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Les procès-verbaux sur la commodité et l'incommodité des districts paroissiaux de Mathieu Benoît Collet (1721)Dubois, David 11 April 2018 (has links)
C'est en février 1721 que débute une enquête qui mène Mathieu Benoît Collet et Nicolas Gaspard Boucault aux quatre coins de la colonie canadienne sur la commodité ou l'incommodité des districts paroissiaux. On reprend ainsi la coutume française qui exige de prendre en compte l'opinion des personnes visées par tous changements des limites paroissiales. Mandatés par les autorités coloniales, les deux hommes se déplacent à la rencontre de milliers de paroissiens de toutes qualités. Cette démarche vise à recueillir les impressions des gens sur la situation qui prévaut dans leur paroisse. Dans l'optique d'une réorganisation des paroisses et de leurs limites, les enquêteurs tentent de questionner les gens sur la viabilité de nouvelles entités et sur les incommodants qu'un tel processus pourrait enrayer. Ce sont 65 paroisses qui sont ainsi visitées par les deux administrateurs de Québec. Des gens de fonction tels les curés, seigneurs, officiers militaires, officiers de milices, notaires, marguilliers se présentent en grand nombre. Les simples habitants sont également au rendez-vous. Nous y voyons alors un portrait de la société rurale canadienne rassemblée sous un même toit pour discuter de l'avenir de ses communautés. L'engouement d'une telle enquête pour la population rurale est représentatif de l'importance que les gens accordent au cadre social et au lieu de socialisation qu'est la paroisse. Les paroissiens profitent de l'occasion pour exprimer leurs insatisfactions de toutes sortes, sur ce qui les incommode. Les informations recueillies sont par la suite compilées sous forme de procès-verbal. Ces documents serviront par la suite aux autorités afin de statuer sur les nouvelles limites entérinées par un arrêt royal en 1722. Étant une source partiellement exploitée des historiens, les procès-verbaux de Collet sont pourtant une mine de renseignements sur la société rurale de Nouvelle-France. Ce mémoire veut lever le voile sur cette enquête et sur sa contribution à la compréhension de l'histoire du XVIIIe siècle canadien. / Québec Université Laval, Bibliothèque 2014
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Voix de marronnage dans la littérature française au XVIIIé siècle / Voices and Ways of Marrooning in 18th-Century French LiteratureDanon, Rachel 13 December 2012 (has links)
Cette thèse vise à comprendre les postures de résistances et de fuites que les esclaves africains ont constamment opposées au système colonial esclavagiste. Faute de témoignages directs, du fait de l’absence d’équivalent français aux slave narratives anglophones, nous avons tenté d’exhumer ces paroles étouffées en analysant leurs reconstitutions dans les textes d’auteurs français du XVIIIe siècle qui les ont recueillies et mises en scène, entre 1730 et 1792. Nous avons essayé de comprendre les multiples formes de résistances actives auxquelles ont participé ces sujets historiques, qui ne sont souvent représentés par l’historiographie que comme des victimes passives.Notre travail étant d’ordre littéraire, nous avons problématisé les structures et les formes de l’énonciation présentes dans ces textes secondaires et apparemment dérivés, appartenant à une grande variété de genres. Qu’est-ce qui parvient à y filtrer des voix du marronnage, à travers leurs multiples modalités de transmission, traduction, trahison ? De quels types de résistances à l’oppression esclavagiste et coloniale portent témoignage ces textes écrits en français à l’époque des Lumières ? En quoi les outils de l’analyse littéraire peuvent-ils nous aider à éclairer leurs enjeux historiques, politiques et culturels ? Ces questions sont abordées à travers une analyse fine de quelques récits de rebellions, de prises de paroles, de détournements, de fuites, et autres formes de résistances relevant du marronnage, tels que ces récits apparaissent dans la langue des colons. En conclusion, nous tentons de relier ces textes anciens à certaines écritures récentes de littérature caribéenne. / This dissertation, entitled Maroons’ Voices in 18th-Century French Literature, attempts to understand the various modes of resistance and escape which African slaves have constantly opposed to the colonial system of slavery. In the absence of slave narratives in French, our goal was to hear their lost voices through a close analysis of their echoes within texts written by a number of French authors who staged them, with many diffractions and deformations. Emphasis is put on the agency expressed in these countless forms of resistance, by populations who are too often misrepresented as passive victims.This study being literary in nature, it focuses on the structures and forms of enunciations encountered in these apparently derivative works written between 1730 and 1792, in order to frame the refracted presence of maroons’ voices through their transmission, translation, and deformations. What types of resistance to colonial oppression filter through these indirect and often ambivalent forms of literary testimony? How can a literary sensitivity help us grasp their historical, political and cultural stakes? Such questions are discussed through a series of close readings of selected narratives of escape, denunciations, struggles, rebellion and vengeance, taken from a variety of literary genres, all written in the colonizers’ language. In conclusion, these texts written 300 years ago are revisited in the light of recent developments in Caribbean writings.
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La "FOUTERIE" versus les émois grandiloquents : étude de l'évolution du langage libertin à travers Le sopha de Crébillon fils et La philosophie dans le boudoir de SadeLavoie, Liette January 2007 (has links) (PDF)
Le libertinage, en plus d'être associé à une esthétique littéraire circonscrite à quelques décennies, a été un art de vivre, une étape cruciale dans le processus d'émancipation de l'Homme. Ce sont les libertins qui, à partir du XVIIe siècle, ont posé un regard critique sur tout ce qui se présentait comme une entrave à la liberté, sur les tyrannies religieuses, politiques, intellectuelles ou morales. Les pulsions physiques ayant subi de graves oppressions pendant l'Ancien Régime, il était inévitable que la sexualité devienne un enjeu majeur, voire le symbole même de l'affirmation de soi. Les romans libertins, qui remportent un franc succès malgré les interdits dont ils sont frappés, sont toutefois bien davantage qu'une présentation de scènes de débauche. Ils mettent en place des stratégies stylistiques et rhétoriques qui visent à dire la sexualité et, ultimement, à influencer les mentalités. Cette langue libertine se révèle être feutrée ou audacieuse, flamboyante, hypocrite ou irrévérencieuse selon les périodes qu'elle traverse. En effet, des débuts de l'époque libertine à sa chute irrémédiable au tournant du siècle, en passant par son apogée vers les années 1730, cette langue subit des métamorphoses foudroyantes que nous avons choisi d'analyser à partir de deux romans représentant les moments-clés. Rédigé en 1739 dans une langue fleurie et grandiloquente, Le Sopha de Crébillon fils incarne l'esprit de la période dorée du libertinage alors que La Philosophie dans le boudoir de Sade, paru en 1795, est plutôt saturé de mots interdits et d'idées scandaleuses qui laissent entrevoir l'émergence de l'écriture moderne. Les écarts entre ces oeuvres, tant en ce qui concerne le sujet et le style que le contact avec le lecteur, nous permettront de cerner les objectifs recherchés par les deux auteurs. Se détachant d'une part graduellement des anciens modes de pensée, ces écrivains manifestent un attachement marqué pour certaines réflexions du XVIIIe siècle. Nous nous intéresserons donc, dans un premier temps, aux emprunts faits aux discours philosophiques, techniques rhétoriques et lieux communs de la conversation mondaine afin de déterminer si leur entreprise de séduction se base davantage sur l'art de plaire ou sur celui de persuader. Nous poursuivrons par l'analyse des traits stylistiques qui les distinguent de la norme langagière de leur époque. Notre démarche procèdera de l'analyse minutieuse des marques textuelles comme le lexique et les figures afin de cerner le style de chacun. Si les écarts de Crébillon manifestent une tendance à camoufler les critiques sociales derrière l'ambiguïté et l'ironie, ceux de Sade visent à détruire les normes langagières par un excès de crudité. Nous verrons enfin si ces deux ouvrages licencieux s'inscrivent dans le genre pornographique. De plus en plus modernes d'autre part, les auteurs des Lumières commencent à réaliser l'importance du lectorat et à développer des techniques de communication. Nous nous intéresserons dans un troisième chapitre à la structure dialogique qui implique le lecteur dans Le Sopha, aux stratégies de répétition qui visent à anéantir sa sensibilité dans La Philosophie dans le boudoir, ainsi qu'à la présence commune de personnages-lecteurs qui ont pour objectif d'indiquer le mode de lecture à adopter. Nous constaterons enfin que cette conception de la littérature comme outil pour critiquer, imposer son individualité et influencer le public évolue rapidement vers la Modernité. Bref, il s'agit de voir comment ces deux écrivains ont participé à la transformation de la langue libertine en langue moderne. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Libertin, Liberté, Langue, Lumières, Dix-huitième siècle, Crébillon, Sade.
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La technique physiognomonique de J.K. Lavater et son influence sur le personnage de romanBlackburn, Patricia January 2008 (has links) (PDF)
Le traité de physiognomonie de J. K. Lavater, L'Art de connaître les hommes par la physionomie, publié en 1775-78, aura un impact significatif sur la technique du portrait dans le roman européen à partir de 1790 environ jusqu'à la fin de la première moitié du XIXe siècle. Plusieurs écrivains se réfèreront à la méthode de lecture et de classement des signes établie dans cet ouvrage pour décrire leurs personnages. C'est sur ce lien étroit qui s'installe entre le roman et la physiognomonie que nous destinons ce mémoire en tentant de comprendre, d'un premier côté, comment le système développé par Lavater rejoint les nécessités organisationnelles du roman et, d'un second côté, comment les écrivains donneront aux théories une nouvelle forme de développement qui survivra à la discipline elle-même. Pour ce faire, nous nous appuierons principalement sur l'oeuvre de Balzac, considéré comme l'écrivain de la génération de 1830 qui s'est référé le plus souvent et le plus ouvertement aux théories de Lavater. Dans La Théorie de la démarche par exemple, il reprend littéralement un fragment du traité pour structurer un système sémiotique qui convient au cadre fictif du roman et à un objectif d'analyse sociale. Grâce à la relation que le récit permet d'établir entre le portrait et l'histoire, nous pourrons aussi voir comment Balzac parvient à exploiter le plein potentiel de la technique du portrait établie par Lavater, et comment cette exploitation témoigne du changement qu'aura pu entraîner la physiognomonie sur le mode de construction du personnage dans le roman de cette période. Une telle étude suppose que l'on retourne d'abord aux origines antiques de la discipline physiognomonique afin de comprendre pourquoi et comment J. K. Lavater réactive cette ancienne technique médicale dans un contexte où la rationalité scientifique domine. Pour ce faire, nous devrons réfléchir les différents facteurs qui ont entraîné, à la fin du XVIIIe siècle, un changement de rapport au corps, que ce soit dans le domaine de la science (l'avènement de l'électricité, le développement de la médecine physiologique, le développement des systèmes de classification dans les sciences de la nature) ou dans le contexte politique et social (la Révolution et la naissance des grandes villes). Nous pourrons ensuite montrer comment ce contexte favorisera un rapport plus étroit entre l'art et la science, et par là même, une appropriation, par plusieurs écrivains, des techniques scientifiques pour décrire leurs personnages. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Physiognomonie, Personnage, Sémiotique, Description portrait.
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Artisans et industries en milieu rural au Québec avant 1851 : l'exemple de l'Île JésusLogette, Jérôme January 2006 (has links) (PDF)
Notre travail s'inscrit dans le courant d'étude qui vise à redécouvrir l'histoire rurale québécoise avant le milieu du XIXe siècle. Nous nous sommes intéressé à la population rurale non agricole, le secteur artisanal et industriel en particulier, à partir de l'exemple de l'île Jésus. Le mémoire poursuit trois axes de recherche. En premier lieu, nous avons cherché à mesurer l'importance et la vitalité de ce secteur d'activité. Nous avons pu voir que l'artisanat apparaissait de façon concomitante avec la formation d'une communauté dans la seigneurie. Au cours de la période étudiée, les artisans, loin de former un groupe marginal, représentent le deuxième groupe professionnel dans cette campagne. Jusqu'au milieu du XIXe siècle, leur vitalité ne se dément pas. Par ailleurs, dès le départ et tout au long de la période étudiée, ce groupe apparaît diversifié et capable de répondre à la demande d'une population agricole. Au fil du temps, cette diversité s'est étoffée et les artisans se sont progressivement spécialisés.
Nous nous sommes ensuite interrogés sur la condition artisanale à l'île Jésus. À partir des contrats d'apprentissage, nous avons pu constater que les conditions de travail des aspirants au métier ne semblent pas s'être détériorées au fil de la période. Nous avons vu également le travail des artisans se modifier au cours de la période. Au début du XVIIIe siècle, les artisans semblent devoir être polyvalents et se consacrer à l'agriculture en parallèle de leur métier. En revanche, au cours de la période, ils se spécialisent progressivement et ils semblent abandonner leurs exploitations pour se consacrer à leur seul métier.Enfin, dans la première moitié du XIXe siècle, nous avons cherché à mesurer l'importance de l'industrie naissante dans cet espace et les transformations qu'elle apporte sur le groupe d'artisans, alors que parallèlement, la population connaît une forte croissance. Il semble qu'à l'île Jésus, l'industrie ait occupé une place marginale. Elle ne semble pas avoir pu représenter un exutoire à l'augmentation de la population. L'artisanat, par ailleurs, n'a pu tenir ce rôle puisque, en proportion, le secteur n'a pas augmenté sensiblement pendant cette période. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Métier, Travail, Fabrication, Histoire rurale, Artisanat, Apprenti, Apprentissage.
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Expographie, critique et opinion : les discursivités du Salon de l'Académie de Paris (1750-1789)Pichet, Isabelle 12 1900 (has links) (PDF)
L'objet central de cette étude se définit autour de la mise en exposition des Salons de l'Académie de peinture et de sculpture de Paris dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Les Salons ont toujours été considérés comme le lieu de l'éclosion de la critique d'art, mais très rarement perçus comme une exposition du point de vue muséologique. Dans cette optique, la distribution des tableaux en tant que discours construit, par le tapissier d'une part et par le public d'autre part, servira de fil conducteur à cette thèse. L'objectif premier est d'analyser un fragment de l'histoire de l'art en France, celui des Salons entre 1750 et 1789, et de l'étudier comme agent et culturel de cette époque. Le but ultime de la thèse est de démontrer que la mise en exposition au Salon est productrice de discours et que ceux-ci permettent aux publics des Salons de se forger une opinion personnelle ainsi que collective. Pour ce faire, j'entends examiner les tenants et les aboutissants de cet arrangement (discursif) afin de démontrer que la disposition des œuvres proposée au Salon n'est pas gratuite mais structurée et intentionnelle. L'hypothèse centrale propose que la mise en exposition des Salons de l'Académie contient un discours et, par conséquent, offre un espace discursif public, favorisant l'émergence de l'opinion personnelle et collective, ainsi que le développement d'une pensée sociale. Il s'agit de déterminer comment l'arrangement des œuvres aux Salons se matérialise en discours. Une analyse de la structure langagière de la mise en exposition s'impose et permet de relever certaines règles de base ou conventions qui régissent l'organisation des peintures : l'accrochage à touche-touche, le goût, l'harmonie, la symétrie, les caractères et la hiérarchie des genres. L'utilisation de ces conventions dans l'organisation de l'espace d'exposition semble donner lieu à la production et la diffusion d'un discours spécifique aux expositions. La distribution des œuvres et la reconnaissance des codes par le visiteur le guident dans la lecture d'un message et lui suggèrent des relations entre les objets exposés. Les échanges de similitudes et de contrastes à propos des œuvres, qui apparaissent dans les commentaires des Salonniers, livrent une lecture spécifique de la mise en exposition et produisent un modèle de lecture : la comparaison. Les choix faits par le tapissier dans la distribution des œuvres et l'utilisation de conventions dites « familières » dirigent le visiteur dans la lecture du message proposé au Salon. En confrontant les représentations visuelles des Salons et les textes critiques, il semble possible de faire ressortir l'impact de la mise en exposition du Salon sur le visiteur. Pour ce faire, je propose une analyse des Salons de 1753, 1767, 1779 et 1785, soit un par décennie, et du discours de chacun des tapissiers s'y rapportant, soit Jacques-André Portail (1695-1759), Jean-Baptiste Siméon Chardin (1699-1779), Louis-Jean-François Lagrenée l'aîné (1724-1805) et Amédée Van Loo (1718-1795). L'utilisation des conventions et du modèle de lecture comme points de repère permettent aux visiteurs de circonscrire la construction de l'arrangement des œuvres dans ce Salon. Ainsi, le pouvoir discursif de l'exposition amène le public à développer ses connaissances artistiques, à exercer sa capacité de juger et à formuler un discours critique et une opinion personnelle. Les multiples observations faites par les auteurs des écrits sur l'exposition, les artistes et les œuvres, démontrent l'influence du discours muséal sur leur point de vue et leur opinion. L'usage répété de cette aptitude à critiquer, la fréquentation régulière du Salon, les échanges entre les particuliers et la diffusion oralement et par l'écrit des idées et des modèles artistiques laissent entrevoir la formation d'un jugement ou d'une opinion personnelle et même collective. Dans cette optique, la mise en exposition des Salons et son pouvoir discursif deviennent un catalyseur de la pensée sociale de cette période. Les résultats de l'analyse du Salon de 1753, par exemple, permettent d'appuyer mon hypothèse et ma méthode de travail, même si les conclusions diffèrent de celles recueillies au sujet des Salons de 1767, 1779 et 1785. Contrairement aux trois autres Salons, les comparaisons entre les œuvres ne s'établissent pas tout à fait de la même manière, les différences naissent plutôt dans le ton ou dans les éléments critiqués. De plus, toujours en 1753, une grande majorité des Salonniers discute et critique l'opinion manifeste : celle des autres commentaires et écrits qui paraissent sur le Salon, tandis qu'en 1779, notamment, un plus grand intérêt est porté sur l'opinion sous-jacente : celle de l'autre, d'un accompagnateur ou des autres visiteurs. Ces différences mettent en relief les particularités des commentaires des quatre Salons mis à l'étude et définissent les caractéristiques du discours expographique et des opinions personnelles ou collectives pour chacun des Salons afin de proposer un portrait plus général de l'évolution et de l'impact du discours expographique des Salons dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Salons, Académie royale de peinture et de sculpture, exposition, discours, tapissier, critique, opinion, espace public, Paris, XVIIIe siècle.
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Poésie et chansons populaires à Paris dans les années 1750 : analyse d'un processus de politisation de la sociétéBeaudoin, Julie 04 1900 (has links) (PDF)
Les chansons populaires et les bouts rimés, sources trop longtemps négligées par l'historiographie, offrent une lunette d'observation originale pour qui désire étudier une société. À travers leurs propos, il est permis de découvrir les traces d'une culture populaire où une multitude d'informations circule dans toutes les classes sociales, démocratisant ainsi l'accès à l'information grâce au caractère oral souvent attaché à la forme brève versifiée. Réfutant l'idée d'opposition entre une culture populaire et une autre réservée aux élites, l'analyse de la poésie d'actualité à Paris au début de la seconde moitié du XVIIIe siècle permet d'affirmer l'existence d'une « culture ordinaire » où tous ont la capacité d'acquérir des bases communes. Parmi celles-ci il est permis, à l'aide d'une analyse sérielle, qualitative et d'une confrontation des propos de la poésie d'actualité et d'une écriture de témoignage, de dégager une importante présence d'informations politiques participant alors à une politisation ordinaire de la société. Les chansons et les bouts rimés circulant dans les années 1750 donnent l'occasion au peuple de s'initier à la politique du royaume et ce processus est stimulé par une culture du divertissement dans laquelle la poésie d'actualité s'inscrit. L'étude comparée des propos des chansons et bouts rimés permet de déceler la présence d'une opinion publique défavorable à la monarchie qui prend racine dans toutes les classes sociales de la population allant jusqu'à témoigner de la désacralisation royale qui s'amorce au tournant des années 1750. De ce fait, l'analyse de la poésie d'actualité nous offre la possibilité de découvrir un médium de communication puissant et qui, grâce à son caractère oral, démocratise l'accès à l'information bien plus que les livres et gazettes qui sont, à l'époque, l'apanage d'un groupe plus restreint de lecteurs.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : chanson, poésie, culture, politique, satire, Paris, XVIIIe siècle
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La généalogie d'une figure de l'angoisse : formes, pratiques et représentations de la place de Grève (Paris, 1667-1789)Allard, Julie January 2008 (has links) (PDF)
Cette thèse interroge un lieu central de la capitale française (l'actuelle place de l'Hôtel de Ville) et vise à saisir, en amont, les processus qui font de la place de Grève une figure de l'angoisse au début du XIXe siècle. Au cours des dernières années, les recherches sur les villes médiévales et modernes ont révélé la richesse de l'espace comme problème théorique et historique. Cette thèse s'inscrit dans les travaux récents qui tentent de comprendre comment l'espace urbain est produit et comment, en retour, celui-ci « produit » du social, du politique et du culturel. Les changements observés sont saisis dans le temps long et tiennent compte des transformations qui s'opèrent aux XVIIe et XVIIIe siècles dans les façons de concevoir, d'organiser et de réguler l'espace urbain. À la fois cause et conséquence de ces changements, la réorganisation des institutions parisiennes à la fin du XVIIe siècle et l'uniformisation progressive des pratiques des autorités sur des territoires à la fois partagés et contestés témoignent de l'émergence d'une nouvelle conception de l'espace urbain. Lentement élaborée à travers la pratique, malgré la diversité des corps et leur rivalité éventuelle, cette conception fait de l'espace urbain un territoire plus homogène, organisé depuis un centre et dans lequel les fonctions doivent être distribuées de manière utile. Située au centre de Paris et ouverte sur la Seine, la Grève est la plus ancienne place publique de la capitale. Site d'une activité commerciale et portuaire ancienne, étroitement associée à l'origine du gouvernement municipal et lieu de représentation des pouvoirs publics, elle est un espace hybride et polyvalent doté d'une forte charge symbolique. Au milieu du XVIIIe siècle, c'est un lieu complexe, chargé et tendu, livré en partage à des usages concurrents. Si la forte charge symbolique de la Grève tient largement à l'hybridité du lieu et à sa polysémie, l'action des autorités invite toutefois à reconsidérer cet espace, son sens, ses usages et ses formes. L'évolution de l'utilisation cérémonielle de la place dans la seconde moitié du XVIIIe siècle révèle la transformation des pratiques des autorités qui, de plus en plus, vont dans le sens d'une spécialisation des lieux urbains pour des raisons à la fois fonctionnelles, sécuritaires, esthétiques et symboliques. Ainsi, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, alors que les fêtes et les réjouissances, qui avaient jusque-là constitué une dimension importante de l'occupation cérémonielle du site, tendent à reculer, les exécutions publiques s'y concentrent. Une réflexion similaire est poursuivie par les aménageurs qui s'interrogent eux aussi sur les sens, les usages et les formes de la place, mais dont l'action est compliquée par la polysémie du site. Diversement revendiquée par les acteurs, la Grève est à la fois perçue comme le lieu d'origine du pouvoir municipal et bourgeois, le symbole de l'identité civique, un lieu de glorification de la monarchie, le principal lieu d'exercice de la justice royale et un lieu de rassemblement populaire et ouvrier. Au XVIIIe siècle, les hésitations et les échecs des projets de réaménagement de la place témoignent de l'écart entre les représentations des acteurs et de la fertilité des sens du lieu. Surtout, ces échecs successifs ont pour résultat de préserver presque intacte, au coeur de la ville, une forme urbaine que tous jugent pourtant archaïque et dangereuse pour l'organisme urbain. Si les formes, les pratiques et les représentations du lieu sont partiellement orientées par l'action des élites et des autorités, la place offre toutefois autant de possibilités que de contraintes aux individus et aux groupes qui peuvent se l'approprier de diverses manières. À la fin du XVIIIe siècle, à travers une série de contestations et de négociations, la place est étroitement associée aux ouvriers du bâtiment qui s'y rendent traditionnellement pour l'embauche. En juillet 1789, elle est investie symboliquement par les nouvelles institutions municipales et ses usages sont détournés par la foule révolutionnaire. Perçus comme autant de détournements et de subversions, ces usages autonomes de l'espace, hors des cadres fixés par le pouvoir, contribuent à nourrir la crainte du désordre que la place faciliterait. Perçue à la fois comme un environnement malsain et insalubre, fréquenté par une population migrante, marginale et violente, la Grève cristallise les anxiétés sociales au début du XIXe siècle. Elle devient une véritable figure de l'angoisse dans les romans noirs où son évocation seule suffit pour illustrer les dangers et les bas-fonds de la capitale. Ouvrages populaires, peu coûteux et largement diffusés, ces oeuvres de fiction fonctionnent à la manière d'une caisse de résonance et contribuent à forger et « embellir » cet imaginaire angoissant du lieu. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Paris, Place publique, Place de Grève, Production de l'espace, Espace urbain, Histoire urbaine.
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"Inspirer la crainte, le respect et l'amour du public" : les inspecteurs de police parisiens, 1740-1789Couture, Rachel 03 1900 (has links) (PDF)
L'étude des inspecteurs de police parisiens du XVIIIe siècle est négligée par l'historiographie, hormis par quelques travaux d'histoire traditionnelle qui en dressent un sombre portrait et d'autres d'histoire sociale des années 1980 qui l'abordent indirectement. Afin de combler cette lacune, la présente enquête se consacre à la compréhension de l'organisation du métier à compter de 1740, moment de la refondation de la compagnie des inspecteurs de police, jusqu'en 1789, celui de sa dissolution. L'intérêt d'étudier l'évolution de son fonctionnement professionnel est manifeste dans un contexte de réorganisation policière au long cours, qui s'inscrit dans le sillage de la création du guet (1666), de la lieutenance de police (1667) et des inspecteurs de police (1708). Trois pôles d'étude structurent la démonstration de la professionnalisation des inspecteurs de police, chacun correspondant aux aspects principaux de la définition de ce processus : primo, l'affermissement des modalités d'accès au métier et la stabilisation de son organisation interne; secundo, la normalisation des pratiques et la constitution de savoirs policiers spécifiques; tertio, la légitimation des personnels et de leur action. En premier lieu, l'approche prosopographique des 80 inspecteurs de police en service entre 1742 et 1789 figurants dans l'Almanach royal relève le resserrement des exigences professionnelles au moment de l'entrée en fonction. Mettant à profit un corpus étendu d'archives administratives, notariales et réglementaires, l'enquête dresse le portrait socioprofessionnel des inspecteurs de police d'après 1740, distincts de leurs homologues du début du siècle. Ainsi, l'amélioration concrète de la sélection des recrues, la codification de la formation et des itinéraires professionnels, et l'augmentation des revenus étayent l'argument de la respectabilité accrue des inspecteurs de police et de la régulation de leur organisation après 1740. En second lieu, la spécialisation des pratiques témoigne de la codification de l'exercice du métier d'inspecteur de police hors des cadres du droit. Les diverses dimensions du processus de spécialisation policière induisent en effet son affranchissement progressif de la justice. Le développement des bureaux et des départements de police ainsi que le mouvement de répartition des tâches et de définition de savoirs policiers spécifiques participent à la rationalisation du service. Appréhendée à travers les archives du département de la sûreté, l'étude a relevé le rôle central joué par ces inspecteurs spécialistes tant dans le système d'information bureaucratique que dans la production de l'enregistrement, de mieux en mieux formalisé. L'établissement de leurs pratiques a aussi permis de cerner la collégialité de leur action, système qui assure la permanence et l'efficacité du service par le partage des informations et des revenus. Leurs interactions avec les commissaires au Châtelet, pour leur part, s'harmonisent suivant la codification du protocole de travail et de la clarification de la répartition des tâches. Plutôt que concurrents, ces officiers s'avèrent complémentaires. L'inspecteur s'occupe des enquêtes préliminaires, en amont de l'instruction judiciaire, alors que le commissaire légalise la procédure. En troisième lieu, les mesures de légitimation des inspecteurs de police déployées par les autorités composent le dernier aspect de l'analyse du processus de professionnalisation. L'examen montre que la majorité des moyens employés cherche à répondre aux critiques naguère adressées aux inspecteurs de police, qualifiés d'occultes, d'autoritaires et de distants de la population. La militarisation des inspecteurs de police, l'ancrage dans leur quartier d'affectation, l'insertion communautaire et l'encadrement disciplinaire concourent non seulement à la régulation professionnelle d'un corps d'officiers de police en quête de légitimité, mais marquent aussi leur plus grande acceptation au fil de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Les inspecteurs de police cherchent ainsi à se faire reconnaître et semblent généralement y parvenir après avoir jugulé la crise de l'émeute des enlèvements des enfants en 1750. La préservation de l'image de la police passe également par la répression des manquements envers ses représentants. L'analyse suggère que les inspecteurs de police constituaient une cible secondaire de la hargne populaire, qui est davantage dirigée envers leurs subalternes. Au final, l'examen du métier des inspecteurs de police parisiens de la seconde moitié du XVIIIe siècle lève le voile sur leur professionnalisation graduelle, ce qu'avait occulté la légende noire distillée par les pamphlétaires au tournant de la Révolution. Au-delà de cette image caricaturale des inspecteurs de police, les transformations professionnelles s'avèrent considérables sur les trois fronts examinés. L'organisation interne se régularise, les méthodes de travail se codifient et se spécialisent et leur reconnaissance s'affirme, ce qui atteste la solidification progressive de leur assise professionnelle au fil du siècle.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Police, Paris, XVIIIe siècle, Inspecteur de police, Sûreté, Professionnalisation
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Les arrêtés des assemblées générales des sections parisiennes : de la parole du peuple à l'élaboration de la loi en l'an I de la République (1792-1793) / Orders of the the general assemblies of Parisian sections : from popular voice to the drafting of laws in the beginning of the First French RepublicGuermazi, Alexandre 20 May 2017 (has links)
Les arrêtés des assemblées générales des sections parisiennes sont les actes politiques et juridiques à travers lesquels les citoyens de la ville de Paris s’expriment et décident. Ils peuvent aussi bien contenir des mesures destinées à être appliquée localement la plupart du temps que des pétitions adressées aux élus, ou aux autres lieux de pouvoir. Ils portent sur des domaines très variés : subsistances, instruction publique, questions militaires, assistance et secours publics… L’an I de la République française, et plus précisément la période qui s’étend du 21 septembre 1792 au 5 septembre 1793 correspond à l’élargissement de la participation citoyenne (fin du cens), à la préparation par les législateurs d’une nouvelle Constitution censée entériner ces nouveaux droits, mais elle voit également la construction de nouveaux outils institutionnels pour faire face à une situation d’urgence, aux fondements du futur Gouvernement révolutionnaire.À travers les pratiques de la production (délibération) et de la diffusion (interactions des citoyens avec les autres acteurs) des arrêtés, il s’agit de comprendre le fonctionnement des assemblées générale et quel « modèle » de la citoyenneté en ressort. En suivant le parcours de arrêtés hors de l’assemblée, notamment dans les assemblées d’élus que sont le conseil général de la Commune de Paris et la Convention nationale, il s’agit également de savoir comment la parole populaire façonne les choix politiques de la nation et entre en compte dans l'élaboration des lois. En quoi les arrêtés contribuent-ils à construire un régime d’un type nouveau, une république à la fois démocratique et représentative ? / The orders issued by the general assemblies of Parisian sections are politic and juridical acts used by the citizens of Paris to express themselves and take decisions. These acts can be local bylaws (applied in the area of the section), as well as petitions addressed to deputies or other authorities. They dealt with various affairs: subsistence, education, the military, public assistance, etc.The first year of French republic, especially from 21st September 1792, to 5th September 1793, see the extension of the electoral body (end of the ownership vote) and the drafting of a new constitution by the Assembly in order to consecrate these rights. New institutional devices are also designed to tackle situations of emergency in a time of war and civil unrest, and they become the foundation of the revolutionary government and the Terror.The study of the production and the diffusion of the decrees of the Parisian sections reveals how the general assemblies are organized and what type of citizenship they shape. Following the course of the decrees after their redaction in the sections, especially in the elected assemblies of the General council of the Paris Commune and the National Convention, one can see how the popular voice is taken into account in the drafting of laws and resulte in political decisions. In other words, it reveals to what extent the voice of the people influence the construction of a new government, the first democratic and representative republic.
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