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La confusion du droit et de la "science du droit" : étude critique d'épistémologie juridique / The confusion between law and legal scienceKanellopoulos, Aristoménis 03 December 2018 (has links)
Cette thèse interroge l’idée, fondamentale dans la philosophie juridique française, qui consiste à opposer formellement le droit et la science du droit. Cette opposition est l'application à la recherche en droit du dualisme sujet/objet, importée de la philosophie scientifique. Elle a conduit l'épistémologie juridique positiviste à déterminer des règles strictes en vue d'accéder à une véritable recherche scientifique sur le droit. Cependant, les théories sémantiques qui poursuivent les lignes de l'opposition du droit et de la science du droit reposent sur des bases fragiles et contestables. En particulier, la dissociation entre le langage juridique et le langage de la science du droit semble avoir été forcée par l'épistémologie juridique en vue d’entretenir l'idée d'une science du droit. Il semble toutefois possible de concevoir la recherche en droit autrement qu'en ayant recours aux fondamentaux de la philosophie scientifique. La philosophie herméneutique, fondée sur le rapport sujet/sujet, a été approfondie pour concevoir l'idée que le droit, pour les chercheurs en droit, consiste en une discussion à laquelle il leur importe de participer. Dans ce cadre, les prétentions à la scientificité par les chercheurs en droit doivent être interrogées, ainsi que les règles épistémologiques qui encouragent à la dissimulation d'un engagement dans la discussion juridique. Il importe au contraire de reconnaître la liberté des chercheurs en droit dans leur participation à la résolution de problèmes juridiques, ainsi que de saisir l’éclectisme de la recherche en droit au sein d’une épistémologie juridique démocratique. L’idée de science du droit est un obstacle à ces interrogations / The broad questions this work is addressing focus on the stringent opposition between law and legal science. Such a distinguishing is crucial for french philosophy. It assume the application to legal research of a subject/object dualism imported from scientific philosophy. It has led legal positivist epistemology to determine strict rules in order to access a genuine scientific legal scholarship. But the semantic theories which justifie the opposition of law and the science of law are based on tenuous and questionable bases. The dissociation between legal language and the language of legal science seems to have been forced by legal epistemology in order to preserve and maintain the idea of a legal science. It seems possible, however, to conceive of legal scholarship without any help from the fundamentals of scientific philosophy. The hermeneutic philosophy, based on the subject/subject relationship, has been helpful to conceive that the legal scholars’ law is a discussion, and not an object, and that they participate in. In this context, claims to scientificity from legal scholars must be questioned, as well as epistemological rules that encourage the concealment of commitment in legal discussion. On the contrary, it is important to recognize the freedom of legal scholars to participate in the resolution of legal issues, as well as to conceive this participation through a democratic legal epistemology. It seems that the idea of the science of law is an obstacle to these questions
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Se comprendre historiquement : Enjeu herméneutique du rapport au texte et à la tradition. Gadamer versus Ricoeur / To understand historically : Stakes hermeneutic of the report to the text and the tradition. Gadamer versus RicoeurPwongo Bope, Libère 07 December 2013 (has links)
À notre connaissance, Ricoeur et Gadamer n'ont peut-être jamais véritablement débattu sur leur conception respective de la nature et de la tâche herméneutiques. Il semble que ce débat soit souhaitable, voire urgent. Si Ricoeur a toujours témoigné un grand intérêt pour l'herméneutique philosophique de celui qu'il appelait « mon maître » et dont il discutait les thèses, il est frappant de constater que Gadamer ne s'est contenté que de très vagues allusions aux enjeux herméneutiques de l'oeuvre du philosophe français. Il nous revient aujourd'hui de circonscrire le cadre de ce dialogue et d'en déterminer les conditions de possibilité. Il n'est pas sûr, comme le soutiennent de nombreuses études, qu'il faille reconduire l'enjeu de ce débat au ressort supposé fondamental : d'une part, l'opposition entre l'exigence des méthodes et des règles d'interprétation, seules susceptibles de garantir la scientificité de l'acte d'interprétation ; et, d'autre part, la revendication d'une visée originellement ontologique du phénomène de la compréhension, incapable par essence d'échapper, sans aucune possibilité de se défendre, à l'accusation de l'arbitraire subjectif. C'est pourquoi, se tenant à distance de ces présuppositions - quelque motivé qu'elles soient -, la présente thèse suggère plutôt que la possibilité du dialogue entre Ricoeur et Gadamer est fonction de la capacité à parcourir préalablement, et avec une grande patience, le long détour qu'emprunte l'un et l'autre herméneute : il n'y a de dia-logue que si ce dont il est question est médiatisé par la « chose même » qui, nous le croyons, est irréductible à l'opposition entre « méthode » et « non-méthode ». Car, la « chose même », c'est le sens en tant qu'horizon vers lequel s'achemine tout procès d'interprétation ou de compréhension. En ce sens, nous soutenons que la notion gadamérienne de l'expérience herméneutique trouve son meilleur allié dans la catégorie ricoeurienne de l'appropriation du monde que le texte déploie et découvre au lecteur. Chez l'un comme chez l'autre, l'enjeu fondamental est la quête de compréhension de soi du « sujet », c'est-à-dire, élargissement et accroissement de son horizon de sens mais dont le rapport à l'histoire demeure somme toute problématique. C'est que, d'un côté, la compréhension de soi n'est pas affranchissement à l'égard de cette part brumeuse de l'histoire qui nous constitue ; de l'autre côté, elle ne peut se dire que dans les limites et à l'intérieur de l'historicité constitutive de notre horizon langagier. / To our knowledge, Ricoeur and Gadamer may have never really discussed in their respective understanding of the nature and the hermeneutical task. It seems that this debate is desirable, even urgent. If Ricoeur has always shown great interest in the philosophical hermeneutics of the man he called "my master" and that he discussed the thesis, it is striking that Gadamer contents itself with vague allusions to hermeneutic stakes of the work of the French philosopher. It is our today's responsibility to define the framework of this dialogue and to determine the conditions of possibility. It is not clear, as argued by many studies, we should renew the challenge of this supposed spring fundamental debate: on the one hand, the conflict between the requirement of the methods and rules of interpretation only likely to ensure the scientific nature of the act of interpretation, and, on the other hand, the demand of an ontological aim originally referred to the phenomenon of understanding, in essence unable to escape without any opportunity to defend himself, the charge of subjective arbitrariness. Therefore, standing away from these assumptions - they are some reasons - this thesis suggests rather that the possibility of dialogue between Gadamer and Ricoeur is based on the ability to go before, and with great patience, along the detour borrowed by both hermeneutist: there is the dia-logue if, and only if, what it referred to is mediated by the "thing itself " which, we believe, is irreducible to the opposition between "method" and " non- method". Because the "thing itself» is defined as the Horizon towards which moves any interpretation or understanding trial. In this sense, we argue that Gadamer's notion of hermeneutic experience is his best ally in the Ricoeur's category of the appropriation of the world that the text unfolds and the reader discovers. In one as in the other, the fundamental issue is the quest for self-understanding of the "subject" that is to say, enlargement and increasing its horizon of meaning but whose relationship to history any way remains problematic. It's that on the one hand, self-understanding is not freedom from the foggy part of the story that makes us; on the other hand, it can be said only within the limit and within the constitutive historicity of our linguistic horizon.
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Les concepts élémentaires de la chimie entre la chimie du chimiste et la chimie de l’élève : proposition de séquences d’enseignement inspirées d’une analyse sémio-épistémologique de l’histoire de la chimie / Concept basic chemistry between chemist chemistry of the student : proposal for teaching inspired a sequence analyst semio-epistemological in the hidtory of chemistryAyina, Bouni 16 December 2013 (has links)
Notre contribution porte sur les processus de conceptualisation et de modélisation de la matière et de ses transformations en chimie. Elle s'articule autour de deux parties. Une première partie consistant en une analyse du type sémioépistémologique de ce processus pendant la période fin XVIIIe - début XIXe siècles. Nous mobilisons pour cela la théorie sémiotique de C.S. Peirce comme cadre d'analyse. Elle a permis de resituer l'expérimental de la chimie comme étant un ensemble de signes qui prolonge le théorique en même temps qu'il le fonde. Le signe iconique loin d'être signe d'une pensée primitive apparait comme une véritable néo écriture, un instrument heuristique privilégié utilisé par les chimistes pour sonder la matière à la recherche d'indices sur une structure pouvant rendre compte de son comportement, il leur a permis, après de nombreuses controverses, d'aboutir à une structure particulaire, et de construire les concepts d'atome, la molécule et son atomicité. Une deuxième partie où l'analyse sémio-épistémologique a constitué notre cadre théorique pour une transposition didactique de ce contexte. Notre question de recherche est de savoir si le signe iconique, comme défini au sens peircien, peut être mobilisé de manière spontanée par les élèves de 13-15 ans pour construire un raisonnement en chimie, et s'il peut les aider à accéder à l'infiniment petit sur la base de ce contexte transposé ? Nous avons alors élaboré un corpus de 20 séquences d'enseignement engageant les élèves dans une démarche qui nécessite la construction de modèles évolutifs. Nos résultats permettent de dire que le signe iconique loin d'être un moyen pédagogique de transmission facilité, un auxiliaire didactique est au contraire un instrument heuristique privilégié dans la construction des connaissances par les élèves, comme il l'est chez le chimiste / Our contribution focuses on the process of conceptualization and modeling of matter and its transformations in chemistry. It consists of two parts. A first part consisting of an analysis of the semio-epistemological type of this process during the late 18th - early 19th centuries. We mobilize for this semiotic theory of C.S. Peirce as a framework for analysis. It allowed to relocate the experimental chemistry as being a set of signs that extends the theoretical at the same time that he founded. The iconic sign far from signs of a primitive thought appears as a true neo writing, a privileged heuristic instrument used by chemists to probe the matter for clues on a structure that can make account of his behavior, he allowed them, after much controversy, lead to a particulate structure, and build the concepts of atom, the molecule and its atomicity. A second part where the semio-epistemological analysis was our theoretical framework for a didactic transposition of this context. Our research question is to know if the sign iconic, as defined in the peircien sense, can be mobilized spontaneously by students from ages 13-15 to build reasoning in chemistry, and if he can help in accessing the infinitely small on the basis of this converted context? We then developed a corpus of 20 sequences of teaching engaging students in a process that requires the construction of evolutionary models. Our results to say that the iconic sign far from a pedagogical means of transmission facilitated, a teaching assistant is instead a heuristic instrument in the construction of knowledge by students, as it is at the chemist
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Círculo de cultura: origem histórica e perspectivas epistemológicas / Cercles de Culture: originè historiquè et la possibitilés épistémologieMarinho, Andrea Rodrigues Barbosa 10 March 2009 (has links)
Esta dissertação tem como objeto principal os Círculos de Cultura iniciados por Paulo Freire na década de 60. Círculos de Cultura, ações realizadas no Brasil (déc 60) e na África (déc 70) mostram conceitos, categorias, elementos e desenvolvimentos importantes como contributos à história da educação. Os principais conceitos de Paulo Freire como cultura, currículo, ensino, pesquisa, educação e transformação e transdisciplinaridade são trazidos a campo para alinharmos as bases de compreensão para nosso objeto de estudo. A contemporaneidade do processo educativo e as atuais ações acerca dos Círculos são analisadas como re-leitura do trabalho freiriano. Os desafios e perspectivas acerca dos Círculos são estudados tendo a teoria habermasiana, mais precisamente a teoria da ação comunicativa como pano de fundo. Bakhtin e Álvaro Vieira Pinto corroboram nesses estudos fundamentando as possibilidades do diálogo como essência ética e fundante das ações circulares, além de contribuir com a visão tecnológica de tal processo. Os princípios axiológicos como comunhão, busca, iniciativa, conviviabilidade, comprometimento, colaboração, co-responsabilidade e solidariedade são valores que estruturam duas essências do projeto educativo: a dialogicidade e a reciprocidade. Embora feita à busca empírica em diversos usos dos Círculos de Cultura atualmente, nosso trabalho tem caráter predominantemente teórico. Para tanto, foram realizadas pesquisas bibliográficas em obras freirinas e documentos diversos como jornais, e-mails, entrevistas, vídeos, teses, dissertações, trabalhos de conclusão de curso entre outros que se tornaram oportunos. O presente estudo apontou como resultado reflexões a cerca dos usos dos Círculos de Cultura como contributo à educação contemporânea. Fazer a re-leitura do pensamento freiriano alinhavado às teorias habermasianas e bakhtinianas nos mostrou novas possibilidades no processo axiológico de nosso objeto e, principalmente, na formação de professores por meio da filosofia da linguagem. / Ce travail a pour principal objet de la Cercles de Culture lance par Paulo Freire dans les années 60. Cercles de Culture, part au Brésil (60 décembre) et en Afrique (70 déc) montrent des concepts, des catégories, des articles et des événements importants tels que les contributions à l\'histoire de l\'éducation. Les principaux concepts de Paulo Freire et de la culture, curriculum, l\'enseignement, la recherche, l\'éducation et de la transformation et la transdisciplinarité sont introduits dans le domaine afin d\'aligner la base de la compréhension de notre objet d\'étude. Un contemporain de l\'éducation et le stock actuel d\'environ cercles sont considérés comme des re-lecture de l\'uvre Freirian. Les défis et les perspectives sur les Cercles sont étudiées avec la théorie de J. Habermas, en particulier la théorie de l\'action communicative comme un arrière-plan. Bakhtin et Álvaro Vieira Pinto études corroborent ces raisons, les possibilités de dialogue et d\'essence éthique part de la fondation et de circulaires, et de contribuer à la vision d\'un processus technologique. Les principes axiológicos comme communion, de recherche, de l\'initiative, amicale, de l\'engagement, la collaboration, la co-responsabilité et la solidarité sont des valeurs que deux essences cadre du projet éducatif: le dialogue et la réciprocité. Tout en regardant les diverses utilisations de l\'empirique dans les cercles de la culture d\'aujourd\'hui, notre travail est essentiellement théorique. Pour cela, des recherches bibliographiques ont été menées dans freirinas de travaux et de divers documents tels que les journaux, les e-mails, des interviews, des vidéos, des thèses, des mémoires, l\'achèvement des travaux de cours et d\'autres qui sont devenus d\'actualité. Cette étude, à la suite de la réflexion sur l\'utilisation des Cercles de Culture comme une contribution à l\'éducation contemporaine. Faire re-lecture des théories de la pensée Freirian pavé habermasianas et bakhtinianas nous a montré de nouvelles possibilités dans le processus de notre objet axiologique et principalement dans la formation des enseignants par le biais de la philosophie du langage.
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Vices et vertus de l’interprétation, Diderot en quête d’éthique (1773-1784) / In Quest of ethics, Interpretation in Diderot’s late work (1773-1784)Vincent, Charles 19 November 2012 (has links)
Notre thèse vise à interpréter le décousu du discours moral de Diderot depuis son voyage à Saint-Pétersbourg jusqu’à sa mort (1773-1784), à l’aide de quatre disciplines : analyse de controverses, logique, épistémologie et herméneutique. Le philosophe vieillissant a fait l’objet d’une triple critique : incohérence philosophique, hypocrisie morale et décousu stylistique. Cette image d’une girouette un peu sénile et un peu lâche est pour partie le résultat d’une lecture simplificatrice, initiée par les Antiphilosophes dès l’époque des Lumières, et pour partie le résultat d’une écriture et d’une pensée plurielle, dont la complexité échappe. Le philosophe vieillissant étudie la morale de différents points de vue complémentaires ou antagonistes, oscillant entre la recherche d’une norme universelle du bien et l’étude des circonstances qui font varier les comportements. Nous proposons de lire son œuvre ultime à l’aune de l’encyclopédisme comme une anamorphose jouant de plusieurs thèmes, savoirs et écritures. La cohérence de sa morale dépend alors du point de vue que le lecteur ou le critique adopte. Diderot, conscient que la multiplicité des regards et des styles qu’il propose sur la morale risque d’en troubler la cohérence, réfléchit, dans l’Essai sur les règnes de Claude et de Néron, à une éthique de l’interprétation. Il propose un mode lecture de l’œuvre et la vie de Sénèque qui vaut aussi pour son époque et pour lui-même. Loin de dissoudre l’exigence d’une morale universelle dans l’infinie variation des cultures, des circonstances et des langues, l’interprétation bienveillante rapproche les cultures autant que les différentes conceptions du bien. / This thesis attempts to interpret Diderot’s disjointed style in ethics, from his trip to Saint-Petersburg until his death (1773-1784), with the help of four disciplines: analysis of the controversies, logic, epistemology and hermeneutic. In the late period, Diderot was criticised for incoherence, moral hypocrisy and ragged writing. On one hand, this image was the result of simplistic reading, initiated by the Counter-Enlightenment. On the other, it comes from a plural way of writing and thinking. The aging philosopher studied ethics from different points of view, oscillating between the search for universal rules and the study of varying circumstances. Considering Diderot’s encyclopedism, this thesis proposes reading the late work as an anamorphosis playing on several themes, knowledge and writings. The consistency of his ethics will therefore rely on the reader’s perspective. Diderot was well aware of the plural reading of his complex work. To counter misinterpretations, he reflected on a moral way to interpret Seneca in his Essai sur les règnes de Claude et de Néron. This practice of interpretation applied as much for Diderot himself as it did for his period. Far from dissolving the need for a universal moral truth in an infinite variation of cultures, circumstances and languages, the philosopher instead tried to bring together these cultures as well as different conceptions of good and evil.
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Le problème de l’expérience consciente : une tentative de dissolution / The problem of conscious experience : an attempted dissolutionKammerer, François 01 December 2016 (has links)
L’expérience consciente pose un problème au physicalisme métaphysique. Il semble en effet difficile de comprendre comment une chose purement physique, telle que le cerveau, peut avoir des expériences conscientes. La stratégie des concepts phénoménaux constitue la voie actuellement la plus suivie par ceux qui désirent répondre à cette difficulté et défendre le physicalisme métaphysique. Elle consiste à rendre compte de nos intuitions anti-physicalistes concernant la conscience dans un cadre purement physicaliste, par une théorie de nos concepts d’expériences conscientes. Ce travail de thèse consiste en une présentation et en une discussion critique de cette stratégie. Ce travail montre que les différentes versions actuelles de cette stratégie échouent toutes à rendre compte de nos intuitions anti-physicalistes, parce qu’elles ne parviennent pas à rendre compte du caractère cognitivement substantiel de notre saisie de la conscience, et parce qu’elles manquent d’expliquer la robustesse conceptuelle de ces intuitions. Ce travail de thèse propose également une nouvelle théorie des concepts phénoménaux qui résout ces difficultés. Cette théorie analyse les concepts phénoménaux comme des concepts dotés d’un contenu cognitif substantiel, en vertu duquel ces concepts caractérisent les expériences conscientes comme des états mentaux situés dans une relation épistémologique particulièrement intime à l’égard du sujet dont ce sont les expériences. Cette théorie permet de dissoudre le problème métaphysique de la conscience d’une manière satisfaisante. / Conscious experience constitutes a problem for physicalism. Indeed, it seems difficult to understand how something purely physical (such as the brain) can have conscious experiences. The phenomenal concept strategy is perhaps the most popular strategy for those who want to address this problem and defend physicalism. This strategy tries to account for our anti-physicalist intuitions regarding consciousness from within a purely physicalist framework, by way of a theory of our concepts of conscious experiences. This dissertation consists firstly in a presentation and a critical discussion of current versions of the phenomenal concept strategy. It tries to show that the various theories belonging to this strategy (broadly construed) all fail to give a satisfying account of anti-physicalist intuitions regarding consciousness; first, because they cannot give an account of our cognitively substantial grasp of consciousness (a grasp which is at the basis of our anti-physicalist intuitions); second, because they cannot explain the conceptual robustness of those intuitions. This dissertation also seeks to put forth a new theory of phenomenal concepts, one able to address those difficulties. This new theory describes phenomenal concepts as concepts that possess substantial cognitive content, in virtue of which they characterize conscious experiences as mental states which stand in a particularly intimate epistemological relation with the subject who has them. I argue that this theory manages to solve the various difficulties encountered by other theories of phenomenal concepts, thus allowing us to dissolve the metaphysical problem of consciousness in a satisfying way.
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L’humour anamorphique sous le signe d’Hermès : Kateb Yacine, Antonine Maillet, Salman Rushdie, Patrick Chamoiseau / The anamorphic humour under the sign of Hermes : Kateb Yacine, Antonine Maillet, Salman Rushdie, Patrick ChamoiseauThomas, Céline 27 November 2014 (has links)
Une lecture comparative de la « Poudre d’intelligence » de Kateb Yacine, de Pélagie-La-Charrette d’Antonine Maillet, de Midnight’s Children de Salman Rushdie et de Texaco de Patrick Chamoiseau, révèle le rôle fondamental des contingences qui produisent l’humour à travers un contexte déclencheur commun. En tant que processus, l’humour voile et dévoile, tout comme le procédé optique de l’anamorphose. Or un même bouleversement épistémologique affecte l’humour et l’anamorphose, chacun partageant le même principe de recréation des formes, du monde distendu ; un observateur ou un lecteur est alors indispensable à leur réalisation. Ces deux phénomènes convergent ainsi vers un humour anamorphique rendu sensible par les oeuvres du corpus. Rêve poétique et lucidité politique, l’humour marque une quête de communion porteuse de toutes les espérances. Son pouvoir évocateur émerveille et invite à entrer en contact avec la totalité du monde. La phénoménologie de l’humour anamorphique est sonapparition/disparition. Nous nous intéressons à son déploiement en suivant le mode de lecture du processus anamorphique. Suivre des yeux l’humour anamorphique revient à s’attacher à l’expression d’un bouleversement dans la vision du monde et dans le rapport aux signes. C’est en ce sens que l’humour se placerait sous le signe d’Hermès, originellement évoqué par des petits tas de pierres déposés au seuil des maisons et des temples.Symbole de seuil, de transition, de circulation, de mouvement, Hermès transparaît en agitateur del’humour anamorphique. / A comparative reading of '' La Poudre d'intelligence'' by Kateb Yacine, Pélagie-La-Charette by Antonine Maillet, Midnight's Children by Salman Rushdie and Texaco by Patrick Chamoiseau brings to light the crucial role of the contingencies that make humour trigger from a common context. As a process, humour veils and unveils reality, just as the optical process of anamorphosis does. Now, identical epistemological disruption affects humour and anamorphosis, both sharing principle of re-Creating forms and a distorted world. An observer or reader proves therefore necessary to their realization. These two phenomena converge towards an anamorphic humour that stands out from the corpus' works. A poetical dream and a political clear-Headedness, humour initiates a quest for a communion filled with every possible hope. One marvels at its suggestive power and is invited to get into close acquaintance with the whole world. The phenomenology of anamorphic humour lies into its appearance/disappearance.Through the lens of the process of anamorphosis the focus will be set on how humour unfolds. Observing anamorphic humour amounts to studying the expression of a disruption in how the world is viewed as well as in the relationship to signs. It is in this sense that anamorphic humour could be associated with Hermes, who was originally evoked through small piles of stones on houses' and temples' thresholds. A symbol of threshold, transition, flow and movement, Hermes appears as an agitator of anamorphic humour, which is the hallmark of a passage, a change in direction, of a place where different meanings intertwine.
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Les pouvoirs du langage : la contribution de J.L. Austin à une théorie contextualiste des actes de parole.Ambroise, Bruno 25 March 2005 (has links) (PDF)
J.L. Austin est le promoteur, non pas seulement d'une théorie novatrice, mais aussi, en premier lieu, d'une méthode bien particulière en philosophie : la " phénoménologie linguistique ", qui entreprend de scruter " ce que nous dirions quand ", pour déterminer la manière dont le langage ordinaire, dans toutes ses nuances, est un véritable " révélateur " de la réalité, dans ses moindres détails. Cela est dû au fait qu'ayant passé l'épreuve de l'histoire, il est le plus à même de nous révéler les distinctions importantes, c'est-à-dire celles qui importent dans notre vie humaine. La philosophie d'Austin n'a donc pas tant le langage comme objet que comme méthode.<br /> Or, révélateur de la réalité, le langage est aussi révélateur de l'action, d'une façon beaucoup plus fine que les concepts ordinairement utilisés en philosophie. Il nous donne un concept de l'action, qui nous permet de comprendre que l'identification d'une action est un processus complexe, puisque l'action peut être appréhendée de différentes façons, selon les objectifs visés dans la description. Chaque type de description permet en effet de déterminer une action différente, qui n'est pas réductible à une autre et joue un rôle spécifique, et qui a donc une réalité propre, même si elle n'est pas explicable en termes physicalistes. C'est pourquoi on comprend que l'identification d'une action est toujours relative à une certaine façon d'appréhender le réel, orientée par des valeurs. Mais cette intervention des valeurs dans la description ne remet pas en cause l'objectivité de la description effectuée – elle la rend au contraire possible. Ce que la philosophie du langage d'Austin révèle ainsi en premier lieu, c'est qu'une description objective n'est pas une description qui s'interdit des considérations évaluatives, mais plutôt celle qui utilise les bonnes évaluations. Austin entend ainsi remettre en cause le fétiche de la distinction entre faits et valeurs, comme il remettra plus tard en cause le fétiche de la distinction entre vrai et faux.<br /> Si la description d'une action prend nécessairement en compte des aspects évaluatifs, alors celle-ci n'est saisie qu'en fonction de la pratique qui comporte ces aspects et qui oriente l'action effectuée en lui donnant un objet et une motivation. L'action fait donc toujours partie d'un plan d'action plus global, qui lui donne un sens en l'orientant, et c'est pourquoi elle ne peut pas être saisie indépendamment de son contexte de réalisation. Cela annonce l'idée qu'il en ira de même pour les actes de parole : on ne pourra pas les isoler de leur contexte de réalisation pour étudier abstraitement leurs caractéristiques, mais il faudra toujours identifier les pratiques (non nécessairement discursives) à laquelle ils contribuent plus largement pour comprendre leurs spécificités.<br /><br /> Traditionnellement, on considère que le langage est soit vrai, soit faux, et qu'il peut donc s'évaluer en fonction de conditions de vérité. Si je dis ainsi " Le chat est sur le tapis ", on considère que la signification de la phrase permet de déterminer la situation dans laquelle l'énonciation de la phrase serait vraie ; ici, on pourrait dire que cette phrase serait vraie dans une situation où un chat serait sur un tapis. Toute phrase, en fonction de la signification qu'elle porte, peut donc être évaluée, en situation, en fonction de sa vérité ou de sa fausseté. Mais dès lors que l'on montre que le langage peut échouer pour d'autres raisons que son évaluation en termes de vérité ou de fausseté, on est obligé de poser qu'il a d'autres conditions de réalisation, propres aux actions – des conditions qui ne sont plus des conditions de vérité. Tout le propos d'Austin dans How to do Things with Words est de relever ces conditions de manière la plus exhaustive possible. C'est ainsi qu'il accomplit une véritable révolution en philosophie du langage.<br />La tradition philosophique veut, en effet, que le propre du langage soit de décrire le monde en s'effaçant devant lui et que ce soit sa seule raison d'être. Un énoncé quelconque ne vaudrait ainsi qu'à dire le monde, que cet énoncé soit " Le chat est sur le tapis " ou " Je t' ordonne de te laver les mains ". Ces deux énoncés n'auraient d'usage qu'à avoir une signification identifiable en termes de conditions de vérité (selon le procédé vu précédemment) qui détermineraient la situation du monde dans laquelle ils seraient correctement utilisables. Dès lors, soit le langage dit ce qui est, il représente le monde, et il est vrai ; soit il ne dit pas ce qui est, et il est faux. Un langage sensé est donc soit vrai, soit faux, et tout énoncé qui n'est ni vrai, ni faux n'a pas vraiment de sens (c'est ainsi qu'on range généralement les énoncés de type éthique ou esthétique). Or Austin montre que des énoncés qui ne sont ni vrais, ni faux, sont tout à fait sensés et pertinents. Prenons en effet le maire qui dit devant un couple : " Je vous déclare unis par les liens du mariage ". Cet énoncé n'est pas vrai, car le maire ne décrit pas une réalité (les liens du mariage, qui n'existent pas au moment où l'énoncé est prononcé) ; mais il n'est pas faux non plus, car, dans la bonne situation, cet énoncé sera totalement accepté et aura même une efficacité. Il faut donc poser des énoncés qui ne fonctionnent pas selon une logique représentationnelle et véri-conditionnelle, qui ne cherchent pas à dire ce qui est, mais qui ont une autre fonction.<br /> Parmi ces énoncés tout à faits sensés qui ne disent ni le vrai, ni le faux, il existe une classe d'énoncés qui font véritablement quelque chose – une preuve en étant qu'ils modifient la description que l'on va donner de la réalité. Ces énoncés sont appelés par Austin des énoncés performatifs : ils semblent indiquer ce qu'ils font, mais on ne peut expliquer leur action ni en fonction de ce qu'ils disent, ni par leur caractère auto-référentiel. Ainsi, après que j'ai dit " Je te promets de faire la vaisselle ", je suis véritablement engagé à faire la vaisselle, un nouvel engagement est pris, qui n'était pas présent avant cette énonciation. Or cet engagement ne peut pas être pris par une simple description de la réalité : une description n'engage pas comme le fait une promesse. Dès lors, ce n'est pas parce que ce que je dis a pour signification que je promets de faire la vaisselle, évaluable en termes de vérité ou de fausseté, que je promets de faire la vaisselle. Il faut faire intervenir autre chose pour expliquer la réalisation d'un acte qu'une composante purement sémantique.<br /> Si l'action des énoncés ne peut pas s'expliquer par leurs significations, c'est parce qu'elle résulte de l'établissement de certaines conventions, qui vont définir, de manière arbitraire, certaines procédures linguistiques comme réalisations d'actes aux conséquences déterminées et obligatoires. L'action vient ainsi de la reconnaissance sociale qui est accordée, par convention, à certaines paroles. C'est le caractère conventionnel de l'acte de parole qui explique son caractère normatif, puisque les hommes appartenant à une même communauté linguistique ne peuvent faire autrement que de reconnaître la réalisation d'un acte d'un certain type lors de la profération de certaines paroles.<br /> Ces conventions qui définissent les performatifs sont par ailleurs multiples et ne concernent pas qu'un aspect de la réalité linguistique (l'aspect sémantique). La plupart ne sont d'ailleurs pas linguistiques. Elles impliquent ainsi de prendre en compte des paramètres variés (lieu, moment, personnes, habillement, gestes, statut social, passé, etc.), dont la présence ou l'absence déterminent autant de types de ratages possibles des énoncés. Les performatifs peuvent dès lors réussir en fonction de différents paramètres, qui forment autant de conditions de félicité, et non plus de vérité. On voit donc que le langage ne se met plus en place en fonction seulement de ce qu'il dit, mais aussi en fonction de la situation dans laquelle il est dit. Se met ainsi en place une forte dépendance contextuelle de l'usage du langage.<br /> On remarquera qu'il existe deux types d'énoncés performatifs : des performatifs explicites, dont l'action semble explicitée dans le contenu de l'énoncé, et les performatifs implicites qui n'indiquent pas ce qu'ils font. Mais le fait que certains indiquent ce qu'ils font ne leur donne aucune priorité (en fait, selon Austin, ils suivent des seconds) et leur efficacité ne s'explique pas plus par cette caractéristique. Les performatifs explicites sont simplement plus codifiés que les performatifs implicites et résultent d'un travail historique de clarification et n'ont pas de spécificité autre.<br />Puisque certains performatifs sont explicites, on pourrait, en effet, rechercher des critères linguistiques qui permettent de les identifier, et encore rechercher une explication de type sémantique à leur efficacité (l'efficacité de " Je te promets de " s'expliquerait ainsi par le fait qu'il dit que je promets de faire quelque chose). Mais on ne trouvera en fait aucun critère linguistique qui identifie un performatif, car on va comprendre que des énoncés peuvent réaliser la même chose que des performatifs explicites sans dire en rien ce qu'ils font. C'est donc que les critères de ces énoncés sont pragmatiques, et, en réalité, s'appliquent aussi aux énoncés non performatifs. Mais c'est dire que tout énoncé est relatif, pour son efficacité, au contexte ; dès lors, on peut poser que tout énoncé comporte un aspect performatif : tout énoncé peut alors être requalifié comme acte de parole.<br /> Car il convient, en fait, de distinguer trois niveaux actifs dans tout énoncé. Le premier niveau, celui de ce qui est dit (aspect locutionnaire), comporte lui-même trois aspects. Les deux premiers aspects, celui de la profération de sons et de la formulation d'énoncés grammaticalement corrects n'introduisent pas encore à la parole humaine (un perroquet peut les réaliser). Le troisième niveau de l'acte locutionnaire est celui où l'on dit véritablement quelque chose par l'usage des mots. Tout le problème est de savoir si le contenu porté par l'énoncé à ce niveau de réalisation est purement sémantique et indépendant des conditions pragmatiques de réalisation. Austin montrera qu'il n'est purement sémantique qu'abstraction faite de son aspect d'acte de parole. Ainsi, il est exact que l'énoncé " Je te promets de faire la vaisselle ce soir " est un acte locutionnaire au sens où il dit que je promets de faire la vaisselle ce soir. Mais, en réalité (concrètement), il ne peut le dire que parce qu'il est un acte de parole consistant à promettre, c'est-à-dire uniquement parce qu'il comporte un autre aspect. En effet, l'aspect locutionnaire de l'acte, celui où il porte une signification, n'est qu'une façon de décrire l'activité réalisée par l'acte – celle qui consiste à dire des choses douées de sens. Mais cet acte ne forme pas un énoncé complet, car il ne peut pas advenir indépendamment de l'aspect illocutionnaire, tributaire d'un autre mode de description. (Pour le dire autrement, un acte de parole est toujours complet.)<br /> Le deuxième niveau de l'acte de parole, l'aspect illocutionnaire, correspond à l'aspect performatif – celui où l'on fait en disant. Cet acte est accompli quand l'auditoire reconnaît qu'il est accompli, mais il ne se réduit pas pour autant à un simple effet sur l'auditoire, car il possède une forte objectivité qui oblige à sa reconnaissance. Le caractère promissif de l'énoncé " Je te promets de faire la vaisselle ce soir " dérive ainsi du fait que mon interlocuteur le prend nécessairement, dans cette situation, comme un acte de promesse, et non pas du simple fait qu'il comprend ce que cet énoncé veut dire. L'objectivité, dans ce cas, est forte, car elle est conférée à l'acte de parole par les conventions qui définissent ce deuxième niveau. L'action réalisée n'est pas une action naturelle, mais une action conventionnelle, en ce sens qu'elle est définie arbitrairement par une communauté humaine, qui dote de certains pouvoirs l'énonciation de certains mots dans certaines circonstances. Et lorsqu'une action illocutionnaire est réalisée, alors elle s'évalue de manière spécifique, en fonction de ce qu'elle accomplit et du rapport au réel qu'exige cet accomplissement (par rapport, ici, à ce que j'ai promis). Ce rapport au réel est médiatisé par le contenu locutionnaire, qui spécifie partiellement le réel en rapport avec l'action. On peut alors relever un trait marquant de l'acte illocutionnaire : sa capacité à toujours pouvoir être réalisé en première personne. Cela témoigne de la subjectivité qui s'inscrit dans l'acte et qui, par là, s'engage. Une responsabilité est en effet toujours prise quand un acte illocutionnaire est accompli. Par là, une condition par défaut de la réalisation adéquate de l'acte est de le faire sérieusement, sans arrière-pensée, de manière non-humoristique, non feinte.<br /> Le troisième niveau de l'acte de parole est qualifié de perlocutionnaire par Austin : il concerne les conséquences qui s'ensuivent de la réalisation d'un acte illocutionnaire et qui reprennent en partie les effets rhétoriques analysés par Aristote. Comme conséquences, ceux-ci ne sont pas nécessaires, mais résultent de la manière contingente dont l'auditoire prend l'énoncé, comme par exemple quand la maman est triste en assistant au mariage de son fils. La tristesse de la maman n'est pas logiquement impliquée par l'énoncé de mariage, mais elle en est néanmoins une conséquence directe. Par conséquent, les actions perlocutionnaires ne sont toutefois pas indépendantes de l'action illocutionnaire qui en est la cause, mais elles consistent dans une certaine façon de l'appréhender : du point de vue des effets, des suites, parmi une multitude, que celle-ci est susceptible d'engendrer. Mais ce qui distingue bien l'action perlocutionnaire des deux autres types d'actions, c'est son caractère aléatoire : les effets qui s'ensuivent de l'acte illocutionnaire ne sont pas déterminés par cet acte, car ils ne sont pas réglés par convention. Ils sont plus des effets naturels et, par suite, ils n'engagent pas la responsabilité de l'agent au même titre que l'acte illocutionnaire, qui détermine l'agent à un certain nombre de choses. On peut parfois confondre les conséquences (perlocutionnaires) de l'acte avec ses effets (illocutionnaires) nécessaires, notamment parce que la nature humaine réagit à peu près uniformément aux mêmes actes de parole, de telle sorte que l'éventail des réactions perlocutionnaires n'est pas inattendu. Mais toute la différence réside dans le caractère non-normatif de ces conséquences : l'une n'est pas plus nécessaire qu'une autre.<br /> Une fois caractérisés selon leur trois dimensions, les actes de parole sont alors soumis à plusieurs formes d'échecs, selon le type de conditions conventionnelles qui n'est pas respecté par l'agent. Ces échecs peuvent se cumuler, car ils sont eux-mêmes relatifs au mode de description adopté, au point de vue adopté sur l'acte. Un échec ne l'est en effet qu'en fonction du but considéré et comme un acte peut s'inscrire dans différentes pratiques ou servir plusieurs fins à la fois, on peut considérer qu'il échoue de différentes manières. Toutefois, les échecs ont d'abord été identifiés en tant qu'ils concernaient les performatifs, et ils ne concernent pas vraiment le niveau locutionnaire, même si celui-ci joue un rôle dans la réussite de l'acte de parole total, quant à la détermination du rapport à la réalité exigé. En tout cas, les échecs étant relatifs au respect de règles conventionnelles, ils ne peuvent pas affecter le niveau perlocutionnaire qui n'est pas réglé par des conventions.<br /> Comme les échecs de l'illocution sont alors relatifs à l'application de la convention, on comprend qu'ils s'assimilent essentiellement à des échecs dans la reconnaissance de l'exécution de l'acte. Dans ce cas, on ne parvient pas à faire reconnaître la procédure conventionnelle utilisée, c'est-à-dire qu'on ne parvient pas à faire comprendre ce qu'on a voulu faire et à entraîner les conséquences normatives qui s'ensuivent normalement de cette compréhension ou reconnaissance conventionnellement réglée.<br /> Cependant, les échecs relevés par Austin ne permettent pas d'identifier des règles a priori, qui gouverneraient de manière totalement déterminée l'usage du langage. Celui-ci admet bien des variations et les échecs n'ont lieu que lorsque les variations sont trop importantes par rapport au paradigme d'usage accepté dans la communauté linguistique. Les règles ne sont donc pas des principes rigides qu'il faudrait respecter à la lettre ; elles admettent au contraire une marge d'indétermination, qui est suppléée par une interprétation contextuelle de leur application correcte.<br /> Pour mesurer cette application, il faut toutefois considérer le rapport des énoncés avec le réel où ils s'appliquent. Par conséquent, il convient d'analyser la pertinence des actes de parole eu égard à leur contexte. C'est dire que, contre le positivisme logique qui considère que seuls les énoncés constatifs ont un rapport aux faits sous la modalité du vrai ou du faux, Austin montre que tous les actes de parole entretiennent certains rapports avec les faits, en fonction de leur dimension d'évaluation spécifique et du contenu locutionnaire, qui vient le spécifier. Ainsi, l'énoncé " Je promets de faire la vaisselle " entretient un certain rapport à la réalité en ce que son statut de promesse m'engage à transformer l'ordre de la réalité de manière à la réaliser. Elle ne peut par ailleurs être réalisée qu'en fonction de ce qui est dit au travers de cet acte : il s'agit de faire la vaisselle et non pas de promener le chien. Le contenu locutionnaire de l'acte détermine ainsi le rapport spécifique qu'il doit entretenir avec les faits. Par conséquent, la réussite des actes de parole va dépendre de plusieurs rapports aux faits spécifiques, propres aux différentes règles conventionnelles définissant les actes de parole. Chaque règle détermine en effet un certain rapport aux faits, que ce soit un rapport contextuel, un rapport de présuppositions, un rapport de sincérité, etc.<br /> Austin va alors montrer que, parmi ces rapport aux faits, figurent différents types de présuppositions. Tout acte de parole ne réussit en effet qu'à présupposer un certain nombre de faits, qui déterminent la pertinence de l'usage d'un énoncé. Ainsi, généralement, je ne peux te souhaiter de réussir ton examen que si la réussite à cet examen est quelque chose qui t'apporte quelque chose. Est donc présupposé le fait que cette réussite t'est favorable. Mais les présuppositions austiniennes consistent à poser des conditions réelles relatives aux contextes d'usage et non pas des règles nécessaires et a priori de conversation, qu'il faudrait suivre à la lettre en toute occasion. Il peut en effet s'avérer que la situation demande à ce que telle chose ne soit pas présupposée, ou que soit présupposé autre chose, d'autres faits. La position d'Austin est donc contraire à celle de Grice, puisqu'elle ne permet pas de déterminer a priori la situation d'usage correct des énoncés.<br /> Dans le même ordre d'idée, on a souvent tendance à considérer, avec Searle, qu'une des conditions essentielles de réussite des actes de parole est leur doublure par une croyance ou une intention. On prend généralement comme exemple, pour le montrer, le cas de la promesse, qui ne réussirait qu'à être sincère, c'est-à-dire à correspondre à une intention de tenir la promesse. Si je faisais une promesse sans avoir l'intention de la tenir, alors, en fait, je ne promettrais pas. La réalité de la promesse résiderait donc dans l'acte mental ou l'intention qui la sous-tend. Austin montre que cette explication de la promesse est contre-productive et offre justement la possibilité de ne pas s'engager par la promesse, en alléguant l'absence (toujours possible) de l'intention correspondante. En réalité, il faut poser que la condition de sincérité ne réside pas dans l'état d'esprit accompagnant la promesse, mais, bien plus objectivement, dans la procédure conventionnelle utilisée pour la réaliser. Ce n'est pas qu'un engagement mental doive toujours accompagner l'énonciation d'une promesse, mais c'est simplement que cette énonciation engage conventionnellement à la tenir.<br /> Strawson a lui aussi proposé une analyse des actes de parole qui fait dépendre leur bonne réalisation de la reconnaissance des intentions qu'ils exprimeraient. Mais à supposer même que des actes de parole expriment des intentions, celles-ci n'auraient aucune possibilité d'entraîner la réalisation de l'acte de parole, car elles n'ont aucune contrainte normative. Ce n'est en effet pas parce que j'exprime une intention que je m'oblige à quoi que ce soit en fonction de cette intention. Il faut bien plutôt tout le poids de la convention pour que s'ensuive d'une énonciation un certain nombre de conséquences nécessaires. Par conséquent, il convient de rejeter comme illusoires tout aussi bien l'analyse searlienne que l'analyse strawsonienne.<br /> Grice a, quant à lui, proposé de rendre compte de la signification historique portée par les énoncés en contexte au moyen des intentions du locuteur. C'est ainsi parce que j'aurais l'intention de promettre de faire la vaisselle ce soir qu'il faudrait comprendre que je promets de faire la vaisselle ce soir au moyen de l'énoncé " Je te promets de faire la vaisselle " - le caractère promissif dérivant de la reconnaissance de l'intention exprimée. Mais c'est là encore enlever toute objectivité à ce qui est dit et se priver de son identification, en ajoutant un niveau supplémentaire qui empêche bien plutôt toute saisie de l'engagement. Il convient au contraire de déterminer la signification historique portée par un énoncé à la fois par les conventions linguistiques et le contexte d'énonciation.<br /> La qualification intentionnelle des actes de parole a toutefois un sens : elle répond à des conditions normales d'usage. Généralement, en effet, j'agis bien de manière intentionnelle, au sens où je suis conscient de mes gestes, sauf s'il y a des raisons valables de considérer que je ne le fais pas ou ne peux pas le faire. La qualification intentionnelle est donc en réalité une qualification rétrospective par défaut, qui n'a aucun rôle déterminant, ni explicatif.<br /> Par ailleurs, si on rabat toute la charge de l'explication sur les conventions définissant les actes de parole, on ne peut pas distinguer des actes de parole plus conventionnels que d'autres, et donc plus efficaces que d'autres. Ils sont tous définis par le même type de conventions, même si celles-ci sont plus ou moins explicites, codées et n'ont pas toutes la même importance sociale. Par conséquent, ils ont tous le même type d'efficacité. C'est ce nécessaire caractère conventionnel de l'acte de parole qui vient garantir son objectivité, car c'est uniquement parce que la communauté linguistique contrôle mon usage du langage que celui-ci acquiert une normativité. Les conventions déterminant l'objectivité de l'usage de l'énoncé sont de deux ordres : il y a des conventions descriptives qui donnent un contenu linguistique à une phrase, et des conventions démonstratives qui donnent une référence historique à l'énoncé. Ce sont les conventions démonstratives, et non pas des caractéristiques représentationnelles, qui sont nécessaires pour permettre au langage de renvoyer à la réalité, d'en dire quelque chose, en ce qu'elles fixent des conditions d'usage.<br /> En raison de ces conventions, on comprend qu'un énoncé n'acquiert un sens historique déterminé que s'il est adéquat au contexte d'utilisation, puisque les conventions mettent toujours en rapport l'énoncé avec des types de situation, dont il peut alors parler. C'est dire que la seule valeur sémantique de l'énoncé ne suffit pas à déterminer son application. L'adéquation de l'énoncé n'est en effet pas déterminée a priori par les conventions démonstratives, qui ne prévoient pas leur application. Cela laisse la place à l'intervention d'une faculté humaine, le jugement, qui doit venir évaluer, dans chaque contexte d'usage, la pertinence de l'énoncé et son contenu, et ainsi décider quel usage il est fait de l'énoncé à chaque occasion. Mais cette multiplicité des déterminations permises par les conventions nécessite que, pour dire ou faire quelque chose de déterminé par l'usage d'un énoncé, le locuteur prenne un engagement vis-à-vis de ce qu'il dit et du contexte dans lequel il le dit, qui permette de faire reconnaître de manière objective la partialité du contenu de l'énoncé. Car, ainsi, le locuteur situe l'énoncé et se situe par rapport aux circonstances, ce qui permet à tous les interlocuteurs d'évaluer objectivement l'énoncé dans l'espace des possibles interprétatifs ouvert par les circonstances précises de l'énonciation auxquelles renvoie le locuteur. Car, s'il est possible de dire de multiples choses au moyen de l'usage de conventions données dans un contexte donné, toute interprétation de ce qui est dit n'est pas admise dans ce contexte, puisqu'elle est déterminée par la pratique du langage qui y est mise en œuvre et qui exige la prise en compte de certaines conventions et de certains traits contextuels. En m'engageant vis-à-vis de ce que je dis et de la situation dans laquelle je le dis, je permets ainsi de fixer une compréhension donnée de mon énoncé, d'autres n'étant pas admises par la procédure d'énonciation utilisée en ces circonstances. Autrement dit, en m'engageant à l'occasion de l'usage de mon énoncé, je permets de déterminer l'appréciation qu'il mérite à cette occasion.<br /><br /> En identifiant tout usage de la parole à l'accomplissement de certains actes, Austin opère une véritable révolution en philosophie du langage et s'interdit toute conception représentationnaliste du langage, notamment en ce qui concerne les énoncés de connaissance, qui sont censés dire quelque chose du monde. Il s'inscrit par là dans une tradition anti-représentationnaliste oxonienne, dont le principal représentant est J. Cook Wilson, qui refuse toute conception représentationnaliste de la connaissance pour la ramener bien plutôt à des jugements fondés sur des raisons, se distinguant radicalement des jugements de croyances. Mais Cook Wilson fonde la connaissance sur un concept de certitude circulaire, qui provient du caractère absolu des raisons recherchées, en ce que, selon lui, si je sais, je ne peux pas me tromper, car je sais absolument, ou pour des raisons qui ne peuvent pas être remises en cause. En effet, si ces raisons pouvaient être remises en cause, elles ne seraient pas des raisons fondant un savoir, mais seulement une croyance. Or Austin ne peut pas accepter cela : pour lui, il n'y a rien d'absolu, car cela ne permet plus de rien justifier du tout, et les raisons fondant la connaissance seront toujours des raisons relatives à une occasion d'énonciation.<br /> Il faut en fait comprendre qu'un jugement de connaissance s'exprime nécessairement à travers un acte de parole particulier, un acte de parole descriptif, qui vise à dire des choses à propos du monde. Comme tout acte de parole, celui-ci doit respecter des conditions contextuellement déterminée pour réussir à faire ce qu'il vise. Dès lors, ce qui détermine un énoncé descriptif comme un énoncé de connaissance, et non pas comme un énoncé de croyance, ce sont les conditions particulières qui fondent son emploi, qui sont autant de raisons d'utiliser cet énoncé tel qu'on l'utilise. La connaissance doit alors bien être justifiée, et non plus validée, comme le voulait la tradition empiriste dans une optique qui restait représentationnaliste. Il ne s'agit en effet plus de vérifier si mes énoncés correspondent au réel, mais s'ils sont fondés à dire quelque chose du réel. Dès lors, il convient assurément de préserver l'idée que la connaissance, en tant qu'elle s'exprime dans des énoncés, repose sur des raisons de prononcer ces énoncés. Les énoncés de connaissance sont, en effet, des actes de parole comme les autres, fondés sur des raisons. Mais ces raisons de les prononcer, qui fondent une certaine position prise par cet acte, sont relatives au contexte et non pas absolues, comme le voulait Cook Wilson. On n'utilise en effet un énoncé de connaissance que dans des circonstances précises qu'en fonction de raisons qui valent précisément dans ces circonstances précises et qui fondent mon usage. C'est ainsi que mon énoncé de connaissance gagne une objectivité et une prétention légitime à parler du réel – parce qu'il est contextuellement justifié. On aboutit donc à l'idée d'une conception performative de la connaissance, selon laquelle importe plus les conditions d'usage de l'énoncé que sa teneur représentationnelle.<br /> Or Strawson a voulu réutiliser l'idée austinienne de la performativité pour caractériser les énoncés vrais, et ainsi construire une " théorie performative de la vérité ". Dire que P est vrai, ce ne serait ainsi que s'engager en faveur de ce qui est dit par P, ce qui permettrait d'éliminer le prédicat de vérité de la valeur sémantique de l'énoncé. Austin, paradoxalement, récuse totalement cette idée et soutient qu'un énoncé performatif, par définition, ne peut pas être vrai. Austin considère plutôt que la vérité concerne deux choses particulières : d'une part, ces actes de parole particuliers que sont les affirmations, qui décrivent le réel ; d'autre part, les faits du monde dont parlent ces affirmations, tels qu'ils sont appréhendés dans une certaine situation, et non pas dans l'absolu. Il s'agit donc de mettre en relation un contenu situé avec une situation appréhendée dans une occasion particulière d'évaluation – il s'agit de porter un jugement contextuellement déterminé sur l'adéquation entre un énoncé porteur d'un certain contenu à l'occasion de son énonciation et une situation qui demande à être appréhendée d'une certaine manière à cette occasion. Cela implique que le prédicat de vérité n'est pas éliminable, car son attribution prend précisément en compte une relation entre une affirmation et un état du monde, ce qui n'est pas le cas de la simple affirmation, qui ne prend en compte que le réel. Or ce qui est jugé vrai, c'est l'affirmation, et non pas l'état du monde.<br /> Selon Austin, il faut comprendre la vérité comme une relation conventionnelle entre des types de situations historiques auxquelles on fait référence et des situations-types signifiées par les mots utilisés. Il s'agit d'une relation conventionnelle mais qui laisse, là encore, la place à un jugement, qui doit intervenir pour évaluer la relation de correspondance entre ces deux types. Le jugement ne peut cependant pas juger abstraitement de l
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Psychopathologie et migration : repérage historique et épistémologique dans le contexte françaisGouriou, Fabien 19 January 2008 (has links) (PDF)
L'objectif de la thèse est de proposer un repérage historique et épistémologique des rapports de la psychopathologie à la migration dans le contexte français. La confrontation de ces deux termes suggère que le phénomène « migration » constitue bien un objet de pensée pour la psychopathologie, et que les contours d'un domaine de recherche peuvent ainsi être tracés. Loin de prétendre à l'exhaustivité, cette dissertation veille alors à dégager quelques paradigmes significatifs puis à rendre compte de leurs logiques internes, c'est-à- dire expliciter leurs conditions de formalisation, de mise en impasse et de confrontation réciproque. Sont ainsi traités successivement, mais sans céder à l'illusion d'une histoire linéaire et cumulative, cinq paradigmes : la psychiatrie coloniale ; la sélection des immigrants ; la psychopathologie de la migration ; les perturbations dans l'ethnopsy ; les cliniques de l'exil. Le présent travail ne vise pas à la démonstration d'une thèse positive et se contente plus modestement de soutenir la pertinence d'un trajet borné par l'histoire et l'épistémologie, afin de montrer comment la migration contraint les cliniciens à un déplacement du regard et des savoirs. Une question foncièrement irrésolue ne cesse néanmoins de parcourir ces pages : comment penser le migrant comme non-identique à lui-même ?
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Amartya K. Sen : la possibilité d'une éthique économique rationnellePellé, Sophie 25 September 2009 (has links) (PDF)
Cette thèse analyse la contribution des travaux d'Amartya K. Sen à l'économie normative, à partir de la question suivante : une éthique économique rationnelle est-elle possible ? La thèse éclaire tout d'abord la réponse épistémologique apportée par Sen à cette question, à la lumière des débats qui traversent l'économie normative de la première moitié du XXe siècle : quels ont été les différents arguments pour justifier, ou au contraire exclure, les jugements de valeurs de la théorie économique. On étudie ensuite, la conception de l'évaluation de Sen en tant qu'elle représente une réponse aux failles de l'économie normative. A travers sa critique constante de l'utilitarisme et par le développement de l'approche par les capabilités, Sen propose un ensemble de normes pour évaluer le bien-être, élaboré en dialogue constant avec la philosophie politique et morale contemporaine. Enfin, la thèse analyse les limites de l'approche par les capabilités à partir du miroir que forment trois théories qui l'influencent plus particulièrement: la théorie du choix social arrowienne, la théorie de la justice de John Rawls et l'approche par les capabilités de Martha Nussbaum. Cette confrontation permet de montrer que la forme inachevée de l'approche par les capabilités provient d'une tension entre deux normes en partie contradictoires : une exigence de libéralisme d'une part et le souhait de renouveler l'économie normative par une définition du bien-être plus adéquate, de l'autre.
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