11 |
Quand l'orientation professionnelle rencontre l'orientation sexuelle : représentations professionnelles des conseillers et conseillères d'orientation pratiquant auprès des jeunesVeilleux, Andy Dimitri 13 December 2024 (has links)
Considérant l’orientation professionnelle comme un processus complexe, dynamique et imprévisible, cette démarche de construction de soi semble se complexifier pour les jeunes d’orientation homosexuelle, bisexuelle ou en questionnement, selon les représentations de la majorité des conseillers et conseillères d’orientation ayant participé à notre recherche. Elle s’opère effectivement dans une société normée par un système catégoriel de sexe (homme/femme), de genre (masculinité/féminité) et de sexualité (hétérosexualité/homosexualité) fondé sur le binarisme, l’opposition et la hiérarchisation. Se traduisant par l’enjeu central du travail, ce système produit et reproduit un différentiel de rapport qui tient tant à l’inégalité des conditions dans lesquelles les hommes et les femmes se trouvent qu’à la dévalorisation des professions et positions qu’occupent les femmes (Bidet-Mordrel et Bidet, 2010). Ce système est d’évidence à l’origine de stéréotypes sexuels, de préjugés homophobes, de l’intimidation et de la stigmatisation qui fragilisent l’estime de soi et la confiance en soi de nombre de jeunes d’orientation homosexuelle ou bisexuelle, présumés comme tels en raison d’une non-conformité de genre ou en questionnement par rapport à leur orientation sexuelle. « Pour que les adolescents [et les jeunes adultes de la diversité sexuelle] […] puissent se développer et envisager l’avenir avec sérénité, les institutions et la société tout entière devront faire un travail sur elles-mêmes » (Dorais, 2014, p. 161). Qu’en est-il pour les conseillers et conseillères d’orientation qui oeuvrent auprès des jeunes? Dans leur pratique, sont-ils témoins de certaines préoccupations ou de défis particuliers rencontrés par les jeunes gais, lesbiennes, bisexuel(le)s ou en questionnement? Quel rôle sont-ils amenés à jouer au regard des besoins et réalités des jeunes d’une orientation sexuelle minoritaire? Compte tenu du modèle social dominant fondé sur l’alignement du sexe, du genre et de l’orientation sexuelle (c.-à-d. l’homme masculin hétérosexuel ou la femme féminine hétérosexuelle), de quelles manières le poids de ce modèle naturalisé se traduit-il dans leur pratique? Comment intègrent-ils les différents -ismes et -phobies (sexisme, hétérosexisme, homophobie, efféminophobie, lesbophobie, biphobie) aux problématiques de l’orientation professionnelle? Quelles interventions mettent-ils en oeuvre? Il s’agit là de quelques-unes des nombreuses questions auxquelles nous nous sommes intéressé dans cette recherche. Notre recherche porte sur une problématique encore peu développée malgré l’importance des enjeux et défis de l’orientation professionnelle des jeunes gais, lesbiennes, bisexuels ou en questionnement. De nos jours, les jeunes peuvent observer que le modèle hétérosexuel n’est pas le seul. Une diversité de façons de vivre est désormais possible dans les sphères privées et publiques. Malgré ces nouvelles réalités, les jeunes d’une orientation sexuelle minoritaire sont trop souvent en première ligne du harcèlement à l’école, au cégep, à l’université ou, encore, dans les milieux de travail. Sans surprise, leur souffrance est grande. Parce que l’homophobie, la biphobie et l’hétérosexisme persistent, et leurs effets sur l’orientation professionnelle sont méconnus, notre recherche se penche sur les représentations que se font les conseillers et conseillères d’orientation qui pratiquent auprès des jeunes concernant l’articulation de l’orientation professionnelle et de l’orientation sexuelle. Pour dégager et décrire les représentations de ces professionnels et professionnelles, nous nous sommes basé sur l’approche structurale associée à la théorie du noyau central (Abric, 2002, 2011; Rateau, 1995). Selon cette théorie, les éléments nodaux déterminent les priorités de l’action et leur justification quant aux conduites à suivre, d’où la pertinence de s’y intéresser afin d’examiner pour mieux comprendre comment s’expriment ces représentations dans un contexte de pratique auprès des jeunes d’orientation homosexuelle, bisexuelle, perçus comme tels ou en questionnement. Deux méthodes ont été choisies pour recueillir les informations : un questionnaire écrit a d’abord été rempli par 155 conseillers et conseillères d’orientation, puis des entretiens en dyade et de groupe ont été réalisés auprès de 25 de ces professionnels et professionnelles. Les données recueillies ont été traitées à l’aide de l’analyse thématique et du logiciel d’analyse de données textuelles Alceste. Cinq éléments nodaux émergent de ce travail d’analyse, soit : (1) le caractère fondamental de l’identité, (2) l’omniprésence des stéréotypes sexuels, (3) la pression ressentie de l’entourage, (4) la complexité du choix professionnel et (5) la fonction de l’accompagnement. Les retombées de cette recherche se situent à un double niveau : l’avancement des connaissances sur un sujet peu documenté et l’approfondissement des pratiques d’orientation auprès des jeunes gais, lesbiennes, bisexuels ou en questionnement.
|
12 |
Discrimination perçue au travail et (ré)aménagements identitaires de jeunes recrues d'orientation sexuelle minoritaire / Discrimination as perceived at work and identity (re)construction in young employees of a minority sexual orientationSahin, Poyraz 28 November 2018 (has links)
L’étude conduite porte sur l’exploration de la période d’intégration des nouvelles recrues se reconnaissant une orientation sexuelle homosexuelle ou bisexuelle. A partir d’une recherche qualitative, nous posons l'hypothèse générale selon laquelle les processus d’intégration, de socialisation organisationnelle et de construction des intentions professionnelles d’avenir seraient influencés par la présence de normes hétérosexistes et d’une discrimination perçue au travail, d’une part, et par l’identité sexuelle construite antérieurement dans les différentes sphères de vie d’autre part. Nos données ont été recueilles auprès de douze jeunes se reconnaissant comme LGB, récemment intégrés dans les milieux professionnels de la justice et des transports à l’aide de deux études : l’une conduite avec des entretiens de type récit de vie pour d’étudier le sens attribué aux expériences subjectives avant et pendant la période d’intégration dans l’organisation, l’autre menée et à partir d’entretiens de type IMIS pour mieux comprendre les dynamiques identitaires en analysant les relations subjectives entre l’individu et son environnement Les résultats soulignent que les normes hétérosexistes restent dominantes et montrent la non-neutralité de la sphère professionnelle où les échanges incluent des aspects de la vie privée. Dès l’entrée dans l’organisation les jeunes LGB font face à un dilemme entre la divulgation ou la dissimulation de leur orientation sexuelle qui nécessite un aménagement de l’identité en milieu de travail. Parmi les stratégies de présentation de soi, la dissimulation fondée sur la feinte et l'évitement de l’orientation sexuelle est majoritairement utilisée pour éviter les différentes formes de discriminations et d’homophobie anticipées au travail. / The study focuses on an exploration of the integration time of recently-recruited professionals who identify themselves as homosexual or bisexual. Based on the qualitative analysis, we draw the general hypothesis that the processes of integration, organisational socialisation, and the construction of a future career path that are influenced both by the presence of heterosexist norms and perceived discrimination in the workplace as well as by sexual identity previously built in other parts of life. Our data were collected from twelve self-identified LGB young people who recently recruited in the workplace in the transportation and law using two studies: the first conducted with informal interviews to study the meaning given to subjective experience before and during the integration period in the organisation, and the second built from IMIS interviews to understand better the identity dynamics by analysing the subjective relationships between the individual and his environment. The results highlight that heterosexist norms remain dominant and show non-neutrality in the part of the professional world where the conversations include aspects of private life. From the moment of their arrival in the organisation, the young LGB people confront a dilemma between dissimulating and divulging their sexual identity, which requires identity management strategy handling to tackle different forms of discrimination and perceived homophobia. Among the identity management strategies, dissimulation based on pretending or avoiding of sexual orientation are the strategies that are used in the majority to avoid the different forms of discrimination based on sexual orientation that are anticipated in the workplace.
|
13 |
Les corrélats du sexe et du genre dans les différences sexuelles du fonctionnement cognitif : une étude exploratoireKheloui, Sarah 12 1900 (has links)
Les corrélats de la cognition sexuellement dimorphique demeurent partiellement compris puisque plusieurs variables de nature psychosociale et biologique modulent de façon synergique ces habiletés cognitives. Les corrélats du sexe et du genre dans le fonctionnement cognitif sexuellement dimorphique ont été évalués dans un échantillon d’individus âgés de 18 à 45 ans (N=87) et d’orientations sexuelles diverses. Les hormones sexuelles (estradiol, testostérone et progestérone) ont été mesurées par le biais d’échantillons de salive à quatre temps de mesure différents lors du paradigme expérimental. Les rôles de genre, l’orientation sexuelle et les variables sociodémographiques ont été évalués par l’entremise de questionnaires auto-rapportés. La contraception étant source importante de variation, a été prise en compte via des questionnaires auto-rapportés. Les participants ont complété une tâche de rotation mentale, de fluidité verbale ainsi que le Trier Social Stress Test par la suite. Le volet de réactivité au stress était un volet des de ce paradigme de recherche, mais pas un objectif de la présente étude puisque cette question a été investiguée dans des études précédentes. Les hommes ont mieux performé à la tâche de rotation mentale que les femmes alors qu’aucune différence significative n’a été démontrée pour la tâche de fluidité verbale. Des associations significatives et positives ont été observées entre l’estradiol et la performance de fluidité verbale pour les femmes naturellement cyclées comparativement à celle utilisant des contraceptifs oraux, mais pas pour la progestérone et la testostérone. En contrôlant pour les hormones sexuelles, un effet d’interaction significatif entre le sexe et les rôles de genre a été identifié démontrant que les femmes s’identifiant comme masculines performaient mieux à la tâche de rotation mentale que les autres groupes de femmes. Ces résultats exploratoires suggèrent un effet principalement conduit par le sexe et les hormones sexuelles sur la performance cognitive qui pourrait également être influencé par des facteurs psychosociaux. / The correlates of sexually dimorphic cognition are not yet fully understood since many biological and psychosocial variables modulate these cognitive abilities in synergy. Sex and gender correlates of sexually dimorphic cognition were assessed in a sample of individuals ages 18-45 years (N=87) from diverse sexual orientations. Sex hormones (estradiol, testosterone and progesterone) were assessed via saliva samples at four timepoints throughout testing. Gender-roles, sexual orientation and socio-demographics were measured via self-report questionnaires. Contraception being an important variability factor was assessed via self-report questionnaires. Participants completed mental rotation and verbal fluency tasks as well as the Trier Social Stress Test afterwards. The stress reactivity aspect was evaluated but was not one of the main objectives of the current study as previous publications have investigated this already. Men performed better than women at mental rotation, while no significant difference was found for verbal fluency. Significant positive associations were observed between estradiol and word fluency for the naturally cycling women compared to the women using oral contraception but not for progesterone and testosterone. While controlling for sex hormones, a significant interaction effect of sex and gender-roles was identified showing that masculine women performed better than other women groups at the mental rotation task. These exploratory results suggest an effect principally driven by sex and sex hormones on cognitive performance that may also be influenced by psychosocial factors.
|
14 |
Pratiques enseignantes et diversité sexuelle : analyse des pratiques pédagogiques et d'intervention d'enseignants de l'école secondaire québécoiseRichard, Gabrielle 08 1900 (has links)
De grandes enquêtes en milieu scolaire, au Québec comme ailleurs, ont documenté depuis les années 2000 la portée des violences homophobes, particulièrement à l’école secondaire, ainsi que leurs impacts négatifs sur les élèves qui en sont victimes, qu’ils s’identifient ou non comme lesbiennes, gais, bisexuel(le)s ou en questionnement (LGBQ). La diffusion des résultats de ces enquêtes, ainsi que les constats similaires d’acteurs sur le terrain, ont fait accroitre les appels à la vigilance des écoles quant aux discriminations homophobes pouvant prendre forme en leur enceinte. Plusieurs des responsabilités résultant de cette mobilisation ont échoué par défaut aux enseignants, notamment en raison de leur proximité avec leurs élèves. Cependant, malgré la panoplie de publications et de formations visant explicitement à les outiller à ce sujet, les enseignants rapportent de manière consistante manquer de formation, d’habiletés, de soutien et d’aise à l’idée d’intervenir contre l’homophobie ou de parler de diversité sexuelle en classe.
Cette thèse de doctorat vise à comprendre les pratiques d’intervention et d’enseignement que rapportent avoir les enseignants de l’école secondaire québécoise, toutes orientations sexuelles confondues, par rapport à la diversité sexuelle et à l’homophobie. Dans une perspective interdisciplinaire, nous avons interrogé la sociologie de l’éducation, les études de genre (gender studies) et les études gaies et lesbiennes, ainsi qu’emprunté aux littératures sur les pratiques enseignantes et sur l’intervention sociale. Les données colligées consistent en des entrevues semi-structurées menées auprès de 22 enseignants du secondaire, validées auprès de 243 enseignants, par le biais d’un questionnaire en ligne. Étayés dans trois articles scientifiques, les résultats de notre recherche permettent de mieux saisir la nature des pratiques enseignantes liées à la diversité sexuelle, mais également les mécanismes par lesquels elles viennent ou non à être adoptées par les enseignants.
Les témoignages des enseignants ont permis d’identifier que les enseignants sont globalement au fait des attentes dont ils font l’objet en termes d’intervention contre l’homophobie. Ceci dit, en ce qu’ils sont guidés dans leurs interventions par le concept limité d’homophobie, ils ne paraissent pas toujours à même de saisir les mécanismes parfois subtils par lesquels opèrent les discriminations sur la base de l’orientation sexuelle, mais aussi des expressions de genre atypiques. De même, si la plupart disent condamner vertement l’homophobie dont ils sont témoins, les enseignants peuvent néanmoins adopter malgré eux des pratiques contribuant à reconduire l’hétérosexisme et à alimenter les mêmes phénomènes d’infériorisation que ceux qu’ils cherchent à combattre. Sauf exception, les enseignants tendent à comprendre le genre et l’expression de genre davantage comme des déterminants de type essentialiste avec lesquels ils doivent composer que comme des normes scolaires et sociales sur lesquelles ils peuvent, comme enseignants, avoir une quelconque influence.
Les stratégies de gestion identitaire des enseignants LGB influencent les pratiques qu’ils rapportent être en mesure d’adopter. Ceux qui optent pour la divulgation, totale ou partielle, de leur homosexualité ou bisexualité peuvent autant rapporter adopter des pratiques inclusives que choisir de se tenir à distance de telles pratiques, alors que ceux qui favorisent la dissimulation rapportent plutôt éviter autant que possible ces pratiques, de manière à se garder de faire face à des situations potentiellement délicates. Également, alors que les enseignants LGB étaient presque exclusivement vus jusqu’ici comme ceux chez qui et par qui se jouaient ces injonctions à la vie privée, les enseignants hétérosexuels estiment également être appelés à se positionner par rapport à leur orientation sexuelle lorsqu’ils mettent en œuvre de telles pratiques. Nos résultats révèlent un double standard dans l’évocation de la vie privée des enseignants. En effet, la divulgation d’une orientation hétérosexuelle, considérée comme normale, est vue comme conciliable avec la neutralité attendue des enseignants, alors qu’une révélation similaire par un enseignant LGB est comprise comme un geste politique qui n’a pas sa place dans une salle de
classe, puisqu’elle se fait au prix du bris d’une présomption d’hétérosexualité.
Nos résultats suggèrent qu’il existe de fortes prescriptions normatives relatives à la mise en genre et à la mise en orientation sexuelle à l’école. Les enseignants s’inscrivent malgré eux dans cet environnement hétéronormatif. Ils peuvent être amenés à y jouer un rôle important, que ce soit en contribuant à la reconduction de ces normes (par exemple, en taisant les informations relatives à la diversité sexuelle) ou en les contestant (par exemple, en expliquant que certains stéréotypes accolés à l’homosexualité relèvent d’aprioris non fondés). Les discours des enseignants suggèrent également qu’ils sont traversés par ces normes. Ils peuvent en effet choisir de se conformer aux attentes normatives dont ils font l’objet (par exemple, en affirmant leur hétérosexualité), ou encore d’y résister (par exemple, en divulguant leur homosexualité à leurs élèves, ou en évitant de conforter les attentes dont ils font l’objet) au risque d’être conséquemment pénalisés. Bien entendu, cette influence des normes de genre diffère d’un enseignant à l’autre, mais semble jouer autant sur les enseignants hétérosexuels que LGB.
Les enseignants qui choisissent de contester, explicitement ou implicitement, certaines de ces normes dominantes rapportent chercher des appuis formels à leurs démarches. Dans ce contexte, une telle quête de légitimation (par exemple, la référence aux règlements contre l’homophobie, la mobilisation des similitudes entre l’homophobie et le racisme, ou encore le rapprochement de ces enseignements avec les apprentissages prescrits pour leur matière) est à comprendre comme un outillage à la contestation normative. La formation professionnelle des enseignants sur l’homophobie et sur la diversité sexuelle constitue un autre de ces outils.
Alors que les enseignants québécois continuent d’être identifiés comme des acteurs clés dans la création et le maintien d’environnements scolaires non-discriminatoires et inclusifs aux réalités de la diversité sexuelle, il est impératif de les appuyer en multipliant les signes formels tangibles sur lesquelles leurs initiatives peuvent prendre appui (politiques explicites, curriculum scolaire inclusif de ces sujets, etc.). Nos résultats plaident en faveur d’une formation enseignante sur la diversité sexuelle, qui ferait partie du tronc commun de la formation initiale des maîtres. Chez les enseignants en exercice, il nous apparait préférable de miser sur une accessibilité accrue des formations et des outils disponibles.
En réponse toutefois aux limites que pose à long terme une approche cumulative des formations spécifiques portant sur différents types d’oppressions (l’homophobie, le racisme, le sexisme, etc.), nous argumentons en faveur d’un modèle d’éducation anti-oppressive au sein duquel les élèves seraient invités à considérer, non seulement la multiplicité et le caractère situé des divers types d’oppressions, mais également les mécanismes d’attribution de privilège, de constitution de la normalité et de la marginalité, et de présentation de ces arbitraires culturels comme des ordres naturels. / In Québec and elsewhere, school climate surveys have documented since 2000 the prevalence of homophobic violence, especially in high schools, and its negative impacts of its victims— whether or not they identify as lesbian, gay, bisexual or questioning (LGBQ). The dissemination of subsequent data, as well as similar observations made by various actors on the field, have resulted in calls for schools to be vigilant towards homophobic discriminations that could take place onto their premises. Many of these responsibilities have fallen onto the shoulders of teachers, partly because of their close proximity to students. However, despite the sheer number of sexual diversity awareness-building training sessions and publications available to them, teachers consistently report lacking the training, the abilities, the support, and the comfort needed to intervene against homophobia or to refer to sexual diversity in class.
This doctoral thesis aims at understanding the pedagogical and intervention practices relative to homophobia and sexual diversity that Québec high school teachers of different sexual orientations report putting forth. Borrowing from sociology of education, gender studies, as well as gay and lesbian studies, we adopted an interdisciplinary lens that also incorporated literature on teaching practices and social intervention. Semi-structured interviews were conducted with 22 high school teachers, and these findings were validated through an online questionnaire filled out by 243 teachers. Results detailed in three scientific papers allow a better understanding of teaching practices relating to sexual diversity, but also of the various mechanisms through which they come to be adopted or not by teachers.
Teachers seem globally aware of the expectations that surround them in terms of intervening against homophobia. However, since their interventions appear to be guided by the limiting concept of homophobia, they can be unaware of the subtle mechanisms through which discriminations based on sexual orientation, but also atypical gender expressions, can operate. Furthermore, although most teachers claim condemning homophobia, they can nevertheless implement practices that can perpetuate heterosexism and feed into the very symbolic violence they try to put an end to. Aside from rare cases, teachers appear to understand gender and gender expression as essentialist and determinant factors they must learn to work with, rather than social norms they can come to influence as teachers.
Identity management strategies advocated by LGB teachers influence the practices they report being capable of, or at ease of, implementing. Teachers opting for total or partial disclosure of their LGB identity can either choose to adopt inclusive practices or to keep at a safe distance from such initiatives. Those who choose to hide their sexual orientation can also consider that implementing practices that are inclusive of sexual diversity is not a viable option for them. Although LGB teachers have long been seen as the ones constrained by these injunctions regarding private life, heterosexual teachers declare having to explicitly state their sexual orientation when they undertake such practices. Our results suggest that teachers are held to different standards with regards to their personal lives. While heterosexual teachers do not hesitate to refer to their heterosexual status, perceived as normal sexual, LGB teachers must assess the most discreet allusion to their home life, in as much as the neutrality supposedly threatened by openly homosexual teachers constitutes a normative and heterosexist status quo.
There appears to be strong normative prescriptions relative to gender and sexual orientation in schools. Teachers operate in this heteronormative environment and can come to play an important role in the propagation (for ex., by silencing informations regarding sexual diversity) or the contestation of these norms (for ex., by explaining to students that some of their opinions on LGB people are informed by stereotypes and therefore not empirically valid). The discourses of teachers suggest they themselves are influenced by these norms. They can decide to conform to the normative expectations that target them as teachers (for ex., by asserting their heterosexuality) or choose to resist to them (for ex., by coming out as non-heterosexuals to their students, or by avoiding to explicitly reinforce the expectations that target them) at the risk of being consequently penalized. This influence of gender norms varies from one teacher to another, but seems to be at play for both heterosexual and LGB teachers.
The teachers who choose to contest, either explicitly or implicitly, some of these norms report looking for formal signs supporting their initiatives. In this context, their quest of legitimization (whether it is referring to policies against homophobia, calling to mind the similarities between homophobia and racism, or mobilizing the subject in relation to the contents that are prescribed by school authorities) should be understood as a quest for tools to support their normative contestation. Teacher training on homophobia and sexual diversity is another of these tools.
As Québec teachers continue to be identified as key actors in the creation and preservation of school environment that are non-discriminatory and inclusive to sexual diversity, it is imperative that they be able to lean on tangible formal signs supporting their actions (ie. explicit policies against homophobia and heterosexism, curriculum that is inclusive of these topics). Our results call for mandatory training sessions on homophobia and sexual diversity for pre-service teachers. In-service teachers would benefit from an improved accessibility of available tools and training rather than mandatory training sessions.
Considering the long-term limits that are inherent to a cumulative approach to teaching training – suggesting teachers ought to receive specific trainings on each type of oppression (homophobia, racism, sexism, etc.), we argue for an model based on anti-oppressive education. In this model, students would be taught to consider that knowledge is always situated and that various types of oppressions can operate at once. They would also learn about the social mechanisms through which various groups come to be privileged, normalised or marginalised.
|
15 |
Spécifier pour mieux protéger? : l’évolution de la notion d’orientation sexuelle comme critère de discrimination au sein du droit internationalMassé, Claude 04 1900 (has links)
No description available.
|
16 |
Overcoming conversion therapy : a qualitative investigation of experiences of survivorsDromer, Elisabeth 06 1900 (has links)
Les pratiques de réorientation sexuelle et de genre (PRSG), souvent appelées thérapies de conversion, sont des pratiques qui visent à changer, nier ou supprimer des orientations sexuelles non hétérosexuelles, et des expressions de genre et des identités de genre transgenres. Les PRSG sont inefficaces et sont associées à des conséquences psychosociales négatives. Cette étude qualitative adopte un devis descriptif interprétatif pour explorer comment les individus qui ont vécu des PRSG se remettent de ces pratiques. Pour ce faire, nous avons mené des entrevues approfondies avec 20 adultes canadiens ayant vécu des PRSG. À l’aide d’une analyse thématique, trois thèmes ont été dérivés sur la base des expériences de rétablissement des participants : 1) reconstruire son cercle de soutien social et trouver de la force dans les communautés lesbiennes, gaies, bisexuelles, transgenres, queers et bispirituelles (LGBTQ2S+) ainsi que dans celles soutenant les personnes LGBTQ2S+ ; 2) surmonter les PRSG grâce aux thérapies et aux soins médicaux affirmant les identités LGBTQ2S+ ; et 3) gérer les relations avec les instigateurs des PRSG. Sur la base de ces résultats, nous proposons des pistes de solutions afin de faciliter le processus de guérison des personnes qui subissent des PRSG. / Sexual orientation and gender identity and expression change efforts (SOGIECE)—often referred to as conversion therapy—are practices that aim to change, deny, or suppress transgender and non-heteronormative sexual orientations, gender expressions and gender identities. SOGIECE are ineffective and associated with negative psychosocial consequences. This qualitative study follows an interpretative description design to explore how individuals who have experienced SOGIECE recover from these practices. We conducted in-depth interviews with 20 Canadian adult participants with experiences of SOGIECE. Using thematic analysis of the data, three overarching themes were derived pertaining to participants’ recovery from SOGIECE: 1) rebuilding social support and finding strength in lesbian, gay, bisexual, transgender, queer, and Two-Spirit (LGBTQ2S+) and LGBTQ2S+-affirming communities; 2) overcoming SOGIECE through affirming therapy and healthcare support; and 3) managing SOGIECE instigators. Based on these findings, we offer recommendations to facilitate the recovery process of people who experience SOGIECE.
|
17 |
Les corrélats de sexe et de genre dans la cognition sexuellement polymorphiqueCartier, Louis 08 1900 (has links)
La cognition sexuellement polymorphique (CSP) résulte de l'interaction entre des facteurs biologiques du sexe (sexe assigné à la naissance, hormones sexuelles) et psychosociaux du genre (identité de genre, rôles de genre, orientation sexuelle). La littérature reste assez mitigée quant à la magnitude des effets de ces variables. Seules quelques études ont considéré la CSP au-delà du sexe assigné à la naissance. Dans ces quelques études, ces facteurs supplémentaires liés au sexe et au genre n’ont été pris en compte qu’individuellement. Ce projet a utilisé une batterie de tests cognitifs classiques conçus pour évaluer l'influence des hormones sexuelles sur les performances cognitives. Parallèlement, nous avons cherché à évaluer les effetsrespectifs du sexe assigné à la naissance, des hormones sexuelles et des facteurs psychosociaux liés au genre sur la CSP. Nous avons recruté 222 adultes qui ont effectué huit tâches cognitives évaluant diverses fonctions cognitives au cours d'une session protocolaire de 150 minutes. Les sous-groupes ont été divisés comme suit : hommes cisgenres hétérosexuels (n = 46), hommes cisgenres non hétérosexuels (n = 36), femmes cisgenres hétérosexuelles (n = 36), femmes cisgenres non hétérosexuelles (n = 38), et personnes issues de la diversité de genre (n = 66). Des échantillons de salive ont été prélevés avant, pendant et après les tests cognitifs pour mesurer les niveaux de testostérone, d'estradiol, de progestérone, de cortisol et de déhydroépiandrostérone. Les variables psychosociales ont été adressées via des questionnaires autorapportés validés. La batterie cognitive présentée reflète des différences entre les sexes qui sont partiellement en concordance avec la littérature. Il est intéressant de noter que les facteurs biologiques semblent expliquer les différences de performances dans les tâches cognitives genrées «masculines» (par exemple, spatiales), tandis que les facteurs psychosociaux semblent expliquer les différences de performances dans les tâches cognitives genrées «féminines» (par exemple, verbales). Nos résultats fournissent une base solide pour une meilleure compréhension de la CSP en allant au-delà du sexe assigné à la naissance en tant que variable binaire. Nous soulignons l'importance de considérer le sexe comme un facteur biologique et le genre comme un facteur socioculturel, tous deux associés de manière unique à la CSP. / Sexually polymorphic cognition (SPC) results from the interaction between biological sex (birth-assigned sex, sex hormones) and psychosocial gender (gender identity, gender roles, sexual orientation) factors. The literature remains quite mixed regarding the magnitude of the effects of these variables. Only few studies consider SPC beyond birth-assigned sex. From these studies, other sex and gender factors were considered individually. This project used a battery of classic cognitive tests designed to assess the influence of sex hormones on cognitive performance. At the same time, we aimed to assess the inter-related and respective effects that birth-assigned sex, sex hormones, and gender-related psychosocial factors have on SPC. We recruited 222 adults who completed eight cognitive tasks that assessed a variety of cognitive domains during a 150-minute session. Subgroups were recruited as follows: cisgender heterosexual men (n = 46), cisgender nonheterosexual men (n = 36), cisgender heterosexual women (n = 36), cisgender non-heterosexual women (n = 38), and gender diverse (n = 66). Saliva samples were collected before, during, and after the test to assess testosterone, estradiol, progesterone, cortisol, and dehydroepiandrosterone. Psychosocial variables were derived from self-report questionnaires. The cognitive battery presented reflects gender differences that are partially consistent with the literature. Interestingly, biological factors seem to explain differences in male-typed cognitive tasks (e.g., spatial), while psychosocial factors seem to explain differences in female-typed cognitive tasks (e.g., verbal). Our results provide a solid foundation for a better understanding of SPC by going beyond birth-assigned sex as a binary. We highlight the importance of treating sex as a biological factor and gender as a sociocultural factor both uniquely associated with SPC.
|
18 |
In search of protection : sexual minority women in Canadian refugee determinationTremblay, Mélanie 08 1900 (has links)
Le Canada accepte des demandes d’asile sur la base de l'orientation sexuelle depuis
plus de 20 ans. Quoi qu’il en soit, cette recherche permet de douter du fait que les demandes
sur la base de l’orientation sexuelle déposées par des femmes soient traitées de façon
adéquate. Pour garantir l’accès à la protection des femmes appartenant à des minorités
sexuelles, une analyse du risque de persécution fondé sur l'orientation sexuelle doit incorporer
des considérations de genre ainsi que divers autres facteurs d’ordre social et culturel. À partir
d’une étude de cas de demandes du statut de refugié déposées par des femmes sur la base de
l’orientation sexuelle et rejetées par la Commission de l'immigration et du statut de réfugié
entre 2010 et 2013, cette recherche identifie des procédés décisionnels problématiques qui font
obstacle au droit d’asile de ces femmes. Les résultats de cette étude révèlent qu’une analyse
intersectionnelle, laquelle prend acte des formes variées et multiples de l’oppression dans un
contexte social donné, est d’importance cruciale pour une évaluation éclairée et non tronquée
des risques de persécution pour les minorités sexuelles féminines. À la lumière de ces
résultats, ce mémoire propose qu’une analyse intersectionnelle accompagne une nécessaire
formation pour les membres de la Commission de l'immigration et du statut de réfugié du
Canada sur des questions particulières à des minorités sexuelles. / Canada has accepted refugee claims on the basis of sexual orientation for more than 20
years; however, research suggests that claims brought by women on the basis of sexual
orientation have not always received fair adjudication. To ensure equitable access to
protection for sexual minority women, an analysis of their risk of persecution must incorporate
gender and other social and cultural factors that influence their experiences. Based on a case
study of claims brought by women on the basis of sexual orientation between 2010 and 2013,
which were subsequently rejected by the Canadian Immigration and Refugee board, this
research identifies decision making that poses obstacles to sexual minority women’s access to
refugee protection. The findings from this case study demonstrate that an intersectional
analysis, which considers various forms of oppression within a particular social context, is
crucial to a complete and informed assessment of the risk of persecution for sexual minority
women. In light of these findings, this paper proposes that an intersectional analysis
accompany continued training for Immigration and Refugee Board members on issues
particular to sexual minorities.
|
19 |
Vers une définition genrée du réfugié : étude de droit français / Towards a gendered definition of refugee : french law case study.Korsakoff, Alexandra 26 November 2018 (has links)
Cette thèse se donne pour objet de tester, dans le contexte spécifique du droit français, la véracité et la pérennité des critiques féministe puis genrée de la définition du réfugié consistant à dénoncer la non-prise en compte des persécutions subies par les femmes et les minorités sexuelles dans le cadre de l’élection audit statut. Et c’est un constat mitigé qui ressort de l’étude car, en dépit des nombreuses pressions internationales et européennes invitant à une analyse genrée de la notion, ces critiques héritées des années 1980 apparaissent, dans une large mesure, encore d’actualité. Certes, le phénomène d’exclusion des persécutions liées au genre qu’elles dénonçaient s’est quelque peu affaibli, en ce que les persécutions subies par les femmes et les membres des minorités sexuelles ne sont, par principe, plus exclues du champ de la définition du réfugié. Mais il n’existe cependant toujours pas de volonté, politique ou juridictionnelle, visant à les intégrer pleinement dans l’analyse. En effet, les efforts consentis pour leur prise en compte se révèlent encore insuffisants, laissant demeurer des obstacles subtils à leur intégration, des obstacles d’autant plus délicats à identifier et à surmonter. / The purpose of this thesis is to test, in the specific context of French law, the veracity and durability of feminist and gendered review of the refugee definition, which consists in denouncing the failure to take into account persecutions suffered by women and sexual minorities in the election process. It is a mixed conclusion that emerges from the study because, despite the numerous international and European pressures calling for a gendered analysis of the concept, these criticisms inherited from the 1980s still appear, to a large extent, to be relevant. Admittedly, the exclusion of gender-related persecution that they denounced has somewhat weakened, because persecutions suffered by women and members of sexual minorities are no longer excluded, as a matter of principle, from the scope of the refugee definition. However, there is still no political or jurisdictional will to fully integrate them into the analysis. Indeed, the efforts made to take them into account are still insufficient, leaving subtle obstacles to their integration, obstacles that are all the more difficult to identify and overcome.
|
20 |
DU COMING OUT RECENT DES FILLES ET DES FEMMES (LESBIENNES, BISEXUELLES, AUTRES), A L’HETEROSYSTEMEHorincq, Rosine 06 June 2017 (has links) (PDF)
Cette recherche qualitative souhaite contribuer à une meilleure compréhension du phénomène du coming out récent, à partir des situations de filles et de femmes, lesbiennes, bisexuelles, autres, sans étiquette. Nous avons utilisé la Méthodologie de la Théorisation Enracinée, selon la Grounded Theory. De manière inductive, deux analyses ont été réalisées à partir des mêmes données, des vécus de ces personnes. L’une est structurelle, il s’agit de l’analyse de genre et l’autre est relationnelle, il s’agit de l’analyse systémique. La première a offert des théorisations sur l’hétérosexisme et l’hétéronormativité, reliés en système de l’hétérosexualité, obligatoire et exclusive. La seconde apporte une modélisation précisée des processus de rejet/acceptation parentaux aporétiques. Par la triangulation de ces deux analyses et de leurs résultats, une théorisation des processus même d’hétérosexualisation, structurels et relationnels, a pu être développée. Enfin, les résultats de la triangulation nous ont permis de proposer une approche critique du concept de la fluidité sexuelle, qui est utilisé de manière contemporaine, comme modèle usuel de compréhension des vécus de ces filles et de ces femmes. Pour finir, nous avons approfondi et recadré le concept même de triangulation en recherche qualitative. Notre recherche a présenté une circularité récurrente, tout au long du processus et une démarche réflexive intense. Cette dissertation doctorale en témoigne et se clôture par les principales contributions de notre étude, dans le champ de la recherche, ainsi que des recommandations en termes d’interventions psychologiques et thérapeutiques. / Doctorat en Sciences psychologiques et de l'éducation / info:eu-repo/semantics/nonPublished
|
Page generated in 0.172 seconds