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La lutte pour la reconnaissance des Québécoises de 2e génération portant le voileZoghlami, Khaoula 04 1900 (has links)
Ce mémoire vise à comprendre l’expérience de vie des jeunes Québécoises de 2e génération portant le voile islamique, qui ont vécu le débat sur la charte de la laïcité au Québec en 2012. Un des articles de ce projet de loi visait à interdire le port des signes religieux «ostentatoires» par les employés de la fonction publique. Une vague de protestation a animé les membres des minorités religieuses visées et une apparition, quoique marginale, des Québécois de 2e génération a commencé à émerger. À travers le concept de lutte pour la reconnaissance tel que théorisé par Honneth et celui de stigmate amené par Goffman et élaboré par Göle, j’ai tenté de comprendre l’expérience de lutte pour la reconnaissance entamée par des Québécoises porteuses d’un signe religieux stigmatisé. Le concept d’hybridité m’a permis également de comprendre la richesse identitaire de ces jeunes qui se manifeste notamment dans l’articulation de leurs revendications. J’ai ainsi mené 13 entrevues semi dirigées sur le mode du récit de vie avec des jeunes femmes âgées entre 19 et 27 ans, nées au Québec et portant le voile islamique. / This Masters aims to understand the life experience of young Québécoises from second generation of Muslims immigrants wearing Islamic headscarves, and who experienced the debate over the political project la charte des valeurs in 2012. One of the articles of this charte aimed to forbid employees of the public sector to wear ‘ostentatious’ religious signs. The province of Quebec has witnessed a wave of protests and many rallies of members of religious minorities who felt targeted by this bill. I have noticed the emergence of the second generation of these religious minorities who displayed their religious signs in the public space and protested against La Charte. To understand this phenomenon I used the concept of struggle for recognition theorized by Honneth and the concept of stigma elaborated by Goffman and later by Göle. I tried to comprehend the struggle for recognition of the young Quebeckers wearing the veil as a stigmatized religious sign. The concept of hybridity allowed me to consider the multiplicity of identifications of these young women and how it could be articulated through their struggle for recognition. I conducted 13 semi structured interviews with young Muslim women between 19 and 27 years old, born in Quebec and wearing the Islamic headscarf.
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La representation de l’enfant dans la litterature mauricienne francophone : de Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre a nos jours / The representation of the child in Mauritian francophone literature : from Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre to dateDosoruth, Sonia 11 December 2010 (has links)
Pendant longtemps sujette aux influences littéraires empruntées, la littérature mauricienne francophone a mis du temps pour trouver ses marques. Inspirée de la littérature romantique issue de Bernardin de Saint-Pierre avec notamment Paul et Virginie, elle va graduellement se frayer un chemin dans le long parcours – aux sinuosités souvent dangereuses – de son processus de maturation. Par conséquent, l’enfant (re)découvre les potentialités qui sont en lui et fait éclater l’univers d’enfermement qui l’a jusqu’à présent emprisonné. Ne se pliant plus aux exigences des périodes littéraires qui ont marqué l’île - notamment celles coloniale, pré-indépendance et post-indépendance - l’enfant émerge moins en tant que perpétuation du jeu de mimétisme qu’en tant qu’être en devenir. La littérature contemporaine sera un creuset entre métissages et panachages linguistiques comme dans un but de s’éloigner le plus possible de l’authentification de la redite. L’enfant renaît ainsi des cendres de l’univers initial romantique pour atteindre une autonomie réelle tant dans son individualité que dans son rapport avec le monde qui l’entoure. / Long subjected to external literary influences, the Mauritian francophone literature took its time before leaving its own mark. It was inspired by the romantic literature of Bernardin de Saint-Pierre, namely with Paul and Virginia, and gradually made its way on the long – and often tortuous – road to maturity. Hence, the child rediscovers the potential within and destroys the shackles of the universe that had so far held him captive. No longer caving into the influences of the island’s various literary eras – namely colonial, pre-independence and post-independence – the child emerges not so much as a continuation of past influences as his own blossoming being. Contemporary literature hence becomes the crucible between linguistic mixes and interbreedings, as if to create the greatest possible gap with the authentification of repetition. Thus, the child is reborn from the ashes of the original romantic universe, and blooms to reach real autonomy in his individuality as well as his relationship with the world around him.
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Relations interethniques et identité à l'école primaire : effet du groupe ethnique, de l’âge et du contexte scolaire / Interethnic relationship and identity at primary school : effect of ethnic group, age and school contextRousseau, Julie 14 December 2009 (has links)
Les relations interethniques, qu’elles soient intergroupes comme les attitudes interethniques ou interpersonnelles comme les choix affiliatifs, prennent une place déterminante dans la construction de l’identité de l’enfant, en raison de leur influence sur l’estime de soi et l’identification ethnique. L’enfant français grandit dans un environnement qui offre une diversité de groupes culturels, issus ou non de l’immigration. En étudiant certains aspects de l’identité et des relations interethniques des enfants français scolarisés en primaire, l’objectif de cette recherche est vérifier différents modèles théoriques compte tenu de critères tel que l’appartenance ethnique, le contexte scolaire et l’âge. Pour cela, nous avons mesuré pour chaque enfant, leur niveau d’estime de soi et d’identification ethnique, les biais dans leur choix affiliatifs ainsi que les attitudes implicites et explicites exprimées à l’égard des différents groupes ethniques qui les entourent. L’échantillon comporte 447 enfants de CE1 et de CM1 provenant de trois groupes ethniques français, maghrébin et africain scolarisés dans trois contextes scolaires, classes monoculturelles françaises, classes à 50 % françaises et classes multiculturelles. Le lien entre l’identification ethnique, les attitudes interethniques et l’estime de soi varie selon les groupes ethniques et le contexte scolaire. L’estime de soi est liée principalement à l’âge. Les deux groupes issus de l’immigration diffèrent dans leurs attitudes interethniques. Les attitudes interethniques des enfants reflètent en partie les images véhiculées sur les groupes issus de l’immigration. Les enfants partagent une perception commune positive envers les groupes d’origine française et africaine et négative envers les groupes d’origine maghrébine. Un contexte scolaire multiculturel n’entraîne pas plus de biais interethniques dans les choix affiliatifs ni d’attitudes plus positives envers les groupes d’origine maghrébine, mais plutôt une plus forte identification ethnique. Les biais dans les choix affiliatifs ne sont pas influencés par les attitudes interethniques, les enfants ne font pas de biais endo ou exo-groupes dans leurs choix. / Interethnic relationships, whether they are intergroups as interethnic attitudes or interpersonal as affiliative choices, take a major role in the construction of child's identity, due to their influence on self-esteem and ethnic identification. French children grow in an environment offering a diversity of several cultural groups coming from immigration or not. Through the study of certain aspects of French children’s identity and interethnic relationships, the purpose of this research is to confirm several theoretical models upon criteria such as ethnic membership, school context and age. Indeed, for each child we scaled his level of self-esteem and ethnic identification, the biases he could show in his affiliative choices and his explicit and implicit attitudes towards the various ethnic groups around him. The sample is composed of 447 children in second and fourth grades, coming from three different ethnic groups: French, Maghrebian and African; schooled in three different contexts: French-monocultural classes, 50% French classes, and multicultural classes. The link between ethnic identification, interethnic attitudes and self-esteem differ according to ethnic groups and school context. Self-esteem is mainly linked with age. The two groups coming from immigration don’t show the same interethnic attitudes. Children’s interethnic attitudes partially match the stereotypes about groups coming from immigration. The children share a common positive vision towards French and African groups and a negative one towards Maghrebians. A multicultural school context doesn’t mean more interethnic biases in affiliative choices neither positive attitudes towards Maghrebians, but foster a strong ethnic identification. Affiliative choices biases are not linked with interethnic attitudes, children don’t show endo or exo-group biases in their choices.
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Stratégies de régionalisation : le cas des intervenants isolés en région au QuébecArsenault, Maude 06 1900 (has links)
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La diaspora mauritanienne : entre retour et éloignement depuis les "Événements" de 1989Thiam, Khoudia 05 1900 (has links)
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Stratégies territoriales des Juifs hassidiques de Williamsburg, Brooklyn (New York) face aux mutations urbaines / Spatial strategies of the Hasidic Jewish community in Williamsburg, Brooklyn (NY) in the context of urban changesPérotin, Côme 28 November 2016 (has links)
La communauté juive hassidique de Williamsburg a formé progressivement dans l’après-guerre uneenclave religieuse fondamentaliste dans le sud du quartier. Ce projet d’appropriation du territoire aété menacé par la gentrification et le redéveloppement du quartier depuis les années 80. Il s’agitd’abord de montrer les enjeux soulevés par ces transformations et les stratégies mises en place par lesrésidents et les autres acteurs intervenant dans le quartier. Les juifs hassidiques ont eu une positionambivalente puisque les mutations représentaient pour eux aussi bien une contrainte que desopportunités. Les entrepreneurs de la communauté ont investi massivement dans l’immobilier duquartier, capturant une partie de la rente foncière. Dans le même temps, les fidèles peu éduqués etmal intégrés au marché de l’emploi ont peiné à trouver des logements abordables pour héberger leursfamilles nombreuses. Nous verrons ensuite comment cette communauté qui a une attache trèsparticulière au territoire est parvenue à se préserver mieux que les autres enclaves d’immigrés duquartier grâce à des stratégies immobilières et politiques. L’entraide a permis de limiter la montée duprix des loyers et la communauté a construit des milliers de nouveaux logements pour les fidèles surd’anciens terrains industriels grâce aux capitaux de quelques entrepreneurs hassidiques fortunés etd’une petite classe de propriétaires. L’isolement des fidèles et la croissance résidentielle de l’enclaveont été facilités par la très bonne intégration de la communauté à la vie politique municipale. / The Hasidic Jewish community in Williamsburg forms a fundamentalist religious enclave in the southsince the Second World War. Gentrification and redevelopment have been threatening this spatialproject since the 80’s. We will discuss first the issues raised by the recent changes for the localcommunity and the strategies of all the stakeholders involved or affected by those changes. HasidicJews had an ambivalent position and change became an opportunity as much as a pressure for them.Hasidic entrepreneurs have been active in real estate all over the neighborhood and they were able tocollect a rent gap. In the meantime, most members are poor because they lack education and skills.Due to this, they have a very hard time finding affordable housing for their large families. We will thenshow how this community with strong ties to its territory has managed to preserve itself better thanthe other immigrant enclaves in the area, using real estate and political strategies. Solidarity hashelped to maintain fair rent for the neediest and the community has developed thousands of new unitson former industrial lots with the help of wealthy entrepreneurs and a small owner class. The deeppolitical integration of the Hasidic community in the local governance has facilitated their isolation andresidential growth.
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Ethnographie des mémoires de la guerre au Pérou (1980-2000) : vivants, morts et souffrants dans les communautés paysannes andines / An ethnography of the memories of the war in Peru (I980-2000) : the living, the dead, and the suffering in Andean peasant communitiesDelacroix, Dorothée 08 December 2014 (has links)
Ce travail interroge la nature multidimensionnelle du processus mémoriel qui fait suite au conflit armé interne du Pérou (1980-2000). Il met en évidence la fluidité du statut de victime qui varie selon le contexte social d’énonciation et le type de discours auquel il correspond. Le regard que portent les militants de défense des droits de l’Homme sur les paysans des Andes, principales victimes de la guerre, est confronté aux regards que portent ces derniers sur eux-mêmes et sur leur place dans la société nationale. L’analyse des modalités et des enjeux politiques, sociaux et économiques des commémorations collectives autour de El Ojo que Llora (L’Œil qui pleure), un monument aux morts érigé à Lima puis reproduit dans une communauté paysanne des Andes, constituent un premier axe de ce travail. L’attention portée aux conceptions de la personne amène, dans un second temps, à aborder la complexité des expériences individuelles de la guerre et du rapport au monde des survivants. Le passage de la sphère publique à l’ethnographie de l’entre soi permet de mettre au jour l’importance que jouent, dans la construction mémorielle de ces communautés paysannes de l’Apurímac, les relations quotidiennes entre voisins et celles qui sont nouées avec les proches décédés durant le conflit. L’étiologie de certaines maladies, notamment, constitue un langage alternatif qui permet de parler de la guerre et de ses protagonistes autrement qu’à travers leur évocation explicite. Ainsi, vivants, morts et souffrants apparaissent comme autant de figures structurantes de cette recherche qui oscille entre dits et non-dits. / This work examines the multidimensional nature of the memory process that took place following Peru's internal armed conflict (1980-2000). It highlights the fluidity of the status of victimhood, which varies according to the social context of enunciation and the type of discourse to which it corresponds. The perspective of human right activists regarding Andean peasants, the main victims of the war, is compared with the manners in which these people see themselves and their place in national society. The first axis of this work is an analysis of the modalities and the political, social and economic stakes involved in the collective commemorations around El Ojo que Llora (The Eye that Cries), a monument to the dead erected in Lima, and then reproduced in an Andean peasant community. The attention placed on conceptions of the individual then leads to the second section that addresses the complexity of individual experiences’ of the war and the relationship to the world of those who survived. The shift from the public sphere to an ethnography of people among themselves allows for an emphasis on the important role of everyday relationships between neighbors, and other people linked to those who died during the conflict, in the construction of memory in Apurimac peasant communities. The etiology of some illnesses, noticeably, constitutes an alternative language that allows for talk about the war and its protagonists without explicit reference to them. Thus, the living, the dead and the suffering appear as other structuring figures of this research that shifts between what is said and left unsaid.
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ANTHROPOLOGIE DU DEVELOPPEMENT DES VILLAGES PLURIETHNIQUES DU BASSIN DE VANG VIENG AU LAOSCharlet-Phommachanh, Marieke 26 January 2010 (has links) (PDF)
Au Laos, les années 1980-1990 furent marquées par d'importantes transformations de la paysannerie, liées d'une part à la politique de déplacement des villages montagnards vers les basses terres et d'autre part, au " décollage " de l'économie laotienne. Ces mutations furent vécues différemment par les sociétés villageoises et sont examinées selon une approche originale, combinant ethnographie, géographie du peuplement et économie rurale, appliquée à six villages d'un des bassins intramontagnards les plus dynamiques du pays : le bassin de Vang Vieng. Ces villages ont été sélectionnés selon plusieurs critères de différenciation tels que la distance du centre urbain, l'appartenance ethnique, l'ancienneté de l'implantation et la dynamique économique dominante : transition vers l'agriculture commerciale, émergence de l'activité minière et développement urbain lié à l'activité touristique et commerciale. De plus, deux de ces villages avaient fait l'objet de comptabilités économiques en 1967, offrant un recul historique rarement disponible. Le réexamen de leur situation à quarante ans d'intervalle permet de mieux comprendre l'impact, sur leurs institutions et sur leurs systèmes d'activités, des politiques de développement mises en œuvre au niveau du district ou du pays. Enfin, le recours à une histoire des relations entre populations taï et montagnardes permet d'analyser la formation et les caractéristiques d'un espace social pluriethnique à l'échelle du bassin, associant processus de laocisation, maintien d'identités ethniques particulières et émergence d'une identité territoriale commune.
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Les relations entre Autochtones et Allochtones en milieu urbain : le point de vue des Innus de Sept-Îles, Uashat et MaliotenamLeroux, Shanie 07 1900 (has links) (PDF)
Cette recherche qualitative s'intéresse au point de vue des Innus de Sept-Îles, Uashat et Maliotenam, sur les relations entre Autochtones et Allochtones en milieu urbain. D'une part, elle s'inscrit dans le constat d'une marginalisation persistante des Autochtones, qui constitue un facteur contributif majeur des problèmes sociaux vécus. D'autre part, elle s'ancre dans les nouvelles transformations de la présence autochtone dans les villes québécoises, qui vont dans le sens d'une appropriation. À partir du point de vue innu, la recherche a pour objectif de saisir les caractéristiques des relations à l'étude, de voir quels espaces urbains les influencent et d'identifier des pistes d'action à mettre en place pour favoriser un meilleur vivre ensemble dans la ville. La démarche s'appuie sur une approche clinique et intercultureIle, ainsi que sur cinq repères conceptuels qui en émergent : l'espace urbain, le sujet-acteur, l'altérité, la marginalisation et la concitoyenneté. La cueillette des données a été réalisée à l'aide de deux entretiens individuels exploratoires et de quatre entretiens collectifs, réunissant vingt-quatre participants. Une observation participante a également été effectuée dans le cadre de deux séjours sur le terrain. L'analyse des données démontre une relégation des Innus à la marginalité, qui s'ancre dans une forte méconnaissance et a des impacts considérables sur leur vie individuelle et collective. Le rapport à l'espace dans la ville est révélateur des diverses dynamiques sociales qui y existent et est teinté par des événements historiques toujours bien présents dans la mémoire collective. Par ailleurs, les Innus sont actuellement en processus de réappropriation de leur expérience et se présentent d'ores et déjà comme un acteur social important de la ville. La pluralité de pistes d'action nommées par les participants laisse voir un désir réel de collaboration et de partage, dans le respect de la singularité de chacun.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : autochtones, lnnus, relations interculturelles, Côte-Nord, milieu urbain.
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Colonialism's currency : a political history of First Nations money-use in Quebec and Ontario, 1820-1950Gettler, Brian Matthew 11 1900 (has links) (PDF)
Cette étude analyse l'utilisation de l'argent dans le contexte du colonialisme canadien des XIXe et XXe siècles. Elle émet l’hypothèse que l'argent, en tant qu'objet et idée économique par excellence de la société occidentale, était au cœur des interactions entre les Premières Nations, l'État et le capital. À travers une analyse de l'utilisation de l'argent, tant en ce qui concerne son aspect matériel que son côté abstrait, cette thèse conclut que le rôle joué par l'argent dans le colonialisme canadien ne fut pas monolithique, fournissant à tout acteur historique un moyen d'exercer du pouvoir, parfois de manière étonnante. Elle affirme que le rôle incontournable qu'une grande partie de l'historiographie accorde à l'État (plus particulièrement au Département des affaires indiennes) et le carcan législatif qu'il a développé en ce qui concerne l'expérience vécue des Autochtones est, du moins au sujet des affaires monétaires, au mieux surfait et au pire caricatural. En effet, cette étude démontre qu'en dépit du discours musclé que certains bureaucrates et politiciens ont employé dans la correspondance, les rapports publiés et la législation, les conséquences de l'intervention monétaire de l'État dans des communautés amérindiennes n'a que rarement correspondu aux objectifs officiellement énoncés, allant même parfois jusqu'à contredire ces derniers. En s'appuyant sur l'analyse de l'expérience de trois Premières Nations distinctes sur les plans culturel, historique et géographique (au Québec, les Huron-Wendat de Wendake et les Innus de Mashteuiatsh et, en Ontario, les Cris de Moose Factory), cette étude affirme que les politiques nationales de l'État ont eu des effets différents selon le contexte dans lequel elles furent mises en œuvre. Ainsi, la présente thèse remet en question les interprétations de l'histoire du colonialisme de la première moitié du XXe siècle qui dresse trop facilement des parallèles entre les objectifs énoncés d'un État apparemment hostile et les difficultés socioéconomiques qu'expérimentent actuellement beaucoup de Premières Nations. Cette thèse affirme plutôt que l'interaction de la politique et de la pratique, en ce qui a trait à l'utilisation de l'argent aux XIXe et XXe siècles, a souvent produit des résultats inattendus, créant ainsi un nouvel espace permettant à la fois l'expression de l'« agency » autochtone et l'imposition de l'autorité étatique et capitaliste. Au cours des années 1820 et 1830, certains débats entre les autorités impériales et coloniales quant à la monétisation des présents amérindiens contribuaient à la réification discursive de l’« Indien imprévoyant ». Jusqu'au milieu du XXe siècle, cette figure influençait le discours étatique de deux façons. D'abord, elle permettait aux Affaires indiennes de légitimer le statut légal des Amérindiens en tant que pupille de l'État. Ensuite, elle offrait à cette même institution un moyen efficace de repousser les prétentions d'autres agences étatiques qui tentaient de fournir aux Premières Nations des services au même titre que les autres Canadiens, et ce, en affirmant posséder l'expertise nécessaire pour protéger cette population particulièrement vulnérable. Cette façon de dépeindre les Autochtones, profondément influencée par la conviction très répandue que les pauvres des régions urbaines étaient incapables de gérer l'argent liquide de manière judicieuse, amène à concevoir ceux-ci comme une masse indifférenciée qui, dans les termes employés par le discours de la politique indienne, devait être « protégée », « civilisée » et « assimilée ». Cependant, les actions concrètes des Affaires indiennes ont fréquemment influencé la société autochtone de manière à défier ce genre de représentations unitaires, notamment en ce qui concerne la création et l'entretien des divisions de classes, ceci révélant l'écart important entre le discours officiel et l'expérience vécue. Au même moment, les grandes corporations du commerce des fourrures (institutions qui dominaient l'activité économique dans la région subarctique jusqu'au milieu du XXe siècle) dépeignaient également les Amérindiens comme des êtres imprévoyants par nature, ce qui leur permettait de justifier à la fois leur politique de ne pas utiliser l'argent en espèces pour les paiements ainsi que leurs fréquents efforts pour diminuer les sommes qu'elles accordaient en crédit aux Amérindiens. Toutefois, en pratique, la concurrence et la place grandissante occupée dans le Nord québécois et ontarien par les Eurocanadiens qui n'étaient pas directement impliqués dans la traite de fourrures compliquaient l'utilisation de l'argent, faisant souvent en sorte que la Compagnie de la Baie d'Hudson et ses principaux rivaux, en dépit des souhaits de leurs dirigeants, étaient obligés d'employer davantage l'argent. Néanmoins, la politique corporative adoptée par ces compagnies à partir du XVIIe siècle, qui consistait à n'utiliser qu'une seule monnaie d'échange (le castor) avec les Premières Nations, facilitait l'implantation de l'argent étatique dans le subarctique aux XIXe et XXe siècles. Un symbole particulièrement visible de sa souveraineté sur un territoire grandissant est ainsi fourni à l'État-nation canadien en plein essor. Cette thèse cherche à démontrer trois principaux points. Premièrement, elle soutient que l'argent doit être analysé à la fois sur les plans économique et politique, puisque l'espace monétaire dans le contexte colonial servait à légitimer l'autorité responsable de son maintien (quelles soit corporative ou étatique) tout en facilitant les activités du marché. Deuxièmement, elle affirme qu'en tant que phénomène fondamentalement social, l'argent fournissait un moyen par lequel certains acteurs arrivaient à imposer leur domination coloniale et d'autres réussissaient à résister à celle-ci ou à l'esquiver, ce dernier résultat étant souvent créé par l'application de la domination elle-même. Troisièmement, cette thèse affirme que l'histoire des relations entre les Premières Nations et les Eurocanadiens doit être examinée en des termes discursifs et matériels, car la juxtaposition de ces deux registres d'analyse distincts révèle des inconsistances importantes qui seraient autrement demeurées invisibles.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Amérindiens, Huron-Wendat, Innu, Cri, Monnaie, Impérialisme, Formation de l'État, Département des affaires indiennes, Compagnie de la baie d'Hudson, XIXe siècle, XXe siècle
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