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Les limites du langage ou la critique du langage comme thérapie dans la philosophie de Ludwig WittgensteinBeaudry, Marc-Antoine 04 1900 (has links)
Dans ce mémoire, je me propose d’analyser la question des limites du langage; d’examiner la place et le rôle de l’indicible dans la philosophie de Wittgenstein. La notion d’indicible suppose un critère pour saisir les limites du langage. Dans le Tractatus, le critère nous est donné par la structure logique de l’image. Or, en laissant tomber cet accord de forme entre le langage et le monde, suggéré par la théorie picturale, l’indicible ne semble plus se montrer dans les écrits postérieurs au Tractatus. Du moins, avec la notion de « jeux de langage », le critère pour saisir les limites du langage n’est plus aussi clairement défini et les règles qui déterminent les usages légitimes du langage ne sont plus aussi strictes. Enfin, en concevant la signification comme « usage », la nature du langage est appréhendée comme le fait d’une forme de vie, et dans une perspective pragmatique, arrimée à une position minimaliste, une conception déflationniste de la vérité peut se développer, évitant ainsi la réification de faits superlatifs associés à l’indicible et à l’ineffabilité des critères sémantiques. Par conséquent, l’indicible et l’ineffable ne seraient plus associés avec une posture mystique à l’égard du réel, et le quiétisme philosophique de Wittgenstein, toujours inspiré par le nihilisme thérapeutique, demeure l’avenue privilégiée pour neutraliser le discours métaphysique et le contraindre définitivement au silence. / I propose to analyze the question of the limits of language. My intent is to examine the place and role of what is account to be unsayable in Wittgenstein's philosophy. This notion presupposes a criterion to grasp the limits of language. In the Tractatus, the criterion is given by the logical structure of the proposition. However, after he rejects this agreement of the logical form between language and reality, suggested by the pictorial theory, what’s taken to be unsayable does not seem to show up in the later writings after the Tractatus. At least with the notion of “language games”, the criterion to grasp the limits of language is no longer as clearly defined and the rules that determine the legitimate uses of language are not as strict. Finally, designing meaning as "use", the nature of language is seen as the result of a form of life, and from a pragmatic perspective, but under a minimalist position, a deflationary conception of truth can be established, avoiding the reification of superlative facts associated with the reality of what is unsayable. Therefore, the ineffable truth would no longer be associated with a mystical attitude toward reality, and Wittgenstein’s quietism, inspired by the therapeutic nihilism, remains the best avenue to neutralize the metaphysical discourse.
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Nationalisme et modernité : l'approche mentaliste de Liah GreenfeldGagné, Marc-Olivier 04 1900 (has links)
Ce mémoire a pour but de caractériser la conception moderniste du nationalisme chez la sociologue américaine Liah Greenfeld. Celle-ci fait une contribution significative à la littérature sur le nationalisme, notamment par son approche pluridisciplinaire que l'on peut diviser en trois axes principaux : philosophique, historique et psychologique. Le mémoire propose donc une synthèse de l'œuvre de l'auteure tout en accordant comme il se doit une place prépondérante à l'axe philosophique de sa pensée. On définira dans un premier temps la conception «mentaliste» et empiriste du monde que Greenfeld développe et qui est inspirée de Max Weber, en prenant le temps de distinguer celle-ci des autres conceptions canoniques (idéalisme, réalisme, structuralisme, etc.). Cela permettra d'établir sur des bases philosophiques et sociologiques solides la conception de la nation et du nationalisme de Greenfeld, tout en démontrant que le nationalisme est selon elle l'élément fondamental qui caractérise la modernité. On analysera ensuite les différents types de nationalismes mentionnés par la sociologue, en soulignant l'importance qu'elle accorde à la composante économique du nationalisme. On terminera en soulevant les enjeux philosophiques qui se trouvent au cœur de la description historiciste et psychologisante que fait Greenfeld pour analyser l'émergence, le déploiement et la perpétuation du nationalisme dans le monde à travers différentes nations modernes (principalement Angleterre, France, Russie, États-Unis, Allemagne). Le mémoire se termine en soulevant quelques critiques. / This thesis aims to characterize the modernist conception of nationalism in the work of the American sociologist Liah Greenfeld. This author makes a significant multidisciplinary contribution to the literature on nationalism that explores three main areas : philosophy, history and psychology. I synthesize her work focussing on the philosophical dimension of her thinking. I define her "mentalist" and empiricist approach inspired by Max Weber and distinguish it from other canonical philosophical approaches (idealism, realism, structuralism, etc.). I then explain how Greenfeld's conceptions of nation and nationalism are built on this approach, showing that, according to her, nationalism is the fundamental element at the basis of modernity. I analyze the different types of nationalism she introduces, stressing the importance she attaches to the economic component of nationalism. I also raise philosophical issues that lie at the heart of the historicist and psychologising description that has led her to analyze the emergence, deployment and perpetuation of nationalism in the world through different nations (mainly examining England, France, Russia, United States and Germany). I conclude by raising some criticisms on Greenfeld's work.
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La conception de la liberté chez les premiers CyniquesChouinard, Isabelle 04 1900 (has links)
Diogène de Sinope, principal représentant du cynisme ancien, affirme dans une de ses œuvres qu’« il mettait la liberté au-dessus de tout ». Il n’est pas question ici du sens politique de la liberté, mais plutôt de son acception morale et individuelle, dont les origines remontent au moins au VIe s. av. J.-C. et peut-être à la racine même du mot ἐλεύθερος. Retracer l’histoire de cette notion révèle diverses influences sur le cynisme, que ce soit la figure de l’« esclave libre » chez les tragiques, ou la correspondance entre nature et liberté chez les Sophistes et Démocrite. Pour atteindre l’autarcie et l’apathie, les deux caractéristiques de la liberté cynique, Diogène doit soumettre son corps à un entraînement de nature physique, seul moyen de s’émanciper des chaînes de la civilisation. Socrate, surtout chez Xénophon et dans une certaine mesure chez Platon, avait déjà fait des exercices corporels une condition d’acquisition de la liberté. Toutefois, l’émancipation de l’individu débouche avec Socrate sur l’apprentissage du savoir qu’il juge nécessaire à la vertu. Les Cyniques, quant à eux, rejettent la vertu-connaissance et limitent leur activité philosophique à la pratique d’une ascèse corporelle rigoureuse, de sorte que la liberté mène sans détour à la vertu et au bonheur au point de s’y identifier. Les Cyniques se différencient donc de leurs prédécesseurs socratiques en ne prolongeant pas leur quête philosophique au-delà du moment de la libération et, par le fait même, font de la liberté la véritable marque distinctive de leur philosophie. / Diogenes of Sinope, the main representative of ancient Cynicism, says in one of his works that « he preferred freedom above everything ». He does not mean here freedom in its political sense, but rather in its moral and individual meaning, which dates back at least to the sixth century BC and perhaps to the very root of the word ἐλεύθερος. Tracing the history of this notion reveals diverse influences on Cynicism, whether the figure of the « free slave » of the tragedians, or the correspondence between nature and freedom of the Sophists and Democritus. To reach self-sufficiency and apathy, the two characteristics of Cynic freedom, Diogenes must submit his body to physical training, it being the only way to break free from the chains of civilization. Socrates, especially in Xenophon and to a certain extent in Plato, had already made physical exercises a condition for acquiring freedom. However, with Socrates the emancipation of the individual ends in gaining knowledge that he deems necessary to virtue. Cynics, for their part, reject virtue-knowledge and limit their philosophical activity to the practice of a rigorous physical asceticism, so that freedom leads directly to virtue and happiness to the point of identifying with it. Therefore, Cynics differ from their Socratic predecessors by not extending their philosophical quest beyond the moment of liberation and thereby make freedom the true hallmark of their philosophy.
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Le cerveau selon AristoteDerome, Léa 08 1900 (has links)
La présente étude fait le point sur la théorie cérébrale d’Aristote. Contre une tradition philosophique (Platon) et médicale (Hippocrate) qui considérait le cerveau comme l’organe central du corps et le lieu privilégié des activités psychiques, Aristote ne reconnaît pratiquement aucune fonction au cerveau dans sa conception de la sensation, du mouvement volontaire et de l’intelligence. Pour le philosophe, l’encéphale est un organe froid, humide, entièrement dépourvu de sang et chargé de refroidir la chaleur cardiaque et de susciter le sommeil. Autant dire tout de suite que la théorie aristotélicienne du cerveau est truffée de faussetés. Or, ces erreurs ne sont pas dépourvues d'intérêt. Aussi, notre étude tente-t-elle d’en retracer l’origine, et accorde, pour ce faire, une attention particulière à la méthode ainsi qu’aux différents types de données dont Aristote se sert en sciences de la vie. L’exercice met notamment en lumière l’influence d’une littérature livresque et médicale préexistante et invite, en conséquence, à réévaluer la place réservée à l’observation empirique dans la biologie aristotélicienne. / This study clarifies Aristotle’s brain theory. Going against a philosophical (Plato) and medical (Hippocrates) tradition that regarded the brain as the central organ of the body and the locus of psychic activities, Aristotle assigns virtually no function to the brain in his conception of sensation, voluntary movement, and intelligence. According to the philosopher, the brain is cold, moist, entirely deprived of blood and is in charge of cooling the heat produced by the heart and of inducing sleep. In other words, Aristotle’s brain theory is deeply flawed. Yet, Aristote’s mistakes are not devoid of interest. Thus, our study tries to understand the causes of these errors, and, in doing so, pays special attention to the method and to the different kinds of data that Aristotle uses in the field of life sciences. This approach sheds light on the influence of a preexisting medical literature and, as a result, invites to reevaluate the place of empirical observation in Aristotle’s biology.
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Albert Camus et l'art de philosopherMassé, Olivier 08 1900 (has links)
L’objectif poursuivi dans ce mémoire de maîtrise est de proposer une réflexion sur la
problématique trop souvent ignorée de la « nature » de la philosophie. Défendant une
position historiciste et non essentialiste, la philosophie ne pouvant être comprise, définie
et expliquée qu’à partir de ses formes historiques, j’ai décidé d’étudier la présence de la
philosophie dans la vie et dans l’oeuvre d’Albert Camus, surtout reconnu pour être un
homme de lettres. La pensée de Camus se positionnant contre la philosophie abstraite et
théorique de ses contemporains, il sera question de l’examiner à la lumière des travaux de
Pierre Hadot sur la philosophie antique. La comparaison avec les Anciens sera précieuse
sur plus d’un plan. Elle prouvera que Camus réactualise l’idéal de la philosophie comme
mode de vie, dont les thèses directrices seront explicitées dans les prolégomènes. J’espère
ainsi faire voir la possibilité d’une conception « moderne » de la philosophie ancrée dans
la pratique. Le présent travail se divisera en trois parties : la première visera à clarifier le
sens des concepts et des différentes parties du Mythe de Sisyphe; la deuxième tâchera de
rapprocher sa philosophie de l’absurde des thèses directrices de la philosophie comme
mode de vie, offrant une interprétation novatrice de son Sisyphe; la troisième exposera
succinctement sa philosophie de la révolte à partir d’une analyse de L’Homme révolté, de
façon à démontrer que sa morale s’inscrit aussi dans le sillage de cet idéal philosophique. / The purpose of this master’s thesis is to propose a reflection on the all-too-often
ignored issue of philosophy’s “nature”. Defending a historicist and non-essentialist
position since philosophy cannot be understood, defined and explained without studying
its historical forms, I decided to examine the presence of philosophy in the life and in the
work of Albert Camus, who is essentially known as a man of letters. The thinking of
Camus, which is positioned against the abstract and theoretical philosophy of his
contemporaries, will be studied in light of the works of Pierre Hadot on ancient
philosophy. The comparison with the classical Greeks will be precious in many ways. It
will prove that Camus extends the ancient ideal of philosophy as a way of life, which
guiding theses will be presented in the prolegomena. I therefore wish to bring forward
the possibility of a “modern” conception of philosophy that is anchored in practicality.
This research will be divided into three parts : the first will aim to clarify the meaning of
the concepts and various parts of the Myth of Sisyphus; the second will seek to liken his
philosophy of the absurd to the guiding theses of philosophy as a way of life, offering an
innovative interpretation of his Sisyphus; the third will briefly present its philosophy of
revolt from an analysis of The Rebel in order to demonstrate that its moral can also be
likened to philosophy as a way of life.
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Valeur intrinsèque de la nature et éthique environnementale : une critique de l'approche pragmatiqueBordeleau Gervais, Gabriel 08 1900 (has links)
Dans ce mémoire, nous étudierons la place que devrait occuper en éthique environnementale, la notion de valeur intrinsèque de la nature, et nous critiquerons l’approche pragmatique qui rejette cette dernière. Pour Bryan G. Norton, l’un des pères du pragmatisme en éthique environnementale, la notion de valeur intrinsèque est un frein à la mise en place de politiques publiques en environnement. Nous défendrons, au contraire, l’idée que cette notion peut jouer un rôle essentiel en éthique environnementale en servant de base commune à l’établissement de politiques pouvant lutter efficacement contre des problématiques mondiales en environnement. Pour ce faire, nous commencerons par présenter l’approche pragmatique et ses critiques des théories de la valeur intrinsèque de la nature. Dans un second temps, nous critiquerons certains aspects du pragmatisme pour montrer que cette approche possède des défauts pouvant être comblés par la notion de valeur intrinsèque. Le caractère inadéquat d’une approche purement pragmatique face à des enjeux mondiaux en environnement ayant été établi, nous articulerons finalement la notion de valeur intrinsèque de la nature telle que la conçoit J. Baird Callicott. Ce faisant, nous établirons la base métaphysique permettant de soutenir l’existence de ce type de valeur pour les espèces et nous montrerons, grâce à Willis Jenkins, qu’une approche pragmatique peut être compatible avec la notion de valeur intrinsèque de la nature, moyennant certains aménagements. La notion de valeur intrinsèque de la nature peut ainsi jouer un rôle crucial en éthique environnementale et il est de notre devoir de résister aux tentatives de marginalisation la visant. / In this paper, we will study the place that the notion of intrinsic value in nature should take in environmental ethics and we will criticize pragmatism for rejecting the notion of intrinsic value. For Bryan G. Norton, one of the forefathers of environmental pragmatism, the notion of intrinsic value is an obstacle to the establishment of public environmental policies. Contrary to this belief, we will argue that this notion can play an essential part in environmental ethics as a common ground for establishing global politics able to respond to international environmental issues. For this purpose, we will first present the pragmatic approach and its arguments against the use of intrinsic value in nature. On this basis, we will then criticize some aspects of environmental pragmatism in order to show that this position is not flawless and that some shortcomings could be remediated with the use of the notion of intrinsic value in nature. The inadequacy of a purely pragmatic position in regard to global environmental threat having been shown, we will finally present the notion of intrinsic value in nature as conceived by J. Baird Callicott. This presentation will give us the essentials tools to establish the metaphysical foundation of the intrinsic value for species. We will finally show, with the help of Willis Jenkins position, that environmental pragmatism can be compatible with the use of intrinsic value in nature. Intrinsic value in nature can play a crucial role in environmental ethics and we should consequently resist to those who treat this notion as irrelevant.
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La doctrine du péché originel chez Augustin : aperçu du contexte d’émergenceCôté, Robert 08 1900 (has links)
Le premier verset de la Genèse raconte qu’au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. Le monde, sa forme et sa matière, de même que le temps, soutient Augustin, surgissent alors dans l’être, à partir de rien, en un seul instant, celui de la Création. Censés couronner l’œuvre créatrice, l’homme et la femme, pourtant, ne tardent pas à rompre le lien de confiance qui les unit à leur Créateur, en faisant mauvais usage d’une chose bonne : leur liberté. À cause de sa première transgression, nous dit Augustin, l’humanité portera désormais la marque du péché, que seule la figure rédemptrice du Christ, le Second Adam, pourra effacer, grâce au pardon donné à tous ceux qui choisissent d’emprunter sa voie. Or, en raison de son désir irrépressible de connaître et de faire l’expérience du monde par le biais de son propre être donné, soumis au changement, l’homme semble perpétuellement tenté par la transgression des limites essentielles de sa relativité à Dieu. Pourtant, Dieu, l’unique créateur de l’être des choses créées, crée toute chose bonne, du moins dans une certaine mesure : le mal dont semblent caractérisés l’être même et les actions des hommes, correspond, en vérité, aux multiples degrés de bien qui résultent d’une privation plus ou moins grande du Bien suprême qu’est Dieu. Berbère de culture romaine, témoin et acteur des derniers jours de l’Antiquité, penseur bouillonnant et théologien essentiel, Augustin laissera une œuvre importante et féconde. Nous tenterons ici de comprendre le contexte d’émergence de sa doctrine du péché originel. / The first verse of Genesis says that in the beginning, God created the heavens and the earth. The world, its form and matter, and time, argues Augustin, arose in Being out of nothing, in one single instant, that of the Creation. Conceived as the coronation of Creation, man, however, quickly breaks the trust relationship with his Creator, and does this by making evil use of a good thing: his free will. Because of its first transgression, says Augustine, humanity will, from now on, bear the mark of sin, which only the redemptive figure of Christ, the Second Adam, can erase, for all of those willing to follow his path. Yet, because of his irrepressible desire to acquire knowledge and experience of the world through his own given being, subject to change, man appears to be perpetually tempted by the transgression of his essential relativity to God. God, however, being the sole creator of the very being of created things, creates all things good, but to a certain degree: evil, which seems to characterize the being and actions of men, in reality, corresponds to varying degrees of goodness, which themselves result from more or less privation of the Supreme Good, namely, God. Berber of roman culture, witness and actor of the last days of Antiquity, passionate thinker and essential theologian, Augustine has produced some of humanity’s most important writings. In this work, we will attempt to understand the context which led to the emergence of his doctrine of original sin.
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L'abêtissement chez PascalDarveau-St-Pierre, Vincent 08 1900 (has links)
Ce mémoire a pour objectif de préciser le sens du verbe « abêtir » dans les Pensées de Blaise Pascal. Le sort ayant voulu que l’Apologie de la religion chrétienne demeure à jamais inachevée, le philosophe a emporté un secret épineux dans sa tombe : Qu’a-t-il bien pu vouloir signifier en écrivant que le remède à l’incroyance – répéter les gestes et les paroles liés au culte chrétien – abêtit ? Nous montrons à titre préliminaire que s’abêtir signifie devenir-bête, et que ce changement d’état entretient des liens étroits, tant par le contexte de son énonciation que par son champ lexical, avec le « discours de la Machine » et la notion d’« automate ». Notre analyse permet d’inférer que d’un point de vue strictement formel, s’abêtir renvoie à la préparation des habitudes humaines en vue de la foi. Nous montrons dans les chapitres suivants que le vocabulaire de la Machine/automate/bête est susceptible d’éclaircir trois dimensions de cette préparation. En distinguant les perspectives psycho-physiologique, morale et gnoséologique sur le problème de la conversion religieuse, nous montrons que l’abêtissement peut renvoyer simultanément 1) à l’acquisition d’habitudes corporelles et intellectuelles qui conduisent à la foi ; 2) au renforcement de la vertu d’humilité contre l’orgueil hérité du péché originel et qui fait obstacle à la croyance ; 3) et à l’acquisition passive d’une panoplie de connaissances factuelles tirées des Écritures et de l’histoire, nécessaires à une bonne entente des preuves de la vérité du christianisme. Chacune de ces perspectives fait l’objet d’un chapitre. / This Master’s thesis aims to clarify the meaning of “s’abêtir” in Blaise Pascal’s Pensées. As the Apologie de la religion chrétienne was left unfinished, the French philosopher took his secret to the grave: What did he mean by the idea that the cure for unbelief – repeating actions and words related to Christian worship – results in “s’abêtir” ? I argue that “s’abêtir” means becoming-beast, and that the context in which the notion is uttered as well as the lexical field it covers relate to the “discours de la Machine” and the notion of “automate”. My analysis allows me to say that, formally, “s'abêtir” refers to the preparation of human habits to faith. In the following chapters, I show that the vocabulary of Machine/automate/bête is likely to clarify three dimensions for such a preparation. Depending on the position we adopt with respect to the problem of belief, that is, from a psycho-physiological, moral or epistemological perspective, “s’abêtir” can simultaneously mean 1) acquiring corporeal and intellectual habits that lead to faith ; 2) strengthening the virtue of humility against pride, inherited from original sin ; 3) passively acquiring a range of factual knowledge from Scripture and history necessary to understand the evidence of the truth of Christianity. Each one of these perspectives is the topic of one of the successive chapters of this thesis.
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Le problème de la Fortune chez Machiavel : histoire, politique et libertéMauger-Lavigne, Mariève 08 1900 (has links)
L’objectif poursuivi dans ce mémoire est de démontrer comment, à travers les revers de la Fortune, c’est-à-dire à travers le fait de la contingence, il est possible de penser la liberté politique chez Nicolas Machiavel. Pour ce faire, nous travaillons à partir du concept d’histoire. Nous soutenons que pour être capable d’assurer la liberté des citoyens et de Florence, Machiavel élabore une théorie politique dont la pierre angulaire est la notion d’histoire : l’histoire est constitutive de la politique et elle est la condition sine qua non pour faire face à la Fortune. Pour soutenir une telle chose, nous présentons d’abord comment, durant l’Antiquité l’histoire a été conçue. Nous exposons par la suite le même questionnement, mais cette fois-ci en regard de la tradition humaniste. Il est alors possible de constater que les humanistes ont repris les intuitions gréco-romaines, mais qu’ils ont cristallisé la question de l’histoire autour de la vertu, du bien commun et de la vita activa. Nous tentons ensuite de situer Machiavel par rapport à ces conceptions issues de l’Antiquité et de la Renaissance au sujet de l’histoire. Par sa description de la nature humaine, des humeurs et son rapport à la vertu, nous arguons que sur plusieurs plans, il s’oppose à ses prédécesseurs immédiats, les humanistes. Nous explorons alors ce qu’il propose : une redéfinition de la prudence et du concept de vertu. Finalement, ces refus nous permettent de dégager sur quoi repose sa solution au problème de la Fortune: d’abord une lecture de la politique selon la vérité effective, et ensuite, la mise en place d’institutions capables de s’adapter aux changements et qui correspondent aux mœurs des citoyens. / The determined objective in this essay is to demonstrate how, through the reverse of the Fortune, in other words the contingency, it is possible to think the political freedom of Nicolas Machiavel. To accomplish that, we use the concept of history as a starting point. We hold that to be able to insure the freedom of the people and of Florence, Machiavelli elaborates a political theory who’s cornerstone is the notion of history: history is constitutive of politics and it is the condition sine qua non to face the Fortune. To do that, we first present how history was conceived during Antiquity. We then expose the same question, but this time with regards to the humanist tradition. It is therefore possible to ascertain that humanists reused the greco-roman intuitions, but they also crystallized the problem of history around virtue, the common good, and also the vita activa. We then attempt to situate Machiavelli based on his conceptions about history taken from the Antiquity and the Renaissance. Through his depiction of the human nature, the theory of humours, the polis and his conception about virtue, we argue that on many levels, he is in opposition with his immediate predecessors, the humanists. We then navigate through what he proposes: a redefinition of the concept of the prudence and virtue. Finally, these rebuttals allow us to bring out the basis on which holds his solution for the problem of Fortune: first on an oriented reading of politics based on the effective truth, and then on the establishment of institutions capable of adaptation and that correspond to the customs of the people.
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Epistémologie historique de l'étude du comportement animalBolduc, Jean-Sébastien 08 1900 (has links)
Projet réalisé dans le cadre d'une cotutelle avec l'Université de Bourgogne (Dijon, France) / Dans cette enquête nous entreprenons d’explorer la notion de comportement animal telle que l’exprime une discipline contemporaine, l’écologie comportementale. Afin de procéder à l’examen d’une notion aussi complexe, positionnée dans un contexte étroit, nous développons et utilisons un outil d’investigation : l’épistémologie historique. De façon générale, cet outil consiste à intégrer en une seule démarche les perspectives d’investigation diachronique et synchronique sur un même thème. Ainsi, pour procéder à l’examen de la notion de comportement animal, nous puisons d’abord dans l’histoire récente de l’écologie comportementale. Nous nous intéressons plus particulièrement à sa filiation avec l’éthologie classique et, après avoir reconstitué la trame historique qui unit les deux disciplines, nous procédons à leur comparaison. Cette seconde étape de notre épistémologie contribue à mettre en évidence plusieurs différences critiques dans la conception du comportement animal qu’endosse chacune des disciplines. Ces distinctions, en faisant ressortir la spécificité de l’écologie comportementale, nous permettent ensuite de nous intéresser à la notion de comportement animal à travers les approches principales que cette discipline mobilise. Ultimement, nous élaborons deux définitions de la notion de comportement animal. La première reflète le statut ontologique du comportement dans la discipline, alors que la seconde correspond à la conception qui se dégage de la pratique des écologues. / In this inquiry I undertake to explore the notion of animal behaviour as it is expounded in a contemporary field of inquiry: behavioural ecology. In order to carry out an analysis of such a complex notion, localized in a very narrow context, I design and use a specific tool of investigation called “historical epistemology”. Simply understood, this tool consists in the integration of diachronic and synchronic perspectives of investigation into a single approach to investigate a circumscribed theme. So, in order to proceed to the analysis of the notion of animal behaviour, I first draw into the recent history of behavioural ecology. I take special interest in its filiation with classical ethology and, after having reconstructed the historical frame that links the two fields together, I proceed to compare them. This comparison, the second step of my epistemology, is used to highlight the characteristics of the animal behaviour conceptions put forward by the two scientific disciplines. These distinctions, bringing to the fore the specificity of behavioural ecology, then allow me to scrutinize the notion of animal behaviour as it is instantiated in the main approaches mobilized by the discipline (especially what I identifies as the “phenotypic adaptationist”, the “phenotypic structural”, the “comparative” and the “by reduction” approaches). Last, I design two definitions of the notion of animal behaviour. The first one reflects the ontological status of the notion in this field of investigation, whereas the second corresponds to the conception underlying behavioural ecologist practices.
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