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L'intégration de l'espace sur la façade québécoise de la Baie de JamesGagnon, Jean, Gagnon, Jean 30 October 2024 (has links)
L'intégration de l'espace peut être définie comme un processus résultant de l'entrée en contact de deux systèmes spatiaux auparavant parallèles, et par lequel un des deux systèmes, le plus puissant, accueille l'autre dans son réseau de relations, de façon à ne finalement former qu'un seul système. Ceci étant dit, nous nous référons a une définition globale de l'espace géographique (culturel, économique et politique), i.e. à un espace vécu mouvant dans le temps et l'espace. Nous logeons donc l'ensemble de cette thèse à l'enseigne de la géographie globale, tant par les aspects considérés que par les époques étudiées. L'étude globale et génétique de l'intégration de la façade est de la baie de James nous fait remonter aux premiers contacts établis entre les Européens et les Amérindiens. L'organisation de la traite des fourrures amorça une série de changements unidirectionnels dans la trame d'organisation spatiale de cette région. Ceux-ci modifièrent le faciès régional en installant graduellement une combinatoire systémique ouverte, polarisée, coloniale, conformément au schéma centre-périphérie .La diversification des agents (missionnaires, gouvernements, etc) qui s'implantèrent à la suite de la Hudson's Bay Company ne fut pas accompagné d'un profond changement des façons de faire. La reproduction des façons de faire aux niveaux culturels et politiques, de même que la survie du colonialisme économique ont engagé la Radissonie, et le mode d'intégration de celle-ci sur une trajectoire de surdétermination exercée de l'extérieur. Des facteurs internes, comme les difficultés des économies locales ont également encouragé cette tendance. Le projet hydroélectrique, tel qu'annoncé en 1971, poursuivait cette trajectoire, en investissant des territoires caractérisés par des utilisations culturellement spécifiques. Alors que c'étaient les centres qui, jusque là, avaient surtout fait l'objet de la domination allochtone, c'était alors l'intérieur des terres, refuge de la culture crie hypothéquée qui faisait cette fois l'objet d'une surdétermination extérieure. On assistait à la reproduction du mode d'implantation colonial, avec cette nouvelle particularité que le niveau technologique du projet mettait de côté l'économie régionale préexistante et ne permettait l'intégration des ressources humaines cries qu'au niveau des emplois non spécialisés. L'affrontement et l'entente qui s'en suivit ont débouché sur un modèle d'intégration négocié, impliquant des mesures qui ne renversent pas le rapport centre-périphérie entretenu entre le Sud et le Nord, mais qui établissent quand même des filtres à l'intention des forces exogènes, de façon à plus respecter les aspirations locales. La naissance des structures régionales déléguées du niveau local est une des principales caractéristiques de l'évolution de l'organisation spatiale de ce territoire, et un élément signifiant de l'émergence d'une nouvelle cohésion régionale autochtone. Celle-ci s'articule autour d'un centre localisé à Val-d'Or. La trajectoire d'intégration n'est cependant pas uniquement déterminée par les règles dictées dans la Convention, dans la mesure où les objectifs des autochtones et les gestes posés en accord avec ceux-ci peuvent rendre opérantes ou non les priorités dont ils peuvent jouir, en vertu de l'entente. Selon la théorie des systèmes, une intégration réussie pour les Cris consiste dans des initiatives qui engagent la région sur une trajectoire de développement. Bien qu'on puisse immédiatement percevoir que celle-ci puisse plafonner par suite de la localisation des moyens les plus avancés (ailleurs), il semble évident que l'optimal demeure loin d'être atteint. En ce sens, le développement n'implique pas nécessairement des projets gigantesques. Par ailleurs, un hermétisme face à l'extérieur, entraînant une exploitation complètement introvertie, n'est plus possible, et sans doute plus souhaitée par les autochtones qui bénéficient jusqu'à un certain point de ce qui vient du Sud (services de santé par exemple). Cela ne rend pas plus séduisant l'autre extrême qui consiste dans un avenir complètement déterminé de l'extérieur et entraînant une exploitation entièrement extravertie et un blocage dans la quête de développement global. L'optimal se situerait entre les deux, et exige de la part des forces endogènes la solution de tensions internes entre par exemple, des aspirations culturelles et des incitations économiques contradictoires. Un passé colonial aussi chargé que celui de la Radissonie, accompagné d'une période de stagnation économique, de régression culturelle et de la longue absence d'organisations politiques locales et régionales, rendent le décollage très ardu.
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L'interprétation de la destruction inhérente à l'intention génocidaire en droit internationalSavard, Catherine 25 March 2024 (has links)
Titre de l'écran-titre (visionné le 7 août 2023) / En droit international, le génocide se caractérise par une intention spécifique de détruire, en tout ou en partie, un groupe protégé. Cette intention spécifique a été au cœur de controverses importantes depuis la genèse du concept de génocide. Ce débat est particulièrement actuel de nos jours, alors que les notions de « génocide » et de « génocide culturel » sont invoquées notamment par plusieurs groupes autochtones afin de décrire les expériences vécues dans le contexte de sociétés coloniales. Le présent ouvrage questionne la nature de la destruction inhérente à l'intention génocidaire en droit international. En d'autres termes, cette destruction s'entend-elle strictement d'une destruction physique et biologique du groupe, comme le soutient une partie substantielle de la doctrine et de la jurisprudence, ou englobe-t-elle une forme plus large de destruction? En tenant compte des sources pertinentes du droit international en ce qui a trait à l'interprétation des traités, cet ouvrage conclut que la destruction inhérente à l'intention génocidaire s'entend non seulement d'une destruction physique et biologique, mais également de la destruction du groupe en tant qu'unité sociale. En effet, cette approche apparaît parfaitement cohérente avec le cadre interprétatif applicable en vertu de la Convention de Vienne sur le droit des traités. Nous soutenons également qu'une telle interprétation n'entraîne aucune violation du principe de la légalité. Enfin, une interprétation de la destruction inhérente à l'intention génocidaire qui inclut la destruction du groupe en tant qu'unité sociale a le potentiel de contribuer à une certaine décolonisation du droit international, dans la mesure où elle s'inscrit à contre-courant par rapport aux considérations hégémoniques et coloniales ayant présidé au développement du système juridique international moderne. / In international law, genocide is characterized by a specific intent to destroy, in whole or in part, a protected group. This specific intent has been at the heart of significant controversy since the genesis of the concept of genocide. This debate is particularly relevant today, as the notions of "genocide" and "cultural genocide" have been invoked by indigenous groups to describe their experiences within colonial societies. This thesis questions the nature of the destruction inherent in genocidal intent in international law. In other words, does this destruction refer strictly to the physical and biological destruction of the group, as a substantial part of the doctrine and jurisprudence argues, or does it encompass a broader form of destruction? Taking into account the relevant sources of international law relating to treaty interpretation, this thesis concludes that the destruction that is inherent to genocidal intent includes not only physical and biological destruction, but also the destruction of the group as a social unit. Indeed, this approach appears perfectly consistent with the interpretative framework provided for by the Vienna Convention on the Law of Treaties. Further, it is argued that such an interpretation does not entail any violation of the principle of legality. Finally, an interpretation of the destruction that includes the destruction of the group as a social unit has the potential to contribute to a decolonization of international law, insofar as it runs counter to the hegemonic and colonial considerations that have governed the development of the modern international legal system.
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Reassessing history : Native American narratives in Kentucky tourismB.-Martin, Valérie 04 December 2024 (has links)
Dans toutes les sociétés, les rapports de pouvoir qui existent ont une grande influence sur les dynamiques de mémoire. Le colonialisme anglais et américain, et plus précisément les politiques de relocalisation comme l’Indian Removal Act (1830) ont eu un fort impact sur la présence autochtone dans le paysage culturel du Sud-est des États-Unis. La production de la mémoire collective à travers la commémoration, l’éducation et le tourisme sont un reflet de ces rapports de pouvoir. Elle démontre aussi quels évènements du passé définissent le présent. Ce mémoire de maîtrise tente de comprendre comment les récits de la présence autochtone au Kentucky sont inscrits dans le paysage culturel de l'état. Le Kentucky détient un riche passé précolonial encore visible sur le territoire. Plusieurs artefacts témoignent de l’occupation millénaire du Kentucky par des nations autochtones. Toutefois, selon l’histoire dominante du Kentucky, le territoire n’était pas occupé au moment des premiers contacts. La contradiction entre ce mythe et les preuves archéologiques qui se retrouvent dans le paysage a été peu étudiée. Ce mythe continue de servir de base pour, entre-autres, l’éducation et le tourisme et encourage une image fausse de la présence autochtone au Kentucky. Les moyens utilisés par le pouvoir colonial américain pour tenter d’effacer la présence autochtone aux États-Unis vont au-delà de la violence des politiques de relocalisation et d’assimilation. En effet, des moyens plus subtils, comme la commémoration et les mythes, ont permis à la culture dominante de se réapproprier le territoire à travers la mémoire. Quels sont les facteurs qui ont permis de créer et qui aident à maintenir un écart entre l'histoire dominante du Kentucky et les preuves archéologiques? Quelles représentations matérielles dans le paysage culturel du Kentucky définissent cet écart? Le tourisme patrimonial au Kentucky sera l'élément central de cette analyse. / In all societies, power dynamics greatly influence memory. British and American colonialism, and relocation policies, like the Indian Removal Act (1830), had a strong impact on Native American presence in the cultural landscape of the Southeast United States. The production of collective memory through commemoration, tourism and education is a reflection of the power relations within society. It also shows which events in the past still define the present. This master’s thesis seeks to understand how narratives of the past influence today’s narratives about Native Americans in Kentucky, as well as how these narratives are inscribed in the cultural landscape of the state. Kentucky holds a rich pre-colonial history that is still visible on the landscape. Many artifacts can be found on the land and bear witness to the long-standing Native American presence in Kentucky. However, according to Kentucky’s dominant history, the territory was ''empty'' at the time of first contact. The contradiction that exists between this myth and the abundance of archaeological evidence, and the way it is translated into the cultural landscape, has seldom been studied. This myth provides the basis for, among other things, education and tourism, and promotes an inaccurate image of the Native presence in Kentucky, which contributes to keeping Native American identities in the past. The colonial means used to erase Native American presence in the United States went further than the violence of the federal policies of assimilation and relocation. Subtler methods, like commemoration and myths, have allowed the dominant culture to claim the land through memory. What are the factors that have created and helped to maintain the gap between Kentucky’s dominant interpretation of history and archaeological fact? What material representations on the cultural landscape of Kentucky are most evident of the gap? Heritage tourism will be the focus of this analysis.
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Enquête morale sur le mépris envers les premières nations : le programme de conversion des Jésuites en Huronie au 17e siècle et le programme de civilisation britanno-canadien au 19e siècleGagnon, Mathieu 20 April 2018 (has links)
En me basant sur les travaux d'Axel Honneth sur la reconnaissance, je veux proposer des améliorations à apporter à notre relation avec les Premières Nations en comprenant tout d'abord le vice qui est au cœur de celle-ci, c'est-à-dire le mépris. En analysant certaines manifestations historiques du mépris envers les Premières Nations, j'examine si malgré les changements de vocabulaire légitimant la relation coloniale, il demeure une même dimension de mépris dans l'attitude des gouvernants face aux Premières Nations, niant leur droit ou leur capacité à s'autodéterminer. Pour y arriver, j'utilise la typologie de Honneth sur la reconnaissance et le mépris afin d'établir une dynamique de pénétration du mépris, tirée de l'analyse de deux cas historiques : le programme de conversion des Jésuites en Huronie au 17e siècle et le programme de civilisation britanno-canadien du 19e siècle. À partir de cette dynamique, je montrerai un modèle à ne pas suivre dans les relations aux peuples autochtones et donnerai quelques pistes de réflexion à propos de la nécessité de la reconstruction de la reconnaissance.
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Regard sur l'approche holistique d'intervention appliquée aux jeunes autochtones fréquentant le Centre Walgwan : le point de vue des membres du personnelBoudreau, Mélanie 02 February 2024 (has links)
Plusieurs chercheurs issus de la communauté scientifique s'entendent sur le fait que les problèmes de toxicomanie chez les jeunes autochtones représentent un problème d'envergure dans les collectivités autochtones du Québec (Thomas et col., 2006 ; Commission de la santé et des services sociaux des Premières Nations du Québec et du Labrador/CSSSPNQL, 2013). Afin de répondre à cet enjeu, certaines collectivités autochtones ont mis en place des programmes de traitement de la consommation utilisant l'approche holistique d'intervention, considérée plus adaptée à leurs cultures. Malgré le développement de ces programmes culturellement sécuritaires, les travaux de recherche sur la manière dont se déploie l'approche holistique d'intervention restent très limités (CSSSPNQL, 2013 ; Clifford et col., 2017). La présente étude vient combler ce vide et vise à rendre compte, du point de vue des membres du personnel du Centre Walgwan, de la manière dont se déploie l'approche holistique d'intervention auprès de jeunes autochtones aux prises avec des problèmes de toxicomanie. Plus spécifiquement, il s'agit : 1) d'explorer le contexte dans lequel s'exerce l'approche holistique d'intervention ; 2) d'appréhender les fondements et les valeurs sur lesquels prennent appuie l'approche holistique d'intervention ; 3) d'identifier les principaux défis à l'application de l'approche holistique auprès des jeunes autochtones ; et enfin, 4) de comprendre les effets perçus de l'approche holistique auprès des jeunes autochtones aux prises avec des problèmes de toxicomanie. L'analyse thématique de 11 entretiens semidirigés et de comptes rendus d'observations in situ réalisés lors d'un séjour de deux semaines au Centre Walgwan révèle que l'approche holistique d'intervention repose sur différents fondements dont : le symbolisme, l'animisme et le "Two-Eyes Seeing", ainsi que plusieurs valeurs telle que : l'importance de la famille, l'entraide et le respect des savoirs traditionnels. L'étude met également en lumière le fait que bien que l'approche holistique d'intervention permette d'adapter les outils à l'individu et qu'elle soit flexible, il n'en demeure pas moins que les membres du personnel du Centre Walgwan font face à certains défis en lien avec les conditions de vie des familles et la conception différenciée des outils d'intervention culturelle. / Several researchers from the scientific community agree that substance abuse among Indigenous youth is a significant problem in Indigenous communities in Quebec (Thomas et al., 2006; First Nations of Quebec and Labrador Health and Social Services Commission/CSSSPNQL, 2013). In order to address this issue, some Indigenous communities have implemented substance use treatment programs using the holistic approach to intervention, which is considered more culturally appropriate. Despite the development of these culturally safe programs, research on how the holistic intervention approach is deployed remains very limited (CSSSPNQL, 2013 ; Clifford et al., 2017). This study fills this gap and aims to report, from the perspective of Walgwan Center staff members, on how the holistic intervention approach is deployed with Indigenous youth struggling with substance abuse problems. Specifically, it will : 1) to explore the context in which the holistic intervention approach is practiced ; 2) to understand the foundations and values on which the holistic intervention approach is based ; 3) to identify the main challenges to the application of the holistic approach with Indigenous youth ; and finally, 4) to understand the perceived effects of the holistic approach with Indigenous youth struggling with substance abuse problems. The thematic analysis of 11 semi-structured interviews and in situ observation reports conducted during a two-week stay at the Walgwan Centre reveals that the holistic intervention approach is based on various foundations such as: symbolism, animism and "Two-Eyes Seeing", as well as several values such as: the importance of the family, mutual aid and respect for traditional knowledge. The study also highlights the fact that although the holistic intervention approach allows for the adaptation of tools to the individual and is flexible, the Walgwan Center staff members face certain challenges related to the living conditions of the families and the differentiated design of cultural intervention tools.
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Les peuples autochtones dans la prise de décisions publiques : entre participation, instrumentalisation et reconnaissance : le processus de mise en œuvre du droit à la participation et à la consultation des peuples autochtones au Chili d’après la Convention n⁰ 169 de l’OIT / Indigenous peoples in decision making : between participation, instrumentalization and recognition : the implementation processus of the 169 ILO Convention in ChileSpoerer, Matilde 09 November 2018 (has links)
En mars 2008, l'État chilien ratifiait la Convention 169 de l'OIT, premier instrument juridique de droit international à protéger les droits fondamentaux des peuples autochtones. Un nouveau scénario politique et juridique s'ouvrait ainsi dans un pays où, comme ailleurs, ces peuples connaissent une histoire de domination, de marginalisation et d'exclusion. Cette ratification génère de nouveaux enjeux tant pour les peuples concernés que pour l'État et la société chilienne en plaçant la question de la participation aux décisions qui concernent les peuples autochtones au centre du débat. L'objet de cette thèse est de comprendre les tenants et les aboutissants de la mise en œuvre de la consultation libre, préalable et informée en explicitant le processus d'institutionnalisation de la participation des peuples autochtones au Chili ainsi que les ambivalences de cet espace participatif, censé produire un consentement aux politiques publiques mais qui se heurte à la contestation des autochtones. L'apport de cette recherche réside dans la capacité de montrer la complexité de ces dispositifs de consultation, dans lesquels s'entremêlent des processus de domination et de résistance. Cette thèse rend en effet manifeste leur ambivalence dans la mesure où, tout en reproduisant les asymétries du pouvoir, ces dispositifs participent au renforcement des acteurs dominés. Cette recherche a été réalisée à partir d'une enquête menée au sein et dans les« coulisses» de procédures de consultation mises en place au Chili où se rencontrent autochtones et fonctionnaires gouvernementaux. / In March of 2008, the Chilean State ratified the 169 ILO Convention, the first international instrument of international law to protect the fundamental rights of Indigenous Peoples. A new legal and political scenario was therefore opened in a country where the indigenous community were subject to a history of domination, marginalization and exclusion. This ratification creates new stakes for Indigenous Peoples and also for the Chilean state and society by raising the Indigenous Peoples' right to participate in matters that concern them. The research purpose is to understand the ins and outs of free, prior and informed consent of Indigenous Peoples by explaining the institutionalization of Indigenous participation in Chile and also to explain the ambivalences of this participatory space supposed to produce a consent on public policy but encountering the Indigenous Peoples contention. The contribution of this research lies in the capacity of showing the complexity of these participatory devices, in which domination and resistance processes are intermingled. This thesis demonstrates their ambivalence since they reproduce power asymmetries while reinforcing dominated actors. The research was carried out from a survey conducted within and in the "wings" of the consultancy procedure set up in Chile where Indigenous Peoples and Government officials come across. About sixty interviews were conducted and a large variety of situations was observed, from institutional consultancy devices to more informal social spaces relating to participative devices.
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Patrimonialisation de vestiges préhispaniques et reconnaissance des peuples autochtones. Étude de trois affaires colombiennes / Patrimonialization of pre-Hispanic vestiges and recognition of indigenous peoples. Study of three Colombian “affairs”Guilland, Marie-Laure 15 December 2017 (has links)
Cette thèse démontre comment le patrimoine préhispanique colombien devient un enjeu de reconnaissance pour les peuples autochtones, vingt ans après l’élaboration d’une constitution multiculturelle et néolibérale. Inspirée des travaux de L. Boltanski et d’E. Claverie, l’étude de trois affaires permet de saisir comment de nouvelles revendications ethniques transforment un dispositif patrimonial qui semblait immuable depuis plus d’un demi-siècle. L’analyse s’appuie sur un travail de terrain multisitué (Marcus, 1995). Elle explore les paysages (Appadurai, 2001) patrimoniaux et autochtones du « système monde » en les reliant à trois sites où des parcs archéologiques nationaux se situent au sein ou en bordure de territoires autochtones (Teyuna Ciudad Perdida, San Agustín et Tierradentro). En retraçant la biographie sociale et culturelle des vestiges (Appadurai et Kopytoff, 1986), nous expliquons comment le dispositif patrimonial, mis en place au début du vingtième siècle, est à l’origine d'une valorisation rhétorique et esthétique des racines préhispaniques du pays, mais en aucun cas d'une reconnaissance des peuples autochtones contemporains. Ecartés de l’histoire et de la gestion patrimoniale des parcs, les leaders autochtones entendent, à la fin des années 2000, transformer les régimes de vérité et de patrimonialité qu’ils jugent injustes. L’enjeu est de légitimer leur appropriation des sites afin de justifier leurs demandes de reconnaissance identitaire et territoriale. Le droit autochtone, les principes de l’UNESCO sur la diversité culturelle et le patrimoine immatériel, la pensée décoloniale et les craintes suscitées par le tourisme, sont autant de supports mobilisés pour justifier leurs attentes. Lors des affaires, différents systèmes de légitimité s'affrontent au cours d’épreuves de justice (Boltanski, Thevenot, 1991) et de force. Ce processus renforce les frontières ethniques par un effet d’altérisation patrimoniale et modifie le régime de patrimonialité : les vestiges deviennent les supports de nouvelles pratiques ethniques, rituelles et sacrées, les autochtones acquièrent une place de partenaires dans le nouveau dispositif patrimonial et la valeur relationnelle des artefacts devient aussi importante que leur matérialité. / This thesis aims to understand how Colombia's pre-Hispanic heritage becomes a recognition issue for indigenous peoples, twenty years after the creation of a multicultural and neoliberal constitution. Inspired by the works of L. Boltanski and E. Claverie, the study of three “affairs” makes it possible to understand how new ethnic claims transform a heritage “dispositif” (Foucault, 1977) that seemed immutable for more than half a century. The analysis is based on a multi-sited field work (Marcus, 1995). It explores heritage-scapes (Appadurai, 2001), and indigenous-scapes of the "world system" by linking them to three sites where national archaeological parks are located within or bordering indigenous territories (Teyuna-Ciudad Perdida, San Agustín and Tierradentro). In retracing the social and cultural biography of the vestiges (Appadurai and Kopytoff, 1986), we explain how the heritage “dispositif”, introduced at the beginning of the twentieth century, gave rise to a rhetorical and aesthetic valorization of the country's pre-Hispanic roots, but in no way to the recognition of contemporary indigenous peoples. In the late 2000s, indigenous leaders, who were left out of the history and heritage management of parks, intend to transform the “truth regime” and “heritage regime” they consider unfair. The challenge is to legitimize their appropriation of the sites in order to justify their requests for identity and territorial recognition. Indigenous rights, UNESCO's principles on cultural diversity and intangible heritage, decolonial thinking and fears aroused by tourism are all resources used to justify their expectations. In those “affairs”, different systems of legitimacy clash during “tests of justification” (Boltanski, Thevenot, 1991) and “tests of strength”. This process reinforces ethnic boundaries through a heritage othering effect, and changes the heritage regime: artifacts become the supports of new ethnic, ritual and sacred practices, indigenous peoples acquire a place of partners in the new heritage “dispositif”, and the relational value of vestiges becomes as important as their materiality.
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La nécessité d'une nouvelle conception de la responsabilité au service de l'en-commun : une approche à partir de champs spécifiques : genre, peuples autochtones, environnement / The necessity of a new conception of responsability for the "en-commun"Canovas, Julie 23 March 2012 (has links)
L’expansion du capitalisme a suscité des luttes à travers le monde, qui se sont exprimées contre les formes de domination et les divers types de déstructurations – sociopolitiques, économiques, culturelles, environnementales, notamment – issues d’un modèle homogénéisant. Face à l’amenuisement de la capacité de résilience de l’Ecosphère et à l’accroissement des inégalités inter et intra-sociétales, les acteurs de ces résistances anti-systémiques soulignent l’ « insoutenabilité » du système dominant qui porte atteinte au respect de la dignité des êtres humains et de l’intégrité de la Nature. Au sein de ces luttes, trois champs se distinguent par la fécondité de leur articulation à l’heure actuelle : le genre, les peuples autochtones et l’environnement. Peu étudiées dans leurs interrelations, ces catégories représentent des sphères essentielles dans l’analyse de la naissance et de la construction d’un autre ordre mondial, par les liens existants mais souvent masqués entre ces pans et par le potentiel de leur articulation avec d’autres groupements. L’émergence d’un socle de valeurs partagées par ces acteurs sociaux souligne une convergence autour d’une responsabilité éthique, qui implique de repenser la perception prédominante de l’altérité au sein du système dominant. Dans ce cadre, la redéfinition de la responsabilité, fondée sur les notions de réciprocité, de « care » et de « bien vivre », a permis de rassembler ces groupements autour d’une approche qui peut être qualifiée de solidaire et d’écocentrée. Si face à l’urgence sociale et environnementale actuelle, la reconnaissance de l’interdépendance de l’ensemble des composantes de l’Ecosphère, l’humanité y compris, est devenue une nécessité pour divers mouvements sociaux, les peuples autochtones et les mouvements écoféministes constituent les principaux sous-ensembles porteurs de cet en-commun. Reconnaître l’appartenance de l’humanité à l’Ecosphère implique d’adopter une vision du monde respectueuse des êtres humains et de la Nature qui doit se matérialiser dans la pratique par une organisation sociale fondée sur la justice sociale et environnementale. Partir des propositions existantes émanant des acteurs sociaux afin de penser à la construction d’un autre ordre mondial fondé sur une responsabilité solidaire et écocentrée permet de poser les fondements de l’élargissement futur de l’en-commun. / The expansion of the capitalism aroused struggles worldwide, which expressed themselves against the forms of domination and the various types of destructurations – sociopolitical, economic, cultural, environmental, in particular – stemming from a homogenizing model. In front of the decrease of the resilience capacity of the Ecosphere and of the increase of the inter and intra-societal inequalities, the actors of these anti-systematic resistances underline the « unsustainability » of the dominant system which affects the respect for the human being’s dignity and for the Nature’s integrity. Within these fights, three fields distinguish themselves by the fertility of their articulation at the moment : gender, indigenous peoples and environment. Little studied in their interrelations, these categories represent essential spheres in the analysis of the birth and the construction of another world order, by the existing often masked links between these fields and by the potential of their articulation with other groupings. The emergence of a core set of values shared by these social actors underlines a convergence around an ethical responsibility/ accountability, which implies to rethink the dominant perception of the otherness within the dominant system. In this frame, the redefining of the responsibility, based on the notions of reciprocity, care and « good life », allows to gather these groupings around an approach which can be considered as mutual and ecocentric. If in front of the current social and environmental urgency, the acknowledgment of the interdependence of all the constituents of Ecosphere, the humanity including, became a necessity for diverse social movements, indigenous peoples and the ecofeminist movements constitute the main carrier subsets of this « shared common ». To acknowledge the membership of the humanity in the Ecosphere implies to adopt a respectful world’s vision of the human beings and the Nature which has to materialize in the practice by a social organization based on social and environmental justice. To start from existing proposals emanating from social actors to think of the construction of another world order based on a collective and ecocentric responsibility allows to build the foundations of the future extension of the « shared-common ».
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Les expressions culturelles traditionnelles en droit international / Traditional cultural expressions in international lawMartinet, Lily 17 June 2017 (has links)
Au début du XXIe siècle, l'usage de la locution «expression culturelle traditionnelle» s'est répandu à travers plusieurs forums internationaux. Bien que les expressions culturelles traditionnelles n'aient jamais été définies en droit international, deux instruments issus du système des Nations Unies, la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles et la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, les citent expressément. Cette thèse présente, en premier lieu, l'apparition et l'évolution en droit international de cette nouvelle notion. Elle propose ensuite de dégager les caractères des expressions culturelles traditionnelles pour comprendre ce qu'elles recouvrent. Cette étape permet de distinguer les expressions culturelles traditionnelles de notions voisines, comme celle de «savoirs traditionnels» ou encore comme celle de «patrimoine culturel immatériel», ce qui aboutit à s'interroger sur les enjeux juridiques qui leur sont liés et à aborder les questions soulevées par leur sauvegarde. Parmi ces questions, la plus prééminente consiste à s'interroger sur la forme juridique que devrait prendre le lien entre une expression culturelle traditionnelle et la communauté qui l'a créée et préservée. Dans cette perspective, deux approches émergent. La première considère les expressions culturelles traditionnelles comme un facteur de développement économique, tandis que la deuxième les envisage comme un outil de préservation des identités culturelles. La confrontation de ces deux approches montre le rôle relativement limitée des expressions culturelles traditionnelles en matière de développement économique. / At the beginning of the 21st century, the use of the term "traditional cultural expression" spread among several international forums. Although they have never been legally defined, traditional cultural expressions are mentioned by two instruments originating within the United Nations system: the UNESCO Convention on the Protection and Promotion of the Diversity of Cultural Expressions (2005) and the United Nations Declaration on the Rights of Indigenous Peoples (2007). This thesis presents how this notion emerged and evolved in international law. It also identifies the characteristics of this new legal concept to understand its meaning. This step allows to differentiate traditional cultural expressions from neighboring notions, such as "traditional knowledge" and "intangible cultural heritage." This leads to the study of legal issues relating to traditional cultural expressions and their safeguarding. Among these issues, the most paramount question is to ascertain the legal form that should be given to the link that binds a traditional cultural expression to the community that created and preserved it. In this view, two approaches appear. The first one considers traditional cultural expressions as a factor of economic development, whereas the second one contemplates them as a tool for the preservation of cultural identities. Confrontation of these two approaches demonstrate the limited role of traditional cultural expressions in the field of economic development.
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Se dire et être nommé "indigène" : conflits autour des représentations sur les Muiscas/Mhuysqas de Cota, Colombie / Identifying as and being called "indigenous" : struggle over the representation of the Muisca/Mhuysqa people of Cota, Colombia / Llamarse y hacerse llamar « indígena » : Conflictos sobre las representaciones de los Muiscas/Mhuysqas de Cota, ColombiaFernández Varas, Diego 17 September 2019 (has links)
Les Muiscas du passé sont très présents dans l’imaginaire sur les peuples autochtones colombiens, leur traitement dans les lieux officiels de mémoire reproduit souvent un discours idéalisé, déjà présent dans les projets nationaux du XIXe siècle. L’historiographie colombienne donne une grande importance à la représentation des Muiscas préhispaniques et, partiellement, à ceux de la période coloniale. La connaissance sur le peuple Muisca est souvent ancrée dans une vision patrimoniale et passéiste de la présence indigène, en tant que composante d’une histoire commune mais éloignée de la vie quotidienne des communautés contemporaines. La prépondérance de l’image mythifiée du peuple Muisca du passé peut être comprise d’un point de vue historique par l’influence de l’indigénisme, du positivisme et de l’esprit nationaliste du XIXe siècle. Cette influence a contribué à la production de l’idée d’un « empire Muisca » ou d’une « civilisation chibcha » participant à la consolidation de l’imaginaire national colombien sur le socle d’une supposée continuité historique entre la nouvelle Nation et cet empire préhispanique. La force de ce récit se ressent encore aujourd’hui par la relégation des communautés Mhuysqas contemporaines habitant sur les anciens territoires de resguardo . Celles-ci cherchent une reconnaissance officielle et tentent de répondre aux exigences des normes en vigueur, tout en interrogeant la construction officielle de « l’indigène ». Cette recherche montre comment, depuis une vingtaine d’années, les Mhuysqas de Cota, dans le département de Cundinamarca, se tournent vers le passé pour y retrouver les vestiges de leurs ancêtres Muiscas et reconstruire, recréer ou réinterpréter une culture éclipsée, d'abord par l’imposition espagnole puis par la construction de l’Etat-Nation Colombien. Bien que leur présence continue sur le territoire se retrouve facilement dans de nombreux écrits publics, des écueils majeurs ont obstrué leur considération sociale et politique en tant que indigènes, participant à un climat de suspicion à l’encontre de ce peuple retrouvé.En outre, l’émergence de grandes organisations indigènes depuis les années soixante-dix, l’intégration des acteurs autochtones dans les institutions internationales ainsi que le renforcement d’un discours ethno-environnemental, ajoutent des niveaux de représentation à l’image de l’autochtonie. Dans ce sens, l’ethnographie proposée montre les manières dont la communauté s’inscrit, joue et se sert de cette multiplicité de représentations afin d’être légitimement reconnue comme groupe ethnique à part entière. Elle montre aussi, comment la communauté de Cota demeure, malgré tout, contrainte de reproduire les caractéristiques fantasmées mobilisées par ce nouveau contexte. / The Musicas of the past are very present in the imaginary of the indigenous Colombian peoples, their treatment in official spaces of memory often reproduces an idealized discourse, already present in the national projects of the nineteenth century. Colombian historiography gives great importance to the representation of pre-Hispanic Muiscas and, in part, to those of the colonial period. Knowledge about the Muisca people is often rooted in a patrimonial and historical vision of the indigenous presence, as a component of a common history but far removed from the everyday life of contemporary communities. The preponderance of the mystified image of the Muisca people of the past can be understood from the historical point of view by the influence of indigenousism, positivism and the nationalist spirit of the nineteenth century. This influence contributed to the production of the idea of a “Muisca empire” or a “chibcha civilization”, participating in the consolidation of the national Colombian imagination on the basis of a supposed historical continuity between the new Nation and this pre-Hispanic empire. The strength of this narrative is still felt today by the relegation of contemporary Mhuysqa communities dwellering on the former territories of resguardo. These seek official recognition and try to meet the requirements of the standards in force, while questioning the official construction of the “indigenous”. This research shows how, for the last twenty years, the Mhuysqas of Cota, in the department of Cundinamarca, have turned to the past to find the vestiges of their ancestors Muiscas and reconstruct, recreate or reinterpret an eclipsed culture, first by the Spanish colonisation and then by the construction of the Colombian Nation-State. Although their continuous presence on the territory is easily found in number of public writings, major pitfalls have obstructed their social and political consideration as indigenous, participating to a climate of suspicion against this found people. In addition, the emergence of indigenous organisations since the 1970s, the integration of indigenous actors in the international institutions, and also the reinforcement of an ethno-environmental discourse, add levels of representations to the image of indigenousness. In this sense, the proposed ethnography shows the ways in which the community fits into, plays and uses this multiplicity of representations in order to be legitimately recognized as an ethnic group in its own right. It also shows how the Cota community remains, despite everything, forced to reproduce the fantasized characteristics mobilized by this new context. / Los Muiscas del pasado están muy presentes en el imaginario sobre los pueblos indígenas colombianos, la manera como son tratados en los espacios oficiales de memoria reproduce, frecuentemente, un discurso idealizado, presente en los albores de los proyectos nacionales durante el siglo XIX. La historiografía colombiana da gran importancia a la representación de los Muiscas prehispánicos y, en cierta media, a aquella referente al periodo colonial. El conocimiento sobre el pueblo muisca se basa, en gran medida, en una visión patrimonial y paseista de la presencia indígena, parte integrante de la historia común, pero alejada de la vida cotidiana de las comunidades contemporáneas. La preponderancia de la imagen mistificada del pueblo Muisca del pasado, puede ser comprendida desde un punto de vista histórico a través de la influencia del indigenismo, del positivismo y del espíritu nacionalista del siglo XIX. Esta influencia contribuyó a la producción de la idea de « Imperio muisca » o de « Civilización chibcha » que participaron en la consolidación del imaginario nacional colombiano cimentado en la supuesta continuidad histórica entre la nueva Nación y este imperio prehispánico. La fuerza de este relato se puede sentir aún hoy a través de la relegación de las comunidades Mhuysqas contemporáneas que viven en los antiguos territorios de resguardo . Estas, buscan un reconocimiento oficial e intentan responder a las exigencias normativas en vigor, cuestionando, a pesar de todo, la construcción oficial de lo indígena. Esta investigación muestra cómo, desde hace más de dos décadas, los Mhuysqas de Cota, Cundinamarca, se tornan hacia su pasado buscando los vestigios de sus ancestros para reconstruir, recrear o reinterpretar una cultura ocultada, primero por la colonización y luego por la construcción del Estado Nación colombiano. Aunque su presencia continua en sus territorios pueda ser atestada fácilmente a través de numerosos documentos públicos, grandes obstáculos impiden que sean considerados social y políticamente como indígenas, lo que participa a la instalación de un clima de suspicacia contra este pueblo re-descubierto.Si a esto se añade la emergencia de las grandes organizaciones indígenas desde los años setenta, la integración de actores autóctonos en las instituciones internacionales o aún la influencia de los discursos etnoecológicos, los niveles de representación de la imagen de la autoctonía se multiplican. En este sentido, la etnografía que proponemos muestra las diversas maneras que la comunidad utiliza para inscribirse, jugar y se servir de esta multiplicidad de representaciones para ser, finalmente, legítimamente reconocida como grupo étnico. Se muestra también, cómo la comunidad de Cota se ve obligada, a pesar de todo, a reproducir las características idealizadas que dominan en este nuevo contexto.
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