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Jean Degottex (1918-1988), un parcours singulier / Jean Degottex (1918-1988), a singular pathBouteiller-Laurens, Caroline 30 November 2013 (has links)
Jean Degottex, né en 1918 et décédé en 1988, est un peintre qui a exercé des années 1938 jusqu'à sa mort, soit pendant cinquante ans. Se tournant assez tôt dans sa pratique vers une peinture gestuelle, il est vite remarqué pour cela par André Breton qui y voit la mise en pratique de l'automatisme qu'il recherchait dans l'écriture. Il n'a cependant jamais adhéré au surréalisme tout en étant sensible à certains de ses aspects. La poésie en particulier est une de ses sources d'inspiration majeure. Curieux de l'Orient et de ses calligraphies, il montre un intérêt plus particulier pour l'Asie. Après une rupture importante au milieu des années 60, il reprend son travail en se focalisant tour à tour sur le cercle, la déchirure ou encore la ligne afin de mettre en évidence les caractéristiques plastiques de la matière : la toile, le papier, le bois sont ainsi ouverts, écorchés, disséqués et montrés tels quels, afin de ne rien cacher des processus à l’œuvre dans le travail du peintre. Sensible aux climats sociaux de son temps, la peinture est pour lui une façon de militer. A partir de la biographie du peintre, basée sur ses propres archives, ce travail met en évidence ses contacts, ses réseaux et sa place en France et dans le Monde. L'analyse s'arrête sur ses outils et ses méthodes de travail et montre également l'importance du temps et de la chronologie car elle éclaire la logique interne à l’œuvre, permettant de passer d’une pièce ou d'une série (appelée Suite chez Degottex) à la suivante. / Jean Degottex, was born in 1918 and died in 1988. He worked from 1938 to his death, during fifty years. Early using gestural painting, he is recognized by André Breton for that, who is seeing in this manner the perfect automatism in painting, the same automatism he was seeking in writing. Degottex never subscribed to Surrealism, but he was receptive to some of its aspects. Poesy is one of his major sources of inspiration. Interested in East and its calligraphies, he showed a special interest for Asia. After an important break in his work in the middle of the Sixties, he went back to his work by making a focus on the circle, the rip or the line, with the will to show all the plastic characteritics of the material. Canvas, paper or wood are opened, skinned, dissected and shown as is, with the desire to hide nothing of the processes at work in the painter's work. Sensitive to the social climate of his time, painting was for him a way to militate. From his biography, based on his own archives, this work highlights his contacts, his networks and his place in France and in the World. The analysis put an emphasis on his tools and working methods, and also shows the importance of time and chronology, as it sheds light on the painter's work internal logic, moving from a piece or a series (called Suites by Degottex) to the next one.
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Claude Parent, architecture et expérimentation, 1942-1996 : itinéraire, discours et champ d'action d'un architecte créateur en quête de mouvement / Claude Parent, architecture and experiment, 1942-1996 : itinerary, speech and possibilities of action of a creative architect in search movementJeanroy, Audrey 22 January 2016 (has links)
Consacrer une recherche monographique à un architecte vivant est un exercice d’autant plus ardu que Claude Parent (né en 1923) œuvra à se mettre en scène, autant dans son travail qu’à travers son activité de critique. Le regard historien le plus détaché ne peut être totalement neutre face à des réalisations souvent peu patinées par la mémoire, bien que parfois déjà patrimonialisées. C’est peut-être le moins volontaire des paradoxes que Claude Parent aima à construire autour de sa personne. À travers ses très nombreux écrits, il se construit un personnage de scandale et, pour cela, s’est tôt présenté comme marginalisé par la profession. Il se revendiqua néanmoins « homme de chantier », humble devant la force de l’acte architectural. Cette étude se situe dans le genre consacré de la monographie. Celui-ci est cependant revisité par un croisement avec l’étude des acteurs de la profession d’architecte à l’époque où Claude Parent en débat publiquement, avec l’analyse des structures de maîtrise d’ouvrage et de maîtrise d’œuvre, et avec l’étude des politiques d’urbanisme dans lesquelles l'architecte inscrit ses réalisations autant que ses spéculations théoriques. Cette recherche s’attarde aussi sur la complexité des rapports normatifs que la critique architecturale entretient avec les pratiques projectuelles et constructives. Claude Parent s’étant pensé autant en architecte qu’en homme de médias, sa stature professionnelle et publique composite, ainsi que son regard sur l’époque, non moins complexe, éclairent particulièrement bien les décennies 1950-1990, encore peu étudiées en histoire de l’architecture / To dedicate a monographic research to an alive architect is a difficult exercise, particularly since Claude Parent (born in 1923) himself contributed to his own myth-making, as much in his work as through his activity as a critic. The most detached historian outlook cannot be totally neutral in front of buildings often little skated by memory, although sometimes already considered like « heritage ». It is maybe the least voluntary paradoxe which Claude Parent liked to build around his person. Through his numerous articles, he builds himself a character of scandal and, because of this, was somewhat marginalized by the profession. He claimed to be nevertheless a « man of construction », humble in front of the strength of the architectural act. This study follows the general practice of the monography. It is however revisited through the study of the actors of the architectural profession when Claude Parent debated publicly the subject, with the analysis of the commissioners and architects, and with the study of the urban politics in which the architect places his buildings and his theoretical speculations. This research also questions the complexity of the normative relationships which architectural criticism entertains with design and constructive practices. Claude Parent considers himself like an architect as well as a man of medias. His professional, public and composite stature, as well as his outlook on the period, more complex, shed light on the decades 1950-1990, still little studied in the history of architecture
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Liberté de parole, parole de liberté : étude de quelques oeuvres dramatiques d'Albert Camus et de Tawfik Al-Hakim / Freedom of speech, speech of freedom : a study of some dramatic works of Albert Camus and Tawfik Al-HakimBrekaa, Naglaa Ali Ali Saleh 18 November 2011 (has links)
Cette étude montre comment Albert Camus et Tawfik Al-Hakim, deux dramaturges appartenant à deux cultures différentes, se sont servi, chacun à sa manière, de la parole, pour défendre la liberté dans leurs théâtres. La thèse comprend quatre parties. Partant d'un panorama biographique qui permettra de situer les deux dramaturges dans le contexte social et littéraire de leur temps, nous passerons, dans la deuxième partie, à une analyse du thème de la liberté dans le corpus. A travers une analyse textuelle des pièces traitées, nous découvrirons, dans la troisième partie, comment la parole a été instituée en système de tyrannie. En dénonçant une telle stratégie des régimes totalitaires, les deux dramaturges ont défendu la liberté de parole délibérément écrasée par les tyrans de tous les temps. Nous réfléchirons enfin sur le double jeu de la parole dans les deux théâtres. En y examinant le cas des personnages-prisonniers, nous mettrons en évidence comment la parole peut être aussi bien un moyen de liberté qu'un moyen d'enfermement. Se servir des ressources du théâtre pour être la voix des sans-voix ; plaider en faveur de tous les opprimés sur la terre pour leur rendre la justice et la liberté qu'ils ont perdues, c'est le souci commun de Camus et d'Al-Hakim. / This study shows how Albert Camus and Tawfik Al-Hakim, two playwrights belonging to two different cultures, used speech, each to his manner, to defend freedom in their theatres. The thesis includes four parties. Starting with a biographical panorama that will allow situating the two playwrights in their social and literary time, we shall pass, in the second party, to an analysis of the theme of the freedom in the corpus. Through a textual analysis of studied plays, we shall discover, in the third party, how speech was instituted in totalitarian systems. By a denouncing such strategy of totalitarian regimes, the two playwrights defended the freedom of speech crushed by the tyrants of all the times. We shall reflect finally on the double set of speech in the two theatres. By examining the case of the figures-prisoners, we shall show how speech can be both a means of freedom that one way of confinement. Use the resources of the theater to be the voice of the voiceless, to plead in favor of all the oppressed on the earth to do them justice and freedom that they have lost, is the common concern of Camus and Al-Hakim.
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L’élégie en Europe au XXe siècle : persistance et métamorphoses d’un genre littéraire antique dans les poésies européennes de langue française, allemande, anglaise, italienne, espagnole et grecque / The genre of the elegy in Europe in the XXth centuryReibaud, Laetitia 18 October 2014 (has links)
On croyait l’élégie disparue après l’apogée qu’avait connue le genre pendant le Romantisme et après les attaques dont il avait été la cible, les poètes « modernes » ayant choisi de s’affirmer contre les « excès » du lyrisme romantique dont l’élégie était devenue la caricature. Le lyrisme et la poésie de la première personne sont eux-mêmes restés au centre des attaques et des moqueries durant tout le XXe siècle. C’est pourtant à une renaissance du genre que l’on assiste, timide et progressive dans la première moitié du XXe siècle, puis à une véritable recrudescence dans la seconde moitié du siècle. Les noms des plus grands poètes s’associent aux titres de recueils d’élégies : outre les très célèbres Élégies de Duino de Rilke (1923), ce sont par exemple les Élégies de Juan Ramón Jiménez (1908), les Élégies et satires de Karyotákis (1927), les Hollywoodelegien (1942) et les Buckower Elegien (1953) de Brecht, les Élégies de Pierre Emmanuel (1940), de Jean Grosjean (1967), les Élégies d’Oxópetra d’Elýtis (1991), ou encore les trois grands recueils posthumes de Nelly Sachs, Schwedische Elegien (1940), Die Elegien von den Spuren im Sande (1943) et Elegien auf den Tod meiner Mutter (1950). L’élégie, née au VIIe siècle avant J.-C., est bien vivante au XXe siècle. Face à une telle longévité, trois questions se posent, qui structurent notre travail : sous quelles formes et selon quelle(s) définition(s) l’élégie existe-t-elle au XXe siècle ? Comment joue-t-elle des rapports entre modernités et traditions ? Comment se repositionne-t-elle face aux attaques virulentes des détracteurs du lyrisme et par quoi se caractérisent les nouveaux lyrismes qu’elle met en jeu au XXe siècle ? / Elegy is generally believed to have disappeared from European poetry in the XXth century, after a period of apogee during the Romanticism and after the hard criticism that the “modern” poets, who rejected the “excessive” romantic lyricism, leveled at the elegiac poets. Elegy was considered by the former as the emblem of a romantic out-of-date lyricism. Lyricism and the poetry expressed in the first person remained also the target of the attacks and mockery from a part of the XXth century poets and literary critic. Yet a real revival of the genre happens since the very beginning of the XXth century, hesitant and gradual during the first half of the century, then more abundant and obvious in the second part of the period. The names of major European poets of this century are linked with the genre of elegy, and the titles of their works show it: Juan Ramon Jiménez’s Elegías (1908), Rilke’s Duineser Elegien (1923), Karyotákis’ Elegies and satires (1927), Brecht’s Hollywoodelegien (1942) and Buckower Elegien (1953), Pierre Emmanuel’s and Jean Grosjean’s Élégies (respectively 1940 and 1967), Elýtis’s Oxopetra Elegies (1991), or the three posthumous works of Nelly Sachs, Schwedische Elegien (1940), Die Elegien von den Spuren im Sande (1943) et Elegien auf den Tod meiner Mutter (1950). Born in the VIIth century B.C., the genre of elegy is well alive in the XXth. Such a longevity brings us to three questions which organize our research: which are the shapes of the elegy of the XXth century and on which definition(s) of the genre is it based? Which are the connections and balance between traditions and modernity? How does the genre of elegy outlive the attacks against lyricism and what are the characteristics of the new lyricisms which it gives birth to?
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Éclats de vies muettes. Figures du minuscule et du marginal dans les récits de vie d'Annie Ernaux, Pierre Michon, Pierre Bergounioux et François Bon / Fragments of Muted lives. Representations of the Minuscule and the Marginal in life-narratives [Annie Ernaux, Pierre Michon, Pierre Bergounioux and François Bon]Adler, Aurélie 19 November 2010 (has links)
Les récits de vie d’Annie Ernaux, Pierre Michon, Pierre Bergounioux et François Bon tentent de témoigner des figures oubliées de l’arbre généalogique et des figures laissées pour compte de la société contemporaine. En écho aux mutations épistémologiques des sciences humaines dans les années 1960-1970, ces quatre auteurs entendent écrire l’Histoire non plus du point de vue des hommes illustres, mais du point de vue des anonymes. La mise en récit des sans-voix participe d’un renouvellement des paradigmes de la narration dans les dernières décennies du XXème siècle. Les figures sans histoire semblent en effet induire des processus de réduction et de marginalisation du genre romanesque. La trame des vies muettes se déroule sur le mode de l’éclat, bribes de la mémoire ou jaillissement incisif d’un réel à vif. La ténuité des archives, le maintien d’un soupçon éthique et poétique quant à la reconfiguration narrative de ces vies réelles conduisent l’écrivain à délaisser les formes périmées du roman réaliste. Ils le poussent aussi à questionner l’écart social et culturel avec ces demi-autres, mués en autant de miroirs de soi en éclats. Travaillées d’hypothèses personnelles, analytiques ou fantasmatiques, ces narrations au genre hybride font apparaître une figure d’auteur majuscule problématique, latérale et brisée, nourrie d’une incertitude épistémique majeure. Ces identités narratives diffractées – personnages et auteurs – interrogent en retour l’histoire de la littérature, sa place et sa puissance de résistance dans la société d’aujourd’hui. / Annie Ernaux, Pierre Michon, Pierre Bergounioux and François Bon's life-narratives attempt to bear witness to the genealogical tree of forgotten names and overlooked figures of contemporary society. In dialogue with the epistemological mutations of the social sciences in the 1960's and 1970's, these four authors will work to write History, not from the point of view of the illustrious, but from the point of view of the anonymous. Telling the stories of the voiceless contributes to the renewal of narrative paradigms in the last decades of the 20th century. These figures without history seem to conduce to a process of reduction and marginalization of the novelistic genre itself. The plot of these muted lives unfolds in the form of fragments, snatches from memory or sudden surges of raw reality. The scarcity of archives, the sustained suspicion, both ethical and poetical, regarding the narrative reconfiguration of these real lives lead the writer to abandon the outdated forms of the realistic novel. Such factors also question the social and cultural gap with these « half-others », turned into so many reflections of the self in a shattered mirror. Wrought with personal hypotheses, whether analytical or fantasised, these hybrid narratives reveal a problematic image of the Author, as a lateral and broken entity, informed by major epistemic doubts. In return, these diffracted narrative identities – characters as well as authors – raise questions as to the history of literature, its place and its power of resistance in today's society.
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À la recherche d'une nouvelle vision de l'histoire russe du XXème siècle à travers les manuels scolaires de la Russie postsoviétique (1991-2016) / Looking for a new vision of 20th century Russian history : Analysis of secondary school history textbooks in post-Soviet Russia (1991-2016)Konkka, Olga 25 June 2016 (has links)
La révolution mémorielle qui a marqué la période de la Glasnost, puis la fin de l’URSS ont mis l’enseignement russe devant l’obligation de revoir le contenu des manuels scolaires d’histoire, ainsi que les modalités de leur fonctionnement. Dans les années 1990, la recherche d’une nouvelle grille de lecture de l’histoire nationale du 20ème siècle, enseignée durant les dernières années du curriculum scolaire russe, se trouvait au cœur des débats sur les manuels d’histoire. Les auteurs de ces derniers, qui agissaient désormais dans le cadre de l’économie du marché, oscillaient entre le rejet de l’héritage du passé et la persistance des représentations et approches soviétiques. Depuis le début des années 2000, de multiples injonctions et discours des présidents de la Fédération de Russie (Vladimir Poutine et Dimitri Medvedev) et de leurs ministres ont démontré la volonté de contrôler le choix et le contenu des manuels. Tout cela laissait soupçonner que les autorités politiques avaient l’intention d’instrumentaliser l’histoire nationale, et plus particulièrement celle du 20ème siècle, dans le but d’assurer leur légitimité. De nombreux changements apparaissant dans les manuels des années 2000 et 2010 (tels que la réévaluation de la figure de Staline, le renforcement de l’image de l’Etat fort, le retour de l’idée de l’hostilité de l’Occident ou encore la justification de la géopolitique russe et soviétique) semblent confirmer l’hypothèse selon laquelle le gouvernement cherche à déculpabiliser l’histoire tout en offrant une légitimité historique à sa politique. Cependant, l’analyse des textes de plus de 70 manuels d’histoire postsoviétiques et du contexte de leur publication nous plonge au cœur d’un processus complexe, impliquant de nombreux acteurs. / The revolution in public consciousness that marked the period of Glasnost, and the USSR collapse that followed, compelled Russian Ministry of Education to review the content of history textbooks, as well as the whole process of textbook writing. In the 1990s, the debate on history textbooks focused on the search for a new view of 20th century Russian history taught in the final years of the Russian secondary school curriculum. The textbook authors, now working in the context of the market economy, vacillated between rejection of the legacy of the past and a persistently Soviet point of view. Since the early 2000s, several directives and speeches of Russian presidents Vladimir Putin and Dmitry Medvedev and their ministers have demonstrated the government’s willingness to control the available range of history textbooks and their content. The directives and speeches suggest that political authorities intended to exploit national history, particularly that of the 20th century period, in order to assert their legitimacy. In fact, we can observe many changes in textbooks from the 2000s and the 2010s, such as the re-evaluation of the historical figure of Stalin, the strengthening of the image of a strong State, the return of the concept of Western hostility and the justification of Russian and Soviet geopolitics. This seems to confirm the hypothesis that the government seeks to whitewash the national history while providing its policy with historical legitimacy. However, an analysis of the texts of more than 70 post-Soviet history books and the context of their publication reveals a complex process involving many different actors.
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Expérience et sens du déracinement dans l’œuvre romanesque de Dostoïevski et de Bernanos / Experience and sense of rootlessness in the fiction of Dostoyevsky and BernanosPinot, Anne 25 January 2011 (has links)
Les romans de Dostoïevski et de Bernanos se rencontrent sur la frontière fragile de la littérature et de la métaphysique ; l’incarnation des personnages dans des espaces et des lieux que leurs cœurs troublés contaminent donne au texte son symbolisme essentiel, qui n’est ni le « paysage choisi » romantique, ni l’espace surdéterminé des réalistes. L’incarnation ne contredit pas les règles de la création romanesque, puissamment remodelées par les deux auteurs, mais les refondent dans des histoires familiales archétypales où la maison paternelle peut être le lieu d’un meurtre moral initial. Derrière les discours de personnages bavards, avides de philosophie et de psychologie (ce qui a longtemps retenu surtout l’attention de la critique), se cache la question du langage et de l’esthétique face à la vérité. Beaucoup sont des menteurs, qui ont oublié le sens du langage enraciné auquel croyait Bernanos, et les soliloqueurs de Dostoïevski se perdent dans les méandres de leurs souterrains verbaux. La question de l’esthétique est tributaire des vicissitudes d’une époque (les années 1880-1930) qui est celle du déracinement des intellectuels ; quelle est cette beauté qui « sauvera le monde » dans un univers qui n’est plus théocentré, et quelle est la légitimité du romancier à en proposer la quête, surtout si elle est spirituelle ? Malgré la présence de figures du salut qui, dans la douleur de confrontations violentes, proposent l’acceptation de l’altérité, les déracinés persistent souvent dans la voie du mensonge et préfèrent le masque démoniaque du double ou le néant de l’«à quoi bon ? » / Dostoyevsky's and Bernanos's novels meet up on the frail boundary between literature and metaphysics; the incarnation of characters in spaces and places tainted by their troubled hearts gives the text its essential symbolism, which is neither the romantic "chosen landscape" nor the realists' overdetermined space. Incarnation does not contradict the rules of fictional creation —powerfully remodeled by the two authors— but recasts them in archetypal family stories where the father's home can be the locus of an initial moral murder. Behind the words of garrulous characters, who are eager for philosophy and psychology (which long caught the critics' attention), there lies the question of language and aestheticism confronted with truth. Many of them are liars who have forgotten the meaning of the entrenched language which Bernanos cherished, and Dostoyevsky's soliloquists get lost in the rambling development of their convoluted wording. The question of aestheticism depends on the vicissitudes of a period (1880-1930) which was marked by the uprooting of intellectuals: what is this beauty which will "save the world", a world which is no longer theo-centred, and how legitimate is a novelist who proposes its quest, especially if it is a spiritual one? Despite the existence of salvation figures who, through the suffering caused by violent confrontation, propose the acceptance of otherness, the uprooted characters often choose to lie persistently and prefer the demonic mask of duality or the nothingness of the "a quoi bon", an expression of absolute indifference and disillusionment.
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Le Roi Roger de Karol Szymanowski, chef-d’œuvre de diversité unifiée / Karol Szymanowski’s King Roger, masterpiece of unified diversityFloirat, Anetta 03 December 2011 (has links)
Le Roi Roger, chef-d’oeuvre du compositeur polonais Karol Szymanowski (1882-1937), constitue une œuvre-clé pour le développement de son auteur. Situé dans la Sicile médiévale, théâtre de la confrontation de nombreuses civilisations (notamment grecque, byzantine, arabe et normande), l’opéra se veut mosaïque de cultures (interculturalité) et des sources artistiquement variées (pluridisciplinarité). Allant des Bacchantes d’Euripide jusqu’à la philosophie nietzschéenne et de la musique folklorique des Tatras au drame wagnérien, ce kaléidoscope de sources est articulé par quelques idées fondamentales. L’étude proposée considère l’opéra, selon les termes mêmes du compositeur, dans l’opposition binaire, entre d’« immenses contrastes et richesses » et de « mondes […] unis » par le biais de procédés d’intégration devant faire accéder cette mosaïque au statut d’Œuvre. La présente étude est une série d’éclairages, seul moyen de considérer l’opéra si complexe en entier. Confrontant les projets et le résultat, elle s’organise au rythme des oppositions, approchant différents domaines dans leur épaisseur (étude des sources variées) et leur rôle dans l’œuvre achevée. / King Roger, a masterpiece of the Polish composer Karol Szymanowski (1882-1937) is a key-work to the development of his author. Taking place in the medieval Sicily, setting for the confrontation of many civilisations (in particular Greek, Byzantine, Arabic and Norman), the opera presents itself as a mosaic of cultures (interculturality) and of varied artistic sources (pluridisciplinarity). Extending from the Bacchae of Euripides to nietzschean philosophy and from the music of the Tatra Mountains to the wagnerian drama, this kaleidoscope of sources is articulated by a few fundamental ideas. The present study considers the opera, according to the words of the composer himself, in the binary opposition between « great contrasts and riches » and the « united worlds » by means of particular methods of integration which rise this mosaic to the status of a Work of Art.The present study gives a series of insights into the opera, the only way of considering a work of such complexity in its entirety. Confronting the projects and the result, it is organized by the rhythm of the oppositions in presence, approaching different arts by their multiple layers (through the study of varied sources) and their part in the final work.
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Mezura : survivance des troubadours dans Quelque chose noir de Jacques RoubaudPlante, Manon 08 1900 (has links)
Ce mémoire explore la parenté qui existe entre le principe poétique de mezura (résistance à l’éros mélancolique) élaboré par les troubadours et l’expression du deuil présente dans Quelque chose noir (1986) de Jacques Roubaud. Le premier chapitre vise à cerner comment le rapport aux photographies laissées par Alix Cléo Roubaud, photographe et épouse décédée du poète, mobilise un imaginaire mélancolique propre à l’univers des troubadours. On verra que la contemplation des images permet d’enclencher la mise en mémoire de la disparue. Le deuxième chapitre s’intéresse au dialogue impossible, conçu en termes d’écriture autant que d’oralité, entretenu avec la défunte à travers la reprise de fragments du journal intime d’Alix Cléo Roubaud. En faisant de l’espace poétique un lieu mémoriel, l’inexprimable du deuil se fait paradoxalement source de transmission. Enfin, le dernier chapitre explore les liens qui unissent la structure formelle de Quelque chose noir et la forme médiévale du partimen, plus particulièrement de la « Tenson du néant ». Afin de nommer le rien, la disparition, Roubaud convoque une vaste mémoire littéraire organisée autour des principes du trobar. Ce sont les apories, les tensions maintenues entre des pôles contradictoires, explorées dans chacun des chapitres qui apparentent le dit du deuil à la mezura médiévale, lutte des poètes contre le « néant d’amour ». / This M. A. thesis explores the link between the poetic principle of mezura (resistance to melancholic erosion) elaborated by the troubadours and the expression of mourning presented in Jacques Roubaud’s Quelque chose noir (1986). The first chapter aims at identifying how the relation to the photographs left by Alix Cléo Roubaud, photographer and deceased wife of the poet, mobilizes a melancholic imagination peculiar to the universe of the troubadours. It will be seen that the contemplation of the images makes it possible to initiate the memory of the disappeared. The second chapter examines the impossible dialogue, conceived in terms of writing as much as of orality, maintained with the deceased through the reprise of fragments of the diary of Alix Cléo Roubaud. By making poetic space a memorial place, the inexpressible of mourning is paradoxically a source of transmission. Finally, the last chapter explores the links between the formal structure of Quelque chose noir and the medieval form of the partimen, more particularly the “Tenson du néant”. In order to name the nothing, the disappearance, Roubaud convenes a vast literary memory organized around the principles of the trobar. These are the aporias, the tensions maintained between contradictory poles, explored in each of the chapters that relate the said of mourning to the medieval mezura, struggle of the poets against the “nothingness of love”.
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La réception de la littérature française dans les revues littéraires italiennes de la deuxième moitié du XXème siècle (1944-1970) / The reception of French literature in Italian literary periodicals of the second half of the XXth century (1944-1970)Caristia, Stefania 14 September 2019 (has links)
Comment l’étude de la réception d’une littérature étrangère dans les revues – objets hybrides et fluides dont les spécificités essentielles sont l’inscription dans la durée et le rapport entretenu avec le temps historique, ainsi que le fait d’être le résultat polyphonique d’une création collective – permettrait-elle de dépasser les distinctions entre les approches de l’« esthétique de la réception » et de l’« histoire de la réception » (et encore, de la sociologie et de la sociopolitique), et entre les notions de « réception critique » et de « réception créatrice » ? Notre recherche, portant sur un corpus hétérogène composé de trente revues littéraires et politico-littéraires italiennes, s’est articulée autour de cette question. En s’appuyant sur les notions de transfert et de réseaux et en croisant les approches quantitative et qualitative des textes français, des traductions et des contributions critiques publiés dans les revues, notre travail vise à identifier les lieux et les modalités de la réception, ses évolutions et ses invariants après la Deuxième Guerre mondiale. L’optique interdisciplinaire adoptée, s’attachant aux multiples facettes de ce phénomène, porte un nouveau regard sur les histoires croisées des littératures française et italienne, ainsi que sur l’activité des revues et les pratiques de la critique littéraire. En interrogeant les mécanismes par lesquels les revues s’approprient la littérature étrangère, ce sont les rapports qui existent entre la réception des œuvres littéraires, l’histoire d’un champ littéraire national et les facteurs extra-littéraires (historiques, politiques, idéologiques…) que nous nous proposons de sonder. / Being periodicals a hybrid and fluid object, whose essential particularities are periodicity and the relationship with historical time, as well as being the polyphonic results of a collective creation, how would the study of the reception of a foreign literature in periodicals allow to overcome the distinctions in approaches between the aesthetics of reception and the history of reception, and between the notions of critical reception and creative reception? My research focuses on this question through the analysis of a heterogeneous corpus of thirty Italian literary and politicalliterary periodicals. Building on the notions of “transfer” and “networks” and by crossing quantitative and qualitative approaches in the analysis of French texts, translations and criticism edited in the reviews, my research aims at identifying reception’s places and modalities, its evolutions and invariants after World War II. The interdisciplinary point of view adopted, focusing on the phenomenon’s many aspects, takes a new look on the intermingled histories of French and Italian literature, as well as on the periodicals’ activity and forms of literary criticism. By questioning the mechanisms through which periodicals adapt foreign literature, I aim at surveying the relationships between the reception of literary works, the history of a national literary field and the extraliterary factors (history, politics, ideologies…).
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