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De la ville soviétique à la ville postsoviétique : transformations sociales et culturelles à Almaty (Kazakhstan) / From Soviet to post-Soviet city : social and cultural transformations in Almaty (Kazakhstan)

Panicciari, Giulia 17 March 2014 (has links)
En Asie centrale la construction soviétique s’est avérée difficile, puisqu’elle impliquait la transformation radicale des sociétés locales. Cette thèse va montrer comment les 70 ans de pouvoir soviétique ont changé pour toujours la société, l’économie et la culture du Kazakhstan. Une attention particulière est donnée à la population kazakhe à partir des premières années soviétiques, jusqu’aux années 2000, à leurs parcours dans la capitale soviétique et ensuite dans la métropole contemporaine. Cette thèse aborde les questions comme la rencontre des anciens nomades Kazakhs avec les Russes dans l’espace urbain, le rôle de l’ethnicité et de la culture locale dans les transformations promues par le pouvoir soviétique et, ensuite, dans le processus de construction nationale. La reconstruction de l’histoire sociale de la communauté urbaine, avec l’aide des archives et d’entretiens approfondis, nous révèle une société complexe qui a su adapter la culture locale et celle soviétique en créant sa propre version du soviétisme. Notre thèse suppose que dans ce contexte, les questions sociales liées à l’urbanisation, qui se perpétuent jusqu’à la fin de l’URSS, influenceront considérablement les transformations d’après 1991 et que sans une bonne attention à l’univers local, nous ne pouvons pas comprendre le passé soviétique en Asie centrale, ni les transformations récentes. Dans la ville, le pouvoir soviétique et ensuite celui du président kazakh Nazarbaev contribuent à construire des espaces publics et une mémoire urbaine qui racontent la modernité du peuple kazakh. Notre recherche montre que la ville est un cas d’étude utile pour développer un discours plus ample concernant les sociétés et les cultures du monde. / In Central Asia the imposition of the Soviet State proved to be difficult, as it implied the radical transformation of local societies. This dissertation shows how 70 years of Soviet power changed forever Kazakhstan’s society, economy and culture. Its focuses in particular on the Kazakh people starting from the first Soviet years to the 2000s, and on their journey towards the Soviet capital and later towards a contemporary metropolis. This dissertation approaches questions such as the encounter of the ex Kazakh nomads with the Russians in the urban space, the role of ethnicity and of the local culture in the transformations promoted by the Soviet State and, later, in the process of nation building. The reconstruction of the social history of the urban community, with the aid of archives and in-depth interviews, reveals a complex society which adapted the local culture and the Soviet one to create its own version of Sovietism. My dissertation argues that in such context, social questions connected to the urbanization, which remain actual till the end of the Soviet Union, will affect considerably the transformations after 1991 and that if we do not pay the just attention to the local universe, we cannot understand the Soviet past in Central Asia, neither the recent changes. In the city, the Soviet power and, later, that of Kazakh President Nazarbaev, contribute to the construction of public spaces and of urban memory telling about the modernity of the Kazakh people. The city is, as I put it in my research, is a useful case study to develop broader questions regarding world cultures and societies.
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CONSTRUCTION NATIONALE ET SPECTACLE DE LA DIFFÉRENCE EN RÉPUBLIQUE POPULAIRE DE CHINE<br>Analyse des rôles de la « minzu minoritaire » dans le cinéma de 1950 à 2005

Frangville, Vanessa 17 December 2008 (has links) (PDF)
L'unité de ces cinquante-six minzu 民族 est promue comme fondement « naturel » et « historique » de la nation chinoise, ainsi définie par un corps multinational ou « multiethnique ». Cette conception de la nation est rendue visible et publique par le biais de manifestations spectaculaires autour des différentes « minzu minoritaires » (shaoshu minzu 少数民族), qui sont des occasions répétées de soutenir l'unité nationale et l'ordre social. Notre étude se penche sur les images des « minzu minoritaires » dans le cinéma de la République populaire de Chine, et tente de dégager leur implication dans le contexte historique de la construction nationale chinoise après 1949. Deux périodes sont analysées plus spécifiquement, de 1950 à 1965, et du milieu des années 1980 à 2005.
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Les idéologies politiques africaines : mythe du pouvoir ou instance du développement ? Réflexion épistémologique sur le nationalisme congolais à la lumière de la théorie rawlsienne de la justice.

Tshilumba, Gilbert 03 October 2008 (has links)
Les idéologies politiques africaines : mythe du pouvoir ou instance du développement ? Réflexion épistémologique sur le nationalisme congolais à la lumière de la théorie rawlsienne de la justice. Panafricanisme, négritude, consciencisme, socialisme et nationalisme ont eu en gros sur le sol africain, une double mission :-délivrer les pays du joug colonial sortir ces pays du sous-développement par un travail d’une - double construction : celle des Etats réellement indépendants et celle des nations viables et justes. Si les années 50 et 60 ont vu ces idéologies détruire le système colonial et faire accéder les pays africains à la souveraineté internationale, on ne peut pourtant pas s’empêcher de constater leur difficulté à vaincre le sous-développement. Et à ce propos, nul doute que l’afro pessimisme constitue le lot quotidien des médias qui ne parlent de l’Afrique qu’en terme de crise, faite de guerres, de famine, de maladies et de pauvreté en tous genres. Daniel Bourmaud, dans son livre intitulé « La politique en Afrique » en dresse un tableau signalétique qui en précise les contours. En effet, dit-il : « L’Afrique offre à l’observateur le visage banal de la contradiction. D’un côté prévaut la vision d’un continent fascinant par ses hommes, ses peuples et ses paysages. De l’autre se précipitent et s’entrechoquent les images d’un chaos sans fin. La politique emprunterait plutôt à ce second registre […]. Les modes de domination successifs ont souvent forgé des Etats paradoxaux, à la fois forts dans leur capacité à préserver la suprématie des dirigeants et faibles dans leur aptitude à produire des institutions publiques efficaces […]. La problématique démocratisation au sud du Sahara se situe dans une perspective longue, où se mêlent la pesanteur des héritages et la quête d’un destin maîtrisé ». Cette situation contraste avec l’effervescence des années d’indépendance consacrant la liberté retrouvée. Et pourtant des visionnaires ont, peut-être à contre-courant de l’histoire, averti contre une évolution non maîtrisée de la révolution en cours. Ainsi lorsque René Dumont déclare au bout de quelques années que « L’Afrique noire est mal partie », non seulement personne ne l’écoute mais cela apparaît surtout comme un affront contre les idéologies du moment et comme un déni du droit à l’autodétermination et la souveraineté des peuples d’Afrique. En ce qui concerne le Congo, l’avocat belge Paul Salkin s’était déjà 1910 de ce que le 21è siècle allait réserver à l’Afrique centrale. Par ailleurs le général JANSSENS est connu pour sa formule restée célèbre au Congo : « Avant l’indépendance= après l’indépendance ». Comme pour dire que l’indépendance acquise supposée être synonyme de liberté n’était qu’une illusion dont on n’allait pas tarder à se rendre compte. Le plan Van Bilsen n’envisageait l’indépendance du Congo que 30 ans plus tard ! Ce qui suscita des réactions en sens divers. Point n’est besoin de constater que l’histoire donne raison à tous ces prophètes malgré eux. Mais comment expliquer cet échec ? D’aucuns stigmatisent la différence des cultures entre l’Afrique et l’Occident estimant que la culture africaine est incapable de s’adapter à une réalité venue d’ailleurs. D’autres fustigent l’impréparation de l’élite congolaise à assumer l’indépendance nouvellement acquise. L’incapacité à assumer la nouvelle donne politique faite d’exigences nouvelles ; celles d’érection d’une communauté des citoyens libres et égaux en droits, un Etat souverain, une nation viable et juste. Ce qui exige la prise en compte de la nation comme une allégeance prioritaire par rapport à toutes les autres appartenances. Pour notre part, nous nous interrogeons sur la capacité des idéologies politiques, notamment le nationalisme dans le cas du Congo, à faire un travail de fondation que nécessite ce nouvel environnement politique. Ce besoin de relecture de son histoire pour élire les valeurs fondatrices de la norme directrice de la nouvelle nation en construction se fait sentir de façon récurrente à chaque tentative de résolution de la crise congolaise : conférence nationale, dialogue inter congolais, ne sont que les manifestations de ce besoin inhérent à tout travail de fondation, inhérent à tout nouveau départ. Certes, les raisons d’une telle crise sont nombreuses et complexes à la fois. Outre les dissensions multiethniques internes, il faut compter avec l’antagonisme récurrent entre les intérêts internes d’un Etat en construction et ceux des puissances internationales décidées à avoir la mainmise sur l’orientation politique et idéologique du pays. Dans ce contexte d’une crise devenue chronique et qui semble avoir épuisé toutes les tentatives des solutions, débouchant sur un afro pessimisme généralisé, démobilisant les bonnes volontés les plus assidues, on a tendance à jeter l’éponge. Mais a-t-on vraiment le droit d’abandonner ? Y- a- t- il une crise qui soit insoluble, avec tous les moyens dont dispose l’humanité aujourd’hui sur le plan de l’arsenal théorique et technologique ? De là à céder dans des jérémiades infantilisantes, il n’y a qu’un pas. L’intérêt de cette thèse, c’est de montrer a contrario que la crise congolaise n’est pas insoluble. Il suffit pour cela de faire le choix rationnel d’outils conceptuels d’analyse qui vaillent la peine. C’est pourquoi nous nous référons, pour notre part, à la théorie rawlsienne de la justice pour la questionner et l’utiliser comme outil d’analyse heuristique sur l’idéologie congolaise du nationalisme. Question de savoir à travers elle si les idéologies politiques de ce continent constituent un mythe du pouvoir c’est- à- dire un facteur de construction d’un pouvoir autocratique donnant l’illusion de construire une nation ; un ensemble d’idées mystificateurs au service d’un pouvoir totalitaire, ou à l’inverse, constituent-elles l’instance du développement, entendue comme un facteur de construction d’une nation viable ? Mais très vite une question nous hante : celle de savoir si ce nationalisme peut fonctionner selon le modèle de John Rawls en s’articulant sur les principes premiers de justice , en mettant en évidence les principes de liberté et d’égalité les plus satisfaisant pour tous, en créant les conditions d’un accord sur la façon d’organiser les institutions politiques et sociales fondamentales de manière qu’elles respectent la liberté et l’égalité des citoyens, considérées comme des personnes morales ; un accord satisfaisant sur les idées de liberté et d’égalité implicites dans la culture publique de démocraties et condition nécessaire de réalisation d’une société qui assure le bien-être de ses citoyens. Mais le constat actuel montre que le Congo n’est pas une société bien ordonnée dans le sens rawlsien du terme. On n’a pas l’impression d’avoir une conception publique de la justice qui soit le fondement d’une démocratie moderne. La conscience nationale est en conflit permanent avec la conscience ethnique et tribale. Ce qui nous plonge dans une tension réelle entre deux visions du monde différentes pour ne pas dire opposées. Du coup, certains estiment qu’il serait trop osé d’inviter la théorie de Rawls à la problématique africaine de la nation ou de l’Etat car la théorie de Rawls concernerait une société bien déterminée, celle de la culture de l’Occident moderne. Comme pour rejeter l’universalité de celle-ci. Toute la critique communautarienne va dans ce sens. La thèse de Justine Lacroix va aussi dans ce sens. Aussi ne voit-on pas comment une théorie qui au départ suscite autant de débats sur son applicabilité, sur le plan de la méthode en Occident même, pourrait être d’une quelconque utilité dans une culture qui lui est totalement étrangère ? Autrement dit, que peut-il y avoir de commun entre le concept rawlsien de nation et le concept congolais de celle-ci ? Comment ce concept rawlsien de la nation peut-il servir de modèle et de voie d’intégration politique pour la construction au Congo d’un Etat-nation viable ? Cette question fondamentale de la thèse implique un débat complexe qui invite les thèmes de l’opposition entre rationalité moderne et tradition africaine, entre mécanisme de gestion politique moderne et les pesanteurs de l’héritage ancien. Comment concilier solidarité citoyenne et solidarité ethnique ou tribale. Avec l’échec des théories développementistes, faut-il continuer à développer l’idée d’une opposition structurelle indispensable entre le passé et le présent au point de penser que l’Afrique s’opposerait à tout changement comme le suggère Axelle Kabou dans son livre si évocateur intitulé : « Et si l’Afrique refusait le développement ? » ? Pour notre part, nous croyons que la théorie rawlsienne, en dépit du débat qu’elle suscite autour de la position originelle, des principes de la justice, de la procéduralité, de la stabilité, mérite notre sollicitation concernant la problématique africaine de la construction nationale. La fondation d’une société viable passe par la justice politique et sociale surtout dans un environnement des luttes intestines d’origine tribale et ethnique juxtaposées aux effets pervers de la mondialisation. Mais pourquoi Rawls ? On sait que sa théorie est froide alors que la culture africaine est encline à des pratiques traditionnelles peu réceptives à sa conception de la justice plaçant l’individu au cœur de tout projet politique tandis qu’en Afrique, c’est la communauté ( ethnique, tribale ) qui prend la place de celui-ci. Il y a là une tension inévacuable d’un simple revers de la main et qu’il faut bien prendre en compte pour toute analyse de ce type. Mais comme le constate Philippe Van Parijs, nous pensons que l’œuvre de Rawls est au départ du renouveau de la philosophie politique dans la mesure où il constitue désormais le repère devenu incontournable pour réfléchir sur l’exigence du souci de rendre toute société et le monde moins injustes. Aussi, même s’il reste vrai que nous ne trouverons que nous ne trouverons pas de réponse clé en main à nos innombrables questions et en l’occurrence lorsqu’il s’agit de l’Afrique, Rawls nous offre une pensée lucide et solide susceptible de nous guider et de nous inspirer, une pensée articulée sur la conviction que l’argumentation raisonnable est en mesure de dompter égoïsme et passions. « Pas toujours bien sûr. Mais un peu plus souvent grâce à Rawls. Et beaucoup plus souvent si nous sommes nombreux, toutes disciplines, tous pays confondus, non seulement à étudier mais à pratiquer le type de pensée politique qu’il a magistralement illustré », comme le dit si bien Philippe Van Parijs. Rawls recommande de moderniser la pensée et la pratique politique autour de l’idée du juste pour édifier une société bien ordonnée. Cela va sans dire qu’il faut passer, dans le cas du Congo, par le chemin ardu de la démocratisation des institutions politques. Comme méthode, il procède d’y parvenir par la recherche d’un consensus par recoupement en passant par le voile d’ignorance à partir d’une position originelle dans l’élection des valeurs et l’adoption des normes qui garantiraient la justice par l’émergence des libertés fondamentales de la personne humaine et l’égalité de tous. Réussir une telle articulation de la conception rawlsienne de la justice rationalisant l’utopie congolaise de la justice serait pour nous une occasion et une façon de démythiser les mythes politiques africains enfermés dans des idéologies en vogue mais aussi dans des notions devenues folkloriques que celles de nation et de développement. Ce serait l’accès à un nationalisme démocratique rationalisé qui tirerait de Rawls le sens républicain de l’Etat contenu dans les principes de liberté et de différence. On sait que la théorie rawlsienne de l’Etat peut être référée à la théorie républicaine d’un Etat fondé essentiellement sur une conception de la liberté telle que Rousseau la résume en une formule : « l’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est liberté » (1765, p. 365) ou telle que Kant, sur les traces de Rousseau considère que l’attribut fondamentale de la citoyenneté est « la liberté légitime de n’obéir à aucune autre loi que celle à laquelle chacun a donné son accord ». (Kant, 1786, vol III, 579) Ainsi présentée, la liberté républicaine est importante en ce qu’elle garantit l’absence de soumission à la volonté arbitraire d’autrui. La définition d’une telle liberté repose sur le lien affirmé entre la protection de l’individualité et les arrangements politiques et sociaux. Vue sous cette angle, la théorie rawlsienne de la justice comme outil conceptuel de l’organisation politique pourra être le pendant structurel du nationalisme démocratique rationnalisé pour la démythisation des concepts politiques, idéologiques devenus par la force des choses des mythes de patrimonialisation du pouvoir fondé sur une conception autocratique calquée sur le paradigme colonial qui se traduit par la confiscation de l’espace public et la dérivation du sens commun, paralysant de ce fait l’émergence d’une société bien ordonnée. Par les principes rawlsiens de la justice, rationnellement articulés sur les concepts africains de solidarité, de palabre et d’hospitalité, par l’usage de la discussion habermassienne, un consensus minimal et fondamental peut se dégager et permettre la construction d’une société bien ordonnée caractérisée par une conception renouvelée et modernisée du pouvoir, c’est-à-dire de l’Etat et de la nation. On peut ainsi forger l’infrastructure de modernisation des mœurs politiques inhérentes aux conditions d’une vie bonne pour tous, condition d’un développement réel dans lequel l’homme devenu citoyen de la nation en construction, accéderait au rang d’un sujet de droits inaliénables, indérogeables. Il s’agit ainsi de déterminer les conditions d’un concept philosophique de nation assorti aux objectifs d’interrogations sociales et de participation politique dans une société en transition. Le développement comme mythe Le développement est mythe en ce qu’il est vécu Congo comme une utopie inatteignable confirmé par l’échec des théories classiques développementistes. Et à ce propos la conception rawlsienne de la justice et du développement n’implique pas de rejet a priori du marché. Elle est par ailleurs très loin d’entériner un capitalisme dérégulé. Elle ne justifie pas non plus un capitalisme flanqué d’un Etat-providence recueillant les nombreux exclus du marché. En revanche, stipule Philippe Van Parijs, rien en elle n’exclut en principe un « socialisme libéral » combinant la propriété publique des moyens de production et une pleine liberté de choix occupationnelle qu’un marché du travail performant rendrait compatible avec une allocation efficace des ressources. Et rien n’exclut non plus une « démocratie des propriétaires » combinant la propriété privée des moyens de production avec une diffusion si large du capital et des qualifications que les interventions ciblées et stigmatisantes de l’Etat-providence en deviendraient sans objet. On peut dire que le développement tel qu’il est conçu en Afrique et particulièrement au Congo navigue entre le mythe et la réalité. Le mythe sous-jacent à l’idéologie nationaliste où par une démarche démagogique et au nom d’un patriotisme supposé, on promet monts et merveilles aux populations constamment désabusées et qui espèrent vainement un mieux-être qui n’arrive jamais et ce, sans qu’objectivement une stratégie sérieuse soit mise à l’épreuve de la réalité. Et la réalité, c’est une société en crise illustrée par le dysfonctionnement constant de l’Etat qui gangrène tous les secteurs de la vie. C’est la conséquence d’un mimétisme irrationnel calqué sur le modèle extérieur que l’on a du mal à maîtriser. Le sous-développement se définit ici comme un syndrome des crises qui gangrène l’appareil de l’Etat au nombre desquelles, on peut citer : la crise d’identité, de légitimité, de pénétration, de participation, d’intégration et de distribution comme le détaille L. Pye. Pour résorber ces crises, la théorie de Rawls peut être utile en ce sens qu’il préconise un consensus raisonnable soutenu par le plein équilibre réflexif qui implique que les efforts de tous soient orientés vers une maximisation de la pratique démocratique et que le sens civique soit l’expression d’une citoyenneté activement vécue dans les institutions de l’Etat. Nous estimons que Rawls va plus loin en préconisant l’émergence des droits des peuples garantis par la théorie de la justice globale par laquelle il propose l’extension de la procédure de la position originelle qui permet de figurer les relations entre citoyens égaux, aux rapports entre communautés politiques. Les partenaires de la position originelle représentant désormais des peuples et non plus des citoyens des sociétés démocratiques, c’est la reconnaissance mutuelle des peuples en tant qu’égaux que la procédure est censée figurer. Pour Bertrand Badie, le développement politique ne peut plus être appréhendé par référence à la métaphore de la croissance organique.sur laquelle était construite toute la théorie développementiste classique. Il ne peut donc plus prétendre à l’explication globale et universelle. La théorie de Rawls peut être une alternative, elle qui fonde la pluralité culturelle et la diversité des valeurs comme base de son articulation. Au lieu d’une théorie offrant une représentation simplifiée et analogique de la réalité. Car il est question de recourir à des modèles formels d’analyse, reconstruisant dans l’abstrait les propriétés récurrentes, jugées communes et spécifiques à tout processus de développement politique. En effet, c’est dans la capacité à permettre une certaine démythisation des idéologies et mythes politiques africains en l’occurrence et ce, par les outils intellectuels qu’elle fournit, qu’elle nous intéresse. Par la démarche qu’elle propose, elle permet la création d’un autre type de nationalisme, et parallèlement, un autre type de société. Cela est possible car nous concevons l’idéologie comme discours sur le réel, dans la totalité de ses rapports pratiques, politiques et sociaux, qui fixe l’essence de ces rapports, et se basant sur eux, impose les maximes de l’action politique et du comportement individuel. Dans ce cas, la démythisation est d’abord le fait de démasquer les rapports fixés en des masques ; masques qui imposent un visage fictif à l’inépuisable réalité vivante, toujours changeante et polyvalente des rapports mêmes, ensuite le fait d’assurer le retour à des visages à des visages que les masques dissimulent. A ce propos, la contribution de Rawls est nécessaire pour la compréhension de l’ethos politique contemporain. Une telle compréhension peut aider à faire sortir le Congo de son marasme politique. Ceci est d’autant vrai que l’ethos en question consiste dans l’attachement à la démocratie et à ses principes, plus profondément dans la présomption en faveur de l’égalité des hommes qui leur est sous-jacente. Au fait, la modernité politique impose que tout le monde possède le droit d’émettre un avis et de peser sur les choix publics, parce que chaque individu revêt a priori une valeur égale à celle des autres. Il est vrai que pour que tout cela soit possible et que la théorie de Rawls soit opératoire sur le sol congolais, cela nécessite quelques préalables : -la mise en place d’une société bien ordonnée qui suppose l’émergence d’une culture démocratique fruit d’une conquête permanente des droits et des libertés fondamentales vécue à la fois comme un état d’esprit, une culture et un ensemble d’institutions ; -la gestion raisonnable de l’ethnie et de la tribu par rapport aux exigences nationales ; -l’émergence d’une culture et d’une conscience nationales et la promotion de la nation comme utopie de la justice ; -l’émergence d’une éthique civique et d’une conception publique de la justice vécue et ressentie par tous comme telle autour des valeurs de liberté et d’égalité ; -une pédagogie et une vulgarisation des valeurs civiques et des concepts et des mécanismes modernes du fonctionnement politique, comme l’élection, la liberté, l’égalité, l’élection, le droit, la justice, etc… ; -une réelle volonté de changement. Si tous ces préalables sont accomplis, il y a des fortes chances que la théorie de Rawls serve à quelque chose et qu’elle soit d’un apport propice au changement que l’on attend./ The African political ideologies: myth of power or authority of development? Epistemologic cogitation on Congolese nationalism in the light of the rawlsian theory of justice. Pan-Africanism, negritude, consciencisme, socialism and nationalism had roughly on the African soil, a double mission: - to issue the countries of colonial yoke; to take out these countries of underdevelopment by a job of one - double building: that of the indeed independent States and that of the viable and fair nations. If the fifties and sixties saw these ideologies destroying the colonial system and making achieve the African countries in international sovereignty, they cannot however prevent from determine their difficulty in conquering underdevelopment. And in this respect, without any doubt African pessimism constitutes the daily lot of the mass media which speak about Africa only in term of crisis, made by wars, by famine, by diseases and by poverty in any types. That’s why we think Rawlsian theory of justice able to help them for building African nations by some conditions.
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Entre turcité et singularité :analyse des récits nationaux azerbaïdjanais de la fin du XIXe siècle au début du XXIe siècle

Mammadov, Yalchin 12 November 2021 (has links) (PDF)
L’objectif principal de cette thèse consiste à retracer et analyser les récits nationaux azerbaïdjanais depuis la fin du XIXe siècle jusqu’en 2003. Il s’agit de s’interroger sur l’évolution des récits nationaux et d’analyser la construction discursive de l’identité azerbaïdjanaise. L’interrogation approfondie de la bibliographie spécialisée nous a révélé que cette question est insuffisamment développée jusqu’ici.Par son objet, cette recherche se situe au croisement de l’histoire politique azerbaïdjanaise et de la sociologie politique. Nous privilégions donc l’approche historique du politique. Comme méthode principale, l’analyse du discours s’effectue sur la base des données empiriques, collectées pendant l’enquête de terrain et la recherche documentaire. Il s’agit, entre autres, de données disponibles en plusieurs langues (azerbaïdjanais, russe, turc et anglais), d’entretiens d’experts, ainsi que d’articles de presse (formelle et informelle) des périodes étudiées.Les hypothèses que nous avançons et que nous essayons d’étayer par notre étude sont les suivantes :conformément à la première hypothèse, le profil sociologique des acteurs détermine le contenu et le caractère du discours. Par conséquent, les récits nationaux de personnes représentant différentes socialisations sont susceptibles d’être en contradiction les uns par rapport aux autres. Quant à la deuxième hypothèse, elle est basée sur la « triade relationnelle » de Rogers Brubaker, qui suggère que les récits nationaux des pays succédant aux empires d’Europe orientale sont cadrés par des dénominateurs communs. Ces dénominateurs sont le nationalisme nationalisant, y compris la rhétorique victimaire sur la majorité ethnique du pays, les minorités ethniques vivant sur le territoire et les co-ethnies vivant au-delà des frontières du pays.Cette recherche s’organise en deux parties. Le cadre d’analyse général de ce travail ainsi que les bases analytiques et théoriques sont présentés dans l’introduction. La première partie porte un regard sur la genèse et l’évolution de l’idée nationale azerbaïdjanaise. Tout d’abord, nous nous concentrons sur la période allant de la fin du XIXe siècle à la fin de la période soviétique. Ensuite, nous consacrons un chapitre entier au développement de l’idée d’Azerbaïdjan lors du mouvement contestataire de 1985-1992. L’analyse de cette période se fait à l’aide d’articles de la presse formelle et informelle de l’époque. La deuxième partie permet d’analyser la construction discursive post-soviétique par deux présidents de la République d’Azerbaïdjan, dont Abulfaz Elchibey (1992-1993) et Heydar Aliyev (1993-2003). Cette analyse comparative s’effectue sur la base de leurs communications publiées dans la presse et dans d’autres sources que nous avons compilées.Sur le plan analytique, cette recherche développe le fait que les théories testées adoptent une vision très tranchée entre différentes visions de construction nationale azerbaïdjanaise. Le présent travail prend en compte la complexité de la construction discursive en Azerbaïdjan et toutes les nuances qui se situent entre ces deux options.Ce travail nous permet de constater que les récit nationaux bottom-up a, de manière générale, des dimensions turciques. En même temps, la territorialité et la langue constituent l’essentiel du récit national top-down. Pourtant, il existe des aspects communs des récits nationaux successifs, notamment des récits post-soviétiques. Il s’agit de la rhétorique victimaire et la reconnaissance, à des degrés variés, des co- ethniques vivant dans des pays voisins comme azerbaïdjanais. / Doctorat en Sciences politiques et sociales / info:eu-repo/semantics/nonPublished
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Briser la mosaïque. Lien social et identités collectives chez les chrétiens de Madaba, Jordanie, 1870-1997

Chatelard, Géraldine 14 January 2000 (has links) (PDF)
En partant d'un phénomène observé 'à la marge' afin de mieux illustrer ce qui se passe au centre, ce travail aborde des questions fondamentales pour la compréhension des sociétés du Moyen-Orient en déconstruisant notamment la catégorie de 'minorité', en s'interrogeant sur la nature du lien social entre chrétiens et musulmans dans l'agglomération de Madaba et au-delà dans la Jordanie contemporaine et en analysant la construction des identités collectives sur plus d'un siècle (1870-1997). Sont proposés d'autres paradigmes que ceux des traditions orientaliste et développementaliste pour l'analyse des minorités en pays musulmans. Ces traditions postulent la primauté du facteur religieux dans la formation et l'expression des identités sociales et envisagent les sociétés arabes comme des 'mosaïques' formées de groupes ethnoconfessionnels homogènes, relativement hermétiques les uns aux autres et inscrits dans une hiérarchie de statuts. On s'est plutôt inspiré ici de l'approche sur les frontières et les interactions entre groupes ethniques proposée par F. Barth en lui adjoignant une certaine profondeur historique et en intégrant une analyse des rapports entre le pouvoir politique et les groupes sociaux. Il s'agit de poser les affiliation religieuses et confessionnelles comme des constructions sociales et historiques dont on peut étudier le développement, les méandres et les interactions avec d'autres types d'affiliation. S'inspirant de tous les travaux récents portant sur la construction des identités collectives, qu'il s'agisse de nations ou d'ethnies, l'approche choisie défend une conception plurielle et mouvante des identités décrites en termes de processus dynamiques et interactionnels en s'interrogeant sur les temporalités et les facteurs de continuité/changement et en montrant des continuité beaucoup plus longues que celles qui posent la période coloniale comme période charnière de fixation des identités collectives. <br />En plus d'une méthodologie d'observation anthropologique du terrain et des acteurs, quatre types principaux de sources ont été exploités : la littérature des voyageurs occidentaux, les archives paroissiales et missionnaires (en particulier celles de la Propaganda Fide à Rome), les témoignages oraux, la littérature d'histoire locale produite à Madaba.<br />On a adopté un plan chronologique découpé en trois périodes principales. A l'intérieur de chaque partie, l'analyse thématique a été privilégiée en suivant, dans l'agglomération de Madaba depuis sa fondation en 1880, les alliances matrimoniales, politiques et économiques entre chrétiens et musulmans et entre groupes de différents rites chrétiens (essentiellement orthodoxes et latins) afin de déterminer où passent les frontières de l'identité et comment elles changent. Une variété d'acteurs institutionnels et individuels, dont certains apparaissent à un moment historique donné, influent sur la forme de ces frontières : les administrations des États qui se succèdent et leur personnel, les hiérarchies ecclésiastiques, les prêtres, les Grandes Puissances occidentales et leurs représentants locaux, les intellectuels de formation moderne, les partis politiques, les notables traditionnels et modernes, les organisations de la société civile, les émigrés et les immigrés, les tribus et leurs membres. <br />Centré sur l'agglomération de Kérak, dont sont issus les chrétiens qui fondent Madaba en 1880, le prologue fait apparaître que, dans la Syrie du Sud (Transjordanie) du milieu du XIXe siècle, les institutions ecclésiastiques (grecques orthodoxes) et impériales (ottomanes) n'ont que très peu d'influence sur ce territoire situé à l'extrême périphérie de l'empire. Minoritaires sur le plan démographique et dispersés sur le territoire, les chrétiens ne sont pas marginalisés du fait de leur appartenance religieuse car l'ordre tribal des relations sociales assure différents niveaux d'intégration sociale et de coopération politique et économique entre lignages chrétiens et musulmans en fonction d'autres critères que ceux de l'appartenance religieuse. Les chrétiens sont fragmentés en plusieurs clans et tribus sans que l'on puisse repérer de cohésion confessionnelle. Sur le plan de la pratique religieuse, c'est une forme de syncrétisme qui prévaut. L'impossibilité des échanges matrimoniaux entre chrétiens et musulmans n'est pas nécessairement perçue comme témoignant d'un frontière religieuse infranchissable mais s'inscrit dans le contexte plus vaste des règles qui régissent les alliances matrimoniales entre tribus. L'appartenance religieuse est avant tout un marqueur d'identité tribale.<br />La première partie analyse comment l'ordre communautaire religieux apparaît dans les dernières décennies du XIXe siècle, sous l'action conjuguée des organisations missionnaires (protestantes et catholiques) et de l'administration alors que les Ottomans entreprennent de rétablir leur autorité sur la Syrie du Sud. Autour de la fondation du village de Madaba par des lignages chrétiens immigrés de Kérak sous l'impulsion des missionnaires latins, on montre comment de nouveaux acteurs religieux et civils entreprennent d'imposer un ordre communautaire des relations sociales à travers l'éducation missionnaire, le marquage d'espaces chrétiens, le contrôle des alliances matrimoniales, de nouvelles pratiques cultuelles, l'accès aux instances de représentation administratives et juridiques ottomanes. Les modalités d'insertion des tribus chrétiennes qui fondent Madaba dans leur environnement permettent de mettre en lumière les résistances à l'ordre communautaire par l'établissement de partenariats économiques et d'alliances politiques avec les tribus musulmanes du lieu selon des logiques lignagères persistantes où les acteurs instrumentalisent à leur profit les nouvelles ressources communautaires fournies par les Églises ou les consulats européens. <br />Au cours du XXe siècle, la Transjordanie, d'abord sous mandat britannique, accède à l'indépendance. Malgré ce changement politique, le régime monarchique se perpétue sans que les modalités d'insertion sociale des chrétiens ne soient bouleversées au niveau du pays dans son ensemble ou au sein de l'agglomération de Madaba. La deuxième partie se penche alors sur la manière dont l'État hachémite et les Églises majoritaires (grecque orthodoxe et romaine catholique) négocient les frontières des espaces communautaires à travers la législation sur les communautés confessionnelles et leurs prérogatives religieuses, éducatives et caritatives. Le traitement différencié accordé par l'État aux différentes Église en présence ainsi que des relations diverses entre les hiérarchies ecclésiastiques et les laïcs des communautés sont deux dimensions qui contribuent à empêcher la cohésion des chrétiens pris comme un ensemble. Le statut politique des chrétiens est ensuite étudié non en isolation mais en parallèle avec celui d'autres groupes sociaux, Circassiens, bédouins, réfugiés palestiniens, familles musulmanes transjordaniennes du nord et du sud, etc. afin de poser question quant à la réalité d'un statut minoritaire et à l'existence d'une majorité politique dans le royaume hachémite. Il ressort que le régime octroie aux communautés chrétiennes et aux familles chrétiennes de notables (anciens ou modernes) un espace privilégié d'expression et de représentation qui leur permet d'occuper une place centrale, et non marginale, dans la société. Dans le même temps, il est difficile d'identifier une norme identitaire autre qu'hachémite et il apparaît qu'une des modalités d'exercice du pouvoir monarchique repose sur la cooptation d'individus et de familles appartenant à tous les groupes de la société. Dans un second temps, recentrer l'analyse sur l'agglomération de Madaba permet d'observer comment les acteurs locaux relaient les efforts de l'État qui visent à maintenir une fragmentation sociale selon des clivages communautaires et lignagers afin de résister à la formation d'identités politiques transversales qui mettraient en danger sa stabilité. La modernité politique et économique n'en engendre pas moins un système de relations multiples entre chrétiens et musulmans que l'on peut repérer à travers les alliances politiques lors d'épisodes électoraux, dans les mouvements associatifs, dans les partenariats économiques, dans les partis politiques ou lors d'épisodes de conflit aigus tels celui de Septembre noir. En parallèle, les logiques tribales continuent à ordonner conflit et coopération entre groupes de religions différentes qui se définissent d'abord selon leur affiliation lignagère. C'est le cas, en particulier, dans les domaines de l'économie agricole et pastorale traditionnelle, dans les épisodes de règlement de conflits de sang ou d'honneur où prévaut encore le droit coutumier, parfois à l'encontre des prescription du droit musulman. La fragmentation des chrétiens en groupes lignagers est ainsi préservée sans que ne s'effectue une communautarisation incluant une dimension politique. De même, les valeurs qui permettent aux chrétiens de participer pleinement à l'échange social, telles l'honneur individuel ou collectif, le prestige familial, la limitation de l'autonomie des femmes, ne sont pas menacées par l'imposition de normes islamiques. <br />A partir des années 1970, la polarisation de la population du royaume hachémite entre Jordaniens 'de souche' et Jordaniens 'd'origine palestinienne' amène un processus de différenciation identitaire dans lequel l'organisation tribale en vient à symboliser l'identité jordanienne. Dans le même temps, les islamistes deviennent la principale force d'opposition que le régime tente d'endiguer en réaffirmant son propre caractère musulman et en islamisant de nouveaux espaces de la vie publique. Ces changements de paradigmes de la société politique jordanienne touchent Madaba, ville mixte où cohabitent Jordaniens des tribus et Palestiniens réfugiés, chrétiens et musulmans. De plus, les équilibres démographiques et politiques de la ville penchent de plus en plus en faveur des musulmans. Les chrétiens, autrefois majoritaires, entreprennent alors de défendre leur position de prééminence dans la ville. Les stratégies qu'ils mettent en place pour combattre une double logique de minorisation (en tant que chrétiens et Jordaniens 'de souche') font l'objet de la dernière partie de ce travail. On montre tout d'abord comment les chrétiens résistent sur le terrain à un recul de la neutralité religieuse de l'espace public et à leur mise en minorité démographique et politique (conseil municipal) dans l'agglomération et comment ils se redéploient dans l'espace urbain, créent des réseaux de soutien financier avec les immigrés, amorcent un rapprochement entre Églises, compensent dans le champ politique national la perte de leur hégémonie locale. Dans un second temps, on se penche sur la littérature d'histoire locale que produisent les chrétiens de Madaba afin d'analyser comment ces derniers, en reformulant leur histoire ancienne et récente, se construisent à la fois des identités confessionnelles, ethniques et lignagères et comment elles sont rendues compatibles afin de lutter contre une marginalisation symbolique. Le dernier chapitre se penche sur les élections législatives de 1997 afin d'illustrer la manière dont les chrétiens utilisent leurs imaginaires identitaires comme vecteurs de mobilisation politique à l'occasion des élections législatives, nouvelle arène de compétition depuis la libéralisation de la vie politique intervenue en 1989. Malgré l'existence d'un siège chrétien réservé pour la circonscription de Madaba, ce n'est pas la mobilisation communautaire qui apparaît comme efficace mais bien plutôt le discours des solidarités tribales, éventuellement (mais non nécessairement) en conjonction avec l'appartenance partisane ou confessionnelle. On peut alors avancer que les chrétiens participent pleinement aux dynamiques de la société dans son ensemble. <br />Tout au long de la période étudiée, la parenté joue un rôle central comme vecteur essentiel de l'identification des groupes, que ceux ci soient dans un espace rural ou urbain. Les chrétiens de Madaba mobilisent les mêmes ressources symboliques que les autres groupes avec lesquels ils sont en contact. Comme l'ensemble de la société, les chrétiens participent à une multitude d'échanges et d'interactions et se positionnent en fonction de ces interactions. <br />Au-delà de l'étude de cas qui s'ancre dans une ville moyenne de la Jordanie centrale, ce travail s'interroge en conclusion sur le système politique jordanien et sur les modes de légitimation de sa monarchie. Les analyses en termes de construction nationale sont critiquées, le terme de 'minorité' est mis en question tout comme le présupposé classique d'une imbrication nécessairement étroite du religieux et du politique dans les pays dits, ou qui se disent, musulmans.
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Centre, périphérie, conflit et formation de l'État depuis Ménélik II : les crises de et dans l'État éthiopien

Bach, Jean-Nicolas 24 October 2011 (has links) (PDF)
Cette thèse revient sur les caractéristiques des conflits armés éthiopiens contemporains(nature et manifestations) à partir d'une réflexion sur la trajectoire historique de l'État,héritier de l'empire construit par Ménélik II à la fin du XIXe siècle et dont les frontièresn'ont que peu varié depuis (hormis l'indépendance de l'Érythrée en 1993). L'expérienceimpériale est également à l'origine d'une perception de l'espace politique éthiopien entermes de " centre " et de " périphérie ". Perception qui demeure dominante au sein desétudes éthiopiennes, notamment dans l'étude de conflits perçus comme opposant le" centre " (assimilé à l'" État moderne ") à ses " périphéries " conquises durant la périodeimpériale (assimilées aux " sociétés traditionnelles "). La réflexion est donc construite àpartir de l'articulation des trois grands thèmes suivants : la formation de l'empire et del'État éthiopien, les conflits armés, et le thème centre-périphérie. Le thème centrepériphériese situe en effet au coeur des interprétations de la formation des empires etdes États. Le rapport entre ce deux thèmes (formation de l'État et thème " centrepériphérie") est ici reformulé à partir des notions de " secteur politique central " et de" secteur politique périphérique " (Coulon 1972). L'État est alors défini comme unprocessus historique produit par la formation (formelle, symbolique et cognitive) de cesdeux secteurs politiques central et périphérique. Ces deux secteurs interdépendants, dontles caractéristiques évoluent en fonction des reconfigurations économiques, sociales etpolitiques, sont à comprendre au sein d'un même ensemble produisant l'État éthiopien etson identité, sa nation.Cette thèse analyse donc le rapport entre la formation de ces deux secteurs politiques etles conflits armés en vue d'en offrir une grille de lecture renouvelée et dépassant lalecture dominante opposant le " centre " à ses " périphéries ". L'étude de trois régionsconflictuelles (Érythrée, Gambella, Afar) et de leur rapport à l'État éthiopien font alorsapparaître non plus une, mais trois grandes tendances de conflit (toujoursinterdépendantes et parfois cumulatives), à savoir : le conflit entre les deux secteurspolitiques, le conflit à l'intérieur du secteur politique central, et le conflit à l'intérieur dusecteur politique périphérique. Enfin, ce travail défend l'idée selon laquelle ces conflitsémanent d'une double crise de l'État éthiopien : une crise " de " l'État (remise en cause del'État éthiopien lui-même), et une crise " dans " l'État (remise en cause du régime et dugouvernement éthiopien, mais pas de l'État en lui-même). De cette double crise, héritéede la période impériale et qui éclot lors du Second règne d'Hailé Sélassié (1941-1974),dérivent les conflits éthiopiens contemporains.
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Une université dans un processus de construction nationale : l'université du Dahomey-Bénin en Afrique occidentale (1950-2002) / A university in a process of national construction : the University of Dahomey-Benin in West Africa (1950-2002)

Hounzandji, Aimé Frédéric 15 June 2017 (has links)
L’université du Bénin (ex Dahomey), étudiée entre 1950 et 2002, est un essai de contribution à l’histoire des universités en Afrique subsaharienne. L’ambition de cette recherche a été de montrer comment une université a pu être un lieu-clé dans le processus de construction nationale du Dahomey-Bénin, au lendemain des indépendances africaines de 1960. Créée en 1970, grâce essentiellement à l’appui de la France, l’université du Bénin, à l’instar de toutes celles de l’Afrique francophone, est marquée par un conflit permanent entre continuité et rupture avec le système éducatif hérité de l’époque coloniale. Conçue comme l’institution publique de formation des élites, l’université du Bénin est aussi un haut lieu de militantisme de la jeunesse et d’opposition au pouvoir, avec des répercutions sur la vie nationale entière. Étudier l’histoire de l’université, c’est en définitive, faire l’histoire de la société, de la jeunesse, des élites, du pouvoir, de l’administration et des relations internationales. Aussi, comprendre les enjeux des transformations de l’enseignement supérieur au Bénin aujourd’hui, nous apparaît-il, à la lueur de nos propres recherches, nécessiter des collaborations internationales permettant de croiser les échelles d’analyse et de multiplier les points de vue. / The University of Benin (ex Dahomey), studied between 1950 and 2002, is an attempt to contribute to the history of universities in sub-Saharan Africa. The ambition of this research was to show how a university could be a key place in the process of national construction of Dahomey-Benin, following the independence of Africa in 1960. Established in 1970, with mainly to the support of France, the University of Benin, like all those in French-speaking Africa, is marked by a permanent conflict between continuity and rupture with the educational system inherited from the colonial era. The Benin University, conceived as a public institution for the training of elites, is also a center of youth activism and opposition to power, with repercussions on the entire national life. To study the history of the university means ultimately to study the story of the society, youth, elites, power, administration and international relations. To understand the challenges of the transformations of higher education in Benin today, it appears to us, in the light of our own research, to require international collaborations allowing to cross the scales of analysis and to diversify the points of view.
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Ecole et construction nationale dans l'Union de Myanmar : quantité, qualité, identité / Schooling and nation-building in the Union of Myanmar

Salem-Gervais, Nicolas 10 December 2013 (has links)
En proie à la guerre civile depuis son indépendance en 1948, l’Union de Myanmar (Union de Birmanie avant 1989) a connu de grandes difficultés dans le processus de construction d’un État-nation moderne. Envisagé sur des bases fédérales à l’indépendance, le pouvoir politique s’est caractérisé par une très forte centralisation, en particulier à la suite des coups d’État militaires de 1962 et 1988. Se faisant, la conception de l’identité nationale portée par le pouvoir central, largement liée aux éléments constitutifs de l’identité du groupe majoritaire (au delà d’une rhétorique et d’une imagerie classique d’« unité dans la diversité ») a continuellement fait l’objet de contestations, plus ou moins radicales. Accordant une place importante au contexte historique du sujet, ce travail examine le rôle de l’école dans le processus de construction nationale au Myanmar, en s’appuyant sur une grille de lecture simple : quantité,qualité, identité. L’accessibilité de l’école à travers le territoire national, les enjeux liés aux méthodes d’enseignement et à la langue d’instruction, les caractéristiques du « roman national » produit sous les gouvernements successifs ainsi que les compléments et alternatives à l’école publique proposés par la société civile et les groupes armés sont examinés en détails. L’ouvrage se conclut sur les perspectives de réformes de l’éducation dans le Myanmar post-SLORC/SPDC (la junte qui a dirigé le pays de 1988 à 2011), tentant de comprendre comment les enjeux identifiés au cours de ce travail se posent dans le nouveau contexte politique birman. / Born as a federal state in 1948, the Union of Myanmar (Union of Burma up to 1989) experienced great difficulties in the process of building a modern Nation-state. While political authority has been very centralizedin practice, especially after the army took over in 1962 and 1988, the official discourse on the nation and itshistory has been increasingly based on the components of the Burman majority identity (beyond the classical “unity in diversity” rhetoric), contributing to legitimize ethno-nationalist alternative conceptions of the Nationand armed struggle. This work focuses on the roles played by schooling in the perspective of nation-building. After examining the relation between schooling and nation-building over the different phases of Myanmar’s history, we move on todescribe schooling under the SLORC/SPDC (1988-2011), using a simple analytical lens : Quantity, Quality, Identity. Issues regarding the accessibility of schooling across the territory, teaching methods, language policiesand the conception of the nation conveyed by the national curriculum are examined in details. The last section of this work focuses on the complements and alternatives to education in public schools, set up by the civil society and the numerous armed-group that still exist in contemporary Myanmar. We conclude on education reform perspectives in post-SPDC Myanmar, trying to understand how the stakes and challenges identified in this work should be apprehended in the post-2011 political context.
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La construction collective de l'action publique en faveur de la langue dans un cadre transfrontalier au Pays Basque et en Catalogne / The collective action of public policy in favor of a language in a cross-border frame in the Basque Country and Catalonia

Amado-Borthayre, Lontzi 29 May 2012 (has links)
Beaucoup ont qualifié la construction de mouvements identitaires à base linguistique de Nouveaux Mouvement Sociaux dans les années 70. S’il est vrai qu’en France ils se sont fait connaitre à ce moment-là, en réapparaissant sous de nouvelles formes, il n’en demeure pas moins qu’ils puisent leurs racines dans une opposition historique aux Etats modernes européens. La longévité et la structuration des réseaux militants des langues basque et catalane, tant en France qu’en Espagne, en sont la preuve. Ainsi, outre les grands cycles de protestation, ce sont surtout les nouvelles formes de l’action publique locale et de la construction européenne qui vont permettre une prise en compte et une mise en œuvre de politiques linguistiques en Pays Basque et en Catalogne. La construction collective de manière transfrontalière des politiques linguistiques de la langue montre combien les acteurs collectifs deviennent des acteurs essentiels à la mise en œuvre de politiques publiques contemporaines. Et ce, non seulement en les cadrant lors des luttes politiques et lors de leurs élaborations mais également en étant des acteurs essentiels à l’expertise et à la mise en œuvre, puisqu’ils en sont la cause et les bénéficiaires à part entière. Finalement, les réseaux d’action politique en faveur de la langue se transforment, une fois la langue devenue enjeu et objectif de politique publique, en réseaux d’action publique local ouvrant ainsi un nouveau cycle d’action. / The construction of language-based identity movements was called New Social Movements in the 70’s. If in France, they make themselves known at that time, reappearing under new forms, the fact remains that they originate from an historical opposition with the Europeans Modern States. The longevity and the structuration of the language-based militant networks of basque and catalonian languages, both in the Basque country and in Catalonia, are the proof. Besides the larges protest cycles, it is above all the new forms of local public policy and of European construction which will permit consideration and implementation of language policies in the Basque country and in Catalonia. The collective construction and across borders of language policies shows how collective actors become key players in the implementation of contemporary public policy, not only framing politics and policy making but also being essentials in the expertise and implementation because they are the cause and the beneficiaries. Finally, policy networks based on language turn, once the language become issue and target of public policy, on local public networks opening a new cycle of action.
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Aspects de la construction nationale après les indépendances camerounaises : le désir de sécession (1960 – 2009) / Aspects of Nation-Building after the Cameroonian Independences : the Desire to Secede (1960-2009)

Olinga, Michel 10 October 2011 (has links)
Après un peu plus de deux décennies d’un système de parti unique, le Cameroun a connu le retour aupluralisme politique au début des années 1990. Ce retour au multipartisme a conduit à une certaine libération de la parole, à une libéralisation politique et des revendications d’appartenances. Le nouvel espace de liberté a contribué à soulever, dans la sphère sociopolitique nationale, la problématique relative à la construction nationale postcoloniale dans un pays où cohabitent un double héritage colonial (franco-britannique) localement domestiqué et des centaines d’appartenances locales d’ordreethno régional, linguistique et religieux. La problématique de la construction nationale, dans un tel contexte de multi appartenance, constitue le propos central de cette étude et porte plus précisément sur la libération manifeste de l’expression des frustrations de la minorité anglophone du Cameroun. Il yest notamment démontré comment le Cameroun moderne, issu de la réunification entre l’ancien territoire du Cameroun sous tutelle française et la partie méridionale de l’ancien Cameroun britannique, gère son double héritage colonial dans un espace d’une diversité labyrinthique. Une gestion parfois concurrentielle, hégémonique et népotique des appartenances ou des identités, identités relatives au double héritage colonial franco-britannique, mais également identités tribales ou ethno régionales, enfin un processus de démocratisation plutôt frivole, illusoire et languissant, semblent entretenir ce qu’on nomme désormais au Cameroun : « la question anglophone » ou encore « le problème anglophone ». / In the early 1990s, just over two decades of a single-party system, Cameroon experienced a return to political pluralism. The multiparty system then led to some free speech, to some political relaxation and claims of belonging as well. The then new area of freedom conduced to the raising, at the sociopolitical level, of the issue of postcolonial nation-building in a country where a double colonial legacy (Anglo-French), locally re-appropriated, has coexisted with hundreds of local particularities of ethno-regional, linguistic and religious nature. The issue of nation-building in such a multiple belonging context is actually the very objective of this study, which focuses on the evident liberation in the manifestation of the English-speaking minority’s frustrations in Cameroon after the political relaxation in the early 1990s. The study shows how the modern State of Cameroon, resulting from the reunification of the former French Cameroon and the former British Southern Cameroons, manages its double colonial legacy in an area of a labyrinthine diversity. What has now been termed in Cameroon as: “the Anglophone Problem” seems to have been nurtured by a competitive, hegemonic and nepotistic management, at times, of heritage or identities – identities regarding the Anglo-French colonial heritage. It has also been revealed by tribal or ethno regional identities and by a democratisation process, which can be seen as rather trivial, illusive and lackadaisical.

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