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L'art de saisir l'État : la défense de la culture de coca au Pérou et en Bolivie

Busnel, Romain 09 1900 (has links)
Thèse réalisée dans le cadre d'une cotutelle entre l'Université de Montréal et l'Université de Lille / En Bolivie et au Pérou, les régions de production de coca, principales cibles des politiques de lutte contre les drogues depuis les années 1970, sont souvent considérées comme en proie à une certaine « faiblesse », « défaillance » ou « absence » de l’État, et « dominées » par le pouvoir de groupes s’adonnant à des activités criminelles. Menée à partir des cas du Tropique de Cochabamba (Bolivie) et de la Vallée des fleuves Apurímac, Ene et Mantaro (VRAEM, Pérou), premiers foyers de production nationaux d’une coca majoritairement destinée aux marchés illicites, cette recherche s’inscrit à rebours de ces analyses, en montrant que non seulement l’État est bien là, mais qu’il aussi est maintenu et saisi par les organisations rurales de défense de la coca. À partir d’une enquête ethnographique, cette thèse analyse par le bas et dans une perspective comparée les intrications entre économie illicite, mobilisations et États. Elle montre comment fédérations agricoles et syndicales s’appuient sur la coca pour construire des pratiques communales de gouvernement, des identités régionales et des cadrages suffisamment mobilisateurs pour obtenir des politiques de développement censées compenser le « narcotrafic » ou le « narcoterrorisme ». Les dirigeants des organisations sociales construisent leur leadership politique dans la lutte et se positionnent ensuite comme intermédiaires auprès de l’État. Occuper des fonctions administratives et électives leur permet alors de diriger davantage de ressources publiques vers leurs régions d’origine, de défendre la coca dans les institutions, voire de retracer les frontières entre activités légales et illégales. Culture de la coca et politiques de développement deviennent alors des ressources constitutives de l’économie morale des cultivateurs. Ces processus se donnent néanmoins à voir différemment. Au Tropique de Cochabamba, il s’agit d’une saisie corporatiste, propre aux liens forts qui unissent les syndicats de cultivateurs de coca, le MAS, parti au pouvoir jusqu’en 2019, et l’État bolivien. Cette modalité a permis aux syndicats d’obtenir des ressources publiques, des droits, de désigner ses intermédiaires en échange d’un soutien au parti et au gouvernement. Au VRAEM, le faible ancrage des partis politiques dans la société péruvienne laisse le champ libre aux dirigeants de la fédération agricole pour saisir l’État selon une logique entrepreneuriale, par laquelle ils font valoir des ressources propres et des relations pour la plupart extérieures à leur région d’origine. Le détour par ces régions éclaire les relations entre secteurs populaires et État et contribue à décloisonner l’étude des mouvements sociaux. La comparaison en miroir offre une palette d’outils pour appréhender « l’art de saisir l’État » à travers une sociologie des organisations, des syndicats et des partis politiques. / The coca growing regions of Bolivia and Peru have been a focal point of drug control policies in these two countries since the 1970s. These regions are often portrayed as being subject to a weak, failed or even absent state, and under the control of criminal groups. Focusing on the Tropic of Cochabamba (Bolivia) and VRAEM (Peru) regions, the main national hotbeds of coca mostly destined for illicit markets, this research challenges this idea by showing that not only is the State present, but that it is also maintained and seized by rural coca-producing organizations. Based on an ethnographic survey, I study from the ground and in a comparative perspective the interplay between the illicit economy, social movements and the State itself. I show how agricultural and trade union federations use coca to build communal government practices, regional identities and frameworks to mobilize and obtain development policies meant to compensate for "narcotrafficking" or "narcoterrorism". The leaders of social organizations build their political leadership from the struggle and then place themselves as intermediaries with the State. Occupying administrative and elective functions allows them to channel more public resources to their native regions, to defend coca in institutions, and even to redraw the boundaries between legal and illegal activities. As such, coca cultivation and development policies become resources that constitute the moral economy of the growers. However, the views behind these political processes differ from one region to the other. In the Tropic of Cochabamba, it is a corporatist seizing process, inherent to the strong ties between the coca growers' unions, the MAS party in power until 2019, and the Bolivian state. This has allowed the unions to obtain public resources, rights, and the appointment of its intermediaries in exchange for support to the party and the government. In the VRAEM, the weak anchoring of political parties in Peruvian society enables agricultural federation leaders to seize the state through an entrepreneurial logic. They assert their own resources and relations, mostly outside their home region. The detour through these regions sheds light on the relations between the informal popular sectors and the State and broadens the scope of the study of social movements. The comparison thus offers a range of tools to apprehend the "art of seizing the state" through a sociology of organizations, unions and political parties. / En Bolivia y en el Perú, las regiones productoras de coca, principales blancos de las políticas de lucha contra las drogas desde los años 70, suelen ser consideradas como zonas afectadas por la "debilidad", el "fracaso" o la "ausencia" del Estado y "dominadas" por el poder de los grupos criminales. Partiendo de los casos del Trópico de Cochabamba (Bolivia) y del VRAEM (Perú), principales focos nacionales de producción de una coca mayormente destinada a los mercados ilícitos, la presente investigación contrasta con esos análisis. Demuestro que no sólo está presente el Estado, sino que también está mantenido y tomado por las organizaciones rurales de defensa de la coca. Sobre la base de un estudio etnográfico, esta tesis analiza desde abajo y con una perspectiva comparativa las interrelaciones entre la economía ilícita, las movilizaciones y los Estados. Muestro como las federaciones agrícolas y sindicales usan la coca para construir prácticas comunales de gobierno, identidades regionales, marcos de acción colectiva para obtener políticas de desarrollo que supuestamente compensan al "narcotráfico" o al “narcoterrorismo". Los líderes de las organizaciones sociales construyen su liderazgo político en la lucha y se posicionan como intermediarios con el Estado. Al ocupar funciones administrativas y electivas, pueden dirigir más recursos públicos a sus regiones de origen, defender la coca en las instituciones e incluso trazar los límites entre las actividades legales e ilegales. De esta forma, el cultivo de la coca y las políticas de desarrollo se convierten en recursos que constituyen la economía moral de los agricultores. Sin embargo, estos procesos se ven de manera distinta. En el Trópico de Cochabamba, se trata de una apropiación del Estado corporativista, caracterizada por los fuertes lazos entre los sindicatos de cocaleros, el MAS, partido en el poder hasta 2019, y el Estado boliviano. Esta modalidad ha permitido a los sindicatos obtener recursos públicos, derechos y la designación de sus intermediarios a cambio de apoyo al partido y al gobierno. En el VRAEM, el escaso asentamiento de los partidos políticos en la sociedad peruana permite a los líderes de las federaciones agrícolas apropiarse del Estado a través de una lógica empresarial. Hacen valer sus propios recursos y relaciones, en su mayoría fuera de su región de origen. El camino por estas regiones aclara las relaciones entre los sectores populares y el Estado y contribuye a ampliar el estudio de los movimientos sociales. Así, la comparación ofrece una gama de herramientas para aprehender el "arte de apropiarse del Estado" a través de una sociología de organizaciones, sindicatos y partidos políticos.
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La diaspora de la chambre 107 : ethnographie des pratiques musicales et dansées des Soninkés en Ile-de-France / Finding One’s Place through Music : an Ethnography from a Shelter for Migrant Workers to the Soninke Diaspora

Clouet, Claire 25 October 2018 (has links)
Les Soninkés sont originaires d'une région à la triple frontière entre le Mali, la Mauritanie et le Sénégal. Leur présence en France a été étudiée sous l'angle de la migration de travail, mais pas sous celui des pratiques culturelles et artistiques. Ma thèse vient questionner cette dimension inaperçue. L’enquête ethnographique commence dans les chambres standardisées d’un foyer de travailleurs migrants, lieu d’hébergement pour hommes. J’étudie d’abord de quelle manière les habitants du foyer manipulent l’espace sonore du bâtiment pour se l’approprier. Les musiques qu’ils écoutent et les vidéos de fêtes qu’ils regardent depuis leur smartphone signalent de nombreux lieux en Ile-de-France et en Afrique de l’Ouest autour desquels s’organise la diaspora soninkée. Afin de parcourir ces lieux comme ethnographe, j’intègre la troupe de danse Xhambane Kaffo, basée à Sarcelles. A la suite des danseuses et musiciens rencontrés dans la troupe, je me rends dans les salles des fêtes privées, les espaces culturels municipaux, les théâtres, où ils animent autant de mariages, de journées culturelles, de fêtes associatives ou d’élections de miss. Je me rends également à Bakel, au Sénégal, à rebours du parcours migratoire du directeur de la troupe, ainsi que dans la région du Guidimakha, en Mauritanie, auprès des familles des habitants du foyer. En prenant la musique en filature, ces déplacements me permettent d’étudier comment des hommes catégorisés comme migrants s’inscrivent dans des réseaux à la fois interpersonnels et transnationaux. Ni en France ni en Afrique de l’Ouest, la diaspora à laquelle ils participent n’a de lieu dédié, tel que le serait un centre culturel, mais elle est bel et bien située. / The Soninkes come from a borderland between Mali, Mauritania and Senegal. Their presence in France has been studied in terms of labour migration, but not as a cultural and artistic diaspora. My work concentrates on this unnoticed social dimension. The ethnographic survey begins in the standardised rooms of a Parisan shelter for migrant workers. First of all, I study how the shelter’s inhabitants, only men, shape their living space through sound. They live in confined spaces but the music they listen to and the videos they look at on their smartphones refer to a plethora of spaces in the Paris region and in West Africa. To explore these communities, I join a Soninké dance troupe called Xhambane Kaffo (We are all united in the same language) located in Sarcelles, a short drive north of Paris. Following the dancers and the musicians of this troupe, I go to reception halls, to municipal spaces, to theatres where they lead wedding parties, cultural days, association meetings and elections of diaspora queens. The survey moves then to West Africa : first to Dakar and Bakel, Senegal, following the artistic journey of the Xhambane Kaffo’s troupe director ; then to Mauritania, to meet the families of the Parisian migrant workers. Moving from one point to another allowed me to show how these men, categorized as migrants and single, sit within both a transnational and interpersonal social network. My work argues that if some cultural and artistic practices, such as the Soninkés’ diasporic encounters, are categorized as « invisible » in the urban area, it is because they are seen through a sedentary vision of space.
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S'engager pour et dans un autre monde : ethnographie d'une initiative alternative luttant pour une transition sociale, politique et environnementale

Autin, Grégoire 02 1900 (has links)
Dans le cadre de ma thèse, je m’intéresse à Bioma, un collectif engagé dans des pratiques alternatives s’inscrivant dans une stratégie de « transition socio-écologique ». C’est là un collectif qui s’inscrit pleinement dans le mouvement environnemental mais qui en redéfinit en partie les revendications et les perspectives sans s’engager directement dans des actions contestataires. L’objectif de ma thèse est d’analyser précisément comment ces pratiques alternatives se construisent et s’articulent à d’autres actions collectives afin de comprendre de quelle(s) manière(s) l’alternatif participe à un type de changement social. Le modèle porté par l’alternatif, est un modèle de transition – qui se démarque ainsi des perspectives réformatrices et révolutionnaires de changement social. Cependant, le thème de la transition reste largement débattu, notamment concernant son contenu, sa forme, ses objectifs et sa potentielle radicalité. En étudiant précisément les tensions, contraintes et ambivalences qui sont vécues par Bioma, je reconstruis à la fois ce que peuvent être des pratiques alternatives, dans leur matérialité empirique, mais aussi la manière dont elles s’inscrivent dans un modèle spécifique de changement social par transition. L’alternatif est un type d’action qui, bien que s’inscrivant principalement dans un mouvement social – ici le mouvement environnemental –, soutient, participe et s’articule fortement à d’autres mouvements sociaux. En ce sens, il ne faut pas comprendre les stratégies et modèles de changements sociaux de manière exclusive : bien qu’inscrit avant tout dans une perspective de transition, l’alternatif participe ici en même temps à des stratégies plus contestataires d’un côté et à certaines stratégies institutionnelles de l’autre. Dans l’ordre de l’alternatif lui-même, les membres de Bioma expérimentent et préfigurent des pratiques matérielles et relationnelles qui visent à transformer les subjectivités des individus. Ces pratiques internes se déploient et sont projetées dans les relations dans lesquelles le collectif s’engage et participent ainsi à une diversification des modes – possibles comme réels – d’existence et d’engagement. Ces pratiques alternatives prennent place et construisent des espaces particuliers qui participent à une lutte d’occupation de l’espace. Finalement, la transition que Bioma propose est de type « ontologique »~: il s’agit de construire un « monde », différent bien qu’imbriqué dans le monde dominant. L’ensemble de ma thèse montre la manière dont ce monde, imparfait et toujours incomplet, est construit, expérimenté et engendre en même temps nombre de tensions et d’ambivalences que les membres de Bioma vivent au quotidien. Ma thèse s’appuie sur un terrain ethnographique de trois ans avec Bioma, un collectif engagé dans l’agriculture urbaine et la permaculture. Lors de ces trois années, je me suis engagé dans le collectif et j’ai participé à l’ensemble des activités et pratiques du groupe, j’ai effectué des entretiens, mené des conversations informelles et récolté et analysé l’ensemble des documents présents et produits par Bioma. C’est en tant que chercheur engagé que j’ai mené cette recherche. / In my thesis, I investigate Bioma, a self-managed collective involved in alternative practices that are part of a "socio-ecological transition" strategy within the environmental movement. Without engaging directly in contentious actions, Bioma contributes to a redefinition of the environmental movement's demands and perspectives. The aim of my thesis is to analyze precisely the ways alternative practices are constructed and articulated with other collective actions. This allows me to better understand how alternative initiatives can participate in a certain type of social change. Alternative practices carry a model of social transformation by transition. Thus, it is different from other perspectives of social change such as revolutionary or reformist ones. Transition, as a model of social transformation, is a highly debated topic. Its content, form, objectives and potential radicality are all subjected to controversies. By studying the tensions, constraints and ambivalences that are experienced by Bioma's activists, I explore what real alternative practices may be, in their empirical materiality, but also the ways in which they are involved in a specific model of social change by transition. In addition to being part of a main social movement, alternative practices usually support, participate and are articulated with other types of social movements. Hence, we shouldn't understand the strategies and models of social change in an exclusive manner. Alternative practices carry a perspective of transition while also participating in both contentious strategies and more institutional ones. The members of Bioma are experimenting and prefiguring material and relational practices that aim at transforming individuals' subjectivity. These internal practices unfold and are projected in the relationships that Bioma create. Therefore, this group participates to the diversification of possible and actually existing modes of existence and commitment. Through these alternative practices, Bioma builds specific spaces that are part of a spatial struggle. The type of transition for which Bioma fights is "ontological" as it aims at creating a "world" different from the dominant world, even though it is interwoven within it. My thesis shows how this always imperfect and unfinished alternative world is built and experimented. Through this analysis, we see how this world generates a number of tensions and ambivalences that the activists of Bioma live daily. My analysis draws from a three-year long ethnographic fieldwork during which I was immersed in projects of urban agriculture and permaculture. During this time, I became part of the group and I participated in every collective activities and practices. I also conducted interviews, had in-depth informal conversations and collected and analyzed the documents that were present in my fieldwork. For the whole of my fieldwork, my research posture was one of a militant ethnographer.
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La marque Apple comme ressource dans la construction de l'identité familiale : une approche auto-ethnographique / The Apple brand as a resource to construct family identity : an autoethnographic approach

Billon, Dominique 09 January 2017 (has links)
La recherche se situe dans le courant de la Consumer Culture Theory dans la lignée de travaux récents visant à comprendre les relations collectives à une marque. La marque n’est plus pensée comme une « chose » fabriquée exclusivement par l’entreprise, mais comme un processus dans lequel sont impliqués de multiples acteurs échappant souvent au contrôle de l’entreprise. La thèse investigue comment la marque s’insère et est insérée dans les réseaux de relations, les pratiques et les représentations des consommateurs au sein de leur famille sur trois générations. La méthodologie est basée sur l’auto-ethnographie, une méthode rarement utilisée dans la recherche sur la marque. Le dispositif déployé permet une compréhension fine des interactions et stratégies des personnes, grâce à la prise en compte du temps long (trente ans) et à la multivocalité. La thèse étend le concept de « cultural branding » au niveau de la famille, en introduisant le concept de « réseau familial de marque » qui rend compte de la façon dont familles et marques s’imbriquent dans notre société. En décrivant une réalité différente des principes de gestion de la marque dans lesquels l’entreprise est supposée influencer un consommateur isolé, la thèse renouvelle les approches conventionnelles de la relation marque-consommateur et complète les approches communautaires de la marque. / This thesis is situated in the research stream called Consumer Culture Theory (CCT), in line with recent research trying to understand the collective relationships to a brand. The brand is no more understood as a “thing” created by a company (brand as a name), but as a process (branding as a verb) in which many participants play different roles, frequently outside the control of the company. The thesis investigates how the brand becomes embedded in the networks of relationships, practices and discourses within a family through three generations. The methodology is based on an autoethnography, a method rarely used in consumer and branding research. This approach enables a deep understanding of the interactions and strategies of people, taking a long-term perspective (thirty years) and considering the multivocality. This thesis is an extension of cultural branding at the family level, by introducing the concept of « brand family network », which reports how families and brands are embedded in our society. The thesis describes a reality different from the traditional principles of brand management, based on the idea that the company is supposed to influence a single consumer. By doing so, it extends the understanding of consumer-brand relationships, and complement the approach of the brand communities.
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Le jeu et la créativité au coeur du patrimoine : étude anthropologique des processus de patrimonialisation de la cerise à Itxassou (Pays basque) et à Sefrou (Maroc) / Playing and creativity at the heart of heritage : anthropological study of cherry heritagization processes in Itxassou (Basque country) and Sefrou (Morocco)

Briand, Anne-Laure 11 December 2018 (has links)
Au cœur des terrains d’Itxassou (Pays basque) et de Sefrou (Maroc), une nouvelle méthodologie de collecte de matériaux a été appliquée afin d’étudier et de comparer les processus de patrimonialisation à l’œuvre autour de la cerise et de ses corollaires dont les fêtes des cerises. Cette nouvelle approche méthodologique anthropologique a été développée depuis le concept d’aire transitionnelle du psychanalyste anglais Donald Woods Winnicott, l’un des fondements majeurs de ma profession d’ergothérapeute. La créativité et le jeu sont au centre de cette approche. Cette ethnographie clinique et transitionnelle a été déployée auprès d’enfants et d’adultes et a permis d’augmenter la collecte d’objets sur les terrains. Egalement, la théorie de la transitionnalité de Winnicott a aidé à distinguer différents états du patrimoine : l’objet, le patrimoine intime, le patrimoine collectif, le patrimoine et le patrimoine total. Cette théorie conjuguée à la théorie des systèmes et dans le sillage de l’anthropologue américain Gregory Bateson a permis l’élaboration d’un schéma de systémique patrimoniale. La créativité est à la fois l’énergie du sous-schéma de la transitionnalité et à la fois, l’énergie du schéma de la systémique patrimoniale. Par ailleurs, j'ai étudié les principaux blocages aux processus de patrimonialisation -les double bind- en mobilisant ensemble les travaux de quatre chercheurs pluridisciplinaires : Winnicott, Simmel, Bateson et Watzlawick. Trois double bind et leurs stratégies de dépassements issus des terrains ont ainsi été analysés. Bien que les sorties de double bind dépendent de chaque système, la similitude réside dans l'utilisation obligatoire de la créativité. / At the heart of the fields of Itxassou in the Basque country and Sefrou in Morocco, a new methodology to collect materials has been applied in order to study and compare the heritagization processes working in around cherries and the related events like cherry festivals. This new anthropological approach has been developed using the concept of transitional area due to the English psychoanalyst Donald D. Woods Winnicott, which is a fundamental concept of occupational therapy. Creativity and playing are at the core of this approach that we call clinical and transitional ethnography. It has been tested among children and adults and has allowed us to significantly improve the number of objects obtained during the field data collection. The transitional theory of Winnicott leaded us to distinguish and define different form of heritage : the object, the personal heritage, the collective heritage, the heritage and finally the total heritage. In the wake of the American anthropologist Gregory Bateson, the transitional theory together with systems theory allow us to define a systemic heritage scheme. Creativity is both the energy of the transitional sub-scheme and those of the systemic heritage scheme. We have also studied the main obstructions to the heritagization process, the so-called double bind, using previous works of four multidisciplinary researchers : Winnicott, Simmel, Bateson and Watzlawick. In particular, three double bind are defined and their exceeding strategies coming from the fields under investigation are analyzed. Although the outcomes of the double bind depends on each system, similarities can be found in the mandatory use of creativity.
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Le travail du care : entre engagement et distanciation. La relation entre professionnels et résidents au sein des unités Alzheimer / The ethics of care between commitment and detachment. The relation between professionals and residents in Alzheimer's Special Care Units

Farhat, Mounir 04 December 2017 (has links)
Depuis le début des années 2000 se développe une littérature enjoignant les professionnels au contact des malades d'Alzheimer à "personnaliser" leur prise en charge. Derrière ce terme se cache en réalité une véritable injonction à l'humanisation dans le cadre d'une relation où cette dimension semble faire défaut. Ce qui est demandé au personnel médical et paramédical, c'est un engagement véritable et authentique auprès de cette population. Ce qui est visé, c'est un contrôle des émotions et de leur manifestation.Cette thèse interroge la mise en pratique de la "personnalisation" au sein des unités Alzheimer en EHPAD. S'appuyant sur une démarche qui s'inspire des enquêtes interactionnistes, cette recherche montre non seulement la banalité de l'"engagement" dans ce type d'univers, mais également la complexité de sa mise en oeuvre.Dans la perspective des études sur le care, un travail souterrain, qui reste le souvent invisible, consiste à faire en sorte que la vie de l'étage soit possible pour l'ensemble des individus en présence. C'est cette intelligence de la situation qui conduit, d'un côté, à éloigner le risque de la réification et, de l'autre, à prévenir l'épuisement professionnel.Bien loin de la rhétorique de la "bonne distance professionnelle", l'enquête montre que l'activité des soignants s'articule autour d'un subtil dosage entre engagement et distanciation, pour reprendre la proposition d'Elias (1956). Les émotions sont tout à la fois une nécessité dans le cadre de la réalisation des tâches qui incombent aux professionnels, et une source de danger qu'il faut parfois savoir mettre à distance.L'univers des unités Alzheimer est marqué par un poids relativement important de la régulation autonome par rapport à la régulation de contrôle, pour reprendre la terminologie de Reynaud (2004). Les velléités de formalisation achoppent face au caractère fondamentalement insaisissable et local du care. / In France, since early 2000s spreads a literature inviting professionals in contact with people suffering from Alzheimer disease to "personalize" the way they take care of them. This term refers to a humanization that seems to fade away in this particular context. What is asked to medical and paramedical staff, is a true and authentic commitment toward these patients. What is aimed, is a control of emotions and the way they are expressed.This Ph.D explores the way in which "personalization" is practically accomplished in the context of Alzheimer’s Special Care Units. Based on interviews and observations, it shows the banality of "commitment", and also the complexity of it’s execution. From the ethics of care perspective, an invisible work makes life possible for every protagonist living in that kind of environment. This cleverness of the situation drives away the danger of reification, and prevents burnout.Far from the chimerical "professional distance", this field work shows an articulation between commitment and detachment (Elias, 1956). Emotions appears to be a necessity in order to carry out the tasks, but also a danger that requires to be put away. Thus, Alzheimer’s units are characterized by the relative importance of autonomous regulation, in comparison with control regulation (Reynaud, 2004) : formalization process struggle due to the elusive and local nature of the ethics of care.
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Creativity-in-action, Arrangements and Affects in the Creative Industries / La Créativité-en-action : Arrangements et Affects au sein des Industries Créatives

Leclair, Margot 29 September 2017 (has links)
Le constat de départ de cette recherche, souligné par la littérature, est celui du débat permanent au sein des organisations créatives, entre priorités artistiques et créatives d'un côté et intérêts économiques de l'autre côté. Nous interrogeons la manière dont les acteurs créatifs gèrent les contraintes économiques qui les entourent dans ce contexte marqué par la rationalisation. Au travers d'une étude qualitative et approfondie de l'industrie de la mode -entretiens et travail ethnographique, nous avons observé les pratiques quotidiennes des acteurs créatifs du secteur. Premièrement, et au travers du travail de Michel de Certeau, nous révélons ici les différentes tactiques et autres arrangements que ceux-ci développent vis-à-vis des contraintes, une forme d'action qui joue un rôle important dans les organisations créatives. Cette forme d'action, que l'on nomme trouble du créatif, entretient une ambiguïté autour du travail créatif en organisation, nécessaire pour créer. Ensuite, nous révélons les forces socio-matérielles et affectives qui constituent les pratiques créatives de façon intrinsèque, et soulignons le poids de telles forces dans la négociation permanente avec les motifs économiques. Subséquemment, nous proposons le concept de créativité-en-action, une manière à la fois incarnée, matérielle et affective d'agir créatif, au sein des industries créatives. / This PhD departs from the research literature that underlines the on-going debate arising in creative companies, between art/creative priorities on the one hand and economic/business interests on the other hand. We wonder how actors involved into the creative process deal with economic and rationalization constraints. Through an in-depth, qualitative study in fashion industry -interviews and ethnographic work, we investigate empirically the daily practices of creative actors. First, and notably through Michel de Certeau's work, we reveal the various tactics and arrangements that they develop towards such constraints, as a form of action that plays an important role in creative organizations. This form of action we call creative fuzziness maintains a necessary ambiguity around creative work. Second, we underline the socio-material and affective forces that inherently constitute creative practices, and how much such forces weigh in the economic negotiation. We then suggest the concept of creativity-in-action, an embodied-material and affective way of acting creative, within creative industries.
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L’expérience entrepreneuriale d’Européens à Mexico : parcours, quête et positionnement social de migrants « Nord-Sud »

Angrignon-Girouard, Émilie 08 1900 (has links)
Alors que dans les médias, les migrations sont présentées comme le résultat de crises humanitaires, l’expatriation et la mobilité internationale sont dépeintes comme les résultats naturels d’une globalisation qui sert autant aux pays du Sud qu’au pays du Nord. Or, un nombre grandissant d’Européens font le choix de s’installer dans un Sud à long terme, malgré la sécurité supposée offerte par les États « providence » ou de « bien-être » desquels ils proviennent. Dans la littérature universitaire, ces derniers sont souvent identifiés comme des agents reproducteurs des systèmes postcoloniaux ou comme des migrants privilégiés. Dans un contexte où la Commission Européenne s’est donné le mandat, depuis maintenant une quinzaine d’années, de favoriser autant la mobilité internationale que l’entrepreneuriat chez les jeunes, qu’en est-il des jeunes Européens qui s’engagent dans le développement d’un projet entrepreneurial dans un Sud, alors qu’ils sont encore au début de leur carrière professionnelle? Cette recherche vise à décrire l’expérience migratoire et d’entrepreneuriat de jeunes adultes et adultes middle-aged Européens dans la ville de Mexico en particulier. Nous avons effectué une enquête ethnographique d’une durée d’un an et demi situé dans la ville de Mexico qui tient compte des temporalités inhérentes aux processus migratoires et entrepreneuriaux. Les données sont tirées des récits biographiques des participants, de différentes activités d’observation en lien avec leur vie entrepreneuriale et leur condition de migrants « du premier monde », ainsi qu’une expérience de quotidienneté partagée. À travers une lorgnette principalement interactionniste, la thèse présente les caractéristiques des trajectoires de ces entrepreneurs, les quêtes qui sont à la source de la constitution de leur projet entrepreneurial et la place qu’ils occupent socialement dans le contexte de la métropole de Mexico. Nous retenons que les migrations Nord-Sud peuvent aussi impliquées un processus d’incorporation marqué par des ruptures, des difficultés ou de nécessaires négociations identitaires, tout comme les migrations traditionnellement étudiées. Cela dit, leur expérience contient aussi son lot d’aspects connectés aux conceptions divisant les « Nords des Suds » qui sont enracinés dans le contexte local particulier, la ville de Mexico, et qui se révèlent dans l’interaction sociale en présence des homologues mexicains qu’ils rencontrent. / While in the media, migration is presented as the result of humanitarian crises, expatriation and international mobility are portrayed as the natural results of a globalization that serves the countries of the South as much as the countries of the North. However, a growing number of Europeans choose to settle in the South for the long term, despite the supposed security offered by the « welfare » states. In academic literature, the latter are often identified as reproductive agents of postcolonial systems or as privileged migrants. In a context where the European Commission has given itself the mandate, for about fifteen years now, to promote both international mobility and entrepreneurship among young people, what about young Europeans who engage in the development of an entrepreneurial project in a South, while they are still at the beginning of their professional career? This research aims to describe the migration and entrepreneurship experience of young adult and middle-aged adult Europeans in Mexico City in particular. We carried out an ethnographic fieldwork located in Mexico City for a year and a half, aiming to consider the temporalities inherent to migratory and entrepreneurial processes. The data is drawn from the biographical accounts of the participants, from various observation activities related to their entrepreneurial life and their condition as "first world" migrants, as well as a shared daily experience. Through a mainly interactionist lens, the thesis presents the characteristics of the trajectories of these entrepreneurs, the quests that are at the core of the constitution of their entrepreneurial project and the place they occupy socially in the context of the metropolis of Mexico. We retain that North-South migrations can also involve a process of incorporation marked by ruptures, difficulties or necessary identity negotiations, just like the migrations traditionally studied. That said, their experience also contains aspects connected to the conceptions of a world divided between the "North of the South" which are rooted in the particular local context, Mexico City, and which are revealed in the social interaction in the presence of the Mexican counterparts that they meet.
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La racialisation comme constitution de la différence : une ethnographie documentaire de la santé publique aux États-Unis

Cloos, Patrick 04 1900 (has links)
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«Déménager ou rester là»: rapports sociaux inégalitaires dans l’expérience des locataires

Goyer, Renaud 08 1900 (has links)
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