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La révolution et son medium dans la pensée de Slavoj Žižek : redéfinir le symbolique au travers du Réel

Beauchemin, Louis-Claude 05 1900 (has links)
Žižek consacre une portion de sa pensée à la notion de révolution. Celle-ci concerne la façon de concevoir ce qu’est une révolution et le moyen de l’engager, l’un étant intimement lié à l’autre. Au cœur de cette réflexion, Žižek traite de l’interrogation nécessaire à tout projet révolutionnaire, à savoir comment faire pour provoquer une révolution. S’il soutient d’emblée que l’activité du sujet laquelle produit l’action révolutionnaire est constamment récupérée par la structure symbolique de son assujettissement, il formule néanmoins un moyen qui concerne la façon de penser l’activité du sujet laquelle permet à ce dernier de briser cette impasse. L’objectif de Žižek à cet égard est de réfléchir un moyen d’outrepasser la performativité du sujet face au symbolique, ce qu’il fait au travers du concept d’Acte qu’il qualifie de révolutionnaire. Ce mémoire vise à éclaircir la place que prend l’Acte comme medium d’instigation à la révolution, c’est-à-dire le moyen que Slavoj Žižek soutient comme étant ce qui permettrait aux révolutionnaires de court-circuiter l’impotence de leur activité lorsqu’elle se limite au symbolique. Dans un premier temps, afin de mettre en contraste la valeur d’un Acte, nous dresserons le portrait de l’action, soit de l’activité du sujet sous le langage. De la sorte, nous mettrons en évidence comment l’activité courante du sujet est considérée impotente en vue de tout projet qui a pour objet la provocation d’une révolution. Dans un second temps, nous présenterons ce que Žižek entend par "Acte". Nous verrons alors comment un Acte est ce qui outrepasse la récupération symbolique relative à l’action du sujet sous le langage en s’appuyant sur le Réel et comment alors en un tel dépassement se tient le potentiel de l’instigation d’une révolution. Nous conclurons en soutenant que bien qu’un Acte à la manière dont Žižek l’entend lui permette de soutenir le moyen d’instiguer une révolution, cela ne règle pas le cas de l’engagement du révolutionnaire envers son propre Acte, à savoir la relation que cultive le révolutionnaire avec son propre projet. / Žižek devotes a portion of his theory to the notion of revolution. It concerns the way to concieve what is a revolution and the medium to provoke it, one intimately bound to the other. At the heart of this reasonning, Žižek deals with a problem that is central to every revolutionnary project, that being understanding what it means to provoque a revolution. If he initially argues that the subject’s activity which produce revolutionnary actions is irrevocably recuperated by the symbolic structure which sustains them as subject, he nonehteless formulates a way to think differently the subject’s activity which would result in overcoming of the impass. With that, Žižek’s objectif is to think a way to surpass the subject’s symbolic performativity which he does through the concept of the Act that he qualifies as revolutionnary. This mémoire intend to unriddle the place that takes the Act as a medium of revolution, meaning the medium through which Žižek uphold as what could let revolutionnaries short-circut the impotence of their own symbolic activity. To begin with, in the spirit of contrasting the value of the Act, we will portray the action as the activity of the subject of language. This way, we will underscore how the social activity of the subject is considered impotent towards achieving any kind of revolutionnary project. Then, we will explore what Act means for Žižek. We will then see how an Act is what surpasses symbolic recuperation relative to the subject of language’s action by leaning on the Real and how is thus created the mean for a potential revolution. We will conclude by arguing that even though an Act as understood by Žižek lets him uphold a way to produce a revolution, this does not adress the way the revolutionnary subject is engaged towards his own Act, that being his relationship with his own project.
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La question de la finitude chez Françoise Dastur : analyse thématique à partir de son ouvrage La mort : essai sur la finitude

Leclerc, Olivier 09 1900 (has links)
Le présent mémoire se propose d’analyser la conception originale de la finitude que présente Françoise Dastur dans La mort : Essai sur la finitude. Nous souhaitons mettre en relief la conception de la finitude chez Dastur et les raisons qui l’amènent à sa proposition d’assumer notre propre mort avec une certaine forme de joie et même de rire. Notre analyse espère faire ressortir la lecture originale que Dastur propose de plusieurs thèmes qu’elle emprunte à différents philosophes, dont Heidegger, qui se sont penchés sur le sujet de la finitude. L’analyse de ces thèmes nous permettra de prendre la pleine mesure de la finitude et de ses retombées pour une philosophie célébrant la vie. Afin de rendre justice à l’analyse de Dastur, le premier chapitre se concentrera sur la manière dont elle se réapproprie l’héritage de la finitude dans la philosophie occidentale. Nous tâcherons alors d’analyser sa lecture des auteurs tragiques, dont Sophocle, et leur impact sur sa conception de la finitude. Ensuite, le deuxième chapitre s’attardera sur la manière dont Dastur pense le rapport de l’être humain à sa propre finitude. C’est dans ce chapitre que l’on aura à analyser le rapport au langage comme manifestation de la finitude. Nous y traiterons aussi de « l’abri de l’être » que serait la mort pour Dastur, qui s’inspire ici de Heidegger. C’est dans ce contexte que Dastur aborde la possibilité d’une sollicitude authentique dans sa compréhension de la finitude. Nous aurons alors à déterminer dans quelle mesure elle suit Heidegger et quand elle prend ses distances avec lui. / Our dissertation proposes to analyze the original conception of finitude presented by Françoise Dastur in La mort: Essai sur la finitude. This Essay will allow us to grasp Dastur's conception of finitude and the reasons that lead her to her proposal to assume our own death with a certain form of joy and even laughter. This analysis will highlight the original reading that Dastur proposes of several themes that she borrows from different philosophers, including Heidegger, who have considered the subject of finitude. The analysis of these themes will allow us to take the full expression of finitude and its consequences for a philosophy celebrating life. To justify Dastur's analysis, the first chapter will focus on how the manner in which she reclaims the legacy of finitude in Western philosophy. We will then scrutinize her reading of tragic authors, including Sophocles, and their impact on her conception of finitude. The second chapter will focus on the manner in which Dastur thinks about the relationship of human beings to their own finitude. In this chapter, we will strive to show how our relationship to language can be seen as a manifestation of finitude. We will also deal with the "shelter of being" that death would be for Dastur, who follows here Heidegger. It is in this context that Dastur discusses the possibility of authentic caring in her understanding of finitude. We will then have to determine to what extent she follows Heidegger and when she distances herself from him.
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Oubli, mémoire et réminiscence chez Aristote : étude de λήθη sur les plans physique et psychologique et du De memoria et Reminiscentia

Arviset, Vanessa 08 1900 (has links)
Cette thèse analyse l’oubli et les verbes de même famille sur les plans physique et psychologique au sein du corpus aristotélicien, analyse qui à notre connaissance n’a encore jamais été menée. Cette étude apporte aussi un commentaire du De memoria et reminiscentia en examinant les conceptions de la mémoire et de la réminiscence d’Aristote. À travers l’analyse des occurrences de l’oubli et de ses verbes, elle émet l’hypothèse d’un sens cohérent de l’oubli. L’oubli serait une destruction partielle d’un état particulier de science et de réminiscence. Il serait provoqué par la présence du contraire de la science, l’ignorance. Son genre serait intellectuel. Il serait permanent, quoique rare et exceptionnel, ne faisant pas partie du processus normal d’apprentissage de la connaissance. Bien que l’oubli n’apparaisse pas dans le De memoria, sa définition est utile afin de faire rejaillir la nature sensitive de la mémoire et la particularité de la conception aristotélicienne de la réminiscence. En ce qui a trait à la mémoire, cette thèse suggère qu’elle est une sorte particulière d’affection et de possession de choses perçues ou conçues par le passé après un écoulement de temps. La mémoire permet une unification des multiples souvenirs que l’on acquiert au cours de son vécu, unification qui a lieu non seulement par rapport à différents souvenirs, mais aussi en ce qui concerne les diverses facettes d’un seul souvenir. En localisant la mémoire dans la sensation première, Aristote fournirait une description de l’âme sensitive nécessaire pour qu’un animal possède la mémoire. En considérant que la mémoire applique la notion du temps aux objets sensibles comme intellectuels, Aristote montrerait sa conception synergétique des fonctions psychiques interagissant entre elles. Le fait de se dire en son âme que l’on a auparavant perçu ou appris ne serait pas une affirmation excluant les animaux, le processus décrit étant entièrement sensitif, et l’expression « se dire en son âme » décrivant un fonctionnement de l’âme sensitive. La mémoire, selon Aristote, aurait besoin de l’image. Mais cette thèse suggère de lire les lignes I 450a24-25 et I 451a14-17 en insistant sur la spécificité de l’objet de mémoire. Ces lignes insisteraient sur le fait que bien qu’accidentellement une image, le souvenir ne serait pas imaginaire, mais serait au contraire une copie des choses perçues et apprises par le passé. Les défaillances mnémoniques seraient des phénomènes physiologiques et sensitifs qui ne seraient pas des oublis. La réminiscence serait une délibération donnant les moyens de remonter vers des souvenirs et connaissances que l’intellect aurait établis en tant que fin. Elle permettrait de soigner le souvenir en contemplant à répétition l’objet de mémoire. Elle apporterait une capacité de synthétisation des souvenirs et permettrait de se remémorer une connaissance que l’intellect souhaiterait contempler. Elle emploierait des mouvements nécessaires ou habituels et un point de départ. Les problèmes de réminiscence seraient de nature physiologique, la réminiscence étant un exercice de l’intellect interagissant avec le composé corps-âme. Ces problèmes ne seraient pas non plus des oublis. / This thesis examines forgetfulness in Aristotle on a physical as well as psychological level. It also offers a commentary of De memoria et reminiscentia, studying memory and reminiscence in this treatise. It examines the various occurrences of forgetfulness and verbs of the same family and deduces its definition from these excerpts. It thus appears that forgetfulness is a destruction of science which does not destroy the whole living being, but only the state of knowledge which is affected by its contrary, ignorance. Forgetting is therefore permanent, but it is exceptional and it does not destroy the intellect. While forgetfulness does not appear in the De memoria, its definition is useful in order to insist on the fact that memory belongs to the sensitive part of the soul and in order to show how Aristotle’s conception of reminiscence is particular. With respect to memory, this thesis mainly suggests that, as a special sort of possession and affection of perception and science, it is able to unify multiple memories that are acquired throughout life. It unifies not only different memories, but also different aspects of a single memory. The De memoria actually describes to us how an animal’s sensitive soul must be in order for it to have memory. Located in the primary perception, memory would be an example of Aristotle’ synergetic conception of the soul, since it would apply the sense of time both to intellectual and perceptual objects. The expression “saying in one’s soul’’ that one has perceived or learned is not one which excludes animals, because it describes a sensitive process. While memory requires an image, it is not a product of our imagination. This thesis thus reads the lines I 450a24-25 and I 451a14-17 as meaning that objects of memory are not objects of imagination. Of course, Aristotle does state that memory needs images. But he nevertheless stresses that objects of memory are copies and are not phantasies. Memory problems are physiological or related to the sensitive part of the soul. They are not a destruction of science like forgetfulness is. Reminiscence is a deliberation which finds the means to attain a specific memory or knowledge determined as an end by the intellect. Reminiscence can preserve memory through the repetitive contemplation of its object as a copy. It can synthesize memories and can recollect a knowledge which the intellect wishes to contemplate. Starting from a principle, it uses necessary or habitual movements. Since recollecting is an intellectual exercise which interacts with the sensitive part of the soul, difficulties in recollecting are caused by physiological problems. These problems are not destructions of science and they are not equivalent to forgetting.
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L'exercice du pouvoir : convergences entre Antonio Gramsci et Michel Foucault

Viviani, Roberto 04 1900 (has links)
Ce projet de recherche met en dialogue Antonio Gramsci et Michel Foucault autour du thème du Pouvoir. Les deux philosophes sont arrivés, chacun à leur manière et selon leur parcours spécifique, à méditer la tendance du pouvoir – entendu comme instrument polyvalent de coercition – à pénétrer presque toutes les sphères de l'existence humaine. Mon approche historique et comparatiste permettra de creuser la pensée humaniste du second Gramsci et de montrer comment lui et Foucault retravaillent les thèses de Machiavel, en focalisant sur l'exercice de la force active à des fins de consolidation du pouvoir et ce, au-delà des limites de la politique ordinaire ou quotidienne. Si, depuis la Révolution française, les rapports de force sont « traduits » en termes idéologiques, reste qu'il faut comprendre la manière historique dont l'idéologie forme les imaginaires sociaux. Gramsci s'intéressait, comme Georges Sorel avant lui, aux effets institutionnels (civiques surtout) sur les mentalités dites populaires. Foucault, à son tour, étudie le processus de subjectivation selon les grandes structures socio-économiques et selon « l'éthos pastoral », qu’il identifie comme le paradigme de la « gouvernementalité ». Les questions soulevées par les auteurs, et la lecture qui en sera faite, nous permettront de comprendre comment se construit le consensus et surtout comment sont mises en œuvre les pratiques discriminatoires qui permettent de consolider un certain type de consensus. Ce projet veut donc servir d’outil d'interprétation des dynamiques politico-économiques de notre temps. Gramsci et Foucault concourent en ce sens à tirer au clair le fonctionnement de l'idéologie et de la vérité dans la consolidation des rapports de force, et donc dans la perpétuation du Pouvoir. / This research project puts Antonio Gramsci and Michel Foucault in dialogue around the theme of Power. Each in his way, these philosophers pondered the significant tendency of power to penetrate, as a versatile instrument of coercion, into almost all spheres of human existence. My approach delves into the humanist thought of the second Gramsci and shows how he (and Foucault) reworks Machiavelli's theses, focusing on the exercise of active force for the purpose of power consolidation and this, beyond the limits of ‘everyday’ politics. If power relations, since the French Revolution, have been “translated” into ideological language, it remains necessary to understand historically how ideology shapes social imaginaries. Like Georges Sorel before him, Gramsci was interested in the institutional (notably, civic) effects on so-called popular mentalities. Foucault, in his turn, studied the process of subjectivation according to vast socio-economic structures and to the evolution of the “pastoral ethos”, a paradigm of “governmentality”. The questions raised by the authors, and the reading of them here, will allow us to understand how consensus is constructed and how practices of discrimination are implemented, allowing a certain type of consensus to be consolidated. This project, therefore, aims to provide a tool for interpreting the political and economic dynamics of our time. In that sense, Gramsci and Foucault can be used to show how ideology and truth function in the consolidation of power relationships, and thus in the perpetuation of Power itself.
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La compréhension cartésienne de la raison et de la foi

Pollayil Devassy, Joseph 10 1900 (has links)
Notre recherche a pour objectif d’analyser systématiquement les réflexions cartésiennes sur la foi et la raison ; le parallèle que Descartes établit entre la foi et la raison fait en sorte qu’il s’agit de deux vérités distinctes, voire opposées, mais qui ne sauraient toutefois se contredire. En réalité, Descartes semble même soutenir, à certains endroits, des points de liaison entre les deux types de vérités. Il faudra prendre en considération, d’une part, les définitions qu’il donne de ces deux sources de connaissance et, d’autre part, la manière dont une articulation est possible malgré leur séparation assez stricte. L’approche du mémoire sera proprement historique dans l’analyse des réflexions philosophiques de Descartes sur la religion et exigera notamment de contextualiser les conflits théologiques qu’il a eus avec les penseurs de la scolastique. La première partie du mémoire aura pour objectifs de relever les principaux passages où Descartes traite de cette question en se basant sur l’édition de référence d’Adam et Tannery (1969). La deuxième partie visera à analyser les positions que Descartes défend pour penser la séparation entre foi et raison. Évidemment, le rapport entre foi et raison devra être achevé par des études parallèles sur les réflexions cartésiennes quant au rapport entre la théologie et la philosophie. C’est ici que les discussions avec la scolastique seront examinées. La dernière partie visera à comprendre si, d’après Descartes relativement à certains points de doctrine et malgré leur séparation fondamentale, foi et raison sont réconciliables. Il semble pour lui clair qu’une complémentarité est possible, car « une vérité ne peut jamais être contraire à une autre vérité » (Épître au P. Dinet). / Our research aims to systematically analyze Cartesian reflections on faith and reason; the parallelism that Descartes establishes between faith and reason means that these are two distinct, even opposite truths, but which cannot, however, contradict each other. Descartes even seems to support in some places the points of connection between the two types of truths. It will be necessary to take into consideration, on the one hand, the definitions that he gives of these two sources of knowledge, on the other hand, the way in which an articulation is possible despite their rather strict separation. The approach of the thesis will be properly historical in the analysis of the philosophical reflections of Descartes on religion and will require to contextualize the theological conflicts that he had with the thinkers of scholasticism. The first part of the thesis will aim to identify the main passages where Descartes deals with this question, taking as a basis of reference to the edition of Adam and Tannery (1969). The second part will aim to analyze the positions that Descartes defends there to think about the separation between faith and reason. Obviously, the relationship between faith and reason should be complemented by a parallel study of Cartesian reflections on the relationship between theology and philosophy. It is here that the discussions with the scholastic will be examined. The last part will aim to understand if, despite their fundamental separation, faith and reason would be reconcilable according to Descartes with respect to certain points of doctrine. It seems clear to him that the complementarity is possible, because “one truth can never be contrary to another truth” (Letter to P. Dinet).
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Phénoménologie linguistique, mutisme des sens et normativité chez John L. Austin

Dumas-Dubreuil, Pascal-Olivier 08 1900 (has links)
Nombre de travaux contemporains en philosophie de la perception s’inspirent de l’ouvrage Sense and Sensibilia du philosophe anglais John L. Austin (1911-1960). En examinant le langage ordinaire pour reconnaître la diversité des phénomènes perceptifs, Austin vise entre autres à démontrer l’impossibilité de les réduire aux catégories métaphysiques traditionnelles. Charles Travis est de ceux qui se sont risqués à réinvestir la phénoménologie linguistique d’Austin. Se réclamant ouvertement d’Austin qui soutenait que « nos sens sont muets », il développera la thèse du silence des sens selon laquelle la perception n’aurait pas un contenu représentationnel. Cette thèse aura une grande influence sur Jocelyn Benoist, qui reprendra à son compte l’idée selon laquelle la perception n’est pas intentionnelle. Travis et Benoist s’entendent donc pour dire qu’en tant que la perception est silencieuse — et donc non-conceptuelle — elle ne peut être intentionnelle. Or, il s’en suivrait alors que la phénoménologie serait fondamentalement incompatible avec la radicalité de leur critique réciproque contre le représentationnalisme, basée sur la thèse d’inspiration austinienne du silence des sens. L’intuition à l’origine de ce mémoire réside dans la perspective selon laquelle ces conclusions constitueraient en fait une radicalisation de la thèse véritablement défendue par Austin, le mutisme n’étant pas synonyme de silence. Si Austin a pu démontrer très efficacement l’autonomie de la perception par rapport au langage, la reprise de cette idée chez Travis et Benoist les a menés à une thèse plus radicale selon laquelle la perception ne serait pas une activité que l’on pourrait qualifier de normative. Partant de cette idée, j’interroge la portée et les limites de la thèse d’Austin et de ses héritiers en examinant le rôle de la normativité en jeu dans la perception. Dans ce mémoire, je soutiens que les conclusions que Travis et Benoist tirent de la thèse du silence des sens qu’ils attribuent à Austin constituent en fait une radicalisation de la position véritablement défendue par l’Oxonien. La thèse de Travis et Benoist doit être nuancée dans la mesure où d’autres types de normes jouent un rôle transcendantal pour la perception. Dès lors que l’on considère l’expérience sensible, non pas comme une activité exclusivement épistémique et cognitive, mais comme une pratique incarnée, la thèse du mutisme des sens devient compatible avec une conception normative de la perception. / Much contemporary work in philosophy of perception draws on the work Sense and Sensibilia by the English philosopher John L. Austin (1911-1960). By examining ordinary language to recognize the diversity of perceptual phenomena, Austin aims, among other things, to demonstrate the impossibility of reducing them to traditional metaphysical categories. Charles Travis is one of those who have ventured to reinvest Austin's linguistic phenomenology. Following in the footsteps of Austin, who maintained that "our senses are dumb", he developed the thesis of the silence of the senses, according to which perception has no representational content. This thesis had a major influence on Jocelyn Benoist, who took up the idea that perception is not intentional. Travis and Benoist agree that since perception is silent - and therefore non-conceptual - it cannot be intentional. It would then follow that phenomenology would be fundamentally incompatible with the radicalness of their reciprocal critique of representationalism based on Austin’s inspired thesis of the silence of the senses. The intuition behind this dissertation lies in the prospect that these conclusions might in fact constitute a radicalization of the thesis actually defended by Austin, since mutism is not synonymous with silence. If Austin demonstrated very effectively the autonomy of perception in relation to language, the revival of this idea by Travis and Benoist led them to a much more radical thesis, according to which perception would not be an activity that can be described as normative. Based on this idea, I question the scope and limits of the thesis of Austin and his heirs by examining the role of normativity at play in perception. In this dissertation, I argue that the conclusions Travis and Benoist draw from the silence of the senses thesis they attribute to Austin are in fact a radicalization of the position actually defended by the Oxonian. Travis and Benoist's thesis must be tempered insofar as other types of norms play a transcendental role for perception. As soon as we consider sensible experience not as an exclusively epistemic and cognitive activity, but as an embodied practice, the thesis of the mutism of the senses becomes compatible with a normative conception of perception.
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La nation est-elle une source légitime de solidarité politique?

Huynh, Nicholas 01 1900 (has links)
Ce mémoire défend la thèse selon laquelle la nation constitue une source légitime de solidarité politique. Afin d’y arriver, je m’inspirerai de concepts issus de la conception ethnosymbolique de la nation ainsi que de la phénoménologie de la communauté. Je proposerai que l’identité nationale s’appuie sur des mythes et récits partagés permettant aux co-nationaux de s’imaginer comme membre d’une communauté. L’identification à ce « nous » donne un sens affectif à notre vie politique ainsi qu’à nos aspirations collectives. Ensuite, j’examinerai les arguments critiques dirigés contre le nationalisme afin de démontrer que le nationalisme est compatible avec la célébration de la diversité culturelle ainsi qu’avec le cosmopolitisme. En répondant aux critiques les plus menaçantes formulées à l’endroit du nationalisme, nous serons en mesure de clarifier les conditions sous lesquelles le nationalisme peut incarner une forme inspirante de solidarité. / This thesis argues that nations constitute legitimate sources of political solidarity. To achieve this, I will take inspiration from concepts derived from the ethnosymbolic conception of nations as well as from phenomenological analyses of community. I will defend that national identity is rooted in shared myths and narratives which allow co-nationals to imagine themselves as members of community. This identification to a “we” endows emotional meaning to our political life as well as to our collective aspirations. Then, I will examine critical arguments addressed against nationalism, and proceed to demonstrate that nationalism is compatible with the celebration of cultural diversity and cosmopolitanism. Answering to the most menacing critiques formulated against nationalism will allow us to clarify under which conditions may nationalism embody an inspiring form of solidarity.
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La révolution conservatrice allemande et son impact sur la pensée politique de Heidegger

Tardif, Sylvain 12 1900 (has links)
Dans le présent mémoire, nous nous intéressons principalement à la vision politique de Heidegger et à son rapport au nazisme. Plusieurs liens entre le philosophe originaire de Messkirch et des penseurs politiques comme Jünger et Spengler subsistent. Il se dit lui-même en dette concernant le livre L’homme et la technique et mentionne à Karl Löwith qu’il « est en train de lire avec beaucoup d’intérêt le livre plein d’esprit de Spengler sur Le déclin de l’Occident ». Est-ce que Heidegger appartient au mouvement de la Konservative Revolution, expression employée par le poète Hugo von Hofmannsthal, mais popularisée par la thèse de doctorat d’Armin Mohler (1920-2003) pour décrire un ensemble de penseurs appartenant à un mouvement hétéroclite auquel Jünger et Spengler sont associés ? Certains commentateurs comme Jürgen Habermas, Robert Steuckers, Reinhard Mehring, Philippe Lacoue-Labarthe, Gérard Granel et Alexandre Douguine semblent de cet avis, tandis que d’autres comme François Fédier, en se fondant en partie sur la thèse de Mohler, affirment que Heidegger n’appartient pas à ce mouvement. Nous souhaitons montrer que la position de Mohler est plus nuancée et présente une ouverture à son inclusion au sein de la Révolution conservatrice allemande. / In this thesis, we will investigate the political vision of Martin Heidegger and his link to Nazism. Several links between the philosopher from Messkirch and political thinkers like Jünger and Spengler remain. He states he is indebted to the book Man and Technics and indicates to Karl Löwith that he “is reading with great interest Spengler’s witty book on The Decline of the West”. Does Heidegger belong to the movement of the Konservative Revolution, which is an expression used by the poet Hugo von Hofmannsthal, but made widely known by the doctoral thesis of Armin Mohler (1920-2003) to describe a set of thinkers belonging to a heterogeneous movement to which Jünger and Spengler are some of the most well-known thinkers? Some commentators like Jürgen Habermas, Robert Steuckers, Reinhard Mehring, Phillipe Lacoue-Labarthe, Gérard Granel and Alexander Dugin seem to share this opinion while others like François Fédier, partially based on Mohler’s thesis, believe Heidegger does not belong to this movement. We wish to show that Mohler’s position is more nuanced and offers an opening to include Heidegger in the Konservative Revolution.
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Analyse du débat entre le cognitivisme classique et le connexionnisme sur la question des concepts

Racine, Éric D. 10 1900 (has links)
Mémoire numérisé par la Direction des bibliothèques de l'Université de Montréal. / Les concepts sont au coeur de nombreuses interrogations philosophiques traditionnellement retrouvées en épistémologie et en logique. Plus récemment, la philosophie de l'esprit a connu un développement important qui l'a amené a abordé de front cette question. Son objectif est de comprendre le rôle des concepts en tant que représentations mentales et en cela, elle se place en situation de collaboration avec les sciences cognitives contemporaines. Conséquemment, une littérature se situant au carrefour de ces deux disciplines se développe présentement autour de certains débats fondamentaux, notamment au sujet des concepts. En fait, deux « paradigmes » s'affrontent aujourd'hui dans les sciences cognitives sur la question des concepts. D'un côté, le cognitivisme classique présente les concepts comme des symboles sur lesquels les processus mentaux viendraient opérer. D'un autre côté, le connexionnisme, puisant dans les réseaux de neurones formels, propose une définition des concepts en termes de région de classification dans des espaces d'activation. Des propriétés différentes sont attribuées aux concepts dans ces deux perspectives. D'une part, les concepts intègrent les exigences de compositionalité, de productivité et de systématicité. Ils ont une signification fixe qui leur permet d'être des éléments constitutifs des représentations mentales dans le cadre d'une syntaxe et d'une sémantique combinatoires. L'accent est donc mis sur les aspects sémantiques des concepts mais au détriment d'une certaine fragilité et d'une non-plausibilité neurobiologique. D'autre part, les concepts sont des ensembles dynamiques et statistiques de sous-caractéristiques, souples et robustes qui rendent compte de la subsomption conceptuelle, de l'application de concepts (généralisation spontanée), de l'apprentissage et des assises empiriques de la conceptualité mais aux dépens des aspects sémantiques. Le but du présent mémoire est de présenter l'opposition fondamentale entre ces deux théories des concepts et de la clarifier. Pour ce faire, nous élaborons une typologie constituée de quatre dimensions d'explication : la dimension fonctionnelle-causale (F-C), la dimension relationnelle-causale (R-C), la dimension fonctionnelle-descriptive (F-D) et la dimension relationnelle-descriptive (R-D). La première décrit le fonctionnement causal d'un sous-système, la deuxième la relation causale entre un sous-système et un super-système, la troisième fournit une description abstraite du fonctionnement d'un sous-système et la quatrième une description abstraite des relations entre un sous-système et un super-système. Notre analyse conclut que le cognitivisme se cantonne dans la dimension R-D de la cognition et le connexionnisme dans la dimension F-D. Par conséquent, nous pouvons constater deux choses. Premièrement, pour rendre compte pleinement de toutes les facettes de la cognition, nous devons faire appel à toutes les dimensions d'explication disponibles étant donné le caractère partiel des théories courantes. Deuxièmement, nous ne pouvons nous contenter d'opter pour une seule théorie afin de rendre compte de la conceptualité mais nous devons plutôt tenter de dégager une explication plus globale intégrant les quatre dimensions d'une explication de la conceptualité.
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La fonction éthico-thérapeutique du discours philosophique : la contribution de Ludwig Wittgenstein à la lumière du modèle de la vie philosophique de Pierre Hadot

Arriola Acosta, Martin-Rafael 11 1900 (has links)
Le but de cette étude est de tirer profit de la contribution de Ludwig Wittgenstein à la question de la fonction éthico-thérapeutique du discours philosophique à la lumière du modèle de la vie philosophique de Pierre Hadot, dont le modèle stoïcien nous sert de cas de figure, et au sein duquel cette fonction occupe une place centrale. L’ensemble de l’étude est composé de quatre chapitres. Le premier chapitre vise à faire ressortir et analyser les cinq composantes fondamentales de la conception hellénistique et romaine de la vie philosophique tirée de l’interprétation de Hadot qui serviront par la suite de lignes directrices pour l’exploration de ces thèmes chez Wittgenstein : la subordination du discours philosophique au mode de vie éthique, la conversion philosophique comme transformation individuelle, l’askesis comme méthode de conversion philosophique, l’idéal de sagesse comme visée éthique de la conversion philosophique et le modèle analogique de la thérapeutique philosophique. Dans le deuxième chapitre, nous examinons comment Wittgenstein peut nous aider à penser la question de la subordination du discours philosophique au mode de vie éthique. En premier lieu, il apparaît que le discours philosophique peut avoir la fonction éthique d’exprimer un certain vouloir. Plus précisément, les valeurs fondamentales, en relation avec un contre-vouloir (besoins, tendances, désirs, sentiments) à la base de préconceptions cristallisées dans des images captivantes, forment un caractère philosophique particulier et orientent implicitement les différentes conceptions que le philosophe, par l’usage de sa volonté, fait le choix d’exprimer par le biais du discours philosophique. En second lieu, le discours philosophique peut avoir la fonction éthique de générer de bonnes habitudes de vie, c’est-à-dire de produire un effet éthique sur les comportements que nous adoptons et les actions que nous posons de façon répétée. En effet, certains arrangements conceptuels, s’ils sont en accord avec l’éthique telle qu’elle est vécue dans les pratiques effectives de la forme de vie humaine, jettent un éclairage sur notre mode de vie éthique, en fonction de la conception du bonheur que nous valorisons, de façon à ce que nous puissions orienter nos actions habituelles en ce sens. Le troisième chapitre vise à mettre à profit la contribution de Wittgenstein à la question du discours philosophique comme outil de transformation individuelle conçue selon le modèle de la conversion philosophique. En premier lieu, il semble que le discours philosophique peut opérer une conversion de la volonté, synonyme d’une conversion à soi, et qui désigne l’arrachement à l’égard d’un certain vouloir inauthentique, indissociable d’un contre-vouloir au fondement de la pensée exprimée par le langage, pour revenir à un vouloir authentique qui coïncide avec le domaine qui est propre au sujet éthique que nous sommes. En second lieu, la fonction éthique du discours philosophique peut également s’exprimer à travers la visée éthique de la conversion qui peut être conçue comme un idéal asymptotique et philosophique de bonheur au sens de paix ou d’absence de trouble fondé sur une éthique de la finitude, de la liberté et de l’authenticité comportant une dimension transpersonnelle. Le quatrième chapitre aborde la conception wittgensteinienne de la méthode philosophique à partir de la question du discours philosophique comme askesis. En premier lieu, le discours philosophique peut avoir ici une fonction éthique lorsqu’il est utilisé pour opérationnaliser une méthode de conversion consistant en un ensemble de techniques discursives pratiquées de façon répétée en vue d’adopter une attitude éthique. En second lieu, cette fonction peut être thérapeutique dans la mesure où la méthode de conversion peut être conçue à partir du modèle analogique de la thérapeutique philosophique, c’est-à-dire à partir d’une conception implicite ou explicite de la maladie, de la thérapie et de la santé philosophiques telle qu’en témoigne la thérapeutique holistique du langage qu’il semble possible de tirer de la pensée du second Wittgenstein. / The purpose of this study is to examine Ludwig Wittgenstein’s contribution to the issue of the ethical and therapeutic function of philosophical discourse in the light of the model of philosophical life of Pierre Hadot, exemplified by the Stoic model, and in which this function is central. The whole study consists of four chapters. The first chapter aims to highlight and analyze the five basic components of the Hellenistic and Roman conception of philosophical life drawn from the interpretation of Hadot which will then serve as guidelines for the exploration of these themes in Wittgenstein’s thought : the subordination of philosophical discourse to the ethical way of life, philosophical conversion as personal transformation, askesis as a method of philosophical conversion, the ideal of wisdom as ethical aim of philosophical conversion and the analogic model of philosophical therapy. In the second chapter, we examine how Wittgenstein can help elucidate the issue of subordination of philosophical discourse to the ethical way of life. First, it appears that philosophical discourse can have the ethical function to express a certain will. Specifically, core values, in connection with a counter-will (needs, tendencies, desires, feelings) underlying preconceptions crystallized in captivating images, form a particular philosophical character and implicitly determine the different conceptions that the philosopher, by the use of his will, makes the choice to express through philosophical discourse. Second, philosophical discourse can have an ethical function to generate good habits, that is to say, to produce an ethical impact on the behaviors that we adopt and the actions that we take repeatedly. Indeed, some conceptual arrangements, if they are in agreement with the effective practices of the human form of life, shed light on our ethical way of life, according to the conception of happiness that we value, so that we can orientate our habitual actions consequently. The third chapter aims to build on Wittgenstein's contribution to the question of philosophical discourse as a tool for personal transformation based on the model of philosophical conversion. First, it seems that philosophical discourse can give rise to a conversion of the will, synonymous with a conversion of the self to itself, which refer to the tearing away from a certain inauthentic will, inseparable from a counter-will at the foundation of thought expressed through language, to return to an authentic will that coincides with the domain that is specific to the ethical subject that we are. Second, the ethical function of philosophical discourse can also be expressed through the ethical aim of conversion that can be seen as an asymptotic and philosophical ideal of happiness as peace or absence of disturbance based on an ethics of finitude, freedom and authenticity with a transpersonal dimension. The fourth chapter discusses Wittgenstein's conception of philosophical method through the question of philosophical discourse as askesis. First, philosophical discourse here can have an ethical function when used to operationalize a conversion method consisting of a set of discursive techniques used repeatedly in order to adopt an ethical attitude. Second, this function can be therapeutic in that the conversion method can be elaborated through the analogic model of philosophical therapy, that is to say, as an implicit or explicit conception of disease, of therapy and philosophical health as evidenced by the holistic therapy of language it seems possible to draw from the second period of Wittgenstein’s thought. / Réalisé en cotutelle avec L'École des hautes études en sciences sociales de Paris

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