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Cioran ou le mal de foi : les vestiges du sacré dans l'écritureBélanger-Michaud, Sara Danièle 06 1900 (has links)
Le rapport occidental moderne au sacré s’est transformé de façon importante au 20e siècle avec le processus de sécularisation. Cette désagrégation d’un sacré traditionnel laisse un vide – principalement existentiel et spirituel – là où auparavant certains contenus associés au sacré permettaient de se positionner dans et face à l’universel, c’est-à-dire d’occuper une place dans le monde et les institutions qui l’organisent et d’investir cette place d’un sens compris, accepté et partagé autant individuellement que collectivement. De toute évidence, un tel processus d’effritement ne s’opère pas sans restes et la littérature est un espace qui recueille ces vestiges d’un sacré en transformation, d’un sacré qui fait l’objet d’une quête. L’écriture de Cioran représente un lieu exemplaire où sont concentrés ces vestiges et elle est aussi l’outil ou le médium par lequel la quête s’effectue. Son écriture tiraillée, pétrie d’un malaise existentiel et d’un doute profond, témoigne d’un refus, pensé comme une incapacité, à souscrire aux visions traditionnelles, surannées, du sacré.
Généralement considérée par la critique comme inclassable – ni tout à fait philosophique, ni tout à fait littéraire – l’œuvre de Cioran souligne pourtant l’importance de la littérature comme modalité de l’esprit. Cette œuvre met en lumière le rôle de la littérature pour la pensée dans la mesure où elle est un espace qui permet d’accueillir la pensée en quête d’un sacré hors-cadre, en même temps qu’elle se fait le moyen d’une recherche plus libre, plus personnelle, du sacré. La littérature devient donc le réceptacle autant que le moyen d’une quête pleinement existentielle, une quête qui n’est ni représentée ni confessée, mais bien mise en scène, c’est-à-dire dramatisée. Le « je » qu’on retrouve partout dans l’œuvre de Cioran n’est pas le « je » d’une confession, mais bien un « je » narratif qui n’équivaut pas au « je » de l’écrivain. C’est précisément dans le décalage lié à la dramatisation qu’apparaît le paradoxe propre au savoirparticulier que porte la littérature: soit ce caractère personnel, incarné, particulier qui devient le véhicule d’une expérience universelle dans la mesure où elle a le pouvoir ou le potentiel d’abriter l’expérience personnelle d’un lecteur qui performe, pour lui-même, le texte. En ce sens, écriture et lecture sont
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imbriquées, comme deux faces d’une même réalité, dans cette quête d’un sacré qui se produit chez Cioran dans un espace d’exception, en dehors des institutions.
À partir de l’exemplarité de l’œuvre cioranienne, cette thèse propose une réflexion qui porte sur la littérature comme mode d’inscription des vestiges du sacré ainsi que comme manifestation et moyen d’une quête d’un sacré débarrassé des balises institutionnelles, et qui tente de mettre en lumière le type de savoir propre à la littérature sous l’angle précis de la dramatisation littéraire dans le contexte particulier de cette quête. / The secularization process characteristic of 20th century Western thought has wrought profound change in our modern view of the sacred. Indeed, The disintegration of traditional representations of the sacred has left a mainly existential and spiritual void where, previously, certain contents of these representations allowed one to find a personal space in relation to, and within, the Universal – in other words, to find one’s place in the world and its organizing institutions – and to invest such a space with shared, accepted and understood meaning. However, this decaying process is not without producing a residual which literature can gather: vestiges of a sacred in transformation – a sacred which also remains the object of a search. Cioran’s writing is exemplary in this respect. Not only is it a depository for the remains of the sacred, it is also the tool or the medium, the striving path of its pursuit. His torn writing, ridden with existential angst and profound doubt, bears witness to a refusal – presented as an inability – to subscribe to outdated traditional representations of the sacred.
Neither completely philosophical nor literary, thereby generally considered unclassifiable by scholars, Cioran’s oeuvre brings attention to the importance of literature as a modality of the mind. Cioran’s oeuvre brings to light literature’s role within thought as a space where a search for a sacred that lies beyond its traditional framework might manifest itself, but also as a means of undertaking a freer, more personal, search for the sacred. Literature thus becomes as much a receptacle as a means of a wholly existential quest that is neither represented nor confessed, but acted out. The “I” found throughout Cioran’s works is not the “I” of a confession, but the “I” of a narrative, which is not to say it is the “I” of the author. It is precisely in the gap created by dramatization that arises the paradox inherent to the particular knowledge literature conveys: the personal, incarnate, particular character of this knowledge becomes the vehicle for a universal experience which has the power or potential of harboring the reader’s personal experience as he performs – or acts out,
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as it were – the text for himself. In this sense, reading and writing are intertwined – are two sides of a single reality – in this quest for a sacred that comes forth, in Cioran’s thought, in this space of exception, outside of institutions.
Taking as its starting point the exemplarity of Cioran’s oeuvre in these respects, this thesis proposes a reflection on literature as a mode of inscription of what remains of the sacred, as well as a manifestation and a means of a yearning or a quest for the sacred unhindered by institutional boundaries. It aims thereby to shed light on the type of knowledge peculiar to literature by taking into account the literary dramatization that takes place in the context of this search.
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Les formes du temps dans l'œuvre d'Albert CohenKouassi, Amenan Gisèle 10 June 2013 (has links) (PDF)
Les formes du temps chez Albert Cohen ont montré qu'il existe une interaction entre le temps chronologique romanesque et l'histoire écrite en filigrane l'ensemble des œuvres. Les différentes formes et modes d'expression du temps chez Cohen constituent le socle d'une écriture plurielle en contradiction avec son temps. L'œuvre de Cohen dépasse tous les clivages de la temporalité poétique, romanesque, lyrique, théâtrale, autobiographique, profane et sacrée pour atteindre une dimension universelle d'une construction du temps fondé sur la différence. Le récit a précisément pour rôle de permettre le décryptage du temps par l'homme à travers une expérience intime dont les différentes manifestations les plus fréquentes dans les romans cohéniens sont l'attente, la solitude, l'ennui et la mélancolie. Le moment intime est non seulement illimité mais il reste ouvert à plusieurs horizons ce qui permet d'ailleurs la cohabitation de multiples séquences spatio-temporelles. Avec l'Histoire, le temps admet deux réalités parallèles : une première, terrestre, à partir de laquelle l'homme commence à évaluer le temps chronologique et linéaire ; une seconde, mythique regroupant la première en lui donnant un ancrage dans le temps d'antan que l'écrivain régénère avec l'avènement d'un nouvel Adam.
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Sacralité, pouvoir, identité : Une histoire du vêtement d'autel : (XIIIe - XVIe siècles)Bavoux, Nadege 25 June 2012 (has links) (PDF)
Cette thèse propose une anthropologie historique de l'objet de culte. Elle s'appuie sur un corpus de 454 chasubles ou orfrois produits entre le XIIIe et le XVIe siècle, croisé avec les témoignages de sources écrites et iconographiques. Elle s'inspire des modèles de " vie de l'objet " et s'intéresse aux fonctions, représentations et usages du vêtement liturgique. Aux derniers siècles du Moyen Âge, le vêtement liturgique est fixé par un ensemble de normes. Sa forme n'évolue que très peu et les autorités ecclésiastiques cherchent à ancrer cet objet dans le rituel. Malgré cela, le vêtement peut changer d'usage, se transmuter en relique, accessoire pour le drame liturgique, parure mortuaire, voire intervenir dans des rites d'inversion du sacré. Il devient par ailleurs un motif à part entière, apparaissant dans des représentations figurées, indépendamment de toute référence à la messe. Une première partie détermine comment le costume liturgique se construit, tant d'un point de vue matériel qu'idéel. Les autorités ecclésiastiques cherchent à définir une apparence cléricale et à légitimer l'emploi d'ornements spécifiques à la messe. Il imposent un certain nombre de pratiques qui tendent à sacraliser le vêtement. Il n'en est pas moins vrai que le domaine de la production, de la commande à la fabrication, laisse une large place aux laïcs. La seconde partie est centrée sur les fonctions du costume liturgique dans son environnement (in situ), c'est-à-dire dans le contexte visuel du lieu de culte. Le vêtement liturgique ainsi que les images dont il est le support sont considérés comme des éléments de performativité du rite. Le costume est analysé comme une représentation de l'Église en prière. Une troisième partie considère les transferts d'usage, l'aptitude de l'objet de culte à devenir autre : un emblème - partie prenante de la construction d'une identité cléricale, d'une " propagande ecclésiastique " - ou un objet efficace. Le chapitre 9, qui vient clore cette partie, s'intéresse au désir d'avilir le vêtement, de le tourner en dérision ou de le profaner. En conclusion, ce travail montre que les ornements liturgiques acquièrent une dimension symbolique. Ils sont sacralisés et se chargent de puissance. De façon très schématique, cet ustensilia (objet utilitaire) devient un ornamentum, un élément qui distingue le clerc dans sa fonction (au moment de la messe) et par sa fonction (dans l'iconographie notamment).
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Visions de libération du ‘dogmatisme’ musulman pour une meilleure gestion de la pluralité morale et religieuse en Occident : analyse comparative de la pensée de Muhammad Arkoun et de Tariq Ramadan sur les rapports entre tradition et modernitéOuferdi, Abdelaziz 07 1900 (has links)
Suite aux grands changements politiques, économiques et sociaux que l’Occident a connus depuis plus d’un siècle, de nombreux problèmes ont émergé, de nouveaux défis ont été lancés et plusieurs approches et solutions ont été avancées. L’avènement de la démocratie, un exploit humain inestimable, a plus ou moins règlementé la pluralité idéologique, pour permettre un exercice politique organisé. Aujourd’hui, dans le nouvel ordre mondial, c’est la pluralité morale et religieuse qui a besoin d’être gérée; un défi pour les institutions démocratiques et pour la société civile, afin de réaliser un mieux vivre-ensemble dans le dialogue, la compréhension et le compromis. Or, beaucoup de travail est encore à faire : dans un premier temps, à l’intérieur de chaque tradition religieuse; dans un deuxième temps, entre les différentes traditions; et dans un troisième temps, entre ces traditions et la modernité.
Le ‘dogmatisme’ est au cœur de ces débats, qu’il soit d’ordre traditionnel ou moderne, il entrave la raison dans son processus de libération et d’émancipation. La problématique de ce mémoire concerne la gestion de la pluralité morale et religieuse en Occident. Dans ce travail, nous allons essayer de démontrer comment la libération du dogmatisme en général et la libération du ‘dogmatisme’ musulman, en particulier, peuvent contribuer à la réalisation d’un mieux vivre-ensemble en Occident. Pour ce faire, nous analyserons les projets de deux penseurs musulmans contemporains : Muhammad Arkoun et Tariq Ramadan. Notre recherche va essentiellement se pencher sur leurs attitudes vis-à-vis de la tradition et de la modernité, car, nous pensons que l’enjeu du ‘dogmatisme’ est lié aux rapports des musulmans à leur tradition et à la modernité. Selon nos deux penseurs, la libération du ‘dogmatisme’ musulman n’est possible qu’à condition de pouvoir changer à la fois notre rapport à la tradition et à la modernité.
Arkoun pense que ce changement doit suivre le modèle de la libération occidentale, au moyen d’une critique subversive de la tradition islamique. Cependant, Ramadan opte pour une réforme radicale de la pensée islamique qui vise une critique globale de la tradition, mais, qui épargne les fondements de la foi : le ‘sacré’. / Following the major political, economic and social changes that occurred in the West for over a century, many problems have emerged, new challenges have surfaced, and several approaches and solutions have been proposed. The advent of democracy, an invaluable human achievement, more or less regulated ideological plurality, and allowed the evolution of an organized political exercise. Today, in the new world order, it is the moral and religious diversity that need to be managed. The challenge remains for democratic institutions and civil society to create a better harmonious community through dialogue, understanding and compromise. However, much work is still to be done : first, within each religious tradition, second, between different traditions and third, between tradition and modernity.
Dogmatism is at the heart of these debates. An order, whether traditional or modern hampers objectives reasoning in the process of liberation and emancipation. The issue of this paper concerns the management of the moral and religious plurality in the West. In this work, we will try to demonstrate how the relinquishing of ‘dogmatism’ in general and the relinquishing of Muslim ‘dogmatism’ in particular, can contribute to the achievement of a harmonious in a pluralistic West. This will be achieved by shedding light on the projects of two contemporary Muslim thinkers : Muhammad Arkoun and Tariq Ramadan. Our research is mainly to reflect on their attitudes towards tradition versus modernity, as we believe that the issue of dogmatism is linked to Muslims’ attitude towards tradition and modernity. According to these two thinkers, the release of muslims’ ‘dogmatism’ is only possible by changing both our relationship to tradition and modernity.
Arkoun thinks this change should follow the model of Western release through a subversive critique of the Islamic tradition. However, Ramadan opts for a radical reform of Islamic thought through a comprehensive critique of the tradition, in order to save the foundation of faith : The ‘sacred’.
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Le surnaturel dans le roman féminin guadeloupéen contemporain / Supernatural in Féminine contemporary novels from GuadeloupePy, Fatima 29 May 2017 (has links)
L'objet de cette thèse est d'étudier les occurrences du surnaturel dans le roman féminin guadeloupéen contemporain. Il s'agit de romans d'écrivains guadeloupéens, c'est-à-dire nées en Guadeloupe (Michèle Lacrosil, Maryse Conde), ou de parents guadeloupéens, ayant vécu en Guadeloupe (Simone Schwarz Bart, Gisèle Pineau)Chaque œuvre a été choisie car elle représente une période du XXème siècle, ainsi que la sensibilité qui peut lui être associée, mais aussi un mode de réception populaire et savante, et une manière d'être au monde en évolution: demain, jab-herma pour les années 1960-1970, moi, tituba, sorcière…pour les années 1980-1990 et la grande drive des esprits pour les années 1990-2000.Chacun de ces romans a pour thématique le surnaturel: le héros éponyme de demain, jab-herma est un sorcier, de même que les héroïnes des romans de Schwarz Bart et de conde, associées, parfois malgré elles, aux pratiques magiques. La grande drive des esprits est une grande fresque familiale parcourant le XXème siècle guadeloupéen, dont plusieurs des personnages sont affubles de dons surnaturels.Afin de déterminer quelle est la place du surnaturel dans le roman féminin guadeloupéen contemporain, nous en avons préalablement effectué un état des lieux: il prend son essor au XXème siècle, grâce aux auteurs de notre corpus et à travers notamment cette thématique du surnaturel. Nous avons ensuite défini précisément les termes lies au surnaturel; au magico-religieux et au sacre, afin d'en déterminer la place en Guadeloupe. Nous avons d'abord étudié la place accordée par les auteurs aux différents héritages culturels, puis nous avons déterminé en quoi le syncrétisme guadeloupéen tel qu'on le retrouve dans la littérature est original au sein du bassin caribéen, en nous attachant enfin à l'étude du surnaturel dans les croyances populaires en Guadeloupe. Enfin, nous avons étudié la place de l'imaginaire fantastique dans le roman féminin guadeloupéen. La pensée magique est un moyen, pour l'esclave ou le descendant d'esclave, sans pouvoir aucun, de reprendre son destin en main. En outre, le roman illustre le rôle social du magico-religieux.Nous souhaitions ainsi dégager les traits, les caractéristiques du surnaturel en tant que paramètre esthétique du roman guadeloupéen, afin de montrer qu'il s'agit bien d'un élément de définition de ce roman féminin guadeloupéen du XXème siècle. Cette étude nous a amenée aux conclusions suivantes: le surnaturel participe de la weltanschauung, de la conception du monde, définie par le roman féminin guadeloupéen. Les symboles, les figures, les expressions: l'ensemble de la vie du personnage de roman est bercé par le surnaturel, et qu'il choisisse ou non de le renier - les deux cas étant évoqués dans les textes - il ne peut y échapper. Une esthétique propre au roman féminin guadeloupéen apparait ainsi, montrant l'importance des femmes au sein d'une société largement ancrée dans le surnaturel, rythmant la parole, les coutumes et même la vie publique; / This thesis studies the occurrences of supernatural in Guadeloupe’s feminine novel. The writers are all women from Guadeloupe: they were born there (Lacrosil, Conde) or their parents come from Guadeloupe and they grew up there (Schwarz-Bart, Pineau). Every novel evokes a literary period of the 20th century: demain jab-herma (1960-1970), Pluie et vent sur Telumée miracle (1970-1980), moi, tituba, sorciere… (1980-1990) and la Grande drive des esprits (1990-2000).Every novel is based on supernatural: demain, jab-herma's hero is a sorcerer, such as Schwarz-Bart and Conde’s heroes. La Grande drive des esprits describes a family through the 20th century in Guadeloupe and a few characters have supernatural powers. We first made an inventory of contemporary feminine novels: it rises at the 20th century, thanks to our writers and through this supernatural theme. Then, we studied supernatural, religious magical, sacred's role in Guadeloupe: where it comes from, its place in Caribbean, its popular role. Finally, we studied fantastic imaginary's place: how it allows unpowerful slaves and slaves' children to think themselves powerful, the novel shows the social role of magical religious.We wanted to show how supernatural partly defines Guadeloupe’s novel. In conclusion, this study reveals how supernatural makes part of the weltanshauung, the way the people from Guadeloupe can see the world; the characters' whole life is made of supernatural, from birth to death; supernatural shows women's fundamental role, and appears as well in speaking, customs and public life.
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"Flambe! Illumine! Embrase!" La place de la manufacture de vitrail et mosaïque d'art Mauméjean dans le renouveau des arts industriels franco-espagnols (1862 - 1957) / The role of the Maumejean’s stained-glass manufacture in the French and Spanish industrial arts revival (1862-1957)Manauté, Benoît 07 December 2012 (has links)
S’appuyant sur la petite structure créée à Pau, en 1862, les Mauméjean, père et fils, réussirent à développer une véritable firme internationale - basée en France (Paris, Hendaye) et en Espagne (Madrid, Barcelone, Saint-Sébastien) - qui, durant près d’un siècle, travailla à l’ornementation d’un nombre considérable d’édifices civils et religieux disséminés dans plus de vingt-cinq pays. Récompensé lors de l’Exposition des Arts Décoratifs et Industriels Modernes de 1925, leur travail fut pourtant, dès les années 1950, décrié, dévalorisé : pour répondre aux critères de la « noble expression artistique » un maître verrier devait nécessairement produire peu, dans une petite structure, avec de petits moyens. L’incroyable quantité de verrières sorties des ateliers Mauméjean contribua à forger le mythe d’une production sérielle, dépourvue de toute valeur esthétique. Malgré de récents apports, les recherches menées dans le domaine du vitrail semblent profondément marquées par cette traditionnelle opposition entre fabrication à grande échelle et artisanat. S’appuyant sur un large catalogue d’œuvres conservées en France, en Espagne ou aux États-Unis, ainsi que sur l’analyse d’un très riche fonds d’atelier, cette étude se propose d’interroger ces modèles de production, tout en réévaluant l’apport artistique d’une manufacture qui, offrant un remarquable exemple de réussite, participa activement au renouveau des arts industriels franco espagnols. / The Mauméjean family, father and sons, managed to develop a real international firm, from the small business they created in Pau, in 1862. For almost a century, this international firm, based in France (Paris and Hendaye) and Spain (Madrid, Barcelona and Saint-Sébastien), worked on the ornamentation of a significant number of both civil and religious edifices, scattered over more than twenty-five countries. Though their work was rewarded during the 1925 Exhibition of Decorative and Modern Industrial Arts, it was also disparaged and depreciated, as early as the 1950’s. Indeed, to meet the criteria of the “noble artistic expression”, a master glazier had to produce small quantities, in a small structure, and with little resources. The incredible quantity of windows realised by the Maumejeans’ workshop contributed to the creation of the myth of a mass production, devoid of aesthetic value. In spite of new contributions, researches made in the field of stained-glass windows seem to be marked by this traditional opposition between mass production and craft production. Relying on a large catalogue of works kept in France, Spain, or even in the USA, as relying on the analysis of a very extensive workshop collection, this study offers to question these models of production, reappraising the new artistic dimension brought by a manufacture which, giving a remarkable example of success, actively took part in the revival of the Franco-Spanish industrial arts.
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Les représentations de la religion et du fait religieux dans le Journal de voyage de Michel de Montaigne (1580-1581) et les Essais (1580-1595)Morin, Jean-François 08 1900 (has links)
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Nicolas Bouvier ou la recherche d'une "habitation poétique" du monde / Nicolas Bouvier and poetryGuyader, Hervé 17 April 2013 (has links)
La lecture de l'œuvre de Nicolas Bouvier nous aide à mieux "habiter le monde", à mieux en apprécier la beauté, le mystère ou la profondeur grâce aux voyages et aux lectures, grâce à la photographie, à la musique et la poésie, grâce au son, au verbe et à l’image. Son écriture, à la fois érotique et musicale, acquiert de ce fait une dimension universelle à laquelle contribuent son humanisme, son écoute attentive du monde, son humilité. Son œuvre entière est un constant retour aux sens, au corps, à la terre, mais il n’en est pas moins fasciné par le mystère et par la relation particulière avec le monde qui est celle des mystiques.L’"habitation poétique", pour Bouvier, est indissociable de l’ "habitation" de l’écriture et de sa quête de "l’unité du monde". "Habiter" l’écriture, pour lui, consiste à tenter de trouver une "unité" toujours fragile, toujours menacée, mais ressentie comme un bien d’autant plus précieux, entre le moi et le monde. Le détail le plus modeste prend chez lui l'allure d'une apparition, d'une "visite". Bouvier reconnaît que "l'exercice de disparition" lui impose de faire disparaître toute trace d'ego, ce qui lui permet de vivre le sacré de l'intérieur et ainsi d'accéder à la poésie, qui n'est jamais vécue par lui comme une conquête.Habiter poétiquement le monde ce serait unir l’obsession du mystère et la quête du sens, le macrocosme et le microcosme, la douleur et la plénitude, le désespoir et la beauté, l’acte de création et l’exercice de disparition, ce serait rechercher inlassablement l’harmonie. / The reading of the work of Nicolas Bouvier helps us better "living world", to better appreciate the beauty, the mystery or depth through travel and readings, thanks to photography, music and poetry, thanks to the sound, to the verb and image. His writing, both erotic and music, thereby acquires a universal dimension to which contribute its humanism, its attentive listening to the world, his humility. His entire work is a constant return to the senses, to the body, to the Earth, but it is no less fascinated by the mystery and the special relationship with the world is that of the mystics.The "poetic habitation", Bouvier, is inseparable from the "habitation" of Scripture and his quest for "the unity of the world. "Live" writing, for him, is to try to find a "unit" still fragile, still threatened, but felt as a good all the more valuable, between the self and the world. The more modest retail takes home the appearance of an appearance of a "visit". Bouvier recognizes "the exercise of disappearance" imposed to remove any trace of ego, which allows him to experience the sacred from the inside and thus access to poetry, which is never experienced by him as a conquest.Poetically inhabit the world would unite obsession with the mystery and the quest for the meaning, the macrocosm and microcosm, pain and fullness, despair and beauty, the Act of creation and the exercise of disappearance, it would search tirelessly harmony.
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La dimension mélodique dans la musique instrumentale après 1945 : résistances, ruptures et résurgencesKippelen, Étienne 21 November 2012 (has links)
Qu'est-ce que la mélodie ? Si cette question délicate a animé de nombreux débats esthétiques du XVIIe siècle au début du XXe siècle, peu de spécialistes se sont aujourd'hui risqués à une étude de la mélodie, appliquée au répertoire contemporain. Parfois considérée comme illégitime, voire archaïque après 1945, la mélodie n'a pourtant que provisoirement disparu de l'espace musical et non sans laisser quelques scories riches de sens. Ce travail tente justement d'éclairer les enjeux et les différentes mutations de la mélodie, synthétisées à travers trois directions poursuivies par les compositeurs : premièrement, les résistances, illustrant la promotion d'un mélos généreux et prépondérant, qu'il soit ou non marqué par le néoclassicisme ; deuxièmement, les ruptures, nourries par le pointillisme sériel, puis par la dissolution du degré dans la masse sonore et par la recherche d'une fusion entre harmonie et timbre, d'où la mélodie ne subsiste que par bribes éparses ; troisièmement, les résurgences, caractérisées après 1960 par un dépassement de la modernité radicale et de ses prescriptions anti-mélodiques, allant parfois jusqu'à la citation ou recherchant une forme de communication nouvelle, pouvant être en lien avec l'expression du sacré. / What is melody? Despite the fact that this subtle question was largely debated upon from 17th to early 20th century from an aesthetic viewpoint, few specialists nowadays dare to study melody in contemporary repertoire. Sometimes regarded as illegitimate or even archaic after 1945, melody has only temporarily vanished from the musical scene, leaving some meaningful residues. This study aims at highlighting what is at stake in the diverse mutations of melody along three directions followed by composers : firstly, resistances exemplifying the promotion of a generous melos, whether it be marked by neoclassicism or not ; secondly, breaks nourished by punctual music, and then by the dissolution of degree in the sound mass and by the quest for a fusion between harmony and timbre, from which melody only survives through scattered fragments ; thirdly, resurgences characterized, after 1960, by an overcoming of radical modernity and its anti-melodic prescriptions, and sometimes taking the form of a quotation or looking for a new way of communication, which can be related to the expression of the sacred.
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L'hypothèse mimétique à l'épreuve de l'imaginaire : la gestion cathartique de la violence dans le cinéma / The mimetic hypothesis put to the test of the imaginary : the cathartic handling of violence in cinemaBelambri, Yacine 10 December 2013 (has links)
La présente recherche porte sur les applications possibles de la théorie mimétique de René Girard à des oeuvres cinématographiques américaines et européennes de trois périodes : l'entre-deux-guerres,les années 1970 et les années 2000.Cette étude se situe dans le champ d'une sociologie de l'imaginaire dont l'anthropologie du religieux constitue l'axe épistémologique principal.A partir des notions-clés de mimesis, de sacré, de sacrifice et de violence comme termes permettant de penser la sociogenèse, nous tentons de renouveler la lecture d'oeuvres classiques et récentes du cinéma d'auteur américain et européen. Le lien originel de la violence et du sacré constituerait,selon nous, un axe interprétatif essentiel pour la compréhension du lien du social à une violence fondatrice. Dans notre étude, nous analysons les oeuvres cinématographiques comme autant de mythes et de rituels affaiblis, héritiers du sacré et susceptibles à ce titre de transfigurer la violence.Quel sens donner à cette transfiguration esthétique aujourd’hui ? C’est en nous focalisant sur le passage historique du tiers au double, dont les films que nous analysons sont autant de jalons, que nous avons voulu reconstituer ce « parcours de la méconnaissance » qui semble se confondre avec la violence et le même. / The present study is concerned with the possible applications of René Girard’s mimetic theory toAmerican and European films from three different periods : the interwar period, the 1970s and the2000s.This work belongs to the field of the ‘sociology of the imaginary’, of which religious anthropologyconstitutes the main epistemological axis.Based on key notions such as mimesis, the sacred, sacrifice and violence, which facilitate thereflection on sociogenesis, this study represents an attempt to renew the interpretation of classic, aswell as recent, american or european art-house cinema. The original link between violence and thesacred may offer an essential interpretative axis for a proper understanding of the relationshipbetween social matters and a founding violence. In this work, we approach cinematic works asweakened forms of myth and ritual, heirs of the sacred which are, for this very reason, liable totransfigure violence. Which meaning can be given to this aesthetic transfiguration nowadays ? Byfocusing on the historical transition from the third to the double, of which the movies analyzed hereare milestones, I have attempted to reconstruct
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