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Naissance et développement d'une magistrature administrative : la Congrégation du Buon Governo de l'Etat Pontifical (16ème - 19ème siècles) / Birth and development of an administrative judiciary : the Buon Governo Congregation of the Pontifical State (16th - 19th centuries)Mancini, Flavia 22 December 2017 (has links)
La Congrégation du Buon Governo, établie a Rome en 1592 avec la Bulla Pro Commissa, par Pape Clément VIII, est l’organisme administratif crée par le gouvernement pontifical pour la gestion des affaires internes. Comme l’a observé Paolo Prodi dans un ouvrage de 1982, l’Etat pontifical du 16ème siècle montre une certaine précocité dans le procès de modernisation des structures étatiques : la thèse de Prodi est que l’identité parfaite entre pouvoir spirituel et pouvoir temporel a joué – pendant une première phase – comme facteur positif vers la création des structures de l’Etat moderne.Le point de vue de l’historien du droit devrait ajouter à cette considération aussi le rôle joué par le droit canonique dans la construction des règles de l’administration moderne. Ce droit canonique qui était naturellement très bien connu par les élites de l’Etat de l’Eglise.L’étude approfondie de la Congrégation du Buon Governo vise donc à mettre à l’épreuve soit la thèse proprement historique de Paolo Prodi, soit de vérifier sur le terrain l’hypothèse de Gabriel Le Bras selon laquelle le droit administratif de l’état moderne doit beaucoup de ses mécanismes à la tradition canonique.En dépit de sa modernité, en effet, la Congrégation du Buon Governo garde des éléments de goût médiéval. Sortissant de l’idée indifférenciée de iurisdictio, elle renferme en soi non seulement la structure et l’organisation qui peuvent lui faire préfigurer un « ministère » avant la lettre, mais garde aussi fonctions et compétences de nature judiciaire.Elle est composée de cardinaux représentant le cercle des plus proches collaborateurs du Pape, qui sont appelés “ponenti”.Organisme composé pour « représenter » le pouvoir absolu du pape dans les affaires intérieures de l’état, la Congrégation doit surtout gérer les relations entre le pouvoir central et les communautés locales. Elle doit régler les conflits entre communautés, contrôler la gestion des finances communautaires, défendre l’intérêt de l’état dans les affaires d’aménagement du territoire ou les droits anciens des communes devaient se plier face au vouloir de l’autorité souveraine.C’est pour accomplir cette tâche que la congrégation s’organise dès le début sur un double registre : elle se charge de la gestion de l’administration interne pour donner exécution aux décisions du gouvernement central, mais aussi elle exerce les fonctions judiciaires dans les matières qui lui sont confiées.La fonction administrative de la Congrégation consiste notamment dans l’inspection et le contrôle des finances dans les territoires de l’État Pontifical: ainsi, lentement, l’état met un système de contrôle financier centralisé. Il s’agit d’une innovation majeure, car, dans les états d’ancien régime, les communes étaient perçues comme des sujets de droit public précédents à l’état central, et par conséquent ils étaient indépendants du point de vue économique (sauf le cas d’endettement, qui d’ailleurs n’avait pas nature publique ou administrative, mais privée). Dans le procès de soumission des communes au contrôle financier de l’état, par contre, le modèle de l’administration ecclésiastique devrait avoir joué un rôle, car, à différence des communautés de citoyens d’une ville ou d’un village, les établissements ecclésiastiques médiévaux étaient bien soumis au contrôle central de l’évêque, qui se manifestait par la pratique des visites pastorales.La Congrégation du Buon Governo connaît de relations entre les organes de l'État papal et les collectivités, et exerce son administration aussi à travers ses compétences et pouvoirs de nature judiciaire: en effet, elle-même juge en cas de désaccord concernant l'administration et des collectivités locales. / This PhD thesis aims to investigate the theme of the birth and development of modern state institutions, starting from the analysis of an organ of the temporal Church government, the Sacra Congregatio Boni Regiminis, established by Clement VIII in 1592 with the Bulla Pro Commissa a Domino, and responsible for the administration and management of the internal affairs of the Papal State until its suppression in 1847.The Papal State is in fact currently regarded by many academics as a real political laboratory/workshop, where institutional innovations intended to be placed and accepted by most of early modern States were tested.For this reason, a preliminary analysis examining the field of local administration seemed to be very useful and appropriate, as this matter shows how the Pope legitimizes his empire not only in the religious sphere, but also in the temporal one: cloaked in the spiritual robe, in the exercise of his powers, he pursues purely secular objectives.The study of a body as Buon Governo makes it possible to examine the phenomenon of the setting up of the modern state structures from a privileged point of view. This also allows us to focus on the relationship between central government and local communities.The action of Buon Governo relating to local/territorial administration testifies the reality of a body which is entrusted not only with structures typical of an actual ministry, with insightful administrative powers of supervision and control over local finances, but also with judicial competences and powers. Driven by this dual nature, the Papal temporal government thus reveals a configuration considered by Paolo Prodi as anticipatory of typical of modern states, showing an internal structure that branches out into organisms and systems capable of managing and exercising, even at the peripheral level, a very penetrating control on local realities.As mentioned, since 16th century, the Papal State has demonstrated a certain precocity in the process of institutional modernization, an ideal substrate for the birth of the Buon Governo.The work of the Congregatio Boni Regiminis is organized on a double level: it is not only responsible for the management and administration in enforcing judgments emanating from the center, but it has also judicial functions and competences in relation to the same issues.Administrative functions are principally reflected in the supervision and control of local finances: in this way the Papal State gradually put in place a system of centralized financial control.The reality just described is clearly shown in particular in the field of common properties (woods, pastures, etc.): this is in fact one of the subjects in which the Sacra Congregatio exercises both functions and powers, proto-administrative and properly judicial.The issue of the ownership of common properties becomes crucial when they are wrongly involved in the Pope Pio VII economic reform program: the aim of the motu proprio of 19 march 1801, and the subsequent ones of 1803 and 1807, is in fact to transfer to the Papal State – and in particular to the Reverenda Camera Apostolica – all debts contracted and not honored by local institutions in exchange of the assignment of all their properties (“beni comunitativi”). Among them they were wrongly included also common properties: they belong to communities, and not to local institutions.In this way, common properties, of which people and individuals belonging to a given community are owners, and towards them local institutions arise only in terms of “exponential” entity (they only have representative powers), are mistakenly included in the act of “incameramento”, coming to determine in this way a series of appeals to the Buon Governo, responsible for managing all the Apostolic Camera fiscal operations.
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Centre, périphérie, conflit et formation de l'État depuis Ménélik II : les crises de et dans l'État éthiopienBach, Jean-Nicolas 24 October 2011 (has links) (PDF)
Cette thèse revient sur les caractéristiques des conflits armés éthiopiens contemporains(nature et manifestations) à partir d'une réflexion sur la trajectoire historique de l'État,héritier de l'empire construit par Ménélik II à la fin du XIXe siècle et dont les frontièresn'ont que peu varié depuis (hormis l'indépendance de l'Érythrée en 1993). L'expérienceimpériale est également à l'origine d'une perception de l'espace politique éthiopien entermes de " centre " et de " périphérie ". Perception qui demeure dominante au sein desétudes éthiopiennes, notamment dans l'étude de conflits perçus comme opposant le" centre " (assimilé à l'" État moderne ") à ses " périphéries " conquises durant la périodeimpériale (assimilées aux " sociétés traditionnelles "). La réflexion est donc construite àpartir de l'articulation des trois grands thèmes suivants : la formation de l'empire et del'État éthiopien, les conflits armés, et le thème centre-périphérie. Le thème centrepériphériese situe en effet au coeur des interprétations de la formation des empires etdes États. Le rapport entre ce deux thèmes (formation de l'État et thème " centrepériphérie") est ici reformulé à partir des notions de " secteur politique central " et de" secteur politique périphérique " (Coulon 1972). L'État est alors défini comme unprocessus historique produit par la formation (formelle, symbolique et cognitive) de cesdeux secteurs politiques central et périphérique. Ces deux secteurs interdépendants, dontles caractéristiques évoluent en fonction des reconfigurations économiques, sociales etpolitiques, sont à comprendre au sein d'un même ensemble produisant l'État éthiopien etson identité, sa nation.Cette thèse analyse donc le rapport entre la formation de ces deux secteurs politiques etles conflits armés en vue d'en offrir une grille de lecture renouvelée et dépassant lalecture dominante opposant le " centre " à ses " périphéries ". L'étude de trois régionsconflictuelles (Érythrée, Gambella, Afar) et de leur rapport à l'État éthiopien font alorsapparaître non plus une, mais trois grandes tendances de conflit (toujoursinterdépendantes et parfois cumulatives), à savoir : le conflit entre les deux secteurspolitiques, le conflit à l'intérieur du secteur politique central, et le conflit à l'intérieur dusecteur politique périphérique. Enfin, ce travail défend l'idée selon laquelle ces conflitsémanent d'une double crise de l'État éthiopien : une crise " de " l'État (remise en cause del'État éthiopien lui-même), et une crise " dans " l'État (remise en cause du régime et dugouvernement éthiopien, mais pas de l'État en lui-même). De cette double crise, héritéede la période impériale et qui éclot lors du Second règne d'Hailé Sélassié (1941-1974),dérivent les conflits éthiopiens contemporains.
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Les transformations de l'intervention à l'ère de la mondialisation : le cas des Etats-Unis en Colombie (1961-2010)Rojas, Diana 01 October 2012 (has links) (PDF)
Cette recherche part de la volonté de comprendre et d'expliquer l'interaction entre la politique intérieure et la politique internationale dans les processus de construction étatique des pays les moins développés et avec une histoire de forte dépendance extérieure. Son objectif central consiste donc à étudier les transformations du phénomène de l'intervention internationale dans le contexte de la mondialisation à partir de l'analyse du cas colombien. C'est pourquoi, en premier lieu, y sont examinés les théories qui, selon les relations internationales, ont rendu compte de l'intervention comme partie de la dynamique de la politique internationale contemporaine. Un type spécifique d'intervention, la construction étatique, est analysé dans le cadre de la politique extérieure nord-américaine au XXe siècle. En second lieu, l'étude de cas présentée analyse l'intervention des États-Unis en Colombie lors de trois moments distincts : l'Alliance pour le progrès (1961-1972), la lutte contre les drogues (1975-1994) et le Plan Colombie (2000-2010). A travers ceux-ci est exposé de quelle manière l'intervention de la superpuissance dans le pays sud-américain a changé tant dans sa conception que dans sa mise en place au long d'un demi-siècle. L'examen détaillé de ces trois périodes permet d'identifier les point de comparaison afin d'établir s'il s'agit ou non d'une intervention orientée vers la construction étatique.
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Homogeneity and heterogeneity of political traditions in the remaking of world orderSchiele, Alexandre 08 1900 (has links)
Deux décennies après la chute de l'URSS (1991), ce mémoire propose une réévaluation de la thèse de Francis Fukuyama sur la Fin de l'Histoire, élaborée en 1989, qui postule qu'avec la chute de l'URSS aucune idéologie ne peut rivaliser avec la démocratie libérale capitaliste; et de la thèse de Samuel P. Huntington sur le Choc des civilisations, élaborée en 1993, qui pose l'existence d'un nombre fini de civilisations homogènes et antagonistes. Pourtant, lorsque confrontées à une étude approfondie des séquences historiques, ces deux théories apparaissent pour le moins relatives. Deux questions ont été traitées: l'interaction entre Idéologie et Conditions historiques, et la thèse de l'homogénéité intracivilisationnelle et de l'hétérogénéité antagoniste intercivilisationnelle. Sans les invalider complètement, cette recherche conclut toutefois que ces deux théories doivent être nuancées; elles se situent aux deux extrémités du spectre des relations internationales. La recherche effectuée a montré que les idéologies et leur poids relatif sont tributaires d'un contexte, contrairement à Fukuyama qui les pose dans l'absolu. De plus, l'étude de la Chine maoïste et particulièrement de la pensée de Mao Zedong montre que les traditions politiques locales sont plus hétérogènes qu'il n'y paraît au premier abord, ce qui relativise la thèse de Huntington. En conclusion, les rapports entre États sont plus dynamiques que ne le laissent penser les thèses de Fukuyama et de Huntington. / The central purpose of this research is a revaluation, two decades after the 1991 demise of the USSR, of Francis Fukuyama's 1989 "End of History" theory, which postulates that with the fall of the USSR no major ideology is a challenger to the domination of liberal capitalist democracy; and of Samuel P. Huntington's 1993 "Clash of Civilizations" theory that postulates the existence of a finite number of antagonistic homogeneous civilizations. When confronted with the actual unfolding of historical events, these two absolute and uncompromising theories appear increasingly relative. Two questions were researched: the interaction between Ideology and Historical conditions in the case of Fukuyama, and that of the presupposed Intra-civilizational homogeneity and Inter-civilizational antagonistic heterogeneity. This research, not dismissing them totally, comes to the conclusion that they constitute the two opposite poles of a continuum that encompass most types of interactions between polities. First, this thesis comes to the conclusion that ideologies and their relative weight are part of a broader picture rather than absolutes in themselves, as Fukuyama argues. Furthermore, the study of Maoist China and especially of the thoughts of Mao Zedong strongly suggests the heterogeneity of political traditions locally, contrary to Huntington's thesis. In other words, interactions between polities seem more dynamic than the simplistic linear approaches of Fukuyama and Huntington.
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La gouvernance sans Etat : une étude de cas sur les territoires contrôlés par le front révolutionnaire uni en Sierra Leone / Governance without State : a case study on territories controlled by the Revolutionary United Front in Sierra LeoneSesay, Mohamed Kanja 13 December 2013 (has links)
La guerre civile en Sierra Leone débute en 1991 et dure jusqu’en 2002.Encore aujourd’hui, les analystes sont assez partagés sur ses causes, notamment lesmotivations des rebelles du Front Révolutionnaire Uni (RUF), mouvement àl’origine des hostilités. De son entrée en Sierra Leone à nos jours, le RUF a étél’objet de plusieurs débats et critiques, tant sur son organisation que sur sesméthodes guerrières. En questionnant d’abord la capacité organisationnelle de cemouvement, la thèse a pour objet de contextualiser les arguments souvent associésavec des guerres civiles de ce type. Ils insistent sur l’absence de sens : ces conflitsillustreraient d’abord une situation de chaos total. Elles seraient aussi laconséquence de l’absence ou de la défaillance d’un État.Cette présente étude s’inscrit dans le prolongement des débats sur le RUF.Elle démontre que ce dernier n’était pas si désorganisé que ce que racontent lescommentateurs, avertis ou non. Cette opinion répandue résulte notamment d’unemédiatisation intense de son usage intensif de la violence extrême, très réellecependant. Le RUF n’était pas qu’un groupe de voleurs de diamants sanguinairesmais aussi une force assez structurée avec une logique hiérarchique claire, voireune idéologie. Grâce à ces facteurs, il a mis en place des structures lui permettantd’établir les relations de gouvernant à gouvernés avec les populations urbainessous son contrôle. Cette force rebelle a instauré un mode de gestion de lacollectivité. Cela a modifié la nature de ce groupe armé, devenu, dans les zonessous son contrôle, un « appareil administratif » civil, loin d’être toujoursperformant mais bien identifiable comme tel.En juxtaposant les interactions complexes d’une gouvernance quotidienne,la thèse met en lumière les méthodes de gouvernance du RUF et les aspects dits« normaux » de la vie dans ces villes en guerre. Elle analyse les variables de larelation entre les membres du mouvement rebelle occupant ces communes et lapopulation locale. Une fois une ville conquise, les rebelles sont obligés d’y fairequelque chose. Le RUF impose un « système administratif » instaurant un ordre devie en commun dans toute cette zone.L’étude analyse donc ces outils de la gouvernance civile, mobilisés entemps de guerre. Au cours de cet étude, plusieurs recherches de terrain en SierraLeone, ont été menées. Ces séjours sur place ont permis la réalisation de plusieursentretiens, individuels et collectifs. Ils soutiennent les idées générales exposéesdans cette thèse. / The war in Sierra Leone began in 1991 and ended in 2002. Analysts remaindivided on the question of its cause, particularly on the issue of the motivations ofthe rebel Revolutionary United Front (RUF), the armed group which started thehostilities. From its entry into Sierra Leone to date; the RUF has been the subjectof much debate and criticism, both on its organization and its methods of wagingwar. By asking questions relating to the organizational capacity of the RUF, thisstudy aims to contextualize the central arguments often associated with civil warsof the Sierra Leonean kind: they insist on the absence of meaning; these conflictsillustrate a situation of chaos and/or are devoid of political reflections. They arealso the consequence of the absence or failure of a State.This present study continues these discussions in relation to the RUF, bydemonstrating that this guerilla force was not as disorganized as often portrayed,despite increased media coverage on its use of violence. The RUF was not a groupof murderous diamond thieves but also quite structured with a clear hierarchicallogic or ideology. Through this internal organisation, it set up structures toestablish governor/governed relations with urban populations under its control.The rebel force thus established a system to manage these local communities. Suchconsiderations changed the nature of the armed group in the areas under itscontrol, where it established a civil "administrative unit", far from being efficientbut identifiable as such.By juxtaposing the complex interactions of daily governance, the thesishighlights the governance practices of the RUF and the aspects that characterise"normal" life in these « war torn » towns. It analyzes the variables of therelationship between members of the rebel movement occupying these towns andthe local population. Once a town is conquered, the rebels are forced to dosomething there, an "administrative system" establishing an order of coexistence inthe whole area is imposed.The study therefore analyzes the tools of civil governance, mobilized intime of war. During this study, several field research trips to Sierra Leone, wereconducted. These trips have allowed the realization of several interviews,individual and collective. They support the general ideas presented in this thesis.
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Centre, périphérie, conflit et formation de l’État depuis Ménélik II : les crises de et dans l’État éthiopien / Center, periphery, conflict and state formation since Menelik II : the Crisis of and within the Ethiopian State.Bach, Jean-Nicolas 24 October 2011 (has links)
Cette thèse revient sur les caractéristiques des conflits armés éthiopiens contemporains(nature et manifestations) à partir d’une réflexion sur la trajectoire historique de l’État,héritier de l’empire construit par Ménélik II à la fin du XIXe siècle et dont les frontièresn’ont que peu varié depuis (hormis l’indépendance de l’Érythrée en 1993). L’expérienceimpériale est également à l’origine d’une perception de l’espace politique éthiopien entermes de « centre » et de « périphérie ». Perception qui demeure dominante au sein desétudes éthiopiennes, notamment dans l’étude de conflits perçus comme opposant le« centre » (assimilé à l’« État moderne ») à ses « périphéries » conquises durant la périodeimpériale (assimilées aux « sociétés traditionnelles »). La réflexion est donc construite àpartir de l’articulation des trois grands thèmes suivants : la formation de l’empire et del’État éthiopien, les conflits armés, et le thème centre-périphérie. Le thème centrepériphériese situe en effet au coeur des interprétations de la formation des empires etdes États. Le rapport entre ce deux thèmes (formation de l’État et thème « centrepériphérie») est ici reformulé à partir des notions de « secteur politique central » et de« secteur politique périphérique » (Coulon 1972). L’État est alors défini comme unprocessus historique produit par la formation (formelle, symbolique et cognitive) de cesdeux secteurs politiques central et périphérique. Ces deux secteurs interdépendants, dontles caractéristiques évoluent en fonction des reconfigurations économiques, sociales etpolitiques, sont à comprendre au sein d’un même ensemble produisant l’État éthiopien etson identité, sa nation.Cette thèse analyse donc le rapport entre la formation de ces deux secteurs politiques etles conflits armés en vue d’en offrir une grille de lecture renouvelée et dépassant lalecture dominante opposant le « centre » à ses « périphéries ». L’étude de trois régionsconflictuelles (Érythrée, Gambella, Afar) et de leur rapport à l’État éthiopien font alorsapparaître non plus une, mais trois grandes tendances de conflit (toujoursinterdépendantes et parfois cumulatives), à savoir : le conflit entre les deux secteurspolitiques, le conflit à l’intérieur du secteur politique central, et le conflit à l’intérieur dusecteur politique périphérique. Enfin, ce travail défend l’idée selon laquelle ces conflitsémanent d’une double crise de l’État éthiopien : une crise « de » l’État (remise en cause del’État éthiopien lui-même), et une crise « dans » l’État (remise en cause du régime et dugouvernement éthiopien, mais pas de l’État en lui-même). De cette double crise, héritéede la période impériale et qui éclot lors du Second règne d’Hailé Sélassié (1941-1974),dérivent les conflits éthiopiens contemporains. / This work deals with contemporary Ethiopian armed conflicts (nature and forms) out of areflexion on the state trajectory. The Ethiopian state is to be studied in the continuity ofthe empire built by Menelik II at the end of the XIXth century, whose borders haveremained almost unchanged since then (except the Eritrean independence in 1993). Theparticular perception of the Ethiopian political space studied in terms of “centre” and“periphery” is also embedded in this imperial period. A perception which remainscharacteristic of Ethiopian studies, considering the Ethiopian armed conflicts as opposinga “centre” (considered synonymous with “modern state”) to its “peripheries” inheritedfrom the imperial conquests (seen as “traditional societies”). The thesis is thus built outof these three following themes which represent the core of the reflexion: the Ethiopianempire- and state formation, armed conflicts, and the centre-periphery relation. In fact,the centre-periphery relation has been determinant in the theories dealing with empiresandstate-formation. Here, I aim at redefining the relationship between state-formationand the centre-periphery theories by using the notions of “central political sector” and“peripheral political sector” (Coulon 1972). The State shall then be considered as ahistorical process produced by the formation (formal, symbolical, and cognitive) of thesesectors. The sectors are dependent of each other and their characteristics derive fromconstant economic, social and political reconfigurations. They shall be considered in asame whole which produces the Ethiopian state and its identity, its nation.The thesis analyses the relationship between the formation of these two political sectorsand armed conflicts in order to rethink the dominant view considering conflicts as acentre conflicting against its peripheries. Illustrated by the study of three regions (whichhave been experiencing armed conflicts since the imperial period, i.e. Eritrea, Gambellaand Afar), and focusing on their constant and changing relations (formal or perceived)with the Ethiopian state, this work confirms the existence of three main conflict trends(interdependent and sometimes cumulative): the conflict between the two sectors, theconflict within the central sector, and the conflict within the peripheral sector. Finally, Iargue that the current Ethiopian conflicts derive from a dual state crisis: a crisis “of” theEthiopian state (the radical refusal of the state), and a crisis “within” the Ethiopian state(refusal of the regime or the government, but not the State itself). This dual crisisinherited from the imperial period took form during the second reign of Haile Selassie(1941-1974). The roots of contemporary armed conflicts in Ethiopia have to be situated insuch a crisis, and their continuation in its resilience.
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La gouvernance sans État : une étude de cas sur les territoires contrôlés par le Front Révolutionnaire Uni en Sierra LeoneSesay, Mohamed 13 December 2013 (has links) (PDF)
La guerre civile en Sierra Leone débute en 1991 et dure jusqu'en 2002. Encore aujourd'hui, les analystes sont assez partagés sur ses causes, notamment les motivations des rebelles du Front Révolutionnaire Uni (RUF), mouvement à l'origine des hostilités. De son entrée en Sierra Leone à nos jours, le RUF a été l'objet de plusieurs débats et critiques, tant sur son organisation que sur ses méthodes guerrières. En questionnant d'abord la capacité organisationnelle de ce mouvement, la thèse a pour objet de contextualiser les arguments souvent associés avec des guerres civiles de ce type. Ils insistent sur l'absence de sens : ces conflits illustreraient d'abord une situation de chaos total. Elles seraient aussi la conséquence de l'absence ou de la défaillance d'un État. Cette présente étude s'inscrit dans le prolongement des débats sur le RUF. Elle démontre que ce dernier n'était pas si désorganisé que ce que racontent les commentateurs, avertis ou non. Cette opinion répandue résulte notamment d'une médiatisation intense de son usage intensif de la violence extrême, très réelle cependant. Le RUF n'était pas qu'un groupe de voleurs de diamants sanguinaires mais aussi une force assez structurée avec une logique hiérarchique claire, voire une idéologie. Grâce à ces facteurs, il a mis en place des structures lui permettant d'établir les relations de gouvernant à gouvernés avec les populations urbaines sous son contrôle. Cette force rebelle a instauré un mode de gestion de la collectivité. Cela a modifié la nature de ce groupe armé, devenu, dans les zones sous son contrôle, un " appareil administratif " civil, loin d'être toujours performant mais bien identifiable comme tel. En juxtaposant les interactions complexes d'une gouvernance quotidienne, la thèse met en lumière les méthodes de gouvernance du RUF et les aspects dits " normaux " de la vie dans ces villes en guerre. Elle analyse les variables de la relation entre les membres du mouvement rebelle occupant ces communes et la population locale. Une fois une ville conquise, les rebelles sont obligés d'y faire quelque chose. Le RUF impose un " système administratif " instaurant un ordre de vie en commun dans toute cette zone. L'étude analyse donc ces outils de la gouvernance civile, mobilisés en temps de guerre. Au cours de cet étude, plusieurs recherches de terrain en Sierra Leone, ont été menées. Ces séjours sur place ont permis la réalisation de plusieurs entretiens, individuels et collectifs. Ils soutiennent les idées générales exposées dans cette thèse.
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Homogeneity and heterogeneity of political traditions in the remaking of world orderSchiele, Alexandre 08 1900 (has links)
Deux décennies après la chute de l'URSS (1991), ce mémoire propose une réévaluation de la thèse de Francis Fukuyama sur la Fin de l'Histoire, élaborée en 1989, qui postule qu'avec la chute de l'URSS aucune idéologie ne peut rivaliser avec la démocratie libérale capitaliste; et de la thèse de Samuel P. Huntington sur le Choc des civilisations, élaborée en 1993, qui pose l'existence d'un nombre fini de civilisations homogènes et antagonistes. Pourtant, lorsque confrontées à une étude approfondie des séquences historiques, ces deux théories apparaissent pour le moins relatives. Deux questions ont été traitées: l'interaction entre Idéologie et Conditions historiques, et la thèse de l'homogénéité intracivilisationnelle et de l'hétérogénéité antagoniste intercivilisationnelle. Sans les invalider complètement, cette recherche conclut toutefois que ces deux théories doivent être nuancées; elles se situent aux deux extrémités du spectre des relations internationales. La recherche effectuée a montré que les idéologies et leur poids relatif sont tributaires d'un contexte, contrairement à Fukuyama qui les pose dans l'absolu. De plus, l'étude de la Chine maoïste et particulièrement de la pensée de Mao Zedong montre que les traditions politiques locales sont plus hétérogènes qu'il n'y paraît au premier abord, ce qui relativise la thèse de Huntington. En conclusion, les rapports entre États sont plus dynamiques que ne le laissent penser les thèses de Fukuyama et de Huntington. / The central purpose of this research is a revaluation, two decades after the 1991 demise of the USSR, of Francis Fukuyama's 1989 "End of History" theory, which postulates that with the fall of the USSR no major ideology is a challenger to the domination of liberal capitalist democracy; and of Samuel P. Huntington's 1993 "Clash of Civilizations" theory that postulates the existence of a finite number of antagonistic homogeneous civilizations. When confronted with the actual unfolding of historical events, these two absolute and uncompromising theories appear increasingly relative. Two questions were researched: the interaction between Ideology and Historical conditions in the case of Fukuyama, and that of the presupposed Intra-civilizational homogeneity and Inter-civilizational antagonistic heterogeneity. This research, not dismissing them totally, comes to the conclusion that they constitute the two opposite poles of a continuum that encompass most types of interactions between polities. First, this thesis comes to the conclusion that ideologies and their relative weight are part of a broader picture rather than absolutes in themselves, as Fukuyama argues. Furthermore, the study of Maoist China and especially of the thoughts of Mao Zedong strongly suggests the heterogeneity of political traditions locally, contrary to Huntington's thesis. In other words, interactions between polities seem more dynamic than the simplistic linear approaches of Fukuyama and Huntington.
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