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L'incertitude du sujet dans un contexte de désenchantement du monde : Émile Cioran, figure-type de l'homme désemparéBoilard, Francis 05 1900 (has links) (PDF)
Ce mémoire propose une lecture sociologique de l'oeuvre de maturité d'Émile Cioran (1911-1995), qui s'entame avec son Précis de décomposition (1949) et se termine avec Aveux et Anathèmes (1987). Mon objectif est double. D'une part, je veux brosser un portrait du monde dans lequel un écrivain comme Cioran a pu émerger, après la Deuxième Guerre mondiale et non avant, en Occident et non ailleurs. Et partant de l'idée que Cioran est façonné par un monde qui l'influence, j'en fais aussi un révélateur de notre culture. Comme cette culture est la nôtre, j'estime que nous pencher sur Cioran peut nous aider à réfléchir sur nous-mêmes.
Afin de faire la sociologie de Cioran, j'ai construit un cadre théorique qui s'appuie sur les travaux de Marcel Gauchet, de même que sur des sociologues classiques dont Max Weber, Georg Simmel et Émile Durkheim. Avec ces auteurs, j'aborde des concepts tels que la crise des idéologies dans un monde désenchanté, la perte de liberté et la perte de sens, la crise de la culture... De même, je traite de la montée de l'individualisme, de la fragilisation du croire, du cynisme et du blasement contemporain et pour finir, du suicide.
Ce cadre étant posé, je le reprends pour analyser le « personnage Cioran », que je prends soin de distinguer de l'homme réel. Puisant dans l'héritage de la sociologie compréhensive, j'aborde Cioran par une approche idéaltypique : je sélectionne des fragments de son oeuvre pour construire une figure-type de l'« homme désemparé ». Ma thèse est la suivante: en tant que sujet, Cioran est profondément déchiré, dans ce qu'il est et dans ce qu'il veut.
La division de Cioran prend forme de tensions, d'oscillations, de conflits et de contradictions (que je dissèque dans ma partie analytique). Mon analyse de Cioran gravite autour des thèmes suivants: le temps, le savoir, l'action, les autres, la solitude, le suicide et le renoncement. J'en arrive à cette conclusion: Cioran ne sait pas ce qu'il veut car il ne sait pas qui il est. Et s'il ne sait pas qui il est, c'est parce qu'il vit dans une époque qui a fait de lui un « sujet ».
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Cioran, désenchantement, modernité, culture, cynisme, désespoir, suicide
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La poétique dissonante de La divine comédie : Dante plagiaire de Baudelaire?Belleau, Olivier 08 1900 (has links) (PDF)
Dans L'écriture et l'expérience des limites, Philippe Sollers affirme que Dante représente à la fois le symbole de la reprise de l'antiquité et celui de l'annonce des temps modernes. Outre Sollers, d'autres interprétations historiques comme celle de Jacqueline Risset dans Dante écrivain ont montré que La divine comédie présentait de nombreux avatars quant à ses sources antiques, sa position dans le temps et son influence sur la littérature qui lui succède. Ce mémoire a pour but d'approfondir cette hypothèse en étudiant la nature, le sens et les enjeux de la relation problématique entre Dante et le temps, car elle anticipe selon moi la conception baudelairienne de la modernité, où il s'agit de « tirer l'éternel du transitoire ». Avec La divine comédie, Dante aurait, cinq siècles avant son invention, compris le sens baudelairien du terme « modernité » en exprimant, à la manière de l'auteur des Fleurs du Mal, la beauté qui émane de l'horreur, le sublime camouflé dans « la flore délaissée du Mal et de la Mort » (Claude Roy). Évidemment, il ne s'agit pas de faire le procès de Dante en prouvant qu'il a plagié le « kiosque bizarre » de Baudelaire, mais plutôt, de se soustraire aux obstacles factuels de la linéarité temporelle, le temps d'étudier la Comédie à partir d'une perspective plus moderne. Dans ce mémoire, il s'agit conséquemment de repenser l'œuvre poétique de Dante et son rapport au temps à partir de l'idée de « plagiat par anticipation » élaborée par Pierre Bayard, avec laquelle il est possible d'envisager la littérature comme un réseau qui ne fonctionnerait pas à partir d'une logique causale ou linéaire, mais qui serait plutôt constitué d'un enchevêtrement omnidirectionnel de liens. Du coup, il est possible de penser que Dante a plagié Baudelaire. Et la clé de ce délit se trouve dans le désir qu'a Baudelaire de faire renaître « l'âge d'or » de la poésie dans ses Fleurs du Mal, car pour y arriver, il effectue un saut dans le passé afin de pouvoir s'inspirer des grands poètes de l'antiquité. Mais en agissant de la sorte, Baudelaire s'expose au plagiat par anticipation. Pour écrire la Comédie, Dante retourne vers ce même passé idéalisé et à partir de cette « rencontre » entre les deux poètes, Dante est en mesure d'anticiper les motifs constitutifs de la modernité baudelairienne. Bref, si le plagiat de Dante sur Baudelaire est possible, c'est parce que les deux poètes ont visité les mêmes sources pour créer leurs œuvres respectives. Et si un tel voyage dans le temps est concevable, c'est parce que la Comédie et Les Fleurs du Mal présentent une conception du temps circulaire plutôt que linéaire.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Dante, Baudelaire, modernité poétique, plagiat, temps.
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Conjonctures, discours et structures de la globalisation : ruptures et continuités : autour de quatre modèles de découpage et d'analyse du monde de l'après-guerre froideKhriji, Tesnim January 2009 (has links) (PDF)
La globalisation n'a pas cessé de susciter des débats au sein de toutes les disciplines des sciences sociales. Ces débats touchent à la nature des transformations que les sociétés contemporaines sont en train de vivre sous le signe de cette globalisation. De même, ils expriment des interrogations et des réflexions sur le sens de l'ordre mais aussi des désordres du monde de l'après-guerre froide. La présente thèse tente de contribuer à ces débats et réflexions en se situant dans la tradition de la sociologie critique. Une sociologie critique se doit de dégager le sens d'une époque (télos) ou son principe d'organisation pour être en mesure d'éclairer les objets et les enjeux qu'elle analyse. La question de départ de cette thèse est ainsi la suivante: À partir de quel principe d'intelligibilité peut-on saisir le sens des transformations que connaissent les sociétés contemporaines ainsi que celui de l'ordre (ou du désordre) du monde de l'après-guerre froide? Cette première question m'amène à essayer d'appréhender ce sens en dégageant d'abord les discours dominants qui tentent d'en rendre compte. Si une théorie critique se doit de dégager le télos d'une époque pour pouvoir l'analyser, elle doit aussi construire ou définir un idéal-type sociétal qui lui permet d'évaluer les tendances du présent pour mieux le confronter, mais aussi de scander les transformations de son objet d'analyse, c'est-à-dire saisir les continuités et les ruptures dans la trame de son histoire. En traitant de la globalisation, la présente thèse privilégie le point de vue du politique, tel qu'il s'est exprimé dans la modernité, comme idéal-type sociétal ou postulat normatif qui lui sert de critère pour évaluer les tendances du présent, mais aussi pour juger de la validité et de la valeur heuristique des grilles dominantes de son analyse. Elle mobilise dans sa démarche une conception du politique qui en fait non pas une essence, ni un dispositif de contrôle et de domination, ni un vecteur d'influence, mais plutôt un principe d'institution de l'être-ensemble de la société (Hannah Arendt, Jacques Rancière, etc.). Ce principe est au fondement de son autoréflexivité et de son action sur elle-même (Michel Freitag). C'est le sens du politique tel qu'il s'est normativement exprimé au sein de la modenité (chapitre 1). Munie de ce critère normatif, ma thèse examine les discours qui ont affirmé rendre compte de la globalisation et qui sont dominants depuis la fin de la guerre froide. Elle se penche particulièrement sur deux discours dominants sur l'ordre global qui font appel à deux principes différents de découpage et d'explication du monde: l-celui qui en parle comme étant un monde unifié et homogénéisé techno-économiquement et formant tendanciellement « une société-monde », incarnant pour certains la « fin de l'histoire » et réunissant, pour d'autres, les conditions d'un « parachèvement de la modernité » (chapitre Il). 2-celui qui analyse l'ordre global en faisant de la distance culturelle le fondement d'un modèle explicatif du monde qui l'organise en entités incommensurables fermées sur elles-mêmes (ex: les civilisations, les religions), ce qui rend difficile les échanges avec l'extérieur. La logique qui définirait l'ordre global serait l'affrontement ou du conflit qui s'exprimerait en termes civilisationnels-religieux-culturels dans le cadre de la globalisation (ex: thèse du choc des civilisations). Ces deux discours se rattachent à des conjonctures particulières du monde de l'après-guerre froide mais ils sont aussi devenus des paradigmes spontanés pour l'imaginaire globalisé. Ils ont, au-delà de leur opposition apparente, été, notamment, mobilisés comme justification idéologique de la politique globale dans le monde de l'après-guerre froide (Chapitre III). La présente thèse soumet ces deux discours à une critique immanente qui en dégage les énoncés principaux, puis met en lumière leurs fondements théoriques mais aussi leurs présupposés implicites. Ceci lui permet de mieux soumettre ces discours également à une critique normative engagée à partir du critère du politique. Cette critique permet d'affirmer que loin d'éclairer les enjeux impliqués dans les processus de la globalisation néolibérale, les discours dominants et les découpages du monde qu'ils mobilisent ne permettent pas de saisir la complexité sociohistorique de la réalité de l'ordre global, tel qu'il est vécu dans les sociétés contemporaines. Ils occultent la production techno-économique mais aussi politique et idéologique de l'ordre global, qui est nécessairement polarisante, et donc convergent comme modes de forclusion du politique et d'imposition de l'évidence sensible de la légitimité de la domination de cet ordre. Ils ne répondent pas ainsi au besoin qui s'impose d'urgence, pour l'analyse du contexte global, d'une approche théorique offrant une compréhension synthétique des processus de la globalisation. Cette approche devrait permettre d'appréhender le sens de la continuité des structures du capitalisme, des conditions de son existence, mais aussi de ses ruptures, comme l'exigerait une théorie critique. C'est ainsi que le quatrième chapitre de la présente thèse confronte les postulats du discours néolibéral (thèse de la fin de l'histoire, le modèle explicatif de la société-monde, etc.), ainsi que ceux qui fondent la thèse du choc des civilisations (explications culturalistes des conflits, retour de l'État, etc.), aux thèses de la « théorie des systèmes-mondes », qui est fondée sur l'idée de la nature polarisante du capitalisme et qui renouvelle la théorie classique de l'impérialisme. Tout en soulignant la force explicative de cette théorie, cette thèse interroge la valeur heuristique du corpus conceptuel proposé dans le cadre de la perspective des systèmes-mondes. Le cinquième chapitre tente de saisir la spécificité de la globalisation néolibérale à la lumière de la critique phénomonélogico-politique de la globalisation élaborée par Michel freitag. Ce chapitre expose les fondements épistémologiques et théoriques de la théorie freitagienne de la société et de l'action sans laquelle il n'est pas possible de saisir toute la portée de l'évaluation freitagienne des transformations des sociétés contemporaines. La théorisation freitagienne de ces transformations est intégrée dans le cadre de la typologie générale des sociétés établie par Freitag qui est exposée en mettant l'accent sur la compréhension phénoménologico-politique de la globalisation qui y est proposée. Cette compréhension est présentée comme permettant un décryptage du sens des enjeux actuels des sociétés contemporaines ainsi qu'une définition des priorités qui s'imposent à la pensée critique. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Globalisation, Capitalisme, Néolibéralisme, Ordre global, Sociologie critique, Civilisation, Modernité, Postmodernité, Politique, Institution, Domination, Légitimité, Contrôle, Société contemporaine, Société-monde, Système-monde, Discours, Idéologie, Hégémonie, Impérialisme, Développement, Complexité, Espace, Histoire, Structure, Conjoncture, Après-guerre froide, État, Polarisation.
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Paysage et photographie : la question du pittoresqueBelon, Olivier 10 September 2013 (has links) (PDF)
Grand Parc est une série de 62 photographies de paysage prises entre 2008 et 2012 dans un parc de loisirs situé aux portes de Lyon. Les images révèlent un paysage conventionnel, saisi dans un lieu conçu et aménagé en écho à l'urbanisation croissante d'une grande cité. Elles témoignent également d'un paradoxe: comment l'indifférence éprouvée face à un paysage standardisé accompagne-t-elle malgré tout le sentiment d'être encore touché par le visible ? Un aménagement guidé par des impératifs économiques et écologiques peut-il encore nourrir un regard actif modelé par la peinture et la modernité ? Pour prendre la mesure de ces questionnements, cette thèse d'arts plastiques s'empare du pittoresque. La notion est d'abord étudiée dans sa dimension historique de catégorie esthétique dévalorisée pour être ensuite envisagée comme un outil théorique capable de soutenir un mode actif d'investigation visuelle.Confronté à des codes culturels émoussés, le pittoresque est réinvesti dans une perspective critique et invité à soutenir un regard lucide et néanmoins sensible sur une réalité sociale.
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Le bouddhisme dans la société mondiale : circuler en Inde sur les chemins du BouddhaThibeault, François 03 1900 (has links) (PDF)
Les études contemporaines du bouddhisme, plus précisément celles préoccupées par sa modernisation, son occidentalisation et sa mondialisation, proposent un large éventail d'outils conceptuels pour qualifier la spécificité du bouddhisme qui se forme, qui se pratique et dont parlent de plus en plus de gens aujourd'hui. Du point de vue dit « populaire », le bouddhisme est rarement perçu comme une religion et il est plus souvent considéré comme un « art de vivre », une « spiritualité », une « science de l'esprit » ou une « philosophie de vie ». Pourtant, le bouddhisme n'échappe pas à des transformations religieuses que des analyses qualifient à l'aide de concepts comme « traditionalisme », « fondamentalisme », « (post)modernisme », bouddhisme « engagé socialement » et « postbouddhisme ». Les études bouddhiques américano-européennes, tributaires des courants de pensée postcolonialiste et postorientaliste, envisagent désormais leur objet sous l'angle inclusif du pluralisme socioculturel, lequel accorde une place et un rôle importants aux pratiques ainsi qu'aux discours des bouddhistes eux-mêmes. La cimentation au sein des observations d'un modèle des « deux bouddhismes », opposant les bouddhistes « ethniques-asiatiques immigrants » aux bouddhistes « occidentaux-convertis », a renforcé l'idée selon laquelle seuls les premiers sont « ethniques », les seconds échappant virtuellement à une catégorisation ethnique. La distinction ethnique/converti présuppose ainsi une distinction fort problématique du type ethnique/non ethnique. Le modèle fait l'impasse sur les processus religieux actuels, en amont de l'ethnicité, concernant la formation sociale de la religion et des religions, en général, et du bouddhisme, en particulier. L'idée selon laquelle le bouddhisme est une réalité religieuse sur le plan social – idée que certains pratiquants reconnaissent et que d'autres contestent – ne peut être traitée sans faire l'économie d'envisager les (ré)appropriations et les contestations du bouddhisme sous l'angle des processus contemporains de la mondialisation des religions. Parent pauvre des études bouddhiques, la mondialisation est souvent tenue pour admise et n'est que rarement considérée du point de vue de ses dynamiques internes de relativisation et de différenciation. Je soutiens que le bouddhisme constitue un système sociétal fonctionnel au sein du système religieux de la société mondiale. En faisant usage de la théorie des systèmes sociaux développée par le sociologue allemand Niklas Luhmann, je propose ainsi d'observer le bouddhisme non pas à partir d'unités d'analyse comme des types, des identités, des discours, des interprétations ou des intentions, mais en fonction de communications autoréférentielles qui (re)produisent une convergence et une différence bouddhiques dans le social. Au moyen d'observations ethnographiques consignées sur le terrain et grâce à l'analyse qualitative d'entrevues menées auprès de voyageurs étrangers en Inde, le bouddhisme est reconstruit à partir des éléments et des relations qui constituent sa distinction religieuse tant sur le plan interne (la pluralité du bouddhisme) que celui externe (l'unité du bouddhisme par rapport aux autres religions). Par conséquent, ce n'est un bouddhisme ni « mondial » ni « mondialisé » que dépeignent les analyses qui suivent, mais une forme de « mondialité bouddhique » constitutive des processus mêmes de la mondialisation. Les interrelations entre un système bouddhique de la société mondiale et d'autres systèmes fonctionnels contemporains, dont l'économie (capitaliste), les médias de masse et le tourisme (de loisir), sont approfondies pour illustrer de quelles façons le modelage mutuel est caractéristique de la différenciation moderne et mondiale du bouddhisme au sein du social.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : bouddhisme, religion, mondialisation, modernité, théorie des systèmes sociaux, Niklas Luhrnann, sociologie, Inde, tourisme.
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"Tu non devi credere che si possa smettere di cercarla" : utopie et littérature chez Elio Vittorini et Italo Calvino, 1941-1972Fabre, Marie 03 December 2012 (has links) (PDF)
La thèse se propose d'explorer les rapports entre utopie et littérature chez deux auteurs majeurs du XXe siècle italien, Elio Vittorini (1908-1966) et Italo Calvino (1923-1985), prenant en considération un large pan de leurs œuvres et de leur travail d'écrivain. À travers ce parcours, c'est une petite parabole de l'utopisme littéraire dans le second XXe siècle italien que l'on cherche à tracer, en partant des années quarante, où le travail littéraire était fonction d'un engagement politique externe, pour arriver, à travers une série de déconvenues politiques et de transformations sociales, à une tentative de redéfinition des fonctions politiques de la littérature qui nous mène jusqu'aux années soixante-dix. La trentaine d'années parcourue dans cette thèse est en effet riche en évolutions, du détachement des écrivains du Parti communiste, au passage à une nouvelle phase " néocapitaliste " dont l'Italie sort considérablement transformée. Nous nous trouvons donc à l'articulation entre deux périodes, moderne et postmoderne, dans une transition qui correspond aussi à une crise et à une remise en question de l'utopie, à travers les notions de progrès, de perfectibilité, de téléologie et de totalité qui lui étaient liées. Notre recherche cherche à cerner ces évolutions et leurs retombées sur le travail littéraire de nos écrivains - travail d'écriture bien sûr, mais aussi travail critique et théorique sur la définition de la littérature et ses fonctions. Cependant, elle évolue également sur un second plan : celui d'une définition des modèles utopiques en littérature, les œuvres dont nous nous occupons mettant en place, dans leurs rapports plus ou moins lointains au genre utopique, un certain type d'utopisme littéraire. Après une partie d'introduction théorique se concentrant sur les définitions possibles de l'utopie, nous partons donc de Vittorini et de l' " utopisme culturel " des années du Politecnico, revue animée par l'auteur entre 1945 et 1947, chapitre auquel répond l'analyse des œuvres Conversazione in Sicilia (Conversation en Sicile, 1941) et Le città del mondo (Les Villes du monde, 1951-1956). Une longue étude est ensuite consacrée au Menabò, revue dirigée par les deux auteurs entre 1959 et 1966, au cœur d'une crise poétique, politique, épistémologique dont la revue se fait l'écho. Sont parcourues en miroir deux " œuvres de la crise ", Le donne di Messina (Les Femmes de Messine, 1964) de Vittorini et La giornata d'uno scrutatore (La Journée d'un scrutateur, 1963) de Calvino. Une dernière partie se concentre sur le Calvino " utopiste " des années parisiennes, de sa passion pour Fourier à sa formulation de l' " utopia pulviscolare ", une utopie pulvérisée, spatialisée, anti-téléologique, dont les Città invisibili (Les Villes invisibles, 1972) sont la mise en forme littéraire, constituant le point d'arrivée de notre parcours.
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Sport et nationalisme : une perspective québécoise et canadiennePatoine, Tony January 2008 (has links)
Mémoire numérisé par la Division de la gestion de documents et des archives de l'Université de Montréal
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Des paysages impossibles : nature, forme et historicité chez W. Wordsworth et S.T. ColeridgeFolliot, Laurent 11 December 2010 (has links) (PDF)
Souvent perçu comme le poète de la " nature " par excellence, William Wordsworth serait bien plutôt celui qui a donné définitivement congé à une riche tradition descriptive, puisque les évocations du paysage sont chez lui bien plus rares que chez tous ses prédécesseurs du XVIIIe siècle. Le présent travail se propose de prêter attention à cette raréfaction, qu'on peut également voir, sur le plan de l'histoire esthétique, comme le moment d'émergence d 'une modernité abstraite. La poésie wordsworthienne, qui a pour ambition de refonder le langage et les formes poétiques par un retour à l'authenticité de la nature, apparaît indissociablement comme une rupture avec un mode essentiel de la première modernité anglaise, celui des Géorgiques. Elle prend ainsi acte de la crise de la représentation qui affecte l'optimisme du XVIIIe siècle et qui empêche désormais de voir dans le paysage la manifestation d' un ordre providentiel. Le " romantisme " anglais est ce qui surgit au défaut de la cosmologie, pour témoigner d'une fondamentale absence au monde. Cette évolution est ici étudiée en deux temps. On s'attachera d'abord à retracer, dans son détail, la trajectoire de la poésie de jeunesse de Wordsworth et de Coleridge, pour montrer que le moment refondateur de Lyrical Ballads intervient au terme d'un épuisement des formes et de la topique qui garantissaient traditionnellement l'intelligibilité du cosmos. Et l'on abordera ensuite trois moments distincts de la maturité poétique de Wordsworth [1798, 1802, 1807], qui suggèrent que le retour de l'idéologie dans son œuvre répond intimement à l'ébranlement radical dans lequel elle trouve son inspiration.
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Les métamorphoses du modernisme de H.D. à Robert Duncan : vers une poétique de la relationOudart, Clément 28 November 2009 (has links) (PDF)
Cette thèse explore le fonctionnement de la poésie moderniste américaine sous l'angle de la relation. Critiquant la rhétorique de la rupture généralement associée à l'esthétique des avant-gardes modernistes, notre parcours suit la ligne sinueuse de la poétique de la relation de H.D. [1886-1961] à Robert Duncan [1919-1988]. Loin de tracer une trajectoire chronologique entre ces deux points, qui ne sont pas envisagés comme les œuvres-limites d'un nouveau canon, cette étude a pour point central The H.D. Book. La poésie dite de l'après-guerre émerge comme celle d'un perpétuel entre-deux-guerres, et sa postmodernité, comme une illusion. L'analyse montre que le passage du modernisme historique à son avatar métamoderniste s'effectue par la reconfiguration du mode disjonctif en mise en relation. Ligne fuyante du modernisme, la relation Duncan-H.D. est une utopie. C'est pourquoi elle permet sa critique. Celle-ci implique le passage d'une politique individuelle de l'invention [Pound, Eliot...] à une éthique de l'écriture. Cette aventure, fondée sur des échanges poétiques et épistolaires publiés et inédits, passe par Eliot, Pound, Levertov, Olson et Creeley, mais aussi par Mallarmé, Baudelaire, Valéry ou encore Deleuze, Meschonnic et Glissant. Du H.D. Book à Ground Work, comme de Hymen à Trilogy, la philosophie du devenir, qui s'étend de l'héraclitéisme à la relation d'Édouard Glissant, en passant par le flux bergsonien et par l'empirisme radical de Williams James, offre un cadre conceptuel propre à rendre compte de l'écriture comme processus, de l'espace poétique comme champ de composition, du texte comme système complexe et du poème comme projet.
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Les politiques d'éradication du travail des enfants dans l'Etat du Karnataka : l'Inde entre modernité, dérégulation et développement.Martin, Pierrick 29 March 2012 (has links) (PDF)
La thèse étudie un paradoxe apparent, à savoir l'évolution des politiques indiennes à l'égard du travail des enfants de démarches " régulationnistes " vers des stratégies abolitionnistes alors même que ces démarches sont critiquées pour leur inefficacité. La démarche adoptée articule l'approche segmentationniste à la démarche régulationniste de l'Etat. La première permet d'identifier le développement rural comme le cœur de la question sociale. La seconde étudie la synchronie de la dynamique des politiques publiques aux exigences de la question sociale. La généralisation des politiques abolitionnistes est interprétée comme un mécanisme supposé nécessaire à la construction des structures sociales nécessaires à la dynamique économique des zones rurales. Or, le tropisme moderniste des formations éducatives proposées nourrit la désarticulation des cursus aux besoins socioéconomiques ruraux. Ce faisant, les politiques abolitionnistes ne favorisent pas la dynamique des zones rurales ; pis encore, elles participent de l'accroissement tendanciel de la segmentation économique indienne. Partant de ce résultat intermédiaire, la thèse nourrit une analyse en termes de modernisation de l'Etat indien. Les politiques abolitionnistes sont alors entendues comme un corollaire à la construction d'une économie capitaliste. En accroissant la segmentation de l'économie, la modernité indienne dérégule le système socioéconomique. Les contestations politiques grandissantes témoignent de l'instabilité de la trajectoire politique indienne.
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