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L’indicible. Heidegger, Lévinas, Wittgenstein / Unsayable. Heidegger, Levinas, Wittgenstein

Tirelli Soriente, Guillermo Adrian 08 October 2011 (has links)
W. von Humboldt introduit une pensée romantique du langage, s’éloignant ainsi des interprétations nées chez les philosophes grecs. La langue est considérée digne d’une étude philosophique sérieuse.Plus tard, les courants contemporains du langage élaborent de nouveaux rapports entre langue et réalité. La tradition herméneutique et, principalement, le tournant linguistique donnent une clé de compréhension des philosophes du vingtième siècle. En outre, la lecture constructiviste de Derrida est aussi considérée mais ses atouts sont finalement contestés en estimant l’argumentation de Marion.Dans ce cadre, les philosophies de Heidegger, Lévinas et Wittgenstein sont abordées, d’abord dans une étude du rapport entre langue et être et ensuite dans des problématiques discrètes qui illuminent le sujet.Au fil du texte, la question sur l’indicible et sur les limites du langage est toujours présente et guide le récit.Les analyses faites sur des œuvres principales des trois philosophes ainsi que des critiques faites à ce propos signalent tant le rejet de l’héritage métaphysique traditionnel et de sa conception du langage que des nouvelles façons de considérer le rôle du langage dans la philosophie contemporaine. Pour chaque philosophe, en dépit des différences, la langue devient centrale et sa source se trouve en elle-même.Ces analyses mènent à l’affirmation qu’il n y a pas de place pour un indicible proprement dit dans leurs pensées. Au contraire, le tournant vers le langage a pris le chemin vers une dicibilité totale. / W. von Humboldt introduced a romantic approach to language, far from the interpretations which originated with the Greek philosophers. Language is considered worthy of serious philosophical study.Later, new relationships between language and reality would develop from contemporary thought about language. The hermeneutics tradition and, mainly, the linguistic turn provide a key to understanding the philosophers of the twentieth century. The text also considers a constructivist reading of Derrida but such a reading is ultimately weakened by Marion’s argumentation.In this context, the philosophies of Heidegger, Levinas and Wittgenstein are discussed, first in a study of the relationship between language and being, then in terms of more specific issues which help to throw light on the subject.In the course of the text, the question of the unsayable and of the limits of language is always present and guides the discourse.Analyses of major works of the three philosophers and their critics show a rejection of inherited metaphysical conceptions and the consequent views of language as well as new ways of looking at the role of language in contemporary philosophy. For every philosopher, despite their differences, language becomes central and its source is found in itself.These analyses lead to the assertion that there is no place for a proper unsayable in the thought of the three philosophers. On the contrary, the turn towards language has forged a path to a full sayability.
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Círculo de cultura: origem histórica e perspectivas epistemológicas / Cercles de Culture: originè historiquè et la possibitilés épistémologie

Marinho, Andrea Rodrigues Barbosa 10 March 2009 (has links)
Esta dissertação tem como objeto principal os Círculos de Cultura iniciados por Paulo Freire na década de 60. Círculos de Cultura, ações realizadas no Brasil (déc 60) e na África (déc 70) mostram conceitos, categorias, elementos e desenvolvimentos importantes como contributos à história da educação. Os principais conceitos de Paulo Freire como cultura, currículo, ensino, pesquisa, educação e transformação e transdisciplinaridade são trazidos a campo para alinharmos as bases de compreensão para nosso objeto de estudo. A contemporaneidade do processo educativo e as atuais ações acerca dos Círculos são analisadas como re-leitura do trabalho freiriano. Os desafios e perspectivas acerca dos Círculos são estudados tendo a teoria habermasiana, mais precisamente a teoria da ação comunicativa como pano de fundo. Bakhtin e Álvaro Vieira Pinto corroboram nesses estudos fundamentando as possibilidades do diálogo como essência ética e fundante das ações circulares, além de contribuir com a visão tecnológica de tal processo. Os princípios axiológicos como comunhão, busca, iniciativa, conviviabilidade, comprometimento, colaboração, co-responsabilidade e solidariedade são valores que estruturam duas essências do projeto educativo: a dialogicidade e a reciprocidade. Embora feita à busca empírica em diversos usos dos Círculos de Cultura atualmente, nosso trabalho tem caráter predominantemente teórico. Para tanto, foram realizadas pesquisas bibliográficas em obras freirinas e documentos diversos como jornais, e-mails, entrevistas, vídeos, teses, dissertações, trabalhos de conclusão de curso entre outros que se tornaram oportunos. O presente estudo apontou como resultado reflexões a cerca dos usos dos Círculos de Cultura como contributo à educação contemporânea. Fazer a re-leitura do pensamento freiriano alinhavado às teorias habermasianas e bakhtinianas nos mostrou novas possibilidades no processo axiológico de nosso objeto e, principalmente, na formação de professores por meio da filosofia da linguagem. / Ce travail a pour principal objet de la Cercles de Culture lance par Paulo Freire dans les années 60. Cercles de Culture, part au Brésil (60 décembre) et en Afrique (70 déc) montrent des concepts, des catégories, des articles et des événements importants tels que les contributions à l\'histoire de l\'éducation. Les principaux concepts de Paulo Freire et de la culture, curriculum, l\'enseignement, la recherche, l\'éducation et de la transformation et la transdisciplinarité sont introduits dans le domaine afin d\'aligner la base de la compréhension de notre objet d\'étude. Un contemporain de l\'éducation et le stock actuel d\'environ cercles sont considérés comme des re-lecture de l\'uvre Freirian. Les défis et les perspectives sur les Cercles sont étudiées avec la théorie de J. Habermas, en particulier la théorie de l\'action communicative comme un arrière-plan. Bakhtin et Álvaro Vieira Pinto études corroborent ces raisons, les possibilités de dialogue et d\'essence éthique part de la fondation et de circulaires, et de contribuer à la vision d\'un processus technologique. Les principes axiológicos comme communion, de recherche, de l\'initiative, amicale, de l\'engagement, la collaboration, la co-responsabilité et la solidarité sont des valeurs que deux essences cadre du projet éducatif: le dialogue et la réciprocité. Tout en regardant les diverses utilisations de l\'empirique dans les cercles de la culture d\'aujourd\'hui, notre travail est essentiellement théorique. Pour cela, des recherches bibliographiques ont été menées dans freirinas de travaux et de divers documents tels que les journaux, les e-mails, des interviews, des vidéos, des thèses, des mémoires, l\'achèvement des travaux de cours et d\'autres qui sont devenus d\'actualité. Cette étude, à la suite de la réflexion sur l\'utilisation des Cercles de Culture comme une contribution à l\'éducation contemporaine. Faire re-lecture des théories de la pensée Freirian pavé habermasianas et bakhtinianas nous a montré de nouvelles possibilités dans le processus de notre objet axiologique et principalement dans la formation des enseignants par le biais de la philosophie du langage.
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Le langage est un lieu de lutte : la performativité du langage ordinaire dans la construction du genre et les luttes féministes / Language is a place of struggle : performativity of ordinary language in the construction of gender and feminist struggles

Gérardin-Laverge, Mona 14 December 2018 (has links)
Comment penser la construction et la déconstruction du genre dans le langage ? Je montre que la philosophie du langage ordinaire — et notamment la théorie austinienne des actes de parole — peut soutenir une approche constructiviste et éclairer le rôle du langage dans la construction sociale du genre. La naturalisation du genre repose à la fois sur une représentation du langage — comme simple reflet du réel et comme « capacité » inégalement partagée — et sur des pratiques linguistiques ordinaires et scientifiques. Penser cela implique de dépasser la stricte dichotomie de l’idéologique et du matériel, pour analyser ensemble la construction et la représentation du genre dans des pratiques discursives et non-discursives. La théorie butlerienne de la « performativité du genre » permet de penser à la fois la construction du genre et sa contingence, sa possible déconstruction. Mais quel est notre pouvoir transformateur ? Si montrer qu’un phénomène n’est pas naturel ne suffit pas à le détruire, analyser sa force ne nous réduit-il pas à l’impuissance ? Pour répondre à ces questions, j’étudie des pratiques discursives de lutte. Je montre le pouvoir transformateur de pratiques de subversions et d’actes de parole insurrectionnels, qui font usage de la performativité du langage pour transformer les conditions sociales encadrant l’efficacité des discours. Je montre que ces pratiques déconstruisent le genre et produisent des collectifs de lutte, pour insister sur ce qu’une approche radicalement constructiviste du genre ouvre comme possibles pour le féminisme et l’action collective. / How is gender constructed and deconstructed in ordinary practices of language? First of all, I demonstrate that ordinary language philosophy – and more specifically the austinian theory of speech acts – can lay the ground for a constructivist approach and help to understand the role of language in the social construction of gender. I show that gender is naturalized both by our representation of language itself – as a mere reflect of reality and as an unequally shared “capacity” – and by ordinary and scientific practices of language. Understanding this idea involves going beyond the dichotomy of ideological and material, in order to analyze construction and representation of gender together in both discursive and non-discursive practices. Butler’s theory of gender performativity makes it possible to understand both construction and deconstruction, or the contingency of gender. But does not highlighting the strength of this construction lead to deny our power and agency? To answer this question, I study feminist discursive practices. I highlight transformative power of subversions and insurrectional speech acts. I analyze discursive practices of denaturalization that challenge both social and discursive orders, and practices that use language performativity to change the social conditions that give power to speech acts. These practices deconstruct gender and produce political and collective subjects: a radical constructivist approach to gender thus opens rich perspectives for feminism and collective activism.
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The Manifestation of Context / La manifestation du contexte

Hu, Yang 15 June 2018 (has links)
Le but de cette dissertation est de développer une théorie manifestationaliste du contexte. Cet objectif sera atteint en deux étapes. Premièrement, nous essaierons de spécifier le rôle explicatif du contexte dans l'interprétation de l'énoncé en développant une notion de « force du contexte » et un modèle de « contribution contextuelle ». Deuxièmement, nous allons essayer de montrer comment la force du contexte peut être rendue manifeste par les connecteurs du discours. La thèse comprend deux parties. La première partie est composée de trois chapitres. Le premier chapitre établit principalement un cadre conceptuel dérivé d'une analyse des entrées de dictionnaire pour le contexte afin de capturer notre notion intuitive de contexte. Il y a quatre composantes conceptuelles, « situation », « texte (quelque chose de parlé ou d'écrit) », « connexion », « signification », qui sont indispensables à la compréhension de la notion. La connectivité du contexte, enracinée dans la notion de « connexion », est la base conceptuelle de la notion de « force contextuelle ». Le deuxième chapitre est consacré aux spécifications de certaines conceptions et distinctions fondamentales : la définition du « discours », la distinction entre « phrase » et « énoncé », et la notion de « signification du locuteur » de Paul Grice. Le troisième chapitre est une critique détaillée de deux grandes théories du contexte. La première théorie, adaptée aux indexicaux, commence avec le travail pionnier d'Arthur W. Burks et de Yehoshua Bar-Hillel sur la signification indexicale et aboutit à l'approche bien développée du contexte dans la théorie des indexicaux de Kaplan. La seconde, grâce à Robert Stalnaker, prend le contexte comme le savoir couramment présupposé entre interlocuteurs dans une conversation, ou selon les propres termes de Stalnaker, « terrain d'entente ». La deuxième partie comprend deux chapitres. Dans le premier chapitre, nous clarifions d'abord la différence entre les approches de Kaplanian et de Stalnakerian et les nôtres : les premiers fondent leurs théories sur le concept intuitif de « contexte-comme-situation », à savoir que le contexte est une situation où un explanandum a lieu ; les nôtres ont l'intention de fonder une théorie du contexte sur le concept intuitif de « contexte-en-utilisation ». Grâce au concept de « contexte-en-utilisation », nous sommes donc intéressés par : ∂. La force (pas le contenu) du contexte. ß. La manifestation (pas la représentation) du contexte. / The aim of this dissertation is to develop a manifestationalist theory of context. This aim will be achieved by two steps. First, we will try to give a new specification of the explanatory role of context in utterance interpretation by developing a notion of the “force of context” and an account of “contextual contribution”. Second, we will try to show how the force of context can be made manifest by discourse connectives. The dissertation includes two parts. The first part is comprised of three chapters. The first chapter mainly establishes a conceptual framework derived from an analysis of dictionary entries for “context” to capture our intuitive notion of it. There are four conceptual components, “situation”, “text (something spoken or written)”, “connection”, “meaning”, which are indispensable for an understanding of the notion. The connectedness of context, rooted in the very notion of “connection”, is the conceptual basis of the notion of “context force”. The second chapter is dedicated to specifications of some related fundamental conceptions and distinctions: the definition of “discourse”, the distinction between “sentence” and “utterance”, and the Gricean notion of “speaker meaning”. The third chapter is a detailed review of two major theories of context. The first, tailoring context to indexicals, begins with the pioneering work of Arthur W. Burks and Yehoshua Bar-Hillel on indexical meaning and culminates in the well-developed approach to context in Kaplan’s theory of indexicals. The second, due to Robert Stalnaker, takes context as the knowledge commonly presupposed between interlocutors in a conversation, or in Stalnaker’s own terms, “common ground”. The second part includes two chapter. In the first chapter, we primarily clarify the difference between Kaplan and Stalnaker’s approaches and ours: the former base their theories on the intuitive concept of context-as-situation, namely that the context is a situation where some explanandum occurs; the latter intends to base a theory of context on the intuitive concept of context-in-use. Stemming from the concept of context-in-use, we are thus interested in: ∂. The force (not the content) of context. ß. The manifestation (not the representation) of context.
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Structure de culture et minimalisme : l’enjeu politique du minimalisme sémantique

Boileau, Xavier 08 1900 (has links)
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La métaphysique comme branche de la littérature fantastique : une lecture wittgensteinienne de Borges / Mataphysics as a branch of fantastic litterature : a wittgensteinian reading of Borges

Di Rocco Valdecantos, Florencia 18 September 2017 (has links)
La métaphysique comme branche de la littérature fantastique : une lecture wittgensteinienne de Borges. L'une des formules de Borges tient que la "métaphysique" n'est qu'une branche de la littérature fantastique. Caractérisant la logique borgésienne d'une "ludique" herméneutique - celle de lire les textes philosophiques à partir des narrativités qu'ils autorisent- cette remarque semble pourtant soulever une question proprement philosophique : celle du statut de notre concept ordinaire d'objet. D'après la proposition wittgensteinienne, notre concept d'objet physique n'est qu'un concept "logique". La question demeure ainsi de savoir si nos jeux de langage ordinaire épuisent sa grammaire, et dans quelle mesure les fictions et les essais de Borges, qui jouent avec celle-ci, devraient être considérés comme un élargissement, ou bien comme une distorsion de la grammaire ordinaire de l'objet. Il s'agira ainsi d'interroger, d'un côté, si les textes borgésiens tolèrent une lecture analytique ; d'un autre, de démontrer comment la fiction, en recadrant à chaque fois le partage entre dire et montrer, permet d'en détourner, ou bien d'en dépasser la "logique". / Metaphysics as a branch of fantastic literature: a Wittgensteinian reading of Borges. One of Borges' slogans holds that "metaphysics" is only a branch of fantastic literature. Characterizing the Borgesian logic behind a playful hermeneutics -i.e., the possibility to read philosophy througout the narrativities it authorizes- this remark seems to raise a strictly philosophical question, namely that of the status of our ordinary concept of object. According to Wittgenstein, our concept of physical object is just a "logical" concept. The question thus remains whether our ordinary language games exhaust its grammar, and to what extent Borges' fictions and essays, as an attemp to play with it, should be regarded as an extension, or rather as a distortion of the ordinary grammar of the object. It will thus be necessary to inquiry, on the one hand, whether the Borgean texts tolerate an analytic reading; on the other, to show how each fiction, by reframing all over again the split between saying and showing, makes it possible to divert or rather to go beyond its "logic".
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Les pouvoirs du langage : la contribution de J.L. Austin à une théorie contextualiste des actes de parole.

Ambroise, Bruno 25 March 2005 (has links) (PDF)
J.L. Austin est le promoteur, non pas seulement d'une théorie novatrice, mais aussi, en premier lieu, d'une méthode bien particulière en philosophie : la " phénoménologie linguistique ", qui entreprend de scruter " ce que nous dirions quand ", pour déterminer la manière dont le langage ordinaire, dans toutes ses nuances, est un véritable " révélateur " de la réalité, dans ses moindres détails. Cela est dû au fait qu'ayant passé l'épreuve de l'histoire, il est le plus à même de nous révéler les distinctions importantes, c'est-à-dire celles qui importent dans notre vie humaine. La philosophie d'Austin n'a donc pas tant le langage comme objet que comme méthode.<br /> Or, révélateur de la réalité, le langage est aussi révélateur de l'action, d'une façon beaucoup plus fine que les concepts ordinairement utilisés en philosophie. Il nous donne un concept de l'action, qui nous permet de comprendre que l'identification d'une action est un processus complexe, puisque l'action peut être appréhendée de différentes façons, selon les objectifs visés dans la description. Chaque type de description permet en effet de déterminer une action différente, qui n'est pas réductible à une autre et joue un rôle spécifique, et qui a donc une réalité propre, même si elle n'est pas explicable en termes physicalistes. C'est pourquoi on comprend que l'identification d'une action est toujours relative à une certaine façon d'appréhender le réel, orientée par des valeurs. Mais cette intervention des valeurs dans la description ne remet pas en cause l'objectivité de la description effectuée – elle la rend au contraire possible. Ce que la philosophie du langage d'Austin révèle ainsi en premier lieu, c'est qu'une description objective n'est pas une description qui s'interdit des considérations évaluatives, mais plutôt celle qui utilise les bonnes évaluations. Austin entend ainsi remettre en cause le fétiche de la distinction entre faits et valeurs, comme il remettra plus tard en cause le fétiche de la distinction entre vrai et faux.<br /> Si la description d'une action prend nécessairement en compte des aspects évaluatifs, alors celle-ci n'est saisie qu'en fonction de la pratique qui comporte ces aspects et qui oriente l'action effectuée en lui donnant un objet et une motivation. L'action fait donc toujours partie d'un plan d'action plus global, qui lui donne un sens en l'orientant, et c'est pourquoi elle ne peut pas être saisie indépendamment de son contexte de réalisation. Cela annonce l'idée qu'il en ira de même pour les actes de parole : on ne pourra pas les isoler de leur contexte de réalisation pour étudier abstraitement leurs caractéristiques, mais il faudra toujours identifier les pratiques (non nécessairement discursives) à laquelle ils contribuent plus largement pour comprendre leurs spécificités.<br /><br /> Traditionnellement, on considère que le langage est soit vrai, soit faux, et qu'il peut donc s'évaluer en fonction de conditions de vérité. Si je dis ainsi " Le chat est sur le tapis ", on considère que la signification de la phrase permet de déterminer la situation dans laquelle l'énonciation de la phrase serait vraie ; ici, on pourrait dire que cette phrase serait vraie dans une situation où un chat serait sur un tapis. Toute phrase, en fonction de la signification qu'elle porte, peut donc être évaluée, en situation, en fonction de sa vérité ou de sa fausseté. Mais dès lors que l'on montre que le langage peut échouer pour d'autres raisons que son évaluation en termes de vérité ou de fausseté, on est obligé de poser qu'il a d'autres conditions de réalisation, propres aux actions – des conditions qui ne sont plus des conditions de vérité. Tout le propos d'Austin dans How to do Things with Words est de relever ces conditions de manière la plus exhaustive possible. C'est ainsi qu'il accomplit une véritable révolution en philosophie du langage.<br />La tradition philosophique veut, en effet, que le propre du langage soit de décrire le monde en s'effaçant devant lui et que ce soit sa seule raison d'être. Un énoncé quelconque ne vaudrait ainsi qu'à dire le monde, que cet énoncé soit " Le chat est sur le tapis " ou " Je t' ordonne de te laver les mains ". Ces deux énoncés n'auraient d'usage qu'à avoir une signification identifiable en termes de conditions de vérité (selon le procédé vu précédemment) qui détermineraient la situation du monde dans laquelle ils seraient correctement utilisables. Dès lors, soit le langage dit ce qui est, il représente le monde, et il est vrai ; soit il ne dit pas ce qui est, et il est faux. Un langage sensé est donc soit vrai, soit faux, et tout énoncé qui n'est ni vrai, ni faux n'a pas vraiment de sens (c'est ainsi qu'on range généralement les énoncés de type éthique ou esthétique). Or Austin montre que des énoncés qui ne sont ni vrais, ni faux, sont tout à fait sensés et pertinents. Prenons en effet le maire qui dit devant un couple : " Je vous déclare unis par les liens du mariage ". Cet énoncé n'est pas vrai, car le maire ne décrit pas une réalité (les liens du mariage, qui n'existent pas au moment où l'énoncé est prononcé) ; mais il n'est pas faux non plus, car, dans la bonne situation, cet énoncé sera totalement accepté et aura même une efficacité. Il faut donc poser des énoncés qui ne fonctionnent pas selon une logique représentationnelle et véri-conditionnelle, qui ne cherchent pas à dire ce qui est, mais qui ont une autre fonction.<br /> Parmi ces énoncés tout à faits sensés qui ne disent ni le vrai, ni le faux, il existe une classe d'énoncés qui font véritablement quelque chose – une preuve en étant qu'ils modifient la description que l'on va donner de la réalité. Ces énoncés sont appelés par Austin des énoncés performatifs : ils semblent indiquer ce qu'ils font, mais on ne peut expliquer leur action ni en fonction de ce qu'ils disent, ni par leur caractère auto-référentiel. Ainsi, après que j'ai dit " Je te promets de faire la vaisselle ", je suis véritablement engagé à faire la vaisselle, un nouvel engagement est pris, qui n'était pas présent avant cette énonciation. Or cet engagement ne peut pas être pris par une simple description de la réalité : une description n'engage pas comme le fait une promesse. Dès lors, ce n'est pas parce que ce que je dis a pour signification que je promets de faire la vaisselle, évaluable en termes de vérité ou de fausseté, que je promets de faire la vaisselle. Il faut faire intervenir autre chose pour expliquer la réalisation d'un acte qu'une composante purement sémantique.<br /> Si l'action des énoncés ne peut pas s'expliquer par leurs significations, c'est parce qu'elle résulte de l'établissement de certaines conventions, qui vont définir, de manière arbitraire, certaines procédures linguistiques comme réalisations d'actes aux conséquences déterminées et obligatoires. L'action vient ainsi de la reconnaissance sociale qui est accordée, par convention, à certaines paroles. C'est le caractère conventionnel de l'acte de parole qui explique son caractère normatif, puisque les hommes appartenant à une même communauté linguistique ne peuvent faire autrement que de reconnaître la réalisation d'un acte d'un certain type lors de la profération de certaines paroles.<br /> Ces conventions qui définissent les performatifs sont par ailleurs multiples et ne concernent pas qu'un aspect de la réalité linguistique (l'aspect sémantique). La plupart ne sont d'ailleurs pas linguistiques. Elles impliquent ainsi de prendre en compte des paramètres variés (lieu, moment, personnes, habillement, gestes, statut social, passé, etc.), dont la présence ou l'absence déterminent autant de types de ratages possibles des énoncés. Les performatifs peuvent dès lors réussir en fonction de différents paramètres, qui forment autant de conditions de félicité, et non plus de vérité. On voit donc que le langage ne se met plus en place en fonction seulement de ce qu'il dit, mais aussi en fonction de la situation dans laquelle il est dit. Se met ainsi en place une forte dépendance contextuelle de l'usage du langage.<br /> On remarquera qu'il existe deux types d'énoncés performatifs : des performatifs explicites, dont l'action semble explicitée dans le contenu de l'énoncé, et les performatifs implicites qui n'indiquent pas ce qu'ils font. Mais le fait que certains indiquent ce qu'ils font ne leur donne aucune priorité (en fait, selon Austin, ils suivent des seconds) et leur efficacité ne s'explique pas plus par cette caractéristique. Les performatifs explicites sont simplement plus codifiés que les performatifs implicites et résultent d'un travail historique de clarification et n'ont pas de spécificité autre.<br />Puisque certains performatifs sont explicites, on pourrait, en effet, rechercher des critères linguistiques qui permettent de les identifier, et encore rechercher une explication de type sémantique à leur efficacité (l'efficacité de " Je te promets de " s'expliquerait ainsi par le fait qu'il dit que je promets de faire quelque chose). Mais on ne trouvera en fait aucun critère linguistique qui identifie un performatif, car on va comprendre que des énoncés peuvent réaliser la même chose que des performatifs explicites sans dire en rien ce qu'ils font. C'est donc que les critères de ces énoncés sont pragmatiques, et, en réalité, s'appliquent aussi aux énoncés non performatifs. Mais c'est dire que tout énoncé est relatif, pour son efficacité, au contexte ; dès lors, on peut poser que tout énoncé comporte un aspect performatif : tout énoncé peut alors être requalifié comme acte de parole.<br /> Car il convient, en fait, de distinguer trois niveaux actifs dans tout énoncé. Le premier niveau, celui de ce qui est dit (aspect locutionnaire), comporte lui-même trois aspects. Les deux premiers aspects, celui de la profération de sons et de la formulation d'énoncés grammaticalement corrects n'introduisent pas encore à la parole humaine (un perroquet peut les réaliser). Le troisième niveau de l'acte locutionnaire est celui où l'on dit véritablement quelque chose par l'usage des mots. Tout le problème est de savoir si le contenu porté par l'énoncé à ce niveau de réalisation est purement sémantique et indépendant des conditions pragmatiques de réalisation. Austin montrera qu'il n'est purement sémantique qu'abstraction faite de son aspect d'acte de parole. Ainsi, il est exact que l'énoncé " Je te promets de faire la vaisselle ce soir " est un acte locutionnaire au sens où il dit que je promets de faire la vaisselle ce soir. Mais, en réalité (concrètement), il ne peut le dire que parce qu'il est un acte de parole consistant à promettre, c'est-à-dire uniquement parce qu'il comporte un autre aspect. En effet, l'aspect locutionnaire de l'acte, celui où il porte une signification, n'est qu'une façon de décrire l'activité réalisée par l'acte – celle qui consiste à dire des choses douées de sens. Mais cet acte ne forme pas un énoncé complet, car il ne peut pas advenir indépendamment de l'aspect illocutionnaire, tributaire d'un autre mode de description. (Pour le dire autrement, un acte de parole est toujours complet.)<br /> Le deuxième niveau de l'acte de parole, l'aspect illocutionnaire, correspond à l'aspect performatif – celui où l'on fait en disant. Cet acte est accompli quand l'auditoire reconnaît qu'il est accompli, mais il ne se réduit pas pour autant à un simple effet sur l'auditoire, car il possède une forte objectivité qui oblige à sa reconnaissance. Le caractère promissif de l'énoncé " Je te promets de faire la vaisselle ce soir " dérive ainsi du fait que mon interlocuteur le prend nécessairement, dans cette situation, comme un acte de promesse, et non pas du simple fait qu'il comprend ce que cet énoncé veut dire. L'objectivité, dans ce cas, est forte, car elle est conférée à l'acte de parole par les conventions qui définissent ce deuxième niveau. L'action réalisée n'est pas une action naturelle, mais une action conventionnelle, en ce sens qu'elle est définie arbitrairement par une communauté humaine, qui dote de certains pouvoirs l'énonciation de certains mots dans certaines circonstances. Et lorsqu'une action illocutionnaire est réalisée, alors elle s'évalue de manière spécifique, en fonction de ce qu'elle accomplit et du rapport au réel qu'exige cet accomplissement (par rapport, ici, à ce que j'ai promis). Ce rapport au réel est médiatisé par le contenu locutionnaire, qui spécifie partiellement le réel en rapport avec l'action. On peut alors relever un trait marquant de l'acte illocutionnaire : sa capacité à toujours pouvoir être réalisé en première personne. Cela témoigne de la subjectivité qui s'inscrit dans l'acte et qui, par là, s'engage. Une responsabilité est en effet toujours prise quand un acte illocutionnaire est accompli. Par là, une condition par défaut de la réalisation adéquate de l'acte est de le faire sérieusement, sans arrière-pensée, de manière non-humoristique, non feinte.<br /> Le troisième niveau de l'acte de parole est qualifié de perlocutionnaire par Austin : il concerne les conséquences qui s'ensuivent de la réalisation d'un acte illocutionnaire et qui reprennent en partie les effets rhétoriques analysés par Aristote. Comme conséquences, ceux-ci ne sont pas nécessaires, mais résultent de la manière contingente dont l'auditoire prend l'énoncé, comme par exemple quand la maman est triste en assistant au mariage de son fils. La tristesse de la maman n'est pas logiquement impliquée par l'énoncé de mariage, mais elle en est néanmoins une conséquence directe. Par conséquent, les actions perlocutionnaires ne sont toutefois pas indépendantes de l'action illocutionnaire qui en est la cause, mais elles consistent dans une certaine façon de l'appréhender : du point de vue des effets, des suites, parmi une multitude, que celle-ci est susceptible d'engendrer. Mais ce qui distingue bien l'action perlocutionnaire des deux autres types d'actions, c'est son caractère aléatoire : les effets qui s'ensuivent de l'acte illocutionnaire ne sont pas déterminés par cet acte, car ils ne sont pas réglés par convention. Ils sont plus des effets naturels et, par suite, ils n'engagent pas la responsabilité de l'agent au même titre que l'acte illocutionnaire, qui détermine l'agent à un certain nombre de choses. On peut parfois confondre les conséquences (perlocutionnaires) de l'acte avec ses effets (illocutionnaires) nécessaires, notamment parce que la nature humaine réagit à peu près uniformément aux mêmes actes de parole, de telle sorte que l'éventail des réactions perlocutionnaires n'est pas inattendu. Mais toute la différence réside dans le caractère non-normatif de ces conséquences : l'une n'est pas plus nécessaire qu'une autre.<br /> Une fois caractérisés selon leur trois dimensions, les actes de parole sont alors soumis à plusieurs formes d'échecs, selon le type de conditions conventionnelles qui n'est pas respecté par l'agent. Ces échecs peuvent se cumuler, car ils sont eux-mêmes relatifs au mode de description adopté, au point de vue adopté sur l'acte. Un échec ne l'est en effet qu'en fonction du but considéré et comme un acte peut s'inscrire dans différentes pratiques ou servir plusieurs fins à la fois, on peut considérer qu'il échoue de différentes manières. Toutefois, les échecs ont d'abord été identifiés en tant qu'ils concernaient les performatifs, et ils ne concernent pas vraiment le niveau locutionnaire, même si celui-ci joue un rôle dans la réussite de l'acte de parole total, quant à la détermination du rapport à la réalité exigé. En tout cas, les échecs étant relatifs au respect de règles conventionnelles, ils ne peuvent pas affecter le niveau perlocutionnaire qui n'est pas réglé par des conventions.<br /> Comme les échecs de l'illocution sont alors relatifs à l'application de la convention, on comprend qu'ils s'assimilent essentiellement à des échecs dans la reconnaissance de l'exécution de l'acte. Dans ce cas, on ne parvient pas à faire reconnaître la procédure conventionnelle utilisée, c'est-à-dire qu'on ne parvient pas à faire comprendre ce qu'on a voulu faire et à entraîner les conséquences normatives qui s'ensuivent normalement de cette compréhension ou reconnaissance conventionnellement réglée.<br /> Cependant, les échecs relevés par Austin ne permettent pas d'identifier des règles a priori, qui gouverneraient de manière totalement déterminée l'usage du langage. Celui-ci admet bien des variations et les échecs n'ont lieu que lorsque les variations sont trop importantes par rapport au paradigme d'usage accepté dans la communauté linguistique. Les règles ne sont donc pas des principes rigides qu'il faudrait respecter à la lettre ; elles admettent au contraire une marge d'indétermination, qui est suppléée par une interprétation contextuelle de leur application correcte.<br /> Pour mesurer cette application, il faut toutefois considérer le rapport des énoncés avec le réel où ils s'appliquent. Par conséquent, il convient d'analyser la pertinence des actes de parole eu égard à leur contexte. C'est dire que, contre le positivisme logique qui considère que seuls les énoncés constatifs ont un rapport aux faits sous la modalité du vrai ou du faux, Austin montre que tous les actes de parole entretiennent certains rapports avec les faits, en fonction de leur dimension d'évaluation spécifique et du contenu locutionnaire, qui vient le spécifier. Ainsi, l'énoncé " Je promets de faire la vaisselle " entretient un certain rapport à la réalité en ce que son statut de promesse m'engage à transformer l'ordre de la réalité de manière à la réaliser. Elle ne peut par ailleurs être réalisée qu'en fonction de ce qui est dit au travers de cet acte : il s'agit de faire la vaisselle et non pas de promener le chien. Le contenu locutionnaire de l'acte détermine ainsi le rapport spécifique qu'il doit entretenir avec les faits. Par conséquent, la réussite des actes de parole va dépendre de plusieurs rapports aux faits spécifiques, propres aux différentes règles conventionnelles définissant les actes de parole. Chaque règle détermine en effet un certain rapport aux faits, que ce soit un rapport contextuel, un rapport de présuppositions, un rapport de sincérité, etc.<br /> Austin va alors montrer que, parmi ces rapport aux faits, figurent différents types de présuppositions. Tout acte de parole ne réussit en effet qu'à présupposer un certain nombre de faits, qui déterminent la pertinence de l'usage d'un énoncé. Ainsi, généralement, je ne peux te souhaiter de réussir ton examen que si la réussite à cet examen est quelque chose qui t'apporte quelque chose. Est donc présupposé le fait que cette réussite t'est favorable. Mais les présuppositions austiniennes consistent à poser des conditions réelles relatives aux contextes d'usage et non pas des règles nécessaires et a priori de conversation, qu'il faudrait suivre à la lettre en toute occasion. Il peut en effet s'avérer que la situation demande à ce que telle chose ne soit pas présupposée, ou que soit présupposé autre chose, d'autres faits. La position d'Austin est donc contraire à celle de Grice, puisqu'elle ne permet pas de déterminer a priori la situation d'usage correct des énoncés.<br /> Dans le même ordre d'idée, on a souvent tendance à considérer, avec Searle, qu'une des conditions essentielles de réussite des actes de parole est leur doublure par une croyance ou une intention. On prend généralement comme exemple, pour le montrer, le cas de la promesse, qui ne réussirait qu'à être sincère, c'est-à-dire à correspondre à une intention de tenir la promesse. Si je faisais une promesse sans avoir l'intention de la tenir, alors, en fait, je ne promettrais pas. La réalité de la promesse résiderait donc dans l'acte mental ou l'intention qui la sous-tend. Austin montre que cette explication de la promesse est contre-productive et offre justement la possibilité de ne pas s'engager par la promesse, en alléguant l'absence (toujours possible) de l'intention correspondante. En réalité, il faut poser que la condition de sincérité ne réside pas dans l'état d'esprit accompagnant la promesse, mais, bien plus objectivement, dans la procédure conventionnelle utilisée pour la réaliser. Ce n'est pas qu'un engagement mental doive toujours accompagner l'énonciation d'une promesse, mais c'est simplement que cette énonciation engage conventionnellement à la tenir.<br /> Strawson a lui aussi proposé une analyse des actes de parole qui fait dépendre leur bonne réalisation de la reconnaissance des intentions qu'ils exprimeraient. Mais à supposer même que des actes de parole expriment des intentions, celles-ci n'auraient aucune possibilité d'entraîner la réalisation de l'acte de parole, car elles n'ont aucune contrainte normative. Ce n'est en effet pas parce que j'exprime une intention que je m'oblige à quoi que ce soit en fonction de cette intention. Il faut bien plutôt tout le poids de la convention pour que s'ensuive d'une énonciation un certain nombre de conséquences nécessaires. Par conséquent, il convient de rejeter comme illusoires tout aussi bien l'analyse searlienne que l'analyse strawsonienne.<br /> Grice a, quant à lui, proposé de rendre compte de la signification historique portée par les énoncés en contexte au moyen des intentions du locuteur. C'est ainsi parce que j'aurais l'intention de promettre de faire la vaisselle ce soir qu'il faudrait comprendre que je promets de faire la vaisselle ce soir au moyen de l'énoncé " Je te promets de faire la vaisselle " - le caractère promissif dérivant de la reconnaissance de l'intention exprimée. Mais c'est là encore enlever toute objectivité à ce qui est dit et se priver de son identification, en ajoutant un niveau supplémentaire qui empêche bien plutôt toute saisie de l'engagement. Il convient au contraire de déterminer la signification historique portée par un énoncé à la fois par les conventions linguistiques et le contexte d'énonciation.<br /> La qualification intentionnelle des actes de parole a toutefois un sens : elle répond à des conditions normales d'usage. Généralement, en effet, j'agis bien de manière intentionnelle, au sens où je suis conscient de mes gestes, sauf s'il y a des raisons valables de considérer que je ne le fais pas ou ne peux pas le faire. La qualification intentionnelle est donc en réalité une qualification rétrospective par défaut, qui n'a aucun rôle déterminant, ni explicatif.<br /> Par ailleurs, si on rabat toute la charge de l'explication sur les conventions définissant les actes de parole, on ne peut pas distinguer des actes de parole plus conventionnels que d'autres, et donc plus efficaces que d'autres. Ils sont tous définis par le même type de conventions, même si celles-ci sont plus ou moins explicites, codées et n'ont pas toutes la même importance sociale. Par conséquent, ils ont tous le même type d'efficacité. C'est ce nécessaire caractère conventionnel de l'acte de parole qui vient garantir son objectivité, car c'est uniquement parce que la communauté linguistique contrôle mon usage du langage que celui-ci acquiert une normativité. Les conventions déterminant l'objectivité de l'usage de l'énoncé sont de deux ordres : il y a des conventions descriptives qui donnent un contenu linguistique à une phrase, et des conventions démonstratives qui donnent une référence historique à l'énoncé. Ce sont les conventions démonstratives, et non pas des caractéristiques représentationnelles, qui sont nécessaires pour permettre au langage de renvoyer à la réalité, d'en dire quelque chose, en ce qu'elles fixent des conditions d'usage.<br /> En raison de ces conventions, on comprend qu'un énoncé n'acquiert un sens historique déterminé que s'il est adéquat au contexte d'utilisation, puisque les conventions mettent toujours en rapport l'énoncé avec des types de situation, dont il peut alors parler. C'est dire que la seule valeur sémantique de l'énoncé ne suffit pas à déterminer son application. L'adéquation de l'énoncé n'est en effet pas déterminée a priori par les conventions démonstratives, qui ne prévoient pas leur application. Cela laisse la place à l'intervention d'une faculté humaine, le jugement, qui doit venir évaluer, dans chaque contexte d'usage, la pertinence de l'énoncé et son contenu, et ainsi décider quel usage il est fait de l'énoncé à chaque occasion. Mais cette multiplicité des déterminations permises par les conventions nécessite que, pour dire ou faire quelque chose de déterminé par l'usage d'un énoncé, le locuteur prenne un engagement vis-à-vis de ce qu'il dit et du contexte dans lequel il le dit, qui permette de faire reconnaître de manière objective la partialité du contenu de l'énoncé. Car, ainsi, le locuteur situe l'énoncé et se situe par rapport aux circonstances, ce qui permet à tous les interlocuteurs d'évaluer objectivement l'énoncé dans l'espace des possibles interprétatifs ouvert par les circonstances précises de l'énonciation auxquelles renvoie le locuteur. Car, s'il est possible de dire de multiples choses au moyen de l'usage de conventions données dans un contexte donné, toute interprétation de ce qui est dit n'est pas admise dans ce contexte, puisqu'elle est déterminée par la pratique du langage qui y est mise en œuvre et qui exige la prise en compte de certaines conventions et de certains traits contextuels. En m'engageant vis-à-vis de ce que je dis et de la situation dans laquelle je le dis, je permets ainsi de fixer une compréhension donnée de mon énoncé, d'autres n'étant pas admises par la procédure d'énonciation utilisée en ces circonstances. Autrement dit, en m'engageant à l'occasion de l'usage de mon énoncé, je permets de déterminer l'appréciation qu'il mérite à cette occasion.<br /><br /> En identifiant tout usage de la parole à l'accomplissement de certains actes, Austin opère une véritable révolution en philosophie du langage et s'interdit toute conception représentationnaliste du langage, notamment en ce qui concerne les énoncés de connaissance, qui sont censés dire quelque chose du monde. Il s'inscrit par là dans une tradition anti-représentationnaliste oxonienne, dont le principal représentant est J. Cook Wilson, qui refuse toute conception représentationnaliste de la connaissance pour la ramener bien plutôt à des jugements fondés sur des raisons, se distinguant radicalement des jugements de croyances. Mais Cook Wilson fonde la connaissance sur un concept de certitude circulaire, qui provient du caractère absolu des raisons recherchées, en ce que, selon lui, si je sais, je ne peux pas me tromper, car je sais absolument, ou pour des raisons qui ne peuvent pas être remises en cause. En effet, si ces raisons pouvaient être remises en cause, elles ne seraient pas des raisons fondant un savoir, mais seulement une croyance. Or Austin ne peut pas accepter cela : pour lui, il n'y a rien d'absolu, car cela ne permet plus de rien justifier du tout, et les raisons fondant la connaissance seront toujours des raisons relatives à une occasion d'énonciation.<br /> Il faut en fait comprendre qu'un jugement de connaissance s'exprime nécessairement à travers un acte de parole particulier, un acte de parole descriptif, qui vise à dire des choses à propos du monde. Comme tout acte de parole, celui-ci doit respecter des conditions contextuellement déterminée pour réussir à faire ce qu'il vise. Dès lors, ce qui détermine un énoncé descriptif comme un énoncé de connaissance, et non pas comme un énoncé de croyance, ce sont les conditions particulières qui fondent son emploi, qui sont autant de raisons d'utiliser cet énoncé tel qu'on l'utilise. La connaissance doit alors bien être justifiée, et non plus validée, comme le voulait la tradition empiriste dans une optique qui restait représentationnaliste. Il ne s'agit en effet plus de vérifier si mes énoncés correspondent au réel, mais s'ils sont fondés à dire quelque chose du réel. Dès lors, il convient assurément de préserver l'idée que la connaissance, en tant qu'elle s'exprime dans des énoncés, repose sur des raisons de prononcer ces énoncés. Les énoncés de connaissance sont, en effet, des actes de parole comme les autres, fondés sur des raisons. Mais ces raisons de les prononcer, qui fondent une certaine position prise par cet acte, sont relatives au contexte et non pas absolues, comme le voulait Cook Wilson. On n'utilise en effet un énoncé de connaissance que dans des circonstances précises qu'en fonction de raisons qui valent précisément dans ces circonstances précises et qui fondent mon usage. C'est ainsi que mon énoncé de connaissance gagne une objectivité et une prétention légitime à parler du réel – parce qu'il est contextuellement justifié. On aboutit donc à l'idée d'une conception performative de la connaissance, selon laquelle importe plus les conditions d'usage de l'énoncé que sa teneur représentationnelle.<br /> Or Strawson a voulu réutiliser l'idée austinienne de la performativité pour caractériser les énoncés vrais, et ainsi construire une " théorie performative de la vérité ". Dire que P est vrai, ce ne serait ainsi que s'engager en faveur de ce qui est dit par P, ce qui permettrait d'éliminer le prédicat de vérité de la valeur sémantique de l'énoncé. Austin, paradoxalement, récuse totalement cette idée et soutient qu'un énoncé performatif, par définition, ne peut pas être vrai. Austin considère plutôt que la vérité concerne deux choses particulières : d'une part, ces actes de parole particuliers que sont les affirmations, qui décrivent le réel ; d'autre part, les faits du monde dont parlent ces affirmations, tels qu'ils sont appréhendés dans une certaine situation, et non pas dans l'absolu. Il s'agit donc de mettre en relation un contenu situé avec une situation appréhendée dans une occasion particulière d'évaluation – il s'agit de porter un jugement contextuellement déterminé sur l'adéquation entre un énoncé porteur d'un certain contenu à l'occasion de son énonciation et une situation qui demande à être appréhendée d'une certaine manière à cette occasion. Cela implique que le prédicat de vérité n'est pas éliminable, car son attribution prend précisément en compte une relation entre une affirmation et un état du monde, ce qui n'est pas le cas de la simple affirmation, qui ne prend en compte que le réel. Or ce qui est jugé vrai, c'est l'affirmation, et non pas l'état du monde.<br /> Selon Austin, il faut comprendre la vérité comme une relation conventionnelle entre des types de situations historiques auxquelles on fait référence et des situations-types signifiées par les mots utilisés. Il s'agit d'une relation conventionnelle mais qui laisse, là encore, la place à un jugement, qui doit intervenir pour évaluer la relation de correspondance entre ces deux types. Le jugement ne peut cependant pas juger abstraitement de l
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Les multiples visages de l'objet de la désignation : l'indexicalité dans les Recherches philosophiques de Wittgenstein

Cloutier, Julie January 2006 (has links) (PDF)
Le présent travail a pour objectif d'exposer le traitement que fait Wittgenstein de l'indexicalité dans les Recherches philosophiques. Essentiellement, la lecture proposée permettra au lecteur d'avoir une vue d'ensemble sur la contribution de Wittgenstein à propos des différents aspects du langage qui nécessitent un contexte pour signifier. Pour pouvoir saisir toute la richesse des remarques de Wittgenstein dans les Recherches philosophiques, la présentation de certains concepts essentiels et de philosophes importants est nécessaire. C'est pourquoi le chapitre I y est consacré. Le chapitre Il traite de l'indexicalité dans le Tractatus logico-philosophicus. Comme Wittgenstein dans les Recherches revient sur sa conception du langage du Tractatus, et cela à propos d'aspects pertinents quant à la question de l'indexicalité, le chapitre Il aidera à saisir les deux derniers chapitres. Le chapitre III présente la critique que fait Wittgenstein de son ancienne conception du langage pour mettre en place sa nouvelle, qui comprend les jeux de langage comme condition nécessaire d'interprétation. Ces derniers permettent à la définition ostensive, comme tout phénomène indexical, de signifier. Le chapitre IV sera l'occasion de voir que les objets privés (les sensations) auxquels nous nous référons parfois de manière ostensive, ne sont pas privés au sens où nous ne pouvons pas nous y référer. Cette idée montre que le philosophe apporte des réponses originales sur des questions qui concernent l'indexicalité de manière plus large. Il sera avancé dans ce texte que la philosophie des Recherches philosophiques aboutit à l'idée que ce n'est pas l'objet lui-même qui est essentiel à la signification, autant en ce qui concerne les définitions ostensives que les objets privés. Wittgenstein, avec les jeux de langage, montre que le contexte est nécessaire pour la signification, et qu'il n'y a rien de primitif dans l'objet de désignation qui puisse nous indiquer quelque chose sur lui. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Wittgenstein, Indexicalité, Jeux de langage, Définition ostensive, Objets privés.
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Tense structure and reference a first-order non-modal analysis /

Barense, Diane Dorough. January 1980 (has links)
Originally presented as the author's Thesis (doctoral). / Includes bibliographical references (p. [89]-91).
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Samuel Beckett et les écrivains de Port-Royal

Foehn, Melanie 09 July 2012 (has links) (PDF)
L'objet de ce travail de recherche est de définir la relation de Samuel Beckett au classicisme français du dix-septième siècle. L'analyse préliminaire de différents manuscrits permet d'identifier les sources primaires et secondaires de ce dernier sur Pascal et Racine, et de mettre en avant, dans un second temps, les différentes correspondances, esthétiques et littéraires, entre l'œuvre de l'écrivain irlandais et Port-Royal. L'arrière-plan philosophique se définit par la conjonction de la logique, de l'éloquence et de la passion au cœur de l'œuvre racinienne, que l'on retrouve dans la rhétorique des Pensées, et l'analyse du langage dans la Logique ou l'art de Penser (1662) d'Arnauld et de Nicole. Les différents aspects de cette filiation intellectuelle sont établis à partir de l'analyse comparée des propos de Beckett dans ses séminaires sur la 'modernité' de Racine à Trinity College, Dublin, et des écrits théoriques de contemporains français parmi les plus illustres autour du 'classicisme moderne' et de 'l'antirhétorique'. L'étude de l'essai sur Proust, écrit en 1931, suivra ce bilan historiographique afin démontrer que l'œuvre de Beckett se situe dans le prolongement de l'augustinisme littéraire français,qu'il connaissait au moins à partir des écrits et en particulier du roman de Sainte-Beuve, Volupté. En outre, les thèmes augustiniens parcourent l'œuvre plus tardive, notamment la trilogie de romans français, Molloy, Malone Meurt, et L'Innommable comme les textes courts tels que Le Dépeupleur et Sans. L'intertextualité entre les écrits de Pascal et ceux de Beckett, doublée d'une analyse stylistique, démontrera que la syntaxe appauvrie de l'œuvre beckettienne est profondément inspirée du pessimisme augustinien vis-à-vis du langage. En effet, Beckett, adoptant le français comme principale langue d'expression, choisit le style des Pensées comme l'un de ses modèles les plus fondamentaux.

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