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Espace et récit : l’inscription des temps dans la ville : parcours stochastiques chez Julio Cortázar

Jacques, Gabrielle 04 1900 (has links)
De la mouvance du récit contemporain fragmenté, labyrinthique, se dégage un rapport significatif entre les personnages du récit et les lieux dans lesquels ils gravitent : lieux comme figures diverses et discontinues de l’histoire et des mythes y étant inscrits. Cette construction interactive entre lieu et sujet fait intervenir l’espace comme primordial, et, ainsi, redéfinit l’importance du temps dans l’écrit. Le temps n’adviendrait plus seulement dans le « raconté », comme le suggère Ricœur, mais dans les strates successives de son inscription dans les lieux : le lieu est vécu comme art combinatoire des expériences qui s’y rattachent. C’est par le projet continuel et imparfait du sujet à se situer, plus spécifiquement ici dans la ville et dans celles auxquelles il s’identifie, que surgit l’expression du récit. À travers trois œuvres de Julio Cortázar, le temps sera pensé comme une modalité de fragments « empilables », inscrite dans les lieux signifiants, qui saura émerger au conscient par l’entremise de la porosité de la ville, de sa capacité à susciter des « sauts », des passages. Ce qui lie les espaces architectoniques et le temps qui s’y imprime au sujet qui doit se dire pour exister, mettre en récit afin d’unifier les parties discontinues de son être, émergera dans le « devenir en mouvement », superposition du récit et de l’expérience réelle, par les tropes cortazariens de l’expérimentation, jeu, passage et langage. Là surgira dans l’acte créatif une dynamique spécifique à la ville qui envahit et guide le sujet: sa singularité plurielle. / From the shift of contemporary literature towards labyrinthine, fragmentary self expression, emerges a meaningful correspondence between the characters of a narrative and the spaces they inhabit : spaces as multiple and discontinuous figures inscribed in history and myth. This interactive construction linking place and subject renders space of primary significance and in so doing, redefines the importance of time in the act of writing. Time does not unfold only in "what is told", as Ricoeur suggests, but in the successive layers of its inscription in place: which is lived through the combining art of experimentation with attachment to place. The expression of the subject of the narrative emerges from the continual and imperfect project of the subject to locate himself in the city, in those places with which he identifies and which construct him. Through three texts by writer Julio Cortázar, time will be considered as a modality of “accumulatable” fragments, inscribed in significant places, from which a consciousness emerges through the city's porousness and its capacity for leaps and passageways. What connects the architectonic spaces and the imprint of time within them and a subject who must express himself to exist and create narratives to unify the discontinuous parts of his being, will emerge through "becoming in action", the addition of narrative and real life experience in Cortazarian figures of experimentation, play, passageway et language. Herein a dynamic specific to the city emerges in the creative act that fulfills and guides the subject: his plural singularity.
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Encountering the suffering other in illness narratives : between the memory of suffering and the suffering memory

Burlea, Suzana Raluca 12 1900 (has links)
Cette étude porte sur la dimension intersubjective de la souffrance qui affecte le rapport du souffrant à son corps, au temps et à l’espace vécus de même que son identité narrative et sa mémoire narrative. Mon argument principal est que la voix narrative constitue le rapport intersubjectif dans les récits de maladie que les proches écrivent sur leurs partenaires souffrant de cancer de cerveau ou de la maladie d’Alzheimer. Ma discussion est basée sur l’éthique, la phénoménologie, les théories de l’incorporation, les études des récits de vie, la sociologie et l’anthropologie médicales et la narratologie. L’objet de mon étude est l’expérience incorporée de la souffrance dans les récits de maladie et je me concentre sur la souffrance comme perte de la mémoire et du soi narratif. J’analyse le journal How Linda Died de Frank Davey et les mémoires de John Bayley, Iris: A Memoir of Iris Murdoch et Iris and Her Friends: A Memoir of Memory and Desire. J’explore comment les récits de maladie constituent le rapport éthique à l’Autre souffrant de la rupture de la mémoire. La discussion de la voix est située dans le contexte des récits de vie et se propose de dépasser les limites des approches sociologiques et anthropologiques de la voix dans les récits de maladie. Dans ce sens, dans un premier temps je porte mon attention sur des études narratologiques de la voix en indiquant leurs limites. Ma propre définition de la voix narrative est basée sur l’éthique dans la perspective d’Emmanuel Levinas et de Paul Ricœur, sur l’interprétation du temps, de la mémoire et de l’oubli chez St-Augustin et la discussion levinasienne de la constitution intersubjective du temps. J’avance l’idée que la “spontanéité bienveillante” (Ricœur, Soi-même comme un autre 222) articule la voix narrative et l’attention envers l’Autre souffrant qui ne peut plus se rappeler, ni raconter sa mémoire. En reformulant la définition augustinienne du temps qui met en corrélation les modes temporels avec la voix qui récite, j’avance l’idée que la voix est distendue entre la voix présente de la voix présente, la voix présente de la voix passée, la voix présente de la voix future. Je montre comment la voix du soignant est inscrite par et s’inscrit dans les interstices d’une voix interrompue, souffrante. Je définis les récits de vies comme des interfaces textuelles entre le soi et l’Autre, entre la voix du soi et la voix du souffrant, comme un mode de restaurer l’intégrité narrative de l’Autre. / In this research I examine the intersubjective dimension of suffering which affects the relation of the sufferer to his/her lived body, time and space, as well as to his/her narrative identity and narrative memory. I argue that narrative voice constitutes the intersubjective relation in illness narratives that caregivers write about partners or spouses who suffered from brain cancer or Alzheimer’s disease. My discussion draws on ethics, phenomenology, theories of embodiment, life-narratives studies, medical anthropology and sociology, and narratological theory. The object of my study is the embodied, subjective experience of suffering in illness narratives and the main focus is cast on suffering as loss of memory and loss of the narrative self. I analyse Frank Davey’s diary How Linda Died, and John Bayley’s memoirs Iris: A Memoir of Iris Murdoch, and Iris and Her Friends: A Memoir of Memory and Desire. I explore how illness narratives as embodied stories constitute an ethical relation to the suffering Other who bears a lived impossibility of remembering. I situate the discussion of voice in the context of life-narratives and aim at filling in the theoretical gaps of sociological and anthropological approaches of voice in illness narratives. For this, I examine and question narratological studies of narrative voice and focalization. My own definition of narrative voice is based on Emmanuel Levinas’s and Paul Ricœur’s ethics, Saint Augustine’s interpretation of time, memory, and forgetfulness, and on Levinas’s discussion of time as intersubjective relation. I suggest that “spontanéité bienveillante” (Ricœur, Soi-même comme un autre 222) modulates narrative voice as the attention towards the suffering Other whose voice is silenced. Reformulating the Augustinian definition of time that correlates the temporal modes with the reciting voice, I suggest that through the ethical stance towards the Other, voice is distended between the present voice of voice present, the present voice of voice past and the present voice of voice future. I show how the voice of the caregiver is inscribed by and inscribes itself in the interstices of an interrupted, suffering voice. I define life-narratives as textual interfaces between the self and the Other, between one’s own voice and the sufferer’s voice, as a mode of restoring the Other’s narrative integrity.
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La razón de los tontos : protagonismo de los grupos subalternos en la formación de una conciencia de unidad nacional en Latinoamérica

Fernández-Meardi, Hernán 07 1900 (has links)
Cette thèse est une étude des groupes subalternes en Amérique Latine qui se concentre principalement sur l’examen de la production littéraire que ces groupes ont inspirée mais aussi sur les tensions sociales, idéologiques et culturelles dérivées de leur présence au sein d’une nation. Ces groupes qu’on va identifier méthodologiquement comme étant des Groupes Subalternes sont apparus dans le panorama littéraire et politique d’une manière peu habituelle, plus par leur négativité en relation au projet moderne d’institutionnalisation positiviste que par les particularités de leur culture. Néanmoins, ils sont devenus, par la suite, le symbole iconographique de l’identité nationale de leurs pays respectifs. Ces groupes qui, par définition, étaient destinés à sombrer dans l’oubli historique sont devenus plus tard les protagonistes des «guiding fictions» de la formation d’une conscience d’unité nationale. Les textes qui seront examinés au cours de cette recherche sont ceux qui montrent de manière paradigmatique la réalité et les modes d’existence de ces populations qui ont été caractérisées par leur négativité par rapport aux normes de la pensée hégémonique moderne dans l’espace socio-culturelle et -politique de l’Amérique latine. Ces textes nous montrent une déviation dans l’évolution historico-discursive de la vision que les artisans idéologiques des États-nation naissants ont voulu imposer sur ces groupes vers la fin du XIX e. Dans cette étude, on analysera deux exemples paradigmatiques : celui de la communauté de Canudos au Brésil, à travers le texte « Os Sertões » d’Euclides Da Cunha, et celui des gauchos de l’Argentine, à travers l’examen du texte « El Martin Fierro » de Jose Hernandez. Dans la première partie de cette thèse on dessine, à grands traits, les repères historiques et socio-politiques des idéologies qui ont abouti au processus de modernisation de l’Amérique latine. On propose, au même temps, quelques concepts critiques vis-à-vis de l’analyse des groupes subalternes. Dans les chapitres suivants, on procède à une lecture attentive des textes mentionnés plus haut, tout en considérant, à la fois, la nécessité de cette analyse, la difficulté des problèmes et la nature de notre propos. On explique aussi la place qu’occupent les groupes subalternes dans la représentation littéraire de leur pays d’origine et l’impact qu’ils ont eu dans la formation de l’imaginaire national. En réfléchissant sur les données engendrées lors de l’analyse, la conclusion de la thèse aborde les conséquences épistémologique et idéologique provoquées par le régime discursif de l’État-nation latino-américain. / This dissertation represents a study of subaltern groups in Latin America focusing mainly on the study of the literary production that these groups inspired but also on the social, ideological and cultural tensions derived from their presence within a nation. These groups, which I identify methodologically as Subaltern Groups, appeared in the literary and political panorama in an uncommon way, originating more from their negativity in relation to the modern project of positivist institutionalization than through the distinct characteristics of their culture. Nevertheless, they went on to become the iconographical symbol of national identity in their respective countries. Although, by definition destined to be forgotten historically, they later became protagonists of the “guiding fictions” forming an awareness of national unity. The texts chosen for review in this research project reveal, paradigmatically, the reality and modalities of existence of these communities, characterised by their negativity in relation to the norms of modern hegemonic thought within the socio-cultural and political space of Latin America. These texts reveal a deviation in the course of the countries’ historical-discursive evolution with regards to the vision that the new Nation-states’ ideological artisans wished to impose on these groups at the end of the 19th century. In this study, two paradigmatic examples are analysed: that of the Canudos community in Brazil presented in Da Cunha’s Os sertões and that of the gauchos in Argentina, as portrayed in José Hernández’. The first part of this thesis gives a general outline of the historical and socio-political references corresponding to the ideologies that lead to the modernisation of Latin America. I also put forward critical concepts the analysis of subaltern groups. In the following chapters, I proceed with a close reading of the above-mentioned texts, while considering, at the same time, the necessity of this analysis, the inherent challenges related to the problems as well as the nature of the subject. In this context, the thesis also characterizes the place that subaltern groups hold in the literary representations of their own countries as well as the impact that have had on the development of their nation’s collective imaginary. By reflecting on the data generated by the analysis, the conclusion of this thesis addresses the epistemological and ideological consequences caused by the discursive regime of the Latin-American Nation-state. / Esta tesis consiste en un estudio de los grupos subalternos en Latinoamérica que se focaliza principalmente en el examen de la producción literaria que esos grupos inspiraron, pero también en las tensiones sociales, ideológicas y culturales derivadas de su presencia en el seno de una nación. Esos grupos que denominamos metodológicamente Grupos Subalternos surgieron en el ámbito político y literario de una manera poco común, más por su negatividad en relación con el proyecto de institucionalización positivista que por las particularidades de su cultura. Sin embargo, luego se convirtieron en el símbolo iconográfico de la identidad nacional de sus respectivos países. Esos grupos que por definición estaban destinados al olvido histórico lograron, no obstante convertirse luego en los protagonistas de las “guiding fictions” para la formación de una consciencia de unidad nacional. Los textos que se examinarán en esta investigación son aquellos que muestran de manera paradigmática la realidad y los modos de existencia de esas poblaciones que se caracterizaron por su negatividad con respecto a las normas del pensamiento hegemónico moderno dentro del espacio socio-político-cultural de Latinoamérica. Esos textos ponen a la vista una desviación en la evolución histórico-discursiva de la visión que los artesanos ideológicos de los Estados nación nacientes desearon imponer a esos grupos hacia finales del siglo XIX. En este estudio, se analizarán dos ejemplos paradigmáticos: el de la comunidad de Canudos en Brasil, a través del texto « Os sertoes » de Euclides Da Cunha y el de los gauchos de Argentina, a través del examen de « El Martin Fierro » de José Hernández. En la primera parte de esta tesis, se hará mención a grandes rasgos de los puntos de referencia históricos y socio-políticos de las ideologías que desembocaron en el proceso de modernización de Latinoamérica. Simultáneamente, se proponen algunos conceptos críticos con respecto al análisis de los grupos subalternos. En los capítulos subsiguientes, se procederá a una lectura atenta de los textos antes mencionados, considerando al mismo tiempo la necesidad de este análisis, la dificultad de los problemas y la naturaleza de nuestro tema. Además se explicará el lugar que ocupan los grupos subalternos en la representación literaria de sus países de origen y el impacto que ejercieron en la construcción del imaginario nacional. Al reflexionar sobre los datos generados durante el estudio, la conclusión de la tesis aborda las consecuencias epistemológicas e ideológicas provocadas por el régimen discursivo del Estado-nación latinoamericano.
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Une sagesse qui ne vient jamais : esthétique, politique et personnalité dans l’œuvre de Guy Debord

Trudel, Alexandre 12 1900 (has links)
Cette thèse se propose de réévaluer l’œuvre de Guy Debord en privilégiant la lecture de ses autoportraits littéraires et cinématographiques. Cette recherche favorise une réception de Debord mettant en lumière l’importance de l’écriture de soi dans l’ensemble de sa production. L’inscription de soi, chez Debord, passe en effet par la création d’une légende. L’introduction démontre comment la trajectoire singulière de Debord témoigne d’un brouillage entre les frontières traditionnelles séparant l’esthétique et le politique. Elle explore les moyens pris par Debord afin de redéfinir le statut de l’artiste et la fonction de l’écriture dans le cadre d’une transformation d’une vie quotidienne. Dans ce cadre, la production artistique se subordonne entièrement au caractère de Debord, une personnalité qui se manifeste d’abord à travers la création d’un Grand style qui lui est propre. En célébrant le primat du vécu sur l’œuvre, la manœuvre de Debord s’inscrit dans la tradition moderniste de l’art. Le chapitre II montre comment Debord souhaita participer à l’entreprise de politisation de l’esthétique qui définit l’action des avant-gardes historiques. On y explique notamment comment l’œuvre de Debord s’est construite à partir des ruines du surréalisme. Pour se distinguer de ses ancêtres, le mouvement situationniste rejeta cependant l’esthétique surréaliste du rêve au profit d’une nouvelle poétique de l’ivresse se basant sur la dérive et sur l’intensification du moi. La dernière section de ce chapitre se consacre à la question de la création d’un mythe moderne, volonté partagée par les deux groupes. La troisième partie de cette thèse traite spécifiquement de la construction mythologique de Debord. Ce chapitre situe le projet mémorialiste de Debord dans la tradition littéraire française de l’écriture du moi. Il explore ensuite l’économie des sources classiques de Debord, en soulignant l’importance chez lui d’une éthique aristocratique issue du Grand siècle, éthique qui met de l’avant la distinction individuelle. Enfin, l’importance de la mentalité baroque est abordée conjointement à la question primordiale de la stratégie et de la manipulation. Le quatrième chapitre aborde la question de l’identification. Quand Debord décide de parler de sa vie, il le fait toujours en employant des éléments qui lui sont extérieurs : des « détournements ». Son « mode d’emploi » des détournements est défini dans la perspective d’un dévoilement de soi. On explore par la suite la question de l’imaginaire politique de Debord, imaginaire qui convoque sans cesse des représentations issues du XIXe siècle (classes dangereuses, conspirateur, bohème). Ce dernier chapitre se termine sur un essai d’interprétation approfondissant l’utilisation répétée de certaines figures criminelles, notamment Lacenaire. On mettra de l’avant la fonction centrale qu’occupent le crime et la transgression dans la sensibilité de Debord. / This thesis offers a critical reappraisal of the work of Guy Debord through a close study of his literary and cinematographic self-portraits. The research offers a reading of Debord that sheds light on the author’s attempts at a “writing of the self”. Such writing, according to Debord, is intimately connected to the creation of a legend. The introduction shows how Debord’s unique trajectory blurs the traditional boundaries that divide aesthetics and politics. It explores the various means through which Debord attempts to redefine the status of the artist and the function of writing through a transformation of everyday life. In this context, artistic production becomes entirely subservient to Debord’s character, to his singular personality that manifests itself through the creation of a “Grand style”. By emphasizing the importance of lived experience over that of the work itself, Debord’s maneuvers are entirely within the modernist tradition. Indeed, chapter II shows how Debord attempts to participate to the politicization of aesthetics, a project that is also central to that of the historical avant-garde. Special emphasis is placed on how Debord’s work was constructed on the ruins of surrealism. To distinguish himself from his immediate predecessors, the Situationist movement substituted the Surrealist infatuation with dream states with a poetics of intoxication based on dérive (urban drifting) and on the intensification of the self. The last section of this chapter explores how both Surrealism and Situationism attempted to create modern forms of myths. Chapter III deals specifically with the mythological construction of Debord’s character. It situates Debord’s late memorialist project in a distinct French tradition of the “writing of the self”. It also explores the economy of Debord’s classical sources, underlying his fascination with the aristocratic ethics of the “Grand Siècle”. Finally, the question of the baroque worldview is analyzed in relation to Debord’s various strategies of manipulation. Chapter IV considers the question of identification. Whenever Debord speaks of his life, he only ever does so by using external elements, through the “détournement” of various literary and popular sources. We look specifically how such “détournements” participated to a complex revealing of the self. We then explore the question of Debord’s political imaginary, which constantly conjures up images from the nineteenth century (the so-called “dangerous classes”, conspirators, bohemians). This last chapter concludes with an interpretative analysis of Debord’s recurring allusions to well-known criminal figures (such as Lacenaire) in his work, in order to explain the preeminent function that crime and transgression play in the author’s sensibility.
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De l'animation des images fixes dans "Me and You and Everyone we Know" : photographie, vidéo, cinéma

Lavallée, Pascal-Anne 12 1900 (has links)
Ce mémoire de maîtrise porte sur l’animation des images fixes dans le film Me and You and Everyone we Know réalisé en 2005 par Miranda July, et tout particulièrement sur les pratiques artistiques de la protagoniste Christine Jeperson, qui est artiste vidéaste. L’objet de cette étude se fonde sur les matériaux utilisés par l’artiste-protagoniste elle-même, et vise en premier la photographie, puisqu’elle travaille toujours à partir de photos amateur, de clichés, d’images banales, qu’elle tente d’animer par le biais de la vidéo et de leur mise en récit. Ces deux dispositifs d’animation, qui à leur façon redonnent du temps et du mouvement aux images, réalisent un déplacement de valeur en en faisant de l’art et déploient du même coup un espace propre à une certaine expérience esthétique du spectateur, car c’est dans son imaginaire que peut véritablement se produire l’animation de ces images. Ainsi, dans ce mémoire, je tenterai tout à la fois de me concentrer sur ce détail du film que sont les œuvres de Christine, mais en cherchant à les mettre en relation avec d’autres moments du film, avec ce qui semble être les motifs privilégiés de la pratique de Miranda July, de même qu’avec d’autres moments de l’histoire de l’art, afin d’en historiciser la démarche. Ce travail servira donc à éclairer une pratique d’images contemporaine singulière, à la croisée entre photographie, vidéo et film. / This Master’s thesis deals with the animation of still images in Miranda July’s 2005 film, Me and You and Everyone we Know. More specifically, it analyses the artistic practices of Christine Jeperson, a video artist who is the main character of the film. This study focuses on the materials utilized by the artist-protagonist and looks at her particular use of photography: her video works all revolve around amateur photographs, clichés, banal images, that she animates via the remediation of video and "narrativization" ("mise en récit"). These two principles of animation, that give time and motion to the still images she uses, also produce a displacement of value by turning these images into art and, by the same token, open a specific space i.e. the aesthetic experience of the spectator, for it is in his or her imaginary, in the end, that this animation is produced. Thus, in this study, I wish to look at these “details” within the films — the video works of Christine — whilst seeking to show the relations they entertain with other elements of the film, with Miranda July’s body of works, as well as with other moments in art history that relate to this animation apparatus, in order to historicize the practices of Christine / July. This Master’s Thesis wishes to illuminate a specific kind of contemporary visual practice, at the intersection of photography, video and film.
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Métafiction et érotisme dans trois romans contemporains : A Sport and a Pastime de James Salter, Teorema de Pier Paolo Pasolini et Trou de mémoire d'Hubert Aquin

Romano, Elisa 04 1900 (has links)
Cette thèse prend son point de départ d'une théorie élaborée par Linda Hutcheon. Elle propose que la métafiction est souvent exploitée à travers quatre genres. L’un deux est l'érotisme. Ainsi, à partir de cette idée, cet ouvrage va examiner plus profondément les liens et les implications entre ce concept de la métafiction, qui sera revu et résumé, et l'érotisme. Les trois romans choisis, A Sport and a Pastime de James Salter, Teorema de Pier Paolo Pasolini et Trou de mémoire de Hubert Aquin, serviront de lieux d'analyse afin de révéler le rapport étroit qu'entretiennent la métafiction et l'érotisme. / This thesis takes as its point of departure a theory elaborated by Linda Hutcheon. She proposes that metafiction is often made use of across four genres. One of these is eroticism. Thus, starting from this point, this work will examine in greater detail the ties and the implications inherent in this concept of metafiction -- which will be reviewed and summarized -- and eroticism. The three selected novels, A Sport and a Pastime by James Salter, Teorema by Pier Paolo Pasolini and Trou de mémoire by Hubert Aquin, will serve as sites of analysis with a view to reveal the intimate connection that is fostered by metafiction and eroticism.
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Order and the literary rendering of chaos : children's literature as knowledge, order, and social foundation

AbdelRahim, Layla 03 1900 (has links)
Depuis que l'animal humain a conçu un système de technologies pour la pensée abstraite grâce au langage, la guerre contre le monde sauvage est devenu une voie à sens unique vers l'aliénation, la civilisation et la littérature. Le but de ce travail est d'analyser comment les récits civilisationnels donnent une structure à l'expérience par le biais de la ségrégation, de la domestication, de la sélection, et de l'extermination, tandis que les récits sauvages démontrent les possibilités infinies du chaos pour découvrir le monde en toute sa diversité et en lien avec sa communauté de vie. Un des objectifs de cette thèse a été de combler le fossé entre la science et la littérature, et d'examiner l'interdépendance de la fiction et la réalité. Un autre objectif a été de mettre ces récits au cœur d'un dialogue les uns avec les autres, ainsi que de tracer leur expression dans les différentes disciplines et œuvres pour enfants et adultes mais également d’analyser leur manifestations c’est redondant dans la vie réelle. C'est un effort multi-disciplinaires qui se reflète dans la combinaison de méthodes de recherche en anthropologie et en études littéraires. Cette analyse compare et contraste trois livres de fiction pour enfants qui présentent trois différents paradigmes socio-économiques, à savoir, «Winnie-l'Ourson» de Milne qui met en place un monde civilisé monarcho-capitaliste, la trilogie de Nosov sur «les aventures de Neznaika et ses amis» qui présente les défis et les exploits d'une société anarcho-socialiste dans son évolution du primitivisme vers la technologie, et les livres de Moomines de Jansson, qui représentent le chaos, l'anarchie, et l'état sauvage qui contient tout, y compris des épisodes de civilisation. En axant la méthodologie de ma recherche sur la façon dont nous connaissons le monde, j'ai d'abord examiné la construction, la transmission et l'acquisition des connaissances, en particulier à travers la théorie de praxis de Bourdieu et la critique de la civilisation développée dans les études de Zerzan, Ong, et Goody sur les liens entre l'alphabétisation, la dette et l'oppression. Quant à la littérature pour enfants, j'ai choisi trois livres que j’ai connus pendant mon enfance, c'est-à-dire des livres qui sont devenus comme une «langue maternelle» pour moi. En ce sens, ce travail est aussi de «l’anthropologie du champ natif». En outre, j’analyse les prémisses sous-jacentes qui se trouvent non seulement dans les trois livres, mais dans le déroulement des récits de l'état sauvage et de la civilisation dans la vie réelle, des analyses qui paraissent dans cette thèse sous la forme d'extraits d’un journal ethnographique. De même que j’examine la nature de la littérature ainsi que des structures civilisées qui domestiquent le monde au moyen de menaces de mort, je trace aussi la présence de ces récits dans l'expression scientifique (le récit malthusien-darwinien), religieuse, et dans autres expressions culturelles, et réfléchis sur les défis présentés par la théorie anarchiste (Kropotkine) ainsi que par les livres pour enfants écrits du point de vue sauvage, tels que ceux des Moomines. / Ever since the human animal devised a system of technologies for abstract thought through language, the war on wilderness has become a one way path towards alienation, civilisation and literature. In this work, I examine how the civilised narrative orders experience by means of segregation, domestication, breeding, and extermination; whereas, I argue that the stories and narratives of wilderness project chaos and infinite possibilities for experiencing the world through a diverse community of life. One of my goals in conducting this study on children's literature as knowledge, culture and social foundation has been to bridge the gap between science and literature and to examine the interconnectedness of fiction and reality as a two-way road. Another aim has been to engage these narratives in a dialogue with each other as I trace their expression in the various disciplines and books written for both children and adults as well as analyse the manifestation of fictional narratives in real life. This is both an inter- and multi-disciplinary endeavour that is reflected in the combination of research methods drawn from anthropology and literary studies as well as in the content that traces the narratives of order and chaos, or civilisation and wilderness, in children's literature and our world. I have chosen to compare and contrast three fictional children's books that offer three different real-world socio-economic paradigms, namely, A.A. Milne's Winnie-the-Pooh projecting a civilised monarcho-capitalist world, Nikolai Nosov's trilogy on The Adventures of Dunno and Friends as presenting the challenges and feats of an anarcho-socialist society in evolution from primitivism towards technology, and Tove Jansson's Moominbooks depicting chaos, anarchy, and wilderness that contain everything, including encounters with civilisation, but most of all an infinite love for the world. Stemming from the basic question in research methodology on how we know the world, I first examine the construction, transmission, and acquisition of knowledge, particularly through the lens of Bourdieu's theory of praxis, as well as the critique of language and literacy through Zerzan's, Ong's, and Goody's studies on the links between literacy, debt and oppression. Regarding children's literature depicting the three socio-economic paradigms, I chose three books with which I have been familiar since childhood, i.e. in whose narratives I have “native fluency” and, in this sense, this work is also about “anthropology at home”. Moreover, I compared and contrasted the underlying premises not only in the three books, but also with the unfolding narratives of wilderness and civilisation in real life, that I inserted in the form of ethnographic/journal entries throughout the dissertation. As I examine the very nature of literature, culture, and language and the civilised structures that domesticate the world through the threat of death and the expropriation of food, I also trace the presence of these narratives in the scientific (the Malthusian-Darwinian narrative), religious, and other cultural expressions and the challenges provided by anarchist science and theory (Kropotkin) as well as wild children's books such as Jansson's Moomintrolls.
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Figures de l'avarice et de l'usure dans les comédies : The Merchant of Venice de Shakespeare, Volpone de Jonson et L'Avare de Molière

Burtin, Tatiana 08 1900 (has links)
L'émergence d'un « 'esprit' capitaliste » (Weber) en Angleterre et en France au tournant des XVIe-XVIIe siècles a favorisé la reconfiguration des rapports entre avaritia et cupiditas, qui déterminent tout le champ sémantique de l'usure et de l'intérêt. Cette thèse postule que cette évolution est sensible dans la comédie française et anglaise de l'époque, plus particulièrement chez les dramaturges qui ont marqué l'imaginaire collectif en mettant en scène des personnages avares. À partir d'un type comique issu à la fois du théâtre antique et du canon religieux bien établi dans l'Occident chrétien, l'appréhension nouvelle de l'argent comme objet et comme signe permet de construire une véritable figure moderne de l'avarice. Les protagonistes de chaque pièce, Shylock, Volpone (Mosca) et Harpagon, sont suspendus entre un or quasi divin, et l'univers plus ou moins connu de l'argent, medium en passe de devenir l'équivalent universel de tout bien, qu'ils pensent maîtriser grâce à leur trésor. S'ils s'intègrent parfaitement à la fluidité moderne des échanges économiques, culturels et sociaux, ils participent aussi à leur dévalorisation, par une activité et un discours proprement usuraires. Leur entourage tente de soumettre cette « labilité » des valeurs (Simmel) suscitée par l'économie de l'usurier-avare à un nouvel ordre, cosmique, éthique ou politique. Le conflit se résout devant la justice, instance discriminatoire externe et prétexte à la mise en abyme du jugement social. L'analyse des dénouements permet dès lors de comprendre le travail de chaque auteur sur la forme et la fonction de la comédie, à travers le texte, les genres, ou une esthétique de l'espace. Elle montre que chacun s'attache à valoriser l'apport de son art au public, dans une période de crise socio-économique. / The emergence of a capitalist ‘spirit’ (Weber) in England and France at the turn of the sixteenth and seventeenth centuries played a leading role in reconfiguring the relation between avaritia and cupiditas which determine the whole semantic field of usury and interest. This thesis postulates that this evolution is perceptible in French and British comedy at that time, in particular for some of the playwrights who staged miserly characters imprinted in our collective imagination. Starting from a comic type as common in Greek and Roman drama as it was in the well-established religious canon in the Christian West, a new understanding of money as object and as sign leads to the construction of a truly modern figure of avarice. Shylock, Volpone (Mosca) and Harpagon, hang on to a almost divine idea of gold and the more or less known world of money, medium they think they control through their treasure, and which is about to become the universal equivalent of any good. Those characters fit perfectly into this modern dynamic of economic, cultural and social exchanges, but they also contribute, with their strictly usurious speech, to its depreciation. Their entourage tries to tame this « lability » of values (Simmel) generated by the economy of the usurer-miser to a new order – a cosmic, ethical or political order. Conflicts are resolved by a court of law, external discriminatory authority and pretext for the mise-en-abyme of social judgment. The analysis of these denouements allows one to understand the work of each author in the comic form and function, through the text, the genres, or an aesthetic of space. It shows how much each author strived to value the contribution of his art to the public, in a time of socio-economic crisis. / Réalisé en cotutelle avec l'Université de Paris Ouest Nanterre La Défense
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Scénarios d’aveuglement dans la littérature d’Orhan Pamuk, d’Ernesto Sábato, et de José Saramago

Ilea, Laura T. 08 1900 (has links)
Scénarios d’aveuglement dans la littérature d’Orhan Pamuk, d’Ernesto Sábato, et de José Saramago analyse trois œuvres importantes de trois auteurs contemporains : Mon nom est Rouge d’Orhan Pamuk ; « Rapport sur les aveugles » du roman Héros et tombes d’Ernesto Sábato ; et L’aveuglement de José Saramago. Malgré leurs différences, ces romans ont des points communs évidents, synthétisés dans la figure de l’aveuglement. Cette figure signale l’avènement, dans les textes, d’un régime de connaissance alternatif, centré moins sur le primat de la raison et du visuel que sur une nouvelle capacité cognitive, basée sur une logique spéciale du destin. L’aveuglement s’ouvre également sur une nouvelle compréhension de l’histoire, grâce à une capacité du récit de fiction qui passe par le point de fuite de la cécité. Pour Pamuk, l’aveuglement est le couronnement paradoxal d’une vision du monde, gravement mise en crise à la fin du XVIe siècle par le perspectivisme et le réalisme de la Renaissance, la voie d’entrée vers un monde imaginal qui n’est plus accessible à l’imaginaire occidental. Pour Sábato, il représente la variante renversée d’une quête de l’absolu qui passe par les antres de l’inceste, de l’enfer et du crime, tandis que le monde décrit par Saramago est un monde qui sombre sur la pente de la déchéance, en suivant une logique implacable. Il est l’équivalent de plusieurs formes de cécité qui menacent le monde contemporain, comme le fondamentalisme religieux, l’homogénéité préconisée par la société de masse, l’exclusion raciale, l’oppression idéologique. La thèse se divise en trois parties, La violente beauté du monde, Un mythe hérétique de la caverne et Une épidémie à cause inconnue, chacune d’entre elles analysant l’œuvre d’un auteur, mais établissant également des liens avec les autres chapitres. L’approche adoptée est interdisciplinaire, un croisement entre études littéraires, philosophie et histoire de l’art. Dans leur quête de nouveaux concepts et de nouvelles formes de pensée qui s’écartent du modèle rationnel dominant de la modernité, les trois auteurs partent de la présupposition que regarder les choses n’est pas du tout l’équivalent de voir les choses. Ils tentent d’articuler une logique du voir qui ressemble plutôt à la vision et à la clairvoyance qu’à la conformité logique. La figure de l’aveuglement sert de tremplin vers le monde imaginal (Pamuk), la pensée magique (Sábato) et la vision dystopique (Saramago) – des espaces ontologiquement différents où les auteurs mènent leurs attaques contre la rationnalité à tout prix. C’est précisément ces espaces que nous avons choisi d’explorer dans les trois romans. Nous soutenons également que ces trois textes proposent un nouveau régime de « connaissance » qui met en question les règles de pensée héritées de la Renaissance et surtout des Lumières, qui constituent un discours dominant dans la culture visuelle et philosophique moderne. / Blindness in the Literature of Orhan Pamuk, Ernesto Sábato, José Saramago examines three important texts by three well-known contemporary authors: My Name is Red by Orhan Pamuk; the chapter « Report on the Blind » from the novel On Heroes and Tombs by Ernesto Sábato; and Blindness by José Saramago. The trope of blindness is a common theme in these novels, despite their significant differences. Blindness introduces an alternative regime of knowledge, centered less on the primacy of the rational and the visual than on a new cognitive capacity, grounded in a specific logic of destiny. It proposes new understandings of history, due to a fictionalizing capacity, which passes through the fault lines of blindness. For Pamuk, blindness represents the paradoxical culmination of a traditional, Islamic world view, which was challenged in the 16th century by the perspectivism and the realism of Renaissance. This conception is regarded as the royal road to an imaginal world that remains inaccessible to the western imaginary. In Sábato’s novel, blindness prompts the reversed version of a quest for absolute, which passes through incest, hell and crime. In the dystopic world depicted by Saramago, this trope is symptomatic of a continuous decay, which follows an implacable logic. It also points to the many forms of blindness that threaten the contemporary world, such as religious fundamentalism, the leveling produced by mass culture and mass society, racial exclusion, ideological oppression. The thesis is divided in three chapters: The Violent Beauty of the World, A Heretical Myth of the Cave and An Epidemic with an Unknown Reason. Each chapter examines one of the three novels, but connections and cross-links among the individual chapters are also established. My investigation provides an interdisciplinary approach, which relies on paradigms from literary studies, philosophy and art history. All three authors examined in the dissertation start from the assumption that looking is not equivalent to seeing. Their texts attempt to formulate a logic of seeing indebted to vision rather than to logical accuracy. The figure of blindness serves as a springboard towards the imaginal world (Pamuk), magical thought (Sábato) and dystopia (Saramago) – ontologically different spaces where the authors counter rationality with new modes of vision. The dissertation explores the articulation of these spaces in the three novels. It argues that these texts on blindness propose a regime of « knowledge » that challenges the dominant discourses on vision, rationality, and the mind – the legacy of the Renaissance and the Enlightenment – in modern visual culture and modern philosophy.
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Tenir l'évanouissement : entre maîtrise intégrale et abandon anéantissant : Jean Genet et Antonin Artaud

Lane, Véronique 11 1900 (has links)
Antonin Artaud et Jean Genet ont respectivement connu l’enfermement asilaire et carcéral. Ils conçoivent tous les deux l’écriture comme le théâtre, sur le même plan que la vie, et partagent en outre la même conviction que la littérature, comme toute forme d’art, peut quelque chose pour nous. Malgré leurs nombreux points de contact biographiques, poétiques et éthiques, leurs œuvres n’ont jamais fait l’objet d’un rapprochement exclusif, une étonnante lacune que l’introduction substantielle de cette étude se donne pour tâche d’éclairer. En fait, si les œuvres d’Artaud et de Genet sont souvent comparées, c’est invariablement de façon limitée : brièvement, par le biais d’un tiers auteur et au plan du théâtre. Or toute leur écriture est théâtrale : c’est la prémisse sur laquelle se base ce travail qui constitue, donc, la première étude comparative approfondie de leurs œuvres. Dans un premier temps, nous étudions la conception du théâtre d’Artaud et de Genet dans la perspective de la tragédie qu’ils privilégient, parce qu’ils estiment primordiale la reprise vivante de l’œuvre par chacun de nous. En fait, nous nous intéressons à Genet et Artaud aussi bien en tant qu’écrivains que lecteurs, en analysant la manière singulière dont ils puisent l’un et l’autre de grandes figures dans les textes de la mythologie, de la littérature et de l’histoire pour les faire intervenir, indifféremment de leur provenance, dans leur propre texte. Pour démontrer ce travail de "reconfiguration" tout à la fois biographique, esthétique et éthique chez Artaud et Genet, nous analysons leur traitement de la figure tragique par excellence d’Antigone, dans "Antigone chez les Français" et "Journal du voleur". Dans un second temps, nous examinons comment Artaud et Genet s’en prennent à la dialectique du jugement qui préside à la lecture univoque qu’ils récusent : d’une part, par la conjuration, dans les textes qu’ils rédigent en 1948 pour une même série radiophonique, "Pour en finir avec le jugement de dieu" et "L’Enfant criminel" (tous deux censurés) et, d’autre part, par la révélation, en pratiquant ce que nous appelons une écriture de l’évanouissement – qui n’a rien de sublime, qui ne conserve en fait de la relève hégélienne que la structure du coup de théâtre, à savoir l’interruption qu’elle introduit dans la délibération de la conscience. Nous analysons alors les commentaires de dessins d’Artaud et les nombreuses scènes d’évanouissement dans l’œuvre de Genet. Dans un troisième temps, nous suggérons d’approcher de manière éthique les troublants termes de "cruauté" et de "trahison" qu’Artaud et Genet nous ont légués. Plus que des notions, celles-ci, avançons-nous, sont des méthodes visant l’acquisition d’un nouveau mode de lecture. Par l’entremise de ces concepts anti-conceptuels, Artaud et Genet nous invitent en fait à vivre comme ils écrivent et lisent : à "voire" la réalité. Pour le démontrer, nous proposons une micro-lecture du "Théâtre et son double" d’Artaud au regard de "La Sentence" de Genet, texte dont la publication toute récente vient confirmer la pertinence du rapprochement que nous établissons dans cette étude. / Antonin Artaud and Jean Genet experienced confinement in an asylum and a prison respectively. They both also conceived of writing as theatre, on the same level of tragedy as life, and shared the same conviction that literature, like all forms of art, has the power to do something for us. Despite their many points of contact in terms of biography, poetics, and ethics, their works have never been the object of an exclusive comparative study, a surprising omission that the substantial introduction of this study sets out to elucidate. In fact, if the works of Artaud and Genet are often compared, it is inevitably in a limited fashion: briefly, via a third author, and in terms of the theatre. Yet all their writing is theatrical: it is the premise on which this, the first full-length comparative study of their works, is based. Firstly, I study Artaud and Genet’s conception of theatre from the perspective of the tragic which they both privilege, because above all they value the reanimation of their work performed by the reader. In fact, I engage with Genet and Artaud as both writers and readers, analysing the singular way in which each takes great figures from mythology, literature, and history, in order to introduce them, irrespective of their provenance, into their own works. To demonstrate this work of "reconfiguration" in Artaud and Genet, which is at once biographical, aesthetic, and ethical, I analyse their treatment of Antigone, in "Antigone chez les Français" and "Journal du voleur". Secondly, I examine how Artaud and Genet defy the dialectic of judgement ruling the univocal reading which they oppose. In part, I focus on their defiance in the texts that they composed in 1948 for the same radio broadcast, "Pour en finir avec le jugement de dieu" and "L’Enfant criminel" (both of which were censored). And in part I focus on the defiance they practice by way of a revelation that I call a writing of fainting—which has nothing of the sublime in it, which in fact only retains the structure of the interruption from the Hegelian Aufhebung, that is to say the coup de theatre that it introduces in the deliberation of consciousness. I further analyse the commentaries of Artaud on his drawings and numerous scenes of fainting in Genet’s works. Thirdly, I put forward an ethical way of approaching the troubling terms "cruelty" and "treason" that Artaud and Genet have bequeathed us. More than being notions, I propose, these are methods aiming towards a new mode of reading. By the intervention of these anti-conceptual concepts Artaud and Genet invite us to live in the same way they write and read, that is to say in the same way they "see" the multiplicities of reality. As an exemplification, I advance a close reading of Artaud’s "Théâtre et son double" in relation to Genet’s "La Sentence"—a text whose recent publication confirms the pertinence of the comparative approach taken in this study. / Thèse réalisée en cotutelle (Université de Montréal et Université Paris Diderot - Paris 7)

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