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Odorama V2 : tentative de médiation technologique de la synesthésie tactile-olfactive

Piguet, Géraldine 11 1900 (has links)
La synesthésie est une condition neurocognitive bénigne où les sujets porteurs de cette différence expérimentent des associations sensorielles de manière automatique, involontaire et idiosyncratique. Chez eux, les informations issues d’une modalité sensorielle telle que la vue, entraînent simultanément l’expression des modalités d’autres sens, tel que l’odorat. Cette particularité serait présente chez environ 4 % de la population mondiale (Hubbard, 2007). Il existe des dizaines de formes répertoriées (Day, 2011) et la teneur de leur expression varie d’un individu à l’autre (Simner, 2013). La synesthésie tactile-olfactive est présente chez 0,3 % des synesthètes (Day, 2011). Elle entraîne des perceptions olfactives selon les textures et autres sensations tactiles. La synesthésie a plusieurs impacts sur le quotidien des synesthètes, car elle affecte notamment leur façon de percevoir et de ressentir leur environnement. Puisqu’il s’agit d’une forme de développement neurocognitif alternatif (Ward, 2019), il peut être considéré comme un type de neurodiversité à part entière. Les expériences synesthésiques sont difficilement exprimables par le langage, ce qui peut provoquer un sentiment d’exclusion (Nielsen et al., 2013). Une des façons de favoriser l’inclusion est l’empathie (Masten, Morelli et Eisenberg, 2011), qui peut être suscitée grâce à des œuvres et des expositions artistiques qui impliquent l’engagement physique des spectateurs (Raboisson, 2014). Nous avons donc tenté de créer une expérience artistique permettant aux participants d’expérimenter avec leur corps les effets de la synesthésie tactile-olfactive. Cependant, il n’existait pas de média capable de réaliser la médiation de ce phénomène sensoriel. Nous nous sommes donc attelées à la conception et à la réalisation d’un tel artefact. En appliquant la méthodologie de la recherche-création, et en particulier les principes du mouvement DIY du « faire », nous avons créé un prototype de machine simulant les effets de la synesthésie tactile-olfactive. Toutefois, cette entreprise de création d’un dispositif de médiation technologique s’est révélée ardue et notre création finale ne ressemble pas exactement au prototype que nous espérions produire. Nous sommes allées aussi loin que nos compétences techniques nous le permettaient pour livrer un objet qui nécessiterait des améliorations futures. Le présent mémoire présente le cadre conceptuel et théorique ainsi que le processus de création dudit artefact. Grâce aux enseignements tirés de l’analyse de notre pratique, nous concluons qu’il existe plusieurs enjeux sociaux et techniques dans la pratique du « faire » en tant que méthode de création d’artefacts technologiques. Nous discutons finalement le rôle qu’un tel projet de recherche-création peut jouer dans la sensibilisation du public vis-à-vis des phénomènes neurocognitifs que sont la synesthésie et la neurodiversité. / Synesthesia is a benign neurological condition in which subjects experience an automatic, involuntary and idiosyncratic cross-activation of the senses. For them, the information from one sensory modality (e.g. sight) triggers a response from another sensory modality (e.g. smell). This condition is estimated to be present in at least 4% of the population (Hubbard, 2007). Dozens of forms of synesthesia exist, and their expression varies from one individual to the next (Simner, 2013). Smell-touch synesthesia affects around 0.3% of the synesthete population (Day, 2011). It induces olfactory perceptions according to textures and other tactile sensations. Synesthesia impacts the day-to-day lives of synesthetes, as it affects the way they perceive and feel their environment. Since it is a form of divergent neurocognitive development (Ward, 2019), it can be considered a form of neurodiversity. Like any form of neurodiversity, its manifestations are difficult to express with language. This can lead to feelings of exclusion (Day, 2005; Nielsen et al., 2013). One way to promote inclusion is through empathy (Masten, Morelli, & Eisenberg, 2011), which can be facilitated through physically engaging artworks and exhibitions (Raboisson, 2014). Our goal was to create an artistic experience that allows participants to physically experience the reality of touch-smell synesthesia. However, as there was no media able to mediate this sensory phenomenon, we tried to understand how to design and build one. By applying a research-creation methodology, and in particular the principles of the DIY “maker movement,” we intended to create a prototype capable of simulating the effects of touch-smell synesthesia. However, this process of creating a device for the technological mediation of the senses proved to be a difficult one, and our final prototype is not exactly what we hoped to produce. We went as far as our technical skills allowed us to and we delivered an object that would require some future improvements. This present Master’s thesis presents the conceptual and theoretical frameworks as well as the process of creating this artefact. Based on the lessons learned from our practice analysis, we conclude that there are several social and technical issues that need to be addressed in the “maker” practice as a method for creating technological artifacts. Finally, we discuss the role that such a research-creation project can play in raising public awareness of synesthesia and neurodiversity.
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L'espace sacrificiel féminin dans le cinéma de Lars von Trier

Tahchi, Elie 01 1900 (has links)
De tout temps, ils se sont immolés par foi et amour. Dans toutes les civilisations, leur besoin de rendre hommage à Dieu s’est exprimé par la voix de la violence et du sang, et leur besoin de s’épurer du péché et de se protéger contre les forces surnaturelles s’est manifesté par le sacrifice. Cette thématique du sacrifice qui s’est propagée dès la création du monde jusqu'à nos jours, incarne et actualise de nombreux conflits et oppositions entre la vie et la mort, l’enfer et le paradis. Les écritures sacrées nous éclairent rarement sur le rôle des femmes dans les civilisations anciennes. Les plus grands sacrifices sont généralement associés aux hommes libres. Dans les religions chrétiennes, les sacrifiés empruntent les pas du Christ et obéissent à la demande de Dieu, alors que les femmes, déchues et esclaves sont toujours associées au péché originel. Ce mémoire de maîtrise prend pour objet d’étude l’espace sacrificiel féminin et la figure féminine dans le cinéma de Lars von Trier (en particulier dans les films Melancholia (2011), Antichrist (2009), Dogville (2003), Dancer in the Dark (2000) et Breaking the Waves (1996)). Cet espace sacrificiel est analysé au fil de ce mémoire à travers une lecture herméneutique des livres sacrés, en particulier la Bible dans son Ancien et Nouveau Testament. Nous abordons des questions importantes d’aspects religieux, mythologiques et cinématographiques pour comprendre la dimension provocatrice, mythologique, iconologique, spirituelle et religieuse de ces femmes qui se sacrifient dans l’espace de ces œuvres. Nous proposons dans ce mémoire d’observer l’évolution de cette figure féminine du statut d’esclave à celui du maître, de l’image Christique à celle du diable opposant ainsi le sacrifice à la justice. Nous tentons de démontrer au fil de ce mémoire que Lars von Trier a édifié avec son cinéma et par cette représentation du corps féminin mortifié, torturé et hystérique, un véritable espace sacrificiel, mental, idéel qui sature le cadre filmique. Le corps de ces femmes se décompose, se sacrifie, meurt et se réincarne dans un autre corps, une idée, une figure biblique et dans un espace sacrificiel qui le pose comme exemple à la manière de l’image Christique. Cette analyse de la figure sacrificielle féminine von Trierienne se réalise également par le biais d’un travail de création expérimental et hybride. Des images provenant de l’histoire de l’art et du monde de Lars von Trier y sont revisitées et rejouées dans un souci d’intertextualité filmique. Le film She is Lars est une exploration personnelle de la thématique du sacrifice et un hommage au cinéma de Lars von Trier. / In all eras, they have been immolated in faith and love. In all civilizations, the need to honor God was expressed by the voice of violence and blood, the need to be purified from the sin and to be protected against the supernatural forces, was manifested through the sacrifice. This theme of sacrifice has spread from the creation of the world until today, it embodies and performs conflicts and oppositions between life and death, God and the devil. The sacred writings rarely tell us about the role of women in ancient civilizations. The greatest sacrifices were generally associated to free men. In Christian religions, these sacrificed men borrow the footsteps of Christ and obey God's request, while women, the fallen slaves, are always associated to the original sin. This research studies the female sacrificial space and the female figure in the cinema of Lars von Trier (especially in Melancholia (2011) Antichrist (2009), Dogville (2003), Dancer in the Dark (2000) and Breaking the Waves (1996)). This sacrificial space is analyzed through a hermeneutic reading of sacred books, especially the Bible in its Old and New Testament. Important issues related to religious, mythological and cinematographic aspects are investigated to understand the spiritual, provocative, mythological, iconological and religious dimension of these women who sacrifice themselves in these films. We propose in this research to observe the evolution of the female figure from the slave to the master status, from the image of the Christ to the devil, while opposing sacrifice to justice. We intend to demonstrate that Lars von Trier has built with his cinema and the representation of the female body, as dead, tortured and hysterical, a true sacrificial mental and virtual space that saturates the film frame. The body of this woman breaks down, sacrifices itself, dies and reborns in another body, an idea, and a biblical figure in a sacrificial space that poses her as an example, as the Christ image. This theoretical analysis of the female sacrificial figure is also undertaken through the creation of an experimental and hybrid film. Images from art history, other from the world of von Trier are revisited with an intertextual approach. She is Lars is a personal exploration of the theme of the sacrifice as well as an homage to the cinema of Lars von Trier.
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Morel, suivi de Gilbert La Rocque, Montréal et la modernité pourrie

Bock, Maxime Raymond 12 1900 (has links)
Thèse en recherche-création. / Morel est un roman social qui raconte l’évolution de la ville de Montréal au cours du 20e siècle, en particulier des quartiers Centre-Sud et Hochelaga-Maisonneuve, à travers la vie familiale et professionnelle d’un personnage fictif, Jean-Claude Morel, de sa naissance durant la Grande crise jusqu’à l’année 2018. En tant qu’ouvrier travaillant aux grands projets d’ingénierie urbaine qui ont transformé Montréal (gratte-ciels, métro, autoroutes, échangeurs, tunnel Louis-Hippolyte- La Fontaine, stade olympique), Morel est une victime collatérale de la modernité à laquelle il contribue : la destruction du Faubourg à M’lasse, les expropriations en vue de la construction de l’autoroute Notre-Dame, la désindustrialisation et l’embourgeoisement ont pour effet de le repousser toujours plus loin vers l’est et de briser sa famille, alors que son métier exigeant et dangereux brise son propre corps. Morel remet en question la manière de raconter la vie d’un homme et de faire le récit d’une ville en faisant de la chronologie l’enjeu principal de sa forme, par un constant jeu d’analepses et par un télescopage temporel, la fin d’un chapitre se poursuivant au début du suivant, bien que l’action se déroule dans des lieux et un temps différents. Ainsi, ce roman est aussi une « fiction de l’histoire » en ce qu’il interroge les caractéristiques communes entre la fiction et la science de l’histoire : la narrativité, la focalisation, l’ancrage documentaire, et la chronologie au premier chef. /// Gilbert La Rocque, Montréal et la modernité pourrie est un essai littéraire dans lequel je m’investis comme écrivain pour faire dialoguer ma pratique d’écriture avec celle de l’écrivain montréalais Gilbert La Rocque (1943-1984). Auteur de six romans et d’un téléthéâtre entre 1970 et 1984, La Rocque, bien qu’il ait bénéficié de son vivant de la reconnaissance de ses pairs en tant que romancier et éditeur, demeure une figure négligée par les études littéraires québécoises. Cet essai a pour but de le recadrer dans l’écosystème littéraire de son époque en analysant comment sa représentation de Montréal est une manifestation du « catastrophisme [qui] se trouve au cœur même de la modernité québécoise » (Pierre Nepveu, L’écologie du réel), principalement à travers les figures de la ville en tant que « monstre-avaleur » et que nécropole dont les habitants sont des parasites, des insectes et des vermines. Le concept de modernité québécoise est interrogé dans une perspective historique, des représentations de Montréal au 19e siècle jusqu’à la Révolution tranquille où le Québec achève son « entrée dans la modernité » (Marcel Fournier). Les œuvres de La Rocque sont étudiées en fonction de diverses tendances qui animent la littérature québécoise durant la modernité propre à ses années de production : la littérature engagée ayant un « sujet- nation » comme protagoniste, les romans autoréférentiels de la modernité de l’écriture (Jean Fisette) et les romans de l’écrivain mettant en scène une institution littéraire professionnalisée, manifestations d’une « modernité avancée » spécifiquement québécoise qui, chez Gilbert La Rocque, étant donné l’omniprésence de la mort de la putréfaction dans son œuvre, est synonyme de modernité pourrie. Essai libre qui construit son propos dans la spéculation propre à la création littéraire universitaire (Jean-Simon DesRochers), Gilbert La Rocque, Montréal et la modernité pourrie peut être considéré comme un essai-découverte (Gérard Bessette) qui n’est pas sans rappeler les œuvres que consacre Victor-Lévy Beaulieu à ses influences. / Morel is a social novel that recalls the evolution of the city of Montréal throughout the twentieth century, in particular the working-class neighbourhoods of le Centre-Sud and Hochelaga- Maisonneuve, via the personal and professional life of Jean-Claude Morel, who was born during the Great Depression. The eponymous Morel, a construction worker, participates in major engineering works that change the face of Montréal (including sky-scrapers, the métro, highways, interchanges, the Louis-Hyppolite-La Fontaine tunnel, and the Olympic Stadium), and is also a collateral victim of the modernity he helps shape: the destruction of the Faubourg à M’lasse, the expropriations ahead of the construction of the Notre-Dame highway, the city’s deindustrialization and the gentrification push him further East and break up his family, while his dangerous and strenuous profession breaks his body. Morel questions the way we tell a character’s story and the history of a city by making chronology its key formal issue, through constant use of analepses and “temporal telescoping” between chapters, where the action at the end of a chapter is continued in the beginning of the next, even though the time and location of the action may differ. The novel is, therefore, a “fiction of history”: it questions those characteristics shared by fiction and by the discipline of history alike, such as narrativity, focalization, documentation reliability, and first and foremost chronology. /// Gilbert La Rocque, Montréal and the Rotten Modernity is a literary essay in which, as a fiction writer myself, I enter into dialogue with the work of Montréal writer Gilbert La Rocque (1943- 1984). Having published six novels and a television play published between 1970 and 1984, La Rocque gained recognition among his peers as a critical writer and editor, and yet he remains a marginal figure in Québec literary studies. This essay attempts to reframe him into his generation’s literary ecosystem by studying how his representation of Montréal is a manifestation of the “catastrophism at the heart of Québec’s modernity” (Pierre Nepveu, L’écologie du réel), mostly though the figures of the city as a “swallowing monster” and a necropolis inhabited by a population of parasites, insects, and vermin. The concept of Québec’s modernity is discussed within an historical perspective, from the representation of Montréal in nineteenth literature to the Quiet Revolution, when Québec finalizes its “entry in modernity” (Marcel Fournier). La Rocque’s novels are influenced by the various literary movements that evolved in Québec literature throughout the particular modernity of his fifteen years of production: militant literature with a “character-nation” as a protagonist, autoreferential novels characteristic of the writing modernity (Jean Fisette), and “writer novels” depicting the professionalization of Québec’s literary institution. All are manifestations of a specifically Québécois “advanced” or “late modernity”, which, considering the omnipresence of death and decay in La Rocque’s novels, is a modernity synonymous with putrefaction. This freely composed essay with the characteristic speculation of creative writing in University (Jean-Simon DesRochers) can be considered as an essay-discovery (Gérard Bessette) that resembles Victor-Lévy Beaulieu’s series dedicated to the authors that influenced him.
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Du désir dans l’écriture (ailleurs, une rencontre) ; suivi de Peut-être que dehors

Moffet, Charlotte 08 1900 (has links)
Mémoire en recherche-création / L’essai Du désir dans l’écriture (ailleurs, une rencontre) propose une quête de décloisonnement – menée dans un contexte pandémique de confinement – pour les formes textuelles qui demandent de repenser les catégories définissant (et limitant) les modes d’existence et de circulation des objets culturels. Cette réflexion s’articule entre autres à travers une lecture de La nuit juste avant les forêts, œuvre de Bernard-Marie Koltès irréductible à ce qui s’appelle « théâtre » et qui tout de même invite au partage d’une expérience : malgré le flux intarissable de mots tirés à sens unique, la parole déborde de son média (la page, la scène) et une véritable communion happe qui est là, hors diégèse, pour l’accueillir. Par une approche du texte au-delà de sa médiation, ce mémoire propose alors une contribution intuitive, fondée sur la recherche-création, à la pensée de la communication (et de son impossibilité). Dans le prolongement de la théorie, Peut-être que dehors incarne cette quête de parole vivante dans la pratique. La proposition artistique et méditative prend la forme d’une série de fragments qui rendent de façon morcelée un récit de mémoire traumatique, fait de trous et de blancs. La configuration textuelle reflète d’une part le balbutiement du dire pour ce qui est généralement tu, et d’autre part la place qu’il manque pour respirer et guérir. Dans des conditions de solitude, d’isolement, la voix de l’écriture questionne ce qu’il faut pour créer de la confiance et de la rencontre, de la communauté peut-être, avec qui reçoit les mots. / The essay Du désir dans l'écriture (ailleurs, une rencontre) proposes a quest for decompartmentalization – carried out in a pandemic context of confinement – for textual forms that require a rethinking of the categories defining (and limiting) the modes of existence and circulation of cultural objects. This reflection is articulated, among other things, through a reading of La nuit juste avant les forêts, a work by Bernard-Marie Koltès that is irreducible to what is called “theater” and that nevertheless invites the sharing of an experience: despite the endless flow of words drawn in one direction, the word overflows its medium (the page, the stage) and a true communion catches whoever is there, outside the diegesis, to welcome it. By approaching the text beyond its mediation, this thesis proposes an intuitive contribution, based on research-creation, to the thought of communication (and its impossibility). As an extension of the theory, Peut-être que dehors embodies this quest for a living word in practice. The artistic and meditative proposal takes the form of a series of fragments that render in a fragmented way a narrative of traumatic memory, made of holes and blanks. The textual configuration reflects on the one hand the stammering of saying what is usually kept silent, and on the other hand the space that is missing to breathe and heal. In conditions of solitude, of isolation, the voice of writing questions what it takes to create trust and encounter, community perhaps, with whoever receives the words.
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Cripper l’avenir : une recherche-création où les handicapé-es (sur)vivent

Marcelli, Elodie 08 1900 (has links)
Mémoire en recherche-création / Cette recherche-création s’articule autour de deux questions : - Selon le « circuit de la culture » (Du Gay et al. 1997), comment la survie dans le réel et la survie dans le fictionnel s’articulent-elles au handicap, et comment peuvent-elles être appréhendées comme un artefact culturel appartenant à l’imaginaire collectif cadrant le faisable et l’intelligible? - Plus spécifiquement, comment une méthodologie issue de la recherche-création, et des études critiques du handicap permettent-elles de « cripper » (Sandahl 2003; McRuer 2006; Kafer 2013) le concept de la survie dans un jeu vidéo post-apocalyptique, et ce afin de reconfigurer les sensibles (Rancière 2000)? La revue de littérature dresse le constat que la survie handicapée est un enjeu rarement traité; que mon travail se situe aux frontières de nombreuses recherches abordant la survie des handicapé-es en contexte de l’actuelle sixième extinction de masse, et de nombreuses créations sur la survie des handicapées en contexte post-apocalyptique. Le cadre théorique prend pour assises conceptuelles les études culturelles afin de penser au-delà de la distinction entre réel et fictionnel et de conceptions stéréotypées du handicap et des in/capacités; ainsi que dans le but de comprendre comment un artefact culturel est un aperçu de l’imaginaire collectif d’une culture. Il prend également pour assises les études critiques du handicap pour lier la notion de handicap avec des enjeux qui semblent de prime abord incompatibles -comme la survie-; pour être critique des futurs imaginés; et pour établir la catégorie du handicap comme politique. Les assises conceptuelles soulignent la nécessité de s’engager avec des théories pratiques ayant des effets sur le réel, en raison de l’urgence soulevées par les conditions de vie présentes et futures des personnes handicapées. De ce fait, la méthodologie de ce projet passe par un processus de recherche-création, qui dans le cas présent, permet de créer un mémoire écrit et un jeu vidéo desquels émergent des réflexions et des pratiques qui participent à reconfigurer les sensibles. / This research-creation explores two core questions : - Based on the « circuit of culture » (Du Gay et al. 1997), how do real survival and fictional survival relate to disability and how can they be understood as a cultural artefact belonging to the collective representations, framing the feasible and the intelligible? - More specifically, how does a methodology resulting from research-creation and critical disability studies enables to « crip » (Sandahl 2003; McRuer 2006; Kafer 2013) the concept of survival in a post-apocalyptic video game in order to reconfigure the sensible (Rancière 2000)? The literature review notes that the future survival of disabled people is an issue rarely discussed and that my research-creation is at the frontiers of numerous researches addressing disabled people’s survival during the actual sixth mass extinction, as well as of numerous creations on disabled people’s survival in a post-apocalyptic context. The theoretical framework takes the cultural studies as a conceptual foundation allowing to think beyond the distinction between a real and fictional world, beyond stereotypical ideas about disability and in/capacities, and with the goal of understanding how a cultural artefact is a glimpse in our collective representations. It also takes critical disability studies as a framework to link the notion of disability with issues whose seem incompatible, such as the notion of survival; to be critical of imagined futurities; and to establish disability as a political category. These conceptual foundations raise the need to engage with practical theories in order to have a real effect in the world, all the more so with the urgent needs of dealing with the present and future living conditions of disabled people. As a result, the methodology of this work involves research-creation, which allowed me to deploy a written dissertation and a video game from which has emerged reflections and practices that participate to reconfigure the sensible.
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Passages et connexions : adapter artistiquement et médiatiquement les témoignages de personnes vivant avec un trouble anxieux

Boucher, Aurélie 12 1900 (has links)
Mémoire en recherche-création. L'annexe 3 contient, à des fins d'archivage, une version texte (accompagnée de captures d'écran) du site web produit dans le cadre de la recherche. Les vidéos incluses ici font partie des fichiers multimédia présentés sur le site web. / Les troubles anxieux sont parmi les troubles de santé mentale les plus fréquents au Canada. En plus de sa prévalence sur le plan pathologique, l’anxiété consiste aussi en un état dont la plupart des humains feront l’expérience au cours de leur vie. Cela en fait un point de départ intéressant pour aborder l’enjeu plus large de la santé mentale. Les troubles anxieux, comme plusieurs autres maladies et incapacités, sont souvent invisibles, ce qui peut rendre leur expérience plus difficile pour ceux et celles qui en sont atteint∙e∙s. Ce projet de recherche-création aborde cette problématique en pensant aux possibilités et aux formes du « rendre visible ». De façon plus spécifique, son objectif est d’explorer et de comprendre comment des témoignages de personnes vivant avec un trouble anxieux peuvent être adaptés artistiquement et médiatiquement. En ce sens, le projet comportait trois étapes de recherche : 1) la collecte, par la méthode du récit de vie thématique, de deux témoignages de personnes vivant avec un trouble anxieux, 2) une adaptation artistique de ces témoignages réalisée par deux artistes invité∙e∙s, 3) la rétroaction face à l’œuvre des personnes ayant offert leur témoignage. La recherche a permis à la fois d’analyser le passage entre l’expérience vécue et l’œuvre d’art créée, mais aussi d’investiguer, par des entretiens semi-dirigés, la façon dont les artistes et les personnes ayant offert leur témoignage vivent ce processus. Dans l’esprit de la recherche-création, le projet propose aussi de communiquer à un grand public, par le biais du web, les témoignages, les créations et les résultats de cet échange. Me basant sur la pratique de la « curation », j’ai entrepris une adaptation (médiatique), dont le résultat est une exposition virtuelle appelée Anxiogenèse. Cette dernière, en plus de viser la sensibilisation à la réalité des troubles anxieux, m’a permis de réfléchir de façon plus personnelle à l’adaptation comme procédé créatif. Enfin, l’analyse des entretiens de recherche a mis en lumière divers résultats clés : comment plusieurs éléments extérieurs au matériel original contribuent au processus d’adaptation; comment les participant∙e∙s interprètent le passage du témoignage à l’œuvre selon des rapports de représentation abstraite, métaphorique et littérale; comment, sans s’être rencontré∙e∙s, les participant∙e∙s échangent indirectement entre eux; et, finalement, comment le concept d’adaptation prend divers sens au cours du projet, incluant lors du travail curatorial. / Anxiety disorders are among the most common mental health issues in Canada. Not only is anxiety prevalent in a pathological form, it is also a state most human beings experience during their life, which makes it an interesting starting point to approach the issues surrounding mental health in general. Anxiety disorders, as other illnesses and disabilities, are often invisible. This makes them all the more challenging to live with. This research-creation project engages with this problem by reflecting on how we can “make visible”. More precisely, it aims to explore and understand how testimonies of persons living with an anxiety disorder can be adapted through arts and media – and therefore be rendered visible in various ways. The research was undertaken in three stages: 1) the collection, through the topical life story method, of testimonies by people living with an anxiety disorder, 2) artistic adaptions of these accounts by invited artists, 3) receiving feedback from the participants who had offered their testimony about the adaptation of their story. The research project allowed me to investigate how experiences of anxiety disorders can be translated into art, but also how the people involved in such a process (both artists and those sharing their story) experience this process. In the spirit of research-creation, I also set forth to share the stories, art pieces and knowledge resulting from this exchange to a larger audience through the medium of the web. Guided by the concept of curation, I endeavoured a second (media-oriented) adaptation phase, resulting in an online exhibition, Anxiogenèse. This allowed me to reflect in a more personal way about adaptation as a creative process, in addition to contributing to raising awareness about anxiety disorders. Finally, analysis of the research data highlights a few key ideas: on the ways in which elements that are external to the original testimony contribute to the adaptation process; on how participants construe the adaptations of the testimonials in ways that are literal, metaphorical and abstract; on the ways that the participants connect and relate to each other despite not having met; and lastly, on how the concept of adaptation takes on various meanings throughout the project, including through the curation process.
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Existences entre-deux : s’imaginer un futur au-delà de la binarité. Une exploration de l’identité queer, de la langue et de la liminalité. / States of In-Between: Imagining a Future Beyond Binaries. An Exploration of Queerness, Language, and Liminality.

Gauthier, Elyse 16 November 2023 (has links)
This research project explores two particular approaches to playwriting, autofiction and collective creation, in order to examine how the dramaturgical process can be “queered” through combining methods of creation in unconventional ways. The thematic content of the resulting theatrical text focuses on the intersection of queer/trans identities and bilingualism, specifically through a Franco-Canadian lens, as well as the notions of utopias and futurities in queer contexts. By employing these two methodologies simultaneously and blurring the lines between the individual and the collective, the texts developed through group writing sessions explore the inherent liminality of queer/trans bilingual identities, both in time and in space. To be queer, non-binary and bilingual is to embody duality, disrupt binaries, and exist in grey areas; this same liminal space is central to my exercise both in process and in content. Thus, the object of this study is queer dramaturgy itself, or in other words, the process of writing “queerly,” not just about queerness. The combination of methodologies transgresses the boundaries of the conventional dramaturgical process and aligns itself with queer Practice as Research theories, proposing approaches to playwriting that “are set against the dominant modes of representation and are shaped through forms that are on the fringe and boundaries of disciplines” (Campbell and Farrier, Queer Dramaturgies, p. 7). This project also investigates what trans and non-binary identity means within Franco-Canadian communities, and the relationship between language and gender identity. Furthermore, notions of queer temporality play an important role in the project, given the complex and often conflicting investments that both queer and Franco-Canadian communities have in history and futurity. Through an analysis of Mani Soleymanlou’s works Un. Deux. Trois. and 2042 as case studies of autofictional theatre, collective creation, and utopian performance, as well as the results from a series of writing sessions conducted with multilingual non-binary and trans participants, this research project aims to shed light on these fascinating intersections of identity and process that have thus far rarely been explored. /// Ce projet de recherche explore deux approches dramaturgiques distinctes, soit l'autofiction et la création collective, afin d'examiner comment le processus dramaturgique peut devenir « queer » en combinant des méthodes de création de manière non conventionnelle. Le contenu thématique du texte théâtral qui en résulte se concentre sur l'intersection des identités queer/trans et du bilinguisme, tout particulièrement dans une perspective franco-canadienne, ainsi que sur les notions d’utopies et de futurs possibles dans des contextes queers. En employant ces deux méthodologies simultanément et en brouillant les lignes entre l'individu et le collectif, les textes développés lors des sessions d'écriture de groupe explorent la liminalité inhérente aux identités bilingues queer/trans, à la fois dans le temps et dans l'espace. Être queer, non-binaire et bilingue, c'est incarner la dualité, remettre en question la binarité et exister dans des zones grises. C’est justement cet espace liminal qui est au cœur de mon projet de recherche, à la fois dans le processus et dans le contenu. Ainsi, l'objet de cette étude est la dramaturgie queer comme telle, ou, en d'autres mots, comment on peut créer d’une manière « queer » en plus d’écrire sur un propos queer. La combinaison des méthodologies transgresse les frontières du processus dramaturgique conventionnel et s'aligne sur les théories de la recherche-création queer (Queer Practice as Research), proposant des approches à la dramaturgie « set against the dominant modes of representation and are shaped through forms that are on the fringe and boundaries of disciplines » (Campbell et Farrier, Queer Dramaturgies, p. 7). Ce projet examine également les notions d'identité trans et non-binaire au sein des communautés franco-canadiennes, ainsi que la relation entre la langue et l'identité de genre. De plus, les notions de temporalité queer jouent un rôle important dans le projet, étant donné les investissements complexes et souvent conflictuels que les communautés queer et franco-canadiennes ont par rapport à l'histoire et à l’avenir. À travers une analyse d’œuvres mises en scène par Mani Soleymanlou (Un. Deux. Trois. et 2042) comme études de cas de théâtre autofictionnel, de création collective et de performance utopique, ainsi que les résultats d'une série de séances d'écriture menées avec des participant∙e∙s plurilingues non-binaires et trans, ce projet de recherche vise à mettre en lumière ces intersections fascinantes de l'identité et des processus créatifs qui ont jusqu'à présent été rarement explorées.
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SŌMA ; suivi de, «Corps là, noué aux mots» : plasticité de l’écriture et voilement du je dans Dire II de Danielle Collobert

Lamoureux, Frédérique 08 1900 (has links)
Mémoire en recherche-création / Sōma, c’est le temps de l’inscription de l’écrit sur et dans le corps, c’est le temps de la somatisation, de la révélation de l’affect comme symptôme, du corps qui réplique à la violence extérieure. C’est également un recueil de fragments qui se suivent comme tant de scènes et qui, à la manière d’un « corps sans organes », se lient les uns aux autres selon des connexions productives, « des circuits de conjonctions, des étagements et des seuils, des passages et des distributions d’intensité, des territoires et des déterritorialisations […] ». Un peu comme chez Collobert, l’aventure des fragments s’inscrit avant tout dans un parcours phénoménologique, dans les moyens que se donne le texte pour traduire l’expérience corporelle de la souffrance. Dans Sōma, la narration oscille entre le passé, temps de l’enfermement, de la maladie, des premiers balbutiements de l’écriture, et le présent de l’écriture, source de maux comme de soulagement, qui préside à la création du recueil. Grâce à l’enchevêtrement de ces deux temps narratifs, le je poétique explore les différents états du corps féminin souffrant, qu’il s’agisse de souffrance physique comme de souffrance psychologique. « Corps là, noué aux mots » : plasticité de l’écriture et voilement du je dans Dire II de Danielle Collobert interroge d’abord la plasticité à l’œuvre dans le recueil Dire II de Danielle Collobert. Grâce à une étude approfondie du concept de plasticité tel qu’explicité par la philosophe Catherine Malabou, qui emprunte la notion à Hegel, il nous est permis d’en dégager quelques fonctions : potentiel de donation et d’explosion de la forme, du corps et du sujet. Formellement à l’œuvre dans le recueil à l’étude, ces fonctions innervent et décrivent la nature scripturaire du passage de Dire I à Dire II et qualifient, avec justesse, les métamorphoses internes qui ont lieu dans Dire II. Ces fonctions s’incarnent concrètement grâce à un changement de paradigme textuel : la parataxe remplace la phrase longue, l’horizontalité laisse place à la verticalité, les vers deviennent de plus en plus hachurés, le sujet morphologique semble progressivement disparaître. Ce dernier point ouvre la réflexion sur le second pan principal de l’essai, soit, le voilement du je au sein du recueil. Intrinsèquement reliée à la question de la plasticité, l’apparition et la disparition du sujet poétique soulèvent celle de l’assujettissement, c’est-à-dire de la formation du sujet qui, elle aussi, s’inscrit sous le signe de la plasticité puisque le sujet poétique est en constant devenir, il n’est jamais stable, pareil et identique à lui-même. Les métamorphoses ainsi que les différents états du sujet mènent à une étude approfondie des liens qui existent entre celui-ci et son corps, dont la représentation hante le texte. Examinant les liens entre texte, sujet et corps, l’essai esquissera, notamment grâce à l’apport de Maurice Blanchot, Évelyne Grossman, Gilles Deleuze de Jacques Derrida, une pensée de l’écriture comme souffrance corporelle, de la souffrance comme inscription textuelle. / Sōma is the time of an inscription of the text on and in the body, it is the time of somatization, of the revelation of the affect as a symptom, of the body responding to external violence. It is also a collection of fragments which follow one another like so many scenes and which, like a body without organs, are linked to each other according to productive connections, " circuits of conjunctions, stages and thresholds, passages and distributions of intensity, territories and deterritorializations […]2 ". A bit like with Collobert, the adventure of fragments is first and foremost part of a journey towards a phenomenological writing, in the means that the text gives itself to translate the bodily experience of suffering. In Sōma, the narration oscillates between the past, a time of confinement, illness, the beginning of writing, and the present of writing, a source of pain and relief, which governs the creation of the collection. Through the entanglement of these two narrative tenses, the poetic subject explores the different states of the suffering female body, whether it is physical suffering or psychological suffering. " Body There, Tied to Words " : Plasticity of Writing and Veiling of the I in Dire II by Danielle Collobert first questions the plasticity at work in Danielle Collobert's Dire II. Thanks to an indepth study of the concept of plasticity as explained by the philosopher Catherine Malabou, who borrows the notion from Hegel, we are able to identify some functions: potential for donation and explosion of form, the body and the subject. Formally at work in the work under study, these functions innervate and describe the scriptural nature of the passage from Dire I to Dire II and aptly qualify the internal metamorphoses that take place in Dire II. These functions are concretely embodied thanks to a change of textual paradigm: the parataxis replaces the long sentence, horizontality gives way to verticality, the lines become more and more hatched, the morphological subject seems to gradually disappear. This last point opens the reflection on the second main part of the essay, that is, the veiling of the I within the collection. Intrinsically linked to the question of plasticity, the appearance and disappearance of the poetic subject raises that of subjugation, that is to say of the formation of the subject which, too, is inscribed under the sign of plasticity since the poetic subject is in constant evolution: it is never stable, the same and identical to itself. The metamorphoses as well as the different states of the subject lead to an indepth study of the links that exist between him and his body, the representation of which haunts the text. Examining the links between text, subject and body, the essay will sketch, thanks in particular to the contributions of Maurice Blanchot, Évelyne Grossman, Gilles Deleuze and Jacques Derrida, a thought of writing as bodily suffering, of suffering as textual inscription.
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Athènes, ville matérielle et imaginaire : le marbre, le béton et le bigaradier comme pivots tactiques pour la création d’un zine engagé

Vekhoff, Lara 12 1900 (has links)
Mémoire en recherche-création / Si Athènes occupe une place particulière dans l’imaginaire occidental pour son passé prestigieux, la capitale moderne est dernièrement associée à une crise sociale et économique sans précédent, à des mesures d’austérités délétères et aux luttes. La ville occupe une place privilégiée dans l’étude des cultures et des sociétés car elle concentre de nombreux enjeux économiques, sociaux et matériels. Ces enjeux s’imbriquent dans les imaginaires urbains au cœur de négociations importantes avec le passé et les projections futures. Si les phénomènes urbains font souvent l’objet d’études et de planifications systématiques, cette recherche a pour objectif de dévoiler des imaginaires paradoxaux qui font partie tant de l’histoire que de l’espace de cette ville. Elle s’inscrit au croisement des études des cultures matérielles et des études médiatiques pour aborder les imaginaires en s’intéressant aux matières qui la composent. Le béton, le marbre et le bigaradier se font à la fois médiateurs de ces imaginaires et supports d’interventions informelles sur la ville. Les méthodes de la flânerie, du collage et du zine sont toutes choisies pour leur dimension tactique (De Certeau, 1990), c’est-à-dire comme alternative aux méthodes et formes hégémoniques. L’approche recherche-création accentue la praxis dans une optique de réappropriation de la ville. La collecte de matériels est inspirée par des flâneries dans la ville et dans des sources variées pour arriver à un assemblage non exhaustif de textes et d’images philosophiques, poétiques, historiques, et personnelles. Ce matériel est rassemblé selon les techniques et la logique du collage pour le présenter sous la forme d’un zine. Le béton, le marbre et le bigaradier engagent des réflexions dans la construction d’une identité culturelle et dégagent des notions plus larges comme les relations de pouvoir, le rapport à la nature, à la connaissance, au commun et à l’altérité. / If Athens holds a special place in the Western imagination because of its prestigious past, the modern capital has recently been associated with an unprecedented social and economic crisis, with harmful austerity measures and with struggles. The city occupies a key place in the study of cultures and societies because it concentrates many economic, social and material matters. These matters are embedded in urban imaginaries that are central to important negotiations with the past and future projections. While urban phenomena are often the subject to systematic studies and planning, this research aims to reveal paradoxical imaginaries that are embedded in both the space and history of the city. It stands at the crossroads of material culture studies and media studies to approach the imaginary by focusing on the materials that make it up. Concrete, marble, and sour orange trees are both mediators of these imaginations and vehicles for informal interventions in the city. The methods of flânerie, collage and zine are all chosen for their tactical dimension (De Certeau, 1990), i.e., as an alternative to hegemonic methods and shapes. The research-creation approach emphasizes praxis in a perspective of reappropriating the city. The collection of materials is inspired by strolls through the city and various sources to arrive at a non-exhaustive assemblage of philosophical, poetic, historical, and personal texts and images. This material is gathered using the techniques and logic of collage to present it in the form of a zine. The concrete, marble and sour orange tree trigger reflections in the construction of a cultural identity and release broader notions such as power relations, the relationship to nature, to knowledge, to the common and to otherness.
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Le Don Giovanni de Wolfgang Amadeus Mozart au XXIe siècle : une réactualisation féministe

Kubler, Laura 05 1900 (has links)
Type de dépôt #1 (version complète) / Ce mémoire porte sur la réactualisation de l’opéra d’un point de vue féministe en s’appuyant sur l’exemple de la mise en scène de Don Giovanni (1787-1788) de Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791). Cette étude montre comment il est possible, en s’appuyant sur les outils de l’analyse musicale et littéraire, de créer une mise en scène qui respecte les principales caractéristiques du livret et de la partition – conservant ainsi ce que Jean-Jacques Nattiez appelle des « fidélités locales » – tout en permettant au public d’aujourd’hui de s’identifier à une œuvre composée il y a plus de deux siècles, et de s’y projeter. Pour ce faire, l’enjeu est de proposer une adaptation de l’opéra qui tient compte du contexte politique et social actuel, axé ici sur le féminisme. Prenant pour exemples les trois personnages féminins de Don Giovanni, le mémoire est construit sous la forme d’un triptyque, par ordre chronologique d’apparition des personnages : Donna Anna, Donna Elvira, Zerlina. Ainsi, il sera possible d’établir un point de vue s’apparentant au female gaze dans cet opéra, jusqu’ici majoritairement interprété par le biais du male gazing (regard masculin). Le premier chapitre propose donc l’analyse de deux airs phares du personnage de Donna Anna. Cherchant à l’abstraire de l’entité quasi fusionnelle qu’elle constitue avec son fiancé Don Ottavio, l’analyse harmonique et littéraire s’intéresse aux passages où Donna Anna est susceptible d’affirmer son indépendance. L’analyse de ces mêmes scènes dans deux mises en scènes récentes de l’œuvre vise ensuite à vérifier si les caractéristiques qui ressortent de cette analyse sont mises en valeur dans les productions. Enfin, dans un processus s’apparentant à la recherche-création, je propose pour les passages étudiés des avenues de mise en scène qui tiennent compte des analyses effectuées dans les premières parties du chapitre. Les deux autres personnages féminins sont abordés suivant le même procédé, cherchant d’un côté à dé-ridiculiser celui de Donna Elvira – trop souvent considérée comme « hystérique » – et, de l’autre, à rendre au personnage de Zerlina son côté stratège, habituellement camouflé dans les productions « traditionnelles » où la jeune femme n’est représentée que par son côté paysan. / This thesis explores the feminist actualization of opera, using Wolfgang Amadeus Mozart’s (1756-1791) Don Giovanni (1787-1788) as a case study. This study shows how it is possible, by using musical and literary analytical tools, to create a performance that respects the main characteristics of the libretto and the score—thus preserving what Jean-Jacques Nattiez calls “local loyalties”—while allowing today’s audience to identify with a work composed over two centuries ago. To do so, I propose an adaptation of the opera that takes into account the current political and social context, focused here on feminism. Taking as examples the three female characters of Don Giovanni (Donna Anna, Donna Elvira, and Zerlina), the thesis is built as a triptych in which the characters are studied in the chronological order of their apparition. The approach is based on a female gaze point of view, contrasting with the male gazing interpretation which has been dominant in the operatic world until now. The first chapter analyses two major arias of Donna Anna. In order to free her from the almost fusional entity she forms with her fiancé Don Ottavio, the harmonic and literary analysis centers around passages where she is most likely to show independence. The analysis of these same scenes in two recent stagings of the work then aim to verify whether the characteristics that emerge from this analysis are highlighted in the productions. Finally, in a process of research-creation, I propose staging directions for the same passages that take into account the findings made throughout the chapter. The two other female characters are approached following the same process, seeking on the one hand to de-ridiculize the character of Donna Elvira—too often considered “hysterical” —and, on the other hand, to highlight Zerlina’s sense of strategy, which is usually downplayed in “traditional” productions in which the young woman is solely represented by her peasant character.

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