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Le "coup d'état" Maupeou selon Siméon-Prosper Hardy et son "Journal d'événements tels qu'ils parviennent à ma connoissance"Bégin, Jean-François January 2007 (has links) (PDF)
Dans le cadre de cette étude, on a cherché à comprendre les liens existant entre le politique, le religieux et la sacralité du pouvoir royal à la fin du règne de Louis XV. On a voulu comprendre le jansénisme parlementaire en faisant l'analyse de ses composantes jansénistes et parlementaires. De cette manière, on a voulu être en mesure de déterminer la relation des deux composantes, aux yeux du public, dans le contexte de la controverse soulevée par l'exil et le remplacement de l'ancien Parlement de Paris. Pour ce faire, on a utilisé comme source les rubriques couvrant la période du « Coup d'État » à l'intérieur de la chronique Mes loisirs, ou Journal d'événemens tels qu'ils parviennent à ma connoissance. Rédigée entre 1753 et 1789 par le libraire parisien Siméon-Prosper Hardy (1729-1806). Janséniste convaincu et partisan des anciens parlements, Hardy y livra autant son opinion que celle de la population parisienne, on peut ainsi y connaître les diverses tendances. La recherche et la rédaction qui ont mené à cette étude ont été effectuées à partir de l'hypothèse de travail selon laquelle, si la religion tient une place importante chez Hardy, l'identité du Parlement et de la pensée janséniste parlementaire serait malgré tout largement politique aux yeux du libraire parisien. Afin de confirmer ou d'infirmer cette hypothèse, on a eu recours à une analyse sémantique des rubriques de la chronique de Hardy, analyse qui ne s'attarde pas uniquement au contenu des rubriques. En effet, elle comprend également la comparaison de celles d'après les critères des mots clés utiIisés
( « Chancelier », « Jansénisme », « Maupeou »,
« Parlement » et « Sacrement ») et des dix différentes catégories servant à qualifier les rubriques. L'analyse des rubriques de la chronique de Hardy allant de 1770 à 1774 montre une nette domination du fait politique, celui-ci étant principalement analysé sous la perspective des anciens parlements exilés. Le jansénisme de Hardy est également présent dans plusieurs de ses rubriques mais dans une moindre mesure. On en arrive ainsi à la conclusion que le courant religieux janséniste et l'idéologie politique parlementaire ont été envisagés par Hardy comme étant deux domaines distincts l'un de l'autre. Une séparation où chacun des deux composantes pouvaient cependant s'influencer mutuellement mais où l'un n'était pas censé intervenir directement au nom de l'autre. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Jansénisme, Parlement, Paris, Opinion publique, XVIIIe siècle, Littérature de témoignage.
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L'invention d'une vie : Pierre de Sales Laterrière, aventurier-mémorialiste (1743-1815)Boulanger, Lisandre 06 1900 (has links) (PDF)
D'origine française, Pierre de Sales Laterrière a fait du Québec sa terre d'adoption au lendemain de la Conquête anglaise. C'est dans ce contexte instable qu'il tente sa chance d'abord comme roturier, puis comme médecin. Les sources dont nous disposons montrent qu'il a suivi un parcours biographique aléatoire, parsemé d'embûches. Après avoir essuyé plusieurs échecs, il parvient tout de même à gravir quelques échelons: vers la fin de sa vie, il est élu membre d'une société savante à Londres, nommé juge de paix à Québec et il devient seigneur des Éboulements. Pourtant, la narration qu'il donne dans ses mémoires contraste avec la réalité des faits. Laterrière y construit effectivement une trajectoire ascendante dont le narrateur est héroïsé. Nous analyserons de quelle manière le mémorialiste réoriente son parcours biographique et nous mesurerons l'originalité relative de son écriture. Notre premier chapitre aborde les concepts théoriques relatifs à l'analyse du récit de vie et la méthodologie que nous comptons suivre dans cette étude. Il y sera question du pacte autobiographique, de l'illusion biographique, du biographème et de la cohérence interne du discours. L'approche narratologique des Mémoires de Laterrière convoquera également le concept d'effet-personnage, essentiel pour bien cerner la façon dont l'auteur oriente son récit et s'attache son lecteur. Par la suite, nous procèderons à l'étude des archives concernant les événements réellement vécus par Laterrière, ainsi que les études le concernant. Après un état de la réception des Mémoires, nous examinerons l'énigme entourant les origines de l'auteur dont nous retracerons le parcours attesté par les sources. Nous montrerons de la sorte que Laterrière a suivi un chemin sans direction particulière, marqué par les aléas de l'Histoire et par les hasards de l'existence. C'est dans le troisième chapitre que nous analyserons les Mémoires de Pierre de Sales Laterrière et de ses traverses (1873). Fondée sur le parallèle entre les événements attestés par les sources et ce que raconte l'auteur, l'analyse narratologique montrera comment ce récit de vie transforme la réalité (ou ce que nous pouvons en savoir). Nous verrons comment l'auto-légitimation oriente cette narration, mais aussi comment elle suit un modèle de récit de vie: celui de l'aventurier des Lumières. Enfin, nous mesurerons sommairement l'importance et l'originalité de l'auteur et de son discours dans le cadre social et littéraire de son époque.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Pierre de Sales Laterrière, mémoires, narration, récit de vie, réception, archives, héros, aventurier des Lumières, littéraire, dix-huitième, Québec, Canada.
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La circulation de l'information en France pendant la seconde moitié du XVIIIe siècle vue par les diaristes parisiens et toulousains Barbier, Hardy et BarthèsDagenais, Simon 01 1900 (has links) (PDF)
Ce mémoire traite de la diffusion des nouvelles en France durant la seconde moitié du XVIIIe siècle (1738-1780), à travers trois journaux d'événements rédigés par des bourgeois de Paris et de Toulouse. Ces sources rendent possible un regard inédit sur les interactions entre les différents médias de cette époque. D'autre part, cette étude s'interroge aussi sur l'influence de la singularité de chacun des auteurs dans leur sélection des nouvelles qu'ils mettent sur papier et dans leur choix d'un média plutôt qu'un autre. Ressort de cette recherche l'influence des intérêts personnels de chaque auteur dans leur réception du contenu des différents médias de l'époque, privilégiant des types de nouvelles en particulier ainsi que certaines villes et régions émettrices d'information. Les préférences personnelles jouent aussi dans la sélection d'un vecteur de diffusion de la nouvelle, bien que l'accès à ces derniers soit influencé par la place de leur ville de résidence au sein du réseau français de circulation de l'information et à la position sociale des diaristes. De la même façon, la distance de la nouvelle par rapport aux auteurs influence la disponibilité des médias la colportant. Tandis que les vecteurs traditionnels de la diffusion de la nouvelle, soit la rumeur et la correspondance, occupent une place importante aux côtés de la presse domestique, les gazettes francophones de Hollande jouent un rôle beaucoup moins important que ne le suggère l'historiographie de la presse. La Gazette de France occupe quant à elle une place très importante, offrant des nouvelles considérées comme crédibles, en plus de rendre visible au lecteur attentif les orientations de la politique du gouvernement français. Contrairement à la perception de plusieurs historiens, la rumeur ne diffuse pas uniquement des anecdotes sur la vie privée du roi et à propos des coulisses du pouvoir, mais colporte aussi des nouvelles de tout genre. De la même façon, les diaristes ont des intérêts assez variés et rapportent des événements de multiple nature.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : médias, nouvelle, écrits du for privé, Paris, Toulouse, XVIIIe siècle.
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La critique de l'irrationnel dans L'ami des enfants (1782-1783) d'Arnaud BerquinFournier-Goulet, Geneviève 02 1900 (has links) (PDF)
On a longtemps considéré l'enfant comme « un petit adulte » et ce n'est qu'avec les XVIe et XVIIe siècles qu'on commence à lui reconnaître des caractéristiques propres. Toutefois, c'est avec le XVIIIe siècle que des auteurs se mettent à écrire des récits spécifiquement destinés à un jeune public. Ceux que l'on peut qualifier de grands auteurs pour la jeunesse à la fin de l'Ancien Régime, qu'il s'agisse de Madame d'Épinay (1726-1783), de Madame de Genlis (1746-1830) ou d'Arnaud Berquin (1747-1791), se font les porte-paroles des idées et des critiques que nous désignons aujourd'hui sous le nom de « philosophie des Lumières ». Nous nous intéresserons ici à L'Ami des enfants, un périodique écrit par Arnaud Berquin. Paru en vingt-quatre numéros entre 1782 et 1783, il comporte 121 historiettes de plusieurs genres différents, dans lesquelles Berquin se réclame d'une des idées essentielles des Lumières : le recours à la raison. En effet, il y dénonce de plusieurs manières l'irrationnel (revenants, monstres, magie, mondes enchantés) et c'est cette critique que nous étudierons, afin de voir comment elle est rendue accessible aux jeunes lecteurs, tout en restant très près des Lumières. Dans un premier chapitre, nous retracerons le contexte socio-historique pour comprendre comment la critique des croyances s'est articulée en France, et ce, jusqu'à envahir le domaine de la littérature pour enfants. Il s'agira avant tout de voir comment le discours de Berquin s'insère dans un mouvement qui le dépasse et qui tire ses origines de la fin du XVIIe siècle. Ce rappel historique nous mènera à une définition opératoire des termes « irrationnel » et « irrationalité », qui seront utilisés dans la suite de notre mémoire. Nous tenterons ensuite de voir de quelle manière Berquin s'emploie à mettre cette critique à la portée des enfants. L'ensemble des histoires sera d'abord observé, afin de voir comment elles mettent toutes de l'avant un monde où la raison prime. Trois manifestations de ce monde « raisonnable » seront étudiées dans les historiettes : leur réalisme de fond et de forme; leurs liens avec la science et la méthode scientifique, telles que décrites dans l'Encyclopédie de Diderot et D'Alembert (1751-1772) ; leur proximité avec le déisme. Notre troisième chapitre sera finalement consacré à l'analyse de six histoires en particulier qui traitent explicitement de la critique des irrationalités. Il s'agira surtout de déterminer quelles stratégies rhétoriques utilise Berquin pour inciter à critiquer les irrationalités. Une telle étude nous permettra de lier la critique des irrationalités faite par Berquin aux idées véhiculées dans la société française de cette époque, de manière à voir comment cet auteur diffuse une philosophie des Lumières et une définition de la raison adaptées aux enfants.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Arnaud Berquin, littérature pour enfants, irrationnel, philosophie des Lumières, XVIIIe siècle
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Le Mémoire de Jean Meslier : contre la religion et la tyrannie pour la libération des peuplesMayer, Richard-Olivier 05 1900 (has links) (PDF)
Le but premier que cherche à atteindre le présent travail est de faire davantage connaître le chef-d’œuvre de Jean Meslier. À la plus grande diffusion de la pensée de Meslier, ce travail souhaite également ajouter quelque peu à sa compréhension. Il s'agit donc de présenter les principaux arguments et les idées les plus caractéristiques du Mémoire, mais aussi d'approfondir certaines facettes de cette pensée, notamment sa dimension politique. Pour ce faire, nous n'avons guère le choix que de nous confronter seulement et directement au volumineux Mémoire, étant donné la quasi-absence de commentateurs pertinents disponibles au moment de la rédaction de ce travail. Nous abordons, bien sûr, les trois principaux sujets du Mémoire, c'est-à-dire la réfutation des croyances au surnaturel, le matérialisme et la critique politique. Au travers du traitement de ces sujets, nous démontrons que le Mémoire, tout au long de ses 8 preuves, se déploie de façon rationnelle et structurée, et que cette structure est essentiellement composée de deux blocs, les preuves 1 à 6 et les preuves 7 et 8, qui s'attaquent à des aspects différents de la croyance au surnaturel. Et pour approfondir notre appréciation de la pensée politique de Meslier, nous en explorons le projet politique et nous tentons d'en trouver la justification morale. Nous soutenons que c'est par un appel à l'hédonisme modéré de la majorité des humains que Meslier fonde la désirabilité de son projet de communauté équitable.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Athéisme, matérialisme, 18e siècle, politique, manuscrit clandestin
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An analytical inquiry into the evolution of forest governance institutions in QuébecFréchette, Alain 07 1900 (has links) (PDF)
Le secteur forestier québécois traverse actuellement une des pires crises de son histoire. Bien que les causes structurelles et conjoncturelles attribuables à cette situation soient nombreuses et fassent l'objet de vives spéculations entre différents groupes d'initiés, les causes sous-jacentes de cette crise (soit les facteurs sociaux, politiques et économiques) suscitent étonnamment peu d'intérêts. De plus, alors que l'origine de la présente situation est la plupart du temps attribuée à la refonte du régime forestier de 1986, l'examen exhaustif de l'évolution des institutions de gouvernance forestière depuis le début du 19e siècle indique que les problèmes de ce secteur ne sont pas nouveaux. Les défis qui touchent l'industrie forestière aujourd'hui découlent d'un ensemble de problématiques récurrentes et historiques, mais dont les effets ont toujours pu être tempérés par des manipulations structurelles peu coûteuses, par des développements technologiques ou simplement par l'abondance même des stocks de ressources dont bénéficiait naguère le Québec. Or, si la crise actuelle résulte de défaillances qui sont à la fois chroniques et systémiques, quelle est la structure du dilemme qui amenuise systématiquement la capacité des acteurs sociaux, politiques et économiques à entreprendre les actions collectives qui s'imposent? La caractérisation historique du régime forestier, depuis ses origines jusqu'aujourd'hui, suggère que la rigidité constitutionnelle de la gouvernance forestière de même que la structure centralisée de l'arène des choix collectifs seraient en grande partie responsables des crises qui se sont succédé et des difficultés qu'éprouvent les acteurs concernés à résoudre conjointement les problèmes engendrés par l'exploitation forestière. Par le biais d'une analyse historique, basée sur le cadre d'analyse et de développement institutionnel (IAD - Institutional Analysis and Development Framework), nous traçons le développement conjoint des institutions constitutionnelles et de gouvernance forestières depuis le début du régime anglais en 1763 jusqu'à 1986. L'étude s'appuie sur une approche qualitative comparée des documents d'archives publiques issus de cinq périodes de l'histoire du Québec, choisie en fonction des changements institutionnels survenus durant ces périodes et les problématiques propres à chacune de ces périodes : (1) le système colonial 1763-1839, (2) le Canada Uni 1840-1866, (3) le Québec souverain préindustriel 1867-1906, (4) Le Québec à l'ère des papetières 1907-1950, et (5) le Québec suivant la Révolution tranquille 1960-1986. Le cadre théorique est issu des traditions du Choix public et l'Institutionnalisme rationnel. Le suivi des processus de causalité (process tracing) et la juxtaposition des données empiriques au cadre théorique ont été utilisés pour assurer une plus grande rigueur méthodologique et augmenter notre confiance envers les résultats obtenus. L'évaluation de données empiriques soutient l'existence d'un lien probant entre l'évolution des institutions de gouvernance forestière du Québec et les intérêts des divers gouvernements qui se sont succédé. L'analyse historique de l'exploitation des forêts québécoises montre comment le droit constitutionnel exclusif détenu par le conseil exécutif du gouvernement du Québec et l'absence de contraintes efficaces sur le processus décisionnel de ce dernier ont été systématiquement employés à des fins politiques et économiques, et ce, au détriment de solutions connues pour une meilleure gestion des ressources ligneuses pour l'intérêt commun. Étant la seule entité responsable de la gestion des ressources naturelles sur le territoire public, cette thèse établit que les gouvernements qui se sont succédé au fil du temps ont exercé une influence décisive sur l'évolution des institutions de gouvernances forestières, en affectant la sélection et la réplication des idées, des valeurs et des intérêts qui ont défini le rapport des Québécois à la forêt depuis plus près de deux siècles.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Gouvernance, institutions, constitution, évolution, actions collectives
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L'illustration des Métamorphoses d'Ovide au six-huitième siècle : l'édition de Dubois-Fontanelle (1767) et ses artistesChartier, Isabelle January 2008 (has links)
Mémoire numérisé par la Division de la gestion de documents et des archives de l'Université de Montréal / Pour respecter les droits d'auteur, la version électronique de cette thèse ou ce mémoire a été dépouillée, le cas échéant, de ses documents visuels et audio-visuels. La version intégrale de la thèse ou du mémoire a été déposée au Service de la gestion des documents et des archives de l'Université de Montréal.
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L'enfant et l'adolescent dans les Pays-Bas autrichiens: principalement sous Marie-Thérèse et Joseph IIVanhamme, Marcel January 1939 (has links)
Doctorat en sciences psychologiques / info:eu-repo/semantics/nonPublished
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J.-J. Rousseau: l'unité organique d'un système de pensée en questionVan Staen, Christophe January 2002 (has links)
Doctorat en philosophie et lettres / info:eu-repo/semantics/nonPublished
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Une femme d'affaires en Nouvelle-France, Marie-Anne BarbelPlamondon, Lilianne 11 April 2018 (has links)
De nombreuses études privilégient le rôle des femmes dans la colonisation de la Nouvelle-France mais la plupart d'entre elles s'inscrivent dans un courant historiographique qui favorise l'image de la sainte et de l'héroïne, ou celle de la mère. Les noms de Marguerite Bourgeoys, Marie de l'Incarnation, Jeanne Mance, Marguerite d'Youville et Madeleine de Verchères sont les plus connus. Marie de l'Incarnation, à elle seule, a suscité l'attention d'une quarantaine de biographes, surtout des religieuses. Quand les historiens se détachent de la sainte et de l'héroïne, ils se tournent vers la mère. Elle devient à son tour un objet de vénération comme le proclame Monseigneur Albert Tessier: "Recueillons-nous devant les visages apaisés des mamans dont l'influence continue de s'exercer sur nos façons de penser, de vivre, d'accepter les joies ou les épreuves. Toutes les femmes qui ont aimé, souffert, prié, nous demandent de nous souvenir de la beauté de leur vie, da la droiture de leur âme, de la haute qualité de leur esprit. Ouvrons nos coeurs au message qu'elles nous envoient par-delà l'espace et le temps." Le chanoine Lionel Groulx, pour sa part, parle du prestige de la mère dans la famille à cause "du rôle considérable tenu alors par la femme dans la société de France et même dans la société religieuse. Dans une description frappante, Jean Lemoyne souligne ce mythe de la mère canadienne-française marquant l'univers culturel du Québec jusqu'aux années I960: "(...); la mère canadienne-française se dresse en calicot sur son "prélart", devant un poêle et une marmite, un petit sur la hanche gauche, une grande cuillère à la main droite, une grappe de petits aux jambes et un autre petit dans le ber de la revanche, là, à côté de la boîte à bois". Cette image de la mère canadienne-française est née au XIXe siècle; la religieuse, la dévouée mystique et l'héroïne ont été mises en relief dans une histoire qui se voulait une "épopée". Même si les "saintes" et les "héroïnes" ont joué un rôle indiscutable dans l'édification de la colonie française du Saint-Laurent, il n'y a pas eu que ce type de femmes en Nouvelle-France. Certaines femmes se sont lancées dans les activités commerciales et financières, à la suite de leur mari ou de leur propre initiative. C'est là qu'on retrouve entre autres les Thérèse de Couagne, veuve Poulin de Francheville, Madame de Repentigny, Madame et Mademoiselle de Ramezay, les célèbres demoiselles Desaulniers et Marie-Anne Barbel, veuve Fornel. Rares, très rares sont les historiens qui se sont attardés à l'étude de ces "femmes d'affaires". Parfois citées à l'intérieur d'un article, leurs activités n'ont jamais été l'objet d'une analyse systématique. Pourtant la vie de ces femmes ne présente pas moins d'intérêt; les événements qu'elles ont vécus de façon particulière jettent une lumière nouvelle sur leur milieu par le biais des pressions sociales, économiques et politiques qu'elles ont connues. La richesse de la biographie historique se situe dans cette perspective. Ainsi, l'étude de la vie d'une femme active en affaires comme Marie-Anne Barbel permettra de comprendre certaines facettes du monde colonial à travers ses relations sociales, le cadre juridique, la vie commerciale et financière de la Nouvelle-France. Une documentation assez abondante quoiqu'incomplète nous a assez bien servie* Les minutes de plusieurs notaires de même que les registres de la prévôté de Québec nous ont fourni la plupart des renseignements pertinents. Le fonds Fornel est très pauvre et ne recèle que des copies de quelques actes importants mais facilement retrouvés ailleurs dans leur version originale. Les ordonnances des intendants, les documents de la prévôté de Québec et deux séries des Archives des Colonies sont venus compléter les informations déjà recueillies. Il aurait été très intéressant de retrouver des livres de compte pour pouvoir dresser un tableau des activités marchandes de la veuve Fornel et de son mari. Peut-être ont-Ils brûlé avec la maison de Place Royale lors de l'incendie de 1759. De même n'avons-nous pu retracer aucun compte de gestion de la ferme de Tadoussac par la veuve Fornel et Cie, d'où l'impossibilité d'analyser en profondeur cette administration. Un seul document nous laisse entrevoir le montant des profits qui en ont été tirés. Comme femme active en affaires, Marie-Anne Barbel ne constitue certainement pas une exception pour l'époque. En France, les femmes de marchands bourgeois secondaient assez souvent leur conjoint, et même dans la colonie, des femmes se sont occupées de commerce et d'industrie. Louise Dechêne nous dit d'ailleurs que ce type de femmes existait déjà au XVIIe siècle à Montréal: "Laissées seules, elles se révèlent souvent d'excellentes administratrices, ce qui prouve qu'elles étaient déjà très mêlées à l'entreprise familiale qu'il s'agisse d'un bien rural ou d'un commerce." Marie-Anne Barbel appartient à cette catégorie* Elle s'en distingue cependant par l'ampleur et la variété de ses activités. Marier-Anne Barbel n'est pas seulement femme de bourgeois mais aussi femme d'affaires, ou du moins une femme active en affaires. Son héritage social et économique représente un solide point de départ d'où elle se lance dans des activités commerciales et financières. Les liens étroits entre le politique, l'économique, le social et le juridique tissent la trame sur laquelle s'enfilent les événements de sa vie. La faveur des gens en place dans l'administration coloniale a toujours été une aide précieuse pour les ambitieux: François-Etienne Cugnet, directeur du Domaine d'Occident, le savait; Marie-Anne Barbel l'a appris. Les activités des marchands reposaient en grande partie sur le commerce des fourrures. L'exploitation des postes de l'Ouest ou de la côte du Labrador en attirait plusieurs et l'obtention de ces postes était de loin facilitée quand le marchand ou le négociant avait de bonnes relations avec l'intendant ou le gouverneur. Les relations sociales que se créait un individu avaient aussi une grande importance. Enfin le cadre juridique imposé par la Coutume de Paris laissait, à la femme célibataire et majeure ou à la veuve, un éventail assez vaste de possibilités. Il s'agit d'abord de situer le cadre social et économique dans lequel a vécu Marie-Anne Barbel jusqu'à la mort de son mari. Puis, l'analyse portera sur la nature, la variété, l'ampleur et le degré de succès des activités auxquelles elle s'est consacrée ainsi que sur les causes qui l'ont conduite à se retirer d'une vie commerciale et financière active. Enfin, en examinant les différents aspects de la liquidation de la communauté, il sera possible de saisir la richesse des Fornel que Marie-Anne Barbel a contribué à établir pendant les quinze à vingt années de sa vie de "femme d'affaires". L'histoire retiendra donc le nom de Marie-Anne Barbel, veuve Fornel comme celui d'une femme qui s'est attachée plus particulièrement à la vie commerciale et financière de la Nouvelle-France. / Québec Université Laval, Bibliothèque 2012
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