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La rationalité tragique. Essai sur la constitution d'une forme de pensée d'Héraclite à Thucydide et sur sa critique platoniciennePonchon, Pierre 23 October 2010 (has links)
Le tragique et la tragédie ont souvent été considérés, à la suite de la condamnation platonicienne, comme l’expression de l’émotion et de l’irrationnel. Le concept de rationalité tragique vise à approcher le tragique comme une forme de pensée pleinement rationnelle, quoique relevant d’une autre raison que la raison philosophique. Elle englobe des conceptions « littéraires », éthiques, politiques, théologiques voire ontologiques diverses mais relevant d’un même cadre de pensée, moins englobant que la mentalité et moins rigide que la doctrine, auquel se rapportent différents penseurs. L’enquête s’oriente à travers la critique de la tragédie et du tragique par Platon pour tenter de déterminer les caractères essentiels de cette forme de pensée à partir de l’opposition de Platon. Trois principes caractéristiques se dégagent : la Guerre, le Flux, et le Multiple. Dès lors la carte des présocratiques peut être redessinée. Non seulement on identifie une nouvelle tradition, celle de la pensée tragique, dont Héraclite est un représentant majeur, mais dont on trouve des traits aussi chez Empédocle ou Protagoras, mais cette tradition ne se limite pas aux penseurs qu’on classe comme philosophes. En plus des poètes tragiques, on peut y faire figurer un écrivain comme Thucydide. L’étude détaillée de la rationalité tragique dans son œuvre nous permet à la fois d’identifier comme des produits tragiques ses grandes réalisations que constituent sa forme littéraire originale, sa conception de la nature humaine et son réalisme politique, mais aussi de vérifier sur un exemple non tributaire de Platon la pertinence des concepts qui définissent le tragique comme rationalité / Tragic and tragedy has often been regarded, as a result of Plato's condemnation, as being the expression of emotion and irrationality. The concept of tragic rationality aims to approach tragic as a fully rational form of thought, although belonging to another type of reason than the philosophical one. It includes various «literary», ethical, political, theological or even ontological conceptions belonging to the same frame of thought that many thinkers relate to, less encompassing than mentality and less inflexible than doctrine.The inquiry makes its way through Plato's criticism of tragic and tragedy in order to determine this form of thought's essential characteristics, drawing from Plato's opposition. Three characteristic principles emerge : the War, the Flow, the Multiple.From then on, a new presocratic map can be drawn. Not only do we identify a new tradition, that of tragic thought, of which Heraclitus is a major representative and which is featured in Empedocles and Protagoras' works, but we discover that this tradition spreads beyond the group of thinkers classified as philosophers. Besides tragic poets, we can also include a writer like Thucydides. A detailled study of tragic rationality in his work enables us both to identify as tragic products the great achievements that are his original literary form, his conception of human nature and his political realism, and to verify the relevance of the concepts defining tragic as a form of rationality, using an example independant from Plato
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Une contribution à la théorie du pouvoir : Conflits - Négociation et StabilitéRazafimahatolotra, Dawidson 22 May 2009 (has links) (PDF)
Une fonction d'effectivité représente la distribution de pouvoir aux coalitions dans une organisation. Cette thèse aborde différentes questions en rapport avec la théorie de la gouvernance, et propose des études formelles des problèmes posés. Étant répartie en six chapitres, elle s'intéresse plus particulièrement au mécanisme d'interaction des joueurs pour aboutir à un "accord social", et aux propriétés mathématiques de ces mécanismes : la vulnérabilité face aux conflits, la possibilité de la négociation ainsi que la stabilité.
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Psychologie Ergonomique de l'Optimisation des Processus DécisionnelsRaufaste, Eric 10 December 2003 (has links) (PDF)
L'expression « psychologie ergonomique » affirme « un ancrage dans la psychologie et ses différentes branches, sans exclusive : psychologie cognitive, psychologie sociale, psychologie des émotions, etc. » (Grosjean, Raufaste, Giboin, 2003, p. 194). Pour aborder la question de la modélisation des processus qui permettent à un individu d'adapter sa performance aux exigences de son environnement, nous convoquerons aussi les connaissances de diverses sciences cognitives, de l'intelligence artificielle aux neurosciences, en passant par la linguistique.<br />Le chapitre I présente la méthode que nous avons développée, « l'Analyse Rationnelle des Situations de Travail ». Les valeurs de rationalité y sont définies comme les dimensions de l'activité cognitive sur lesquelles opère l'optimisation. Une exploration empirique en médecine d'urgence est rapportée, au regard notamment des va-leurs de richesse, pertinence et flexibilité. Le chapitre II aborde la question du choix des cadres normatifs utilisables pour la pertinence et la flexibilité. Pour la pertinence, des expériences montrent, dans le diagnostic radiologique, la meilleure plausibilité psychologique de la théorie des possibilités comparée à la théorie des probabilités. Pour la flexibilité, nous présentons le tout premier test d'une axiomatisation du raisonnement non monotone, le système P.<br />Au niveau descriptif, nos travaux visent à comprendre les processus qui gèrent les valeurs de rationalité. Les chapitres III à VI présentent le développement d'un modèle théorique global des processus qui gèrent les valeurs de richesse (chapitre III), pertinence (chapitres IV et V), et flexibilité (chapitres VI), respectivement. Des expériences menées auprès de radiologues et de médecins urgentistes sont présentées. Les chapitres III et IV sont basés sur les mécanismes associationnistes de notre modèle théorique initial. Le chapitre IV présente des investigations en vue d'intégrer un module affectif dans notre modèle théorique. Trois modèles structuraux y soutiennent la plausibilité de l'heuristique d'affect dans le jugement et la décision. Le chapitre VI constitue une extension de notre modèle théorique général en vue de le rendre capable de rendre compte de la flexibilité. Bien que la flexibilité soit généralement conçue comme l'adaptation de la représentation aux données externes, nous fournissons à la fin de ce chapitre des données sur une autre forme de flexibilité : l'ajustement des données à la représentation.<br />La partie projet du document commence par un examen critique des travaux présentés dans la partie bilan. La substance du projet est ensuite exposée en trois chapitres. Le premier traite des investigations expérimentales que nous projetons de réaliser. Le deuxième présente nos projets de simulations informatiques. Le troisième et dernier volet est consacré à l'exposé de recherches plus orientées vers la recherche appliquée.
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La démonstration dialectique.<br />Le problème de la justification des propositions dans un contexte de finitude cognitive, sa résolution et ses conséquences.Panis, Sylvain 30 November 2007 (has links) (PDF)
Comment justifier un énoncé en l'absence de tout fondement absolu ? Comment prétendre à la validité dans un contexte de finitude cognitive ?<br /> Après avoir défini les notions de validité et de finitude, ce travail propose la solution suivante.<br /> Au lieu de prétendre à une validité absolue on peut prétendre plus modestement que la position défendue est meilleure que les positions concurrentes connues. On évite ainsi toute ambition absolutiste sans tomber dans le relativisme.<br /> Qu'est-ce qui permet cependant de dire qu'une position est meilleure qu'une autre ? Nous proposons le « critère de préférence » suivant : une position B est meilleure qu'une position A si au moins un problème rencontré par A est résolu par B, et si aucun problème rencontré par B n'est résolu par A.<br /> Lorsque plusieurs positions sont examinées d'après ce critère, l'argumentation prend la forme d'un processus d'apprentissage. En raison de ses similitudes avec la dialectique aristotélicienne, cette procédure est appelée « démonstration dialectique ».<br /> Ce travail examine ensuite la méthodologie de la démonstration dialectique, notamment les règles de recension et de compréhension des positions concurrentes. Il étudie enfin les conséquences de cette procédure sur les concepts épistémologiques tels que la vérité, la connaissance et la rationalité.<br /> Comme la démonstration dialectique est une procédure fondamentale de preuve, elle doit être fondée par elle-même. C'est pourquoi chaque étape de l'argumentation est justifiée à partir d'une confrontation avec les positions concurrentes, notamment celles d'Aristote, Habermas et Popper.
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La théorie de Tibor Scitovsky sur les consommations induitesDi Giovinazzo, Viviana 23 March 2009 (has links) (PDF)
Mon travail propose de présenter une théorie de la rationalité alternative à celle de la pensée néoclassique traditionnelle, reposant sur les idées rassemblées par l'économiste hongrois, Tibor Scitovsky (1910-2002), en étudiant la théorie psychologique de l'« arousal ». En particulier, j'examine la validité du principe de maximisation de l'utilité, de l'utilité marginale décroissante, des priorités révélées, de l'intérêt personnel, de la pleine rationalité et de l'hédonisme utilitariste. En analysant les dynamiques par lesquelles, selon Scitovsky, les individus apprennent, pensent et décident, j'en arrive à affirmer que celui-ci propose, en fait, une théorie de la rationalité alternative à celle de la pensée néoclassique ; il relie la satisfaction des individus non pas au résultat prédéterminé (la fin), mais au processus (les moyens). Cette vision comporte beaucoup d'éléments communs à celle d'Herbert Simon (par exemple, la rationalité procédurale) ; pour Simon (1972b, 1978 et 1987b) lier les satisfactions individuelles aux procédures et aux motivations intrinsèques (les aspirations) les engageant et non au résultat de n'importe quelle « utilité attendue ». Cependant, la perspective de Scitovsky diffère aussi partiellement de celle de Simon, car elle considère les émotions comme éléments essentiels qui engagent et contrôlent le processus cognitif. Ainsi, d'après lui, les émotions ne limitent pas, mais, au contraire, augmentent le niveau de rationalité des individus. En effet, Scitovsky ne conçoit pas les comportements humains simplement comme réponses automatiques d'un stimulus interne ou externe ; il croit au rôle fondamental joué par l'esprit dans sa fonction de sélection et de traitement des informations. Par conséquent (et à la différence de Simon), selon lui, les comportements humains sont la conséquence d'une participation coopérative de l'émotion et de la raison. C'est pour cette raison que, pour Scitovsky (et toujours à la différence de Simon), les émotions ne limitent pas les facultés cognitives de l'individu ; au contraire, elles sont fondamentales pour prévoir, prévenir, et corriger les éventuelles erreurs d'un raisonnement abstrait.
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L'Efficience informationnelle du marché des paris sportifs : un parallèle avec les marchés boursiersBarraud, Christophe 06 December 2012 (has links) (PDF)
Cette thèse a pour but de présenter le marché des paris sportifs plus précisément de montrer en quoi ce dernier constitue un cadre d'observations simplifié suffisamment proche des marchés boursiers pour tester la théorie de l'efficience informationnelle et aboutir à des conclusions unanimes concernant sa validité empirique. En premier lieu, nous concentrons notre attention sur la forme faible de l'efficience informationnelle et plus précisément sur une anomalie connue sous le nom du Favourite Longshot Bias, qui a été recensée aussi bien dans le cadre des paris sportifs que celui des marchés boursiers. A l'aide d'un vaste échantillon de données, nous démontrons que les coûts de transaction et les préférences des parieurs ont un impact significatif sur le niveau des cotes proposées par les bookmakers et donc sur la structure des prix. Par ailleurs, nous discutons de la rationalité des parieurs et nous montrons en quoi le comportement des parieurs n'est pas si différent de celui des investisseurs sur les marchés boursiers. En second lieu, nous analysons en détails la forme forte de l'efficience informationnelle et plus précisément la pertinence de la fourchette en tant qu'indicateur de délits d'initiés dans le cadre des paris sportifs.
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La théorie de la dénonciation : émergence et institutionnalisation en droit criminelLachambre, Sébastien 28 September 2011 (has links)
L’objectif central de cette thèse est d’observer et de décrire le processus de naissance et d’institutionnalisation d’une nouvelle théorie de la peine : la théorie de la dénonciation. Cette théorie de la peine va naître à l’intérieur d’un système d’idées formé par d’autres théories de la peine déjà institutionnalisées. Ce système d’idées a été identifié et appelé par Alvaro Pires la « rationalité pénale moderne ». Notre contribution visera, elle, à observer d’une part le processus de naissance d’une autre théorie de la peine à l’intérieur de ce système d’idées et, d’autre part, la naissance et l’institutionnalisation de cette théorie dans divers discours : la philosophie et la doctrine juridique, les rapports des commissions de réforme du droit ou encore dans la jurisprudence (canadienne). Au cours de cette observation, nous aurons également la possibilité de voir comment une conception alternative de la dénonciation est apparue, mais sans réussir à prendre la forme stricte d’une « théorie de la peine » ni à s’institutionnaliser de façon stable et visible. Il s’agit de la dénonciation telle que l’a conçue la Commission de réforme du droit du Canada dans les années 1970. Cette manière de concevoir la dénonciation se situait à l’extérieur du système d’idées formé par la rationalité pénale moderne.
Cette thèse fait plusieurs contributions à la fois, et de différents genres. Elle prétend contribuer entre autres à la description du processus de naissance et d’institutionnalisation d’une théorie (de la peine) du système de droit criminel en mettant en évidence comment cette théorie va s’opposer à une conception alternative portant le même nom et prédominer sur cette dernière. De plus, cette thèse va construire trois niveaux parallèles d’observation empirique. En effet, nous allons observer la naissance de cette théorie sur trois trames discursives distinctes et bien différenciées : (i) le discours de la philosophie, de la théorie du droit et de la sociologie (ou criminologie) ; (ii) le discours des commissions de réforme (« étatiques » et « non étatiques ») ; (iii) le discours de la jurisprudence.
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La rationalité d'un point de vue logique : entre dialogique et inférentialisme, étude comparative de Lorenzen et BrandomTremblay, Frédérick 12 1900 (has links) (PDF)
Cette thèse présente une conception de la rationalité qui évite les idéalisations des capacités cognitives des agents logiques, typiques des conceptions statiques de la rationalité axiomatique dans laquelle un agent n'est rationnel que dans la mesure où il ne se contredit pas et ce, peu importe les capacités cognitives qui lui sont allouées par les axiomes qui énoncent les normes auxquelles il doit se conformer pour être considéré rationnel (comme dans la théorie de la décision « standard » et les systèmes de preuve hilbertien). Afin d'obvier à ces idéalisations, je suggère d'utiliser l'approche dialogique de la logique (Lorenzen) dans la mesure où elle permet de délaisser la logique classique au profit d'une logique plus « faible » et de déployer une conception alternative de la rationalité « non monotone », c'est-à-dire « non cumulative » et dynamique. Dans ce contexte, je discute de la possibilité de procéder à une radicalisation des conditions d'assertabilité de la théorie anti-réaliste de la signification de Dummett qui prenne mieux en compte les actes judicatifs réellement à la portée des agents logique ainsi que les conséquences de cette radicalisation sur le choix de la logique. Sur cette base, je défends une conception de la rationalité des agents en termes de leurs capacités réelles, et non idéalisées, à justifier leurs assertions dans un cadre dialogique. Je suggère finalement de regarder du côté de la théorie de la rationalité « Socratique » de Sellars-Brandom que je compare à l'approche pragmatique de Lorenzen, car toutes les deux visent à rendre explicite ce qui est implicite dans nos jeux de langage, c'est-à-dire d'être capable de justifier ce que nous assertons.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Philosophie, Logique, Rationalité, Inférence, Épistémologie
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La théorie de la dénonciation : émergence et institutionnalisation en droit criminelLachambre, Sébastien 28 September 2011 (has links)
L’objectif central de cette thèse est d’observer et de décrire le processus de naissance et d’institutionnalisation d’une nouvelle théorie de la peine : la théorie de la dénonciation. Cette théorie de la peine va naître à l’intérieur d’un système d’idées formé par d’autres théories de la peine déjà institutionnalisées. Ce système d’idées a été identifié et appelé par Alvaro Pires la « rationalité pénale moderne ». Notre contribution visera, elle, à observer d’une part le processus de naissance d’une autre théorie de la peine à l’intérieur de ce système d’idées et, d’autre part, la naissance et l’institutionnalisation de cette théorie dans divers discours : la philosophie et la doctrine juridique, les rapports des commissions de réforme du droit ou encore dans la jurisprudence (canadienne). Au cours de cette observation, nous aurons également la possibilité de voir comment une conception alternative de la dénonciation est apparue, mais sans réussir à prendre la forme stricte d’une « théorie de la peine » ni à s’institutionnaliser de façon stable et visible. Il s’agit de la dénonciation telle que l’a conçue la Commission de réforme du droit du Canada dans les années 1970. Cette manière de concevoir la dénonciation se situait à l’extérieur du système d’idées formé par la rationalité pénale moderne.
Cette thèse fait plusieurs contributions à la fois, et de différents genres. Elle prétend contribuer entre autres à la description du processus de naissance et d’institutionnalisation d’une théorie (de la peine) du système de droit criminel en mettant en évidence comment cette théorie va s’opposer à une conception alternative portant le même nom et prédominer sur cette dernière. De plus, cette thèse va construire trois niveaux parallèles d’observation empirique. En effet, nous allons observer la naissance de cette théorie sur trois trames discursives distinctes et bien différenciées : (i) le discours de la philosophie, de la théorie du droit et de la sociologie (ou criminologie) ; (ii) le discours des commissions de réforme (« étatiques » et « non étatiques ») ; (iii) le discours de la jurisprudence.
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Système de pensée et réforme du droit criminel : les idées innovatrices du rapport Ouimet (1969)Dubé, Richard January 2008 (has links) (PDF)
Cette recherche a pris forme autour d'une hypothèse générale suggérant de façon volontairement provocatrice la «non-évolution» du système de droit criminel moderne (Pires, 2002). Cette hypothèse reconnaît que de nombreux changements ont été apportés à certaines structures du système, mais elle remarque en même temps que, depuis le milieu du XVIIIe siècle, d'autres structures particulièrement névralgiques sur le plan de l'évolution sont restées essentiellement cristallisées. Parmi celles-ci, les structures relatives aux normes de sanction. À travers la notion de « rationalité pénale moderne », nous établissons théoriquement un lien fort entre la (sur)valorisation de l'enfermement punitif et la stabilisation d'un système de pensée fondé sur les théories de la rétribution, de la dissuasion et de la réhabilitation. Toutes ces théories modernes de la peine ont à leur manière valorisé l'idéal de la souffrance et/ou celui de l'exclusion sociale: toutes ont ainsi cognitivement servi les intérêts de la sanction pénitentiaire et discriminé ou à tout le moins contribué à marginaliser les sanctions alternatives plus inclusives et/ou non afflictives. Le problème de la « non-évolution » du droit criminel est sans doute un problème complexe, mais on peut, suivant ces considérations, saisir au moins une de ses multiples facettes: la pression qu'exerce sur ses structures un système de pensée hégémonique, foncièrement hostile dans sa manière de concevoir la protection de la société et profondément attaché à la tradition pénitentiaire. On peut par ailleurs y inscrire notre propre objet d'étude: les conditions d'émergence des idées innovatrices engagées dans la formation d'un autre système de pensée, d'un système de pensée moins hostile dans sa manière de concevoir la protection de la société, capable de valoriser des sanctions positives non carcérales et de se concevoir lui-même comme offrant une alternative à la rationalité pénale moderne. Pour observer le phénomène de l'innovation cognitive en matière de droit criminel moderne, il fallait empiriquement éviter les organisations déjà submergées par les idées usuelles de la rationalité pénale moderne. Nous avons ainsi évité les organisations jouant des rôles plus centraux au niveau de la création de la loi (le Parlement) ou de la détermination du droit (les tribunaux). En nous déplaçant du centre vers la périphérie, nous avons croisé, quelque part entre le politique et le juridique, les commissions de réforme du droit. Le cas du Comité canadien de la réforme pénale et correctionnelle (Commission Ouimet) allait nous servir de laboratoire d'observation. Son rapport officiel et les documents d'archives que nous avons pu librement consulter allaient constituer notre matériel empirique. Notre recherche aborde en détail ce qui concerne le fonctionnement de cette organisation; elle montre notamment comment son rapport au temps et son étendue dans l'empirie ont pu favoriser des conditions d'enquête et de réflexion propices à l'émergence des idées innovatrices et allant au-delà de ce qui constitue les limites des organisations politiques classiques (Parlement, Cabinet, etc.). Notre recherche se penche aussi sur la qualité des idées qui ont été défendues devant la Commission par ses interlocuteurs. Ce regard nous permet d'entrer dans les couloirs étroits de la rationalité pénale moderne et de visiter les cachots conceptuels à l'intérieur desquels on enferme la pensée et étouffe la créativité. Au fond d'un de ces couloirs, dans un cachot bien gardé par les théories modernes de la peine, nous avons rencontré la pensée des juges et des magistrats, ceux et celles à qui revient la tâche de prendre des décisions dans les organisations juridiques du centre (tribunaux). Non seulement leur était-il ici difficile de se libérer du connu et de participer à l'émergence d'un système de pensée alternatif, mais il allait leur être tout aussi difficile, ultimement, au tribunal, de trouver une façon de le valoriser et de le stabiliser. Notre recherche reprend finalement les idées mises en avant par la Commission Ouimet elle-même. Après avoir séparé «variété» et «redondance», nous évaluons les implications théoriques et pratiques du système de pensée alternatif que la Commission semble avoir voulu privilégier dans son rapport. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Droit criminel, Rationalité pénale, Commissions de réforme, Innovations, Système de pensée.
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