme acquise au 17e siècle. Les relevés opérés dans un corpus littéraire en prose réparti sur le 16e s. montrent que cette progression, bien qu’elle soit continue, est inégale selon que les personnels sujets réfèrent au locuteur ou à l’allocutaire de la situation contextuelle ou qu’ils réfèrent à un élément cotextuel. Aussi, pour expliciter cette disparité, cette étude s’appuie sur l’hétérogénéité interne au paradigme des personnels sujets et distingue les personnels déictiques locutifs je/nous, et allocutifs tu/vous, et les anaphoriques il(s)/elle(s), et propose la raison énonciative comme principal facteur d’emploi. Elle s’efforce de démontrer que leur emploi correspond à un choix émanant de l’énonciateur qui s’effectue dans des cadres cotextuels repérables, illustrés par deux corpus, les assertions fictionnelles postérieures à un discours direct fictif (chap. 3) et un ensemble de propositions subordonnées (chap. 4). Dans le premier, le recours aux personnels sujets quel que soit leur mode référentiel pallie une saturation textuelle traditionnelle en voie de disparition. Dans le second, l’énonciateur (fictif ou fictionnel) signifie son intention de prendre en charge la représentation des instances de la situation coénonciative (je ou vous) au lieu de la laisser à l’initiative de son allocutaire. Au terme de cette thèse, le passage d’une morphosyntaxe variée à la progressive fixation de l’ordre phrastique PSV se trouve justifiée par trois critères, énonciatif, pragmatique et textuel. / This thesis addresses a phenomenon of language change specific to the French language as a Romance language: the generalisation of the use of subjective personals considered asestablished on the end of the 16th century. The listings extracted from a literary corpus inprose show that, even though it has a significantly evolution, the progression depends on whether the subjective personals refer to the locutor or to the allocutor in the context or if theyrefer to the co-text. To explain that the discrepancy, this study is based upon the internal heterogeneity of the paradigm in subjective personals, making the difference between the first person deictic personals je/nous, the second person ones tu/vous and the anaphoric subjectivepersonals il(s)/elle(s), and it gives an enunciative reason as the main factor of use. To us, their use corresponds to a choice by the enunciator, choice made within a defined co-text, illustrated by two corpus: fictional assertions posterior to a fictitious direct speech (chap. 3) and a set of dependent clauses (chap.4). In the first one, resorting to subjective personals regardless of their referential mood compensates for a traditional textual saturation which ison its ellapsing way. In the second one, the (fictitious or fictional) enunciator signifies his intention to be responsible for the representation of the co-enunciative situation’s occurrences instead of leaving it to his allocutor’s initiative. At the end of this thesis, the transition from a mutable morphosyntax to the progressive fixation of the SP V sentential order will be justifiedby three different criteria, enunciative, pragmatic and textual.
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Formalisation des contraintes pragmatiques pour la génération des énoncés en dialogue homme-machine multi-locuteurs

Popescu, Vladimir 28 November 2008 (has links) (PDF)
Nous avons développé un cadre pour contrôler la génération des énoncés en dialogue homme-machine multi-locuteurs.‭ ‬Ce processus se déroule en quatre étapes‭ ‬:‭ (‬i‭) ‬la structure rhétorique du dialogue est calculée,‭ ‬en utilisant une émulation de‭ ‬la SDRT‭ (<< ‬Segmented Discourse Representation Theory‭ >>) ; (‬ii‭) ‬cette structure est utilisée pour calculer les engagements des locuteurs‭ ; ‬ces engagements sont utilisés pour piloter le réglage de la force illocutoire des énoncés‭ ; (‬iii‭) ‬les engagements sont filtrés et placés dans une pile pour chaque locuteur‭ ; ‬ces piles sont utilisées pour effectuer des ellipses sémantiques‭ ; (‬iv‭) ‬la structure rhétorique pilote le choix des connecteurs concessifs‭ (‬mais,‭ ‬quand même,‭ ‬pourtant et bien que‭) ‬entre les énoncés‭ ; ‬pour ce faire,‭ ‬les énoncés sont ordonnés du point de vue argumentatif.
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Les pouvoirs du langage : la contribution de J.L. Austin à une théorie contextualiste des actes de parole.

Ambroise, Bruno 25 March 2005 (has links) (PDF)
J.L. Austin est le promoteur, non pas seulement d'une théorie novatrice, mais aussi, en premier lieu, d'une méthode bien particulière en philosophie : la " phénoménologie linguistique ", qui entreprend de scruter " ce que nous dirions quand ", pour déterminer la manière dont le langage ordinaire, dans toutes ses nuances, est un véritable " révélateur " de la réalité, dans ses moindres détails. Cela est dû au fait qu'ayant passé l'épreuve de l'histoire, il est le plus à même de nous révéler les distinctions importantes, c'est-à-dire celles qui importent dans notre vie humaine. La philosophie d'Austin n'a donc pas tant le langage comme objet que comme méthode.<br /> Or, révélateur de la réalité, le langage est aussi révélateur de l'action, d'une façon beaucoup plus fine que les concepts ordinairement utilisés en philosophie. Il nous donne un concept de l'action, qui nous permet de comprendre que l'identification d'une action est un processus complexe, puisque l'action peut être appréhendée de différentes façons, selon les objectifs visés dans la description. Chaque type de description permet en effet de déterminer une action différente, qui n'est pas réductible à une autre et joue un rôle spécifique, et qui a donc une réalité propre, même si elle n'est pas explicable en termes physicalistes. C'est pourquoi on comprend que l'identification d'une action est toujours relative à une certaine façon d'appréhender le réel, orientée par des valeurs. Mais cette intervention des valeurs dans la description ne remet pas en cause l'objectivité de la description effectuée – elle la rend au contraire possible. Ce que la philosophie du langage d'Austin révèle ainsi en premier lieu, c'est qu'une description objective n'est pas une description qui s'interdit des considérations évaluatives, mais plutôt celle qui utilise les bonnes évaluations. Austin entend ainsi remettre en cause le fétiche de la distinction entre faits et valeurs, comme il remettra plus tard en cause le fétiche de la distinction entre vrai et faux.<br /> Si la description d'une action prend nécessairement en compte des aspects évaluatifs, alors celle-ci n'est saisie qu'en fonction de la pratique qui comporte ces aspects et qui oriente l'action effectuée en lui donnant un objet et une motivation. L'action fait donc toujours partie d'un plan d'action plus global, qui lui donne un sens en l'orientant, et c'est pourquoi elle ne peut pas être saisie indépendamment de son contexte de réalisation. Cela annonce l'idée qu'il en ira de même pour les actes de parole : on ne pourra pas les isoler de leur contexte de réalisation pour étudier abstraitement leurs caractéristiques, mais il faudra toujours identifier les pratiques (non nécessairement discursives) à laquelle ils contribuent plus largement pour comprendre leurs spécificités.<br /><br /> Traditionnellement, on considère que le langage est soit vrai, soit faux, et qu'il peut donc s'évaluer en fonction de conditions de vérité. Si je dis ainsi " Le chat est sur le tapis ", on considère que la signification de la phrase permet de déterminer la situation dans laquelle l'énonciation de la phrase serait vraie ; ici, on pourrait dire que cette phrase serait vraie dans une situation où un chat serait sur un tapis. Toute phrase, en fonction de la signification qu'elle porte, peut donc être évaluée, en situation, en fonction de sa vérité ou de sa fausseté. Mais dès lors que l'on montre que le langage peut échouer pour d'autres raisons que son évaluation en termes de vérité ou de fausseté, on est obligé de poser qu'il a d'autres conditions de réalisation, propres aux actions – des conditions qui ne sont plus des conditions de vérité. Tout le propos d'Austin dans How to do Things with Words est de relever ces conditions de manière la plus exhaustive possible. C'est ainsi qu'il accomplit une véritable révolution en philosophie du langage.<br />La tradition philosophique veut, en effet, que le propre du langage soit de décrire le monde en s'effaçant devant lui et que ce soit sa seule raison d'être. Un énoncé quelconque ne vaudrait ainsi qu'à dire le monde, que cet énoncé soit " Le chat est sur le tapis " ou " Je t' ordonne de te laver les mains ". Ces deux énoncés n'auraient d'usage qu'à avoir une signification identifiable en termes de conditions de vérité (selon le procédé vu précédemment) qui détermineraient la situation du monde dans laquelle ils seraient correctement utilisables. Dès lors, soit le langage dit ce qui est, il représente le monde, et il est vrai ; soit il ne dit pas ce qui est, et il est faux. Un langage sensé est donc soit vrai, soit faux, et tout énoncé qui n'est ni vrai, ni faux n'a pas vraiment de sens (c'est ainsi qu'on range généralement les énoncés de type éthique ou esthétique). Or Austin montre que des énoncés qui ne sont ni vrais, ni faux, sont tout à fait sensés et pertinents. Prenons en effet le maire qui dit devant un couple : " Je vous déclare unis par les liens du mariage ". Cet énoncé n'est pas vrai, car le maire ne décrit pas une réalité (les liens du mariage, qui n'existent pas au moment où l'énoncé est prononcé) ; mais il n'est pas faux non plus, car, dans la bonne situation, cet énoncé sera totalement accepté et aura même une efficacité. Il faut donc poser des énoncés qui ne fonctionnent pas selon une logique représentationnelle et véri-conditionnelle, qui ne cherchent pas à dire ce qui est, mais qui ont une autre fonction.<br /> Parmi ces énoncés tout à faits sensés qui ne disent ni le vrai, ni le faux, il existe une classe d'énoncés qui font véritablement quelque chose – une preuve en étant qu'ils modifient la description que l'on va donner de la réalité. Ces énoncés sont appelés par Austin des énoncés performatifs : ils semblent indiquer ce qu'ils font, mais on ne peut expliquer leur action ni en fonction de ce qu'ils disent, ni par leur caractère auto-référentiel. Ainsi, après que j'ai dit " Je te promets de faire la vaisselle ", je suis véritablement engagé à faire la vaisselle, un nouvel engagement est pris, qui n'était pas présent avant cette énonciation. Or cet engagement ne peut pas être pris par une simple description de la réalité : une description n'engage pas comme le fait une promesse. Dès lors, ce n'est pas parce que ce que je dis a pour signification que je promets de faire la vaisselle, évaluable en termes de vérité ou de fausseté, que je promets de faire la vaisselle. Il faut faire intervenir autre chose pour expliquer la réalisation d'un acte qu'une composante purement sémantique.<br /> Si l'action des énoncés ne peut pas s'expliquer par leurs significations, c'est parce qu'elle résulte de l'établissement de certaines conventions, qui vont définir, de manière arbitraire, certaines procédures linguistiques comme réalisations d'actes aux conséquences déterminées et obligatoires. L'action vient ainsi de la reconnaissance sociale qui est accordée, par convention, à certaines paroles. C'est le caractère conventionnel de l'acte de parole qui explique son caractère normatif, puisque les hommes appartenant à une même communauté linguistique ne peuvent faire autrement que de reconnaître la réalisation d'un acte d'un certain type lors de la profération de certaines paroles.<br /> Ces conventions qui définissent les performatifs sont par ailleurs multiples et ne concernent pas qu'un aspect de la réalité linguistique (l'aspect sémantique). La plupart ne sont d'ailleurs pas linguistiques. Elles impliquent ainsi de prendre en compte des paramètres variés (lieu, moment, personnes, habillement, gestes, statut social, passé, etc.), dont la présence ou l'absence déterminent autant de types de ratages possibles des énoncés. Les performatifs peuvent dès lors réussir en fonction de différents paramètres, qui forment autant de conditions de félicité, et non plus de vérité. On voit donc que le langage ne se met plus en place en fonction seulement de ce qu'il dit, mais aussi en fonction de la situation dans laquelle il est dit. Se met ainsi en place une forte dépendance contextuelle de l'usage du langage.<br /> On remarquera qu'il existe deux types d'énoncés performatifs : des performatifs explicites, dont l'action semble explicitée dans le contenu de l'énoncé, et les performatifs implicites qui n'indiquent pas ce qu'ils font. Mais le fait que certains indiquent ce qu'ils font ne leur donne aucune priorité (en fait, selon Austin, ils suivent des seconds) et leur efficacité ne s'explique pas plus par cette caractéristique. Les performatifs explicites sont simplement plus codifiés que les performatifs implicites et résultent d'un travail historique de clarification et n'ont pas de spécificité autre.<br />Puisque certains performatifs sont explicites, on pourrait, en effet, rechercher des critères linguistiques qui permettent de les identifier, et encore rechercher une explication de type sémantique à leur efficacité (l'efficacité de " Je te promets de " s'expliquerait ainsi par le fait qu'il dit que je promets de faire quelque chose). Mais on ne trouvera en fait aucun critère linguistique qui identifie un performatif, car on va comprendre que des énoncés peuvent réaliser la même chose que des performatifs explicites sans dire en rien ce qu'ils font. C'est donc que les critères de ces énoncés sont pragmatiques, et, en réalité, s'appliquent aussi aux énoncés non performatifs. Mais c'est dire que tout énoncé est relatif, pour son efficacité, au contexte ; dès lors, on peut poser que tout énoncé comporte un aspect performatif : tout énoncé peut alors être requalifié comme acte de parole.<br /> Car il convient, en fait, de distinguer trois niveaux actifs dans tout énoncé. Le premier niveau, celui de ce qui est dit (aspect locutionnaire), comporte lui-même trois aspects. Les deux premiers aspects, celui de la profération de sons et de la formulation d'énoncés grammaticalement corrects n'introduisent pas encore à la parole humaine (un perroquet peut les réaliser). Le troisième niveau de l'acte locutionnaire est celui où l'on dit véritablement quelque chose par l'usage des mots. Tout le problème est de savoir si le contenu porté par l'énoncé à ce niveau de réalisation est purement sémantique et indépendant des conditions pragmatiques de réalisation. Austin montrera qu'il n'est purement sémantique qu'abstraction faite de son aspect d'acte de parole. Ainsi, il est exact que l'énoncé " Je te promets de faire la vaisselle ce soir " est un acte locutionnaire au sens où il dit que je promets de faire la vaisselle ce soir. Mais, en réalité (concrètement), il ne peut le dire que parce qu'il est un acte de parole consistant à promettre, c'est-à-dire uniquement parce qu'il comporte un autre aspect. En effet, l'aspect locutionnaire de l'acte, celui où il porte une signification, n'est qu'une façon de décrire l'activité réalisée par l'acte – celle qui consiste à dire des choses douées de sens. Mais cet acte ne forme pas un énoncé complet, car il ne peut pas advenir indépendamment de l'aspect illocutionnaire, tributaire d'un autre mode de description. (Pour le dire autrement, un acte de parole est toujours complet.)<br /> Le deuxième niveau de l'acte de parole, l'aspect illocutionnaire, correspond à l'aspect performatif – celui où l'on fait en disant. Cet acte est accompli quand l'auditoire reconnaît qu'il est accompli, mais il ne se réduit pas pour autant à un simple effet sur l'auditoire, car il possède une forte objectivité qui oblige à sa reconnaissance. Le caractère promissif de l'énoncé " Je te promets de faire la vaisselle ce soir " dérive ainsi du fait que mon interlocuteur le prend nécessairement, dans cette situation, comme un acte de promesse, et non pas du simple fait qu'il comprend ce que cet énoncé veut dire. L'objectivité, dans ce cas, est forte, car elle est conférée à l'acte de parole par les conventions qui définissent ce deuxième niveau. L'action réalisée n'est pas une action naturelle, mais une action conventionnelle, en ce sens qu'elle est définie arbitrairement par une communauté humaine, qui dote de certains pouvoirs l'énonciation de certains mots dans certaines circonstances. Et lorsqu'une action illocutionnaire est réalisée, alors elle s'évalue de manière spécifique, en fonction de ce qu'elle accomplit et du rapport au réel qu'exige cet accomplissement (par rapport, ici, à ce que j'ai promis). Ce rapport au réel est médiatisé par le contenu locutionnaire, qui spécifie partiellement le réel en rapport avec l'action. On peut alors relever un trait marquant de l'acte illocutionnaire : sa capacité à toujours pouvoir être réalisé en première personne. Cela témoigne de la subjectivité qui s'inscrit dans l'acte et qui, par là, s'engage. Une responsabilité est en effet toujours prise quand un acte illocutionnaire est accompli. Par là, une condition par défaut de la réalisation adéquate de l'acte est de le faire sérieusement, sans arrière-pensée, de manière non-humoristique, non feinte.<br /> Le troisième niveau de l'acte de parole est qualifié de perlocutionnaire par Austin : il concerne les conséquences qui s'ensuivent de la réalisation d'un acte illocutionnaire et qui reprennent en partie les effets rhétoriques analysés par Aristote. Comme conséquences, ceux-ci ne sont pas nécessaires, mais résultent de la manière contingente dont l'auditoire prend l'énoncé, comme par exemple quand la maman est triste en assistant au mariage de son fils. La tristesse de la maman n'est pas logiquement impliquée par l'énoncé de mariage, mais elle en est néanmoins une conséquence directe. Par conséquent, les actions perlocutionnaires ne sont toutefois pas indépendantes de l'action illocutionnaire qui en est la cause, mais elles consistent dans une certaine façon de l'appréhender : du point de vue des effets, des suites, parmi une multitude, que celle-ci est susceptible d'engendrer. Mais ce qui distingue bien l'action perlocutionnaire des deux autres types d'actions, c'est son caractère aléatoire : les effets qui s'ensuivent de l'acte illocutionnaire ne sont pas déterminés par cet acte, car ils ne sont pas réglés par convention. Ils sont plus des effets naturels et, par suite, ils n'engagent pas la responsabilité de l'agent au même titre que l'acte illocutionnaire, qui détermine l'agent à un certain nombre de choses. On peut parfois confondre les conséquences (perlocutionnaires) de l'acte avec ses effets (illocutionnaires) nécessaires, notamment parce que la nature humaine réagit à peu près uniformément aux mêmes actes de parole, de telle sorte que l'éventail des réactions perlocutionnaires n'est pas inattendu. Mais toute la différence réside dans le caractère non-normatif de ces conséquences : l'une n'est pas plus nécessaire qu'une autre.<br /> Une fois caractérisés selon leur trois dimensions, les actes de parole sont alors soumis à plusieurs formes d'échecs, selon le type de conditions conventionnelles qui n'est pas respecté par l'agent. Ces échecs peuvent se cumuler, car ils sont eux-mêmes relatifs au mode de description adopté, au point de vue adopté sur l'acte. Un échec ne l'est en effet qu'en fonction du but considéré et comme un acte peut s'inscrire dans différentes pratiques ou servir plusieurs fins à la fois, on peut considérer qu'il échoue de différentes manières. Toutefois, les échecs ont d'abord été identifiés en tant qu'ils concernaient les performatifs, et ils ne concernent pas vraiment le niveau locutionnaire, même si celui-ci joue un rôle dans la réussite de l'acte de parole total, quant à la détermination du rapport à la réalité exigé. En tout cas, les échecs étant relatifs au respect de règles conventionnelles, ils ne peuvent pas affecter le niveau perlocutionnaire qui n'est pas réglé par des conventions.<br /> Comme les échecs de l'illocution sont alors relatifs à l'application de la convention, on comprend qu'ils s'assimilent essentiellement à des échecs dans la reconnaissance de l'exécution de l'acte. Dans ce cas, on ne parvient pas à faire reconnaître la procédure conventionnelle utilisée, c'est-à-dire qu'on ne parvient pas à faire comprendre ce qu'on a voulu faire et à entraîner les conséquences normatives qui s'ensuivent normalement de cette compréhension ou reconnaissance conventionnellement réglée.<br /> Cependant, les échecs relevés par Austin ne permettent pas d'identifier des règles a priori, qui gouverneraient de manière totalement déterminée l'usage du langage. Celui-ci admet bien des variations et les échecs n'ont lieu que lorsque les variations sont trop importantes par rapport au paradigme d'usage accepté dans la communauté linguistique. Les règles ne sont donc pas des principes rigides qu'il faudrait respecter à la lettre ; elles admettent au contraire une marge d'indétermination, qui est suppléée par une interprétation contextuelle de leur application correcte.<br /> Pour mesurer cette application, il faut toutefois considérer le rapport des énoncés avec le réel où ils s'appliquent. Par conséquent, il convient d'analyser la pertinence des actes de parole eu égard à leur contexte. C'est dire que, contre le positivisme logique qui considère que seuls les énoncés constatifs ont un rapport aux faits sous la modalité du vrai ou du faux, Austin montre que tous les actes de parole entretiennent certains rapports avec les faits, en fonction de leur dimension d'évaluation spécifique et du contenu locutionnaire, qui vient le spécifier. Ainsi, l'énoncé " Je promets de faire la vaisselle " entretient un certain rapport à la réalité en ce que son statut de promesse m'engage à transformer l'ordre de la réalité de manière à la réaliser. Elle ne peut par ailleurs être réalisée qu'en fonction de ce qui est dit au travers de cet acte : il s'agit de faire la vaisselle et non pas de promener le chien. Le contenu locutionnaire de l'acte détermine ainsi le rapport spécifique qu'il doit entretenir avec les faits. Par conséquent, la réussite des actes de parole va dépendre de plusieurs rapports aux faits spécifiques, propres aux différentes règles conventionnelles définissant les actes de parole. Chaque règle détermine en effet un certain rapport aux faits, que ce soit un rapport contextuel, un rapport de présuppositions, un rapport de sincérité, etc.<br /> Austin va alors montrer que, parmi ces rapport aux faits, figurent différents types de présuppositions. Tout acte de parole ne réussit en effet qu'à présupposer un certain nombre de faits, qui déterminent la pertinence de l'usage d'un énoncé. Ainsi, généralement, je ne peux te souhaiter de réussir ton examen que si la réussite à cet examen est quelque chose qui t'apporte quelque chose. Est donc présupposé le fait que cette réussite t'est favorable. Mais les présuppositions austiniennes consistent à poser des conditions réelles relatives aux contextes d'usage et non pas des règles nécessaires et a priori de conversation, qu'il faudrait suivre à la lettre en toute occasion. Il peut en effet s'avérer que la situation demande à ce que telle chose ne soit pas présupposée, ou que soit présupposé autre chose, d'autres faits. La position d'Austin est donc contraire à celle de Grice, puisqu'elle ne permet pas de déterminer a priori la situation d'usage correct des énoncés.<br /> Dans le même ordre d'idée, on a souvent tendance à considérer, avec Searle, qu'une des conditions essentielles de réussite des actes de parole est leur doublure par une croyance ou une intention. On prend généralement comme exemple, pour le montrer, le cas de la promesse, qui ne réussirait qu'à être sincère, c'est-à-dire à correspondre à une intention de tenir la promesse. Si je faisais une promesse sans avoir l'intention de la tenir, alors, en fait, je ne promettrais pas. La réalité de la promesse résiderait donc dans l'acte mental ou l'intention qui la sous-tend. Austin montre que cette explication de la promesse est contre-productive et offre justement la possibilité de ne pas s'engager par la promesse, en alléguant l'absence (toujours possible) de l'intention correspondante. En réalité, il faut poser que la condition de sincérité ne réside pas dans l'état d'esprit accompagnant la promesse, mais, bien plus objectivement, dans la procédure conventionnelle utilisée pour la réaliser. Ce n'est pas qu'un engagement mental doive toujours accompagner l'énonciation d'une promesse, mais c'est simplement que cette énonciation engage conventionnellement à la tenir.<br /> Strawson a lui aussi proposé une analyse des actes de parole qui fait dépendre leur bonne réalisation de la reconnaissance des intentions qu'ils exprimeraient. Mais à supposer même que des actes de parole expriment des intentions, celles-ci n'auraient aucune possibilité d'entraîner la réalisation de l'acte de parole, car elles n'ont aucune contrainte normative. Ce n'est en effet pas parce que j'exprime une intention que je m'oblige à quoi que ce soit en fonction de cette intention. Il faut bien plutôt tout le poids de la convention pour que s'ensuive d'une énonciation un certain nombre de conséquences nécessaires. Par conséquent, il convient de rejeter comme illusoires tout aussi bien l'analyse searlienne que l'analyse strawsonienne.<br /> Grice a, quant à lui, proposé de rendre compte de la signification historique portée par les énoncés en contexte au moyen des intentions du locuteur. C'est ainsi parce que j'aurais l'intention de promettre de faire la vaisselle ce soir qu'il faudrait comprendre que je promets de faire la vaisselle ce soir au moyen de l'énoncé " Je te promets de faire la vaisselle " - le caractère promissif dérivant de la reconnaissance de l'intention exprimée. Mais c'est là encore enlever toute objectivité à ce qui est dit et se priver de son identification, en ajoutant un niveau supplémentaire qui empêche bien plutôt toute saisie de l'engagement. Il convient au contraire de déterminer la signification historique portée par un énoncé à la fois par les conventions linguistiques et le contexte d'énonciation.<br /> La qualification intentionnelle des actes de parole a toutefois un sens : elle répond à des conditions normales d'usage. Généralement, en effet, j'agis bien de manière intentionnelle, au sens où je suis conscient de mes gestes, sauf s'il y a des raisons valables de considérer que je ne le fais pas ou ne peux pas le faire. La qualification intentionnelle est donc en réalité une qualification rétrospective par défaut, qui n'a aucun rôle déterminant, ni explicatif.<br /> Par ailleurs, si on rabat toute la charge de l'explication sur les conventions définissant les actes de parole, on ne peut pas distinguer des actes de parole plus conventionnels que d'autres, et donc plus efficaces que d'autres. Ils sont tous définis par le même type de conventions, même si celles-ci sont plus ou moins explicites, codées et n'ont pas toutes la même importance sociale. Par conséquent, ils ont tous le même type d'efficacité. C'est ce nécessaire caractère conventionnel de l'acte de parole qui vient garantir son objectivité, car c'est uniquement parce que la communauté linguistique contrôle mon usage du langage que celui-ci acquiert une normativité. Les conventions déterminant l'objectivité de l'usage de l'énoncé sont de deux ordres : il y a des conventions descriptives qui donnent un contenu linguistique à une phrase, et des conventions démonstratives qui donnent une référence historique à l'énoncé. Ce sont les conventions démonstratives, et non pas des caractéristiques représentationnelles, qui sont nécessaires pour permettre au langage de renvoyer à la réalité, d'en dire quelque chose, en ce qu'elles fixent des conditions d'usage.<br /> En raison de ces conventions, on comprend qu'un énoncé n'acquiert un sens historique déterminé que s'il est adéquat au contexte d'utilisation, puisque les conventions mettent toujours en rapport l'énoncé avec des types de situation, dont il peut alors parler. C'est dire que la seule valeur sémantique de l'énoncé ne suffit pas à déterminer son application. L'adéquation de l'énoncé n'est en effet pas déterminée a priori par les conventions démonstratives, qui ne prévoient pas leur application. Cela laisse la place à l'intervention d'une faculté humaine, le jugement, qui doit venir évaluer, dans chaque contexte d'usage, la pertinence de l'énoncé et son contenu, et ainsi décider quel usage il est fait de l'énoncé à chaque occasion. Mais cette multiplicité des déterminations permises par les conventions nécessite que, pour dire ou faire quelque chose de déterminé par l'usage d'un énoncé, le locuteur prenne un engagement vis-à-vis de ce qu'il dit et du contexte dans lequel il le dit, qui permette de faire reconnaître de manière objective la partialité du contenu de l'énoncé. Car, ainsi, le locuteur situe l'énoncé et se situe par rapport aux circonstances, ce qui permet à tous les interlocuteurs d'évaluer objectivement l'énoncé dans l'espace des possibles interprétatifs ouvert par les circonstances précises de l'énonciation auxquelles renvoie le locuteur. Car, s'il est possible de dire de multiples choses au moyen de l'usage de conventions données dans un contexte donné, toute interprétation de ce qui est dit n'est pas admise dans ce contexte, puisqu'elle est déterminée par la pratique du langage qui y est mise en œuvre et qui exige la prise en compte de certaines conventions et de certains traits contextuels. En m'engageant vis-à-vis de ce que je dis et de la situation dans laquelle je le dis, je permets ainsi de fixer une compréhension donnée de mon énoncé, d'autres n'étant pas admises par la procédure d'énonciation utilisée en ces circonstances. Autrement dit, en m'engageant à l'occasion de l'usage de mon énoncé, je permets de déterminer l'appréciation qu'il mérite à cette occasion.<br /><br /> En identifiant tout usage de la parole à l'accomplissement de certains actes, Austin opère une véritable révolution en philosophie du langage et s'interdit toute conception représentationnaliste du langage, notamment en ce qui concerne les énoncés de connaissance, qui sont censés dire quelque chose du monde. Il s'inscrit par là dans une tradition anti-représentationnaliste oxonienne, dont le principal représentant est J. Cook Wilson, qui refuse toute conception représentationnaliste de la connaissance pour la ramener bien plutôt à des jugements fondés sur des raisons, se distinguant radicalement des jugements de croyances. Mais Cook Wilson fonde la connaissance sur un concept de certitude circulaire, qui provient du caractère absolu des raisons recherchées, en ce que, selon lui, si je sais, je ne peux pas me tromper, car je sais absolument, ou pour des raisons qui ne peuvent pas être remises en cause. En effet, si ces raisons pouvaient être remises en cause, elles ne seraient pas des raisons fondant un savoir, mais seulement une croyance. Or Austin ne peut pas accepter cela : pour lui, il n'y a rien d'absolu, car cela ne permet plus de rien justifier du tout, et les raisons fondant la connaissance seront toujours des raisons relatives à une occasion d'énonciation.<br /> Il faut en fait comprendre qu'un jugement de connaissance s'exprime nécessairement à travers un acte de parole particulier, un acte de parole descriptif, qui vise à dire des choses à propos du monde. Comme tout acte de parole, celui-ci doit respecter des conditions contextuellement déterminée pour réussir à faire ce qu'il vise. Dès lors, ce qui détermine un énoncé descriptif comme un énoncé de connaissance, et non pas comme un énoncé de croyance, ce sont les conditions particulières qui fondent son emploi, qui sont autant de raisons d'utiliser cet énoncé tel qu'on l'utilise. La connaissance doit alors bien être justifiée, et non plus validée, comme le voulait la tradition empiriste dans une optique qui restait représentationnaliste. Il ne s'agit en effet plus de vérifier si mes énoncés correspondent au réel, mais s'ils sont fondés à dire quelque chose du réel. Dès lors, il convient assurément de préserver l'idée que la connaissance, en tant qu'elle s'exprime dans des énoncés, repose sur des raisons de prononcer ces énoncés. Les énoncés de connaissance sont, en effet, des actes de parole comme les autres, fondés sur des raisons. Mais ces raisons de les prononcer, qui fondent une certaine position prise par cet acte, sont relatives au contexte et non pas absolues, comme le voulait Cook Wilson. On n'utilise en effet un énoncé de connaissance que dans des circonstances précises qu'en fonction de raisons qui valent précisément dans ces circonstances précises et qui fondent mon usage. C'est ainsi que mon énoncé de connaissance gagne une objectivité et une prétention légitime à parler du réel – parce qu'il est contextuellement justifié. On aboutit donc à l'idée d'une conception performative de la connaissance, selon laquelle importe plus les conditions d'usage de l'énoncé que sa teneur représentationnelle.<br /> Or Strawson a voulu réutiliser l'idée austinienne de la performativité pour caractériser les énoncés vrais, et ainsi construire une " théorie performative de la vérité ". Dire que P est vrai, ce ne serait ainsi que s'engager en faveur de ce qui est dit par P, ce qui permettrait d'éliminer le prédicat de vérité de la valeur sémantique de l'énoncé. Austin, paradoxalement, récuse totalement cette idée et soutient qu'un énoncé performatif, par définition, ne peut pas être vrai. Austin considère plutôt que la vérité concerne deux choses particulières : d'une part, ces actes de parole particuliers que sont les affirmations, qui décrivent le réel ; d'autre part, les faits du monde dont parlent ces affirmations, tels qu'ils sont appréhendés dans une certaine situation, et non pas dans l'absolu. Il s'agit donc de mettre en relation un contenu situé avec une situation appréhendée dans une occasion particulière d'évaluation – il s'agit de porter un jugement contextuellement déterminé sur l'adéquation entre un énoncé porteur d'un certain contenu à l'occasion de son énonciation et une situation qui demande à être appréhendée d'une certaine manière à cette occasion. Cela implique que le prédicat de vérité n'est pas éliminable, car son attribution prend précisément en compte une relation entre une affirmation et un état du monde, ce qui n'est pas le cas de la simple affirmation, qui ne prend en compte que le réel. Or ce qui est jugé vrai, c'est l'affirmation, et non pas l'état du monde.<br /> Selon Austin, il faut comprendre la vérité comme une relation conventionnelle entre des types de situations historiques auxquelles on fait référence et des situations-types signifiées par les mots utilisés. Il s'agit d'une relation conventionnelle mais qui laisse, là encore, la place à un jugement, qui doit intervenir pour évaluer la relation de correspondance entre ces deux types. Le jugement ne peut cependant pas juger abstraitement de l
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L'organisation temporelle des activités dans l'espace domestique. Interactions, matérialité, technologies

La Valle, Natalia 01 June 2011 (has links) (PDF)
Bien que l'intérêt pour la sphère domestique constitue un enjeux pour la recherche ainsi que pour la conception et l'industrie, les données empiriques restent rares. Dans une perspective praxéologique, interactionnelle et naturaliste, cette thèse contribue à combler ce déficit. Elle identifie -sur la base d'analyses de données audiovisuelles- les procédés langagiers et les ressources mobilisées dans l'organisation du quotidien de deux foyers français. La thèse fournit une analyse de procédés interactionnels, observables notamment dans des échanges entre adultes et enfants, tels que les appels, les injonctions, les verbalisations d'actions, les annonces, les négociations, etc. Ces répertoires d'action, qui se combinent à divers degrés, fonctionnent comme des " donneurs de temps " et participent aussi à l'activation de donneurs de temps écologiques, matériels et artefactuels (téléphones, télévision, objets usuels). La routine, en tant que récurrence de configurations socio-matérielles reconnaissables, doit être appréhendée comme routinisation, comme un processus résultant d'un travail constant des participants. Puisque ce travail est également essentiel à la socialisation des enfants dans un " monde commun ", il apparaît que, du point de vue de la conception, l'introduction de nouveaux services (informatiques et informationnels) dans les foyers ne pourra se fonder sur la simple promotion d'une sophistication ou d'une démultiplication d'éléments techniques
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ACQUISITION PLURILINGUE CHEZ UN JEUNE ENFANT DE VÉNÉTIE : ÉTUDE DE LA FRÉQUENCE D'USAGE DES LANGUES ET DES INDICES PRAGMATIQUES LORS DES INTERACTIONS FAMILIALES

Ghimenton, Anna 08 December 2008 (has links) (PDF)
Cette thèse porte sur le développement langagier d'un enfant de Vénétie (nord-ouest de l'Italie), Francesco, suivi entre 17 et 30 mois. Dans cette région se côtoient quotidiennement l'italien et des variétés dialectales. Nous examinons les patrons des choix langagiers de cet enfant et nous les mettons en relation avec ces mêmes patrons dans la parole qu'il perçoit directement et indirectement de ses interlocuteurs. Deux types de situations constituent ce corpus : des échanges dy-triadiques entre l'enfant et ses parents (15h07, soit 6.430 énoncés transcrits) et des interactions multipartites entre l'enfant et les membres de sa famille élargie (19h50, soit 12.084 énoncés transcrits). En prenant appui sur les approches basées sur l'usage (Tomasello, 2003) et le modèle de compétition de MacWhinney (2005), nous tentons d'élucider les processus acquisitionnels concernant les choix de langues dans un contexte où ils sont fortement variables. Trois aspects définissent la spécificité de ce travail : 1/ il a été conduit dans une situation de contact où les variétés des répertoires se répartissent au long d'un continuum et où l'enfant doit apprendre à effectuer des choix codiques appropriés au contexte interactionnel ; 2/ l'exploration des productions dans différents types d'interactions permet de repérer divers modes d'apprentissage (statistique et pragmatique) et, 3/ les résultats documentent les rôles de l'input indirect et des enjeux pragmatiques dans la transmission de variétés minoritaires. Une approche interdisciplinaire permettra d'examiner ces trois points sous un éclairage alliant dialectologie, psycholinguistique et sociolinguistique.
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La théorie de l'intégration conceptuelle appliquée à la métaphore et la métaphore filée

Gréa, Philippe 30 November 2001 (has links) (PDF)
La métaphore est un concept porteur d'une double instabilité : définitoire et phénoménale. Notre travail débutera donc par une analyse épistémologique du champ théorique de la métaphore. Deux approches générales de la métaphore, distinctive et non distinctive, seront envisagées en détail. Nous serons alors amenés à tourner notre attention vers les approches textuelles de la métaphore. Nous prendrons comme base de travail les concepts de l'intégration conceptuelle mais non sans avoir préalablement établi un travail critique qui prend en compte les concepts de la sémantique indexicale et interprétative : (1) Nous réduirons la région d'application de l'intégration à la seule métaphore. Deux logiques distinctes interviendront désormais : logique de conformité vs. logique d'intégration (2) Nous réduirons la force de la référence, qui détermine pour l'essentiel le contenu des espaces mentaux, en faisant appel aux représentations sémiques (3) Nous montrerons que les espaces initiaux, loin d'être donnés, sont construits à l'intérieur d'une activité de thématisation. Après une description du cas de l'énoncé absurde, notre raisonnement nous amènera à considérer que toute métaphore est, nécessairement, une métaphore filée. Nous bénéficierons ainsi d'une délimitation claire de notre objet : la métaphore se fonde sur le déploiement de deux thématiques volontairement distinguées, deux thématiques dont les éléments thématisés présentent l'intérêt de pouvoir être réintégrés dans un nouvel espace pour produire un grand nombre d'implicitations nouvelles et originales. Une fois l'objet délimité, nous explorerons ses propriétés formelles. Nous mettrons ainsi en relief la nature conviviale de la métaphore filée et préciserons son impact sur le degré d'optimalité d'un réseau d'intégration. Nous appliquerons enfin notre appareil théorique au parler ordinaire et à la poésie surréaliste : deux types extrêmes de donnée qui nous permettront d'affiner nos concepts et de vérifier leur validité.
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Recherches sur l'articulation entre la logique et le raisonnement mathématique dans une perspective didactique. Un cas exemplaire de l'interaction entre analyses épistémologique et didactique. Apports de la théorie élémentaire des modèles pour une analyse didactique du raisonnement mathématique

Durand-Guerrier, Viviane 16 June 2005 (has links) (PDF)
Cette note de synthèse rédigée en vue de soutenir une habilitation à diriger des recherches (HDR) a comme but de proposer une relecture de l'ensemble de travaux de recherche que je conduis depuis une quinzaine d'année sur l'articulation entre la logique et le raisonnement mathématique à la lumière de la théorie élémentaire des modèles de Tarski, qui joue ici le rôle de référence épistémologique pour les analyses didactiques. Une première partie présente les aspects de la théorie des modèles que j'ai retenu pour les études didactiques, ainsi qu'un exemple de l'utilisation de ce cadre pour repenser les questions de vérité, de validité, de nécessité et de certitude. La suite du document développe les analyses suivant trois axes : un retour sur les connecteurs logiques au-delà des tables de vérité ; un questionnement de différentes pratiques ordinaires dans la classe de mathématiques concernant la gestion des questions de quantification ; l'interprétation des énoncés mathématiques sous les angles syntaxique, sémantique et pragmatique. Ceci permet de réinterpréter un certain nombre d'erreurs classiques de logique ; de réduire la distance supposée entre logique de sens commun et logique mathématique et de s'interroger sur certains choix d'enseignement eu égards en particulier aux objectifs d'apprentissage visés en terme de rigueur.<br />Les résultats obtenus dans ce cadre théorique général permettent d'envisager un programme de recherche suivant deux axes complémentaires. Le premier axe concerne le développement des travaux visant à élucider le rôle que joue le formalisme logique dans l'élaboration des connaissances mathématiques au niveau de l'enseignement universitaire en lien avec la mise en œuvre d'ingénieries didactiques. Le second axe concerne la poursuite des recherches amorcées sur le croisement entre analyses didactiques et analyses dynamiques du discours dans la classe de mathématiques en mobilisant les ressources offertes par la sémantique logique.

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