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Entre aspirations et contraintes: analyses du vécu de l'allaitement maternel chez les primipares au prisme des inégalités socialesVallières, Annick 10 1900 (has links)
Cette thèse porte sur les inégalités dans le vécu de l’allaitement maternel. Elle vise à : 1)
étudier où se situent les aspirations prénatales d’allaitement des mères et leurs réalités
postnatales; 2) explorer la manière dont les différences sociales peuvent façonner le vécu
de l’allaitement maternel ; 3) saisir leur articulation.
Dans le cadre de cette recherche, la collecte des données s’est déroulée en quatre volets :
un suivi longitudinal du prénatal au postnatal avec 20 femmes primipares; la tenue de
journaux de bord par les mères ; des entretiens semi-dirigés avec 21 professionnelles de
l’allaitement ; de l’observation lors de cours prénataux et de soutien à l’allaitement.
Comme l’échantillon est composé de mères qui expérimentaient l’allaitement pour la
première fois, les écarts entre l’imaginaire et le réel ont entraîné des désillusions pour la
totalité des participantes, et ce, à différents niveaux : 1) entre les aspirations initiales et les
recommandations de la santé publique (allaitement exclusif jusqu’à six mois et poursuite
jusqu’à deux ans et plus) ; 2) entre les aspirations des mères et les réalités d’allaitement ;
3) entre la conception normée d’un allaitement dit « réussi » selon les recommandations de
la santé publique et cette même conception telle que vécue par les femmes.
Ensemble, le vécu des mères et l’expérience des professionnelles permettent de montrer
qu’en réalité, ce sont les interactions constituant la positionnalité des femmes qui
« contraignent » l’allaitement. Ils contraignent dans les deux sens du terme : pour le limiter
ou au contraire pour le rendre moralement obligatoire. L’analyse du discours des
participantes rend compte du fait que ces contraintes à l’allaitement sont inégalement
distribuées et se basent principalement sur des rapports sociaux de sexe/genre, d’ethnicité,
de classe, d’immigration et de « race ».
Finalement, une tendance émerge parmi les professionnelles de l’allaitement rencontrées,
la majorité estimant qu’elles font varier leurs pratiques en fonction de la clientèle, que cette
différenciation est nécessaire et que d’y arriver est un motif de fierté. Si les catégorisations
ont tendance à exagérer l’homogénéité des groupes et à produire des stéréotypes, elles ont
également des effets concrets sur les services.
Cette thèse permet de mieux comprendre l’ambivalence au cœur de l’expérience de
l’allaitement ainsi que les rapports complexes qu’ont les mères avec les recommandations
de la santé publique, la promotion de l’allaitement et les professionnelles de l’allaitement. / This thesis examines diversity and inequalities in breastfeeding experiences. It seeks to: 1)
understand how mothers’ initial breastfeeding aspirations compare with their post-birth
realities; 2) explore how inequalities related to gender, “race”, class, and immigrant status
influence breastfeeding experiences from the perspective of both mothers and
breastfeeding professionals; and 3) capture how mothers articulate and make sense of their
diverse experiences .
In this study, four data collection techniques were used: longitudinal semi-structured
interviews with 20 first-time mothers conducted when they were pregnant and then
approximately six months after the birth of their child; documentary analysis of maternal
diaries; semi-structured interviews of 21 breastfeeding professionals; and observation
during prenatal classes and breastfeeding support sessions.
As the sample is composed of women attempting breastfeeding for the first time, many
women felt disillusioned by three types of discrepancies they felt between what they
imagined breastfeeding would be and the reality of their experiences: 1) between the initial
aspirations and recommendations of public health and medical literature; 2) between their
own expectations and their lived realities of breastfeeding; and 3) between the standardized
conceptions of successful breastfeeding experiences according to public health
recommendations and the concept of success as experienced by the women. Further, the
data from both mothers and breastfeeding professionals demonstrate that constraints on
breastfeeding are unevenly distributed and founded mainly on social relations such as sex,
gender, ethnicity, class, immigration, and race.
This study also discovered a tendency among breastfeeding professionals to pride
themselves on their ability to differentiate between their clientele on the basis of these
categories. While sometimes appropriate, these classifications tend to exaggerate the
homogeneity of subgroups, relying on and reproducing stereotypes. An important
implication of this is that such practices lead to substantial differences in the services
rendered by these professionals.
Overall, this thesis provides a better understanding of the ambivalence at the center of the
breastfeeding experience and the complex relationships mothers undertake with public
health recommendations, the promotion or encouragement of the act of breastfeeding and
breastfeeding professionals.
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Histoire d’un système judiciaire à plusieurs vitesses : analyse intersectionnelle des procès pour meurtre dans la juridiction de Montréal entre 1700 et 1760Berthelet, Marie-Ève 08 1900 (has links)
Ce mémoire propose d’analyser la portée des dynamiques de pouvoir intersectionnelles – inter et intra sexe, ethnie et catégorie sociale, comprises comme étant des catégories identitaires articulés – au sein de l’appareil judiciaire montréalais du XVIIIe siècle. Pour ce faire, les archives de procès pour meurtre servent de matériau de base, le crime constituant de façon inhérente la prise ultime de pouvoir d’un individu sur un autre, soit celle de lui enlever la vie. L’analyse se concentre d’une part sur les dynamiques de pouvoir entre les individus, en accordant une importance particulière à l’agentivité des principaux acteurs concernés, et d’autre part, sur les dynamiques de pouvoir entre les individus et l’État, soit entre les sujets et leur roi, dispensateur de toute justice. Le meurtre est ici compris comme un acte de pouvoir violent, mais aussi comme une perturbation de l’ordre social que doit rétablir la justice en punissant le coupable. Se posent alors plusieurs questions : est-ce que l’entrecroisement des catégories identitaires du genre, de la race et de la catégorie sociale influence le cours de la justice? Si oui, comment? À l’inverse, la justice est-elle appliquée différemment selon l’intersectionnalité du sexe, de l’ethnie et de la catégorie sociale des prévenus et victimes? C’est ce que nous déterminons en analysant les dynamiques de pouvoir dans les procès judiciaires pour meurtre de la juridiction de Montréal au XVIIIe siècle, d’abord, sous l’angle du genre dans le premier chapitre, puis sous celui des ethnies dans le second chapitre et enfin, sous celui des catégories sociales dans le troisième chapitre. / This thesis analyses the influence of intersectional power dynamics – inter and intra sex, ethnicity and social category, seen as articulated identity categories – within the eighteenth-century Montreal judiciary system. Murder trial archives serve as the basis for this analysis, the crime of murder in and of itself implying the exercise of total power by one person over another, by taking away his or her life. On one hand, the proposed analysis will focus on power dynamics between individuals, according a special attention to the agency of the principal actors. On the other hand, it will focus on power dynamics between the individuals and the State, in other words between subjects and their king, dispenser of justice. The crime of murder of course suggests an act of power, but also implies a disruption of social order, which justice must restore by punishing the guilty party. We then ask: do the identity categories of gender, race and social category influence the course of justice, and if so, how? Inversely, is justice applied differently according to the intersectionality of the suspect or the victim’s sex, ethnicity and social category? We will answer those questions by analyzing power dynamics in the murder trials of the jurisdiction of Montreal in the eighteenth century; first, from the angle of gender in chapter 1, from that of ethnic groups in the second chapter and finally, from that of social categories in the third chapter.
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Réflexions et pistes d’action pour favoriser le soutien par les pairs auprès des personnes LGBTQI+ migrantes : les résultats d’une évaluation communautaire du modèle d’AGIRFuentes-Bernal, Javier 09 1900 (has links)
Les personnes LGBTQI+ migrantes portent plusieurs identités minoritaires et par ce fait, sont plus à risque de subir plusieurs formes de discrimination et d’oppression, tel que l’homo-lesbo-bitransphobie, le racisme, le sexisme et/ou la xénophobie. Bien qu’il y ait un intérêt grandissant à l’échelle internationale dans la recherche auprès des communautés LGBTQI+ migrantes, peu de recherches portent sur les pratiques de soutien par les pairs auprès de cette population. Ma démarche de recherche a été inscrite dans une recherche communautaire plus large menée par Dr. Edward Lee en partenariat avec AGIR (Action LGBTQI+ avec les immigrant·e·s et les réfugié·e·s). AGIR est un organisme communautaire qui soutient les personnes migrantes LGBTQI+ et en particulier les réfugié·e·s et les demandeur·se·s d’asile LGBTQI+ à Montréal. Nous avons mobilisé la théorie intersectionnelle et le modèle du stress minoritaire pour analyser un total de (N=14) entretiens qualitatifs semi-dirigés auprès des membres soutenu·e·s, membres du conseil d’administration, membres de l’équipe de soutien et employé·e·s qui sont actuellement ou ont été historiquement impliqués au sein d'AGIR. Des retombées positives du soutien par les pairs ont été constatées en lien avec la santé mentale et le bien-être, la navigation sociale et les relations sociales. Toutefois, des défis en lien avec l’ambiguïté du rôle du-de la pair·e, le manque de formations et de supervision, le risque de burnout et de trauma vicariant ont été identifiés. Finalement, nous avons formulé neuf recommandations en lien avec les récits des participant·e·s pour favoriser le modèle de soutien par les pair·e·s au sein d’AGIR. / LGBTQI + migrants have multiple minority identities and therefore are more at risk of suffering several forms of discrimination and oppression, such as homo-lesbo-bi-transphobia, racism, sexism and/or xenophobia. Although the interest in research with LGBTQI+ migrant communities is increasing internationally, there are few research projects on peer support practices among this population. My research approach is part of a larger community-based research led by Dr. Edward Lee in partnership with AGIR (Action LGBTQI + with immigrants and refugees). AGIR is a community organization that supports LGBTQI+ migrants and in particular LGBTQI + refugees and asylum seekers in Montreal. We mobilized intersectional theory and the minority stress model to analyze a total of (N = 14) qualitative semi-structured interviews with supported members, board members, support team members and employees currently or historically involved within AGIR. Positive results regarding AGIR’s peer support are related to mental health and well-being, social navigation and social relationships. However, challenges related to the ambiguity of the peer role, the lack of training and supervision, and the risk of burnout and vicarious trauma have been identified. Finally, we suggested nine recommendations in connection with participants’ experiences, to promote the peer support model within AGIR. / Las personas migrantes LGBTQI + portan varias identidades minoritarias y, por lo tanto, corren un mayor riesgo de sufrir diversas formas de discriminación y opresión, como la homo-lesbo-bi-transfobia, el racismo, el sexismo y/o la xenofobia. Aunque existe un creciente interés internacional en la investigación con comunidades LGBTQI+ migrantes, poca investigación se ha centrado en las prácticas de apoyo entre pares en esta población. El presente proyecto de investigación fue parte de una investigación comunitaria más grande dirigida por el Dr. Edward Lee en asociación con AGIR (Acción LGBTQI + con inmigrantes y refugiados). AGIR es una organización comunitaria que apoya a los migrantes LGBTQI + y en particular a los refugiados y solicitantes de asilo LGBTQI+ en Montreal. En este proyecto mobilizamos la teoría interseccional y el modelo de estrés minoritario para analizar un total de (N = 14) entrevistas semiestructuradas cualitativas con miembros usuarixs, miembros del consejo de administración, miembros del equipo de apoyo y empleadxs que están actualmente o han estado involucradxs históricamente en AGIR. Este proyecto a documentado efectos positivos del apoyo entre pares en relación con la salud mental y el bienestar, la navegación social y las relaciones sociales. Sin embargo, se han identificado desafíos relacionados con la ambigüedad del rol de los pares, la falta de capacitación y supervisión, el riesgo de burnout y de trauma indirecto. Finalmente, hicimos nueve recomendaciones relacionadas con las experiencias de los participantes para promover el modelo de apoyo entre pares dentro de AGIR.
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Performances trans, noires et queer dans la musique populaire : approche intersectionnelle et spécificités du contexte brésilienBorges, Juliette 08 1900 (has links)
Ce travail se penche sur les enjeux de représentation de genre au Brésil, en prenant pour objet d’étude les performances d’artistes queer et trans de couleur sur la scène musicale populaire brésilienne. Je me penche d’abord sur la conjoncture sociopolitique du Brésil, marquée par un contexte paradoxal de popularité croissante d’artistes de la communauté LGBTQ+, associée à une vague de violences symboliques et physiques envers ces groupes minorisés. En m’inscrivant dans les études culturelles et visuelles, je mobilise ensuite des théories et concepts sur la performance (Taylor, 2003) et la performativité du genre (Butler, 2006), notamment au sein des études queer (Muñoz, 1999), selon une approche intersectionnelle. Je m’attache également à replacer les discours d'identité et de résistance ainsi que les réflexions épistémologiques dans le contexte brésilien. Sur cette base, j’étudie les performances des artistes Linn da Quebrada, Liniker, Gloria Groove, Quebrada Queer, Jup do Bairro et Majur, à travers une analyse textuelle de quatre vidéoclips qui est ensuite étendue aux performances dans les réseaux médiatiques et sociaux, avec Instagram. En réfléchissant aux différentes significations et aux affects produits par ces performances, ce travail met en exergue le rôle subversif des intimités queer et trans et la manière dont elles participent à la création d’un monde queer (Muñoz, 2009). Ces performances transgressent ainsi les normes basées sur le genre, la sexualité, la race et la classe, participant à un mouvement de lutte intersectionnelle et culturelle au Brésil. Enfin, ce travail ouvre la voie à une réflexion sur les manières dont les médias numériques permettent et relaient les performances subversives. / This study investigates issues of gender representation in Brazil through a study of performances by queer and trans artists of colour associated with the Brazilian popular music scene. I first examine the socio-political context of Brazil, marked by a paradoxical context where the increasing popularity of artists from the LGBTQ+ community corresponds with a wave of symbolic and physical violence towards these marginalized groups. In this study grounded in cultural and visual studies, I engage with theories and concepts of performance (Taylor, 2003) and gender performativity (Butler, 2006), particularly within queer studies (Muñoz, 1999), using an intersectional approach. I also insist on situating discourses of identity and resistance and epistemological reflections in the Brazilian context. On this basis, I study the performances of artists Linn da Quebrada, Liniker, Gloria Groove, Quebrada Queer, Jup do Bairro and Majur, through a textual analysis of four video clips that is then articulated with performances in media and social networks, notably Instagram. Reflecting on the different meanings and affects produced by these performances, this study highlights the subversive role of queer and trans intimacies and how they participate in queer worldmaking (Muñoz, 2009). I argue that these performances transgress norms of gender, sexuality, race and class, participating in a movement of intersectional and cultural struggle in Brazil. Finally, this work concludes with a reflection on how digital media enable and relay subversive performances.
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Les considérations de « race » ou couleur dans le processus de jumelage en adoption Banque mixte : analyse d’un cas de discrimination raciale systémique à l’aube de la théorie critique raciale, de l’intersectionnalité et de l’internormativitéLebrun, Dominique 01 1900 (has links)
Dans le cadre du jumelage d’une famille d’accueil Banque mixte et d’un enfant en situation de compromission, cette famille peut exprimer certaines restrictions, notamment quant aux facteurs ayant une incidence sur l’intensité de la prise en charge (déficiences physiques, mentales, troubles graves du comportement, etc.). Cependant, elle peut aussi émettre une réserve sur la « race » ou couleur de l’enfant, caractéristique sans implication fonctionnelle. Les enfants de couleur sont de ce fait considérés « plus difficiles à placer ». Mon mémoire questionne cette pratique où l’État – en avalisant les restrictions de « race » ou couleur posées par les familles d’accueil Banque mixte qu’il rémunère – crée, dans l’allocation des ressources de santé et de services sociaux, une disparité préjudiciable aux enfants racisés, et ce, sur la base, précisément, de leur « race » ou couleur. / As part of the current pairing process for a foster (potentially adoptive) family and a vulnerable child from the “Banque mixte”, whose security and development are on the line – this foster family may set certain restrictions, notably in relation to factors influencing the intensity of care (physical or mental limitations, behavioural disorders, etc.). However, the adoptive parent(s) can also restrict the offering of their service to « Whites only », limiting their potential care to children who fit their racial requirements, a criterion without any functional impact. Children of colour are therefore considered « more difficult to place ». Our master thesis questions this practice in which the State – by endorsing the racial restrictions issued by the Banque mixte foster family through placement and remuneration – creates in the resource allocation of health and social services a detrimental disparity on the mere basis of “race”.
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Se loger dans un quartier tremplin : trajectoires et stratégies résidentielles des familles immigrantes à Parc-Extension et Saint-Michel, MontréalReiser, Chloé 12 1900 (has links)
Thèse réalisée en cotutelle internationale entre l'Université de Montréal et l'Université de Paris. / Cette recherche de géographie urbaine et sociale porte sur les trajectoires et les stratégies résidentielles des familles immigrantes à Saint-Michel et Parc-Extension, deux inner suburbs d’immigration de Montréal. S’ils sont encore désignés par les chercheur·se·s comme des espaces tremplins, les deux quartiers ne semblent plus favoriser la mobilité sociale et spatiale des nouveaux et nouvelles arrivant·e·s. Alors que la plupart des locataires à faible revenu vivent des situations de logement précaires dans le secteur privé, quelques familles immigrantes parviennent à accéder au secteur social.
Comment expliquer la stabilisation résidentielle des familles immigrantes à Parc-Extension et Saint-Michel et l’accès au logement social d’une minorité au sein de ces quartiers tremplins ? Si l’on a tendance à envisager les familles immigrantes comme des individus multi-déterminés sur le marché du logement, ces dernières sont pourtant capables d’arbitrer. L'idée est de redonner une certaine capacité d’agir aux familles en insistant sur leur intentionnalité dans la recherche et dans les choix successifs de logement, tout en montrant comment ces stratégies résidentielles sont conditionnées par des barrières spécifiques, liées notamment à leur identité immigrante.
À cet effet, j’articule différentes méthodes qualitatives. Menés auprès de 61 familles immigrantes, les entretiens semi- directifs complétés par la démarche de photographie participative constituent le socle de l'analyse. Si j’utilise les extraits d’entretien et les photos pour comprendre la complexité des arbitrages résidentiels et du processus de recherche de logement, le travail systématique d’encodage des entretiens me permet de reconstituer les trajectoires des ménages sur le temps long depuis leur arrivée à Montréal. La trentaine d'entretiens semi-directifs menés auprès des bailleurs sociaux, des élu·e·s et des urbanistes, ainsi que l'observation participante conduite comme bénévole au sein d'un organisme communautaire dans chacun des quartiers apportent un point de vue extérieur sur les structures qui s'imposent aux familles.
Loin de faire leurs choix simplement en fonction de leur identité immigrante, la plupart des familles élisent leur logement et leur quartier en tant que parents, les enfants étant placés au cœur des stratégies résidentielles. Cependant, la structure de l’offre résidentielle, les problèmes de diffusion de l’information ou encore les discriminations des propriétaires et des institutions provoquent un tri social où les ménages immigrants les plus insérés parviennent à obtenir des logements abordables de bonne qualité, tandis que les familles les plus vulnérables sur le plan économique, social et culturel sont reléguées au parc social de fait. Les transformations en cours dans les deux quartiers viennent affecter les projets des familles interrogées et renforcer leur précarité résidentielle. Alors que j’interroge le maintien à terme de la fonction tremplin à Saint-Michel et Parc-Extension, les organismes de défense des droits des locataires s’organisent pour tenter de combler l’inaction des pouvoirs publics.
En adoptant une position théorique et méthodologique intermédiaire au sein des études sur les trajectoires résidentielles, cette thèse propose d’ouvrir de nouvelles perspectives de recherche sur les recompositions urbaines et les mobilités résidentielles à l'œuvre dans les quartiers tremplins des grandes métropoles canadiennes. / This research in urban and social geography investigates the residential trajectories and strategies of immigrant families in Saint-Michel and Parc-Extension, two inner suburbs of immigration in Montreal. While researchers still refer to them as transitional spaces, these two neighborhoods no longer seem to foster the social and spatial mobility of newcomers. Whereas most low-income tenants live in precarious housing situations in the private sector, a handful of immigrant families manage to access the social sector.
How can we explain the residential stabilization of immigrant families in Parc-Extension and Saint-Michel and the access to social housing of a minority within these transitional neighborhoods? If there is a tendency to view immigrant families as multi-determined individuals in the housing market, they are still capable of decision-making. The idea is to give back a certain ability to act to families by insisting on the intentionality in their search and successive housing choices, while showing how these residential strategies are affected by specific barriers, notably related to their immigrant identity.
To do so, I combine several qualitative survey techniques. Semi-directive interviews and a participatory photography project with 61 immigrant families form the basis of this analysis. If I use the interview transcripts and the photographs to understand the complexity of the residential choices and the housing search process, the systematic work of encoding the interviews helps me to reconstruct the long-term trajectories of the households since their arrival in Montreal. The thirty or so semi-directive interviews conducted with social landlords, elected officials and urban planners, as well as the participant observation carried out as a volunteer within a community organization in each neighborhood, provide an outside perspective on the structures which prevail over these immigrant families.
Far from simply making choices on the basis of their immigrant identity, most families select their homes and neighborhoods as parents, the children being at the heart of their residential strategies. However, the structure of the housing supply, information dissemination issues or discriminatory practices by landlords and institutions lead to a social stratification in which the most integrated immigrant households manage to obtain good quality and affordable accommodation, while the most economically, socially and culturally vulnerable families are relegated to the de facto social stock. The ongoing changes in the two neighborhoods affect the projects of the interviewed families and increase their residential insecurity. While I am questioning the long-term continuation of the gateway function in Saint-Michel and Parc-Extension, tenant rights organizations try to compensate for the inaction of public authorities.
With a theoretical and methodological intermediate position within studies on residential trajectories, this thesis aims to open up new research perspectives on urban restructuring and residential mobility at work in the transitional neighborhoods of major Canadian cities.
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Resisting from within : Analysis of intersectional narratives in the "burkini" case in FranceDenoeud, Anne-Lise January 2023 (has links)
Since summer 2016 France has experienced several episodes of “moral panic” about a three-pieces swimsuit worn by Muslim women, the “burkini”, whether on the occasion of attempts to ban it from beaches, or on the opposite to allow it in the swimming pools. These Islamophobic expressions are part of a French history of shaping the figure of “Muslim women”, controlling their bodies through their clothing, from “veil” to “burkini”, and silencing them. The present qualitative case study is grounded on the critical discourse analysis of external communication (website and social media) of 2 organizations that give voice to people identifying as both women and Muslims, adopting an intersectional approach. I was interested in the expression of their lived experiences on behalf of the group of “Muslim women”. I tried to answer the following research question: how these organizations that address intersectionality resist both the racial assignment of Muslim women, and the dominant discourse on the “burkini”? The analysis allowed me to explore two contributions of these organizations: the way in which they express resistance to the “white gaze”, which assigns them racially and gender-wise, and the way in which they express an alternative truth to this assignment, revealing who they are independently of this “white gaze”.
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Existences entre-deux : s’imaginer un futur au-delà de la binarité. Une exploration de l’identité queer, de la langue et de la liminalité. / States of In-Between: Imagining a Future Beyond Binaries. An Exploration of Queerness, Language, and Liminality.Gauthier, Elyse 16 November 2023 (has links)
This research project explores two particular approaches to playwriting, autofiction and collective creation, in order to examine how the dramaturgical process can be “queered” through combining methods of creation in unconventional ways. The thematic content of the resulting theatrical text focuses on the intersection of queer/trans identities and bilingualism, specifically through a Franco-Canadian lens, as well as the notions of utopias and futurities in queer contexts. By employing these two methodologies simultaneously and blurring the lines between the individual and the collective, the texts developed through group writing sessions explore the inherent liminality of queer/trans bilingual identities, both in time and in space. To be queer, non-binary and bilingual is to embody duality, disrupt binaries, and exist in grey areas; this same liminal space is central to my exercise both in process and in content. Thus, the object of this study is queer dramaturgy itself, or in other words, the process of writing “queerly,” not just about queerness. The combination of methodologies transgresses the boundaries of the conventional dramaturgical process and aligns itself with queer Practice as Research theories, proposing approaches to playwriting that “are set against the dominant modes of representation and are shaped through forms that are on the fringe and boundaries of disciplines” (Campbell and Farrier, Queer Dramaturgies, p. 7). This project also investigates what trans and non-binary identity means within Franco-Canadian communities, and the relationship between language and gender identity. Furthermore, notions of queer temporality play an important role in the project, given the complex and often conflicting investments that both queer and Franco-Canadian communities have in history and futurity. Through an analysis of Mani Soleymanlou’s works Un. Deux. Trois. and 2042 as case studies of autofictional theatre, collective creation, and utopian performance, as well as the results from a series of writing sessions conducted with multilingual non-binary and trans participants, this research project aims to shed light on these fascinating intersections of identity and process that have thus far rarely been explored. /// Ce projet de recherche explore deux approches dramaturgiques distinctes, soit l'autofiction et la création collective, afin d'examiner comment le processus dramaturgique peut devenir « queer » en combinant des méthodes de création de manière non conventionnelle. Le contenu thématique du texte théâtral qui en résulte se concentre sur l'intersection des identités queer/trans et du bilinguisme, tout particulièrement dans une perspective franco-canadienne, ainsi que sur les notions d’utopies et de futurs possibles dans des contextes queers. En employant ces deux méthodologies simultanément et en brouillant les lignes entre l'individu et le collectif, les textes développés lors des sessions d'écriture de groupe explorent la liminalité inhérente aux identités bilingues queer/trans, à la fois dans le temps et dans l'espace. Être queer, non-binaire et bilingue, c'est incarner la dualité, remettre en question la binarité et exister dans des zones grises. C’est justement cet espace liminal qui est au cœur de mon projet de recherche, à la fois dans le processus et dans le contenu. Ainsi, l'objet de cette étude est la dramaturgie queer comme telle, ou, en d'autres mots, comment on peut créer d’une manière « queer » en plus d’écrire sur un propos queer. La combinaison des méthodologies transgresse les frontières du processus dramaturgique conventionnel et s'aligne sur les théories de la recherche-création queer (Queer Practice as Research), proposant des approches à la dramaturgie « set against the dominant modes of representation and are shaped through forms that are on the fringe and boundaries of disciplines » (Campbell et Farrier, Queer Dramaturgies, p. 7). Ce projet examine également les notions d'identité trans et non-binaire au sein des communautés franco-canadiennes, ainsi que la relation entre la langue et l'identité de genre. De plus, les notions de temporalité queer jouent un rôle important dans le projet, étant donné les investissements complexes et souvent conflictuels que les communautés queer et franco-canadiennes ont par rapport à l'histoire et à l’avenir. À travers une analyse d’œuvres mises en scène par Mani Soleymanlou (Un. Deux. Trois. et 2042) comme études de cas de théâtre autofictionnel, de création collective et de performance utopique, ainsi que les résultats d'une série de séances d'écriture menées avec des participant∙e∙s plurilingues non-binaires et trans, ce projet de recherche vise à mettre en lumière ces intersections fascinantes de l'identité et des processus créatifs qui ont jusqu'à présent été rarement explorées.
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Des résistances exercées dans les interstices : expériences, stratégies et logiques d’action des mères qui consomment des drogues dans leurs rapports avec les services de protection de la jeunesseBell, Sarah 09 1900 (has links)
Il existe peu de recherches, surtout en francophonie, qui portent une attention au point de vue des parents qui consomment des drogues sur leurs expériences personnelles en lien avec la prise en charge de leurs enfants par les services de protection de la jeunesse. Cette étude cherche à contribuer à la connaissance en la matière, en donnant une voix aux mères qui consomment des drogues illicites, des voix essentielles pour le développement et la bonification des services de soutien qui leur sont destinés. Ancrée dans deux cadres théoriques, la théorie de la reconnaissance et la théorie de l’intersectionnalité, cette recherche se focalise sur l’expérience, les stratégies et les logiques d’action des mères qui consomment des drogues illicites ayant des enfants pris en charge par les services de protection de la jeunesse.
S’inscrivant dans une méthodologie qualitative et phénémonologique, neuf entretiens ont été menés avec des mères en s’inspirant de l’outil du récit de vie de Bertaux (2006). L’analyse des récits permet de faire émerger trois types de logiques d’action mises en place par les mères dans leur recherche de reconnaissance avec les services de protection de la jeunesse au Québec : une logique d’action d’indignation, une logique d’action de collaboration et une logique d’action de distanciation. Les résultats mettent en lumière l’articulation entre les expériences et les rapports que vivent ces mères avec la protection de la jeunesse et les stratégies qu’elles adoptent pour préserver leur dignité. Elle souligne l’importance des expériences de reconnaissance et de mépris dans la construction de leurs logiques d’action. Les récits des mères rencontrées et les résultats de cette recherche témoignent de l’impact que le mépris peut avoir sur leurs vies et de la grande nécessité de penser et d’agir à travers le prisme de la reconnaissance. Sur la base de ces résultats, quatre recommandations d’approches d’intervention sont évoquées comme étant prometteuses pour le renforcement de la reconnaissance et du pouvoir d’agir des mères qui consomment des drogues illicites. / There is little research, especially in the French language, that pays attention to the point of view of parents who use drugs and their personal experiences in relation to Child Protection Services (CPS). This study seeks to contribute to knowledge in this area, by giving a voice to mothers who use illicit drugs. These voices are essential for the development and improvement of the support services intended for these mothers and their children. Anchored in two theoretical frameworks, the theory of recognition and the theory of intersectionality, this research focuses on the experience, strategies, and logics of action of mothers who use illicit drugs with children taken into care by CPS.
As part of a qualitative and phenemonological methodology, nine interviews, based on the life story tool of Bertaux (2006), were conducted with mothers who use illicit drugs. The analysis of these accounts reveals three types of logics of action put in place by mothers in their search for recognition with the youth protection services: a logic of indignation, a logic of collaboration and a logic of distancing. The results highlight the articulation between the experiences and relationships these mothers have with CPS and the strategies they adopt to preserve their dignity. It underlines the importance of experiences of recognition and contempt in the construction of their logics of action. The stories of these mothers and the results of this research testify to the impact that contempt can have on their lives and the great need to think and act through the prism of recognition. Based on these findings, four recommendations for intervention are invoked as being promising for strengthening recognition and empowerment of mothers who use illicit drugs.
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Savoir d’où l’on vient : connexions entre les savoirs expérientiels des étudiant.e.s au deuxième cycle en travail social et leur expérience de formation pratiqueChouinard, Pier-Luc 05 1900 (has links)
Les savoirs expérientiels représentent des connaissances issues de l’expérience. Il s’agit d’une source de savoir controversée pour les intervenant.e.s en travail social, bien que de plus en plus considérée pertinente. Toutefois, leurs impacts sur le cheminement académique des futur.e.s travailleuses sociales et travailleurs sociaux (T.S.) demeurent méconnus. Ce projet de mémoire vise donc à explorer les connexions entre les savoirs expérientiels des étudiant.e.s et leur parcours de formation pratique. Toutes les personnes rencontrées étudient ou étudiaient au programme de deuxième cycle en travail social de l’Université de Montréal (UdeM). Ce projet s’inscrit au cœur de la vaste recherche « Dans quelle mesure la maîtrise en travail social peut promouvoir les apprentissages transformationnels : possibilités et limites » menée par Edward Ou Jin Lee à Montréal. Nous avons conduit des entretiens qualitatifs semi-dirigés, deux (2) de groupe et quatre (4) individuels, pour un échantillon final de treize (13) personnes. Un cadre théorique anti-oppressif et l’analyse thématique de Braun et Clarke ont guidé l’analyse. Trois thématiques principales ont été identifiées lors de cette recherche : (1) le profil sociodémographique largement privilégié des étudiant.e.s en travail social ; (2) la nature complexe, identitaire, intersectionnelle et interrelationnelle de leurs savoirs expérientiels ; (3) leurs perceptions critiques de la formation pratique, notamment sur les enjeux d’adéquation entre le programme et le terrain, l’importance d’offrir des espaces d’échange entre étudiant.e.s et la place de la justice sociale dans la formation. Ces perceptions s’appuient fortement sur les savoirs expérientiels des participant.e.s, particulièrement ceux liés à une expérience professionnelle d’intervention. / Experiential knowledge is knowledge derived from experience. Although a perceived controversial source of knowledge, it is increasingly considered relevant in the field of social work. However, its impact on the education of future social workers remains largely unknown. Thus, this project aims to explore the connexions between the students' experiential knowledge and their field education journey. All the people interviewed are or were graduate students in the social work program at the Université de Montréal (UdeM). This project is part of the larger research project " Social work graduate field education: exploring the potential for transformative learning and institutional change " conducted by Edward Ou Jin Lee at UdeM. We conducted semi-structured qualitative interviews, two (2) focus groups and four (4) individual interviews, resulting in a final sample of thirteen (13) participants. An anti-oppressive theoretical framework and Braun and Clarke’s thematic analysis guided the analysis. Three main themes were identified during this research: (1) the largely privileged socio-demographic profile of social work students, (2) the complex influence of identity, along with the intersectional and interrelational nature of their experiential knowledge, and, (3) their critical perceptions of field education, especially on the issues of the inadequacy between the program and the field, the importance to provide spaces for informational exchange between students, and the place of social justice within the graduate program. These perceptions are strongly based on the experiential knowledge of the students, particularly experiences related to professional intervention.
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