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«Jeunes filles, voilà vos mères. Soyez dignes d’elles!» : modèles moraux et patriotiques de la femme française dans les biographies collectives féminines (1886-1893)Le Rouzès-Ménard, Eveline 11 1900 (has links)
En France, lorsque l’éducation primaire est devenue laïque, gratuite et obligatoire avec les lois Jules Ferry (1881-1882), les pédagogues républicains valorisaient un enseignement par l’émulation. À l’aide de grandes figures de l’histoire nationale, ces acteurs souhaitaient fournir aux jeunes écoliers et écolières des exemples moraux et patriotiques, lesquels incarnaient les grandes vertus républicaines. En général, les modèles exposés aux garçons et aux filles sur les bancs d’école reflétaient et perpétuaient la division des sexes dans la société française : les images montrées aux garçons illustraient un rôle public, militaire et politique tandis que celles présentées aux filles indiquaient plutôt un rôle privé, domestique et maternel. La plupart des études réalisées jusqu’à présent se sont concentrées uniquement sur le contenu des manuels scolaires officiels. Cependant, les exemples féminins mis en évidence dans la littérature jeunesse, en particulier dans les populaires biographies collectives, n’ont pas encore fait l’objet de recherches historiques approfondies. Ce genre littéraire prisé par le public français de la fin du XIXe siècle, mais déprécié dans les cercles universitaires, offre pourtant un riche éventail de modèles pour la jeunesse. Ce mémoire propose ainsi une analyse des icônes morales, civiques et patriotiques dans trois biographies collectives féminines publiées dans la décennie suivant les réformes scolaires (précisément entre 1886 et 1893). Cette étude permet de mettre en lumière, voire de redéfinir, l’identité « féminine » et « française » véhiculée par les auteurs de ces œuvres, lesquels soumettent des modèles alternatifs, moins figés dans les conventions, qui s’éloignent des exemples traditionnels axés sur la différence sexuelle et introduits dans les ouvrages scolaires à la même époque. / As Jules Ferry’s Laws (1881-1882) rendered French primary education secular, mandatory and free, most republican pedagogues designed educational lessons developed on the principle of emulation. By promoting national historical figures and heroes, they mostly sought to provide moral and patriotic models, embodying republican values, to all young boys and girls. Many examples offered in classrooms illustrated and perpetuated a vision of French society based on the sexual division of labor: masculine icons expressed public, military, and political roles while feminine icons revealed private, domestic, and maternal attributes or responsibilities. Previous academic studies on the subject explored almost exclusively the content of primary official textbooks. Meanwhile, feminine models presented in children’s literature, especially within popular collective biographies, have not yet been the object of extensive historical research. Although this literary genre was consumed in great numbers by the public in fin-de-siècle France, it has until recently always been sidelined in academic studies. However, it can be argued that collective biographies showed a significant diversity of role models to French youth. Thereby, this Master’s thesis proposes an analysis of moral, civic, and patriotic icons, which schoolgirls were meant to emulate, included in three collective feminine biographies published during the years following Ferry’s school system reforms (between 1886 and 1893). This study attempts to define the « feminine » and « French » identity shaped by the authors of these books, which recommended less conventional and alternative models, different from traditional examples usually seen in official textbooks of the period.
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Le politique au village. Histoire sociale de l'institution municipale, 1800-1940. Arrondissement de Villefranche (Rhône) / Politics on the scale of villages. Social History of the Municipal Institution, 1800-1940. District of Villefranche (Rhône)Charcosset, Gaëlle 29 June 2018 (has links)
L’institution municipale est restée à l’écart des recherches menées en histoire sur le 19e siècle sinon sous l’angle d’une prosopographie des maires et sous celui des élections municipales de la monarchie de Juillet. Les apports des autres sciences sociales – sociologie, anthropologie, ethnologie – ont renouvelé les approches, ainsi que l’histoire sociale fine. Cette recherche propose une analyse sociale et politique de cette institution, inscrite sur la longue durée (1800-1940) et sur un terrain resserré (un arrondissement et plus particulièrement cinq communes). Au moyen de bases de données relationnelles permettant une agrégation des données à différentes échelles de temps et d’espaces, elle vise à identifier les édiles (maires, adjoints, conseillers municipaux) pour eux-mêmes, dans une approche prosopographique, puis relativement pour définir leur représentativité (échelle de l’arrondissement) et pour les inscrire dans les relations qu’ils entretiennent avec les autres acteurs de la vie municipale (échelle communale).Cette analyse permet de mettre au jour une institution municipale que les villageois se sont appropriés au cours du 19e siècle, en reconnaissant une autorité au maire qui s’est construite d’abord dans l’opposition à celle du desservant et qui dépasse le cadre donné par la loi. De fait, les outrages à leur encontre sont peu nombreux et permettent d’appréhender non les limites de l’autorité consentie à la fonction mais le défaut d’exercice de son dépositaire. De même, les élections municipales font l’objetd’une préparation, d’une mobilisation et d’un contrôle – parfois jusqu’à la protestation électorale qui constitue alors un troisième tour – qui donnent la légitimité aux élus.L’identification des édiles a également permis de nuancer le portrait qu’il en est généralement dressé : s’il existe bien des familles éligibles parfois très anciennement implantées dans les communes d’exercice, la part de conseillers municipaux mobiles reste forte pendant tout le 19e siècle avant de se réduire progressivement. La reconstitution des carrières municipales montre aussi que l’accession au conseil municipal n’est pas définitivement acquise du fait d’une compétition électorale réelle.Quoiqu’un cadre légal précis préside la prise de décision au sein de l’institution municipale, la comparaison des modes de gouvernement d’une commune à l’autre fait émerger deux extrêmes, de l’exercice solitaire du maire à une décision prise collégialement par le conseil municipal dont le maire se fait le porteur. Entre ces deux extrêmes, les situations sont nombreuses et, si dans certaines communes, l’un s’impose davantage que l’autre, il existe aussi des mouvements de fluctuation en fonction des rapports de force qui se dessinent.Enfin, ce politique défini comme organisation du pouvoir au sein de la société, n’est pas enfermé dans les limites communales : les conflits au sein des conseils municipaux mettent au jour des réseaux sociaux qui sont également culturels et porteurs de sensibilités politiques ; c’est alors à une échelle intercommunale qu’ils prennent sens, marqués par les scansions nationales. / Historical researches on the nineteenth century have left aside Municipal institutions, except from the point of view of a prosopography of mayors and municipal elections of the July Monarchy. The contributions of other social sciences - sociology, anthropology, ethnology - have renewed the approaches, as well as the one on precise social history. This research puts forward a social and political analysis of this institution, registered on the long term (1800-1940) and on a tightened ground (a district and more particularly five localities).By means of relational databases allowing the aggregation of data at different scales of time and spaces, it aims at identifying the city councilors (mayors, deputies, councilors) for themselves, in a prosopographic approach, then relatively to define their representativeness (district scale) and to register them in the relationships they maintain with the other actors in municipal life (municipal scale).This analysis brings to light a municipal institution that villagers took over during the 19th century, by recognising an authority to the mayor and which was first shaped in opposition to that of the parish priest and which then overtook the given law framework. In fact, the outrages against them are few and allow to understand not the limits of the authority granted to the function but the lack of exercise of its depositary. In the same way, municipal elections deal with preparation, mobilisation and control -sometimes up to the electoral protest which constitutes then a third roundwhich brings legitimacy to the elected ones.The identification of the city councilors has also qualified the portrait that is generally drawn up: if there are many eligible families sometimes anciently established in the municipalities of exercise, the share of the moveable city councilors remains strong throughout the 19th century before gradually decreasing. The reconstitution of the municipal careers also shows that the access to the municipal council is not definitively acquired because of a real electoral competition.
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