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Figures dialectiques de la passivité : critique et contribution de Theodor W. Adorno aux problèmes de constitutionLopez-Asselin, Edgar 12 1900 (has links)
La présente étude entend circonscrire le rôle qu’occupe la critique du modèle constitutif de la connaissance au sein de l’œuvre de Theodor W. Adorno (1903-1969). La tentation est grande, lorsque vient le temps de définir la pensée d’Adorno, de la présenter comme la synthèse d’une suite d’influences historiques diverses dont un portrait juste suffirait à résumer la teneur. Le parcours intellectuel d’Adorno s’oppose, pourtant, à ce genre de raccourcis. Nous montrerons, à travers l’étude de trois figures historiques de la philosophie critiquées par Adorno, comment la pensée dialectique et matérialiste de ce dernier s’éprouve au contact de modèles théoriques qui expriment un certain stade de l’expérience historique de passivité subjective. De la fondation kantienne jusqu’à la dissolution positiviste, Adorno prend le parti du petit, c’est-à-dire de la médiation, contre des postures théoriques dominantes dont il éclaire tant l’origine sociale que le rôle idéologique. L’expérience répétée de la contradiction, loin de réduire l’effort de la pensée à néant, plonge la philosophie au cœur de considérations sociales concrètes et nous invite à envisager à nouveaux frais la visée pratique de l’activité théorique. / The present study intends to circumscribe the role of the critique of the constitutive model of knowledge in the work of Theodor W. Adorno (1903-1969). The temptation is great, when defining Adorno's thought, to present it as the synthesis of a series of historical influences, the portrait of which summarizes the whole of Adorno’s theoretical contribution. His intellectual journey, however, is opposed to this kind of shortcut. We will show, through the study of three historical figures of philosophy criticized by Adorno, how the dialectical and materialist thought of the latter is shaped in contact with theoretical models that express a certain stage of the historical experience of subjective passivity. From the Kantian foundation to the positivist dissolution, Adorno takes the side of the minute, that is to say of the mediation, against dominant theoretical stances whose social origin as well as ideological role he illuminates. The repeated experience of contradiction, far from reducing the effort of thinking to nothing, opens philosophy to the consideration of concrete social problems and invites us to consider anew the practical aim of theoretical activity.
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Égoïsme et altruisme : l'enjeu dans les recherches empiriquesGagnon-Bisotdeau, François-Olivier 08 1900 (has links)
Le débat entre les tenants de l’égoïsme et ceux de l’altruisme porte sur la question de l’altruisme, soit : pouvons-nous parfois agir de manière – au moins en partie — désintéressée, pour le bien d’autrui sans considérer le nôtre? Mon mémoire a pour objectif de revoir la problématisation du débat altruisme/égoïsme en philosophie et en psychologie et de répondre à la question : quelles conséquences peut-on tirer des travaux empiriques concernant la question de l’altruisme compilés par C. Daniel Batson, un chercheur en psychologie sociale, dans A Scientific Search for Altruism (2019) ?
Je soutiens, en partie comme Batson, que les résultats qu’il présente montrent que l'altruisme tel qu'il l'entend fait partie de nos motivations. Cependant, ma thèse principale est que la caractérisation de l'altruisme et de l'égoïsme que font Batson et ses collègues peuvent laisser en nous des interrogations quant à nos motifs fondamentaux. Autrement dit, d'autres formulations de la thèse égoïste pourraient permettre à celle-ci de résister, sans pour autant être exemptes de critiques, aux arguments présentés par Batson. Par exemple, ouvrir la recherche sur la ou les causes de l’empathie, par rapport à l'hypothèse de l'empathie-altruisme de Batson, pourrait éclairer l'enjeu d'une nouvelle manière; mais seulement si nous acceptons de modifier la caractérisation de l'altruisme de Batson. Ainsi, nous pourrions considérer la cause de l'empathie comme ayant un poids plus important dans la résolution de la question de l'altruisme que l'empathie elle-même.
Une telle reformulation de la thèse égoïste pourrait ressembler à cela : la valorisation d’autrui sera générée ou conservée si et seulement si elle sert soit les désirs personnels profonds, tel qu’un état ressenti de significativité dans la vie (Wolf 2010), ou bien les désirs personnels plus simples tels que les motivations égoïstes énoncées par Batson (2019).
Pour défendre l’intérêt d’une telle reformulation, je présenterai d'abord la caractérisation de l'égoïsme et de l'altruisme de Batson (2019) ainsi que la méthode que Batson et ses collègues utilisent pour répondre à la question de l'altruisme. Je présenterai également des critiques à cette position, provenant entre autres de Doris et al. (2020) et d’une adaptation des propos de Slote (1964). Mon texte débouchera sur une nouvelle hypothèse égoïste s'inspirant des travaux de Susan Wolf (2010) et Bernard Williams (1981). / The debate opposing egoism and altruism concerns the altruism question: Can we sometimes act – at least partly – in a disinterested way to promote the well-being of others without considering our own? My master’s thesis aims to review the central problem of the altruism/egoism debate in philosophy and psychology and answer the question: Which consequences can be drawn from the empirical work concerning the altruism question compiled by C. Daniel Batson, a researcher in social psychology, in A Scientific Search for Altruism (2019)?
I agree with Batson that his empirical results show altruism, as he defines it, to be a part of our motivations. However, my main thesis is that Batson and his colleagues’ characterization of altruism and egoism leaves us questioning our ultimate motives. Restating the thesis of egoism could allow it to resist Batson’s arguments, although it may face other criticism. For example, opening the research on the cause or causes of empathy regarding the empathy-altruism hypothesis of Batson could shed light on the debate in a new way; but only if we agree to rethink Batson’s characterization of altruism. Thus, we could consider empathy’s causes to be of greater importance than empathy itself in resolving the altruism question.
Such a recharacterization of egoism could resemble this one: The valuing of others will be generated or conserved if and only if it serves either profound personal desires, such as a state of felt meaningfulness (Wolf 2010), or simpler personal desires like the egoistic motivations listed by Batson (2019).
To defend the interest of this recharacterization, I will present the definitions of altruism and egoism given by Batson (2019) as well as the method he used with his colleagues to answer the altruism question. I will also formulate critiques to the position of Batson through Doris et al. (2020) and an adaptation of the argument of Slote (1964). My argument will lead to a new egoistic hypothesis inspired by the works of Susan Wolf (2010) and Bernard Williams (1981).
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Le concept de nature chez Theodor W. Adorno : entre domination et réconciliationRoulx, Dominic 12 1900 (has links)
Ce mémoire se présente comme une élucidation des divers usages critiques du concept de nature dans l’œuvre de Theodor W. Adorno. Notre point de départ est le constat d’un manque de clarté conceptuelle au sein du corps de littérature scientifique tentant aujourd’hui de produire une interprétation « environnementaliste » de l’œuvre d’Adorno. Nous abordons dans une première partie le concept séminal de nature-histoire [Naturgeschichte]. Nous défendons qu’il fournit le problème, la méthodologie critique et l’objectif de la théorie critique d’Adorno. Dans une deuxième partie, nous déployons la dialectique de l’Aufklärung dans les termes d’une dialectique entre la nature et la raison, révélant le procès naturel-historique de domination de la nature [Naturbeherrschung] ayant mené au retour du mythe dans la société capitaliste avancée. Nous basant sur l’idée selon laquelle la domination produit les conditions nécessaires à son propre dépassement, nous nous questionnons dans une troisième partie sur l’idée d’une possible réconciliation avec la nature et montrons en quoi le motif de l’autoréflexion critique est une condition nécessaire – mais non suffisante – à sa réalisation. / This master’s thesis deals with the various critical uses of the concept of nature in Theodor W. Adorno. Our starting point is the observation that there is a lack of conceptual clarity in the actual scholarly literature that attempts to produce an “environmentalist” interpretation of Adorno's work. In the first section, we discuss the seminal critical concept of nature-history [Naturgeschichte]. We argue that it provides the problem, the critical methodology and the aim of Adorno's critical theory. In a second section, we unfold the dialectic of Aufklärung as a dialectic between nature and reason. We reveal the natural-historical process of domination of nature [Naturbeherrschung] that led to the return of myth in advanced capitalist society. Grounded in the idea that domination produces the necessary conditions for its own overcoming, we question in a third section the idea of a possible reconciliation with nature. We finally indicate how critical self-reflection is a necessary – but not sufficient – condition for its realization.
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L'Articulation humain/ciel (ren 人 / tian 天) dans la quête de la sagesse selon le ZhuangziJean-Bressani, Antoine 01 1900 (has links)
Les plus anciens passages du Zhuangzi (datés de la fin du 4e s. AEC) méritent une attention particulière pour leur profonde originalité. La sagesse qu’ils illustrent semble se résumer ainsi: il faut s’accorder au « ciel » (tian 天, ce qui est spontané) et se défaire de l’« humain » (ren 人, ce qui est délibéré).
Si, cependant, de s’accorder au ciel signifie de ne plus prendre de partis et de ne pas écarter ce qui s’offre à soi, un problème surgit tout de suite: comment prendre le parti du ciel et écarter l’humain? Comment même admettre une distinction fondamentale entre ce qui est céleste et ce qui est humain? Le Zhuangzi prétend justement dépasser toute distinction établie. Peut-être faudra-t-il dire que ce par quoi la sagesse se définit, i.e. l’opposition du ciel et de l’humain, n’en est qu’une définition « extérieure », une approximation étrangère à la sagesse même, qui est imprescriptible.
Une alternative se présente alors: soit (1) la sagesse est inabordable, et il faudra un prodige (et peut-être quelques techniques préparatoires indirectes) pour qu’elle puisse advenir; soit (2) la sagesse est inévitable, et il n’y a rien à faire. Cette seconde option resterait peut-être invisible si elle ne nous était pas signalée par Guo Xiang (252-312 EC), commentateur canonique du Zhuangzi. De ne rien faire, de ne pas résister à ce qui se passe déjà, fait partie de l’idéal original du sage en tant que personne céleste, où le « ciel » est compris comme le cours même des choses, la spontanéité profonde de l’existence, sa transformation constante, l’émergence et l’évanouissement de toute chose. Pour éviter la contradiction, l’activité humaine doit être, fondamentalement et finalement, spontanée. Pensées, jugements, désirs et décisions naissent d’eux-mêmes. Il faudra dire, en fin de compte, qu’aucun être, être humain y compris, ne peut éviter la « sagesse » du cours des choses. / The core wisdom of the Zhuangzi is commonly epitomized along such lines: one ought to follow “heaven” (tian 天, the spontaneous) and break free from the “human” (ren 人, the deliberate). The present essay questions this abbreviation via an exploration of the oldest sections of the Zhuangzi (dated to the end of the 4th century BCE).
If “following heaven” entails not to take sides, and not to shun whatever presents itself, a problem arises: how should I take the side of heaven and discard the human? How could I even allow a fundamental distinction between the heavenly and the human? Eventually, we may be tempted to concede that the definition of wisdom which generates an opposition between heaven and the human is ‘extrinsic’ to wisdom, which itself must remain imprescriptible.
An alternative then emerges: either (1) wisdom is inaccessible, and it would take a kind of miracle (prepared, as it may be, by some indirect techniques) for wisdom to turn up; or (2) wisdom is inevitable. This second option would perhaps go unnoticed were it not signaled by Guo Xiang (252-312 EC) in his canonical commentary of the Zhuangzi. The idea that wisdom makes no requirement of us – leaving us open to whatever is going on – in fact corresponds to the ideal of the sage as the heavenly person, where “heaven” is identified with the very run of things, i.e. the original spontaneity of existence and its constant transformation, the emergence and fading away of each and every thing. Thereupon, we are gradually led to the conclusion that our situation (‘whatever is going on’) includes human activity, so that even “the human” must be recognized as fundamentally spontaneous: thoughts, judgments, desires, decisions and intentions are born of themselves. Nothing, in the end, avoids the “wisdom” that belongs with the course of events.
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La pensée de l’événement chez Heidegger et Gadamer : pour comprendre la filiation et la différence entre les deux auteursLacasse, William 07 1900 (has links)
Ma recherche a pour but de dresser le portrait de la filiation de Gadamer avec Heidegger concernant la notion d’événement dans Vérité et méthode. Au-delà d’une filiation stricte se dessine chez Gadamer une pensée autonome de l’événement qui prend celle de son maître comme point de départ, mais qui s’en distingue aussi fondamentalement. Cette autonomie dépasse le simple changement de terme que l’on peut remarquer entre les deux auteurs : Heidegger parle surtout de l’Ereignis, tandis que Gadamer emploie plus volontiers le terme de Geschehen. En effet, bien que la pensée de l’événement chez le maître et l’élève insiste sur l’importance de l’écoute et de la médiation dans le processus de l’événement, leurs pensées divergent quant à la participation du sujet particulier dans l’événement. Cette différence fondamentale entre le maître et l’élève s’explique, à mon avis, à partir de la possibilité ou de l’impossibilité de surmonter le langage de la métaphysique grecque par la pensée de la différence ontologique au sein de laquelle le Dasein humain se trouve toujours. Pour Heidegger, la pensée de l’Ereignis s’avère une tentative de penser par-delà le langage hérité de la métaphysique grecque qui empêcherait de penser l’être en tant que tel. Pour Gadamer, la pensée de l’événement demeure rivée à l’expérience du Dasein humain et à la compréhension particulière et située qu’il en a. La compréhension se déployant toujours à l’intérieur du médium qu’est le langage, il s’avère impossible de remonter en-deçà du travail immémorial de l’histoire et du langage afin de saisir l’être en tant que tel.
Pour en arriver à cette conclusion, ma recherche se déploie en trois temps. D’abord, je caractérise sommairement l’Ereignis ainsi que la filiation de Gadamer avec Heidegger concernant la notion d’événement à l’aide des textes de Heidegger publiés avant Vérité et méthode (1960). Ensuite, j’analyse l’événement tel qu’il se présente dans Vérité et méthode. L’événement (Geschehen) n’étant pas conceptualisé pour lui-même dans l’œuvre, je procède indirectement en analysant les concepts clés des trois grandes parties de l’œuvre afin de le mettre en lumière. Finalement, je compare mes intuitions de base avec les résultats de l’analyse de Vérité et méthode afin d’établir les ressemblances ainsi que les différences entre le maître et l’élève. De là, je dresse le portrait de la filiation de Gadamer avec Heidegger concernant la notion d’événement. / My research aims at characterizing Gadamer’s filiation with Heidegger regarding the notion of event in Truth and Method. Beyond a strict filiation lies the autonomous thought of Gadamer which is inspired by his master’s but is also fundamentally distinct. This autonomy goes beyond a simple change of terminology: Heidegger speaks of the Ereignis whereas Gadamer prefers the term Geschehen. Indeed, even though the thought of the event of the master and the student both insist on the importance of listening and mediation within the process of the event, their respective thoughts diverge on the participation of the subject within the event. This fundamental difference between the master and the student can be explained by the possibility or the impossibility to go beyond the language of the Greek metaphysics by thinking the ontological difference in which the human Dasein is always in. For Heidegger, the thought of the Ereignis is an attempt at thinking Being in itself and at thinking beyond the language inherited by the Greek metaphysics which prevents this possibility. For Gadamer, the thought of the event remains attached to the experience of the human Dasein and the particular and situated understanding it has of it. Since understanding always happens within the medium of language, it is impossible to go beyond the immemorial work of history and language and seize Being in itself.
To get there, my research follows three steps. First, I attempt to summarily characterize the Ereignis and the filiation of Gadamer with Heidegger regarding the notion of event by examining some of Heidegger’s works that were published before Truth and Method (1960). Second, I analyze the event as it presents itself in Truth and Method. Since the event (Geschehen) is not conceptualized for itself in this work, I proceed indirectly by analyzing the key notions of all three parts of the work in order to get a grasp of it. Finally, I compare my first intuitions with the results of the analysis of Truth and Method in order to establish the resemblances and the differences between the master and the student. From there, I characterize the filiation of Gadamer with Heidegger regarding the notion of event.
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L'apport des théories morales de la responsabilité pour penser l'imputabilité des crimes de guerreWurtz, Karine 02 1900 (has links)
réalisée en cotutelle entre les Universités de Montréal et de Paris 1 Panthéon-Sorbonne (France) / Imputer un acte à quelqu'un soulève déjà des difficultés propres. Mais ces difficultés sont encore augmentées lorsque c'est un crime de guerre que l'on cherche à imputer. En effet, à qui attribuer un crime lorsque la structure engage des actions collectives (bataillons, foules, organisations résistantes) ou que les actes commis ont été ordonnés par des supérieurs hiérarchiques ? Comment prendre en considération le fait que le contexte de guerre peut-être perturbant ou traumatisant pour les soldats, sans pour autant en venir à excuser les actes commis ? Et pourtant, il faut arriver à proposer des solutions, car ces questions revêtent une importance capitale, non seulement au sein des procès internationaux, mais aussi dans le contexte général d'après-guerre. L'exactitude des inculpations, la visibilité des méthodes juridiques et des procédures sont autant d'éléments qui acquièrent une portée particulière dans les efforts pour installer une paix aussi durable que possible. De plus, l'établissement des responsabilités, au niveau des individus comme au niveau des États, doit permettre de comprendre ce qui a rendu possible des crimes au sein d'un conflit armé et ainsi de penser les éléments possibles d'une prévention. / My research starts from the statement that imputing an act on someone raises its own difficulties. But these difficulties are increased when it is a war crime that we have to attribute. Indeed, to whom does one accredit a crime when the context engages collective actions (battalions, crowds, resistant organizations) or when acts performed were ordered by superiors in the hierarchy ? How to consider the fact that the context of war can be disturbing or traumatizing for soldiers, without going so far as to excuse them of their crimes? And nevertheless, it is necessary to propose solutions, because the question takes on major importance, not only in regard to justice within international lawsuits, but also in the post-war general context. Indeed, the exactness of accusations, the visibility of legal methods and procedures are some of the many elements which acquire a particular impact on the efforts to settle a peace that will be as durable as possible. Furthermore, the establishment of responsibilities, at the individual level as well as at the States level, has to allow to understand what made possible crimes within an armed conflict and, therefore, to rethink elements of a possible prevention.
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La tradition comme condition à la compréhension chez GadamerLaurin, Philippe 07 1900 (has links)
Ce mémoire défend la nécessité de l’interdépendance entre la compréhension humaine et son appartenance à des traditions. Il entend présenter et défendre la position du philosophe allemand Hans-Georg Gadamer sur cette question, notamment celle qu’il adopte dans son oeuvre maîtresse Vérité et méthode. Gadamer y présente une herméneutique phénoménologique, à savoir une théorie décrivant comment l’expérience de l’interprétation est vécue par l’humain. Celle-ci se manifeste sous la forme d’un cercle herméneutique dans lequel la compréhension de l’individu se trouve reliée à son appartenance à des traditions, à la manière dont un tout unit ses parties.
Notre premier chapitre explicitera la nature et les implications de cette relation de codépendance en la situant d’abord dans l'héritage herméneutique laissé par Heidegger, Dilthey et Schleiermacher. Il s’efforcera de décrire l’événement d’une compréhension humaine à partir de sa facticité, à savoir sa participation à une situation humaine plus vaste. Nous entendons ici la grande entreprise de transmission des savoirs qui caractérise la tradition. Notre deuxième chapitre se penchera sur l’importance de l’historicité de cette compréhension, c’est-à-dire l’influence que la finitude exerce sur la capacité humaine de comprendre l’immensité de l’histoire à laquelle il appartient. Nous défendrons l’idée que la tradition occupe un rôle de premier rang dans la production de ce savoir, en ce qu’elle permet d’assurer le niveau de certitude ou de vérité que recherchent les sciences humaines. Cette conception s’oppose à celle que récuse Gadamer, à savoir que la vérité de ces compréhensions dépendrait uniquement de leur conformité à une méthode qui en garantirait l’objectivité. Pour Gadamer, cet excès d’attention portée à la méthode mènerait l’humain à négliger la facette essentiellement dialogique du processus herméneutique, qui trouverait plutôt sa réalisation dans la fusion des horizons permise par l’appartenance à des traditions.
Notre troisième et dernier chapitre synthétisera notre propos en présentant la compréhension comme un processus d’application. En nous inspirant de la pratique du droit, nous démontrerons comment la compréhension se veut le résultat d’une application adéquate de la sagesse des traditions passées aux exigences concrètes d’une situation présente particulière. / This thesis argues for the necessity of the interdependence between human understanding and belonging to traditions. It aims to defend the position of the German philosopher Hans-Georg Gadamer, particularly as it is articulated in his masterpiece Truth and Method. In this work, Gadamer presents a phenomenological hermeneutics, which is a theory that describes how the experience of interpretation is lived by humans. This experience takes the form of a hermeneutic circle in which the understanding of the individual is connected to its belonging to traditions, much like the way in which a whole unites its parts. Our first chapter will elucidate the nature and implications of this interdependent relationship by situating it within the hermeneutic legacy left by Heidegger, Dilthey, and Schleiermacher.
It will strive to understand the event of human understanding in relation to its facticity, namely its participation in a broader human situation. Here, we refer to the great endeavor of knowledge transmission that characterizes tradition. Our second chapter will delve into the significance of the historicity of this understanding, which denotes the influence of finitude on the human capacity to comprehend the vastness of the history to which it belongs. We will argue that tradition occupies a prominent role in the production of this knowledge by ensuring the level of certainty or truth sought after by the humanities. This conception adopted by Gadamer opposes the idea that the truth of these understandings depends solely on their conformity to a certain method that would guarantee objectivity. For Gadamer, an excessive focus on method would lead humans to neglect the essentially dialogical facet of the hermeneutic process, which finds its realization in the fusion of horizons made possible by the belonging to traditions.
Our third and final chapter aims to synthesize our argument by presenting understanding as a process of application. Drawing inspiration from legal practice, we will demonstrate how understanding is the result of the appropriate application of the wisdom of past traditions to the specific demands of a present situation.
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Musique, parole et signification au siècle des LumièresCôté, Thierry 08 1900 (has links)
Cette thèse interroge la manière dont les penseurs des Lumières françaises ont compris, analysé et fondé philosophiquement les effets de sens de la musique, c’est à dire aussi bien les modalités selon lesquelles la musique produit du sens, que les modalités selon lesquelles l’être humain est affecté par la musique. Elle interroge plus généralement la place qu’occupe la pensée musicale dans l’économie des savoirs sur l’être humain au siècle des Lumières. Le sujet de la musique y est envisagé sous trois angles : comme corps physique soumis à un phénomène acoustiquement structuré (partie I), comme être parlant confronté au phénomène expressif primordial de la voix (partie II) et enfin comme imagination confrontée à des fictions sonore ou des imitations (partie III). / This PHD thesis examines how French philosophers from the enlightenment understood and analyzed musical effects, that is, how music produces meaning, but also, how the human being is affected by music. It is more generally about the specific place held by musical thought in the global anthropologic knowledge of the eighteenth century. The musical subject is here considered in three manners: first, as a body affected by an acoustically structured phenomenon, second, as a speaking animal affected by voice, and finally as a mind confronted to musical fictions or imitations.
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Le différentiel de la liberté : potentiels et limites de l’imagination chez T. W. AdornoWagner-Lapierre, Sarahlou 12 1900 (has links)
Confronté à la question de l’actualité de la philosophie, celle en devenir, Adorno a ciblé une tâche pressante, à savoir l’interprétation d’un monde qui laisse les individus insatisfaits. L’imagination en a été désignée l’organon. À partir d’éléments disséminés au sein d’une œuvre qui s’étale sur près de cinq décennies (1924-1969), ce mémoire tente de reconstruire la réflexion qu’il a entretenu au sujet de cette faculté. Une première section s’attache à la détailler la critique qu’Adorno a élaborée au sujet du rôle de l’imagination productrice et reproductrice dans la théorie de la connaissance kantienne. Notre attention se déplace dans un second temps vers l’esthétique adornienne et l’importance que réserve celle-ci à la sublimation. Enfin, le troisième chapitre interroge le thème de l’interdit de l’image et les limites qu’il impose au potentiel critique de l’imagination. / Confronted with the question of the actuality of philosophy, Adorno targeted a pressing task, namely the interpretation of a world that leaves individuals unsatisfied. Imagination was designated the organon of such a task. From elements scattered throughout a body of work that spans nearly five decades (1924-1969), this dissertation attempts to reconstruct his thinking regarding this faculty. The first section focuses on Adorno's critique of the role of the productive and reproductive imagination in the Kantian theory of knowledge. Our attention then shifts to Adorno's aesthetics and its emphasis on sublimation. Finally, the third chapter interrogates the theme of the ban on the images and the limits it imposes on the critical potential of the imagination.
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La conception platonicienne de la contradictionLachance, Geneviève 08 1900 (has links)
Cette thèse se rapporte à la notion de contradiction, entendue en son sens logique ou formel. Plus précisément, elle vise à dégager une conception de la contradiction chez un philosophe qui, du point de vue chronologique, précède l’avènement de la syllogistique et de la logique : Platon. À partir de l’examen des dialogues réfutatifs de Platon, il s’agira de mettre en lumière la forme des propositions contradictoires, de déterminer la terminologie et les métaphores utilisées par Platon pour nommer et décrire la contradiction et d’évaluer le contexte dans lequel avait lieu la réflexion platonicienne. L’analyse révélera que Platon se faisait une idée somme toute assez précise de la contradiction logique et qu’il a même eu une influence sur Aristote lorsque ce dernier élabora son célèbre principe de non-contradiction. / This thesis examines the notion of contradiction understood in its logical or formal sense. Specifically, it seeks to study that notion in a philosopher who, chronologically speaking, precedes the advent of syllogistic or logic: Plato. Based on an analysis of Plato’s refutative dialogues, this thesis will determine the form given by Plato to contradictory propositions, unveil the terminology and metaphors used by Plato to name and describe contradictions and evaluate the context in which Plato reflected upon contradiction. The analysis will reveal that Plato had a very clear idea of what is a logical contradiction and that he even had an influence on Aristotle when the latter defined his famous principle of non-contradiction.
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