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Comportements paritaires et discriminatoires de groupes riches-pauvres, dominants-dominésHarvey, Simon-Pierre 06 1900 (has links) (PDF)
Le but de cette thèse était d'étudier, dans le cadre du Paradigme des Groupes Minimaux (PGM), les comportements de discrimination et de parité entre groupes riches et pauvres. Cette thèse aborde quatre grandes questions sur les inégalités sociales : 1) Est-ce que les riches discriminent plus que les pauvres? 2) Est-ce qu'une richesse justifiée par l'effort conduit à plus de discrimination qu'une richesse qui est le fruit du hasard? 3) Dans une relation intergroupe stratifiée à la fois sur la richesse et le pouvoir, de quelle façon ces dimensions influencent-elles la discrimination? Est-ce que des riches-dominants discriminent plus que des pauvres-subordonnés? 4) Qu'est-ce qui motive les riches et les pauvres à discriminer? Est-ce l'intérêt personnel, l'intérêt collectif ou le besoin d'une identité sociale positive? Le premier article de la thèse était composé de deux études et avait pour but d'étudier la discrimination et la parité dans une stratification riche/pauvre basée sur trois types de critère : le hasard, le mérite collectif et le mérite individuel. Dans la première étude, les participants (N = 142) étaient divisés aléatoirement en deux groupes. Dans la première condition, un pile ou face déterminait quel groupe était riche et quel groupe était pauvre, reflétant le destin d'être né dans une famille fortunée plutôt que démunie (condition de hasard). Dans la seconde condition, les membres des deux groupes devaient réaliser un test de mathématiques (mérite collectif). Le groupe dont les membres réalisaient la meilleure performance était assigné au groupe riche tandis que l'autre groupe moins méritant formait le groupe pauvre. À l'aide de matrices de Tajfel, les répondants distribuaient leur propre argent aux membres anonymes de l'endogroupe et de l'exogroupe. Les résultats ont démontré que les pauvres ont plus discriminé dans la condition de hasard que dans la condition de mérite collectif. Les membres du groupe riche ont fait du biais proexogroupe en faveur des pauvres dans la situation de hasard, mais ils ont été uniquement paritaires dans la condition de mérite collectif. Nous proposons que le mérite collectif justifie l'avantage des riches et incite les pauvres à accepter leur position désavantageuse. Dans la seconde étude du premier article, les participants (N = 250) devaient compléter un questionnaire visant à distinguer les individus qui font beaucoup d'effort de ceux qui en font moins. Les individus ayant fait beaucoup d'effort étaient assignés au groupe riche tandis que les individus ayant fait peu d'effort étaient assignés au groupe pauvre. Les résultats ont révélé que les riches ont discriminé envers les pauvres tandis que ces derniers ont été uniquement paritaires en donnant autant d'argent à leur endogroupe pauvre qu'à l'exogroupe riche. Ainsi, le mérite individuel légitime l'avantage des riches et justifie le désavantage des pauvres. Le second article avait comme objectif d'étudier la discrimination entre deux groupes stratifiés à la fois sur le pouvoir et la richesse. Les participants (N = 243) étaient aléatoirement divisés en deux groupes. Un pile ou face déterminait pour chacun des groupes s'il était riche ou pauvre. Un autre pile ou face déterminait quels groupes étaient dominant et subordonné. Les résultats ont démontré que la richesse avait un impact plus soutenu sur les comportements discriminatoires que le pouvoir. Les pauvres ont discriminé plus que les riches. De plus, l'ensemble des participants ont plus discriminé lorsque l'exogroupe était riche que lorsqu'il était pauvre. Par contre, le pouvoir des groupes dominants/subordonnés n'a pas eu d'impact distinct sur leurs comportements paritaires et discriminatoires : les subordonnés ont autant discriminé contre les membres de l' exogroupe que les dominants. Enfin, plus les participants ont discriminé, plus la qualité de leur identité sociale était positive et plus ils avaient le sentiment que leur groupe s'enrichissait. Afin de mieux comprendre le rôle de l'intérêt personnel comme facteur explicatif de la discrimination, les participants de chacune des trois études ont réalisé une seconde allocation dans laquelle ils divisaient un montant d'argent entre eux-mêmes, les membres de l'endogroupe et ceux de l'exogroupe. Les résultats ont démontré que les participants ont surtout satisfait leur intérêt personnel en s'attribuant la plus grande part de l'argent à eux-mêmes. Par ailleurs, en distribuant le reste de l'argent, les répondants ont discriminé en donnant plus d'argent aux membres de leur endogroupe qu'aux membres de l'exogroupe. Ce résultat supporte la prémisse que la discrimination contribue à la différentiation sociale positive et va à l'encontre de l'hypothèse affirmant que les participants discriminent parce que c'est la seule façon de satisfaire leur intérêt personnel. Les résultats de cette thèse nous permettent de mieux comprendre la discrimination entre groupes riches et pauvres, apportant du même fait des éléments de réponses aux questions qui ont orienté cette recherche. 1) Dans le PGM, les pauvres discriminent plus que les riches. 2) Par contre, lorsque la richesse est justifiée sur la base du mérite individuel, les riches discriminent plus que les pauvres. 3) La richesse a plus d'influence que le pouvoir sur le comportement de discrimination des riches et des pauvres. 4) Enfin, bien que les participants se soient attribués la plus grande part de l'argent pour eux-mêmes, leur intérêt personnel n'a pas directement affecté leur comportement discriminatoire. Cependant, l'intérêt collectif de l'endogroupe et le besoin d'une identité positive a motivé les comportements discriminatoires des riches et des pauvres.
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Processus de redéfinition identitaire et reconfiguration des rapports interétatiques chez les Slaves de l'EstBreault, Yann 10 1900 (has links) (PDF)
Le présent travail s'intéresse aux processus de redéfinition identitaire et de reconfiguration des rapports interétatiques se manifestant au sein du groupe d'États-nations slavo-oriental depuis le démantèlement de l'URSS. Fondamentalement, son objectif est double. Il s'agit d'abord de vérifier l'hypothèse d'un groupe d'États-nations slavo-oriental distinct, ayant des propriétés particulières dont les effets s'observent sur les processus de redéfinition identitaire et de reconfiguration des rapports interétatiques entre la Russie, l'Ukraine et le Belarus. Il s'agit ensuite de trouver la clef interprétative permettant de comprendre la dynamique ou la logique interne des interactions qui s'observent au sein d'un tel groupe, à la fois frontalier de l'Europe et de l'Asie. Bien qu'il s'agisse, en réalité, d'une sorte d'anthropologie de la diplomatie postsoviétique, ce travail s'inscrit entièrement dans le champ disciplinaire des Relations internationales. Les discours des hommes politiques influents, les documents juridiques qu'ils ont fait adopter ainsi que les commentaires et les réactions qu'ils ont suscités auprès des experts et des masses forment le terrain empirique à l'étude. Reformulée dans le langage théorique de l'approche constructiviste cette thèse aspire, dans un premier temps, à mettre en relief la macrostructure (à la fois matérielle et idéelle) constitutive d'un sous-système commun aux trois (et seulement aux trois) États-nations successeurs de l'URSS à majorité slavo-orientale et orthodoxe. À cet égard, la présente étude vient confirmer que l'histoire militaire, économique, juridique, religieuse et linguistique génère une structure intersubjective commune et particulière aux Slaves de l'Est. Celle-ci se manifeste par cette croyance, constamment débattue, d'appartenir à une seule et même famille, dont le fondement est à la fois ethnolinguistique et historique. Son existence génère une tension dialectique permanente et unique entre, d'une part, le sentiment de fraternité ethnolinguistique et religieuse et, d'autre part, les rivalités liées au partage de l'héritage d'un passé commun, lequel s'étend de la Rous à l'URSS. En second lieu, ce travail propose d'identifier les microstructures (matérielles et idéelles) explicatives des particularités de chacune des unités étatiques-nationales du sous-système. Ce travail démontre, par le biais d'une analyse des facteurs militaire, économique, juridique, religieux et linguistique susceptibles d'affecter la politique étrangère de chacun des États-nations à l'étude, que les comparaisons jouent un rôle constitutif des personnalités postsoviétiques de la Russie, de l'Ukraine et du Belarus. Cette thèse fait ainsi valoir que les dirigeants tentent de définir leur État-nation d'une façon qui soit tant gratifiante que viable, mais que ce processus n'est pas linéaire et prévisible. Le développement de la personnalité simultanément étatique et nationale constitue plutôt un mécanisme d'apprentissage par essais-erreurs dans lequel chacun, à sa manière, se compare aux autres unités du sous-système. Puisqu'elle oscille entre l'optimisme d'une confédération pacifique et le pessimisme d'une prédation vorace entre ses unités, il appert que la macrostructure sous-systémique à l'étude ne saurait être classée dans l'un des idéaux-types « hobbesien », « lockéen » ou « kantien », tels que décrits par Alexander Wendt. Afin d'expliquer et de mieux comprendre ces passages rapides entre les épisodes de collaboration et les épisodes de confrontation, la présente thèse explore un autre idéal-type de structure intersubjective dont la forme, particulièrement instable, serait de type « familiale ». En dernière analyse, afin d'évaluer la valeur heuristique du prisme interprétatif que serait la métaphore de la famille, ce travail examine les séquences d'interaction triangulaire entre les États-nations slavo-orientaux au cours des années 1990-2010. Sans prétendre pouvoir surmonter la difficulté consistant à identifier des critères stricts et précis de falsifiabilité (caractéristique de tout modèle théorique parcimonieux), cette thèse fait valoir les mérites d'un cadre analytique comparatif et longitudinal fondé sur la métaphore de la famille et permettant à la fois d'expliquer et de comprendre les rapports politiques postsoviétiques chez les Slaves de l'Est. Par cette analyse sous-systémique, l'étude permet d'approfondir le débat sur les mérites et les limites de l'approche constructiviste en Relations internationales.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : relations internationales, constructivisme, analyse comparative, Russie, Ukraine, Belarus
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Pratiques de "socialisation marginalisée" et espace urbain : le cas des jeunes de la rue à Montréal (1985-1995)Parazelli, Michel 04 1900 (has links) (PDF)
Cette thèse s'inscrit dans une double démarche d'élaboration théorique et de confrontation empirique dont le but est de comprendre la structuration géosociale des pratiques de socialisation des jeunes de la rue montréalais. Pour ce groupe social marginalisé qui se distingue de l'itinérance et du phénomène de gang de rue, l'espace de la rue représenterait une alternative sociosymbolique au processus de dilution du lien social dont ces jeunes furent l'objet durant leur enfance et leur adolescence. C'est pourquoi nous considérons les manifestations d'appartenance des jeunes au Milieu de la rue comme des tentatives de socialisation marginalisée. En rupture avec les formes traditionnelles d'insertion sociale, les jeunes de la rue montréalais institueraient de façon précaire un certain usage de la marge sociospatiale urbaine dans la perspective d'une recomposition identitaire. Pour certains jeunes, l'expérience de la rue prendrait la forme d'un rituel de passage tandis que pour d'autres, elle conduirait à l'enfermement. En établissant des liens transdisciplinaires entre certains apports de la psychanalyse, de la géographie humaine structurale et de la sociologie, nous avons reconstitué théoriquement le parcours géosocial de socialisation des jeunes de la rue (de 1985 à 1995). Pour élaborer cette reconstitution, nous nous sommes inspiré du concept de « structure morphologique abstraite » de l'établissement humain de Desmarais (1992). C'est aussi à partir des concepts-clés « d'espace transitionnel » (Winnicott, 1975), de « contrôle politique de la mobilité » (Mercier, 1992), de « prégnances attractives et répulsives » (Thom, 1991), de « trajectoires géographiques » (Ritchot, 1992), de « mouvement d'appropriation de l'acte » (Mendel, 1992) que nous avons dégagé des indicateurs ainsi qu'un cadre opératoire nous permettant de vérifier empiriquement cette construction d'objet. La compréhension du lien qui unit le processus identitaire à l'espace nous a conduit à attribuer un rôle structurant à la spatialisation de l'imaginaire social dans l'analyse de pratiques de socialisation marginalisée. Ainsi, nous envisageons la marge sociospatiale urbaine utilisée par les jeunes de la rue comme une organisation géographique structurant de façon topologique leurs pratiques d'appropriation spatiale et d'identification sociale. Pour connaître le sens de la quête de lieux de socialisation par les jeunes de la rue, il est nécessaire d'identifier le contexte d'origine de leur parcours géosocial respectif. Le niveau profond de ce parcours est fondé sur un imaginaire anthropologique symbolisant l'altérité transmise par l'instance familiale via le processus de régulation narcissique. Étant donné que les conditions initiales de cette régulation narcissique furent pénibles sinon quasi inopérantes, les adolescents qui choisissent de façon contrainte de vivre dans la rue tenteraient de réédifier le cadre de socialisation eux-mêmes à partir d'un héritage parental précaire. Dans sa quête identitaire, le sujet sera attiré dans des lieux ayant un fort potentiel transitionnel dont les prégnances sociosymboliques correspondent à l'imaginaire social de son parcours narratif. La dynamique de ces pratiques identitaires procéderait d'une association symbolique entre la quête de subjectivation et les lieux qui spatialisent le mieux l'expression esthétique et affective de cette quête. Nous avons aussi examiné en quoi les facteurs d'accessibilité, de programmation ainsi que de contrôle et de surveillance pouvaient affecter le potentiel de socialisation marginalisée des jeunes de la rue dans le secteur de Montréal le plus fréquenté collectivement par ces jeunes. Les résultats de la recherche empirique auprès de 30 jeunes de la rue et de 24 intervenants attestent, selon nous, de la pertinence de notre choix théorique. Nous démontrons comment l'imaginaire social constitue la source de la dynamique interne du parcours géosocial de socialisation des jeunes de la rue. En approfondissant la question du mode de relation aux lieux les plus fréquentés par ces jeunes, nous avons pu dégager un mode de relation spécifique comprenant des variations selon la forme de relations parentales vécues. En effet, le registre axiologique peut varier sensiblement en fonction d'un investissement plus marqué au sein de l'une des trois composantes axiologiques du mode de relation des jeunes de la rue. Fondé sur l'imaginaire social de l'autonomie naturelle, ce mode de relation traduit sur le plan cognitif un registre axiologique composé de valeurs ambivalentes : liberté/captivité (registre prépondérant de la forme de relations parentales incohérentes), affirmation de soi/négation de soi (registre prépondérant de la forme de relations parentales d'abandon) et indépendance/dépendance (registre prépondérant de la forme de relations parentales de domination, de superficialité et de détachement). Ce complexe de valeurs s'actualise dans la vie des jeunes de la rue au sein d'une logique d'appropriation de leurs actes consistant à fuir l'autorité des adultes, à donner un sens à leur existence marginalisée et à prendre en charge leur survie. Ce mode de relation des jeunes de la rue détermine les destinations de leur trajectoire d'évasion provoquée par la dispersion de leur milieu d'origine. De façon générale, les lieux les plus communément attractifs étaient ceux qui, sur les plans esthétique et affectif, spatialisaient des prégnances articulées autour des valeurs d'attribution identitaire d'origine de ces jeunes, c'est-à-dire des valeurs de transgression (ex.: relations parentales incohérentes), d'abandon (ex.: relations parentales d'abandon) et de rejet (ex.: relations parentales de domination, de superficialité et de détachement). La reconnaissance spatiale de ces valeurs servait de points de repère topologiques permettant aux jeunes de la rue de se rassembler et de s'identifier collectivement à certains lieux d'appartenance plutôt qu'à d'autres. À Montréal, ces lieux correspondent bel et bien à la partie est de la rue Sainte-Catherine, certains secteurs de l'ancien Red-Iight. Par exemple, entre 1985 et 1995, des lieux tels que les Blocs (espace vacant à proximité des Foufounes électriques) et le square Saint-Louis (parc public occupé par le mouvement contre-culturel des années 60) ont représenté pour plusieurs jeunes de la rue des espaces identitaires majeurs. C'est pourquoi, il est nécessaire de s'interroger davantage sur les conséquences sociales liées à une éviction aveugle des jeunes de la rue par des autorités qui n'y verraient que flânage et foyer de délinquances. Suite à l'accroissement de mesures de contrôle et de surveillance résultant du contexte de revitalisation du centre-ville-est, nous avons observé que les lieux de socialisation marginalisée des jeunes de la rue ont régressé de 1985 à 1994. Bref, le potentiel transitionnel des lieux que des jeunes de la rue ont tenté de structurer de façon très précaire, est actuellement engagé dans un processus de déstructuration.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : jeunes de la rue, forme de relations parentales, pratiques de socialisation marginalisée, espace transitionnel, identité, représentation topologique de l'espace, trajectoire géographique, revitalisation urbaine, imaginaire social, prégnance sociosymbolique, parcours géosocial de socialisation.
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La construction d'une identité collective : la formation littéraire dans les mémoires des écrivains américains et canadiens à Paris dans les années 1920Durling, Eric 09 1900 (has links) (PDF)
La présente thèse porte sur le thème de la formation littéraire d'un groupe d'écrivains américains et canadiens qui s'installent à Paris dans les années 1920 dans le but de vivre des expériences littéraires formatrices. Le corpus est formé de mémoires de leurs séjours parisiens. Je cherche à montrer, dans une perspective postcoloniale, ce qui motive ces Nord-Américains à chercher en France une initiation à une vie littéraire qui leur est impossible dans leur pays d'origine. La réalisation de cette communauté parisienne est également examinée sous cet angle postcolonial mais les notions d'identité et d'altérité qui y résident sont aussi soumises à la pensée de Gilles Deleuze et de Félix Guatarri, à travers les concepts de la déterritorialisation, du devenir et de la ligne de fuite. Différence et identité sont aussi parmi les préoccupations des auteurs du corpus lorsqu'ils partagent leurs réflexions sur l'état de leur langue, leur littérature et leur écriture à l'époque de leurs expériences parisiennes. Une analyse de ces délibérations s'appuie sur une théorie postcoloniale avec l'apport de Deleuze et Guatarri mais démontre également l'intérêt du choix, de la part de nos auteurs, du genre des mémoires dans la transmission de leur histoire. Dans la première partie, « L'émergence d'une identité collective », je me suis employé à montrer la motivation qui pousse les auteurs du corpus, ainsi que des dizaines de milliers de personnes en provenance du continent américain, à quitter leur pays d'origine pour s'installer à Paris. Certes, la force des monnaies américaines et canadiennes face au franc français pendant la décennie qui suit la Première Guerre mondiale est un facteur non négligeable du phénomène, mais le rôle que joue la capitale française, ne serait-ce que dans l'imaginaire de ces expatriés, en tant que capitale internationale des arts et lettres, semble davantage déterminant dans leur choix de faire partie d'une communauté littéraire dans cette ville. Paris représente, à leurs yeux, l'antithèse de la culture dominante petite-bourgeoise. Il est aussi démontré que le passé colonial britannique des États-Unis et du Canada étouffe les jeunes générations et qu'il empêche les aspirants écrivains parmi eux à trouver leur voix/e. La deuxième partie, « Lieu et communauté à Paris », porte sur l'appropriation par nos auteurs des lieux géographiques et des espaces sociaux. Dans le premier chapitre, il est question d'une géographie de la ville que construisent les expatriés. Ils s'associent, en tant que communauté littéraire, principalement au quartier Montparnasse, lui-même assimilé dans leur imaginaire au Quartier Latin, lieu géographique traditionnel des artistes de la rive gauche parisienne. Mais la présence sur la rive droite de la Seine des institutions, banques, services postaux et autres, qui desservent particulièrement les membres de cette communauté expatriée, signifie inévitablement l'annexion de cette partie de la ville au territoire initial de la rive gauche. De la même manière, des localités extra-parisiennes sont rattachées, par les membres de la communauté littéraire, à leur étendue géographique, en tant qu'espaces de création qui complètent les lieux de stimulation qu'ils découvrent à Paris même. J'étudie ensuite, dans le deuxième chapitre de cette partie, l'appropriation, de la part de nos auteurs, d'espaces sociaux parisiens. Puisqu'ils cultivent peu les contacts avec leurs homologues français, la formation de leur communauté littéraire se vit surtout à travers leurs relations aux gens de lettres anglophones déjà établis dans la ville, tels James Joyce et Ezra Pound, ainsi qu'à leurs semblables fraîchement débarqués dans la capitale française. Leurs récits prennent souvent des allures, donc, de portraits de l'artiste, s'apparentant alors au roman d'apprentissage. Ces portraits se construisent à partir de l'élément narratif primordial des mémoires - l'anecdote - et de composantes rhétoriques - métonymies et synecdoques. J'examine les images de cette société qui sont construites à partir de ces figures par lesquelles chacun des auteurs cherche à se représenter à travers un ensemble. La troisième partie, « Identité et différence », s'intéresse à l'identification de nos auteurs à leur littérature nationale ainsi qu'à l'identité collective qu'ils se construisent et qui s'effectue à travers la rédaction de leurs mémoires. Je m'interroge, dans le premier chapitre de cette partie, sur la manière dont l'expérience parisienne modifie le regard que portent ces jeunes écrivains sur le caractère et la qualité des lettres que produit leur pays. Paris leur offre un laboratoire pour se développer et contribuer à leur littérature nationale. Les maisons d'édition et des revues littéraires de langue anglaise de cette ville font paraître des écrits expérimentaux et encouragent l'exploration d'une langue et d'une écriture nord-américaine autres que celles qui ont cours au Canada et aux États-Unis à cette époque. Mais ces organes littéraires soulèvent peu d'intérêt commercial et même s'ils permettent à certains de se faire connaître pour ensuite être sollicités par un éditeur américain, la fin de l'aventure parisienne est vue par nos auteurs, dans leurs récits, comme un revers de leur rêve littéraire. Enfin, dans le deuxième chapitre de cette partie, je cherche à démontrer le lien entre le genre des mémoires et la fabrication d'une identité collective. À partir de l'analyse d'un article de Marcus Billson, une des seules véritables études du genre, j'appliquerai les trois positions rhétoriques du mémorialiste – le témoin, le participant et l'historien – à chacun des récits du corpus. Ce genre se distingue notamment de celui de l'autobiographie puisque ce dernier s'intéresse principalement au développement du sujet individuel tandis que l'auteur des mémoires s'identifie à sa société en se préoccupant du rôle social qu'il a joué dans sa vie. Le choix de ce genre semble alors s'imposer à nos auteurs qui désirent représenter leur formation littéraire dans le contexte d'une société particulière - celle d'une communauté littéraire parisienne - qui se définit par son opposition à sa culture d'origine mais qui, paradoxalement, constitue un des chapitres les plus riches de son histoire littéraire.
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Un penchant pour l'opacité : de l'identité rhizomatique à la résistance langagière et narrative dans Solibo Magnifique et Traversée de la mangroveSunnerstam, Hanna January 2012 (has links)
This thesis analyses two novels taking place in the Caribbean context, Traversée de la mangrove (1989), written by Maryse Condé, and Solibo Magnifique (1988), written by Patrick Chamoiseau. Focus is on the themes of identity and resistance and how these themes are represented and problematised in the novels. Some narrative aspects are also given attention, such as how the use of different narrative techniques mirrors the themes in the novels. Objecting to the French/European obsession with rationality, transparency and linearity, the novels propose other ways of expressing identity as well as writing literature. The French language, associated with Western and colonial discourses and with the ideals of Enlightenment, is used as a tool to dominate and suppress others. Identity is described in terms of rhizomatic relationships and diversity, rather than as stable entities. Opacity is a way of resisting the violence of rational descriptions and the linear, causal narrations. By refusing to tell all, and by claiming that certain things cannot be explained in rational ways, the novels problematise the act of representing and insist upon complexity. The penchant for opacity is reflected in the narration for example in the tendency to pose questions rather than provide answers for the reader.
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Une identité de fracture : Une étude de Garçon manqué et Je ne parle pas la langue de mon père / En frakturerad identitet : En studie av Garçon manqué och Je ne parle pas la langue de mon pèreKarlsson (Sunnerstam), Hanna January 2011 (has links)
Denna uppsats har som syfte att studera hur identitet skildras i de självbiografiska romanerna Garçon manqué (2000), skriven av Nina Bouraoui och Je ne parle pas la langue de mon père (2003), skriven av Leïla Sebbar. Utifrån postkoloniala och feministiska perspektiv visar jag hur romanerna, skrivna av fransk-algeriska, kvinnliga författare, gestaltar erfarenheter av splittrad identitet och utanförskap. Dessa erfarenheter lyfts fram som resultatet av bland annat nationalistiska och misogyna diskurser. Minnena av våldet i de koloniala relationerna mellan Frankrike och Algeriet lever starkt kvar i protagonisternas medvetanden. På så sätt länkas deras personliga upplevelser av våld till en kollektiv historia. Samtidigt artikulerar romanerna motstånd mot de diskurser som genom sina ansatser att bemäktiga sig subjektet påminner om en kolonial logik.
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Des écritures de la violence dans les dramaturgies contemporaines d'Afrique noire francophone (1930-2005)Gbouablé, Edwige 19 February 2007 (has links) (PDF)
La violence traverse la production théâtrale d'Afrique noire francophone depuis ses origines. Elle y est sujette à des mutations thématiques et esthétiques qui font évoluer sa nature d'une époque à une autre. On est ainsi passé du vase clos des théâtres de la violence assimilatrice où la forme constituait un moyen d'assujettissement à une écriture éclatée de la violence dans les oeuvres contemporaines. Elle apparaît dans le théâtre de William Ponty (1930) sous forme de conflit culturel tiré des moeurs africaines. Devenue politique, la violence des années 70 embarque les catégories dramaturgiques dans l'affrontement colons/colonisés. Avec le théâtre de 1980, la violence, toujours politique, prend une autre configuration marquée par une tentative de rupture d'avec les canons classiques. L'association du burlesque au tragique, le court-circuit de la langue française, le dialogue entre tradition et modernité à travers une écriture endogène sont autant de réalités caractérisant l'expression des conflits du désenchantement. Dans la majorité des pièces d'après 1990, en revanche, les conflits revêtent une image plurielle qui convoque le monde et des modes d'expression distincts. C'est une écriture hybride dans laquelle la violence est portée par une désarticulation des catégories dramatiques et du sens pouvant en ressortir. De cette écriture dynamique de la violence, résulte un déplacement des enjeux théâtraux dans la mesure où les drames africains aujourd'hui se débarrassent des relents nationalistes pour épouser les réalités du monde. Aussi, l'ouverture des théâtres contemporains suscite-t-elle une diversité de formes dont la complexité remet en question la notion d'africanité.
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Travailleurs informels en Argentine: de la construction d'identités collectives<br />à la constitution d'organisations ?Busso, Mariana 17 July 2007 (has links) (PDF)
Cette thèse étudie le rapport entre les identifications sociales et les formes d`organisation de travailleurs des marchés de fruits et légumes, d'artisanat, et de vêtements et de produits divers à la ville de La Plata , Argentine, au début du XXIème siècle. La thèse décrit le réseau de dépendance où ces travailleurs s'insèrent; elle explicite les référentiels identitaires à partir desquels les individus se positionnent face à "autrui"; elle démontre que dans chaque type de marché prédominent des référentiels identitaires qui renvoient à des différents sphères qui s'articulent dans les marchés. Elle consigne les différentes formes d'organisation développées par les travailleurs. Elle démontre, à la fin, que les organisations qui sont porteuses de formes identitaires où les référentiels proviennent des sphères non strictement professionnelle sont celles qui ont obtenu la plus grande implication de la part des travailleurs.
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L'Eglise catholique et les églises dans le régime français de laÏcitéPerrin, Anne 25 November 2005 (has links) (PDF)
Ce travail se propose d'analyser la situation de L'Église catholique dans la société française à l'époque actuelle, en étudiant sur le terrain la gestion et l'utilisation des églises catholiques. Cette analyse tient compte de deux facteurs majeurs : le statut légal des édifices cultuels en France (surtout celui des églises catholiques) et l'histoire récente du catholicisme. Le statut des églises est défini par le système juridique issu de la loi du 9 décembre 1905. L'histoire du catholicisme est marquée par le concile Vatican II et sa réforme liturgique, et par les options récentes du catholicisme français pour une nouvelle visibilité, après la période « d'enfouissement » qui a suivi ce concile.<br />Dans la gestion et l'utilisation des églises, l'Église catholique se trouve confrontée aux points de vue de trois types d'acteurs : usagers (à quelque titre que ce soit), propriétaires publics (le plus souvent les communes) et administration du Patrimoine (l'État). Les usagers n'ont pas de possibilité juridique d'agir dans ce domaine, mais leur opinion conditionne et justifie l'action des autres catégories d'acteurs. Toutes les catégories souhaitent la sauvegarde des églises et leur maintien au culte, mais pour des motifs divers. Les utilisateurs les considèrent généralement comme leur patrimoine culturel et identitaire, les communes partagent ce point de vue, mais sont aussi préoccupées de gérer au mieux des édifices lourds à entretenir et peu utilisés, l'administration du Patrimoine veut aussi les maintenir au culte catholique, mais pour conserver le plus possible leur « authenticité » culturelle. <br />L'Église catholique doit tenir compte des perceptions des usagers, du droit du propriétaire le plus souvent public, mais aussi de l'autorité de l'administration du patrimoine, dans le cas très fréquent d'édifices protégés au titre des Monuments historiques. Ce dernier point la met en concurrence avec les experts de l'État sur l'interprétation de ses propres symboles. Elle doit aussi et surtout organiser le culte dans les églises et y accueillir la communauté des fidèles, dans le cadre défini par la réforme liturgique de Vatican II. Prise entre le synchronique du culte ici et maintenant et le diachronique de sa présence comme institution majeure de sens depuis les origines dans la société française, L'Église catholique doit maintenir la tension entre les deux pour pouvoir demeurer aujourd'hui une ressource de sens particulièrement pertinente parmi celles qui se disputent le « marché » du sens en France. <br />Le nombre des prêtres et des fidèles catholiques diminue régulièrement. Malgré cela, la société française continue d'adresser à l'Eglise catholique des demandes d'utilisations des églises, publiques ou privées. L'Eglise catholique accède assez largement à ces demandes en tentant de contrôler aussi bien les utilisations culturelles que sociales. Demandes et réponses montrent que L'Église catholique tient dans la société française une place tout à fait particulière, qu'on pourrait assimiler à un des éléments d'une religion civile « catho-laïque ». Elle demeure une institution majeure de référence, même si un très petit nombre de Français se considèrent comme ses adhérents et qu'un nombre encore plus petit se sent lié par ses recommandations en matière de morale, en particulier sexuelle.
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PATRIMOINE ET CONSTRUCTION D'URBANITÉ DANS LES PETITES VILLES. LES STRATÉGIES IDENTITAIRES DE LA REQUALIFICATION DES CENTRES-VILLES EN ISÈREPerigois, Samuel 24 October 2006 (has links) (PDF)
La problématique de la petite ville et la pertinence des objets urbains doivent être reconsidérées avec les recompositions territoriales et les processus contemporains de métropolisation. Le constat d'une multiplication d'opérations de requalification des centres des petites villes depuis deux décennies amène à repenser les modes de production urbaine. Notre hypothèse est que la requalification des centres-villes s'inscrit dans un processus de patrimonialisation qui participe à une nouvelle conception de l'urbanité à travers une mise en scène des espaces centraux. On interroge donc la constitution de nouvelles figures de l'urbanité et l'émergence de nouveaux discours sur les figures de la petite ville à travers l'instrumentalisation des valeurs patrimoniales dans le champ de l'aménagement et de l'urbanisme.<br />Les notions de patrimoine, d'identité et d'urbanité sont examinées à partir d'un échantillon de vingt<br />petites villes du département de l'Isère. L'étude des procédures de requalification et des stratégies des acteurs met en évidence des modalités d'une construction politique d'un type d'urbanité. Notre<br />recherche analyse particulièrement la production de centralité et les implications physiques et<br />symboliques des opérations de revalorisation et esthétisation des espaces publics. Ces dernières<br />mobilisent des signes de temps long et d'une « ancienneté » générique comme en témoigne le<br />recours banalisé aux mobiliers urbains « de style » ainsi qu'aux artefacts renvoyant à des imaginaires<br />du passé urbain.
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