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Concevoir avec la Fabrication Additive : Une proposition d’intégration amont de connaissances relatives à une innovation technologique / Integrating knowledge on technological innovation in the early design. Application to the context of Additive Manufacturing.Laverne, Floriane 15 November 2016 (has links)
La Fabrication Additive (FA) vient aujourd’hui bouleverser des habitudes de conception bien ancrées, et suscite dans le même temps un intérêt grandissant pour les perspectives qu’elle offre pour l’innovation produit. Pourtant, alors que les enjeux liés à l’innovation sont prépondérants en conception amont, peu de concepteurs connaissent et utilisent le potentiel des connaissances FA pour développer puis sélectionner des solutions créatives. Dans ce contexte, notre recherche a pour objectif d’augmenter la capacité d’innovation des concepteurs en intégrant des connaissances FA lors de la conception amont. Pour cela nous proposons d’intégrer des connaissances FA explicites dites « au juste besoin », c’est-à-dire dont le contenu, l'instanciation et le support sont adaptés aux besoins des équipes de conception. De plus, nous proposons que cette intégration s’effectue dans un modèle de conception permettant l’approche Design With Additive Manufacturing (DWAM). Nos apports sont la proposition : d’une démarche, basée sur le Knowledge Management, permettant de repérer, capitaliser puis valoriser les connaissances FA au juste besoin ; mais également d’un modèle de conception amont en 3 étapes dans lequel les connaissances FA utiles à l’approche DWAM sont spécifiées. Enfin, ce modèle enrichi est valorisé dans un outil numérique support afin de faciliter le travail collaboratif et concourant. / The onset of Additive Manufacturing (AM) upsets design practices and is receiving attention because its potential is promising for product innovation. However, while innovation issues are paramount during early design stages, few designers have sufficient knowledge about AM and use it poorly to develop creative solutions. Thus, our research objective is the increase of the innovation capacity of the design team through the integration of AM knowledge into early design. To do this, we propose to use “just needed” AM knowledge, i.e., AM knowledge whose contents, supports and instancing are tailored to the design team needs. Moreover, we propose that this integration takes place in a design model that allows the Design With Additive Manufacturing (DWAM) approach. Our contributions are both the proposal of a methodology based on Knowledge Management dedicated to the identification, the capitalization and the valorization of the “just needed” AM knowledge; and of a design model in 3 stages, in which the useful for DWAM approach AM knowledge is specified. Finally, this enriched model is valued in a digital tool in order to improve collaborative and concurrent design.
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Méditation scientifique et impuissance mélancolique de la Trilogie de Samuel Beckett à la tétralogie scientifique de John Banville / From Meditation to Melancholy – Scientific Impotence in Samuel Beckett’s Trilogy and John Banville’s TetralogyLecas, Julie 05 July 2014 (has links)
Cette thèse examine la pertinence d’une filiation beckettienne chez John Banville, et propose d’envisager les apparentes divergences d’écriture comme les manifestations d’une même affection mélancolique : en effet, l’économie beckettienne et la profusion banvillienne pourraient constituer deux produits d’une écriture placée sous le signe du double et du décalage. John Banville poursuit à sa manière le projet beckettien de l’esthétique de l’échec : il illustre, à l’instar de son devancier, l’impossibilité de concilier deux images contradictoires de la réalité, celle, idéale, d’une pensée conduite selon les règles de la science, et cette autre, proliférante, instable, de la matière même. Le principe selon lequel le double dégradé de l’idéal met en échec toute tentative d’ordonner les données du réel sous-tend et caractérise les œuvres de ces deux écrivains, que rassemble une même fascination pour la science et ses systèmes de pensée. Le fossé séparant idéal et contingence, ordonnancement de la pensée et chaos matériel, y abrite la source d’une écriture mélancolique. L’analyse du discours pseudo-scientifique, qui dans le même mouvement témoigne d’une volonté affichée d’apprivoiser le réel et révèle l’instabilité fondamentale de l’être et du langage, permet de mettre au jour une filiation mélancolique. C’est cette filiation que l’on peut suivre en observant les persistances visuelles et auditives, et plus largement la perpétuation du ressassement de la pensée spéculative : les images, voix et pensées de l’impuissance font perpétuellement retour au sein des œuvres, mais également d’une œuvre à l’autre, et de Beckett à Banville. / This thesis tries to uncover a literary filiation between Samuel Beckett and John Banville, with particular emphasis on Beckett’s Trilogy and John Banville’s scientific tetralogy. It proposes to consider their apparently diverging modes of writing as two manifestations of the same melancholy affection: the economy of means in Beckett and its profusion in Banville could be regarded as two modes of literary production characterized by discrepancy and error. John Banville follows the Beckettian project of an esthetics of failure – like his predecessor, he illustrates the impossibility of successfully combining two contradictory images of reality, one an ideal image driven by thought mechanisms modelled on scientific procedures, and the other, a buzzing, instable image of matter itself. The principle whereby the degraded double of the ideal necessarily defeats every attempt at ordering the data of reality underpins and defines the works of the two writers, displaying a fascination for science and systems of thought. In their fiction, the gap between ideal and contingency, between thought processes and material chaos, is the source of a melancholy inspiration. The analysis of pseudo-scientific discourse, which both testifies to a determination to gain control over chaotic reality and reveals the fundamental instability of being and language, allows us to uncover a link between the two writers, based on melancholy. This legacy can then be evidenced through the observation of the same visual and auditory perceptions, and more largely the perpetuation of boundless speculation: images, voices, and thoughts of impotence recur throughout the works, but also from one work to the next, and from Beckett to Banville.
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Du déploiement d’un système PLM vers une intégration des connaissances / From a deployment of a PLM system to the integration of knowledgeBissay, Aurélie 12 January 2010 (has links)
Les systèmes PLM (Product Lifecycle Management) permettent une traçabilité de l'information et facilitent la réduction du cycle de développement des produits. Ils ont vocation à fédérer l'ensemble des données techniques nécessaires à l'élaboration de nouveaux produits et contribuent aussi à l'amélioration des processus de l'entreprise.Nos travaux de thèse proposent une méthodologie globale de déploiement d'un système PLM qui intègre la dimension spécifique de la capitalisation des connaissances. A partir d'une formalisation des processus métier, des éléments de connaissance sont extraits et permettent d'enrichir le modèle de données. Ce modèle s'articule autour de deux axes: un axe "information" et un axe "connaissance". Chaque axe est composé de quatre étapes : identifier, modéliser, utiliser et évaluer. L'étape d'identification permet de définir le modèle de données du système et de repérer les activités nécessitant des connaissances métier particulières. La phase de modélisation consiste à paramétrer le système pour intégrer le modèle défini dans le PLM mais également formaliser les connaissances tacites extraites. l'utilisateur intervient ensuite dans le cadre de l'utilisation du système paramétré. Enfin, nous proposons d'évaluer le système d'un point de vue de la modélisation Produit, Process, Organisation mais également d'un point de vue des connaissances générées au sein du système.L'étude de cas d'un processus d'appel d'offre de l'entreprise Marmillon SAS, sous-traitant de rang 2 dans le secteur de la plasturgie et spécialiste des processus d'injection et d'extrusion pour des pièces du secteur automobile, a permis de valider notre démarche. / PLM (Product Lifecycle Management) Systems allow traceability of information and facilitate the reduction of products development cycle. Besides the aspect related to information management, they aim at bringing together all technical data needed to develop new products and also they contribute to improve business processes. Our PhD work define a methodology of PLM system deployment that incorporates the knowledge capitalization dimension. Based on a business processes formalization, elements of knowledge are extracted and used to enrich the data model. This model revolves around two axes: an "information" axis and a "knowledge"axis. Each axis is devided into four steps: identify, model, use and evaluate. The identification stage is to define the data model of the system and activities requiring specific business knowledge. The modeling phase is to configure the system to integrate the defined model in the PLM system but also to formalize extracted tacit knowledge. Then comes the user through the use of the system. Finally, we propose to evaluate the system from product, process and organization modeling but also from generated knowledge within the system. The case study of a process of bidding for the Marmillon SAS company which is a subcontractor in the field of plastics, specialist of injection and extrusion processes for automotive parts allow to validate our approach.
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La connaissance des entraineurs experts en gymnastique artistique entre perception de formes et intelligibilité pratique.Rolland, Cathy 27 June 2011 (has links)
Cette recherche porte sur l’analyse de l’activité des entraîneurs experts en gymnastique artistique et vise à décrire et comprendre les ressources cognitives sur lesquelles ils s’appuient pour intervenir auprès des gymnastes et transformer leurs habiletés. Une épistémologie de l’agir professionnel en rupture avec le modèle classique de la rationalité technique a offert le cadre de l’étude des connaissances implicites, façonnées par l’expérience de travail.Une démarche compréhensive et située, respectueuse des conditions d’exercice du métier d’entraîneur a été adoptée. L’anthropologie cognitive a servi d’ancrage disciplinaire, dans la mesure où l’intérêt s’est porté sur les processus cognitifs enchâssés dans les activités humaines. L’ancrage épistémologique de la phénoménologie a été choisi comme renforcement de la démarche compréhensive. Le cadre théorique de l’étude est celui de l’action située.Le terrain de l’étude est celui de l’entraînement sportif de haut niveau : un club sportif de niveau national, ainsi que deux Pôles France d’entraînement de la Fédération Française de Gymnastique (FFG). Deux entraîneurs féminins et douze entraîneurs masculins ont été suivis pendant trois ans au cours de leur activité professionnelle auprès de gymnastes de haut niveau âgés de 7 à 23 ans. Deux types de matériaux complémentaires ont été élaborés : i) Des données d’observation du flux de comportements des entraîneurs ; ii) Des verbalisations réflexives produites par l’entraîneur au cours d’entretiens en cours, ou post-entraînements. Une méthodologie d’ « instruction au pair » a été développée, intermédiaire entre la technique de l’instruction au sosie et l’observation participante. Les matériaux recueillis ont fait l’objet d’une analyse qualitative inductive selon la méthode de comparaison continue afin de produire des résultats théoriques intégrés aux matériaux recueillis. L’étude a permis d’avancer en matière de théorisation de la connaissance pragmatique des entraîneurs experts en gymnastique artistique.Les résultats montrent que les entraîneurs experts interviennent auprès des gymnastes sur des éléments discrets des habiletés gymniques. Ce sont des formes de corps spatialement situées qu’ils nomment phases de placement et qu’ils considèrent comme critiques pour la réussite. Ces formes transitoires dynamiques pour les entraîneurs sont des composantes chronologiques ordonnées de formes plus complexes. Elles organisent l’activité perceptive en focalisant l’attention des entraîneurs sur elles ou certains aspects les composant. Les entraîneurs interviennent auprès des gymnastes sur les propriétés physionomiques et intentionnelles qu’ils leur assignent. L’identification de ces phases par les entraîneurs apparaît comme une composante des processus par lesquels ils se rendent intelligible l’activité des gymnastes réalisant les habiletés gymniques. L’étude a permis de mettre en évidence quatre résultats majeurs concernant cette intelligibilité : a) elle repose sur des formes de corps perçues. Ces formes constituent des totalités signifiantes qui condensent un réseau de relations causales entre les propriétés des phases. Elle repose donc sur un ordre causal simplificateur de la complexité ; b) elle est métaphorique. Elle repose sur un modèle d’intelligibilité analogique implicite ; c) elle est située. Elle repose sur une gestalt expérientielle de la causalité qui permet l’énaction de propriétés typiques des phases de placement en fonction de leur pertinence dans l’action située ; d) il s’agit d’une intelligibilité « bricolée », provisoire, reposant en partie sur des hypothèses interprétatives testées en situation. / This study aims to investigate the expert coaches’ activity. More exactly, it attempts to describe and understand the knowledge being used by coaches while teaching and correcting the athletes’ technical skills in high level artistic gymnastics. An epistemology of professional practice, in break with the model of technical rationality, offers an approach to study the implicit knowledge, shaped by the working experience.A comprehensive and situated approach, respectful of the working conditions of the coaches, was chosen. The disciplinary anchor is cognitive anthropology. The theoretical framework for this research is situated action theory.The field of study is high level sport training: an association of national level and two national training structures of high level, managed by the French Federation of Artistic Gymnastics (FFG). Two expert female coaches and twelve expert male coaches were observed for three years during their professional practice with elite gymnasts aged seven to twenty-three years old. Two types of complementary data were elaborated: i) Data regarding the behavior of coaches during their practice; ii) Reflexive verbalizations by the coaches interviewed during or after the training sessions. The research methodology drew on participant observation and the technical "instructions to the double". It is called "instructions to the pair". The research materials collected were analyzed by means of inductive qualitative analysis and with comparison continuous method. The theoretical results appear through creating and conceptualizing categories identified from research data. They offered the possibility to theorize gymnastics expert coaches’ pragmatic knowledge. The results reveal that expert coaches’ interventions concern elements which compose gymnastic skills. These elements are body shapes spatially located, which are described as "placement phases" by coaches. The coaches considerer them as critical to perform the skills. These transitional and dynamic forms for coaches are chronological and ordered components of more complex forms. They organize perceptive activity by focusing the coaches’ attention on them or on certain aspects which compose them. To improve the achievement of skills, the coaches intervene on properties they assign to the phases they consider as critical: physiognomic and intentional properties. The identification of these phases by coaches seems to be a component of the processes by which they make the activity of gymnasts performing skills intelligible.The study indicates four major results for this intelligibility: a) it is based on body shapes seen. These shapes are meaningful wholes that condense a system of causal relationships between the properties of phases. It is based on a causal order that simplifies the complexity; b) it is metaphorical. It is based on an implicit model of analogical intelligibility; c) It is situated. It is based on an experiential gestalt of causation that allows the enaction of typical properties of the phases according to their relevance in situated action; d) it is a tinkered intelligibility, provisional, based in part on interpretative hypotheses tested in situations.
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Les pouvoirs du langage : la contribution de J.L. Austin à une théorie contextualiste des actes de parole.Ambroise, Bruno 25 March 2005 (has links) (PDF)
J.L. Austin est le promoteur, non pas seulement d'une théorie novatrice, mais aussi, en premier lieu, d'une méthode bien particulière en philosophie : la " phénoménologie linguistique ", qui entreprend de scruter " ce que nous dirions quand ", pour déterminer la manière dont le langage ordinaire, dans toutes ses nuances, est un véritable " révélateur " de la réalité, dans ses moindres détails. Cela est dû au fait qu'ayant passé l'épreuve de l'histoire, il est le plus à même de nous révéler les distinctions importantes, c'est-à-dire celles qui importent dans notre vie humaine. La philosophie d'Austin n'a donc pas tant le langage comme objet que comme méthode.<br /> Or, révélateur de la réalité, le langage est aussi révélateur de l'action, d'une façon beaucoup plus fine que les concepts ordinairement utilisés en philosophie. Il nous donne un concept de l'action, qui nous permet de comprendre que l'identification d'une action est un processus complexe, puisque l'action peut être appréhendée de différentes façons, selon les objectifs visés dans la description. Chaque type de description permet en effet de déterminer une action différente, qui n'est pas réductible à une autre et joue un rôle spécifique, et qui a donc une réalité propre, même si elle n'est pas explicable en termes physicalistes. C'est pourquoi on comprend que l'identification d'une action est toujours relative à une certaine façon d'appréhender le réel, orientée par des valeurs. Mais cette intervention des valeurs dans la description ne remet pas en cause l'objectivité de la description effectuée – elle la rend au contraire possible. Ce que la philosophie du langage d'Austin révèle ainsi en premier lieu, c'est qu'une description objective n'est pas une description qui s'interdit des considérations évaluatives, mais plutôt celle qui utilise les bonnes évaluations. Austin entend ainsi remettre en cause le fétiche de la distinction entre faits et valeurs, comme il remettra plus tard en cause le fétiche de la distinction entre vrai et faux.<br /> Si la description d'une action prend nécessairement en compte des aspects évaluatifs, alors celle-ci n'est saisie qu'en fonction de la pratique qui comporte ces aspects et qui oriente l'action effectuée en lui donnant un objet et une motivation. L'action fait donc toujours partie d'un plan d'action plus global, qui lui donne un sens en l'orientant, et c'est pourquoi elle ne peut pas être saisie indépendamment de son contexte de réalisation. Cela annonce l'idée qu'il en ira de même pour les actes de parole : on ne pourra pas les isoler de leur contexte de réalisation pour étudier abstraitement leurs caractéristiques, mais il faudra toujours identifier les pratiques (non nécessairement discursives) à laquelle ils contribuent plus largement pour comprendre leurs spécificités.<br /><br /> Traditionnellement, on considère que le langage est soit vrai, soit faux, et qu'il peut donc s'évaluer en fonction de conditions de vérité. Si je dis ainsi " Le chat est sur le tapis ", on considère que la signification de la phrase permet de déterminer la situation dans laquelle l'énonciation de la phrase serait vraie ; ici, on pourrait dire que cette phrase serait vraie dans une situation où un chat serait sur un tapis. Toute phrase, en fonction de la signification qu'elle porte, peut donc être évaluée, en situation, en fonction de sa vérité ou de sa fausseté. Mais dès lors que l'on montre que le langage peut échouer pour d'autres raisons que son évaluation en termes de vérité ou de fausseté, on est obligé de poser qu'il a d'autres conditions de réalisation, propres aux actions – des conditions qui ne sont plus des conditions de vérité. Tout le propos d'Austin dans How to do Things with Words est de relever ces conditions de manière la plus exhaustive possible. C'est ainsi qu'il accomplit une véritable révolution en philosophie du langage.<br />La tradition philosophique veut, en effet, que le propre du langage soit de décrire le monde en s'effaçant devant lui et que ce soit sa seule raison d'être. Un énoncé quelconque ne vaudrait ainsi qu'à dire le monde, que cet énoncé soit " Le chat est sur le tapis " ou " Je t' ordonne de te laver les mains ". Ces deux énoncés n'auraient d'usage qu'à avoir une signification identifiable en termes de conditions de vérité (selon le procédé vu précédemment) qui détermineraient la situation du monde dans laquelle ils seraient correctement utilisables. Dès lors, soit le langage dit ce qui est, il représente le monde, et il est vrai ; soit il ne dit pas ce qui est, et il est faux. Un langage sensé est donc soit vrai, soit faux, et tout énoncé qui n'est ni vrai, ni faux n'a pas vraiment de sens (c'est ainsi qu'on range généralement les énoncés de type éthique ou esthétique). Or Austin montre que des énoncés qui ne sont ni vrais, ni faux, sont tout à fait sensés et pertinents. Prenons en effet le maire qui dit devant un couple : " Je vous déclare unis par les liens du mariage ". Cet énoncé n'est pas vrai, car le maire ne décrit pas une réalité (les liens du mariage, qui n'existent pas au moment où l'énoncé est prononcé) ; mais il n'est pas faux non plus, car, dans la bonne situation, cet énoncé sera totalement accepté et aura même une efficacité. Il faut donc poser des énoncés qui ne fonctionnent pas selon une logique représentationnelle et véri-conditionnelle, qui ne cherchent pas à dire ce qui est, mais qui ont une autre fonction.<br /> Parmi ces énoncés tout à faits sensés qui ne disent ni le vrai, ni le faux, il existe une classe d'énoncés qui font véritablement quelque chose – une preuve en étant qu'ils modifient la description que l'on va donner de la réalité. Ces énoncés sont appelés par Austin des énoncés performatifs : ils semblent indiquer ce qu'ils font, mais on ne peut expliquer leur action ni en fonction de ce qu'ils disent, ni par leur caractère auto-référentiel. Ainsi, après que j'ai dit " Je te promets de faire la vaisselle ", je suis véritablement engagé à faire la vaisselle, un nouvel engagement est pris, qui n'était pas présent avant cette énonciation. Or cet engagement ne peut pas être pris par une simple description de la réalité : une description n'engage pas comme le fait une promesse. Dès lors, ce n'est pas parce que ce que je dis a pour signification que je promets de faire la vaisselle, évaluable en termes de vérité ou de fausseté, que je promets de faire la vaisselle. Il faut faire intervenir autre chose pour expliquer la réalisation d'un acte qu'une composante purement sémantique.<br /> Si l'action des énoncés ne peut pas s'expliquer par leurs significations, c'est parce qu'elle résulte de l'établissement de certaines conventions, qui vont définir, de manière arbitraire, certaines procédures linguistiques comme réalisations d'actes aux conséquences déterminées et obligatoires. L'action vient ainsi de la reconnaissance sociale qui est accordée, par convention, à certaines paroles. C'est le caractère conventionnel de l'acte de parole qui explique son caractère normatif, puisque les hommes appartenant à une même communauté linguistique ne peuvent faire autrement que de reconnaître la réalisation d'un acte d'un certain type lors de la profération de certaines paroles.<br /> Ces conventions qui définissent les performatifs sont par ailleurs multiples et ne concernent pas qu'un aspect de la réalité linguistique (l'aspect sémantique). La plupart ne sont d'ailleurs pas linguistiques. Elles impliquent ainsi de prendre en compte des paramètres variés (lieu, moment, personnes, habillement, gestes, statut social, passé, etc.), dont la présence ou l'absence déterminent autant de types de ratages possibles des énoncés. Les performatifs peuvent dès lors réussir en fonction de différents paramètres, qui forment autant de conditions de félicité, et non plus de vérité. On voit donc que le langage ne se met plus en place en fonction seulement de ce qu'il dit, mais aussi en fonction de la situation dans laquelle il est dit. Se met ainsi en place une forte dépendance contextuelle de l'usage du langage.<br /> On remarquera qu'il existe deux types d'énoncés performatifs : des performatifs explicites, dont l'action semble explicitée dans le contenu de l'énoncé, et les performatifs implicites qui n'indiquent pas ce qu'ils font. Mais le fait que certains indiquent ce qu'ils font ne leur donne aucune priorité (en fait, selon Austin, ils suivent des seconds) et leur efficacité ne s'explique pas plus par cette caractéristique. Les performatifs explicites sont simplement plus codifiés que les performatifs implicites et résultent d'un travail historique de clarification et n'ont pas de spécificité autre.<br />Puisque certains performatifs sont explicites, on pourrait, en effet, rechercher des critères linguistiques qui permettent de les identifier, et encore rechercher une explication de type sémantique à leur efficacité (l'efficacité de " Je te promets de " s'expliquerait ainsi par le fait qu'il dit que je promets de faire quelque chose). Mais on ne trouvera en fait aucun critère linguistique qui identifie un performatif, car on va comprendre que des énoncés peuvent réaliser la même chose que des performatifs explicites sans dire en rien ce qu'ils font. C'est donc que les critères de ces énoncés sont pragmatiques, et, en réalité, s'appliquent aussi aux énoncés non performatifs. Mais c'est dire que tout énoncé est relatif, pour son efficacité, au contexte ; dès lors, on peut poser que tout énoncé comporte un aspect performatif : tout énoncé peut alors être requalifié comme acte de parole.<br /> Car il convient, en fait, de distinguer trois niveaux actifs dans tout énoncé. Le premier niveau, celui de ce qui est dit (aspect locutionnaire), comporte lui-même trois aspects. Les deux premiers aspects, celui de la profération de sons et de la formulation d'énoncés grammaticalement corrects n'introduisent pas encore à la parole humaine (un perroquet peut les réaliser). Le troisième niveau de l'acte locutionnaire est celui où l'on dit véritablement quelque chose par l'usage des mots. Tout le problème est de savoir si le contenu porté par l'énoncé à ce niveau de réalisation est purement sémantique et indépendant des conditions pragmatiques de réalisation. Austin montrera qu'il n'est purement sémantique qu'abstraction faite de son aspect d'acte de parole. Ainsi, il est exact que l'énoncé " Je te promets de faire la vaisselle ce soir " est un acte locutionnaire au sens où il dit que je promets de faire la vaisselle ce soir. Mais, en réalité (concrètement), il ne peut le dire que parce qu'il est un acte de parole consistant à promettre, c'est-à-dire uniquement parce qu'il comporte un autre aspect. En effet, l'aspect locutionnaire de l'acte, celui où il porte une signification, n'est qu'une façon de décrire l'activité réalisée par l'acte – celle qui consiste à dire des choses douées de sens. Mais cet acte ne forme pas un énoncé complet, car il ne peut pas advenir indépendamment de l'aspect illocutionnaire, tributaire d'un autre mode de description. (Pour le dire autrement, un acte de parole est toujours complet.)<br /> Le deuxième niveau de l'acte de parole, l'aspect illocutionnaire, correspond à l'aspect performatif – celui où l'on fait en disant. Cet acte est accompli quand l'auditoire reconnaît qu'il est accompli, mais il ne se réduit pas pour autant à un simple effet sur l'auditoire, car il possède une forte objectivité qui oblige à sa reconnaissance. Le caractère promissif de l'énoncé " Je te promets de faire la vaisselle ce soir " dérive ainsi du fait que mon interlocuteur le prend nécessairement, dans cette situation, comme un acte de promesse, et non pas du simple fait qu'il comprend ce que cet énoncé veut dire. L'objectivité, dans ce cas, est forte, car elle est conférée à l'acte de parole par les conventions qui définissent ce deuxième niveau. L'action réalisée n'est pas une action naturelle, mais une action conventionnelle, en ce sens qu'elle est définie arbitrairement par une communauté humaine, qui dote de certains pouvoirs l'énonciation de certains mots dans certaines circonstances. Et lorsqu'une action illocutionnaire est réalisée, alors elle s'évalue de manière spécifique, en fonction de ce qu'elle accomplit et du rapport au réel qu'exige cet accomplissement (par rapport, ici, à ce que j'ai promis). Ce rapport au réel est médiatisé par le contenu locutionnaire, qui spécifie partiellement le réel en rapport avec l'action. On peut alors relever un trait marquant de l'acte illocutionnaire : sa capacité à toujours pouvoir être réalisé en première personne. Cela témoigne de la subjectivité qui s'inscrit dans l'acte et qui, par là, s'engage. Une responsabilité est en effet toujours prise quand un acte illocutionnaire est accompli. Par là, une condition par défaut de la réalisation adéquate de l'acte est de le faire sérieusement, sans arrière-pensée, de manière non-humoristique, non feinte.<br /> Le troisième niveau de l'acte de parole est qualifié de perlocutionnaire par Austin : il concerne les conséquences qui s'ensuivent de la réalisation d'un acte illocutionnaire et qui reprennent en partie les effets rhétoriques analysés par Aristote. Comme conséquences, ceux-ci ne sont pas nécessaires, mais résultent de la manière contingente dont l'auditoire prend l'énoncé, comme par exemple quand la maman est triste en assistant au mariage de son fils. La tristesse de la maman n'est pas logiquement impliquée par l'énoncé de mariage, mais elle en est néanmoins une conséquence directe. Par conséquent, les actions perlocutionnaires ne sont toutefois pas indépendantes de l'action illocutionnaire qui en est la cause, mais elles consistent dans une certaine façon de l'appréhender : du point de vue des effets, des suites, parmi une multitude, que celle-ci est susceptible d'engendrer. Mais ce qui distingue bien l'action perlocutionnaire des deux autres types d'actions, c'est son caractère aléatoire : les effets qui s'ensuivent de l'acte illocutionnaire ne sont pas déterminés par cet acte, car ils ne sont pas réglés par convention. Ils sont plus des effets naturels et, par suite, ils n'engagent pas la responsabilité de l'agent au même titre que l'acte illocutionnaire, qui détermine l'agent à un certain nombre de choses. On peut parfois confondre les conséquences (perlocutionnaires) de l'acte avec ses effets (illocutionnaires) nécessaires, notamment parce que la nature humaine réagit à peu près uniformément aux mêmes actes de parole, de telle sorte que l'éventail des réactions perlocutionnaires n'est pas inattendu. Mais toute la différence réside dans le caractère non-normatif de ces conséquences : l'une n'est pas plus nécessaire qu'une autre.<br /> Une fois caractérisés selon leur trois dimensions, les actes de parole sont alors soumis à plusieurs formes d'échecs, selon le type de conditions conventionnelles qui n'est pas respecté par l'agent. Ces échecs peuvent se cumuler, car ils sont eux-mêmes relatifs au mode de description adopté, au point de vue adopté sur l'acte. Un échec ne l'est en effet qu'en fonction du but considéré et comme un acte peut s'inscrire dans différentes pratiques ou servir plusieurs fins à la fois, on peut considérer qu'il échoue de différentes manières. Toutefois, les échecs ont d'abord été identifiés en tant qu'ils concernaient les performatifs, et ils ne concernent pas vraiment le niveau locutionnaire, même si celui-ci joue un rôle dans la réussite de l'acte de parole total, quant à la détermination du rapport à la réalité exigé. En tout cas, les échecs étant relatifs au respect de règles conventionnelles, ils ne peuvent pas affecter le niveau perlocutionnaire qui n'est pas réglé par des conventions.<br /> Comme les échecs de l'illocution sont alors relatifs à l'application de la convention, on comprend qu'ils s'assimilent essentiellement à des échecs dans la reconnaissance de l'exécution de l'acte. Dans ce cas, on ne parvient pas à faire reconnaître la procédure conventionnelle utilisée, c'est-à-dire qu'on ne parvient pas à faire comprendre ce qu'on a voulu faire et à entraîner les conséquences normatives qui s'ensuivent normalement de cette compréhension ou reconnaissance conventionnellement réglée.<br /> Cependant, les échecs relevés par Austin ne permettent pas d'identifier des règles a priori, qui gouverneraient de manière totalement déterminée l'usage du langage. Celui-ci admet bien des variations et les échecs n'ont lieu que lorsque les variations sont trop importantes par rapport au paradigme d'usage accepté dans la communauté linguistique. Les règles ne sont donc pas des principes rigides qu'il faudrait respecter à la lettre ; elles admettent au contraire une marge d'indétermination, qui est suppléée par une interprétation contextuelle de leur application correcte.<br /> Pour mesurer cette application, il faut toutefois considérer le rapport des énoncés avec le réel où ils s'appliquent. Par conséquent, il convient d'analyser la pertinence des actes de parole eu égard à leur contexte. C'est dire que, contre le positivisme logique qui considère que seuls les énoncés constatifs ont un rapport aux faits sous la modalité du vrai ou du faux, Austin montre que tous les actes de parole entretiennent certains rapports avec les faits, en fonction de leur dimension d'évaluation spécifique et du contenu locutionnaire, qui vient le spécifier. Ainsi, l'énoncé " Je promets de faire la vaisselle " entretient un certain rapport à la réalité en ce que son statut de promesse m'engage à transformer l'ordre de la réalité de manière à la réaliser. Elle ne peut par ailleurs être réalisée qu'en fonction de ce qui est dit au travers de cet acte : il s'agit de faire la vaisselle et non pas de promener le chien. Le contenu locutionnaire de l'acte détermine ainsi le rapport spécifique qu'il doit entretenir avec les faits. Par conséquent, la réussite des actes de parole va dépendre de plusieurs rapports aux faits spécifiques, propres aux différentes règles conventionnelles définissant les actes de parole. Chaque règle détermine en effet un certain rapport aux faits, que ce soit un rapport contextuel, un rapport de présuppositions, un rapport de sincérité, etc.<br /> Austin va alors montrer que, parmi ces rapport aux faits, figurent différents types de présuppositions. Tout acte de parole ne réussit en effet qu'à présupposer un certain nombre de faits, qui déterminent la pertinence de l'usage d'un énoncé. Ainsi, généralement, je ne peux te souhaiter de réussir ton examen que si la réussite à cet examen est quelque chose qui t'apporte quelque chose. Est donc présupposé le fait que cette réussite t'est favorable. Mais les présuppositions austiniennes consistent à poser des conditions réelles relatives aux contextes d'usage et non pas des règles nécessaires et a priori de conversation, qu'il faudrait suivre à la lettre en toute occasion. Il peut en effet s'avérer que la situation demande à ce que telle chose ne soit pas présupposée, ou que soit présupposé autre chose, d'autres faits. La position d'Austin est donc contraire à celle de Grice, puisqu'elle ne permet pas de déterminer a priori la situation d'usage correct des énoncés.<br /> Dans le même ordre d'idée, on a souvent tendance à considérer, avec Searle, qu'une des conditions essentielles de réussite des actes de parole est leur doublure par une croyance ou une intention. On prend généralement comme exemple, pour le montrer, le cas de la promesse, qui ne réussirait qu'à être sincère, c'est-à-dire à correspondre à une intention de tenir la promesse. Si je faisais une promesse sans avoir l'intention de la tenir, alors, en fait, je ne promettrais pas. La réalité de la promesse résiderait donc dans l'acte mental ou l'intention qui la sous-tend. Austin montre que cette explication de la promesse est contre-productive et offre justement la possibilité de ne pas s'engager par la promesse, en alléguant l'absence (toujours possible) de l'intention correspondante. En réalité, il faut poser que la condition de sincérité ne réside pas dans l'état d'esprit accompagnant la promesse, mais, bien plus objectivement, dans la procédure conventionnelle utilisée pour la réaliser. Ce n'est pas qu'un engagement mental doive toujours accompagner l'énonciation d'une promesse, mais c'est simplement que cette énonciation engage conventionnellement à la tenir.<br /> Strawson a lui aussi proposé une analyse des actes de parole qui fait dépendre leur bonne réalisation de la reconnaissance des intentions qu'ils exprimeraient. Mais à supposer même que des actes de parole expriment des intentions, celles-ci n'auraient aucune possibilité d'entraîner la réalisation de l'acte de parole, car elles n'ont aucune contrainte normative. Ce n'est en effet pas parce que j'exprime une intention que je m'oblige à quoi que ce soit en fonction de cette intention. Il faut bien plutôt tout le poids de la convention pour que s'ensuive d'une énonciation un certain nombre de conséquences nécessaires. Par conséquent, il convient de rejeter comme illusoires tout aussi bien l'analyse searlienne que l'analyse strawsonienne.<br /> Grice a, quant à lui, proposé de rendre compte de la signification historique portée par les énoncés en contexte au moyen des intentions du locuteur. C'est ainsi parce que j'aurais l'intention de promettre de faire la vaisselle ce soir qu'il faudrait comprendre que je promets de faire la vaisselle ce soir au moyen de l'énoncé " Je te promets de faire la vaisselle " - le caractère promissif dérivant de la reconnaissance de l'intention exprimée. Mais c'est là encore enlever toute objectivité à ce qui est dit et se priver de son identification, en ajoutant un niveau supplémentaire qui empêche bien plutôt toute saisie de l'engagement. Il convient au contraire de déterminer la signification historique portée par un énoncé à la fois par les conventions linguistiques et le contexte d'énonciation.<br /> La qualification intentionnelle des actes de parole a toutefois un sens : elle répond à des conditions normales d'usage. Généralement, en effet, j'agis bien de manière intentionnelle, au sens où je suis conscient de mes gestes, sauf s'il y a des raisons valables de considérer que je ne le fais pas ou ne peux pas le faire. La qualification intentionnelle est donc en réalité une qualification rétrospective par défaut, qui n'a aucun rôle déterminant, ni explicatif.<br /> Par ailleurs, si on rabat toute la charge de l'explication sur les conventions définissant les actes de parole, on ne peut pas distinguer des actes de parole plus conventionnels que d'autres, et donc plus efficaces que d'autres. Ils sont tous définis par le même type de conventions, même si celles-ci sont plus ou moins explicites, codées et n'ont pas toutes la même importance sociale. Par conséquent, ils ont tous le même type d'efficacité. C'est ce nécessaire caractère conventionnel de l'acte de parole qui vient garantir son objectivité, car c'est uniquement parce que la communauté linguistique contrôle mon usage du langage que celui-ci acquiert une normativité. Les conventions déterminant l'objectivité de l'usage de l'énoncé sont de deux ordres : il y a des conventions descriptives qui donnent un contenu linguistique à une phrase, et des conventions démonstratives qui donnent une référence historique à l'énoncé. Ce sont les conventions démonstratives, et non pas des caractéristiques représentationnelles, qui sont nécessaires pour permettre au langage de renvoyer à la réalité, d'en dire quelque chose, en ce qu'elles fixent des conditions d'usage.<br /> En raison de ces conventions, on comprend qu'un énoncé n'acquiert un sens historique déterminé que s'il est adéquat au contexte d'utilisation, puisque les conventions mettent toujours en rapport l'énoncé avec des types de situation, dont il peut alors parler. C'est dire que la seule valeur sémantique de l'énoncé ne suffit pas à déterminer son application. L'adéquation de l'énoncé n'est en effet pas déterminée a priori par les conventions démonstratives, qui ne prévoient pas leur application. Cela laisse la place à l'intervention d'une faculté humaine, le jugement, qui doit venir évaluer, dans chaque contexte d'usage, la pertinence de l'énoncé et son contenu, et ainsi décider quel usage il est fait de l'énoncé à chaque occasion. Mais cette multiplicité des déterminations permises par les conventions nécessite que, pour dire ou faire quelque chose de déterminé par l'usage d'un énoncé, le locuteur prenne un engagement vis-à-vis de ce qu'il dit et du contexte dans lequel il le dit, qui permette de faire reconnaître de manière objective la partialité du contenu de l'énoncé. Car, ainsi, le locuteur situe l'énoncé et se situe par rapport aux circonstances, ce qui permet à tous les interlocuteurs d'évaluer objectivement l'énoncé dans l'espace des possibles interprétatifs ouvert par les circonstances précises de l'énonciation auxquelles renvoie le locuteur. Car, s'il est possible de dire de multiples choses au moyen de l'usage de conventions données dans un contexte donné, toute interprétation de ce qui est dit n'est pas admise dans ce contexte, puisqu'elle est déterminée par la pratique du langage qui y est mise en œuvre et qui exige la prise en compte de certaines conventions et de certains traits contextuels. En m'engageant vis-à-vis de ce que je dis et de la situation dans laquelle je le dis, je permets ainsi de fixer une compréhension donnée de mon énoncé, d'autres n'étant pas admises par la procédure d'énonciation utilisée en ces circonstances. Autrement dit, en m'engageant à l'occasion de l'usage de mon énoncé, je permets de déterminer l'appréciation qu'il mérite à cette occasion.<br /><br /> En identifiant tout usage de la parole à l'accomplissement de certains actes, Austin opère une véritable révolution en philosophie du langage et s'interdit toute conception représentationnaliste du langage, notamment en ce qui concerne les énoncés de connaissance, qui sont censés dire quelque chose du monde. Il s'inscrit par là dans une tradition anti-représentationnaliste oxonienne, dont le principal représentant est J. Cook Wilson, qui refuse toute conception représentationnaliste de la connaissance pour la ramener bien plutôt à des jugements fondés sur des raisons, se distinguant radicalement des jugements de croyances. Mais Cook Wilson fonde la connaissance sur un concept de certitude circulaire, qui provient du caractère absolu des raisons recherchées, en ce que, selon lui, si je sais, je ne peux pas me tromper, car je sais absolument, ou pour des raisons qui ne peuvent pas être remises en cause. En effet, si ces raisons pouvaient être remises en cause, elles ne seraient pas des raisons fondant un savoir, mais seulement une croyance. Or Austin ne peut pas accepter cela : pour lui, il n'y a rien d'absolu, car cela ne permet plus de rien justifier du tout, et les raisons fondant la connaissance seront toujours des raisons relatives à une occasion d'énonciation.<br /> Il faut en fait comprendre qu'un jugement de connaissance s'exprime nécessairement à travers un acte de parole particulier, un acte de parole descriptif, qui vise à dire des choses à propos du monde. Comme tout acte de parole, celui-ci doit respecter des conditions contextuellement déterminée pour réussir à faire ce qu'il vise. Dès lors, ce qui détermine un énoncé descriptif comme un énoncé de connaissance, et non pas comme un énoncé de croyance, ce sont les conditions particulières qui fondent son emploi, qui sont autant de raisons d'utiliser cet énoncé tel qu'on l'utilise. La connaissance doit alors bien être justifiée, et non plus validée, comme le voulait la tradition empiriste dans une optique qui restait représentationnaliste. Il ne s'agit en effet plus de vérifier si mes énoncés correspondent au réel, mais s'ils sont fondés à dire quelque chose du réel. Dès lors, il convient assurément de préserver l'idée que la connaissance, en tant qu'elle s'exprime dans des énoncés, repose sur des raisons de prononcer ces énoncés. Les énoncés de connaissance sont, en effet, des actes de parole comme les autres, fondés sur des raisons. Mais ces raisons de les prononcer, qui fondent une certaine position prise par cet acte, sont relatives au contexte et non pas absolues, comme le voulait Cook Wilson. On n'utilise en effet un énoncé de connaissance que dans des circonstances précises qu'en fonction de raisons qui valent précisément dans ces circonstances précises et qui fondent mon usage. C'est ainsi que mon énoncé de connaissance gagne une objectivité et une prétention légitime à parler du réel – parce qu'il est contextuellement justifié. On aboutit donc à l'idée d'une conception performative de la connaissance, selon laquelle importe plus les conditions d'usage de l'énoncé que sa teneur représentationnelle.<br /> Or Strawson a voulu réutiliser l'idée austinienne de la performativité pour caractériser les énoncés vrais, et ainsi construire une " théorie performative de la vérité ". Dire que P est vrai, ce ne serait ainsi que s'engager en faveur de ce qui est dit par P, ce qui permettrait d'éliminer le prédicat de vérité de la valeur sémantique de l'énoncé. Austin, paradoxalement, récuse totalement cette idée et soutient qu'un énoncé performatif, par définition, ne peut pas être vrai. Austin considère plutôt que la vérité concerne deux choses particulières : d'une part, ces actes de parole particuliers que sont les affirmations, qui décrivent le réel ; d'autre part, les faits du monde dont parlent ces affirmations, tels qu'ils sont appréhendés dans une certaine situation, et non pas dans l'absolu. Il s'agit donc de mettre en relation un contenu situé avec une situation appréhendée dans une occasion particulière d'évaluation – il s'agit de porter un jugement contextuellement déterminé sur l'adéquation entre un énoncé porteur d'un certain contenu à l'occasion de son énonciation et une situation qui demande à être appréhendée d'une certaine manière à cette occasion. Cela implique que le prédicat de vérité n'est pas éliminable, car son attribution prend précisément en compte une relation entre une affirmation et un état du monde, ce qui n'est pas le cas de la simple affirmation, qui ne prend en compte que le réel. Or ce qui est jugé vrai, c'est l'affirmation, et non pas l'état du monde.<br /> Selon Austin, il faut comprendre la vérité comme une relation conventionnelle entre des types de situations historiques auxquelles on fait référence et des situations-types signifiées par les mots utilisés. Il s'agit d'une relation conventionnelle mais qui laisse, là encore, la place à un jugement, qui doit intervenir pour évaluer la relation de correspondance entre ces deux types. Le jugement ne peut cependant pas juger abstraitement de l
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Contribution à l'étude du pilotage de la modélisation des systèmes d'informationAlvares, Luis Otavio Campos 17 October 1988 (has links) (PDF)
Proposition d'une représentation formelle complète des méthodes de modélisation des systèmes d'information en informatique de gestion. Le but est de constituer une base de connaissances d'un système expert pour diriger des modélisations. Une architecture fonctionnelle d'un tel système expert est proposée et expérimentée
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Une étude du rapport entre connaissance et preuve : le cas de la notion de symétrie orthogonaleMiyakawa, Takeshi 19 December 2005 (has links) (PDF)
Ce travail présente une analyse des rapports entre connaissance et preuve à travers une notion mathématique : La symétrie orthogonale (abordée dans une situation de construction d'une preuve). Nous nous proposons d'éclairer la distance cognitive qui puisse exister chez les élèves, entre la construction géométrique et la géométrie théorique à partir de la spécification des connaissances.<br /><br />Des outils d'analyse (conception, règle, support, etc.) sont adoptés et développés à partir du modèle de connaissance (modèle cK¢) de Balacheff et d'autres modèles de raisonnement et d'argumentation (modèle de Toulmin, etc.), afin d'établir la relation comparative entre le problème de preuve et les autres problèmes (construction géométrique, reconnaissance de figures) en termes de connaissance engagée.<br /><br />Pour tenter d'identifier les connaissances effectives mobilisées par les élèves dans une situation de construction de preuve, une expérimentation est réalisée au collège en classe de 3e en France. Cette expérimentation vient à la suite d'une analyse théorique de certains types de problèmes permettant de mettre en évidence les différents fonctionnements de composants de conception au sens de Balacheff. Les problèmes de construction et de preuve y sont proposés. L'analyse des données met en évidence un écart sur l'état de connaissance des élèves. En effet, ces derniers réussissent bien le problème de construction des figures symétriques, cependant, ils échouent sur un problème analogue (exigeant la même règle), où la preuve est exigée. L'absence d'un « contrôle » organisé dans la construction qui est exigé dans la preuve est identifié.
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Une méthode d'indexation automatique des documents fondée sur l'exploitation de leurs propriétés structurelles : application à un corps techniqueKerkouba, Dalila 22 November 1984 (has links) (PDF)
Stratégie d'indexation automatique de textes en langue naturelle. Intérêts aux aspects structurels du document pour: ― la définition d'une stratégie globale d'indexation fondée sur l'exploitation de la structure logique du document, ainsi que d'éléments textuels particuliers (titres ...) ― la définition de termes d'indexation à partir de celle de syntagmes de la langue naturelle. Les termes d'indexation sont normalisés via une base de connaissances prédéfinie. Les principaux algorithmes utilisés sont présentés, ainsi que les résultats d'expérimentation sur un corpus technique (normes d'exploitation et de fonctionnement du NET).
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Les agronomes de terrain face à une nouvelle agriculture pampéenne : stratégies pour la reterritorialisation des connaissances agronomiquesGrosso, Susana 01 September 2011 (has links) (PDF)
Pendant les années 1990, l'ouverture de l'économie argentine a conduit à une transformation de l'agriculture pampéenne : de nouveaux objets techniques et acteurs ont modifié la pratique agricole et la relation que l'activité entretenait avec les territoires. Cette transformation se traduit aussi au niveau des systèmes d'information et de connaissances agricoles (SICA). Dans la région centrale de la province de Santa Fe, un SICA de base territoriale et régionale (SRICA) s'est consolidé pendant la période de la modernisation des années 1960. Une catégorie particulière de professionnels, les " agronomes de terrain ", y occupait une fonction centrale comme médiateurs légitimes entre la recherche publique réalisée au niveau régional et les agriculteurs.Les transformations des années 1990 conduisent à la fragmentation de ce SRICA. Il en émerge un système de connaissances lié aux grandes cultures (SICGC), promu par les entreprises fournisseuses d'intrants et les producteurs innovateurs agissant selon une logique a-territoriale qui remet en question la fonction des agronomes de terrain. Ces acteurs voient se modifier leurs pratiques professionnelles, leurs relations de travail et leurs espaces de références techniques. Ainsi, conscients de leur perte d'influence dans les nouveaux SICGC, certains cherchent à défendre leur place à partir de la maîtrise locale des nouveaux problèmes agricoles.Ce travail cherche à comprendre les changements touchant le groupe professionnel des agronomes de terrain, comme un moyen pour analyser les transformations qui affectent la profession et pour apporter des éléments nécessaires pour repenser la formation des ingénieurs agronomes.
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De l'enseignement supérieur de masse à l'économie de la connaissance : la valeur des diplômes en questionGiret, Jean-François 07 October 2011 (has links) (PDF)
Ce document propose une analyse des relations entre l'enseignement supérieur de masse et l'économie de la connaissance sous l'angle de la valeur des diplômes, la valeur salariale, la valeur professionnelle mais également la valeur plus subjective perçue par les individus. Il est organisé autour de trois chapitres. Le premier part du constat de la forte hétérogénéité des rendements salariaux l'enseignement supérieur dans le monde. A partir d'une métaanalyse, il montre que ces taux de rendement sont étroitement dépendants des structures économiques et du développement de l'enseignement supérieur dans chaque pays. Le deuxième chapitre se focalise sur l'évolution de l'enseignement supérieur de masse en France et ses relations avec le marché du travail. Réinterrogeant la théorie de l'éligibilité proposée il y a plus de 35 ans, il met en relation la dégradation des conditions d'insertion des diplômés avec les changements dans l'allocation du temps des étudiants dans les premières années d'enseignement supérieur. L'analyse dans le dernier chapitre se déplace vers le niveau le plus élevé du système LMD, la formation doctorale, parfois présentée comme l'un des moteurs d'une économie fondée sur la connaissance. Elle pose notamment la question de la transférabilité des compétences acquises par les doctorants pour se préparer aux carrières académiques et qui sont souvent peu valorisées en France sur le segment privé du marché du travail scientifique.
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