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Le jour où la Terre en avait vu d'autres. Tome 1 ; suivi de La tension ajarienneLétourneau, Annie 04 1900 (has links)
La partie création de ce mémoire se veut soutenue par une tension narrative reliée à la
curiosité suscitée par le personnage principal, de prime abord énigmatique, qui se dévoile de
façon capricieuse par un changement constant de focalisation et de temporalité. Nathan vit à
une ère où l’humanité a frôlé l’extinction, et où tout est à repenser après l’annihilation du virus
ramenant les morts à la vie. N’ayant pas été témoin de ces horreurs, ses plus grandes
préoccupations concernent son cheminement vers l’authenticité. Saltimbanque de métier, il
voyage de communauté en communauté, où chacune a fait ses choix pour recréer le monde. Sa
volonté de prôner l’art dans un processus de reconstruction sociale et sa poursuite d’une image
perdue le pousseront toujours plus loin dans ses pérégrinations; vers des réalités qui le
conduiront à redéfinir son univers.
La partie essai s’interroge sur les procédés formant la tension narrative des romans
d’Émile Ajar, pseudonyme laissant deviner la plume expérimentée de Romain Gary qui se
réinvente dans l’anonymat. L’attention est centrée sur les jeux de narration, le rôle actanciel
des personnages et l’orchestration formelle des récits, à savoir s’ils sont assez similaires pour
lier les opus et les constituer en une série unifiée.
Cette réflexion à la recherche de l’essence de l’oeuvre ajarienne, touchante par ses
antihéros souvent démunis dans leur quête existentielle, a été une inspiration pour la rédaction
de Le jour où la Terre en avait vu d’autres. Les rêves de Nathan sont racontés à la première
personne, rejoignant certaines modalités ajariennes où la psyché des protagonistes se révèle
par une narration au “je”. Les questionnements sur la tension narrative ont été déclencheurs de
cette première démarche d’écriture romanesque, même si elle est située dans un cadre
complètement autre et use d’une plume bien différente de celle d’Ajar. / The creative part of this Master’s thesis is based on curiosity about the main character,
at first enigmatic, who is to be revealed in an unpredictable way with continuous focal and
temporal changes. Nathan lives in an era in which humanity came close to extinction, and
where everything is to be rethought after the annihilation of the virus that brings the dead back
to life. As a saltimbanco, he travels from community to community, in which each one has
made choices to recreate the world. His will to advocate art in the social reconstruction and his
pursuit of a lost image will always drag him further in his peregrinations, towards realities that
will lead him to redefine his universe.
The essay part examines the literary techniques that create the narrative tension of
novels authored by Émile Ajar, pseudonym of the accomplished writer, Romain Gary, who
reinvents himself anonymously. The attention is centered on the narration, actantial roles of
the characters and formal organization of the story, to ascertain if they are similar enough to
link them in a unified series.
This reflection searches for the essence of Ajar’s work which, along with the moving
existential quests of the characters, have been an inspiration for writing Le jour où la Terre en
avait vu d’autres. Nathan’s dreams are related in a first person narration, in accordance with
some of Ajar’s modalities where the characters’ psyches reveal themselves through that
perspective. The ponderings on the narrative tension have been the trigger for this first fiction
writing experience, even though it takes place in a completely different setting.
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Procès-verbal ; suivi de Filiation(s) rompue(s) : mémoire en pièces et tissus de parole dans Parents et amis sont invités à y assister d’Hervé BouchardBeaudin-Gagné, David 01 1900 (has links)
La première partie du mémoire consiste en un court texte théâtral intitulé Procès-Verbal. Il met en scène un récit fragmentaire et explore les idées d’éclatement identitaire, de rupture de la mémoire et de mimétisme. Ces thèmes sont mis en relation avec des mécanismes de répétition, un traitement formel minimaliste et d’abondants silences, représentatifs de l’effacement identitaire des personnages.
La seconde partie du mémoire, intitulée Filiation(s) rompue(s) : mémoire en pièces et tissus de parole, porte sur le traitement des thèmes de la mémoire et de l’héritage dans le roman Parents et amis sont invités à y assister d’Hervé Bouchard. L’analyse vise à mettre en lumière le lien entre la fragmentation textuelle et la rupture filiale, et s’attarde spécifiquement à la dislocation de la parole, qui témoigne d’une construction identitaire problématique. / The first part of this thesis consists of a short theatrical text entitled Procès-Verbal. It features a fragmentary story and explores the ideas of burst identity, broken memory and mimicry. These themes are related with mechanisms of repetition, minimalist formal treatment and abundant silences, representative of the faded identity of the characters.
The second part of the thesis, entitled Filiation(s) rompue(s) : mémoire en pièces et tissus de parole, gets into the themes of memory and heritage in Hervé Bouchard’s novel Parents et amis sont invités à y assister. The analysis aims to highlight the link between textual fragmentation and disrupted legacy. It focuses specifically on the dislocation of speech, indication of a broken identity.
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Caille-moi ; suivi de La violence du langage comme modalité de négociation avec le réel dans la pièce Rouge gueule d’Étienne LepageConstant, Marie-Hélène 08 1900 (has links)
Par la nature double de sa réflexion, le présent mémoire propose d'interroger, au théâtre contemporain, la violence dans le langage comme modalité de négociation avec le réel. D'abord par une fiction au dispositif épuré et à la langue poétique, la pièce de théâtre Caille-moi, puis par un essai sur la pièce de théâtre Rouge gueule d'Étienne Lepage, nous désirons mettre en lumière un langage désubjectivé (Gilles Deleuze et Félix Guattari, Pierre Ouellet) au cœur duquel la présence de l'altérité remplace une certaine aliénation. Inscrivant notre démarche à la croisée des études littéraires et théâtrales, à la suite des travaux de Marion Chénetier-Alev sur l'oralité au théâtre, nous exposons à la fois la violence faite au dispositif théâtral et aux lecteurs-spectateurs dans l'espace du théâtre rendu possible par la violence du langage. Notre réflexion se pose également dans une visée plus large, interrogeant l'inscription du théâtre in-yer-face britannique (Sarah Kane) et de ses répercussions dans le théâtre québécois contemporain, en soulignant la connaissance de la dramaturgie québécoise dont fait preuve la pièce. En ce sens, le langage inventé par le jeune dramaturge offre le contrepoint à un certain cynisme contemporain et impose un langage riche et conscient de son histoire. / Through a twofold approach, the current M.A. thesis suggests an investigation of violent language in contemporary theatre as a means of coping with reality. By proposing first the play Caille-moi and its sober scenography and subsequently an essay on Étienne Lepage’s Rouge gueule, this thesis aim to draw attention to a desubjectified language (Gilles Deleuze and Félix Guattari, Pierre Ouellet) in which alterity replaces an undeniable alienation. At the cross road of Literature and Theatre Studies and following Marion Chénetier-Alev’s work on the oral nature of theatre, the present study wants to address violence as both a theatrical apparatus and as directed towards the readers-viewers in the space of the theatre by use of language. The reflection on the subject also expands to investigate the British In-yer-face Theatre (Sarah Kane) and its ramifications on Quebec’s contemporary theatre by demonstrating its broad knowledge as proven by the play. Consequently, the young playwright’s invented language offers a counterpoint to contemporary cynicism and imposes a rich language conscious of its history.
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Quand _Refus global_ devient "Refus global" : l'histoire d'une réception partielleDubois, Sophie 08 1900 (has links)
Refus global, le recueil, n’est pas « Refus global », le texte rédigé par Paul-Émile Borduas et cosigné par 15 membres du groupe automatiste. Partant de cette distinction entre le recueil automatiste et son texte éponyme et du constat selon lequel la partie éclipse le tout dans le discours critique, cette thèse a pour objectif d’expliquer l’occultation du recueil dans l’histoire sociale et artistique québécoise. À partir de l’étude de la réception de 1948 à 2008, j’interroge la constitution du récit commun entourant l’œuvre, duquel le recueil est exclu. Il s’agit donc de mettre au jour les obstacles qui se sont présentés dans le parcours de réception du recueil, nuisant à la formation d’un discours unifié et cohérent à son sujet et l’empêchant de s’inscrire dans l’histoire. Dégagés de l’étude du corpus composé de 639 objets sémiotiques secondaires (OSS, selon le concept proposé par Brigitte Louichon), les obstacles à la réception du recueil relèvent à la fois de facteurs pragmatiques, telles la composition hétérogène de l’œuvre ou sa disponibilité; de facteurs institutionnels ou historiographiques, comme la disciplinarisation du champ culturel ou l’impact du récit de la Révolution tranquille sur l’histoire littéraire; et de facteurs humains, reposant sur le rôle des auteurs et de certains critiques dans l’accueil réservé à l’œuvre. Les différentes étapes de la réception sont ainsi considérées : de l’horizon d’attente (Jauss) à la réception productive (Link), en passant par la publication, les premières critiques, les rééditions, les lectures savantes, l’historicisation et l’entrée de l’œuvre dans la mémoire à titre de symbole ou d’hypotexte. Or, plutôt qu’à ce parcours de réception exemplaire, c’est son envers qui est interrogé ici, c’est-à-dire les difficultés et les déviations de la réception du recueil Refus global.
Cette thèse est divisée en trois parties. La première, théorique et méthodologique, situe mon propos dans les domaines de l’histoire culturelle et des études de réception, et présente diverses considérations concernant la constitution du corpus et le traitement des données. La deuxième aborde l’horizon d’attente et la première réception, moment crucial pour la survie de l’œuvre, comme l’ont montré Hans Robert Jauss et Daniel Chartier. On y observe notamment l’effet de verrou (Cambron) qu’a le renvoi de Borduas sur la constitution du récit de réception, de même que les critères éthiques et esthétiques en fonction desquels s’est opérée la hiérarchisation des composantes du recueil. La troisième partie couvre la réception subséquente (1950-2008). À l’étude des obstacles empêchant l’intégration du recueil dans l’histoire s’ajoute alors l’étude des réceptions parallèles, parcellaires et autonomes dont a bénéficié Refus global pour survivre – ponctuellement et partiellement – en dehors du récit commun formé autour de « Refus global ».
Avec les différentes catégories d’OSS (directs, indirects, hypertextuels, métacritiques et parcellaires), ces trois types de réception font partie des outils heuristiques développés dans le but d’expliquer la réception partielle dont a fait l’objet le recueil. Selon l’approche quantitative et environnementaliste de l’histoire culturelle, Refus global est envisagé comme un microcosme de la culture, dans lequel certaines œuvres sont retenues et d’autres négligées. L’analyse d’un corpus critique large et varié permet ainsi de saisir non seulement les phénomènes conduisant à la consécration du texte éponyme ou à l’oubli relatif du recueil, mais aussi les tendances critiques, les parutions marginales, les critiques isolées, etc. qui, enfouies dans les angles morts de la réception, offrent au recueil et à ses composantes des voies de contournement du discours dominant.
En somme, l’étude de la réception du recueil Refus global a permis à la fois de déplacer la focalisation critique depuis « Refus global » vers Refus global, de développer des outils pour envisager la réception d’œuvres marginalisées et de mettre en évidence des critères privilégiés dans la constitution de l’histoire et de la mémoire culturelles québécoises depuis 1948. / Total Refusal, the pamphlet, is not "Total Refusal", the text written by Paul-Émile Borduas and co-signed by 15 members of the group of artists called the Automatists. Based on this distinction between the pamphlet and its eponymous text, and from the observation that the part eclipses the whole in the critical discourse about this work, this thesis aims to explain the occultation of the pamphlet in Quebec’s social and artistic history. From the study of the reception from 1948 to 2008, I question the construction of the common narrative surrounding the work, from which the pamphlet is excluded. In this regard, I uncover which obstacles impeded the pamphlet’s path of reception, preventing the constitution of a unified and coherent discourse, and limiting its place in history.
These obstacles, identified from a corpus that includes 639 secondary semiotic objects (« objets sémiotiques secondaires » (OSS), as proposed by Brigitte Louichon), derive from (1) pragmatic factors such as the heterogeneous composition of the work or its availability; (2) institutional or historiographical factors, such as the disciplinarisation of the cultural field and the influence of the Quiet Revolution’s narrative on the literary history; and (3) human factors, based on the role of writers and critics in the reception of the work. The different stages of the reception are thus considered: from the horizon of expectation (Jauss) to the productive reception (Link), through the publication, the first reviews, the reeditions, the academic lectures, the historicization and the entry of the work in the collective memory as a symbol or an hypotext. However, rather than this classic path of reception, I am concerned with its opposite side, that is, the difficulties and deviations of the reception of Total Refusal pamphlet.
This thesis is divided in three parts. The first part, theoretical and methodological, positions my argumentation in the fields of cultural history and reception studies, and presents various considerations about the formation of the corpus and the processing of the data. The second part is concerned with the horizon of expectations and the first reception. Such is a critical time for the survival of the work, as showed by Hans Robert Jauss and Daniel Chartier. Notably presented are the lock effect (Cambron) of the dismissal of Borduas on the constitution of the reception narrative, as well as the ethical and aesthetic criteria throught which took place the hierarchization of the value of the components of the pamphlet. The third part covers the subsequent reception (1950-2008) in which I continue the study of the obstacles that still prevents the integration of the pamphlet in history. Furthermore, this section examines the parallel, fragmented and autonomous receptions which enable the survival of Total Refusal, occasionally and partially, outside the common narrative formed around "Total Refusal".
These three types of reception, together with the different categories of OSS (direct, indirect, hypertextual, metacritical and fragmented), are part of heuristic tools developed to explain the partial reception of the pamphlet Total Refusal. In accordance with the quantitative and environmentalistic approach of the cultural history, Total Refusal is perceived as a microcosm of the culture in which some works are selected and others disregarded. The analysis of a wide and varied critical corpus enables the understanding of, not only the events leading to the consecration of the eponymous text or the relative neglect of the pamphlet, but also the critical trends, marginal publications, isolated critics, etc. which, embedded in the blind spots of the reception, provide the pamphlet and its components with a way to bypass the dominant discourse.
Overall, the study of the reception of the pamphlet Total Refusal has helped change the critical focus from "Total Refusal" to Total Refusal. In addition, it lead to new ways of considering the reception of marginalized works and highlighted selected criteria in the constitution of the history and cultural memory in Quebec since 1948.
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Postures littéraires et modernité dans les chroniques sur les régions d'Arthur BuiesLavoie-Coutu, Isabelle 08 1900 (has links)
Dans notre étude, nous cherchons à démontrer qu'Arthur Buies se présente comme le témoin d'une forme de modernité dans ses chroniques sur les régions qui sont publiées dans les années 1870 dans divers journaux puis rassemblées en trois recueils. En effet, nous nous appuyons sur l'idée qu'il observerait sensiblement les mêmes traits dans ses chroniques rurales que dans ses chroniques urbaines. Nous pensons aussi que les postures littéraires (Jérôme Meizoz) qu'il adopte permettent à Buies de transmettre - de manière formelle - sa vision de la modernité. Au terme de la recherche, il ressort que Buies, conscient de ce qu'est la modernité, juge qu'elle ne se trouve pas inéluctablement dans les villes. Pour lui, Paris et San Francisco sont modernes, alors que Québec ne l'est pas. De plus, pour lui, il existe bel et bien une forme de modernité dans les chroniques rurales, puisqu'il y observe sensiblement les mêmes traits que ceux qu'il relevait dans ses chroniques sur Paris et San Francisco. Aussi, Buies est-il convaincu que la colonisation au Québec stagne. Il en vient à ce constat lorsqu'il la compare à celle se produisant simultanément aux États-Unis. Toutefois, il remarque un certain progrès au cours de la décennie, insuffisant, selon lui, pour compenser l'absence de chemin de fer sur la rive nord du Saint-Laurent. Nous concluons, à partir de nos analyses, que les postures littéraires que Buies choisit - particulièrement celle du flâneur et celle du géographe - lui permettent de véhiculer les traits de la modernité dans l'écriture même de ses chroniques. / In our study, we focus on demonstrating that Arthur Buies presents himself as a witness of a form of modernity in his chronicles on the country published in the 1870's in three collections. We lean on the idea that he would observe approximately the same characteristics in his rural chronicles as in his urban chronicles. We also think that the 'literary postures' (Jérôme Meizoz) adopted by Buies allow him to pass on - in a formal way - his vision of modernity. By the research's end, it stands out that Buies, aware of the concept of modernity, judges that it doesn't inevitably appear in the cities. For Buies, Paris and San Francisco are modern whereas Quebec City is not. Furthermore, for him, there really is a form of modernity in his rural chronicles because he notices in them more or less the same characteristics as the ones he found in the chronicles about Paris and San Francisco. Also, Buies is convinced that the colonization in Quebec stagnates. He comes to this observation when he compares it to the American colonization happening simultaneously. However, he notices some progress regarding Quebec colonization over the decade, but insufficient, according to him, to make up for the absence of a railroad on the northern bank of the St. Lawrence River. Based on our analysis, we conclude that the 'literary postures' chosen by Buies - especially the 'flâneur' and the geographer ones - are figures through which the characteristics of modernity are conveyed within the writing of the chronicles itself.
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Mythes et monstres dans Folle et À ciel ouvert de Nelly ArcanJoubi, Pascale 08 1900 (has links)
L’œuvre de Nelly Arcan s’inscrit dans un pan de la littérature contemporaine accueillant les monstres comme figures de la transgression qui, par leur é-normité, interrogent la norme dont ils s’écartent. Ces êtres à la fois fascinants et inquiétants hantent la littérature depuis les récits fondateurs de la mythologie antique. Arcan, à l’instar de plusieurs femmes auteurs, recourt au procédé de la réécriture de plusieurs grands mythes grecs dans Folle (2004) et À ciel ouvert (2007). Dans les deux récits, elle met en scène des personnages en fuite qui, face à leur destin néfaste, se métamorphosent en femmes-monstres et en hommes-monstres. Les personnages masculins empruntent des traits à Jason, Narcisse et Pygmalion, mais sont, par leur déviance sexuelle et leur propension à la domination, beaucoup plus monstrueux que leurs modèles antiques. Contaminées par la monstruosité des hommes qu’elles aiment jusqu’à l’annihilation de soi, les protagonistes des deux récits affichent certains traits de Médée, de Méduse et des Amazones, tirant parti de la puissance de ces figures nocives pour donner une leçon aux personnages masculins. Elles acquièrent ainsi de nouveau leur statut de sujet.
Dans ce mémoire, il s’agira, par le biais de la mythocritique, des théories de la réécriture et de l’effet-personnage, d’étudier les causes, le processus et les effets du « devenir-monstre » des personnages féminins et d’examiner la reconfiguration de mythes antiques par Arcan. En s’intéressant à la greffe des mythes antiques sur les personnages arcaniens, au déplacement et au renversement des mythèmes caractéristiques des figures prédécesseures, cette recherche espère montrer comment Nelly Arcan dissèque les relations de couple qui mènent au « devenir-monstre » des partenaires. Il ressortira de cette analyse une vision apocalyptique du vivre ensemble, entre hommes et femmes, qui rejoue l’ancienne « guerre des sexes » que l’on croyait terminée. / Nelly Arcan’s body of work is in line with a trend in contemporary writing to represent the monster as a transgressive figure, which, through its own “e-normity,” steps out of the norm and questions it. Both fascinating and unnerving, the monster has haunted literature since the tales of ancient mythology came into existence. Following the steps of many women writers, Arcan rewrites numerous Greek myths in Folle (2004) and À ciel ouvert (2007). These novels narrate the stories of characters who transform into monsters due to their ill-fated destinies. The male characters are inspired by Jason, Narcissus and Pygmalion. However, their sexual deviance and tendency to dominate make them much more monstrous than their ancient models. Contaminated by the monstrosity of the men they love to the point of self-annihilation, Arcan’s female protagonists share some characteristics with Medea, Medusa and the Amazons. They gain power from these dangerous mythological figures to teach lessons to the monstrous males, thereby claiming possession of their own subjectivities.
Using literary approaches such as mythocritique, theories of rewriting, and theories of character, this research will focus on the causes, processes and effects of the female characters’ “becoming-monster” and will study Arcan’s reconfiguration of ancient myths. Through an examination of the merging of these myths and an analysis of the displacement and upending of their distinctive mythemes, this master’s thesis hopes to show how Arcan dissects love relationships that lead to the “becoming-monster” of the partners involved. This analysis will bring out Arcan’s apocalyptic vision of co-habitation, a vision which re-enacts the war of the sexes that we thought ended long ago.
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Érotisme pudique et dissolution des limites dans Hamaguri d’Aki Shimazaki ; suivi de Probablement personneBérard, Marie-Jeanne 08 1900 (has links)
Recourant volontiers au voilement ou à un jeu de paravents, l’écriture pudique est marquée par la précaution – souvent troublante en soi – d’éviter de provoquer le trouble chez son lecteur. Hamaguri d’Aki Shimazaki se construit autour d’un noyau apparemment contradictoire qui transcende le tabou de l’inceste. L’étude de ce roman, mis en parallèle avec L’amant de Duras et Les belles endormies de Kawabata, permet de mettre en relief un érotisme pudique dont la principale caractéristique consiste en une remise en cause de son principe transgressif, découlant de la dissolution de la limite tracée par l’interdit. Dans un phénomène de coïncidence des opposés, l’érotisme pudique aplanit le rapport dualiste entre des éléments donnés comme inconciliables : chair et esprit, Éros et Thanatos, licite et
illicite. Empreint de ce type d’érotisme, Probablement personne met en scène une jeune femme et son professeur de peinture sumi-e, de quarante ans son aîné. Une passion indéfinissable, à la lisière de la hantise, les lie de plus en plus étroitement l’un à l’autre. Leur relation se joue dans le non-dit, les regards, la gestuelle; elle se révèle graduellement à travers des traits d’encre sur le papier et la symbolique de la fleur : fascinante, cueillie, flétrie… Leur drame se joue dans la zone grise entre ce qui a eu lieu et n’a jamais eu lieu. / With its active usage of veils and folding screens, modesty writing is characterized by a certain precaution – often unsettling in and of itself – that is intended to avoid exciting readers. Aki Shimazaki’s Hamaguri is constructed on such a seemingly contradictory core that transcends the taboo of incest. A comparative analysis of this novel using Duras’ The Lover and Kawabata’s The House of the Sleeping Beauties allows one to uncover a certain erotic modesty, whose defining characteristic is that it undermines transgression when the boundaries of the forbidden are broken down. In a phenomenon where opposites collide, erotic modesty bridges the dualistic gap that exists between elements once considered incompatible: body and soul, Eros and Thanatos, that which is permitted and the forbidden. Infused with this particular form of eroticism, Probablement personne acquaints readers with a young woman and her sumi-e painting professor, who is forty years her senior. An incommunicable bond develops, bordering on haunting, and ties the two closer together.
Their relationship transpires in the unspoken, looks as well as gestures, gradually unveiling itself through strokes of ink on paper and floral symbolism: captivating, picked, wilted. Their drama unfolds in the grey area between what really happens, and what does not.
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La Lanterne d’Arthur Buies : analyse du discours pamphlétaire et de sa réception dans le milieu journalistiqueBoucher Lauzon, Jeanne 08 1900 (has links)
La Lanterne d’Arthur Buies, publiée à Montréal de 1868 à 1869 et inspirée de La Lanterne de Rochefort, se distingue des journaux de cette période durant laquelle le clergé, qui en contrôle un grand nombre, impose l’idée que tout bon catholique obéisse au pouvoir en place. En publiant La Lanterne, Buies s’oppose au milieu journalistique, non seulement par ses nombreuses critiques à son endroit, mais aussi par le choix du genre du pamphlet, qui confronte les normes de l’époque en empruntant une forme plus proche du discours oral et centrée essentiellement sur la dénonciation. Sans être officiellement victime de censure, le pamphlétaire subit les pressions du clergé et de la presse conservatrice, qui nuisent à ses projets de faire de son journal un grand organe de la jeunesse. Faire l’histoire de la publication de La Lanterne et son analyse littéraire, en comparaison avec la réédition de 1884, permet d’identifier les manifestations de l’ambition de Buies, qui s’oppose aux signes plus discrets indiquant les difficultés liées à la rédaction du journal. Le pamphlétaire se met en scène dans son propre journal, en interaction avec ses adversaires et ses lecteurs. De plus, l’étude de la réception de La Lanterne révèle que les rares journaux qui s’intéressent à Buies dénigrent son pamphlet, celui-ci lutte alors contre l’absence d’un véritable interlocuteur. Notre analyse du texte apporte une meilleure compréhension des objectifs de Buies et des outils dont il entendait se servir pour transformer la presse et, par là, la jeunesse canadienne. En nous intéressant à la réception, nous désirons également éclairer le fonctionnent du milieu journalistique canadien-français et comprendre le rôle que Buies a pu y tenir. / La Lanterne, written in Montreal by Arthur Buies from 1868 to 1869 and inspired by Rochefort’s La Lanterne, diverges from newspapers published at that time, when the clergy - who controlled most of them - imposes upon Catholics obedience to the authorities. By publishing La Lanterne, Buies opposes French-Canadian newspapers not only through his criticisms towards them, but also through his choice to write it as a pamphlet, a literary genre that confronts the standards from that period by being written in a style close to spoken language and essentially based on denunciation. Although not officially censored, the polemist is under pressure from the clergy and the conservative press, which affects his project of turning his newspaper into an organ for the youth. Reconstructing the history of La Lanterne and analysing the text, in comparison with the 1884 reedition, allow us to identify the expression of Buies’ ambition, in opposition to the more discreet signs of the difficulties he had to face while writing his journal. The polemist portrays himself in interaction with his opponents and his readers. Thus, the study of the response La Lanterne received from other newspapers shows there was little reaction and that those who wrote about it discredit the publication. Buies was in fact struggling with the absence of a true interlocutor. Our analysis of the literary dimension of La Lanterne brings a better comprehension of Buies’ goals and the tools he intended to use to transform the press - and, by that, the Canadian youth. By looking at the response Buies received, we also want to highlight how the French-Canadian journalistic community worked and understand the part Buies played in it.
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La communauté du dehors : imaginaire social et représentations du crime au Québec (XIXe-XXe siècle)Gagnon, Alex 09 1900 (has links)
La société québécoise a, comme toutes les sociétés, ses crimes et criminels légendaires. Or, si ces faits divers célèbres ont fait l’objet, dans les dernières décennies, de quelques reconstitutions historiographiques, on connaît beaucoup moins, en revanche, le mécanisme de leur légendarisation, le processus historique et culturel par lequel ils passent du « fait divers » au fait mémorable. C’est d’abord ce processus que s’attache à étudier cette thèse de doctorat, qui porte sur quatre crimes célèbres des XVIIIe et XIXe siècles (le meurtre du seigneur de Kamouraska [1839] ainsi que les crimes commis par « la Corriveau » [1763], par le « docteur l’Indienne » [1829] et par les « brigands du Cap-Rouge » [1834-1835]) : pour chacun de ces cas particuliers, l’analyse reconstitue la généalogie des représentations du crime et du criminel de manière à retracer la fabrication et l’évolution d’une mémoire collective. Celles-ci font chaque fois intervenir un système complexe de discours : au croisement entre les textes de presse, les récits issus de la tradition orale et les textes littéraires, l’imaginaire social fabrique, à partir de faits criminels ordinaires, de grandes figures antagoniques, incarnations du mal ou avatars du diable. Ce vaste processus d’antagonisation est en fait largement tributaire d’une époque (le XIXe siècle) où, dans les sociétés occidentales, le « crime » se trouve soudainement placé au cœur de toutes les préoccupations sociales et politiques : l’époque invente un véritable engouement littéraire pour le crime de même que tout un arsenal de savoirs spécialisés, d’idées nouvelles et de technologies destinées à connaître, mesurer et enrayer la criminalité. Dès les premières décennies du XIXe siècle, le phénomène se propage de ce côté-ci de l’Atlantique. Dans la foulée, les grands criminels qui marquent la mémoire collective sont appelés à devenir des ennemis imaginaires particulièrement rassembleurs : figures d’une altérité radicale, ils en viennent à constituer le repoussoir contre lequel, à partir du XIXe siècle, s’est en partie instituée la société québécoise. / Quebec society, like all societies, has its own legendary crimes and criminals. Yet if these famous faits divers have been recently made into historiographical re-enactments, the cultural and historic manner in which they are transformed from local news reports into national myths – what we call mecanisms of “ légendarisation ” –, is practically unknown. It is this mutation that this thesis examines : drawing from four famous crimes of the 18th and 19th centuries (the Seigneur of Kamouraska’s murder [1839] as well as the crimes committed by “ La Corriveau ” [1763], by the “ docteur l’Indienne ” [1829] and by the “ brigands du Cap-Rouge ” [1834-1835]), our analysis recollects their two-hundred-year-long genealogy into collective memory. Through this collective memory, a complex discourse system arises for each crime : by intertwining newspaper reports and stories from oral and written traditions, social imagination manufactures great antagonist figures, incarnations of evil and avatars of the devil from ordinary criminal acts. This vast antagonizing process is in fact dependent on a whole epoch – the 19th century – where, in the western world, “ crime ” was suddenly placed at the heart of all social and political preoccupations. This era seemingly created a literary craze for crime, as well as a whole arsenal of specialized notions, ideas and technologies designed to understand, mesure and eliminate criminality. During the Lower Canada period, the phenomenon spreads across this side of the Atlantic. In the wake of this movement, the great criminals who impacted the collective mind are made to become especially rallying imaginary enemies : figures of a radical otherness, they become the foil against which Quebec society, from the 19th century onwards, instituted itself.
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Bodies, stories, cities : learning to read and write (in) Montréal with Gail ScottCassidy, Richard 10 1900 (has links)
Cette lecture, tant critique, comparative, et théorique que pédagogique, s’ancre dans le constat, premièrement, qu’il advient aux étudiantEs en littérature de se (re)poser la question des coûts et complicités qu’apprendre à lire et à écrire présuppose aujourd’hui; deuxièmement, que nos pratiques littéraires se trament au sein de lieux empreints de différences, que l’on peut nommer, selon le contexte, métaphore, récit, ville; et, troisièmement, que les efforts et investissements requis sont tout autant couteux et interminable qu’un plaisir et une nécessité politique. Ces conclusions tendent vers l’abstrait et le théorique, mais le langage en lequel elles sont articulées, langage corporel et urbain, de la dépendance et de la violence, cherche d’autant plus une qualité matérielle et concrète. Or, l’introduction propose un survol des lectures et comparaisons de Heroine de Gail Scott qui centre ce projet; identifie les contextes institutionnels, historiques, et personnels qui risquent, ensuite, de décentrer celui-ci.
Le premier chapitre permet de cerner le matérialisme littéraire qui me sert de méthode par laquelle la littérature, à la fois, sollicite et offre une réponse à ces interrogations théoriques. Inspirée de l’œuvre de Gail Scott et Réjean Ducharme, premièrement, et de Walter Benjamin, Elisabeth Grosz, et Pierre Macherey ensuite, ‘matérialisme’ fait référence à cette collection de figures de pratiques littéraires et urbaines qui proviennent, par exemple, de Georges Perec, Michel DeCerteau, Barbara Johnson, et Patricia Smart, et qui invitent ensuite une réflexions sur les relations entre corporalité et narrativité, entre la nécessité et la contingence du littéraire. De plus, une collection de figures d’un Montréal littéraire et d’une cité pédagogique, acquis des œuvres de Zygmunt Bauman, Partricia Godbout, et Lewis Mumford, constitue en effet un vocabulaire nous permettant de mieux découvrir (et donc enseigner) ce que lire et apprendre requiert.
Le deuxième chapitre propose une lecture comparée de Heroine et des romans des auteures québécoises Anne Dandurand, Marie Gagnon, et Tess Fragoulis, dans le contexte, premièrement, les débats entourant l’institutionnalisation de la littérature (anglo)Québécoise et, deuxièmement, des questions pédagogiques et politiques plus larges et plus urgentes que nous pose, encore aujourd’hui, cette violence récurrente qui s’acharna, par exemple, sur la Polytechnique en 1989. Or, cette intersection de la violence meurtrière, la pratique littéraire, et la pédagogie qui en résulte se pose et s’articule, encore, par le biais d’une collection de figures de styles. En fait, à travers le roman de Scott et de l’œuvre critique qui en fait la lecture, une série de craques invite à reconnaître Heroine comme étant, ce que j’appelle, un récit de dépendance, au sein duquel se concrétise une temporalité récursive et une logique d’introjection nous permettant de mieux comprendre la violence et, par conséquent, le pouvoir d’une pratique littéraire sur laquelle, ensuite, j’appuie ma pédagogie en devenir.
Jetant, finalement, un regard rétrospectif sur l’oeuvre dans son entier, la conclusion de ce projet se tourne aussi vers l’avant, c’est-à-dire, vers ce que mes lectures dites matérialistes de la littérature canadienne et québécoise contribuent à mon enseignement de la langue anglaise en Corée du Sud. C’est dans ce contexte que les propos de Jacques Rancière occasionnent un dernier questionnement quant à l’historique des débats et des structures pédagogiques en Corée, d’une part, et, de l’autre, les conclusions que cette lecture de la fiction théorique de Gail Scott nous livre. / This simultaneously comparative, theoretical, and pedagogical project is rooted in the recognition that it behooves students and teachers to ask about the costs, complicities, and competing interests constantly involved in learning to read and write (about) literature today; that literary practice takes place in a space or a structure of irreducible differences called, variously, but not exclusively, metaphor, narrative, or the city; and that the labour and investments required therefore to negotiate our (dis)course towards becoming increasingly learned and literate subjects is as costly and interminable as likewise a pleasure and a political necessity. While such conclusions tend toward the relatively abstract, the language of bodies and cities, and of addiction and violence, is meant to be all the more concrete and material therefore. The introduction maps out the landscape of readings and comparisons of Gail Scott's Heroine that are the centre of the project and identifies the institutional, historical, and personal contexts that threaten at every turn to decentre my practice here.
Chapter one articulates and illustrates the literary materialist methods employed, whereby literature is the preferred medium for conducting such theoretical investigations. Derived first from Gail Scott and Réjean Ducharme's theoretical-fictions, and then from the work of Walter Benjamin, Elizabeth Grosz and Pierre Macherey, this materialism refers to a collection of figures of the world as a book, and to the close comparisons consequently of different representations of the practice of reading found, for instance, in George Perec, Michael DeCerteau, Barbara Johnson, and Patricia Smart, all of which invites an interrogation of the relationship between bodies and stories that make the simultaneous necessity and contingency of literary practice all the more legible and teachable. Similarly, a collection of figures of literary Montreal, and of the pedagogical city more generally, gathered from a range of writers including Zygmunt Bauman, Patricia Godbout, and Lewis Mumford, provides a vocabulary in which to better describe what the differential spaces of literature look and feel like and what reading in turn (and learning) requires.
Chapter two reads Scott's Heroine alongside other contemporary Québécois women writers, including Anne Dandurand, Marie Gagnon and Tess Fragoulis, initially, in the context of debates surrounding the institutionalization of (anglo)Quebec literature, but then in terms too of the much broader and more urgent pedagogical and political questions raised by the recurrence of gun violence at schools like the Polytechnique in Montreal, in 1989. That question of the relationship between violence, literary practice, and pedagogy, here, is compelled and enabled, specifically, by a collection of literary figures. Specifically, a series of cracks in both Scott's narrative and across much of the body of critical writing about her work, invites a reading of Heroine as a narrative of addiction, so-called, whereby the peculiarly recursive temporality of addiction, as well as its logic of introjection, invite a better understanding of the violence and power of the practice of literature upon which, in turn, is grounded the pedagogy under construction here.
Looking back, then, onto the work the project does as a whole, the conclusion looks forward also to the ways in which the materialist readings of literature here lead and contribute to the author's teaching of language to aspiring teachers of English as a foreign language in Korea. In this context, the assumptions investing Jacques Ranciere's work provide a frame for my intersecting of the history of educational debates and structures in Korea and the conclusions drawn in these close literary readings of Gail Scott's experimental prose.
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