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Écrire la théorie littéraire : l'œuvre littéraire de John Cage et la révision du commentaire critiqueSimard, Charles Robert 06 1900 (has links)
Le texte qui suit, malgré son libellé onomastique (le nom « John Cage »), son orientation disciplinaire (la « théorie littéraire ») et sa visée thématique (« la révision du commentaire critique »), se place d’emblée dans une posture d’écriture et de création. Il consiste à proposer comme point de départ l’identité de la forme textuelle et de sa dérivation métatextuelle, en d’autres mots : de la voix citée et analysée avec l’autre voix citante et analysante. Cette prémisse dérive elle-même d’une confrontation locale : les spécificités et les idiosyncrasies de la textualité mise en place par John Cage à partir des années quarante (partitions littéraires des recueils Silence et A Year from Monday, mésostiches de M et X, réécritures et « writing through » d’Empty Words…). En effet, l’examen par la théorie littéraire d’un corpus aussi disséminé et « néologique » que l’est celui de John Cage pousse son rédacteur à poser la question de sa propre écriture (« autoréflexivité ») et à rendre possible une réalisation artistique personnelle (« performativité »). C’est donc à travers la contingence d’une langue et d’une subjectivité au travail que la théorisation (textuelle) du texte cherche ici à s’élucider et à s’écrire.
Le travail commence par installer les modalités à la fois circulaires et circulatoires de la théorie littéraire, une tension rhétorique et épistémologique qu’il identifie sous le nom d’« aporie autoréflexive » (le texte théorique est concerné par la question de lui-même). Il s’efforce ensuite d’analyser la nouveauté de l’œuvre littéraire cagienne, en empruntant un schéma dialectique et antagoniste : d’un côté, une « textualité-objet », originale et orthographique, de l’autre, une « textualité-sujet », disséminante et intertextuelle, anarchique et jubilatoire. Enfin, le texte propose la révision, la recomposition, la « réécriture » du commentaire critique sur les bases nouvelles d’une textologie autoréflexive et performative — une indiscipline d’écriture qui utilise sciemment les coordonnées linguistiques de son élocution (néologie, typographisme, procédés citationnels…) et qui fait place sans camouflage ou refoulement à la personnalité intertextuelle, contextuelle, métissée du rédacteur. Par l’entremise d’une sorte d’« exemplarité textuelle » (Cage), ce travail insiste pour une synthèse à la fois productive et expressive des voix analysées et analysantes dans les études littéraires. On verra que, par moments, cette proposition implique que le texte se marginalise. / The following text, despite its onomastic labelling (the name “John Cage”), its disciplinary orientation (“literary theory”), and its thematic aim (“the revision of the literary commentary”), positions itself as a writing and creative venture. It starts by stating the strict identity of texts and metatexts, in other words, of the quoted, analyzed voice, with the quoting, analyzing other voice. This premise derives from a specific confrontation: the specificities and idiosyncrasies of John Cage’s literary production since the late 1940s (the literary scores from the anthologies Silence and A Year from Monday, the mesostics from M and X, the rewritings and “Writing through’s” from Empty Words…). Indeed, the examination by literary theory of a body of work as disseminated and “neological” as John Cage’s encourages the literary critic or theoretician to ask the question of his own writing (“self-reflexivity”) and also to make possible an original artistic realization (“performativity”). It is therefore through the possibilities of a language and of a subjectivity at work that the (textual) theorization of texts tries herein to elucidate and to write itself.
This work starts by setting up the modalities both circular and circulatory of literary theory—a rhetorical and epistemological tension that will be identified as the “self-reflexive aporia” (the theoretical text is primarily concerned by the question of itself). It then tries to analyze the novelty of Cage’s literary work, using a dialectical and antagonistic configuration: on one hand, an “objective textuality”, original and orthographical; on the other hand, a “subjective textuality”, disseminating and intertextual, anarchic and unrestrained. Finally, this text proposes the revision, recomposition and “rewriting” of the critical commentary on the basis of a new self-reflexive and performative textology. That is: a sort of undiscipline in writing that knowingly manoeuvres the linguistic coordinates of its elocution (neology, typographism, quotation processes…) and that does not try to conceal or repress the intertextual, contextual, heterogenous and disparate personality of its author. Through a sort of “textual exemplarity” (Cage), this work insists on a synthesis both productive and expressive between the voices analyzing and the voices being analyzed. We will see accordingly that this proposition implies, from time to time, that the text be marginalized. / Toutes les illustrations qui ponctuent cette thèse ont été réalisées par Chantal Poirier.
Elles ont été insérées dans le texte selon un ordre méticuleusement aléatoire.
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Les adaptations cinématographiques des romans de J. R. R. Tolkien, C. S. Lewis et J. K. Rowling / The cinematographic adaptations of the novels of J. R. R. Tolkien, C. S. Lewis and J. K. RowlingGoldie, David 11 December 2015 (has links)
L’adaptation existe depuis les débuts du cinéma. Dès lors, le nombre de versions filmiques d’œuvres littéraires ne cesse de croître et l’adaptation reste au cœur de la production cinématographique partout dans. Toutefois nous constatons que l’adaptation se trouve dans une situation quelque peu paradoxale. Ce qui motive sa conception est également à l’origine de la majeure partie des critiques. D’une part, le bénéfice économique est évident. La notoriété d’un roman à succès garantit un public nombreux. D’autre part, le contexte créatif se révèle difficile car, du point de vue ontologique, l’adaptation préserve la comparaison traditionnelle en s’appuyant sur un paradigme oppositionnel des arts où le film se doit de se justifier face au texte source. Se situant à la croisée des arts, l’adaptation focalise un débat sur une hiérarchie notionnelle des arts où la narration à travers des images serait toujours perçue comme inférieure aux autres formes. Dans cette thèse, nous étudions ce phénomène dans le contexte de la résurgence de la fantasy lors des années 2000. Ce fait culturel du monde anglophone atteindra un niveau inattendu au cinéma avec le succès des adaptations des romans de J. R. R. Tolkien et de J. K. Rowling tandis que la réception des versions filmiques des œuvres de C. S. Lewis peut paraître mitigée. À partir de ces constats, nous nous interrogeons parallèlement sur le processus et le produit de l’adaptation en plaçant notre corpus au centre du débat à travers une approche descendante de comparaison. Nous espérons ainsi pouvoir apporter quelques éléments de réflexion sur l’engouement du public pour ces histoires et sur l’adaptation comme domaine d’étude. / Adaptation has been a part of cinema since its very beginning. Since then, the number of film versions of literary works which appear on screen has never ceases to increase and adaptation is still at the heart of cinematic production around the world. Adaptation actually exists in a rather paradoxical situation. What motivates its conception is also the source of the majority of criticism against it. On one hand, the economic advantage is clear. The fame of a popular novel guarantees a large audience. On the other hand, its creative context can prove to be difficult since ontologically adaptation serves to preserve the traditional comparison based on an oppositional paradigm of the arts where the film has to justify itself in front of the source text. Standing at a crossroads between the arts, adaptation is the focus of a debate on a notional hierarchy within the arts where narration through images could still be perceived as inferior compared to other forms.We wanted to study this phenomenon within the context of the resurgence of fantasy witnessed in the 2000’s in this thesis. In the English-speaking world this cultural event reached an unexpected level with the success of the adaptations of J. R. R. Tolkien and J. K. Rowling’s novels while the film versions of C. S. Lewis’ works were less well received. With these points in mind, we consider the process and the product of adaptation in order to situate our corpus in the debate through a top down approach of comparison. We thus hope to bring some elements of reflections on the craze for these stories and the domain of adaptation studies.
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De l'absolu littéraire au neutre : les fins de la littérature selon Maurice Blanchot et Samuel BeckettPopovici-Toma, Cosmin 04 1900 (has links)
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La littérature à l’ère photographique : mutations, novations, enjeux : de l’argentique au numériqueMonjour, Servanne 10 1900 (has links)
Travail réalisé en cotutelle avec l'Université Rennes 2 (France) / Désormais, nous sommes tous photographes. Nos téléphones intelligents nous permettent de capter, de modifier et de partager nos clichés sur les réseaux en moins d’une minute, tant et si bien que l’image photographique est devenue une nouvelle forme de langage. Réciproquement, serions-nous également tous écrivains ? Il existe en effet une véritable légitimité historique à penser que la notion d'écrivain, comme celle de photographe, s'étend le long d'un paradigme allant de la « simple » possession d'une aptitude technique jusqu'à la gloire des plus fortes figures de la vie culturelle collective. Cette thèse vise à déterminer comment se constitue une nouvelle mythologie de l’image photographique à l’ère du numérique, comprenant aussi bien la réévaluation du médium argentique vieillissant que l’intégration d’un imaginaire propre à ces technologies dont nous n’avons pas encore achevé de mesurer l’impact culturel sur nos sociétés. À cet égard, la perspective littéraire est riche d’enseignements en termes culturels, esthétiques ou même ontologiques, puisque la littérature, en sa qualité de relais du fait photographique depuis près de deux siècles, a pleinement participé à son invention : c’est là du moins l’hypothèse de la photolittérature. En cette période de transition technologique majeure, il nous revient de cerner les nouvelles inventions littéraires de la photographie, pour comprendre aussi bien les enjeux contemporains du fait photographique que ceux de la littérature. / Nowadays, we are all photographers. Our smart phones allow us to take, edit and share our snapshots on social media in less than a minute, to the extent that the photographic image has become a new form of language. Reciprocally, have we all become writers as well? There truly is historical legitimacy in seeing the notion of the writer, like that of the photographer, as spanning a paradigmal spectrum, running from “simple” possession of technical aptitude, to the glory of the loftiest figures in our collective cultural life. This thesis aims to determine how the new mythology around the photographic image takes shape in the digital age, while also re-evaluating the aging medium of film, as well as integrating a newly imagined sphere of ideas surrounding these new technologies, for which we have yet to measure the cultural impact on our societies. In this respect, a literary perspective is rich in cultural and even ontological lessons, since literature has interacted with photography for nearly two centuries, and thus contributed to its invention : this is at least the central hypothesis of photoliterature. In this period of major technological transition, we must therefore identify photography’s new literary inventions, so that we can better understand the contemporary issues surrounding both the worlds of photography and literature.
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L'imaginaire des genres littéraires, de Platon à Patrice DesbiensSimard, Mathieu 30 April 2019 (has links)
La théorie des genres se trouve à l’origine même de la conceptualisation par les études littéraires de leur objet. Les théoriciens des genres ont d’abord analysé les caractéristiques internes des genres comme entités réelles. Cette approche a provoqué une crise portant précisément sur la réalité — ou l’irréalité — de ces catégories, que les chercheurs ont voulu résoudre au XXe siècle grâce à une posture pragmatiste s’intéressant aux conséquences pratiques des catégorisations génériques davantage qu’aux genres littéraires en tant que tels. En s’attardant ainsi sur les conséquences pratiques de la généricité, la perspective pragmatiste, qui domine de nos jours la génologie, a mis de côté la composante imaginaire des genres. Cette dernière s’avère néanmoins centrale pour comprendre le rapport complexe des individus et des collectivités à la littérature. Aussi cette thèse argue-t-elle que les genres littéraires, loin d’être de simples catégories abstraites, sont des représentations. Après avoir revisité la notion de genre à partir de celle de représentation, la présente recherche s’engage dans une exploration de l’imaginaire des genres littéraires. Des exemples tirés de la théorie des genres, des origines à nos jours, permettent d’observer que même les génologies construisent des représentations des genres qu’elles entendent pourtant aborder de manière objective. Ensuite, la thèse se penche sur la littérature franco-canadienne contemporaine, qui constitue un formidable laboratoire pour explorer cette nouvelle théorisation du problème des genres littéraires, montrant que les catégories génériques reflètent dans ce corpus des enjeux sociaux, politiques ou existentiels. Les analyses présentées invitent en fin de compte les chercheurs à élargir leur compréhension de la généricité et à porter attention à sa dimension imaginaire, qui n’a, jusqu’ici, jamais été introduite dans une théorisation générale de la question des genres littéraires.
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La littérature obstinée : l’idée et la forme du roman chez Juan José Saer, Ricardo Piglia et Roberto Bolaño / The Stubborn Literature : the Idea and the Form of the Novel in the works of Juan José Saer, Ricardo Piglia and Roberto BolañoTorres Perdigón, Andrea 07 April 2014 (has links)
Une idée particulière de littérature est née au cours des XVIIIe et XIXe siècles, période qui coïncide avec la naissance du genre romanesque moderne. L’idée de roman moderne issue de ces transformations à cette époque-là configure un champ virtuel de caractéristiques qui a marqué aussi bien la théorie littéraire du XXe siècle que la production de textes. Cette recherche pose la question de la vitalité de cette idée de roman moderne et, par voie de conséquence, de la notion de littérature qu’elle suppose. Nous proposons donc une étude de l’idée de roman au sein des poétiques de trois auteurs hispano-américains contemporains : Juan José Saer, Ricardo Piglia et Roberto Bolaño. Cette étude tient compte autant d’aspects théoriques que formels et se concentre sur les essais et les entretiens des auteurs, ainsi que sur trois romans : La grande, La ciudad ausente et 2666. Nous postulons ainsi une lecture comparée à partir de l’indétermination, du rapport à l’expérience et de la réflexivité, considérés comme traits principaux de l’idée de roman moderne, ainsi qu’une analyse des trois romans à partir de leurs formes narratives, réflexives et hybrides. / A particular idea of literature was born during the 18th and 19th centuries, a period that corresponds with the rise of the modern novel genre. The idea of the modern novel, which came about during this time period, constitutes a virtual field of characteristics that has left its mark on both 20th century literary theory and on textual production. This research questions the vitality of this particular idea of the modern novel and, therefore, of the notion of literature it withholds. Our aim then, is to study the idea of the novel as it is expressed in the poetics of three contemporary Latin American writers: Juan José Saer, Ricardo Piglia and Roberto Bolaño. This study considers theoretical aspects as well as formal ones, focusing on essays and interviews of the three authors, as well as on three novels: La grande, La ciudad ausente and 2666.It presents a comparative reading of these poetics according to three main concepts: indetermination, relation to experience and reflexivity, which we think to be central to the idea of the modern novel. In addition, this study analyzes the three novels in terms of their narrative, reflexive and hybrid forms.
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L’invention du post-classicisme de Barthes à Racine. L’idée de littérature dans les querelles entre Anciens et Modernes / The Invention of Post-Classicism from Barthes to Racine. The Idea of Literature in the Quarrels between Ancients and ModernsForment, Lise 05 December 2015 (has links)
Cette thèse remet en question le soupçon pesant sur les catégories de « classique » et « classicisme ». Centrales dans les manuels, ces notions sont pourtant renvoyées par les spécialistes à de purs anachronismes, et jugées impertinentes pour caractériser le XVIIe siècle et sa littérature. Marqués par la rhétorique et la sociologie historique, les travaux actuels écartent l’opposition idéologique entre classicisme et modernité. Mais l’analyse de l’antagonisme chez Barthes, et l’étude des querelles impliquant les Classiques de 1898 à 1966, permettent de donner un contenu inattendu au classicisme, très éloigné de l’irénisme dont on l’a accusé.La notion, son antonyme et ses parasynonymes (antimodernisme et post-classicisme) circonscrivent d’abord, pour la littérature, différents « régimes d’historicité » dont débattent les polémistes. Le terme reste également associé à l’élaboration d’un « dispositif » utopique, où écrire, critiquer et enseigner iraient de pair : cette configuration, essentielle au XVIIe siècle, est sans cesse « remise sur le métier » dans les querelles postérieures entre Anciens et Modernes. De 1666 à 1694, semblent surgir en réalité la plupart des questions que les critiques continueront de poser à la littérature. C’est le cas, notamment, chez Barthes, Gide et Valéry, quand ils cherchent à en déterminer les fonctions et les prérogatives. Parce que le concept d’autonomie n’est pas pour eux détaché de toute exemplarité, il s’avère utile, bien qu’anachronique, pour lire les textes du XVIIe siècle. L’art de la « disponibilité », que Barthes reconnaissait chez Racine, serait alors l’autre nom de la littérarité, le nom d’une littérarité autre – non formaliste – que les Classiques auraient bel et bien inventée et qui autoriserait leur lecture « vivante, concernée ». / This dissertation interrogates the scepticism that falls on the categories of “classics” and “classicism”. Though they are considered key concepts in textbooks, these notions are viewed by many specialists as pure anachronisms, and declared irrelevant in defining the 17th century and its literature. Drawing influences from rhetoric and historical sociology, recent work dismisses the ideological divide between classicism and modernity, but an analysis of this opposition in Barthes’s corpus, supported by a study of the quarrels involving the Classics from 1898 to 1966, endows classicism with an unheralded substance, far from the irenicism for which it has been condemned. The notion of classicism, its antonym, and its parasynonyms (anti-modernism and post-classicism) first and foremost delineate, as far as literature is concerned, different regimes of historicity that are debated by the polemicists. The term ‘classicism’ is continuously associated with the establishment of a utopian apparatus within which writing, criticism and teaching go hand in hand. This blueprint was essential in the 17th century and is revisited again and again in the subsequent quarrels between Ancients and Moderns. In fact, most of the questions that critics continue to ask literature seem to arise between 1666 and 1694. Case in point, Barthes, Gide and Valéry all sought answers to these age-old questions in their attempts to determine both the functions and the prerogatives of literature. According to them, the concept of autonomy in literature cannot be separated from exemplarity. Thus, it proves useful, although anachronistic, in the reading of 17th-century texts. The art of “availability”, which Barthes recognized in the works of Racine, would then be the other name of literariness, a distinct – non formalist – literariness that the Classics have invented which allows their “vital, concerned” reading.
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Contre l'autonomie et la clôture du texte : formes et ambiguïtés de la fiction moderniste européenne : (1910-1939) / Against the autonomy and closure of the text : forms and ambiguity of European modernist fiction : (1910-1939)Piégay, Victor-Arthur 21 November 2014 (has links)
Concept-clé de la critique littéraire anglo-saxonne depuis plus d’une cinquantaine d’années, le modernism demeure méconnu en France, du fait de sa proximité avec des concepts voisins, telles la modernité et l’avant-garde, qu’il ne recoupe qu’imparfaitement. S’il peut concerner toutes les tentatives expérimentales dans les différents genres littéraires, c’est le roman qui se trouve au cœur de cette étude, laquelle met en perspective des textes de James Joyce, André Gide, Ramón Gómez de la Serna et Virginia Woolf, souvent victimes d’une forme de binarisme critique. Ils ont en effet longtemps été analysés comme des romans encore mimétiques, plus réalistes que les romans réalistes cependant, ou, plus fréquemment, comme des symboles de l’œuvre autoréférentielle définie par les dogmes new criticists et structuralistes. La présente étude cherche à emprunter une troisième voie, par le biais, notamment, de la théorie littéraire des mondes possibles, davantage susceptible de rendre compte du projet moderniste qui ne vise plus en effet à représenter le réel, mais à créer la vie. L’acception traditionnelle du modernisme en tant qu’ensemble de mouvements est ainsi confrontée à une perspective nouvelle qui permet de l’analyser comme une éthique et une pratique particulière de la fiction. Les romans expérimentaux du début du XXe siècle construisent en effet des univers fictionnels ambigus, informés à la fois par la tradition et par une exigence inédite de modernité, le texte moderniste refusant la table-rase avant-gardiste pour mieux se construire en mémoire vivante de la littérature. C’est ainsi une cartographie critique que la présente étude se propose d’établir, afin de permettre au lecteur l’accès à cette terra incognita du comparatisme hexagonal. / Although it has been a key concept of literary criticism in the English-speaking world for more than a half-century, modernism remains a relatively misunderstood notion in France, owing to its proximity to somewhat close concepts such as modernity and avant-garde, which it only partially overlaps. The concept is relevant to experimentation in all literary genres, but this study focuses on the novel, with texts by James Joyce, André Gide, Ramón Gómez de la Serna and Virginia Woolf. Those have often been mischaracterized by literary critics as either mimetic novels — though more realistic than realist novels — or more frequently as emblematic of the self-referential text, as defined by the dogmas of new criticism and structuralism. This study seeks an alternative to those two limited analytical options, particularly by using possible worlds theory, which is more susceptible of accounting for the modernist project of creating life rather than representing the real. The traditional definition of modernism as an ensemble of movements is therefore confronted to a new perspective which allows for its analysis as a particular ethics and praxis of fiction: the fictional worlds built by experimental novels of the early twentieth century are ambiguous, caught between tradition and modernity, since modernist texts, in becoming the living memory of literature, refuse to erase the past completely. This study thus proposes to establish a critical cartography, one that will allow the reader to access a terra incognita of French comparative studies.
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