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La fille de nulle part : suivi de Les limites du dévoilement dans Prague de Maude Veilleux

Couture, Paméla 21 June 2019 (has links)
Ce mémoire de maîtrise porte sur les limites du dévoilement de soi et des autres dans les écrits autofictionnels. Il examine les conséquences du dévoilement et des processus de censure liés au genre de l’autofiction. La première partie de ce mémoire, La fille de nulle part, est un recueil de poèmes s'articulant autour d'un deuil amoureux. Divisés en cinq parties égales, les poèmes de cette collection explorent les thèmes de l’abandon, de l’estime personnelle et de la vengeance. Adressé à un TU (représentant l'ancien amoureux), ce recueil est porté par la voix d'un JE désabusé et profondément triste. Au fil des poèmes, les différentes étapes du deuil amoureux sont parcourues, sans toutefois conduire à l’acceptation et la reconstruction. Les poèmes sont portés par Paméla Personne, alter ego de la poète Paméla Couture. La deuxième partie de ce mémoire porte sur l'analyse du récit de Maude Veilleux, Prague. Il sera plus précisément question de confronter l’hypothèse suivante : Maude Veilleux n’est pas allée aussi loin que le sous-entendait le pacte de lecture de son récit Prague, quant au dévoilement de soi. Le chapitre premier porte sur les théories littéraires associées à l'autofiction, afin de déterminer si Prague correspond au genre. Les travaux de Vincent Colonna et de David Bélanger serviront de base de recherche pour cette section. Le chapitre deuxième étudie l’utilité et la portée des mensonges et divers évitements dans la fiction, dans le but de cerner l’intention des mensonges et contournements de Prague. Les recherches effectuées par John R. Searle serviront d’appui pour cette partie. Le chapitre troisième teste l'hypothèse du mémoire à l’aide d’entretiens faits avec l'écrivaine Maude Veilleux, à propos de son récit Prague. / This Master's thesis focuses on the limits of self-disclosure and others in autofictional writings. It examines the consequences of disclosure and censorship processes related to the autofictional genre. The first part of this dissertation, La fille de nulle part, is a collection of poems that revolves around a mourning love. Divided into five equal parts, the poems in this collection explore the themes of abandonment, self-esteem, and vengeance. Addressed to a YOU (representing the lost lover), this collection is carried by the voice of a disillusioned and deeply sad I. Throughout the poems, the different stages of the mourning are covered, without leading to acceptance and reconstruction. The poems are carried by Paméla Personne, alter ego of the poet Paméla Couture. The second part of this thesis focuses on the analysis of the story of Maude Veilleux, Prague. It will be more precisely a matter of confronting the following hypothesis: Maude Veilleux did not go as far as the author-reader contract suggested in her story of Prague, as to the disclosure of herself. Chapter One focuses on the literary theories associated to autofiction, to determine whether Prague corresponds to this particular genre. The works of Vincent Colonna and David Bélanger will serve as a research base for this section. The second chapter studies the usefulness and reach of the lies and various avoidances in fiction, in order to determine the intent of the lies and workarounds in Prague. The research done by John R. Searle will support this part. The third chapter tests the hypothesis of the Master through interviews with the writer Maude Veilleux, about her story Prague.
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Enquête sur les conditions actuelles de l'activité philosophique

Gallant, Guillaume 20 April 2018 (has links)
Il est raisonnable de penser que l'activité philosophique, comme toute forme de connaissance et toute pratique, est jusqu'à un certain point déterminée par le contexte culturel, social, institutionnel et politique dans lequel elle s'insère. Pourtant nous, philosophes de formation, négligeons souvent d'examiner méthodiquement et concrètement comment nos idées et nos pratiques philosophiques sont façonnées par ces influences multiples, que ce soit au cours de nos études ou au long de notre carrière de professeur et de chercheur. Certes, il arrive que nous reconnaissions de manière générale l'existence de ces contraintes et de ces déterminismes, mais le plus souvent nous évitons alors d'en tirer les conséquences pratiques. À moins de sous-estimer la force de l'habitude et de croire que ce que nous pensons et faisons, en tant que philosophes, nous est parfaitement transparent, il nous faut reconnaître que nous pouvons nous tromper sur ce qui nous concerne directement, et du même coup sur les rôles que nous jouons dans nos sociétés démocratiques. Car il serait fort étonnant que les illusions que nous nous faisons sur notre propre activité philosophique n'entravent pas nos tentatives de penser clairement, de découvrir des vérités pertinentes et utiles, de prendre position dans les débats déterminant les orientations de nos sociétés, et de former des citoyens capables de participer intelligemment à la vie politique. C'est pourquoi il est important, pour qui aime la philosophie et la croit utile, de faire un diagnostic des conditions actuelles de l'activité philosophique. Il s'agira, dans cette thèse, de contribuer à ce diagnostic en élaborant et en éprouvant des techniques d'analyse et d'écriture ; et, ce faisant, de me former comme philosophe, en invitant le lecteur à en faire autant. Bien entendu, je ne prétends pas faire le tour de la question, les problèmes que pose la situation actuelle de la philosophie, même seulement au Québec, étant trop nombreux et complexes. Si je m'essaie à ce diagnostic, c'est en laissant à d'autres la possibilité de le poursuivre, de le corriger ou de le critiquer, selon ce qui leur semblera juste et utile. Peut-être sera-t-il même possible de transformer quelque peu le milieu philosophique québécois.
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Bandes de confiance par vraisemblance empirique : δ-méthode fonctionnelle et applications aux processus des événements récurrents / Building confidence bands using empirical likelihood methods : functional delta-method and recurrent event processes

Flesch, Alexis 12 July 2012 (has links)
Disposant d’un jeu de données sur des infections nosocomiales, nous utilisons des techniques de vraisemblance empirique pour construire des bandes de confiance pour certaines quantité d’intérêt. Cette étude nous amène à renforcer les outils déjà existants afin qu’ils s’adaptent à notre cadre. Nous présentons dans une première partie les outils mathématiques issus de la littérature que nous utilisons dans ce travail de thèse. Nous les appliquons ensuite à diverses situations et donnons de nouvelles démonstrations lorsque cela est nécessaire. Nous conduisons aussi des simulations et obtenons des résultats concrets concernant notre jeu de données. Enfin, nous détaillons les algorithmes utilisés. / The starting point of this thesis is a data set of nosocomial infectionsin an intensive care unit of a French hostipal. We focused our attention onbuilding confidence bands for some parameters of interest using empiricallikelihood techniques. In order to do so, we had to adapt and develop somealready existing methods so that they fit our setup.We begin by giving a state of the art of the different theories we use.We then apply them to different setups and demonstrate new results whenneeded. Finally, we conduct simulations and describe our algorithms.
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Feuilletons et Histoire. Idées et opinions des élites de Bourbon et de Maurice dans la presse de 1817 à 1848

Jean-Baptiste, Fabienne 22 April 2010 (has links) (PDF)
Cette thèse propose d'étudier une source littéraire négligée : les poèmes et les feuilletons publiés dans les journaux de Bourbon et de Maurice de 1817 à 1848. Après le dépouillement des deux presses, après la sélection des œuvres et leur rassemblement dans deux annexes littéraires, l'auteur en propose ses commentaires historiques et littéraires. Les Bourbonnais et les Mauriciens cultivés réagissent aux changements politiques qui les secouent en composant des poèmes subtils. Or, la réforme majeure de ces décennies 1817-1848 demeure l'abolition de l'esclavage, progressive pour Maurice (1835 et 1839) et brutale pour La Réunion (1848). Ces riches documents dessinent une Histoire culturelle et littéraire, une Histoire de la Presse, une Histoire des élites ainsi qu'une Histoire politique des Îles-Sœurs. Ces poèmes permettent surtout une nouvelle Histoire de l'Abolition de l'esclavage dans ces colonies. Si certaines œuvres expriment les peurs et les rejets par les colons de l'abolition, d'autres textes livrent des opinions créoles, étonnantes de philanthropie. L'image de l'élite créole en est rénovée : ces colons de la première moitié du XIXe siècle se révèlent être cultivés, amoureux des métaphores et comparaisons, intéressés par l'Histoire.
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Reconceptualizing the implications of Eurocentric discourse vis-á-vis the educational realities of African American students with some implications for special education

Robinson, Carl L. January 2004 (has links)
Thesis (Ph. D.)--Miami University, Dept. of Educational Leadership, 2004. / Title from second page of PDF document. Includes bibliographical references (p. 168-208).
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Le journal satirique El Papus (1973-1987) : expressions de la contre-culture dans la bande dessinée de la Transition espagnole / The satirical magazine El Papus (1973-1987) : Expressions of counterculture in the Spanish transition’s Comic / La revista satírica El Papus (1973-1987) : Expresiones de la contracultura en los cómics de la Transición española

Lopata, Marine 19 December 2017 (has links)
Au cours des années soixante et soixante-dix, des mouvements de contestation sociale, politique et culturelle voient le jour dans différents pays occidentaux. Les nombreuses similitudes que présentent ces mouvements, en dépit de leur éloignement géographique, conduisent à s’interroger sur la circulation de pratiques et d’idées contre-culturelles. La présente étude apporte une pierre à cet édifice en construction à travers l’analyse de la partie graphique de la revue « satirique et neurasthénique » El Papus, qui voit le jour le 20 octobre 1973. Le parti pris dans cette étude est de considérer que la contre-culture ne se manifeste pas uniquement dans sa dimension underground et que des formes d’expression empruntent les circuits de production et de diffusion classiques. Pour atteindre l’objectif assigné dans ce travail, le concept de « contre-culture » sera le point de départ de notre réflexion. Nous retracerons dans la première partie le contexte de diffusion de la contre-culture en Espagne et proposerons des pistes de réflexion pour comprendre comment les collaborateurs de El Papus se sont familiarisés avec de nouvelles idées et esthétiques venues de l’étranger, et tout particulièrement de France et des États-Unis. L’analyse que nous proposons dans la deuxième partie reposera sur un double objectif : montrer dans quelle mesure El Papus présente les caractéristiques esthétiques de la contre-culture (transgression, laideur et « mauvais goût »), et mettre en lumière la façon dont les collaborateurs de la revue se sont appropriés trois sources d’inspiration esthétique : la revue satirique française Hara-Kiri, le magazine américain Mad, et la bande dessinée underground américaine également. / During the Sixties and the Seventies several social, political and cultural movements appear in different Western countries. The many similarities that these movements shared in spite of the geographical distance among them lead to wonder about the flows and exchanges of countercultural ideas and practices. This study adds its bit by means of the analysis of the « satirical and neurasthenic » magazine El Papus, which is born the 20th October 1973. The stance in this study is to consider that counterculture does not manifest only in its underground dimension and that some expression forms use classical production and distribution circuits. In order to attain the aim assigned to this work the concept of « counterculture » will be the starting point of our analysis. In the first part, we will explore the context of counterculture circulation in Spain and will propose clues to understand how El Papus cartoonists had access to the new ideas and aesthetic features coming from abroad, particularly from France and the United States. The analysis that we propose in the second part will have a double aim: to show how El Papus presents the aesthetic features belonging to counterculture (transgression, ugliness and « bad taste ») and demonstrate how the magazine cartoonists had three sources of aesthetic inspiration: the French satirical magazine Hara-Kiri, the American magazine Mad and also the American underground comic strip scene. / Durante los años sesenta y setenta en diferentes países occidentales aparecen movimientos de contestación social, política y cultural. Las numerosas similitudes entre ellos, a pesar de la distancia geográfica que los separaba, suscitan reflexiones sobre la circulación de prácticas e ideas contraculturales. El presente estudio es una contribución a este edificio en construcción a través del análisis de la parte gráfica de la revista « satírica y neurasténica » El Papus, que aparece por primera vez el 20 de octubre de 1973. Este estudio considera que la contracultura no se manifiesta únicamente en su dimensión underground y que ciertas formas de expresión circulan a través de vías de producción y de difusión clásicas. El concepto de « contracultura » será el punto de partida de nuestro estudio. En la primera parte expondremos el contexto de difusión de la contracultura en España y propondremos pistas de reflexión para entender cómo los colaboradores de la revista llegaron a conocer las nuevas ideas y estéticas provenientes del extranjero, en particular de Francia y Estados Unidos. El análisis de la segunda parte tendrá un doble objetivo: mostrar en qué medida El Papus presenta las características estéticas de la contracultura (transgresión, fealdad y « mal gusto ») y poner de relieve de qué manera los colaboradores de la revista se apropiaron de tres fuentes de inspiración estética: la revista satírica francesa Hara-Kiri, la americana Mad y también el cómic underground americano.
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Le personnage apocryphe dans l'oeuvre de Max Aub / The apocryphal character in Max Aub's work

Fintzel, Julie 20 November 2015 (has links)
Notre travail s'inscrit dans une perspective d'histoire de la littérature et cherche à conduire une réflexion globale sur la nature, la signification et la portée de l’utilisation de l’apocryphe chez l'écrivain espagnol Max Aub (Paris, 1903, Mexico, 1972). Le procédé sous-tend l'ambitieux projet de "El Laberinto Mágico" _Le Labyrinthe Magique ̶, qui regroupe les œuvres consacrées à la guerre civile espagnole. Max Aub rompt avec une première pratique expérimentale de la littérature pour se focaliser désormais sur le jeu d’un personnage résolument plongé dans l’Histoire, et la création du personnage apocryphe prend chez l'auteur une valeur de témoignage existentiel, qui dépasse la dimension ludique du mélange entre fiction et réalité. Dans un siècle caractérisé par les guerres et la violence, chez un auteur profondément marqué par la guerre civile espagnole et la douloureuse expérience du déracinement, le personnage apocryphe renvoie aussi à la question identitaire, autant qu’à l’expérience de l’altérité et à l’exploration d’autres possibles itinéraires existentiels. Cette exploration des limites du genre narratif contribue à la résolution de la « crise du roman » des années vingt, s'inscrit dans une double perspective européenne et nationale, et s'ancre dans l'Histoire au point de donner de celle-ci une vision nouvelle. / This doctoral thesis has benn aproached in a perspective of history of literature, and aims to consider a global thought about the nature, the meaning and the impact of the use of the apocryphal for the Spanish writer Max Aub (Paris, 1903, Mexico City, 1972). The process underpins the ambitious project of "El Laberinto Mágico" ̶The Magic Labyrinth ̶, which groups together the works dedicated to the Spanish Civil War. Max Aub breaks with a first experimental practice of literature to focus from this point onward on the game of a character firmly immersed in History. The creation of the apocryphal character takes for the author a value of existential testimony, which goes beyond the playful dimension of the fiction and reality mix. In a century characterized by wars and violence, in an author deeply marked by the Spanish Civil War and the painful uprooting experience, the apocryphal character also goes back to the question of identity, as well as the otherness experience , and the exploration of the other possible existential paths. This exploration of the limits of the narrative genre contributes to the resolution of the "crisis of the novel" in the twenties, it is also part of a double perspective, national and European, and is anchored in History, to the point where it gives of it a new vision.
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Les collections de littérature jeunesse à contenu LGBTQ dans les bibliothèques publiques québécoises : portrait et évaluation

St-Pierre, Marie-Christine 08 1900 (has links)
Cette étude dresse le portrait des collections de littérature jeunesse à contenu LGBTQ dans les bibliothèques publiques québécoises afin de déterminer si la population est bien servie à cet égard, peu importe le lieu et la taille de la collectivité. Pour ce faire, nous avons adopté une approche qualitative et utilisé la méthode de l’évaluation par liste. Ainsi, les collections de 41 bibliothèques publiques municipales ont été examinées au moyen d’une liste de vérification de 38 titres de littérature jeunesse à contenu LGBTQ publiés de 2003 à 2018. Les données recueillies ont fait l’objet d’une analyse statistique surtout descriptive. À l’instar d’études antérieures sur les collections des bibliothèques canadiennes et américaines, la présente recherche a montré que le niveau de présence de la littérature jeunesse à contenu LGBTQ varie considérablement selon les bibliothèques et que la taille des populations, l’importance des collections et le budget consacré aux livres ne suffisent pas à expliquer toutes les fluctuations. L’analyse des données a aussi permis de révéler que les romans à contenu LGBTQ destinés aux ados étaient beaucoup plus susceptibles de figurer dans les collections que les albums et les premiers romans destinés aux enfants. De plus, l’analyse a montré que le thème de l’homosexualité masculine était largement représenté dans les collections, tandis que celui de l’homoparentalité était considérablement sous-représenté. Pourtant, selon les données recueillies, les albums pour enfants sur le thème de l’homoparentalité sont justement le type de matériel qui était le plus emprunté dans les bibliothèques au moment de l’étude. Cette étude exploratoire ne permet pas de conclure avec certitude que les collections de littérature jeunesse à contenu LGBTQ dans les bibliothèques québécoises sont suffisantes et appropriées. Toutefois, la comparaison des résultats obtenus avec ceux d’autres recherches suggère que, dans l’ensemble, les bibliothèques québécoises font plutôt bien à cet égard. / The purpose of this study is to examine the stocks of young adult and children’s literature collections with LGBTQ content made available in Québec public libraries to determine whether the population is sufficiently provided for, regardless of the location and size of the city or town where they live. To carry out this research project, we used the checklist evaluation method. Collections from a sample of 41 municipal public libraries were thus examined, using a checklist of 38 young adult and children’s literature titles with LGBTQ content, published from 2003 to 2018. The collected data was subjected to statistical analysis. As with previous studies of Canadian and American public library collections, this research has shown that the level of presence of young adult and children’s literature with LGBTQ content varies considerably in all libraries, and that the size of populations, the size of collections and the budgets for printed books can’t explain all the fluctuations. Data analysis also revealed that novels with LGBTQ content for teenagers were much more likely to be held in collections than early readers’ novels and children’s picture books. The results have also shown that male homosexuality as a theme is well represented in the collections, while same sex parenthood is significantly underrepresented. However, according to the data, the picture books for children on the topic of same-sex parenthood are exactly the type of material which was the most borrowed in the sampled libraries at the time of the study. This exploratory study alone does not entirely support the conclusion that collections of young adult and children’s literature with LGBTQ content in Québec public libraries are sufficient and appropriate. However, comparing results from this research to those from other researches suggests that, overall, Quebec libraries seem to be doing well in this regard.
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Contribution à l'histoire de l'édition francophone belge sous l'Occupation allemande 1940-1944

Fincoeur, Michel 30 May 2006 (has links)
<p align="justify"><b>1. Introduction</b><br> <p>Le 10 mai 1940 et pour la seconde fois en vingt ans, la Belgique est envahie par l’Allemagne. Contrairement à l’invasion de la Grande Guerre, il ne faut que dix-huit jours aux armées teutonnes pour écraser l’armée belge et occuper le territoire national tout entier. Peu avant la fin des hostilités, la vie culturelle reprend néanmoins timidement. Dès la fin mai 1940, les cinémas rouvrent leurs portes. La presse reparaît sous surveillance allemande. L’édition du livre, machine beaucoup plus lourde, ne reprend son activité qu’à la fin de l’été de 1940. Avec la signature des conventions bilatérales puis internationales sur la propriété intellectuelle dans la seconde moitié du XIXe siècle, la Belgique a vu le secteur de l’édition du livre s’effondrer. Le public belge marque en outre une certaine désaffection envers les auteurs belges et plus particulièrement envers ceux qui se font éditer localement. N’est-ce pas le mémorialiste français Georges Suarez qui écrivait, en 1932, que « L’écrivain wallon trouve devant lui une route hérissée de difficultés ;son public est clairsemé, épars, capricieux […] ;les snobs locaux, acceptent les yeux fermés tout ce qui vient de Paris […] mais exercent un contrôle hautain sur leurs auteurs nationaux » (Georges Suarez, La Belgique vivante. Préface d’André Tardieu. [Louvain, Editions Rex, 1932], p.28-29). Toutes catégories confondues – presse quotidienne ou périodique, livres et brochures diverses –, la production éditoriale belge – domaines francophone, néerlandophone, germanophone et dialectal wallon confondus – connaît pourtant entre 1936 et 1939 une courbe ascendante ;puis, de 1941 à 1945, une inflexion avant de voir remonter lentement la production de 1946 à 1949. Le pic de l’année 1938 ne sera pas égalé dans les dix années qui suivent. En 1939, nous constatons une très infime baisse de l’offre de titres :1,1%. Les sommets atteints par l’éventail de titres proposés en 1938 et 1939 s’explique par la mobilisation des réservistes qui n’ont d’autres loisirs que la lecture. En 1940, le chaos qui suit la Campagne des Dix-Huit Jours contraint la plupart des éditeurs à l’inactivité. La reprise de certains secteurs de l’édition au début de l’été permet toutefois de maintenir une production de titres supérieure aux années 1935-1936. La production reprend de façon spectaculaire en 1941, dépassant le niveau de 1939 et se rapprochant de celui de 1938. Nous interprétons cette remontée du nombre de titres par l’effet de la fermeture des frontières et donc par la nécessité de présenter de nouveaux titres au public belge avide de lecture. De 1942 à 1944, la chute spectaculaire s’explique sans doute par la disparition d’une grande partie de la presse périodique et par le caractère de plus en plus contraignant de la censure allemande. Celle-ci réduit le nombre de titres publiés à cause de la raréfaction croissante du papier disponible. Remarquons que la raréfaction des titres disponibles sur le marché n’implique pas obligatoirement une diminution quantitative des tirages. A partir du mois de septembre 1944 et en 1945, un certain nombre d’éditeurs sont placés sous les projecteurs de la Justice militaire et interrompent ou cessent leurs activités. Par ailleurs, une série de petits éditeurs occasionnels qui publiaient n’importe quoi sous n’importe quelle forme disparaissent du champ éditorial. De plus, la pénurie de papier, les ruptures de fourniture d’électricité industrielle qui fait tourner les rotatives et la réouverture des frontières aux importations françaises, puis néerlandaise dans la seconde moitié de l’année 1945, incitent les éditeurs belges à la frilosité. Enfin, en 1946, la reprise peut s’expliquer par la stabilisation économique.</p><p><p><p align="justify"><b>2. L’épuration des bibliothèques et des librairies</b><br> <p>Même si la liberté de presse est garantie par la Constitution, la loi belge organise les délits de presse. Les circonstances exceptionnelles de la déclaration de guerre de la France et de l’Angleterre à l’Allemagne à la suite de l’invasion de la Pologne provoquent la création d’un éphémère Ministère de l’Information nationale (1939-1940), puis d’un Service d’Information du Premier Ministre (1940). Une censure larvée, justifiée par la sécurité du territoire et le respect de la neutralité de la Belgique, est d’ailleurs exercée dès le mois de septembre 1939 afin d’éviter tout prétexte d’intervention de la part des belligérants. Durant les premiers mois de l’Occupation, une épuration anarchique s’exerce à l’encontre des bibliothèques privées et des librairies. Ce sont tantôt des soldats qui brûlent des livres trouvés sur les rayonnages de leur logement réquisitionné, tantôt des officiers qui prennent la mouche en découvrant chez le libraire de leur nouveau lieu de résidence un opuscule de l’espèce J’ai descendu mon premier Boche. Dès le 13 août 1940, la Militärverwaltung ordonne l’épuration systématique des bibliothèques publiques et des librairies. Tout livre ou brochure anti-allemand ou anti-nazi doit être immédiatement mis sous clef et bientôt déposé entre les mains des services allemands. Le soin de déterminer ce qui tombe ou non dans cette catégorie particulièrement vague est laissé à la seule appréciation des bibliothécaires et des libraires. Ceux-ci doivent attendre le mois de septembre 1941 pour que la Propaganda Abteilung daigne publier une liste de 1800 titres interdits. Des compléments sont ensuite régulièrement insérés dans le Journal de la Librairie de la Gilde du Livre et dans les Mededeelingen van het Boekengilde. Le Ministère de l’Instruction publique charge de surcroît des enseignants et des inspecteurs d’épurer les manuels scolaires de tout propos anti-allemands. Cette mesure a pour but d’éviter que l’occupant ne s’en charge lui-même et n’impose le manuel unique à l’instar de ce qui se passe Outre-Rhin. Le 8 octobre 1940, sans en avoir soumis le texte aux autorités allemandes, le Ministère de l’Instruction publique crée donc une Commission chargée de la révision des ouvrages classiques pour l’enseignement normal, moyen, primaire et gardien, plus communément désignée sous le nom de Commission pour la Révision des Ouvrages Classiques. Composée de collaborationnistes notoires mais également d’authentiques résistants, la Commission examinera près de 5000 titres entre la fin octobre 1940 et la fin mai 1944 ;elle interdira l’usage de 564 manuels et en fera modifier 182 autres.</p> <p><p><p align="justify"><b>3. La censure des livres</b><br> <p>Au début de l’été, les Allemands chargent l’Union des Industries Graphiques & du Livre (UNIGRA), le syndicat des imprimeurs belges, d’exercer une censure préalable générale et d’empêcher ainsi la publication de tout propos anti-allemand. Cette censure est ensuite circonscrite, à partir du 20 août 1940, à la littérature qui traite de sujets militaires et politiques (en ce compris les questions concernant la race, le judaïsme et la Franc-maçonnerie). Le 24 septembre 1940, la Propaganda Abteilung prend le relais de l’organisme belge. Le Referat Schrifttum est dirigé par le Sonderführer Pr Dr Hans Teske et par son adjoint le Sonderführer Leutenant Bruno Orlick. Durant son premier exercice, ce bureau de la littérature refuse 100 manuscrits sur les 600 qu’il examine. A partir du 15 janvier 1943, invoquant le manque de papier, le Referat Schrifttum impose aux éditeurs de soumettre tous leurs manuscrits. Chaque demande est établie en triple exemplaire. Le premier est conservé dans les dossiers de la Propaganda Abteilung, les deux autres exemplaires sont transmis à l’Office Central du Papier - Papier Centrale (OCP-PC). Celui-ci y appose un numéro correspondant à un bon de consommation de papier. L’un est conservé dans les archives de l’OCP et l’autre est retourné à l’éditeur qui doit le présenter à l’imprimeur. Sans ce bon de consommation, l’imprimeur ne peut entreprendre le travail puisqu’il doit justifier les quantités utilisées dans ses ateliers. Tout le processus de contrôle apparaît dans les livres sous la forme de numéros précédés des mentions « Autorisation PA n° » / « Toelating PA nr » / « Zulassung Nr… » et « OCP n° » / « PC nr ». Parfois encore, le numéro d’affiliation de l’imprimeur auprès de l’OCP figure dans le colophon du volume. Chaque numéro est lié à un titre et à l’éditeur qui le demande. En cas d’annulation du projet par l’éditeur, le numéro est alors perdu. Du côté de la SS, l’Abteilung III C 4 de la Sicherheitsdienst se charge notamment de la surveillance des Editions autorisées. Contrairement à la Propaganda Abteilung qui intervient le plus souvent en amont, la SD intervient essentiellement en aval. Celle-ci saisit les ouvrages « séditieux » qui auraient pu échapper à la sagacité des censeurs de la Propaganda Abteilung, ou à l’autocensure des éditeurs belges.</p><p> <p><p align="justify"><b>4. La pénurie de papier</b><br> <p>Avant la guerre, la Belgique importait la quasi-totalité des matières premières destinées à la fabrication du papier et du carton. Mais le déclenchement des hostilités a rendu l’approvisionnement difficile et réduit en conséquence la fabrication du papier. La pénurie des matières premières provoque une réaction rapide de l’administration militaire allemande. Dès le 17 juin 1940, elle exige un état des lieux de la production, des stocks et de la consommation qui permette la rationalisation de l’économie. Parallèlement à ces mesures et en complément à celles-ci, le Ministère des Affaires économiques crée en février 1941 un Office Central du Papier pour veiller à la production et à l’utilisation rationnelle du papier et du carton. Près de la moitié de la cellulose est alors consacrée à la fabrication de produits ersatz comme le carton-cuir pour les chaussures ou le « Balatum » et l’« Unalit ». En mai 1941, l’OCP interdit la fabrication de produits de luxe tels les confettis, les sous-bocks et le papier-dentelle pour tarte. Les besoins en papier et carton augmentent cependant :pour les emballages en replacement d’autres matières devenues rares, pour le papier d’occultation, ou encore pour la paperasserie administrative occasionnée par la rationalisation de l’économie. En avril 1942, le Referat Papier, sous prétexte de rationalisation, ordonne la fermeture de près de la moitié des papeteries. Mais celles qui restent en activité souffrent de la pénurie de matières premières et de combustible qui entraîne une baisse de la production. En octobre 1942, prétextant cette fois la pénurie de papier, le Referat Schrifttum interdit la publication de livres à plus de 5.000 exemplaires mais autorise des dépassements aux éditeurs suffisamment bien en cour. La consommation de papier est alors contrôlée par l’OCP. En avril 1943, le spectre de la pénurie permet encore le recensement des stocks de papier chez les imprimeurs. Or personne n’est la dupe de ces dernières mesures qui relèvent plus de la censure que de l’économie. </p><p><p><p align="justify"><b>5. La restructuration économique et professionnelle</b><br> <p>Dès le début de l’été 1940, la Militärverwaltung commence de saisir les biens ennemis, c’est-à-dire français et britanniques. Grâce à la mise sous séquestre des avoirs du Groupe Hachette, l’actionnaire français de l’Agence Dechenne, le principal distributeur de presse en Belgique est administré par un Allemand, représentant des intérêts du groupe éditorial allemand Amann. Celui-ci obtient le monopole de l’importation de quotidiens étrangers et de la distribution des journaux belges. Il réussit également à devenir le principal grossiste en livres, imposant aux éditeurs le choix de certains titres, le tirage et parfois la couverture des livres. En novembre 1940, tous les éditeurs de livres et de périodiques ainsi que les libraires doivent s’inscrire au Cercle belge de la Librairie ou à son homologue flamand. En juin 1942, le Ministère des Affaires Economiques institue la Gilde du Livre / Boekengilde qui détient, par le biais de ses deux chambres linguistiques, le monopole de la représentation professionnelle. En 1941, l’Occupant suscite la formation d’un organisme de collaboration, la Communauté culturelle wallonne (CCW) qui devrait investir le champ culturel, à l’instar de la Deutsch-Vlämische Arbeitsgemeinschaft (DeVlag). Dirigée par l’écrivain prolétarien Pierre Hubermont, la CCW tente de regrouper les auteurs au sein d’une Chambre des Lettres françaises et d’une Chambre des Lettres dialectales. Très peu d’intellectuels se rallieront à cet organisme rapidement démonétisé. A la suite du congrès européen des écrivains tenu à Weimar en octobre 1941, une Europäische Schriftsteller Vereinigung est par ailleurs fondée le 27 mars 1942. Cette Société Européenne des Ecrivains (SEE), destinée à remplacer le PEN-Club international, encourage les traductions et la diffusion des ouvrages de ses membres. Pierre Hubermont est désigné pour tenir le rôle de porte-parole de la Section wallonne et belge de langue française (SWBLF) qui commence d’être organisée dans le courant du mois de mars 1942. Seule une poignée d’écrivains répondront aux sirènes de Weimar. En 1943 la Communauté Culturelle Wallonne fonde une nouvelle structure plus discrète, et surtout, moins discréditée :la Fédération des Artistes wallons et belges d’expression française (FAWBEF) dont l’intitulé est très proche de celui de la section locale de la SEE. Il ne s’agit pas d’un repli stratégique de la part de Pierre Hubermont – qui est cependant contraint de constater le semi échec de la CCW – mais d’une tentative d’officialisation de la structure corporative ébauchée par la CCW sous l’œil attentif du Ministère de l’Instruction publique. La FAWBEF ébauche la création d’une Chambre de Littérature subdivisée en Chambre des Ecrivains d’expression française, en Chambre des Ecrivains d’expression wallonne, en Chambre des Traducteurs et en Chambre des Editeurs. Le but est d’aboutir à une adhésion obligatoire et ainsi à un contrôle de l’accès à la profession. Depuis l’instauration de la législation et la signature des conventions internationales sur la protection des droits d’auteur dans la seconde moitié du XIXe siècle, les redevances sont essentiellement perçues en Belgique par des sociétés de droit français. Face à cette situation de perceptions multiples, l’administration militaire allemande impose une perception unique par une société de droit belge. Dans un premier temps, la Militärverwaltung place sous séquestre les sociétés françaises qui disposent du monopole de fait de la perception des droits d’auteur en Belgique francophone. Dans un second temps, au début du mois de janvier 1941, la Nationale Vereeniging voor Auteursrecht (NAVEA) est réquisitionnée et désignée pour détenir le monopole de la perception des droits. Toujours en janvier 1941, une tentative de rallier l’Association des Artistes professionnels de Belgique (AAPB) à la société unique afin d’en faire sa section francophone échoue grâce à la résistance de ses dirigeants. L’AAPB est alors dissoute par les Allemands. Le monopole de la NAVEA pose de nombreux problèmes juridiques. Pour toucher les droits de suite, les artistes et leurs ayants droit doivent devenir membre de la NAVEA, alors que les sociétés françaises interdisent la double appartenance sous peine de perdre les droits à la pension. Après d’âpres pourparlers, la NAVEA s’engage à payer les pensions pour les artistes qui la rejoindraient rapidement. La NAVEA ne collabore pourtant pas avec l’occupant puisque, clandestinement, celle-ci noue un accord avec la société anglaise The Performing Right Society, via Lausanne et Lisbonne, et répartit en secret les droits des auteurs anglais et américains. Elle tente de surcroît de protéger ses affiliés juifs en refusant de livrer la liste des ses adhérents.</p><p><p><p align="justify"><b>6. La production</b><br> <p>Malgré les contraintes liées à la pénurie de papier et celles qu’impose la censure, les éditeurs belges profitent des circonstances pour éditer à tour de bras tout et n’importe quoi, puisant essentiellement dans le vivier des littérateurs locaux. En effet, les Belges s’adonnent au loisir peu onéreux de la lecture. La fermeture des frontières bloque les importations de livres français et néerlandais. D’une part, la culture flamande est revalorisée alors que toute velléité pan-néerlandaise est combattue. D’autre part, la littérature française est contingentée :les Lettres françaises sont systématiquement dénigrées car on les juge délétères. Enfin, la germanisation rampante va bon train grâce à la promotion des Lettres scandinaves et allemandes :il s’agit de remodeler les structures mentales des lecteurs grâce aux traductions. Les tirages sont énormes pour des valeurs sûres comme le Leeuw van Vlaanderen (200 000 exemplaires) d’Hendrik Conscience et De Vlaschaard (100 000 exemplaires) de Stijn Streuvels. La plupart des maisons d’édition développent ou inaugurent des collections de lettres étrangères. A la suite de pressions du Referat Schrifttum, rares sont les grands éditeurs qui ne publient pas de traductions de l’allemand. Aux quelques éditeurs rétifs, le chef du Referat Schrifttum suggère de remplacer les textes allemands par des traductions d’auteurs scandinaves et finno-estoniens. C’est ainsi qu’une maison anti-allemande éditera des romans du prix Nobel norvégien Knut Hamsun pourtant rallié à la collaboration la plus dure. Mais les éditeurs ne peuvent pas publier toutes les traductions :les auteurs slaves du nord (Russes et Polonais), anglo-saxons contemporains et juifs sont considérés comme indésirables et interdits. Le Referat Schrifttum autorise la publication de romans anglo-saxons qui ne sont pas encore tombés dans le domaine public. Ces autorisations exceptionnelles ont trait à des textes qui dénigrent systématiquement le modèle social britannique et américain. Curieusement sont ainsi traduits des romans remettant en cause un ordre social ou moral comme Babbitt (1943) de Sinclair Lewis, The Grapes of Wrath (De Druiven der gramschap, 1943 et Grappes d’amertume, 1944) de John Steinbeck, The Picture of Dorian Gray (Le Portrait de Dorian Gray, 1944) d’Oscar Wilde ou encore The Rains came (La Mousson, 1944) de Louis Bromfield. La réédition de The Scarlet Pimpernel (Le Mouron Rouge, 1943) de la baronne Emmuska Orczy dénonce le fanatisme de la Révolution Française et stigmatise l’hédonisme de la Gentry anglaise. A titre d’exemple, les Editions de La Toison d’Or, financées par les Allemands, publient 26 % de traductions, les Editions Les Ecrits sortent 31,75 % de traductions. A l’Uitgeverij De Lage Landen qui publie en langues néerlandaise, allemande et française, les traductions constituent 44 % du catalogue néerlandais.</p><p><p><p align="justify"><b>7. Les éditeurs</b><br> <p>La demande permet à une nouvelle génération d’éditeur de se manifester. Certaines maisons d’édition sont créées avec l’appui de l’un ou l’autre service allemand. D’autres, qui ne s’inscrivent pourtant pas dans une politique de collaboration, sont fondées sous le regard attentif de la Propaganda Abteilung. Des maisons jugées hostiles au national-socialisme sont mises sous séquestre. Enfin, des administrateurs provisoires et des directeurs littéraires inféodés au nouveau pouvoir sont nommés. Comme le reste de la population, les acteurs du champ éditorial adoptent un éventail de positions qui va de la Résistance à la Collaboration avec, pour le plus grand nombre, une accommodation à des degrés divers. Si certains choisissent de résister et freinent la politique allemande du livre dans la mesure de leurs moyens, aucun toutefois n’entre dans la clandestinité. A partir du 15 janvier 1943, tous les manuscrits doivent toutefois passer entre les mains de l’administration allemande ;ce sera souvent la seule compromission des éditeurs. La grande majorité des maisons reste patriote, à l’instar des Editions Casterman, des Editions Dupuis ou des Editions Charles Dessart. Un réseau éditorial d’Ordre nouveau est en revanche composé par Léon Degrelle et des rexistes. Le 25 août 1940, la s.a. La Presse de Rex obtient de pouvoir sortir à nouveau son quotidien de combat, Le Pays Réel (1936). La ligne éditoriale outrancière du journal ne parvient pas à fidéliser son lectorat (moins de 10 000 exemplaires vendus en 1942) et Degrelle renfloue les caisses de la rédaction grâce aux bénéfices du Palais des Parfums, une entreprise juive spoliée, et à des subventions de la SS. En 1943, Degrelle finance un nouveau quotidien, L’Avenir, inspiré de Paris Soir. Le groupe de presse de Degrelle publie également des hebdomadaires :une version collaborationniste du Pourquoi Pas ?intitulée pour l’occasion Voilà ;Tout, copié sur les géants Match, Tempo et Signal ;Indiscrétions, un magazine de mode qui prend rapidement le titre Elle et Lui ;et une revue pour jeunes gens, Mon Copain « volé ». La Presse de Rex possède encore trois maisons d’édition :les Editions Rex (1929), les Editions Ignis (1939), l’Uitgeverij Ignis (1941) et les Editions de L’Archer (1944). La s.a. Editoria, dirigée par le critique d’art Paul Colin, fait également partie du même réseau. Editoria regroupe la Nouvelle Société d’Edition (1934), l’hebdomadaire Cassandre (1934) et Le Nouveau Journal (1940). Des journalistes rexistes participent à la création de maisons littéraires :Claude Chabry fonde, en 1943, les éditions du même nom, les Editions du Rond-Point (1943) puis les Editions de La Mappemonde (1943) ;Victor Meulenijzer s’associe au caricaturiste de Cassandre René Marinus pour monter Les Editions du Dragon (1944) ;Eugène Maréchal relance en 1941 les Editions Maréchal (1938) et participe à la création des Editions du Carrefour (1943). Julien Bernaerts, le fondateur des Editions de la Phalange (1934) et de l’Uitgeverij De Phalanx (1938), se rallie à l’Ordre nouveau. Il est bientôt remarqué par le SS-Hauptsturmführer Hans Schneider qui travaille pour l’Ahnenerbe, le cercle académique de la SS. En 1943, Schneider persuade Bernaerts de créer l’Uitgeverij De Burcht. Dans le même cadre, Franz Briel, Léon Van Huffel et René Baert mettent sur pied les Editions de La Roue Solaire (1943). Proche de la SS, le directeur de l’Uitgeverij Steenlandt (DeVlag), Jan Acke, est abattu par la résistance. Il n’est pas le seul puisque Paul Colin est bientôt exécuté par un étudiant de l’Université libre de Bruxelles, Arnaud Fraiteur. Toujours dans l’orbite de la collaboration, les deux grands trusts de presse allemands Mundus et Amann essayent de pénétrer le marché belge. Tandis que le groupe germano-slovaque Mundus finance la création des Editions de La Toison d’Or (1941), fondées par Edouard Didier, Guido Eeckels et Raymond De Becker, Amann tente de s’emparer de l’Uitgeverij De Lage Landen (1941) de Guido Eeckels, puis Mundus devient un temps actionnaire de l’entreprise qui publie alors des ouvrages pour le compte du Deutsche Institut. Rappelons que, par l’entremise d’administrateurs provisoires, Amann pèse sur l’édition grâce à l’Agence Dechenne et signalons que Mundus a fait tomber le quotidien mosan La Légia (1940) dans son escarcelle. Les Editions de Belgique de Maximilien Mention, qui porte pourtant l’uniforme noir des cadres rexistes, ne semblent pas exprimer les idées nouvelles. Les journalistes rexistes Jules Stéphane et son épouse Marguerite Inghels dirigent la coopérative Les Auteurs Associés (1942) et Het Boek (1943) qui ne sont pas non plus d’obédience nazie. A la marge de ce réseau, mais très impliquées dans le réseau national-catholique, figurent les Editions L’Essor (1939) de Léon Renard. Comme toutes les coopératives ouvrières, les Editions Labor d’Alexandre André sont placées sous séquestre. André est maintenu à la direction commerciale de la maison tandis que le chef de la CCW est propulsé par l’occupant à la direction littéraire.</p><p><p><p align="justify"><b>8. La Libération</b><br> <p>A la Libération, l’Etat Belge instaure à nouveau un régime de censure larvée dans le but d’empêcher la diffusion des idées ennemies :des auteurs réputés inciviques sont interdits de publication dans la presse, des livres sont saisis et des maisons d’édition sont placées sous séquestre et leurs livres mis à l’index. Quelques éditeurs de la nouvelle génération quittent Bruxelles pour Paris en prétextant la mauvaise conjoncture économique mais en réalité ils fuient un climat qu’ils jugent répressif. Plusieurs retrouvent une place importante dans les champs éditorial et littéraire parisiens où leur passé est ignoré. Notons que la Justice militaire belge a rarement poursuivi un éditeur pour ses activités, comme si les éditeurs n’étaient pas responsables des idées qu’ils ont mises sur le marché. Le refus de livrer la liste de ses adhérents juifs et les accords clandestins avec The Performing Right Society permettent à la NAVEA de survivre après la Libération sous une nouvelle appellation :la Société des Auteurs Belges-Belgische Auteursmaatschappij (SABAM). L’Etat de droit rétabli, les sociétés françaises reprennent leurs activités en Belgique, restaurant ainsi le système de la perception multiple. L’Association des Artistes professionnels de Belgique constitue un jury d’honneur pour sanctionner ses membres qui auraient fauté. L’Association des Ecrivains belges exclut de ses rangs les auteurs compromis. Les Académies expulsent des immortels et en blâment d’autres, les écartant provisoirement de leur honorable société. Des écrivains, peu ou prou impliqués dans la collaboration, suivent le chemin des éditeurs et posent leurs valises sur les bords de la Seine. Les uns deviennent conseillers littéraires de grandes maisons parisiennes, d’autres, comme Paul Kenny, deviennent millionnaires en publiant des romans d’espionnage. Plusieurs exilés ci-devant anti-bolchevistes se lancent dans la traduction de romans anglais et américains. D’aucuns inventent la solderie de livres neufs à prix réduit s’ils ne revêtent pas l’habit vert. La réouverture des frontières aux livres d’écrivains français, néerlandais et anglo-saxons repousse la plupart des littérateurs belges dans l’ombre dont ils étaient sortis à l’occasion de circonstances exceptionnelles. On pourrait croire que l’âge d’or de l’édition est terminé. Or la crise du papier va entraîner l’émergence d’une nouvelle littérature et la création de nouvelles sociétés d’édition :les imprimeurs sont tenus de prendre deux qualités de papier, l’une bonne et l’autre médiocre. Celle-ci est alors utilisée pour des publications à destination de la jeunesse. Naissent ainsi une quinzaine d’hebdomadaires parmi lesquels figurent Franc-Jeu (1944), Lutin (1944), Perce-Neige (1944), Story (1945), Wrill (1945), Cap’taine Sabord (1946), Jeep (1945), Annette (1945) et Tintin (1946). Les deux derniers deviendront de véritables « blanchisseries » pour les réprouvés de l’Epuration… La bande dessinée belge et ses deux écoles, Marcinelle et Bruxelles, ainsi que les sociétés qui éditent leurs albums vont bientôt dominer le marché francophone. </p><p> / Doctorat en philosophie et lettres, Orientation langue et littérature / info:eu-repo/semantics/nonPublished
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John Donne : de la satire à l'humour / John Donne : from satire to humor

Benard, Clementine 01 October 2018 (has links)
Cette étude s'attache à démontrer comment les écrits satiriques du poète élisabéthain John Donne (1572-1631) lui permettent de développer une esthétique propre, qui ne se cantonne pas qu'au corpus satirique strict mais trouve également une résonance dans le reste de son œuvre. Traditionnellement considérée comme une tendance marginale dans sa poésie, la satire chez Donne s'exprime à travers d'autres textes, laissant ainsi transparaître un « esprit satirique ». Le jeu et la prise de distance du poète vis-à-vis des conventions littéraires, sociales et religieuses de son époque nous permettent de mettre au jour une poétique dominée par le doute et la mélancolie. Cette humeur noire, selon la théorie médicale des humeurs, nous conduit vers l'humour et le comique : fort peu examinés chez Donne, ces concepts transparaissent pourtant à la lecture des textes les moins explorés par la critique, dévoilant ainsi une esthétique qui donne sa cohérence au corpus. John Donne n'est pas que le chef de file de la poésie métaphysique : son statut de satiriste lui confère également celui d'humoriste. / This study aims to show how the satiric writings of Elizabethan poet John Donne (1572-1631) display a specific aesthetics, which is also to be found in all his work and not only in his satiric texts. Although it has traditionally been considered as a fringe element in Donne's poetry, satire appears in other writings, thus disclosing a ''satiric spirit''. By playing and distancing himself from the literay, social and religious standards of his time, the poet's work reveals an aesthetics ruled by doubt and melancholy. According to the system of medicine called ''humorism'', melancholy is a black fluid that brings us to humour and comedy : even though they have been rarely examined in Donne studies, these concepts do stand out after a close reading of the least sought-after poems. It thus unites and makes the whole of Donne's poetry coherent. Not only is he the best representative of the metaphysical poets, he is also a satirist as well as a humorist.

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