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Dynamique de groupe et reconnaissance sociale dans un groupe d’expédition éducativeOuellet, Lorie 08 1900 (has links)
Le domaine du plein air est un champ traditionnellement masculin où les filles et les femmes
éprouvent généralement des difficultés à être reconnues par leurs pairs et subissent plusieurs
formes de discrimination. Cette faible reconnaissance, ainsi que la discrimination subie par
plusieurs d’entre elles, ont des impacts négatifs sur leur participation, leur confiance en elle, leur
sentiment d’appartenance, le développement de leurs habiletés techniques, et même, sur leur
longévité professionnelle dans le domaine. Plusieurs activités de plein air se déroulent en
contexte de groupe dans lesquels les inégalités de genre du domaine sont susceptibles d’émerger
et de se reproduire. Ainsi, les groupes d’expédition sont des contextes privilégiés pour observer
comment opèrent l’émergence et le fonctionnement des inégalités de genre dans le domaine du
plein air.
Ce projet de recherche doctorale vise à développer une meilleure compréhension des processus
entourant la reconnaissance sociale dans les groupes d’expédition éducative, et ce, en portant
une attention particulière au genre. Une étude de cas ethnographique comprenant de
l’observation participante au cours d’une expédition de canotage de quatre semaines a été
menée auprès d’un groupe d’étudiants (17 hommes et 7 femmes) engagés dans un programme
de formation universitaire de premier cycle en intervention plein air.
Un cadre conceptuel sociologique bourdieusien a été utilisé afin de rendre compte des différents
processus pouvant influencer la reconnaissance sociale des membres d’un groupe d’expédition.
Les concepts de champ, d’espèces de capital et d’habitus ont permis de mener trois analyses
distinctes mais interreliées. La première étude est basée sur la signification et la valeur
symbolique des tâches et des activités inhérentes à la conduite d’une expédition de canot et porte
sur la division sexuée du travail en expédition. Cette étude montre comment le genre, les
représentations du genre de même que la classe sociale interagissent pour orienter les stratégies
d’amélioration ou de maintien de statut. La deuxième et la troisième mobilisent certains constats
issus des travaux sur les hiérarchies de statut dans les groupes ayant des objectifs à atteindre.
Plus précisément, la deuxième étude est basée sur le postulat selon lequel la perception de
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compétence et les attentes de performance à l’égard d’une personne jouent des rôles
déterminants dans les processus d’attribution de statut dans les groupes. L’analyse des données
a permis d’identifier différentes stratégies consistant à laisser implicitement sous-entendre, dans
ses actions ou ses discours, la possession d’une certaine expertise. Cette analyse a aussi permis
de mettre en évidence comment les rapports sociaux de genre jouaient des rôles importants dans
les processus de distinction liés à la compétence et comment les compétences de certaines
femmes étaient parfois ignorées ou encore utilisées par d’autres participants pour apparaître plus
compétents qu’elles. Enfin, la troisième analyse s’appuie principalement sur les concepts de
capital social et de champ comme espace de luttes dans lequel les agents cherchent à influencer
le mode de perception et d’appréciation légitime. Cette troisième analyse a permis d’identifier
des stratégies consistant à gérer les relations et les interactions sociales avec autrui de façon à en
tirer des avantages en termes d’amélioration ou de maintien de statut au sein d’un groupe. Cette
étude a permis de montrer comment les rapports sociaux de genre et de classe interagissent et
influencent les relations et les interactions sociales dans le groupe et donc, les processus de
reconnaissance sociale.
L’ensemble de ces analyses permet de mieux comprendre les logiques d’action et le
fonctionnement, en contexte d’expédition, des inégalités fondées sur le genre et la classe sociale.
Parallèlement, ces études ont aussi permis d’examiner certains enjeux relatifs à l’apprentissage
et à la gestion des risques en contexte d’expédition éducative. À cet effet, des pistes
d’intervention praxéologiques susceptibles de favoriser une dynamique de groupe plus inclusive
et d’accroître le bien-être des participants, leur apprentissage et leur sécurité ont été proposées. / The outdoor field is a traditionally male-dominated field where girls and women generally have
difficulty being recognized by their peers and suffer from many forms of discrimination. This low
recognition, as well as the discrimination experienced by many of them, have negative impacts
on their participation, confidence, sense of belonging, development of their technical skills, and
even on their professional longevity in the field. Many outdoor activities occur in a group context
where gender inequalities in the field are likely to emerge and recur. Thus, expedition groups are
privileged contexts to observe how the emergence and functioning of gender inequalities in the
outdoor field operate.
This doctoral research project aims to develop a better understanding of the processes underlying
social recognition in an educational expedition group, with particular attention to gender. An
ethnographic case study involving participant observation during a four-week canoeing
expedition was conducted with a group of students (N=24; 17 men and seven women) engaged
in an outdoor adventure leadership undergraduate program at a university in Quebec (Canada).
A Bourdieusien sociological conceptual framework was used to examine the different processes
that could influence the social recognition of expedition group members. The concepts of field,
forms of capital, and habitus offered powerful heuristic tools to conduct three distinct but
interrelated analyses. The first study is based on the significance and symbolic value of the tasks
and activities of a canoe expedition and focuses on the sexual division of labor. This study shows
how gender, gender representations, and social class interact to guide the strategies used by the
participants to maintain or uplift their social status as outdoor leaders. The second and third
studies built on and seek to contribute to the research on status hierarchies in tasks-oriented
groups. More specifically, the second study is based on the assumption that perception of
competence and expectations of performance towards a person play decisive roles in the status
allocation process in groups. Data analysis allowed us to identify various rationales underlying the
strategies used by group members to convey an impression of competence in their actions or
discourse. This analysis also highlighted how gender relations play essential roles in competence8
related processes of distinction and how the skills of some women are sometimes ignored or used
by other participants to appear more competent than experienced women. Finally, the third
analysis is mainly based on the concepts of social capital and field as a space of struggles in which
agents seek to influence the legitimate principles of perception and appreciation in force in the
group. In this third analysis, we identified six relational strategies that consist in managing social
interactions and relations with other group members in order to improve or maintain one’s status
within the group. This study showed how gender and class interact and influence relationships
and social interactions in the group and, therefore, social recognition processes.
Taken together, these analyses provide a better understanding of the logic of action and how
inequalities based on gender and social class work in the context of expeditions. Moreover, these
studies examined some issues related to learning, risk management, and inclusion in educational
expeditions. To this end, practical recommendations have been proposed to foster a more
inclusive group dynamic and increase participants' well-being, learning, and safety.
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Reconfiguration du partage des tâches domestiques dans les couples guinéens établis au QuébecDiallo, Alpha Ibrahima 08 1900 (has links)
Ce mémoire aborde le partage des tâches chez les couples guinéens (mariés avec enfants) établis au Québec. Nous avons exploré essentiellement quelques éléments qui reviennent dans les propos des couples interrogés. Les résultats obtenus montrent tout d'abord que les hommes sont restés longtemps cantonnés à la sphère productive dans leur pays d’origine, exclus de toutes les activités relatives au « care » largement assumées par les femmes. Or en l’absence de réseau au Québec, les deux membres du couple se trouvent en situation de plus grande dépendance mutuelle pour leur survie, et le conjoint n’a pas le choix de s’impliquer. Ainsi, les nécessités économiques poussent davantage aux changements observés chez les hommes que la sensibilité aux « valeurs démocratiques/féministes » du pays d’accueil. En effet, les propos de certaines femmes interrogées montrent qu’elles sont satisfaites de venir rejoindre leur mari au Québec et de rester à leurs côtés, tout en investissant dans des activités professionnelles auxquelles elles n’avaient pas accès, même étant instruites, dans leur pays d’origine. L’installation au Québec augmente leur pouvoir de négociation dans le couple et pousse leur conjoint à s’impliquer davantage dans les tâches connotées comme « féminines » en Guinée. / This thesis addresses the sharing of tasks within Guinean couples (married with children) established in Quebec. In this sense, it lays the groundwork for an analysis still to be deepened. I essentially explored a few elements that recur in the semi-structured interviews performed. The results show first of all that men have long remained confined to the productive sphere in their country of origin, excluded from all care activities largely assumed by women. However, in the absence of a network in Quebec, the two members of the couple are now in greater mutual dependence for their survival and the spouse does not have much choice to get involved. Thus, economic necessities drive the observed changes more than sensitivity to the “democratic/feminist values” of the host country.
Indeed, some women are more satisfied to come and stay with their husbands in Quebec and to invest in professional activities to which they had not accessed even being educated in the country of origin. This increases their bargaining power in the couple and pushes their husbands to become more involved in tasks connoted as “feminine” in Guinea.
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L’impact de l’évolution de l’interprétation constitutionnelle de la liberté d’association sur l’accréditation multipatronaleLaporte-Murdock, Florence 08 1900 (has links)
Le Code du travail, pièce maîtresse du droit des rapports collectifs du travail au Québec, ne reconnaît pas l’accréditation multipatronale et érige certains obstacles aux négociations collectives multipatronales. Au tournant des années 2000, la Cour suprême du Canada (ci-après « Cour suprême ») a élargi l’interprétation donnée à la liberté d’association prévue à l’alinéa 2d) de la Charte canadienne des droits et libertés (ci-après « Charte canadienne »). Cette dernière protège désormais, dans une certaine mesure, les droits fondamentaux d’association, de négociation collective et de grève. Dans ce mémoire, l’auteure évaluera s’il est possible de remettre en question la légalité de l’interdiction de l’accréditation multipatronale, un postulat implicite sur lequel repose le Code du travail, par une contestation de sa validité constitutionnelle. Pour ce faire, l’auteure tracera un bref portrait historique et sociologique des rapports collectifs du travail pour mieux situer la question, exposera l’état du droit en matière d’accréditation multipatronale, fera un tour d’horizon de la littérature portant sur les insuffisances du modèle de relations industrielles actuel en rapport à l’accréditation multipatronale et résumera l’interprétation donnée à la liberté d’association par la Cour suprême. Ensuite, à partir d’un cas hypothétique, et en se basant sur le cadre analytique développé par la Cour suprême dans la trilogie de 2015, l’auteure analysera l’histoire des relations de travail au Canada, la portée du droit garanti par l’alinéa 2d), les valeurs inhérentes à la Charte canadienne et le droit international du travail pour tenter de construire un argumentaire autour de l’existence d’une entrave substantielle au droit à un processus véritable de négociation collective et, le cas échéant, d’évaluer si la violation est justifiée en vertu de l’article premier de la Charte canadienne. / The Labour Code does not recognize multi-employer certification and erects certain
obstacles to multi-employer collective bargaining. At the turn of the 2000s, the Supreme
Court of Canada (the « Supreme Court ») broadened the interpretation given to the freedom
of association under section 2(d) of the Canadian Charter of Rights and Freedoms (the«
Canadian Charter »). The latter now protects, to a certain extent, the fundamental rights of
association, the right to bargain collectively and the right to strike. In this thesis, the author
will assess whether it is possible to question the legality of the prohibition of multi-employer
accreditation by challenging its constitutional validity. In order to answer this question, the
author will briefly study historical and sociological aspects of labour relations, present the
state of the law concerning multi-employer certification, provide an overview of the literature
regarding the insufficiencies of the industrial relations model in relation to multi-employer
certification and summarize the interpretation given by the Supreme Court to freedom of
association. Then, based on a hypothetical case and the analytical framework developed by
the Supreme Court in the 2015 trilogy, the author will analyze the history of labour relations
in Canada, the scope of the right guaranteed under section 2(d), the underlying values of the
freedom of association and the international labour law in an attempt to build an argument
around the existence of a substantial interference with collective bargaining and, where
applicable, to assess whether the violation is justified under section 1 of the Canadian
Charter.
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« Où est le boss ? » : rapports sociaux de sexe et division sociosexuée du travail dans l'agriculture de proximité québécoiseBenitez Ortiz, Alba 13 December 2023 (has links)
L'objectif de cette recherche est d'examiner les rapports sociaux de sexe et la division sociosexuée du travail qui prévalent chez les couples propriétaires d'une exploitation maraîchère qui commercialise une partie de ses produits en circuits courts. A priori, et en raison des valeurs d'horizontalité souvent revendiquées dans ce type d'agriculture, les personnes qui la pratiquent semblent favoriser des rapports sociaux plus justes ou égalitaires. Il existe également une image idyllique et familialiste, largement véhiculée par les personnes partisanes de l'agriculture de proximité, qui la définissent comme un mode de vie et un métier permettant une articulation harmonieuse entre travail et famille. Cela contribue à une idéalisation de la position et de la vie des femmes dans ce type d'agriculture, où elles prendraient davantage soin et seraient particulièrement connectées à l'environnement (humain et non humain), tout en étant épanouies dans leur rôle de mères et d'épouses. Les témoignages des femmes qui ont participé à ma recherche montrent que leur situation est loin d'être idyllique et que leurs trajectoires professionnelles et personnelles sont marquées par plusieurs défis. Ces défis reflètent une variété d'obstacles structurels, comme l'assignation aux femmes des tâches moins valorisées socialement et, parfois, la reproduction de rapports asymétriques au sein des couples. Les entretiens semi-dirigés menés auprès de dix femmes installées en agriculture de proximité dans les régions de Chaudière-Appalaches et de la Capitale-Nationale ont également révélé la persistance de stéréotypes sexistes et d'une division sociosexuée du travail assignant les femmes à certaines tâches spécifiques, dont le travail domestique. Cela entrave la transformation des rapports sociaux de sexe en agriculture de proximité et, en conséquence, contribue au maintien des inégalités structurelles dans ce milieu. / The purpose of this research is to examine gender relations and division of labor that prevail among couples who are owners or co-owners of a vegetable farm that commercializes its products in short supply chains. At first glance, given the horizontal values that are often promoted in this type of agriculture, people who practice it seem to favor fairer or more egalitarian social relations. There is also an idyllic and family-oriented image, widely held by the supporters of local agriculture, who define it as a way of life and an occupation that allows a harmonious articulation between work and family. This contributes to an idealization of the position and life of women in this type of agriculture, where they would be more nurturing and particularly connected to the environment (human and non-human), while being fulfilled in their role as mothers and wives. The narratives of the women who took part in my research show that their situation is far from being idyllic and that their professional and personal trajectories are marked by several challenges. These challenges reflect various structural obstacles, such as the assignment of less socially valued jobs to women and, sometimes, the asymmetrical dynamics that are reproduced within couples. Semi-structured interviews with ten women involved in local agriculture in the Chaudière-Appalaches and Capitale-Nationale regions also revealed the prevalence of a gendered division of labour and sexist stereotypes in agriculture. The latter hinders the transformation of gender relations and, consequently, contributes to the maintenance of structural inequalities in the context studied. / El objetivo de esta investigación es examinar les relaciones sociales de sexo y la división socio-sexual del trabajo entre las parejas propietarias o copropietarias de una explotación hortícola que comercializa sus productos en circuitos cortos. A priori, y debido a los valores de horizontalidad que se suelen reivindicar con frecuencia en este tipo de agricultura, las personas que la practican favorecer relaciones sociales más justas o igualitarias. Asimismo, existe una imagen idílica y familialista, ampliamente propagada por las personas partidarias de la agricultura de proximidad, que la definen como un modo de vida y una profesión que permite una articulación armoniosa entre el trabajo y la familia. Esto contribuye a una idealización de la posición y de la vida de las mujeres en este tipo de agricultura, donde serían las principales cuidadoras y estarían particularmente conectadas con el medio ambiente (tanto humano como no humano), así como realizadas en su papel de madres y esposas. Los testimonios de las mujeres que participaron en mi investigación muestran que su situación dista mucho de ser idílica y que tanto sus trayectorias profesionales como personales están marcadas por varios desafíos. Estos desafíos reflejan varios obstáculos estructurales, como la asignación de trabajos menos valorados socialmente a las mujeres y, en ocasiones, las dinámicas asimétricas que se reproducen dentro de las parejas. Entrevistas semiestructuradas con diez mujeres dedicadas a la agricultura local en las regiones de Chaudière-Appalaches y Capitale-Nationale revelaron la persistencia de una división socio-sexual del trabajo y de estereotipos sexistas en la agricultura. Esto último dificulta la transformación de las relaciones de sexo y, en consecuencia, contribuye al mantenimiento de las desigualdades estructurales en el contexto de estudio.
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Les expériences d'intégration au travail et le rapport au travail des enseignantes du préscolaire et du primaireBilodeau, Karine 01 March 2024 (has links)
L'intégration au travail en enseignement préscolaire et primaire représente un défi majeur pour la population et les institutions alors que plusieurs notent des difficultés importantes se traduisant par des taux de décrochage alarmants. L'appréhension de ce phénomène demeure complexe et nécessite une approche heuristique multifacette. La recension des écrits a été effectuée sous trois angles spécifiques interdépendants : 1) les défis et enjeux de l'intégration au travail du personnel enseignant à la lumière des réformes de l'éducation au Québec et des transformations du travail provenant de la nouvelle gestion publique; 2) les dynamiques identitaires dans l'éducation au préscolaire et en enseignement au primaire; 3) les spécificités du travail des femmes en éducation au préscolaire et en enseignement au primaire. Ce travail de recension a notamment permis de soulever la nécessité d'approfondir les connaissances concernant les expériences subjectives de travail des femmes en éducation au préscolaire et en enseignement au primaire, qui plus est, à la lumière des nouvelles formes d'organisation du travail ainsi que des technologies de l'information et de la communication. L'objectif de ce projet de thèse vise à mieux comprendre les expériences subjectives des femmes dans leur intégration au travail et leur rapport au travail (domestique et salarié). Trois objectifs de recherche spécifiques ont été formulés : 1) décrire et analyser les expériences marquantes du travail et de l'intégration au travail en éducation au préscolaire et en enseignement au primaire; 2) décrire et analyser les expériences qui ont influencé leur parcours scolaire et professionnel, la valeur accordée aux diverses sphères de vie, voire leur interdépendance, ainsi que les conditions qui influencent leur articulation; 3) cerner les modes d'échanges ainsi que les dynamiques relationnelles et analyser ce qu'elles engagent du côté de la reconnaissance et de la construction identitaire. La posture théorique se trouve à la croisée de trois perspectives différentes : la théorie critique du travail vivant issue du champ de la psychodynamique du travail, les perspectives féministes (la sociologie des rapports sociaux de sexe, courant matérialiste français) et la perspective des parcours de vie telle qu'utilisée dans les sciences de l'orientation. Ce cadre permet de prendre en compte les expériences subjectives de travail (salarié et domestique) des femmes en éducation au préscolaire et en enseignement au primaire. La posture épistémologique de cette recherche se situe dans une perspective constructiviste interprétative-critique. La méthodologie s'inscrit dans une recherche narrative s'appuyant sur quatre stratégies de collecte de données : (1) vingt-cinq entretiens individuels et deux entretiens de groupe auprès de participantes volontaires ont été menés auprès d'enseignantes du préscolaire et du primaire; (2) une méthode d'inspiration « photovoix » a ensuite permis de collecter soixante-quinze photos prises et commentées par les participantes permettant de rendre visibles des expériences et enjeux vécus au travail; (3) seize captures d'écran d'échanges numériques (Messenger, réseaux sociaux, courriels) ont ensuite permis de rendre visibles certains échanges quotidiens informels avec la famille ou les collègues. Ce recueil de données a été effectué dans un processus de va-et-vient entre la collecte de données et les analyses du matériau s'échelonnant sur une période d'un an. Ce corpus a été analysé en s'appuyant sur les stratégies de l'examen phénoménologique des matériaux et des catégories conceptualisantes, et ce, afin d'entrer en contact avec le sens des expériences subjectives vécues par les participantes. À la suite de la collecte, du traitement et des analyses des matériaux, sur base volontaire, deux entretiens de groupes incluant cinq participantes chacun ont été réalisés par l'intermédiaire de l'application ZOOM. Ces entretiens de groupe ont contribué à peaufiner le processus de théorisation. Ces étapes ont permis de construire un processus de théorisation répondant au but et aux objectifs spécifiques de cette recherche. Les résultats et les discussions abordent trois facettes de l'intégration au travail d'enseignement et du rapport au travail des enseignantes du préscolaire et du primaire. Dans un premier temps, ils montrent que l'entrée en enseignement préscolaire et primaire s'inscrit à même de nombreuses expériences hétérogènes marquées par la précarité et le hasard, notamment un processus d'insertion en emploi long et complexe. Parmi ces expériences se trouvent les difficultés de l'inclusion pour tous qualifiée de « sauvage » ainsi que la centralité du lien affectif à l'élève, le travail de care et la fusion/confusion des rôles mères-enseignante. Dans ce contexte, il s'agit pour plusieurs de survivre à la précarisation du travail. Dans un deuxième temps, les résultats montrent qu'à cela s'ajoutent les expériences des femmes, notamment le « choix » de l'enseignement préscolaire et primaire, la division sexuelle du travail domestique, le cycle de la maternité et l'organisation du travail qu'il amène. Dans un troisième temps, les résultats montrent que l'évolution des espaces d'échange ou de délibération entre collègues, tant formels qu'informels, en présentiel ou en ligne, ainsi que l'instrumentalisation à des fins managériales du contenu des échanges entre collègues soulèvent de multiples enjeux. Ce travail de thèse a également permis de rendre visible et de mieux comprendre les spécificités de l'articulation des temps de travail pour les enseignantes du préscolaire et du primaire et soulève la nécessité de s'éloigner d'une conceptualisation basée sur une division binaire et étanche du temps investi dans chacune des sphères de vie. De plus, il révèle des tensions alors que le lien affectif à l'élève est à la fois désiré et valorisé par les enseignantes, mais aussi obligatoire, inscrivant implicitement le travail invisible de care à même la mission de l'école québécoise. Finalement, cette thèse a permis de révéler et de comprendre les nombreux rapports sociaux de domination qui marquent ce contexte organisationnel et, plus particulièrement, de rendre visible et de comprendre la persistance de nombreux rapports sociaux de sexes. Une des retombées de cette thèse aura été d'accorder une place à la parole libre et authentique des enseignantes du préscolaire et du primaire afin qu'elles puissent mettre en mots, réfléchir, nommer, raconter et rendre visible leurs expériences subjectives de travail et, plus largement, dans leur vie, ce que trop peu de travaux ont fait dans les dernières années à propos du travail des femmes dans ce domaine. / The work integration of preschool and elementary school teachers represents a major challenge for the population and institutions, while many note significant difficulties resulting in alarming dropout rates. Understanding this phenomenon remains complex and requires a multifaceted heuristic approach. The literature review was conducted from three specific, interdependent angles: 1) the challenges and issues of integrating teachers into the workplace in light of Quebec's educational reforms and the transformations of work resulting from the new public management; 2) the dynamics of identity in preschool and elementary school teaching, and 3) the specificities of women's work in preschool and elementary school teaching. This review raises the need to deepen our knowledge of the subjective work experiences of women in preschool and elementary school teaching, especially in light of new forms of work organization and information and communication technologies. This thesis project aims to better understand the subjective experiences of women in their integration into the workplace and their relationship to work (domestic and salaried). Three specific research objectives have been formulated: 1) describe and analyze the significant experiences of work and work integration of women preschool and elementary school teachers; 2) describe and analyze the experiences that have influenced their academic and professional careers, the value accorded to the various spheres of life, and even their interdependence, as well as the conditions that influence their articulation, and 3) identify the modes of exchange as well as the relational dynamics and to analyze what they entail in terms of recognition and identity construction The epistemological posture of this research is based on an interpretive-critical constructivist perspective. The theoretical position is at the crossroads of three different perspectives: the critical theory of living work from work psychodynamics, feminist perspectives (the sociology of gender relations, French materialist current) and the perspective of life courses as used in guidance sciences. This framework makes it possible to consider the subjective experiences of women's work (salaried and domestic) in preschool and elementary school teaching. The methodology is part of a narrative research based on four data collection strategies: (1) twenty-five individual interviews were conducted with preschool and elementary school teachers; (2) a "photovoix" inspired method was then used to collect seventy-five photos taken and commented on by the participants allowing for the visibility of experiences and issues experienced at work; (3) sixteen screen captures of digital exchanges (Messenger, social networks, emails) were then used to make visible certain informal daily exchanges with family or colleagues. This data collection was carried out in a back-and-forth process between data collection and material analysis over one year. This corpus was analyzed using strategies of phenomenological material examination and conceptualizing categories to get in touch with the meaning of the participants' subjective experiences. Following the collection, processing, and analysis of the materials, on a voluntary basis, two group interviews with five participants each were conducted via the ZOOM application. These group interviews helped to refine the theorizing process. These steps helped to construct a theorizing process that met the specific purpose and objectives of this research. The results and discussions address three facets of the integration into teaching and the relationship to work of preschool and elementary school teachers. First, they show that entry into preschool and primary school teaching results from numerous heterogeneous experiences marked by precariousness and chance, including a long and complex process of employment integration. Among these experiences are the difficulties of inclusion for all, described as "wild", and the centrality of the student's affective bond, care work, and the fusion/confusion of the mother-teacher roles. In this context, for many, it is a matter of surviving the work precariousness. Second, the results show the specificities of women's experiences, in particular the "choice" of pre-school and primary education, the sexual division of domestic work, the maternity cycle and the work organization it generates. Third, the results show that the evolution of exchange spaces or deliberation between colleagues, both formal and informal, face-to-face or online, and the instrumentalization of the content of exchanges between colleagues for managerial purposes raise multiple issues. This thesis work also made it possible to make it visible and better understand the specificities of the articulation of work time for preschool and elementary school teachers. It also raises the need to move away from a conceptualization based on a binary and watertight division of time invested in each sphere of life. Moreover, it reveals tensions when the affective bond to the student is both desired and valued by the teachers and mandatory, implicitly embedding care work in the mission of the Quebec school. Finally, this thesis revealed and understood the many social relations of domination that mark this organizational context and, more specifically, made visible and understood the persistence of many social relations of gender.
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La violence domestique envers les femmes au Mexique : une analyse multidimensionnelle et intersectionnelleValle-Fajer, Minea 03 1900 (has links)
En s’inscrivant dans la perspective du féminisme intersectionnelle et en mobilisant des méthodes mixtes, cette recherche tente de mieux comprendre la violence domestique envers les femmes au Mexique, à la fois à travers une analyse du discours des féministes mexicaines et d’une analyse statistique multidimensionnelle de données d’enquête identifiant les facteurs institutionnels, économiques et socioculturels associés au risque de vivre de la violence domestique. Cette thèse se démarque des réflexions féministes traditionnelles faites au Mexique puisqu’elle approche les rapports de genre en lien avec d’autres systèmes d’oppression et de subordination, fondés notamment sur les rapports de classe et l’ethnicité. Ainsi, elle appréhende la violence faite aux femmes en lien avec le patriarcat, sans réduire ce dernier à quelques indicateurs sociodémographiques et comportementaux mesurés au niveau individuel, mais en tenant compte du contexte d’inégalité de genre au niveau régional. Ce faisant, la recherche tente de réconcilier les deux grandes perspectives théoriques qui expliquent la violence conjugale, soit les approches de la violence familiale (qui s’attardent à des facteurs au niveau microsocial) et les approches féministes (qui mettent l’accent sur la structure patriarcale, c’est-à-dire le contexte plus large des inégalités de genre).
Les résultats des entretiens réalisés avec des féministes représentant les trois branches du féminisme mexicain (féminisme hégémonique, populaire et autochtone) ont révélé les fractures existantes à l’intérieur du mouvement féministe au Mexique (antagonisme entre l’institutionnalisation et l’autonomie du mouvement féministe). De façon générale, l’analyse des entretiens a montré que l’engagement des féministes envers la cause des femmes est en accord avec les «idéaux types» des trois branches du féminisme mexicain. Les féministes hégémoniques mettent surtout l’accent sur la structure patriarcale de la société mexicaine et sur les inégalités de genre lorsqu’il s’agit de trouver des causes à la violence faite aux femmes. Pour les féministes du secteur populaire, la violence faite aux femmes s’explique autant par les inégalités de genre, que par les effets du système économique capitaliste. Le discours des femmes autochtones semble, quant à lui, tenir davantage compte de l’articulation des rapports de genre, des rapports ethniques, ainsi que des rapports socio-économiques. Néanmoins, nous constatons que les féministes de la branche hégémonique et populaire semblent de plus en plus sensibles à l’entrecroisement de systèmes de domination et d’oppression.
Par ailleurs, l’analyse multiniveau effectuée à partir des données de l’Enquête nationale portant sur la dynamique des relations dans les ménages (2006), a révélé plusieurs résultats importants qui méritent d’être soulignés. D’abord on constate que les différences de prévalence des violences entre les municipalités mexicaines sont en grande partie expliquées par leur composition sociale, c’est-à-dire par des caractéristiques des femmes et de leur couple (niveau micro), plutôt que par des différences entre le niveau des inégalités de genre dans les municipalités mexicaines mesurées par l’ISDH (Indice Sexospécifique du Développement Humain). Les résultats des analyses montrent que les femmes autochtones ont en général des taux de violences moins élevés que les femmes métisses (groupe majoritaire). Enfin, en ce qui a trait à la relation entre le contexte d’inégalité de genre et la violence conjugale, les résultats suggèrent que plus l’ISDH d’une municipalité est élevée, plus il y a de femmes qui subissent les formes de violences. Cela va à l’encontre des postulats habituels des théories féministes et suggèrent que les progrès récents de la situation de la femme en matière de santé, d’éducation et de revenu n’ont pas bouleversé les rapports de genre encore très patriarcales qui continuent à privilégier la suprématie des hommes (Casique, 2004). / By adopting the intersectional feminist approach and mobilizing mixed methods, this research seeks to better understand partner violence in Mexico, both through a discourse analysis of the Mexican feminist movement and a quantitative multidimensional level of analysis by identifying the institutional, economic and socio-cultural factors associated with the risk of experiencing domestic violence. This research differs from the traditional feminist reflections made in Mexico because it takes into consideration gender inequality in interaction with other systems of oppression and subordination, mainly based on social class and ethnicity. Thus, it captures partner violence in relation to patriarchy, without reducing it to sociodemographic and behavioral indicators measured at the individual level, but by taking into account the structural context of gender inequality at the regional level. By integrating individual and contextual factors, this research attempts to reconcile the two major theoretical perspectives that explain partner violence, which are the family violence approach (that linger to factors at the micro level) and feminist approaches (which focus on the patriarchal structure, in other terms the broader context of gender inequality).
The results of the discursive analysis from the interviews with the feminists representing all three branches of the Mexican feminism (hegemonic, popular and indigenous feminism) revealed existing fractures within the feminist movement in Mexico (antagonism between institutionalization and autonomy of the feminist movement). In general, this analysis showed that the feminists’ gender struggle and their demands are consistent with the "ideal types" of the three branches of the Mexican feminism. Hegemonic feminism focuses mainly on the patriarchal structure of Mexican society and gender inequality when it comes to finding the causes of violence against women. For the popular feminism, violence against women is explained by both gender inequalities and the vulnerable economic situation. The discourse of indigenous women emphasizes the articulation of gender, ethnic and socio-economic inequalities. However, we found evidence that hegemonic and popular feminism seem increasingly sensitive to the intersection of systems of domination and oppression.
In addition, multilevel analysis using data from the National Survey of Dynamics of Relationships within Households (2006) revealed several important findings that deserve to be highlighted. Firstly, we show that differences in the prevalence of partner violence among Mexican municipalities are largely explained by their social composition, that is to say, by the characteristics of women and their relationship (micro level), rather than differences between the level of gender inequality in the Mexican municipalities measured by the GDI (gender-Human Development Index). In addition, the results show that indigenous women generally have lower rates of violence that the rest of mestizas Mexican women (majority group). Finally, in regard to the relationship between the context of gender inequality and domestic violence, and contrary with what would be expected, violence is higher in municipalities with higher GDI. This result seems to contradict feminist assumptions. It would seem that despite recent progress in women’s situation in areas such as health, education and income in Mexico, it has not been able to transform the gender order.
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La Voix cinématographique : échos et résonances dans les premiers films de Julie Dash et Trinh T. Minh-ha / The cinematic voice : echoes and resonance in the early films of Julie Dash and Trinh T. Minh-haTanis-Plant, Suzette 29 October 2010 (has links)
Les théoriciens de la voix cinématographique, tels Michel Chion, Rick Altman, Mary Ann Doane et Kaja Silverman, évitent une réflexion sur l’expression des rapports de sexe en relation avec l’appartenance raciale ou la question postcoloniale. Au contraire, l’afro-américaine Julie Dash et la vietnamo-américaine Trinh T. Minh-ha se servent de la « caméra-stylo » afin de déconstruire le paradigme dominant de la voix selon lequel l’image serait source de la voix. Les films, Illusions et Daughters of the Dust de Dash, et Reassemblage, Naked Spaces et Surname Viet Given Name Nam de Trinh, désignent l’épistémologie comme un enjeu : les hommes blancs se servent de ce levier que constitue la fabrique de la voix pour investir le lieu du savoir. Ce faisant, ces deux cinéastes contemporaines élaborent un paradigme féministe. La voix masculine transcendante est remplacée par la voix immanente et polyphonique des femmes de couleur. Dash expose les techniques cinématographiques vocales et pratique un montage qui établit une vraisemblance avec la réalité. Nous sommes enveloppés par les voix de ses personnages. Trinh nous fait comprendre « l’architecture » du langage vocal cinématographique et opère un montage qui suspend la continuité. Elle nous incite à en découdre avec des éléments disparates. À travers certains procédés (voix synchronisée/voix désynchronisée par exemple), les femmes portent témoignage de la violence des hommes. Elles révèlent que la justice de la loi du Père est aussi illusoire que la voix cinématographique. D’objet épistémologique, la voix des femmes de couleur devient outil politique : elle détient la promesse de changer les mentalités et de fait, les lois de la cité. / The theoreticians of the cinematic voice, such as Michel Chion, Mary Ann Doane and Kaja Silverman, do not address vocal representation as an issue of gender and its relationship to race and postcolonialism. To the contrary, two contemporary filmmakers, Julie Dash and Trinh T. Minh-ha, use their “caméra-stylo” to deconstruct the dominant paradigm of the voice which has spectators believe that the image is at the source of the voices they hear. The films, Illusions and Daughters of the Dust by Dash, and Reassemblage, Naked Spaces and Surname Viet Given Name Nam by Trinh, show us how the cinematic voice is a construction. The stakes are high: white men use this vocal illusion as a lever to impose control over the world of epistemology. As an alternative, Dash and Trinh propose a feminist paradigm. The transcendent masculine voice is replaced by the immanent and polyphonic voices of women of color. Dash reveals the cinematic techniques of vocal reproduction, and she practices a classical editing that reaches for fidelity. The voices of her characters envelope the spectators. Trinh brings to the screen an understanding of the “architecture” of cinematic language, and her editing techniques suspend continuity. The spectator’s own voice must continually intervene in the construction of meaning. Through various techniques (synchronized/a-synchronized voice), the women characters come forward to witness the violence of men. Their stories reveal that the justice of the Law of the Father is as much an illusion as the cinematic voice. Women of color therefore take up the voice as a political tool: it holds the promise of changing mentalities and, in turn, the laws of city.
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La mobilisation sociale dans un contexte de gouvernance au Québec et en Irlande : le rôle des organismes communautaires dans l'élaboration des politiques pour lutter contre la pauvretéCharlebois, Kathleen 03 1900 (has links)
Cette thèse porte sur le rôle des organismes communautaires entre 1994 et 2002 dans l’élaboration de politiques pour lutter contre la pauvreté au Québec et en Irlande et ce, dans un contexte de gouvernance. Au cours de années 1980 et 1990, des gouvernements, dont ceux du Québec et de l’Irlande, ont fait appel à des organismes communautaires pour que ceux-ci participent à la gestion des services sociaux ainsi qu’à la formulation des politiques sociales. Cette participation s’est inscrite dans le cadre de nouveaux arrangements politiques, soit des nouvelles formes de gouvernance alors que les gouvernements éprouvaient des difficultés à remédier à l’accroissement des inégalités sociales. Cependant, il demeure difficile de discerner en quoi l’établissement de ces nouvelles formes de gouvernance a façonné le rôle des organismes communautaires dans l’élaboration des politiques pour lutter contre la pauvreté. De plus, les partenariats sociaux en Irlande relèvent d’un processus davantage institué que la concertation au Québec, ce qui a entraîné des différences au plan des mobilisations sociales. L’objectif de cette thèse est donc celui de mieux cerner le lien entre les nouvelles formes de gouvernance et la mobilisation sociale des organismes communautaires dans l’élaboration de politiques pour lutter contre la pauvreté.
L’hypothèse mise en avant est que l’efficacité de l’action collective dépend de la manière dont les organismes communautaires s’y prennent pour pallier l’incertitude qui caractérise les modes de gouvernance. Sur le plan théorique, cette thèse mise sur les interactions entre acteurs et, plus particulièrement, sur la formation de réseaux de politiques publiques. Cela implique plus précisément de cerner comment les acteurs coordonnent des activités entre eux et se rallient autour d’un même thème, comme celui de la lutte contre la pauvreté. Lorsque la coordination des activités est forte et que le ralliement autour d’un même thème est important, on parle de coalition de cause. La nécessité de former une coalition se produit dans le contexte d’un champ institutionnel incertain, comme c’est le cas pour les mécanismes de concertation au Québec. Mais le caractère incertain du champ institutionnel entraîne aussi des divergences à l’intérieur de la coalition instaurée à cette occasion, ayant pour effet d’affaiblir la mobilisation sociale. Ainsi, l’interprétation que font les organismes communautaires des nouvelles formes de gouvernance façonne la manière dont ces organismes vont définir la lutte contre la pauvreté et élaborer leurs stratégies.
Sur le plan méthodologique, le choix des cas de l’Irlande et du Québec repose dans les différences qui existent en termes de gouvernance et ce, alors qu’ils partagent de fortes similarités. Tant l’Irlande que le Québec sont caractérisés par des économies de marché ouvertes, des régimes d’État-providence de type libéral ainsi que l’emprise, par le passé, de l’Église catholique dans les services sociaux. Cependant, ces deux cas diffèrent en ce qui concerne le rôle de l’État, le système électoral, le statut juridico-politique, le caractère de leur économie et la place occupée par le milieu communautaire par rapport à l’État. Ces différences permettent de rendre compte du moins en ce qui concerne le Québec et l’Irlande, de la manière dont l’action collective découle de la relation entre les stratégies des acteurs et le contexte dans lequel ils se situent.
Cette thèse montre comment, dans un processus davantage institué, comme c’est le cas des partenariats sociaux en Irlande, la mobilisation sociale s’avère plus efficace que lorsqu’elle se situe dans le cadre d’un processus moins institué, comme ce qu’on peut observer avec la concertation au Québec. Bien que, dans les deux cas, l’influence du milieu communautaire en matière des politiques sociales demeure mitigée, la mobilisation sociale des organismes communautaires irlandais s’est avérée plus efficace que celle de leurs homologues québécois eu égard de la formulation de politiques pour lutter contre la pauvreté. Au Québec, bien que les organismes communautaires sont parvenus à former une coalition, soit le Collectif pour une loi sur l’élimination de la pauvreté, leur mobilisation s’est trouvée affaiblie en raison de la prédominance de divergences entre acteurs communautaires. De telles divergences étaient aggravées en raison du caractère incertain du champ institutionnel lié à la concertation. En Irlande, bien que les organismes communautaires ont dû faire face à des contraintes qui rendaient difficiles la formation d’une coalition, ceux-ci ont pu néanmoins se mobiliser autrement, notamment en raison de liens formés avec des fonctionnaires dans le cadre des ententes partenariales. / This dissertation concentrates on the role community organisations played between 1994 and 2002 in the development of anti-poverty policies in Québec and in Ireland. The elaboration of these policies took place within a context characterized by new forms of governance, that is new political arrangements designed to include non-governmental actors in the policy process. Indeed, since the 1980s and 1990s, community organizations have been called upon by their governments to take part in the delivery of social services and, in particular, in the development of anti-poverty policies. This comes at a time when governments are having difficulty addressing social inequalities. But despite greater inclusion of community organizations into the policy process, the extent of their role in social policy development remains difficult to ascertain. This is made all the more difficult on account of institutional differences, like those that exist between social partnerships in Ireland and cooperation-based initiatives (« la concertation ») in Québec. The objective of this dissertation is therefore to understand how new forms of governance shaped community organizations’ efforts to mobilize around the fight against poverty.
The hypothesis put forth in this dissertation is that collective action is shaped by the way in which community organizations compose with the uncertainty which characterizes new modes of governance. The theoretical framework focuses on the way in which actors interact in the course of the development of anti-poverty policies. These interactions are characterized by the formation of policy networks. Their cohesion depends on the extent to which actors coordinate their activities and also rally around a similar theme, like that of fighting against poverty and social exclusion. When a policy network is highly cohesive, it resembles an advocacy coalition. This happens when actors’ mobilization efforts take place within a less institutionalized process. Because such a process is marked by uncertainty, it becomes necessary for actors such as community organizations to form a coalition. However, with that uncertainty differences emerge over strategy within such a coalition. As a result, the formation of a coalition does not, in and of itself, guarantee a strong mobilization. Put simply, community organizations’ efforts depend on the way in which they interpret the new forms of governance in which they participate.
From a methodological standpoint, the choice to study Québec and Ireland on a comparative basis lies in the fact that although the two cases share strong similarities, they differ sharply when it comes to governance. Both are small open economies, have liberal welfare states and have, in the past, been characterized by the Catholic Church’s predominance in social services. However, these cases differ in terms of the role of the state, their electoral systems, their judicial and political status, the nature of their economies and the role of the community sector in public policy. Such a comparison renders it possible to better understand in what way actors’ strategies are related to the wider context in which they find themselves.
This dissertation has found that while social mobilization may, in the context of an institutionalized process, seem weak, it is more effective in enabling community organizations to exert influence in the development of anti-poverty policies. This was the case in Ireland. Indeed, while the social partnership process constrained community organizations in forming a coalition, it also enabled them to form ties with key civil servants. This gave community organizations the opportunity to tailor their demands in an effective manner. Such a margin of manoeuver did not exist for community organizations in Québec. Moreover, the need to form a coalition resulted in community organizations diverging over strategy. Their divergences stemmed from the uncertain form « la concertation » took in the development of Bill 112, the anti-poverty bill. While community organizations did form a coalition, the Collective to Eliminate Poverty, disagreements over strategy took over, thus weakening mobilization efforts.
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Quels sont les facteurs menant à la consommation de services sexuels rémunérés dans un contexte touristique à l’étranger? : le cas du tourisme sexuel au MexiqueMontmagny Grenier, Catherine 08 1900 (has links)
Il a été montré que l’Homme a un penchant latent à poser des gestes prohibés qui sont contrôlés par les normes formelles et informelles de sa communauté. Si nous sortons un individu de sa communauté sera-t-il plus enclin à poser ces gestes? C’est cette situation que le présent mémoire cherche à exposer. Nous visons à comprendre le processus menant à la consommation de services sexuels rémunérés dans un contexte touristique à l’étranger par l’étude du tourisme sexuel au Mexique. Nous cherchons à définir les facteurs qui motivent, ou du moins favorisent ce type de consommation dans un tel contexte.
Pour rendre compte de ces facteurs, nous utilisons un corpus de données composé de commentaires publiés par des touristes sexuels sur un forum de clavardage, se
trouvant sur la Toile, et de données existantes. Nous analysons ce corpus de
données par une combinaison théorique de l’intersectionnalité et du contrôle social.
Précisément, nous analysons les commentaires seuls afin de rendre compte des motivations des touristes à pratiquer le tourisme sexuel, puis nous analysons les données existantes en établissant des liens avec les commentaires publiés pour connaitre les facteurs qui permettent aux touristes cette pratique. / It has been demonstrated that the human being has a latent inclination for transgression, which is restrained by formal and informal standards set by its community. If, however, we take an individual out of its community, will he be more inclined to transgress norms? The present thesis attempts to expound that situation. We aim to understand the process that leads one to consume paid sexual services in a touristic context abroad by studying sex tourism in Mexico. We are trying to define the factors that motivate, or at least, favour this type of
consummation in such context.
We use a body of evidence composed of comments published by sex tourists on an
online forum, and of existing data to account for these factors. We analyze these evidences by combining intersectionality and social control on a theoretical level.
Specifically, we review the comments alone in order to understand the tourists' motives to seek sex tourism, and we analyze the existing data, establishing links with the published comments as to identify the factors permitting tourists to engage
in that practice.
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Les revendications afro-antillaises à la télévision publique française (1998-2008) : des contentieux postcoloniaux à la re-légitimation d’un modèle d’intégration / French public television and Afro-carribean egalitarian and memory claims (1998-2008) : from postcolonial contentious issues to the re-legitimation of French model of integrationNganga Massengo, Arnaud 03 December 2013 (has links)
A partir d’un corpus télévisé issu des chaînes publiques hertziennes, cette recherche analyse les modalités discursives de traitement télévisuel des contentieux postcoloniaux,- au cœur des mobilisations afro-antillaises articulées autour de trois pôles de luttes (visibilité, discriminations et reconnaissance mémorielle),- réapparus sous la forme d’une nouvelle «Question noire» française durant les années 2000. Il est question plus précisément d’identifier les régimes de monstration de ces mobilisations dont la mise en débat public révèle leur problématisation éristique, à travers un mode d’accès essentiellement polémique à l’agenda médiatique. Ce mode d’admission télévisuel a pour effet l’exhumation en permanence d’un clivage ethno-racial dans les discours publics et médiatiques. En outre, la monstration se déploie à travers le registre d’une mise en scène symbolique de l’opposition entre deux types de figures médiatiques : d’un côté, les Ultra-républicains, dans le rôle des défenseurs autoproclamés de la république et de l’autre, les figures minoritaires engagées dans les actions de contestation de leur statut en son sein. Enfin, cette étude met au jour le déploiement, d’un côté, des procédures discursives de disqualification du minoritaire et de l’autre, celles liées à la re-légitimation du modèle républicain d’intégration dans le processus de prise en charge publique des contentieux postcoloniaux. Cette thèse est structurée autour de deux parties. La première partie s’ouvre sur l’histoire de la présence afro-antillaise en France. Elle met en exergue, dans un premier chapitre, les fondements historiques de la présence noire hexagonale. La deuxième partie concerne notre enquête sur la monstration des revendications afro-antillaises. Charpentée autour de cinq chapitres, cette partie est consacrée à l’analyse des 38 émissions de notre corpus reparties sur une période de dix ans entre 1998 et 2008. / From a French public channels corpus, this study aims to analize Tv representions of postcolonial contentious issues, in the heart of French Blacks mobilisations which are structured around three mean claims (visibility, discriminations and memory recognition). Describing the will of French Blacks to exist on public sphere, these claims make the historic debate of the “Question noire” reappeared from the 2000s. The research, which intends to question the way in which Afro carribean mobilisations were told and represented on French public television, identifies following major trends. Fisrtly, the television debates analysis underlines an “eristic problematisation” of “Question noire” related issues with essentially polemical media coverage. The result of this type of access to the media agenda is a constant exhumation of an ethnoracial split in media and public discourses. Secondly, Tv coverage analysis reveals a symbolic production of an opposition between two dominant media figures. In one side, the “Ultra-républicains” playing the rôle of self-proclaimed defenders of French republic, and, on the other side, a coalition of minoriy claims defenders. The study, at last, reveals both discourses of disqualification of the minorities, and, discourses of re-legitimation of the French model of integration. This thesis consists of two parts. The first one deals with French Black history. It presents historic reasons of their presence from slavery up to decolonization. The second part explores the representation of postcolonial contentious issues in French public televisions. Structured on five chapters, it proposes a content analysis of our corpus based on 38 broadcasts between 1998 and 2008.
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