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Le même et l’autre dans les œuvres de William Blake et de Friedrich Hölderlin : la folie et la prophétie / The Same and the Other in the Works of William Blake and Friedrich Hölderlin : Madness and ProphecySoriya, Anya 10 December 2016 (has links)
Depuis Platon, la métaphysique est empreinte de la valorisation hiérarchique entre la pensée rationnelle du logos et la pensée esthétique et relationnelle du mythos, par laquelle l’absolu et l’éternel ne peuvent être réellement connus que par le logos. Le mythos, sous-tendant les écrits sacrés et mythologiques, devient l’autre de la raison, relégué dans le domaine de l’irrationnel, voire, de la folie. La hiérarchie de valeurs, fermement établie après le progrès des lumières, crée une division au sein de l’individu qui forme la blessure au cœur de l’imaginaire occidental. C’est cette blessure que la poésie prophétique de William Blake et Friedrich Hölderlin, taxés de folie, cherche à guérir en dépeignant une manière de voir pour surmonter cet état divisé ainsi que la pensée strictement représentative et déterminante qui l’aggrave. Blake et Hölderlin s’efforcent de transformer l’imaginaire collectif issu des mythes qui ont un rôle majeur dans la formation de la perception de l’homme occidental et dont les interprétations ont servi à inculquer la vision de l’être divisé. Ils déforment et remodèlent les images mythiques et métaphoriques des concepts ontologiques devenues figées dans les traditions grecques et judéo-chrétiennes afin de rétablir l’unité de l’homme, mission prophétique qui implique la transformation de la connaissance fixe en reconnaissance active, créant la possibilité de faire évoluer la conscience individuelle et, à son tour, la conscience collective. / From the time of Plato, metaphysics has been marked by the hierarchical relationship which privileges the rational mode of thought of logos over that of the aesthetic and relational mode of mythos, whereby the absolute and the eternal are only knowable through logos. Mythos, underpinning sacred and mythological texts, becomes the other of reason, relegated to the domain of the irrational and even to that of madness. This hierarchy, firmly established after the progress of the Enlightenment, creates a division within the individual that forms the wound at the heart of the occidental imagination. It is this wound that the prophetic poetry of William Blake and Friedrich Hölderlin, both thought to be mad, seeks to heal by depicting a way of seeing in order to overcome this divided state as well as the strictly representative and determinative thinking which deepens it. Blake and Hölderlin strive to transform this perception of the individual which is reinforced by the myths that form the collective imagination, the interpretations of which have inculcated the view of the divided self. The two poets reimagine and recreate the mythical and metaphorical images of ontological concepts which have become solidified in the Greek and Judeo-Christian traditions in order to reestablish the unity of the individual, a prophetic mission that implies the transformation of fixed knowledge into active recognition, creating the possibility for the evolution of the individual and, in turn, collective conscience.
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Les figures du fou dans la dramaturgie québécoise : portraits esthétiquesBoucher, Gabrielle January 2016 (has links)
La folie dans la dramaturgie québécoise est davantage une métaphore méta-théâtrale qu’une qualité liée à la maladie mentale. Certes, avec la naissance des sciences humaines, les dramaturges occidentaux ont progressivement fait disparaître les personnages iconographiques au profit de patients (Smadja, 2009). Il n’en demeure pas moins que les manifestations contemporaines de ce « type » de personnage ne cessent de se multiplier, particulièrement dans le corpus dramaturgique québécois. En explorant le traitement réservé aux « fous » de ce même corpus, on découvre une série de chantiers exploratoires voués autant à la remise en question de la structure linéaire ou réaliste qu’à la réflexion ontologique. Ces questionnements quant à l’identité du personnage permettent de les cerner en tant que « figures », la conséquence d’une reconceptualisation du personnage théâtral, tributaire, quant à elle, d’un nouvel ordre dramaturgique (Ryngaert, 2008). Qui plus est, ces figures rappellent explicitement – et parfois ironiquement –, par leur lucidité et leur regard philosophique porté sur l’existence humaine, le traitement dramaturgique que Shakespeare réserve à Macbeth, Hamlet et Lear.
Cette thèse propose d’étudier trois personnages de la dramaturgie québécoise – soit Mycroft Mixeudeim (La charge de l’orignal épormyable de Claude Gauvreau), Charles Charles (Provincetown Playhouse, juillet 1919, j’avais 19 ans de Normand Chaurette) et Miriam (Ce que nous avons fait de Pascal Brullemans) –, dans le but de dresser un portrait, aussi sommaire soit-il, des multiples déclinaisons de la figure du fou dans le théâtre québécois depuis les années 60. Cette analyse permettra de nuancer le point de vue de Foucault selon lequel la notion de folie s’est normalisée jusqu’à perdre son caractère a priori imagé ou iconographique (Foucault, 1964). Pour ce faire, elle s’articulera autour de grilles esthétiques empruntées à des courants des arts visuels, soit respectivement le romantisme, l’expressionnisme et le déconstructivisme. En repérant les ressemblances et les dissemblances dans le traitement esthétique des trois figures, nous serons en mesure de prouver que la figure du fou dans le théâtre québécois se veut plutôt un creuset pour se questionner sur l’Art, le langage et le théâtre comme moyens de mieux cerner la réalité.
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Forsythe ; suivi de Résistance et aveu dans Les fous de Bassan d’Anne Hébert : le chemin vers la révolutionLaurent-de Chantal, Aude 04 1900 (has links)
Mémoire en recherche-création / L’écriture implique invariablement le désir de dire, sans pour autant aboutir à un aveu. Mais, lorsque cet aveu constitue la source ou l’obsession de l’écriture, l’acte de dire ou de taire transcende le texte, matérialisant ainsi l’aveu lui-même. Ce mémoire de maîtrise en recherche-création s’intéresse à ce geste de révélation scripturale qui suit un événement traumatique, à partir des idées avancées par Michel Foucault dans l’Histoire de la sexualité, ouvrage publié en quatre tomes entre 1976 et 2018 . Le moteur de l’aveu au cœur de la création réside dans la culpabilité de la narratrice associée à la mort accidentelle de son père, mais un désir contraire freine cet élan, celui de passer sous silence la vérité, de celer l’histoire à raconter. C’est un texte composé de fragments, un collage hétérogène qui hésite non seulement à paraître, mais dans sa manière de paraître. L’essai quant à lui porte sur Les fous de Bassan d’Anne Hébert, roman où l’aveu est motivé par un sentiment de responsabilité né du double assassinat des cousines Atkins et partagé entre les membres de leur communauté, soit celle de Griffin Creek, lieu imaginaire situé sur la côte de la Gaspésie. Outre le sujet de l’aveu, les deux parties de ce mémoire croiseront les mêmes chemins – dont ceux de la hantise, de la foi et de la folie – pour cependant parvenir à des destinations différentes. / The act of writing invariably implies a desire to say without necessarily resulting in a confession. However, when the desire to confess constitutes the main motivation for writing, or even an obsession, the act of saying or hushing transcends the text, materialising the confession itself. This master’s thesis in Research-Creation looks at this gesture of scriptural revelation following a traumatic event, basing itself on ideas put forward by Michel Foucault in The History of Sexuality, a work published in four tomes between 1976 and 2018 . In the creation part, the guilt associated with the accidental death of the narrator’s father acts as the primary motive of confession but a contradictory desire of silencing and sealing the truth puts a halt to this impulse. The text is composed of fragments, a heterogeneous collage hesitating not only to reveal itself, but in its way to do it. The essay on the other hand, focuses on Anne Hébert’s Les fous de Bassan in which confession is motivated by a feeling of responsibility towards the double murder of the Atkins cousins, shared between the different members of Griffin Creek’s small imagined community, located somewhere on the Gaspesian Coast. Beside confession, the two parts of this thesis will intersect through many themes – notably haunting memories, faith and madness –, ultimately ending in different destinations.
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La représentation de la folie dans l'écriture féminine contemporaine des amériquesVeillette, Marie-Paule January 2000 (has links)
Thèse numérisée par la Direction des bibliothèques de l'Université de Montréal. / Dans un élan collectif, les écrivaines des années 1970 et 1980, en Europe et en Amérique, s'approprient le thème de la folie jusque-là exploité par les écrivains masculins. Pourquoi? Nous appuyant sur la pensée de Michel Foucault et de Roland Jaccard selon laquelle la folie est une construction sociale, nous suggérons que les romancières, influencées par le mouvement anti-psychiatrique, la crise du sujet humaniste, les théoriciennes féministes françaises et américaines ont l'audace d'inventer un sujet féminin qui devient fou en réponse à des situations sociales ou historiques oppressantes pour les femmes. Pour ce faire, les romancières mettent de l'avant des stratégies d'écriture qui participent à une prise de conscience féministe. Le chapitre I porte sur la place du sujet féminin et de sa folie dans l'histoire littéraire. Les chapitres II, III et IV sont consacrés à l'étude de stratégies romanesques, telles que la déconstruction de l'histoire ou de figures mythiques, la critique de l'institution familiale et la démystification du personnage de la mère dans la relation mère-fille. Ainsi, nous étudions la représentation de la folie combinée à ces stratégies dans cinq romans mettant en scène des héroïnes issues de cultures et de sociétés différentes. Ce sont Songs My Mother Taught Me d'Audrey Thomas (Canada anglais), Les Enfants du sabbat d'Anne Hébert et Les Jardins de cristal de Nadia Ghalem (Québec), The Woman Warrior : Memoirs of a Girlhood Among Ghosts de Maxine Hong Kingston et The Bluest Eye de Toni Morrison (États-Unis). La méthode utilisée est celle de l'analyse des discours, laquelle fait appel à plusieurs champs du savoir, celui de l'histoire littéraire, de la philosophie, de la littérature, de la psychanalyse, de la psychiatrie, de certaines études de pratiques culturelles (cultural studies) et du féminisme. Le thème de la folie aura permis aux écrivaines étudiées d'exprimer la réalité des femmes largement ignorée dans les romans et de dénoncer des conditions de vie encouragées par des systèmes répressifs. Le thème de la folie aura également rendu possible un nouvel imaginaire et une écriture qui, repoussant les limites imposées par la logique, est libre et puissante.
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Vývoj struktury pro efektivní přenos tepla / Flexible structure development for efficient heat transferČernoch, Jakub January 2020 (has links)
Diplomová práce se zabývá teoretickými výpočty a návrhem struktury pro přenos tepla, která je součástí Miniaturizovaného tepelného spínače podle zadaných požadavků Evropské Kosmické Agentury. Základními parametry jsou nízká hmotnost a vysoká tepelná vodivost. Práce navazuje na spínač navržený firmou Arescosmo, který nesplňoval požadované limity zejména v oblasti hmotnosti a tepelné vodivosti. Pomocí teoretických výpočtů hmotnosti a tepelné vodivosti bylo ověřeno 49 variant ve třech základních konceptech – Mechanická struktura, flexibilní struktura složená z drátků a foliová struktura. Z hlediska tepelné vodivosti jako nejlepší struktury vycházejí ty, které jsou založené na použití ochranných kovových opletů. Z dostupných zdrojů byly rovněž navrženy technologie, které by bylo možné využít pro výrobu těchto struktur. Pro splnění požadavků, bude v další fázi projektu nutné vyrobit experimentální vzorky na kterých budou teoretické výpočty a vybrané technologie ověřeny.
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Le jeu littéraire : appropriation et transformation discursive et textuelle dans Certainement Pas de Chloé Delaume ; suivi de Jouer le jeYounsi, Dalia 04 1900 (has links)
Dans Certainement Pas, je m’intéresserai à la problématique du jeu littéraire dans son rapport à la contrainte. Comment Chloé Delaume réussit-elle dans un premier temps à s’approprier un certain nombre de discours culturels et de formes a priori extralittéraires pour ensuite les transformer? Dans un second temps, comment s’y prend-elle pour « phagocyter » dans son écriture une pléthore de références littéraires? Conséquemment, quelle conception de la littérature livre-t-elle? Veut-elle, par l’aspect ludique de son roman, rendre un hommage filial aux auteurs d’hier et ainsi adopter une position empreinte de dévotion? Essaye-t-elle, au contraire, de « déchiqueter-dégurgiter » ces textes paternels et agir en iconoclaste? En procédant de cette façon, détruit-elle ou non le mythe de l’originalité en littérature? Finalement, comment s’effectue la réception de son texte ?
Jouer le je est un projet d’écriture prolongeant les réflexions sur la place du jeu et de la contrainte dans la littérature. Prenant la forme d’une pièce de théâtre, il cherche à travailler la problématique de l’automatisme langagier actuel et devient une tentative de destruction de celui-ci. Ce texte met en scène deux personnages. La protagoniste principale, une jeune femme de vingt-cinq ans nommée Plume Liddell, étudiante en immunologie souffrant de dyslexie linguistique, participera à six séances de psychothérapie au cours desquelles elle parlera d’elle-même. L’autre personnage: la psychologue, restera muette ou presque tout au long des séances. / In Certainement Pas, I will be focusing on the problematic of the literary game and its relation to the constraint. First, how does Chloé Delaume manage to appropriate multiple extra-literary cultural discourses and forms a priori, in order to then transform them? Second, how is she able, within her style of writing, to "phagocyte" a vast quantity of literary references? Consequently, what concept of literature does she provide the reader? Does she aspire, by modeling her novel on a game, to filially acknowledge past authors, thus adopting a devoted position? Or, does she conversely attempt to "dissect/ regurgitate" these paternal texts in order to act iconoclastically? In this manner, does she succeed in destroying the myth of originality in literature? Last but not least, how is her text interpreted and received by the reader?
Jouer le je is a literary project which broadens and pushes the boundaries of reflections on the role that the game and the constraint play in literature. Written as a play, the text seeks to hone the problematic of linguistic automatism, thus becoming a tool of the latter's destruction. The text features two characters. The principal protagonist, a young twenty-five year old woman named Plume Liddell studying immunology and suffering of linguistic dyslexia, shall participate in six psychotherapy sessions during which she will describe herself. The second character, the psychologist, will not speak for the greater part of the sessions.
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Le nerf du corps : racines, correspondances et contamination des images de folles au cinémaAuger, Anne-Marie 07 1900 (has links)
Ce mémoire de maîtrise étudie la mise en scène de la folie des femmes au cinéma. Notre hypothèse est qu’il est possible d’appréhender la folie en tant que forme esthétique et ainsi, d’isoler un répertoire de figures essentielles à la mise en scène et à la mise en jeu des corps féminins. En partant d’une définition « fuyante » de la folie, il s’agit de dégager la folle de la pathologie et d’examiner plutôt comment les images peuvent se faire écho et rejouer dans l’Histoire une série de « procédés figuratifs » à l’écran. Nous nous intéressons d’abord au grand bassin imaginaire dans lequel se construit l’iconographie de la folie des femmes au cinéma. Nous montrons ainsi comment la mémoire visuelle de la folie est tirée de tous les côtés par un réseau d’images plus anciennes et soulignons l’importance du spectaculaire dans ce bassin esthétique. Ensuite, nous étudions le mouvement des corps fous au cinéma. Nous démontrons comment la mise en scène de la folie donne accès à un répertoire de formes d’expressions reconnaissables : syncope, rire hystérique, jouissance, chutes, redressements, tics, contractures, etc. Finalement, en nous appuyant sur les notions d’emprunt et de contagion, nous démontrons l’importance du geste dans la compréhension des corps délirants au cinéma. / This thesis examines the mise en scène of female madness in film. We believe that it is possible to understand madness as an aesthetic form and thus isolate a repertoire of figures essential to the interpretation and performance of female bodies. Beginning with an “elusive” definition of madness, we can conceptualize it outside of the pathology and consider instead how the images can be reflected in History and replay a series of "representational processes" on the screen. Firstly, we are interested in the great repertoire in which imagination builds the iconography of female madness in film. We show how a network of older images influences from different angles the visual memory of insanity and we stress the importance of the “spectacular” aspect of this iconography. Secondly, we study the motion of bodies in chosen films. We demonstrate how the mise en scène of madness gives access to a repertoire of recognizable forms of expression: syncope, hysterical laughter, ecstasy, falls, tics, contractures, etc. Finally, based on the concepts of mimesis and contagion, we demonstrate the importance of gesture in understanding madness in film.
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Les jeux du dissemblable : folie, marge et féminin en littérature haïtienne contemporaineMartelly, Stéphane 02 1900 (has links)
Depuis la deuxième moitié du XXe siècle et le tournant du millénaire, pourquoi se multiplient des figures de la folie et du féminin dans le paysage littéraire haïtien ? En remarquant les grandes tendances qui font coïncider l’expression de la catastrophe, de la défaite du sens et l’apparition de personnages et de figures féminins majeurs dans des œuvres de tous genres, mon interrogation porte sur la folie, la marge et le féminin dans la littérature haïtienne contemporaine en tant qu’expressions concourantes de la dissemblance. Je me penche ainsi, dans des œuvres marquantes, sur le jeu rhétorique des postures de la dissemblance et la manière dont elles pointent depuis le texte vers un au-delà de l’œuvre, soit ce qui en elle indique l’ «espace ménagé» de sa propre faillite ainsi que le travail de la lecture et de la création. Pour cela, il a fallu, à partir des limites (de l’œuvre, de la norme), construire une réflexion capable d’aménager aussi l’espace de sa propre contestation.
Dans le premier chapitre, à partir du récit fondateur « Folie », de Marie Chauvet, je pose le problème de la folie en me penchant sur les configurations inaugurales qui me semblent mettre la scène du littéraire contemporain haïtien. J’en profite pour préciser l’approche rhétorique qui me permettra d’aborder les textes littéraires, tout en réfléchissant sur les enjeux théoriques posés par une lecture de la folie comme absence d’œuvre. En m’appuyant sur Chauvet et sur les travaux de Felman, je définis les modalités d’une lecture impliquée.
Dans le second chapitre, je brosse un portrait complexe du contemporain haïtien, tel qu’il est médié et rendu à travers les « anthologies » essentielles de Davertige et de Frankétienne. Ces deux œuvres sont l’occasion de poursuivre une interrogation sur les limites en remarquant les formes et les enjeux mobilisés dans le littéraire par les élaborations de la marge, de la mémoire traumatique et de la folie. Une telle approche est aussi l’occasion d’une réflexion de fond sur le contemporain haïtien, abordé d’emblée comme panorama et comme problème façonné et façonnant des sujets d’écriture.
Enfin, dans le troisième chapitre, je me penche sur les filiations larvées qui permettent aux configurations précédemment décrites de persister, alors que le féminin, comme dissemblance, négocie sa place du côté de la marge ou de la folie, dans les textes plus récents de Jan Dominique et de Lyonel Trouillot. Les réflexions que je propose sur les destinations, sur l’œuvre impossible ou absente (Foucault) me permettent de distinguer les processus de différenciation spécifiques de la marge et de la folie, mais surtout d’apercevoir, au cœur du texte littéraire, la folie comme l’absence essentielle où se risque et se joue la création.
Le dissemblable devient alors cet objet fuyant d’une lecture impliquée dans laquelle, le regard critique s’adossant à une écriture littéraire chargée d’en interrompre systématiquement le flux, constitue en effet ce « moment insolite de la théorie» (Felman), qui, dévoilant son propre jeu rhétorique, maintient la théorie en échec tout en la faisant parler. / Since the second half of the twentieth century and the turn of the millennium, why have representations of madness and the feminine proliferated in the Haitian literary landscape? Whilst reflecting on the broad tendencies that brought together the expression of catastrophe, the unravelling of meaning and the emergence of important feminine characters and figures in works of all genres, I will question madness, margins and the feminine in contemporary Haitian literature as concurring expressions of dissimilarity. Examining Haitian literary works, I want to propose a reading on the rhetoric postures and performances of dissimilarity and the manner in which they point towards an outsideness of literature: the unspeakable “thing” that signals – from within – the (im)possibility of the text, the (im)possibility of reading and creation. To achieve this purpose, I have chosen to construct a reading on limits (of the text, of the norm) that also considers its own contestation.
Chapter one is built around the novel « Folie » by Marie Chauvet. It addresses the topic and rhetoric of madness while taking note of important aesthetic configurations that I suggest set the stage for contemporary Haitian literature. I also address methodological problems arising when “reading” madness as “absence d’œuvre” (Foucault). Intersecting Chauvet’s writing with the theoretical contributions of Felman, I specify my approach as a compromised or involved reading.
In the second chapter, I paint the portrait of the contemporary Haitian general context using the essential anthologies of Davertige and Frankétienne. These two works allow me to address the notion of “limits” while considering the forms and issues created by the fabrications of margins, traumatic memory and madness. I therefore approach the contemporary Haitian context as a complex panorama and as a problem, both shaped by and shaping literary subjectivities.
Finally, in the third chapter, analysing the more recent texts of Jan Dominique and Lyonel Trouillot, I reflect on hidden genealogies that perpetuate previously identified configurations when the feminine, as dissimilarity, negotiate a place on the side of margins or madness. The reflection I propose on destinations, the absent or impossible oeuvre allows me to differentiate the specificities of margins and madness, and most importantly, to glimpse, while reading the literary text, at the essential absence where creation risks itself.
Thus, dissimilarity becomes the fleeting object of my compromised reading. A critical reading, which compromises itself with creative writing, in a decisive attempt to subvert theory, forcing it to unveil its own rhetorical play, to reveal its possible failure while making it eloquent.
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La souffrance féminine chez Huysmans, Bloy, Bernanos et Mauriac : catholicisme et maladie mentalePlet, Charles 05 1900 (has links)
Silence et soumission aux valeurs patriarcales dominantes : ainsi peut être brossée dans son ensemble et sans pour autant la déformer l’image de la condition féminine encore pleinement opérante à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle en France. La femme, ouvrière, bourgeoise ou noble, est destinée à la maternité, et ses désirs sont méprisés au profit de ceux de son (futur) époux. En littérature cependant, à partir de Madame Bovary (1857) et parallèlement à la montée timide du féminisme, apparaissent plusieurs figures féminines éminemment tragiques qui contestent la condition féminine. Louise Marles, Véronique Cheminot, Mouchette et Thérèse Desqueyroux – et tant d’autres encore… – sont autant de (jeunes) personnages féminins qui rejettent plus ou moins violemment la mise sous tutelle de la femme et l’impossibilité d’avoir un statut social et juridique accepté en dehors du mariage. Pourtant, parce qu’en ces figures de femme – et souvent malgré elles – refuse de se taire une torturante aspiration à la liberté, elles sont fatalement vouées à la folie et à la mort, deviennent prostituées, criminelles, internées ou suicidaires, voire les quatre. Selon nous, la folie est l’état dans lequel ces personnages féminins s’enlisent car ils remettent profondément en question les valeurs établies par des hommes et pour des hommes. Nous pensons que la folie est le moyen littéraire utilisé par les écrivains pour montrer l’ampleur de leur souffrance existentielle et son unique langage possible ; en ce sens, la folie serait la représentation extérieure d’une écrasante souffrance morale et psychologique. Enfin, la possession diabolique est une autre cause portée par Bernanos pour répondre à la question de la folie des femmes. Notre étude portera sur quatre figures tragiques de personnages féminins imaginées par quatre écrivains catholiques : Louise dans En rade (Huysmans, 1887), Véronique dans Le Désespéré (Léon Bloy, 1887), Mouchette dans Sous le soleil de Satan (Bernanos, 1926) et Thérèse Desqueyroux dans le roman éponyme de Mauriac (1927). / Silence and submission to the prevailing patriarchal ideology : this is how one can describe the female condition at the end of the nineteenth century and at the beginning of the twentieth century in France. No matter whether they come from the working class, the middle class or the aristocracy, women are destined for motherhood and their wishes are overlooked. Nevertheless, in literature one can notice several tragic female figures who rebel against their condition. Louise Marles, Véronique Cheminot, Mouchette and Thérèse Desqueyroux – and so many others… – are young women who reject more or less violently the fact that they are under the tutelage of men and the fact that they cannot obtain an acceptable social status outside of marriage. However, it is precisely because these female characters crave for freedom that they are doomed to madness and death or become criminals and/or suicidal women. According to us, these women are said to be mad because they challenge convention and reject patriarchal values. We think that madness is the literary tool used by these writers to show the brutality of their existential suffering. In other words, we believe that madness is the external representation of their overwhelming moral suffering. Finally, demonic possession is another reason given by Bernanos to explain women’s madness. Our study deals with four tragic female figures imagined by four Catholic writers : Louise in En rade (Huysmans, 1887), Véronique in Le Désespéré (Bloy, 1887), Mouchette in Sous le Soleil de Satan (Bernanos, 1926) and Thérèse in Thérèse Desqueyroux (Mauriac, 1927).
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De l'idiot au fou dédoublé : recherches sur les interprétations de la folie dans l'art actuel russe / From the Idiot to the Dualized Madman : research about Interpretations of Madness in Russian Contemporary ArtCazaux, Alice 19 June 2015 (has links)
Ce travail propose une lecture de la création artistique russe actuelle – 1990-2010 – au regard de l’histoire qu’elle entretient avec la folie grâce à l’analyse de personnages qui émaillent son paysage culturel. Que ces derniers soient jugés fous – fols-en-Christ ou jurodivye, artistes romantiques, dissidents internés en Union soviétique – ou qu’il s’agisse de figures traditionnelles d'idiots – Ivan le simple, le prince Mychkine de Dostoïevski –, un pont sera créé qui reliera ces archétypes et certaines pratiques de l’extrême contemporain, allant jusqu’à la prière-punk des Pussy Riot. Cette étude porte sur le concept d’une idiotie comme posture artistique permettant à l’artiste de se faire le médiateur d’une vérité – politique, religieuse ou sociale. Avançant masqué, il révèle ainsi les glissements sémantiques opérés entre les notions de « folie » et de « norme », en parallèle des rapports qu’entretiennent « art » et « politique ». L’histoire de la folie en Russie sera par ailleurs abordée à travers diverses formes d’envol – compris d’un point de vue métaphysique comme un escapisme de la raison. La littérature servira de socle à une première analyse de la figure romantique de l’artiste maudit à la raison vacillante, celle-ci ensuite mise à mal par les créateurs postmodernes qui déconstruisent aussi bien le mythe du saint idiot que celui du génie artistique, par l’incarnation d’un créateur sot reproduisant des formes sans en saisir le sens. Certains en appellent de surcroît, directement ou non, à la figure ancestrale du jurodivyj afin d’élaborer des postures critiques, parfois scandaleuses, envers les pouvoirs politique et religieux. Considérant les réactions virulentes que peuvent susciter les pratiques actuelles, et grâce à l’étude d’œuvres problématiques représentatives, les causes de leur rejet deviendront explicites. Il sera ainsi permis d’envisager ces créations, paraissant en rupture avec l’ordre établi, dans leur ancrage au sein d’une tradition historique et littéraire de la folie. / This work proposes an interpretation of the current Russian artistic creation – 1990-2010 – with regard to his links with history of madness, through the analysis of characters that punctuate Russian cultural landscape. The latter characters are deemed insane – holly fools, Romantic artists, dissidents interned in the Soviet Union - or whether are traditional idiots figures - Ivan the fool, Dostoevsky’s Prince Myshkin. A bridge will be created linking these archetypes and certain contemporary practices, up to Pussy Riot’s punk prayer. This study focuses on the concept of idiocy as an artistic position which allows the artist to become a mediator of a political, religious or social truth. The creator, moving forward hidden, reveals semantic shifts made by the concepts of "madness" and "norm", in parallel with relations held between "art" and "politics." The history of madness in Russia will also be depicted through various forms of soaring - understood in a metaphysical point of view as an escapism of reason. Literature will be used as a base for a first analysis of the romantic image of the damned artist with flickering reason. This picture will then be undermined by postmodern creators who both deconstruct the myths of the holy fool and the artistic genius, by their incarnation of a stupid creator reproducing forms without understanding their meaning. Moreover, some of them require, directly or not, to the ancestral figure of the holly fool to develop critical postures, sometimes scandalous, against political and religious powers. Considering the violent reaction that can generate the current artistic practices, and through the study of representative problematic works, the causes of their rejection shall become explicit. This will make it possible to consider these creations – apparently breaking with the established order – in their anchor within a historical and literary tradition of madness.
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