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Le concept de développement inégal et combiné : une sociologie historique internationale à l'étude de l'empire ottomanTurgeon, Nancy 02 1900 (has links) (PDF)
Ce mémoire s'intéresse aux récents développements théoriques en sociologie historique internationale à travers une étude de cas constituée par les transformations sociales au sein de l'empire ottoman de la fin du 18e et du début du 19e siècle. En filigrane du mémoire se retrouvent d'importantes questions animant les récents débats en sociologie historique internationale, à savoir : comment combattre l'eurocentrisme ayant longtemps miné la discipline et comment intégrer l’"international" comme dimension constitutive du monde social? Nous tenterons de démontrer qu'une perspective gagnant en popularité au sein du champ, le marxisme politique, propose des balises théoriques prometteuses pour répondre à ces enjeux. Cette affirmation sera illustrée par l'opérationnalisation d'un de ses concepts, celui de développement inégal et combiné, à la transition néo-absolutiste ottomane. Face aux approches dominantes en sociologie historique internationale, c'est-à-dire la World History (de la théorie du système-monde, en passant par l'École des Annales jusqu'à sa nouvelle mouture qu'est l'histoire globale) et la sociologie historique néo-wébérienne, le marxisme politique se distingue par sa capacité à théoriser les transformations sociales médiatisées par des dynamiques internationales comme initiées par des relations sociales spécifiques en faisant une place à la motivation des agents. Le marxisme politique gagnerait néanmoins à se positionner plus clairement face au virage postcolonial qu'ont emprunté ces deux approches. Nous soutenons ici que le concept de développement inégal et combiné lui permet précisément de faire cette contribution anti-eurocentriste. L'hypothèse de recherche défend que le marxisme politique, par son souci d'inscrire les rapports géopolitiques et culturels au sein de relations sociales d'appropriation des surplus, permet d'éviter les lacunes de la méthode idéale-typique de la sociologie historique néowébérienne et de la descriptive approche de l'histoire globale, lors de l'analyse des transformations des relations sociales de l'empire ottoman. À travers le concept de développement inégal et combiné, le marxisme politique permet de théoriser les transformations sociales ottomanes sans négliger les particularités de son inscription au sein d'un contexte global, où sont confrontées différentes stratégies de reproduction sociale. La modernisation ottomane des 18e et 19e siècles, bien que médiatisée par des pressions géopolitiques et inspirée dans une certaine mesure de la modernité européenne, est ainsi loin de reproduire la trajectoire développementale idéale-typique de l'Europe dans sa transition à la modernité et au capitalisme. Le néo-absolutisme ottoman constitue certes une réponse de la classe dirigeante à un environnement régional hostile, ne pouvant faire abstraction des autres parcours développementaux du continent. Elle est néanmoins éminemment spécifique et originale compte tenu des particularités de l'organisation des relations de classes au sein de l'empire et de la contingence des stratégies de reproduction du pouvoir social empruntées par la classe dirigeante ottomane face à ce contexte régional. Cette opérationnalisation du concept de développement inégal et combiné, comme démonstration de notre hypothèse, illustre comment le marxisme politique théorise l'impact co-constitutif de l'international et du national, en étudiant l'impact de la coexistence de sociétés aux développements différenciés sur leurs trajectoires. Elle témoigne également de la potentialité anti-eurocentriste de cette théorie, qui réhabilite l'agence de l’"Orient".
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Construire les routes du développement en Amazonie : étude des conflits sur l'aménagement du territoire régional au prisme des instruments / Building the roads of development in the Amazon : a study of land conflicts through its instrumentsJarrier, Anne-Lucie 08 December 2014 (has links)
Avec le lancement de l'initiative pour l'intégration de l'infrastructure régionale sud-américaine (IIRSA), la construction d'un couloir de circulation ≪ bi-océanique ≫ cherche à relier l'Atlantique et le Pacifique par le fleuve Amazone. Ce projet, sous-tendu par un diagnostic économique selon lequel la situation de ≪ sous-développement ≫ est due a l'existence d'un≪ déficit ≫ en matière d'infrastructures, entend pallier ce manque en proposant un programme d'équipement du territoire unifié a l'échelle de l'Amérique du Sud. La pleine réalisation de ce programme ferait perdre leur pertinence aux entraves au commerce et permettrait d'intégrer des espaces marginalisés à l'économie productive. Toutefois, la réalisation de l' ≪ axe amazonien ≫soulève de nombreux enjeux environnementaux et sociaux qui donnent lieu à la mise en forme d'un discours critique sur l'opportunité du projet, a l'émergence d'une mobilisation qui s'y oppose et dans certains cas à la formation de conflits locaux.Cette étude considère l'Amazonie comme un laboratoire de la confrontation de deux paradigmes concurrents : la conquête de la frontière économique comme moteur du développement et celui de la préservation du ≪ poumon de la planète ≫. S'appuyant sur des données collectées dans le cadre de trois projets de l'axe amazonien de l'IIRSA (en Colombie,en Equateur et au Pérou), cette étude propose une enquête comparative sur plusieurs niveaux (international, national et local) afin de mener une réflexion croisée sur l'articulation des différents niveaux de gouvernement (intégration régionale, gouvernance locale), mais aussi d'étudier les rapports de force entre deux modèles de développement contradictoires. / Launched as part of the Initiative for the Integration of Regional Infrastructure in SouthAmerica (IIRSA), the construction of a “bi-oceanic” corridor intends to link the Atlantic withthe Pacific through the Amazon river. This project finds its roots in the economic assessment that explains “under-development” by the existence of a gap in terms of infrastructure. A unified program of land planning proposed by IIRSA was conceived in order to bridge this gap. The full implementation of this program would reduce trade barriers and integrate marginalized territories to the productive economy. However, the implementation of the“Amazonian axis” raises many environmental and social issues that have sparked a critical discourse regarding the legitimacy of the project as well as opposition movements whose mobilization led, in some cases, to the formation of local conflicts.This study considers the Amazon as a laboratory for the study of a confrontation between two competing paradigms: the conquest of the frontier as a driver of economic growth and the preservation of the “lung of the Earth”. Based on data collected on three of the IIRSA's Amazonian projects (in Colombia, Ecuador and Peru), this study uses a comparative approach on different levels (international, national and local) in order to conduct a cross-reflection on multi-level governance (regional integration, local governance) and to examine power relations between two antagonist development models.
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Impacts of Agroecology-based Development Programs on Smallholder Farmers’ Livelihoods in Eastern Burkina FasoKapgen, Diane 30 January 2019 (has links) (PDF)
SummaryToday one of the world’s biggest challenges remains the precarious livelihood situation of millions of smallholder farmers. Grounded in new types of traditionally-based technologies and locally available natural and social resources, agroecology seems to be a promising livelihood strategy, above all for African smallholder farmers, many of whom cannot afford expensive technologies and inputs. In fragile environments where entire families depend on small-scale agriculture, as in Eastern Burkina Faso, it is of utmost importance to understand whether agroecology can really improve livelihood outcomes and under what conditions. The present study explores the process of agroecological transitions in a developing cooperation context so as to understand how and why adoptions and adaptations of agroecologically-based development programs impact on farmers’ livelihoods. To encompass the complexity of agroecology in a development intervention context, the study is built on a triple interdisciplinary conceptual framework that combines the sustainable livelihoods approach, the agronomy-based comparative agriculture approach and the development anthropology-based ECRIS approach (Rapid Collective Inquiry for the Identification of Conflicts and Strategic Groups). Thriving from extensive qualitative field research in Gnagna Province, including semi-guided interviews with ninety smallholder farmers and eighteen key personalities as well as participant observation, the research shows the gap between agroecology’s potential in theory and its actual impacts on various farmers’ livelihoods when deployed in a development cooperation context.The study shows that development organisations choose among the manifold interpretations of agroecology and often ignore its transdisciplinary, participatory, bottom-up and action-orientated attributes. Nonetheless, results suggest that the promotion of agroecology-based farming techniques by the local NGO ARFA (“Association pour la Formation et la Recherche en Agro-écologie”) makes sense in the given context of environmental degradation and relatively weak livelihood asset bases of most farmers in the region and that the adoption of these techniques has a positive overall impact on farmers’ livelihoods. A deeper understanding, however, reveals precisely how farmers with the weakest livelihood asset base – manually-tilling, livestock-deprived, labour- and time-constrained, illiterate, and with the poorest household situation in terms of shelter, possession of everyday objects, diet quantity and quality, as well as with the lowest social status and influence – in the end benefit least from ARFA’s programs. Already better-off farmers typically become leader members of ARFA’s farmer groups, that are used as a medium to transfer the promoted agroecological techniques. These techniques are based on indigenous or traditional knowledge gleaned from farmers elsewhere, which means that farmers “targeted” by the program must acquire new knowledge, know-how, as well as equipment and inputs. The study shows that ARFA uses the farmer groups as seemingly neutral diffusion organs, failing to consider structural factors of a social, power and relational nature within the groups. Internal power structures, however, decide which group members have access to the best knowledge input via participation in farmer field schools, as well as access to equipment distributed via the groups. The benefits of belonging to new organisational structures more equally affect all group members, especially in the form of enhanced organisational capacities and new communication and social skills, yet the imbalance between better-off and worse-off farmers remains in force.By adopting a more aggregate perspective the study further demonstrates a new dependency of farmers created by agroecological development programs, that can be interpreted as conflicting with agroecology’s call for farmer autonomy. Furthermore, the feasibility of scaling-up agroecology within the existing transforming structures and processes at different levels is restricted. The results indicate the limitations of the idea of propagating agroecology in developing countries without simultaneously working towards a different global food system. / RésuméAujourd’hui, l’un des plus grands défis du monde est la situation précaire de dizaines de millions de petits agriculteurs. Fondée sur de nouveaux types de technologies traditionnelles et sur des ressources naturelles et sociales disponibles localement, l'agroécologie semble être une stratégie d’existence prometteuse, surtout pour les petits agriculteurs africains, dont beaucoup ne peuvent pas accéder à des techniques et à des intrants coûteux. Dans les environnements fragiles où des familles entières dépendent de l'agriculture à petite échelle, comme dans l'est du Burkina Faso, il est très important de comprendre si l'agroécologie peut réellement améliorer les moyens d’existence des ménages agricoles et dans quelles conditions. La présente thèse explore le processus de transition agroécologique dans un contexte de coopération au développement, afin de comprendre comment et pourquoi les adoptions et les adaptations d’innovations basées sur l’agroécologie ont un impact sur les moyens de subsistance des agriculteurs. Afin d’appréhender la complexité de l’agroécologie dans un contexte d’interventions de développement, l’étude est fondée sur un triple cadre conceptuel interdisciplinaire qui combine l'approche des moyens d'existence durables, l'approche agronomique de l’Agriculture Comparée et l’approche ECRIS (Enquête Collective Rapide d’Identification des Conflits et des Groupes Stratégiques) issue de l'anthropologie du développement. S'appuyant sur des recherches de terrain qualitatives approfondies dans la province de la Gnagna, incluant des entretiens semi-directifs avec quatre-vingt-dix agriculteurs et dix-huit acteurs-clés ainsi que de l’observation participante, la recherche montre l'écart entre le potentiel théorique de l'agroécologie et ses impacts réels sur les moyens de subsistance de diverses catégories d’agriculteurs.La thèse montre que les organisations de développement choisissent parmi les nombreuses interprétations de l'agroécologie, et ignorent souvent ses attributs de transdisciplinarité, de participation, de démarche ascendante et d’orientation vers l'action. Néanmoins, les résultats suggèrent que la promotion par l'ONG locale ARFA (Association pour la Recherche et la Formation en Agro-écologie) de techniques agricoles basées sur l'agroécologie a du sens dans le contexte régional de dégradation de l'environnement, et de moyens d’existence relativement faibles, de la plupart des agriculteurs :de manière générale, l'adoption de ces techniques a un impact positif sur les moyens d’existence des agriculteurs. Une analyse plus approfondie révèle toutefois comment les agriculteurs disposant des moyens d’existence les plus faibles – labour manuel, pas d’animaux, peu de force de travail, illettrés et vivant dans les ménages les plus démunis en termes d’habitation, de possession d’objets de consommation courante, de régime alimentaire en quantité et en qualité, ayant aussi un statut social bas et une faible influence – bénéficient le moins des programmes d’ARFA en fin de compte. Les agriculteurs un peu plus aisés constituent les membres principaux des groupements d’agriculteurs d’ARFA, qui servent de moyen pour diffuser les techniques agroécologiques promues. Ces techniques sont basées sur des connaissances traditionnelles d’agriculteurs d’autres régions ou pays, ce qui signifie que les agriculteurs « ciblés » par les programmes doivent acquérir de nouvelles connaissances, ainsi que du matériel et des intrants. L'étude montre qu’ARFA utilise les groupements d'agriculteurs comme des organes de diffusion apparemment neutres, sans prendre en compte les hiérarchies sociales et les relations de pouvoir structurelles au sein des groupements. Pourtant, les structures de pouvoir internes aux groupements décident quels membres ont accès au meilleur apport de connaissances par le biais de la participation à des champs écoles paysans, ainsi qu’au matériel distribué via les groupements. Les avantages liés à l’appartenance à de nouvelles structures organisationnelles - notamment sous la forme de capacités d’organisation renforcées, de nouvelles compétences sociales et en matière de communication - sont plus équitablement répartis. Mais, le déséquilibre entre les agriculteurs un peu plus aisés et les moins nantis demeure.En adoptant une perspective plus globale, l’étude démontre une nouvelle dépendance des agriculteurs induite par les programmes de développement agroécologique. Cette dépendance peut être considérée comme allant à l’encontre de l’appel de l’agroécologie à l’autonomie des agriculteurs. En outre, le passage de l’agroécologie à une échelle supérieure est réduit. Les résultats indiquent les limites de l'idée de propager de l'agroécologie dans les pays en développement sans une transition simultanée vers un système alimentaire mondial différent. / Doctorat en Sciences politiques et sociales / info:eu-repo/semantics/nonPublished
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Regards croisés sur les mères célibataires et les épouses sans enfant dans le cadre de l'adoption sauvage au MarocDe Grootte, Sarah 20 April 2021 (has links) (PDF)
Cette recherche porte sur la redéfinition de l'exploitation du travail reproductif féminin par les mères célibataires et les épouses sans enfant au Maroc, à travers une pratique qualifiée d'adoption sauvage. En effet, au Maroc, l'adoption est appréhendée sous la forme de la kafala, un acte juridique par lequel l'éducation et les besoins d'un enfant sont pris en charge par un tuteur qui, cependant, ne lui transmet ni son nom ni son héritage, respectant le mode de parenté tel qu'établi par l'islam sunnite.En particulier, est étudié le rôle des inégalités vécues par les mères célibataires et les épouses sans enfant, lors de la transgression de la kafala à travers l’échange secret d'un enfant encore non né. Ce dernier bafoue les codes religieux, légaux et sociaux. Cette étude met en lumière et situe le phénomène dans un cadre de transformations sociales et de libéralisation des marchés au Maroc.La recherche s'inscrit ainsi dans la sociologie du développement à travers l'étude d'une nouvelle conséquence de la pauvreté impliquant l'exploitation de certaines femmes et de leur corps par d'autres femmes. / Doctorat en Sciences politiques et sociales / info:eu-repo/semantics/nonPublished
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Le secteur informel dans les Hautes terres centrales de Madagascar. : le cas de la région Amoron'i Mania / Informal sector in Middle part of Madagascar : the cas of Amoron'i ManiaAndriamanampisoa, Tiana Harivony 25 November 2014 (has links)
Les études sur le secteur informel à Madagascar sont nombreuses et souvent à caractèretrès économique. Celle que nous proposons essaie d’apporter un regard socio-anthropologique surun phénomène complexe qui ne peut se réduire au seul domaine productif. Après avoir délimité lecadrage théorique et méthodologique du sujet, nous nous focalisons davantage sur les spécificitésdes activités de subsistance des Malgaches en ce qu’elles se basent sur le symbolique et lanégociation. Nous présentons ensuite notre zone d’investigation, « le pays des rochers » (RégionAmoron’i Mania), à partir duquel nous avons étayé quatre types idéaux de l’informalité, susceptiblesd’être généralisés à d’autres pays. Celle-ci demeure corrélée au système de parenté et se trouveinextricablement enchevêtrée avec le formel. Contrairement à certaines idées reçues, lamondialisation n’a fait qu’accroître cette imbrication. Nous terminons par une partie critique etprospective où nous évoquons les tentatives de l’État, sinon de réguler, du moins d’engager desprocessus de régularisation de ce secteur. Nous montrons que ce processus reste difficile pourplusieurs raisons, en particulier la corruption, l’affaiblissement de la sphère publique et les crisespolitiques cycliques / Studies on the informal sector in Madagascar are numerous and often based on itseconomic aspects. However, what we propose tries to bring a socio-anthropological perspective on acomplex phenomenon that can not be reduced to purely economic point of view. After defining thetheoretical frame of the subject, we focus more on the specifics of the subsistence activities ofMalagasy people, which are characterized by symbols and negotiation. Then, we present our studyzone, « the rocks area » or Amoron’i Mania region where we have listed four ideal types ofinformality which can become standard in other countries. In addition, informal is stronglyassociated with the parental system and particularly muddled with the formal sector. Contrary towhat one may think, globalization has accentuated this interweaving. At last, we proceed on criticaland prospective points of view, principally on the State’s attempts to regulate this sector. Thisprocess is still difficult because of corruption, the weakening of the Malagasy State and the politicalcrisis
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L'art de saisir l'État : la défense de la culture de coca au Pérou et en BolivieBusnel, Romain 09 1900 (has links)
Thèse réalisée dans le cadre d'une cotutelle entre l'Université de Montréal et l'Université de Lille / En Bolivie et au Pérou, les régions de production de coca, principales cibles des politiques de lutte contre les drogues depuis les années 1970, sont souvent considérées comme en proie à une certaine « faiblesse », « défaillance » ou « absence » de l’État, et « dominées » par le pouvoir de groupes s’adonnant à des activités criminelles. Menée à partir des cas du Tropique de Cochabamba (Bolivie) et de la Vallée des fleuves Apurímac, Ene et Mantaro (VRAEM, Pérou), premiers foyers de production nationaux d’une coca majoritairement destinée aux marchés illicites, cette recherche s’inscrit à rebours de ces analyses, en montrant que non seulement l’État est bien là, mais qu’il aussi est maintenu et saisi par les organisations rurales de défense de la coca.
À partir d’une enquête ethnographique, cette thèse analyse par le bas et dans une perspective comparée les intrications entre économie illicite, mobilisations et États. Elle montre comment fédérations agricoles et syndicales s’appuient sur la coca pour construire des pratiques communales de gouvernement, des identités régionales et des cadrages suffisamment mobilisateurs pour obtenir des politiques de développement censées compenser le « narcotrafic » ou le « narcoterrorisme ». Les dirigeants des organisations sociales construisent leur leadership politique dans la lutte et se positionnent ensuite comme intermédiaires auprès de l’État. Occuper des fonctions administratives et électives leur permet alors de diriger davantage de ressources publiques vers leurs régions d’origine, de défendre la coca dans les institutions, voire de retracer les frontières entre activités légales et illégales. Culture de la coca et politiques de développement deviennent alors des ressources constitutives de l’économie morale des cultivateurs.
Ces processus se donnent néanmoins à voir différemment. Au Tropique de Cochabamba, il s’agit d’une saisie corporatiste, propre aux liens forts qui unissent les syndicats de cultivateurs de coca, le MAS, parti au pouvoir jusqu’en 2019, et l’État bolivien. Cette modalité a permis aux syndicats d’obtenir des ressources publiques, des droits, de désigner ses intermédiaires en échange d’un soutien au parti et au gouvernement. Au VRAEM, le faible ancrage des partis politiques dans la société péruvienne laisse le champ libre aux dirigeants de la fédération agricole pour saisir l’État selon une logique entrepreneuriale, par laquelle ils font valoir des ressources propres et des relations pour la plupart extérieures à leur région d’origine.
Le détour par ces régions éclaire les relations entre secteurs populaires et État et contribue à décloisonner l’étude des mouvements sociaux. La comparaison en miroir offre une palette d’outils pour appréhender « l’art de saisir l’État » à travers une sociologie des organisations, des syndicats et des partis politiques. / The coca growing regions of Bolivia and Peru have been a focal point of drug control policies in these two countries since the 1970s. These regions are often portrayed as being subject to a weak, failed or even absent state, and under the control of criminal groups. Focusing on the Tropic of Cochabamba (Bolivia) and VRAEM (Peru) regions, the main national hotbeds of coca mostly destined for illicit markets, this research challenges this idea by showing that not only is the State present, but that it is also maintained and seized by rural coca-producing organizations.
Based on an ethnographic survey, I study from the ground and in a comparative perspective the interplay between the illicit economy, social movements and the State itself. I show how agricultural and trade union federations use coca to build communal government practices, regional identities and frameworks to mobilize and obtain development policies meant to compensate for "narcotrafficking" or "narcoterrorism". The leaders of social organizations build their political leadership from the struggle and then place themselves as intermediaries with the State. Occupying administrative and elective functions allows them to channel more public resources to their native regions, to defend coca in institutions, and even to redraw the boundaries between legal and illegal activities. As such, coca cultivation and development policies become resources that constitute the moral economy of the growers.
However, the views behind these political processes differ from one region to the other. In the Tropic of Cochabamba, it is a corporatist seizing process, inherent to the strong ties between the coca growers' unions, the MAS party in power until 2019, and the Bolivian state. This has allowed the unions to obtain public resources, rights, and the appointment of its intermediaries in exchange for support to the party and the government. In the VRAEM, the weak anchoring of political parties in Peruvian society enables agricultural federation leaders to seize the state through an entrepreneurial logic. They assert their own resources and relations, mostly outside their home region.
The detour through these regions sheds light on the relations between the informal popular sectors and the State and broadens the scope of the study of social movements. The comparison thus offers a range of tools to apprehend the "art of seizing the state" through a sociology of organizations, unions and political parties. / En Bolivia y en el Perú, las regiones productoras de coca, principales blancos de las políticas de lucha contra las drogas desde los años 70, suelen ser consideradas como zonas afectadas por la "debilidad", el "fracaso" o la "ausencia" del Estado y "dominadas" por el poder de los grupos criminales. Partiendo de los casos del Trópico de Cochabamba (Bolivia) y del VRAEM (Perú), principales focos nacionales de producción de una coca mayormente destinada a los mercados ilícitos, la presente investigación contrasta con esos análisis. Demuestro que no sólo está presente el Estado, sino que también está mantenido y tomado por las organizaciones rurales de defensa de la coca.
Sobre la base de un estudio etnográfico, esta tesis analiza desde abajo y con una perspectiva comparativa las interrelaciones entre la economía ilícita, las movilizaciones y los Estados. Muestro como las federaciones agrícolas y sindicales usan la coca para construir prácticas comunales de gobierno, identidades regionales, marcos de acción colectiva para obtener políticas de desarrollo que supuestamente compensan al "narcotráfico" o al “narcoterrorismo". Los líderes de las organizaciones sociales construyen su liderazgo político en la lucha y se posicionan como intermediarios con el Estado. Al ocupar funciones administrativas y electivas, pueden dirigir más recursos públicos a sus regiones de origen, defender la coca en las instituciones e incluso trazar los límites entre las actividades legales e ilegales. De esta forma, el cultivo de la coca y las políticas de desarrollo se convierten en recursos que constituyen la economía moral de los agricultores.
Sin embargo, estos procesos se ven de manera distinta. En el Trópico de Cochabamba, se trata de una apropiación del Estado corporativista, caracterizada por los fuertes lazos entre los sindicatos de cocaleros, el MAS, partido en el poder hasta 2019, y el Estado boliviano. Esta modalidad ha permitido a los sindicatos obtener recursos públicos, derechos y la designación de sus intermediarios a cambio de apoyo al partido y al gobierno. En el VRAEM, el escaso asentamiento de los partidos políticos en la sociedad peruana permite a los líderes de las federaciones agrícolas apropiarse del Estado a través de una lógica empresarial. Hacen valer sus propios recursos y relaciones, en su mayoría fuera de su región de origen.
El camino por estas regiones aclara las relaciones entre los sectores populares y el Estado y contribuye a ampliar el estudio de los movimientos sociales. Así, la comparación ofrece una gama de herramientas para aprehender el "arte de apropiarse del Estado" a través de una sociología de organizaciones, sindicatos y partidos políticos.
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Divins thérapeutes - La santé au Brésil revue et corrigée par les orixasChiousse, Sylvie 08 June 1995 (has links) (PDF)
Après un historique du système de santé brésilien, des cultes afro-brésiliens et des africains au Brésil, le présent travail tente de montrer, d'un point de vue anthropologique, la cohérence du système de croyances de ces cultes et de quelques unes de leurs pratiques, entre autres thérapeutiques. L'étude porte alors essentiellement sur la cohérence des relations entre un orixa (entité divine) donné, la partie du corps humain qu'il est censé dominer et les vertus des plantes qui lui appartiennent. Sont également étudiées, sous leur aspect thérapeutique, les processus d'initiation et les transes. <br />D'un point de vue plus sociologique, cette étude s'intéresse au système sanitaire brésilien, ses évolutions, et pointe les défaillances du système officiel dans la gestion des soins offerte aux patients. <br />Analysant les parcours (possibles) du malade (brésilien), les techniques qu'il va choisir d'utiliser pour gérer ses problèmes de santé – en faisant appel ou non aux pratiques thérapeutiques du culte afro-brésilien, il apparaît finalement qu'outre le fait de pouvoir se présenter comme un système de soins complémentaire à la médecine officielle, les pratiques thérapeutiques développées par les garants de ce culte et de cette culture s'affichent souvent et de plus en plus comme une alternative, voire un palliatif efficace face à une gestion officielle de la santé souvent défaillante – où les rejetés de la médecine (par manque de moyens financiers permettant d'y accéder) côtoient les rejetants de cette médecine (qui craignent les infections nosocomiales et autres fonctionnements quotidiens mal assurés).
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