Spelling suggestions: "subject:"lumière""
121 |
République Atlantique : double conscience, liminalité et modernité/colonialité à la fin du XVIIIe siècle (1754-1788)Coursin, Régis 25 February 2021 (has links)
1767. Chartres. Jacques-Pierre Brissot de Warville à treize ans, et il vient d'avoir une révélation. Un de ses camarades de classe avec du talent et des idées lui avait fait rencontrer la modernité. Elle s'appelait Corneille, Racine, Voltaire, Diderot, et surtout Rousseau. La Profession de foi du Vicaire Savoyard lui avait ouvert les yeux sur les préjugés et sur la nature humaine. Brissot était devenu en soi et pour soi un sujet moderne. 1777. Paris. Brissot a abandonné sa carrière d'avocat pour celle d'homme de lettres. Il s'était tourné vers Voltaire et d'Alembert afin d'y trouver un appui, mais en vain. Malgré tous ses écrits et ses efforts, il ne parvenait pas à percer dans la République des lettres qui lui promettait pourtant la liberté, l'égalité, la solidarité, l'indépendance, la vérité et la raison. Dans l'indifférence des plus grands, il vivait sur le seuil, ni entièrement inclus, ni totalement exclu. Le jeune philosophe s'était brûlé les ailes à l'appel des Lumières, et était tombé dans le monde de la bohème littéraire. Pour Brissot, les portes du Parnasse étaient restées fermées. Et pour cause. La République des lettres avait été incorporée dans la société française d'Ancien Régime, et reproduisait en son sein la distinction et le privilège. L'identité de Brissot était aussi fracturée, lacunaire et irrésolue que sa modernité. La République des lettres l'avait intégré en principe, mais exclu en acte, et l'image d'aventurier littéraire qui lui était renvoyée ne correspondait pas à celle du philosophe qu'il se faisait de lui-même. En plus d'avoir été séduit par le discours de la modernité, il en portait la marque, celle de la « double conscience ». Brissot était un sujet excepté, liminal, méplacé socialement et psychiquement. Brissot était étranger à lui-même et à sa propre société. 1784. Brissot sort de la Bastille, et doit faire le deuil de sa carrière de philosophe. Mais le sens de la modernité pour lui n'était pas mort. Il poursuivait sa quête d'identité à travers d'autres milieux. Ceux-ci furent pour lui des milieux du passage, des milieux dans lesquels retrouver du lien et du lieu, résoudre sa double conscience, entreprendre sa « régénération », des milieux dans lesquels la République et lui-même comme sujet moderne ne furent pas un mensonge, mais réellement existants. Sa République se réalisait à travers la franc-maçonnerie, le commerce et l'abolitionnisme. En pratique, son espace était l'Atlantique et la société française d'Ancien Régime, son temps celui du surgissement et du kairos. En principe, c'étaient l'univers et le Progrès. L'histoire de Brissot est celle d'une déprise vis-à-vis de la colonialité monarchique, une tentative de subvertir le méplacement par le déplacement psycho-social et spatial, de poursuivre depuis les marges de la société d'ordres sa quête d'ascension sociale, de fortune, de gloire, d'identité, de bonheur. Mais son salut passait par d'autres altérités. Il y avait le genre humain, les Occidentaux et les autres. Il y avait des semblables, des égaux et des malheureux. Il y avait une autre modernité, et à son revers, une autre colonialité. Dans ce travail, Brissot aura entre autres pour compagnons de route William Edward Burghardt Du Bois, Jacques Lacan, Giorgio Agamben, Norbert Elias, Paul Gilroy, Robert Darnton, Walter Mignolo, et pour le fin mot de l'histoire, Walter Benjamin. / Jacques-Pierre Brissot was born in 1754 in Chartres, France, as a commoner but called himself Jacques-Pierre Brissot de Warville, adding a distinctive particle to his name so he would be recognized as a man of distinction. This decision marked his entry into the Parisian literary circle. He was a cultured man of modest origins attracted by the intellectual movement of the Enlightenment, seduced by modernity and his own ideals. He longed to follow in the footsteps of Voltaire and d'Alembert and become recognized as a man of letters. But society was there to remind him that there was a threshold called “privilege”, which kept him from fulfilling his desire and acquiring the position he craved for. The story of Brissot is that of the double consciousness, generated by the psychological tension of being caught between two social classes, a superior one which rejected him and an inferior one from which he was trying to escape. He felt misplaced, a stranger to himself and within his own society. He could not accept this status. He tried to resolve this by travelling, hoping to gain access to the new identity that the Enlightenment had embedded in him. The psycho-social resolution of his quest took place in the multifaceted Atlantic Republic, taking into account the abolitionist transatlantic movement, the Freemasonsʼ influence and the rise of a new commercial market culture. But this Atlantic Republic was also the time-space of a new ascendancy: an another world tainted by colonialism and its many repercussions, emerging from Brissot's vision on the modern world lying behind his words and gestures.
|
122 |
Winckelmann et ses désirs (presque) secrets : amour entre hommes et idéaux de la masculinité à l’ère néoclassique (1755-1768)McCutcheon, Shawn 08 1900 (has links)
L’étude des œuvres et de la correspondance de Johann Joachim Winckelmann, produites entre 1755 et 1768, offre un regard nouveau sur l’amour entre hommes au 18e siècle et sur sa relation à la construction de la masculinité. Le cas de Winckelmann illustre le caractère construit et changeant de l’érotisme. En effet, l’influence de l’exemple hellénique est visible dans le fantasme homoérotique qu’il élabora dans ses œuvres dans le but de s’expliquer ses désirs. L’Antiquité, par son autorité culturelle, représenta un espace relativement sécuritaire où Winckelmann put exprimer sa sensibilité homoérotique à laquelle le contexte occidental était alors très défavorable : la littérature antique exaltait l’affection entre hommes et sa statuaire, le corps masculin nu. Le fantasme que fit Winckelmann fut capital pour sa compréhension et la justification de ses relations avec d’autres hommes, surtout après son arrivée en Italie en 1755. Loin de se cantonner à la répression de l’homoérotisme par la société européenne des Lumières, le cas de Winckelmann en illustre le potentiel d’intégration partielle. En effet, l’originalité de Winckelmann tient à sa façon de communiquer ses idéaux homoérotiques dans des textes savants, tout en rendant sa perception du beau masculin et son amour des hommes socialement acceptables. Enfin, plusieurs indices dans les œuvres et la correspondance de Winckelmann portent à penser qu’il était conscient de sa différence et qu’il se constitua entre 1755 et 1768 une communauté discrète d’hommes aussi sensibles aux désirs homoérotiques. / Studying the works and letters of Johann Joachim Winckelmann written between 1755 and 1768 gives new insights on love between men in the 18th century and on its relation to the construction of masculinity. The case of Winckelmann illustrates the constructed and changing nature of eroticism: the influence of the Hellenic example is visible in the homoerotic fantasy that Winckelmann used to interpret his desires. Antiquity, given its cultural authority, represented a relatively safe space where Winckelmann was able to express his homoerotic sensibility to which the western context was hostile. Greek literature exalted the display of affection between men and its statuary, the nude male body. This fantasy would later prove to be the capital in Winckelmann’s comprehension and justifications of his relations with other men in Italy after 1755. Far from being confined to the repression of homoeroticism by the 18th century European society, the case of Winckelmann illustrates its potential for partial integration. The originality of Winckelmann lies in the way he used to communicate his homoerotic ideas in scholarly texts while rendering them socially acceptable. Finally, several clues in his works and letters bear to think that Winckelmann was aware of his difference and that between 1755 and 1768 he created for himself a discrete community of men also sensitive to homoerotic desires.
|
123 |
José Antonio de Alzate y Ramírez : una empresa periodística “sabia” en el Nuevo MundoHébert, Sara 04 1900 (has links)
José Antonio de Alzate y Ramírez (1737-1799) est reconnu aujourd’hui, entre autres choses, comme un des premiers journalistes, scientifiques, critiques littéraires et patriotes mexicains. Ce mémoire présente, dans un premier temps, une introduction à la vie et l’œuvre du personnage et rend compte de la réception globale de celle-ci, de 1831 à nos jours. Nous y montrons que les différents journaux d’Alzate, ses Diario literario de México (1768), Asuntos Varios sobre Ciencia y Arte (1772-1773), Observaciones sobre la física (1787-1788), et Gaceta de literatura (1788-1795), ont été étudiés principalement dans le contexte historique de la création de la nation mexicaine et que les intentions patriotiques ou proto-nationales qui lui ont été prêtées méritent d’être nuancées.
Effectivement, bien qu’il ait publié plusieurs textes susceptibles de contribuer à améliorer certains domaines de l’économie américaine, tels que les activités minières, l’agriculture et les arts manuels, l’auteur révèle à travers son discours un désir de participer, au moyen de ses journaux, au mouvement scientifique européen. En ce sens, nous défendons l’hypothèse qu’Alzate ait choisi de pratiquer un type de journalisme spécifique, inspiré notamment du Journal des Sçavans (1665) et du Journal de Physique (1771-1773), qui lui permettrait de s’adresser autant à ses compatriotes, qu’aux membres de la République des Lettres. Nous présentons une étude comparative des similarités qui existent entre les publications d’Alzate et les deux journaux français ci-haut mentionnés, notamment en ce qui concerne les buts énoncés par leurs éditeurs ainsi que les modalités discursives et les thèmes qui les caractérisent. Dans le même ordre d’idée, nous soutenons que les publications d’Alzate présentent plusieurs des éléments clés qui définissent les journaux savants produits en Europe durant le dix-huitième siècle selon les études réalisées par Jean-Pierre Vittu.
Enfin, nous expliquons comment le modèle du «journal savant» a été adapté par Alzate aux particularités de la Nouvelle-Espagne. Nous abordons, entre autres, les questions de la censure, de la critique et du manque de ressources financières dont il a souffert, facteurs qui, selon nos études, ont façonné l’entreprise du personnage. D’autre part, nous analysons les attitudes scientifiques adoptées par Alzate en tant que membre de la République des Lettres. Nous examinons aussi les principales sources de savoir qu’il a préconisées en tant qu’auteur afin d’accomplir certains devoirs propres aux membres de cette communauté. / José Antonio de Alzate y Ramírez is known for being one of the first Mexican journalists, scientists, literary critics and insurgents. The first chapter of this thesis offers a concise presentation of the author’s life and work and an overall review of the studies that were made of his Diario literario de México (1768), Asuntos varios sobre ciencias y artes (1772-1773), Observaciones sobre la física, historia natural y artes útiles (1787-1788) and Gaceta de literatura de México (1788-1795), from the year 1831 until this day. This work shows that his four newspapers have been studied mainly within the historical context of the creation of the Mexican nation and it demonstrates that the patriotic or proto-national intentions that were attributed to him deserve to be reconsidered.
This thesis demonstrates that Alzate chose to produce a particular type of journalism somewhat similar to the French Journal des Sçavans (1665-1683) and Journal de Physique (1771-1773) that would allow him to contribute personally to the progress of science. Up to this day, no important study has been made comparing the prestigious French journals and Alzate’s publications. We are taking a first step in this direction as we highlight how his project appears to have been directly inspired by the two French periodicals, comparing the goals their editors shared and the subjects they explored. It will also be shown that Alzate’s periodicals present the essential elements that define most of the learned journals (“journaux savants”) published in Europe during the eighteenth century, as defined by Jean-Pierre Vittu.
Finally, this thesis illustrates how Alzate adapted the model of the “journal savant” to the particularities of the society of New Spain. It focuses on the subjects of censorship, criticism and the lack of financial or institutional support that the Mexican journalist had to deal with. It also clarifies Alzate’s scientific attitudes as an author by examining his objective of belonging to the universal Republic of Letters and the specific purposes that its members were trying to achieve. It also presents a new definition of Alzate’s global scientific vision and explores the sources of knowledge he considered to be valuable in order to accomplish his goals as a “savant”. / José Antonio de Alzate y Ramírez es reconocido hoy como uno de los primeros periodistas, científicos, críticos literarios y hasta “insurgentes” mexicanos. En primer lugar, ofrecemos una breve presentación de la vida y obra del autor y damos cuenta de la recepción general que tuvieron sus Diario literario de México (1768), Asuntos varios sobre ciencias y artes (1772-1773), Observaciones sobre la física, historia natural y artes útiles (1787-1788) y Gaceta de literatura de México (1788-1795), desde 1831 hasta nuestros días. Damos a entender, entre otras cosas, que la obra de nuestro personaje ha sido estudiada principalmente dentro del contexto histórico nacional mexicano y que las intenciones patrióticas que se le han prestado merecen ser matizadas. Por nuestra parte, preferimos analizar sus publicaciones e intenciones en relación con su sentimiento de pertenencia a la República de las Letras.
En este sentido, en el segundo apartado de nuestra memoria, demostramos que Alzate eligió practicar un tipo de periodismo, inspirado principalmente en el Journal des Sçavans (1665-1683) y el Journal de Physique (1771-1773), que le permitiera participar personalmente en el progreso de la Ciencia. Hasta el momento, no se había hecho ningún trabajo comparativo entre las principales publicaciones sabias francesas y los papeles que produjo Alzate. Damos, pues, un primer paso en esta dirección y señalamos en qué manera se asemejan dichas publicaciones, sobre todo en cuanto a propósitos, contenido y modalidades discursivas. Mostramos, pues, que los papeles periódicos publicados por el novohispano presentan muchos de los elementos fundamentales que caracterizan, según Jean-Pierre Vittu, al “papel periódico sabio” europeo.
Luego, ilustramos cómo dicho género de periodismo fue adaptado por Alzate a las particularidades de la sociedad colonial novohispana. Abordamos los temas de la censura, de la crítica y de la falta de recursos económicos que constituyeron los principales obstáculos que nuestro publicista enfrentó a lo largo de su carrera. Volvemos también a definir las actitudes científicas manifestadas por Alzate como productor de saber en función de su sentimiento de pertenencia a la República de las Letras y de los deberes que buscaron cumplir sus miembros. Redefinimos, pues, la visión científica global que adoptó y las fuentes de saber que consideró válidas.
|
124 |
La France - la race - les colonies : une analyse historiographique en trois tempsFoucher, Maxime 08 1900 (has links)
Ce mémoire a pour objectif d’analyser et de répertorier les productions historiographiques sur la race et le racisme dans l’Atlantique français au XVIIIe siècle. À travers nos lectures, nous avons pu constater que l’historiographie sur les colonies françaises, de plus en plus abondante, et l’approche privilégiant l’espace atlantique ont pris beaucoup d’importance depuis les vingt dernières années et cela a grandement influencé notre choix de diviser les productions historiographiques en trois catégories qui seront les trois chapitres de ce mémoire. Dans un premier temps, nous traiterons des travaux portant plus spécifiquement sur la race et le racisme où nous présenterons le débat quant à l’origine temporelle du racisme. Par la suite, nous présenterons certains travaux en histoire de l’esclavage dans l’Atlantique français qui relient le développement de l’esclavage et celui de la pensée raciale. Finalement, nous aborderons la question du racisme dans la métropole française au XVIIIe siècle en analysant les études qui ont été faites sur les questions des minorités noires et juives en France ainsi que les études sur la question coloniale à l’heure de la Révolution française. Par ailleurs, nous allons aussi présenter le désaccord qu’il y a entre les historiens quant à l’authenticité de la croyance des philosophes des Lumières en leur idéologie prônant la tolérance. Avec les nouvelles productions en histoire atlantique, il est évident que la conception de la race en France est le résultat d’une multitude de facteurs : culturels, scientifiques, économiques et politiques. / This thesis aims to analyse and categorize the historiography on race and racism in the French Atlantic in the eighteenth century. The increasing weight of historical productions on the colonies and especially on the French Atlantic in the past 20 years is clear and influenced our decision to divide the historiography into three categories corresponding to the three chapters of this thesis. First, we will discuss the work relating more specifically to race and racism and present the debate concerning the period in which racism first arose. Second, we will present historical works on the intersection of slavery and race in the French Atlantic. Finally, we will address the issue of racism in the French metropolis in the eighteenth century by analyzing studies concerning Black and Jewish minorities in France, on political debates during the French Revolution and on race in Enlightenment thought. Taken together, these studies show that ideas about race in France were the result of a multitude of factors, from scientific and intellectual to economic and political.
|
125 |
Des « réminiscences » aux « tableaux poétiques » : Sturm und Drang et tendance sentimentale dans l’œuvre de Karl Philipp Moritz / From « reminiscences » to « poetic pictures » : Sturm und Drang and sentimental trend in Karl Philipp Moritz’ workLe Meec-Colson, Béatrice 10 December 2011 (has links)
La découverte d’œuvres du Sturm und Drang et de la tendance sentimentale (allemande et anglaise) fut pour le jeune K. Ph. Moritz une expérience déterminante, aussi bien pour le développement de sa personnalité que pour ses débuts comme écrivain. Nous avons entrepris d’étudier les différentes « traces » laissées par cette littérature dans les écrits de l’auteur, ainsi que leur évolution, notamment dans le cadre d’une pratique de l’intertextualité transformant de simples « réminiscences » littéraires en procédés d’écriture maîtrisés, voire même en « tableaux poétiques ». Nous analysons tout d’abord la réception du Sturm und Drang et de la tendance sentimentale par Anton Reiser (« double » du jeune Moritz) comme lecteur, poète et spectateur, réception « mise en scène » par l’auteur dans son roman autobiographique Anton Reiser. Nous tentons ensuite de montrer comment Moritz, entre 1780 et 1790, prend de la distance avec « l’enthousiasme » caractérisant sa réception de jeunesse de ces courants, sur lesquels il pose désormais un regard « éclairé » et objectif, depuis son point de vue d’écrivain, de critique littéraire et de psychologue empirique des « Lumières tardives », rejetant l’outrance dans le tragique, critiquant la Schwärmerei et observant les « maladies de l’âme ». Enfin, nous consacrons notre dernière partie au point de vue « esthétique » depuis lequel Moritz considère certaines œuvres du « temps des génies » (particulièrement Les Souffrances du jeune Werther), qui trouvent également leur place dans la théorie littéraire de l’auteur (exposée dans plusieurs écrits publiés après son séjour en Italie, entre 1792 et 1794), et dans sa pratique de la description de paysages. / To discover works from the Sturm und Drang (« Storm and stress ») movement and from the sentimental trend (German and British) was a determining experience to the young Karl Philipp Moritz, for the development of his personality as well as for the beginning of his career as a writer. The present study aims at researching the « traces » left by this literature in Moritz’ work, and their evolution, in particular through intertextuality, which transforms simple literary « reminiscences » into mastered literary techniques, even into « poetic pictures ». First we analyse the reception of the Sturm und Drang and of Sentimentalism by Anton Reiser (« double » of Moritz in his youth) as reader, poet and spectator, reception « represented » by Moritz in his autobiographical novel Anton Reiser. We then examine how the author, between 1780 and 1790, distances himself from his former « enthusiastic » reception of those literary trends: from now on, he considers them from his « enlightened » and objective point of view as a novelist, a dramatist, a critic and an empirical psychologist of the « Late Enlightenment », rejecting excesses in tragedy, criticising the Schwärmerei and studying the « diseases of the soul ». The last part of our study is devoted to the « aesthetic » point of view, from which Moritz considers some works from the sentimental trend and from the Sturm und Drang (in particular The Sorrows of the Young Werther), which have also found a place in the literary theory of the author (expounded in several writings published between 1792 and 1794, after Moritz’ stay in Italy) and in his pratice of landscape description.
|
126 |
Quand le comment explique le pourquoi : les trois versions successives du "Manuscrit trouvé à Saragosse" (1794, 1804, 1810) de Jean Potocki / When how explains why : The three versions of Manuscrit trouvé a Saragosse (1794, 1804, 1810) by Jean PotockiFrischknecht, Lorenz 18 February 2012 (has links)
L’histoire du texte a toujours accompagné la recherche sur le Manuscrit trouvé à Saragosse, roman-somme de l’aristocrate polonais Jean Potocki (1761-1815). Mais elle ne peut pourtant pas expliquer pourquoi l’auteur en a rédigé trois versions successives. Ce que l’on peut dégager du texte, c’est la manière dont Potocki a modifié les versions dites de 1794, 1804 et 1810. Ainsi, si l’on compare minutieusement le texte et la structure des versions, on constate que certaines tendances de réajustements apparaissent à tous les niveaux de l’écriture : celui des mots, celui des phrases et celui des chapitres ou « journées ». À titre d’exemple, on peut citer la tendance à la concision, puisque les histoires racontées sont plus concentrées dans les versions remaniées. On peut mentionner aussi les modifications euphoniques ou rythmiques, qui sont perceptibles si l’on compare entre eux les mots choisis par l’auteur et qui permettent d’établir plusieurs synthèses concernant les refontes de la structure globale du roman. / The history of text has never failed to accompany the researches about Manuscrit trouvé a Saragosse, monumental novel by the Polish aristocrat Jean Potocki (1761-1815). Still it does not explain why the author has written three successive versions. The only differences you can read out of the text is the way Potocki has modified each version of the novel (1794, 1804, 1810). A careful comparison of text and structure of each version show certain tendencies of reworking at all levels of writing: that of words, the sentences and the chapters or “journées”. One of these tendencies for example is the concision, as the stories in the modified versions are told more concentrated. Also euphonic and rhythmic changes may be mentioned here: they appear in comparison with the words chosen by the author and allow further syntheses with the revision of the entire novel structure.
|
127 |
De la pratique esclavagiste aux campagnes abolitionnistes : une Ecosse en quête d'identité, XVII-XIX siècles / From slavery to abolitionism : questioning the Scottish identity, 17th-19th centuriesCournil, Mélanie 27 May 2016 (has links)
Ce travail de thèse a pour but d’étudier le degré d’implication des Écossais dans le système esclavagiste britannique graduellement mis en place dans les colonies du Nouveau Monde à partir du XVIIe siècle. Dans la lignée de publications récentes témoignant d’un intérêt grandissant pour la question, il vise à mettre au jour un pan problématique de l’histoire écossaise, qui trouve un écho particulier dans les discussions actuelles sur l’identité nationale écossaise. Cette thèse s’attarde ainsi sur le rôle particulier joué par les Écossais dans le développement économique de la traite négrière et au sein des sociétés esclavagistes des Antilles britanniques. Ce travail de recherche s’intéresse également à l’émergence des idées abolitionnistes en Grande-Bretagne au début du XIXe siècle et à la place des Écossais dans ce grand débat sociétal. L’enjeu de cette thèse est de déterminer s’il existait une spécificité de comportement, d’idéologie, dans le rôle joué par les Écossais au sein du système esclavagiste et dans les campagnes abolitionnistes dans le contexte impérial post-Union. Cette démarche ne s’inscrit pas dans la volonté clivante de singulariser les Écossais, mais de remettre en question l’homogénéité des notions d’« esclavagisme britannique » et d’ « abolitionnisme britannique ». Selon une approche chronologique, ce travail de recherche s’organise en trois mouvements. La première partie s’articule autour de la genèse d’une idéologie impériale écossaise, s’appuyant sur une conception économique esclavagiste. La seconde partie s’attarde sur la réalité du système esclavagiste dans les colonies et la place des colons écossais tandis que la dernière partie revient sur l’apport philosophique, idéologique et politique des Écossais dans les campagnes abolitionnistes britanniques et sur leur inclusion dans un projet à l’identité britannique très affirmée. / This dissertation explores the scope of the Scottish involvement in the British slave system that was implemented in the colonies of the New World from the 17th century onwards. In the wake of recent research revealing a growing interest for this specific issue, it aims at examining a problematic aspect of Scotland’s history, shedding some new light on the current debate about national identity in Scotland. This thesis dwells on the particular role played by the Scots in the economic development of the African slave trade and their participation in slave societies in the West Indies. This research also takes interest in the emergence of abolitionist ideas in Great Britain at the beginning of the 19th century and the part Scottish people played in the national debate. The main purpose is to determine whether there existed a Scottish specificity, regarding behaviours and ideology, in the British slave system and in the British abolitionist movement within the post-Union imperial context. The intent is not to single Scottish people out but rather to question the relevance of concepts such as « British slavery » and « British abolitionism ».Adopting a chronological approach, this thesis consists of three parts. First, it revolves around the development of the Scottish imperial ideology and of a colonial economic conception based on slavery. The second part dwells on the harsh reality of the slave system in the colonies and the role Scottish colonists played in it. Finally, the thesis tackles the philosophical, ideological and political contribution of Scottish people to the British abolitionist campaigns and examines their inclusion within this British scheme.
|
128 |
La construction et la déconstruction des modèles de l'absolutisme éclairé dans l'Europe des Lumières / The construction and the deconstruction of models of the Enlightened absolutism in the Europe of enlightened philosophersBundalo, Anja 16 November 2018 (has links)
Les philosophes français des Lumières se sont évertués, notamment dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, à préciser les cas où l’inégalité et les limites de la liberté seraient conformes aux lois naturelles afin de proposer les préceptes permettant une vie sociale épanouie. Ce faisant, ils ouvrirent la voie à la formation des absolutismes éclairés qui trouvent leurs racines juridiques dans la théorie du droit naturel. Elaborée pour une large part par Voltaire qui la mettait directement en relation avec l’idéologie des absolutismes « classiques », l’idéologie des absolutismes éclairés avait pour but principal la création d’un Etat fort. Ayant accepté les propositions des philosophes les « rois philosophes » ou « monarques éclairés » fondèrent les justificatifs d’une telle politique sur la langue, la mode, et surtout sur la confiance dans un progrès que la France avait su promouvoir. / The French philosophers of the Age of Enlightenment, especially in the second part of the eighteenth century, endeavoured to specify the cases in which inequality and the limitations of freedom would be in accordance with natural laws in order to propose precepts for a blossoming life. By doing so, they opened the way to the formation of enlightened absolutism, a model of government that finds its legal foundations in the Natural Law Theory Developed largely part by Voltaire, who put it in the direct relation with the ideology of “classical” absolutism, the ideology of enlightened absolutism had as its principal goal the creation of a strong state. Having embraced the philosophers’ precepts, the “enlightened monarchs” or “philosopher kings” founded the evidence of such a policy on language, fashion, and especially on the confidence in a progress that France had been able to promote.
|
129 |
Rousseau et l'héritage de Montaigne / Rousseau and Montaigne’s legacyGittler, Bernard 25 September 2015 (has links)
Cette recherche porte sur le rôle joué par la lecture de Montaigne dans la philosophie de Rousseau.Il convenait d’abord de repérer les traces de cette lecture et les différents témoignages qu’en donnent son œuvre publiée ainsi que ses manuscrits, d’établir les éditions dans lesquelles Rousseau lit les Essais et les perspectives dans lesquelles il le fait. Il fallait établir également les médiations qui ont joué un rôle dans la réception de Montaigne par Rousseau. Les Essais sont édités et lus au XVIIIe siècle selon des perspectives auxquelles il ne cesse de se confronter. Nombre d’auteurs du XVIIe siècle sur lesquels il s’appuie dialoguent avec Montaigne. L’étude de la relation que Rousseau entretient avec lui demande donc l’examen de toute une tradition philosophique qui s’appuie elle-même sur Montaigne.Cette dimension de l’héritage conduit à trianguler les références, implicites ou explicites, que Rousseau fait à Montaigne dans son œuvre philosophique. Il lui sert de point d’appui pour dialoguer avec Diderot traducteur de Shaftesbury et pour prendre parti, dès le premier Discours, en faveur de la religion naturelle. La lecture politique des Essais qu’il produit nourrit son opposition à toute forme de domination et lui permet de critiquer la position de Montesquieu sur le luxe. Cette lecture politique se développe dans le second Discours, pour dénoncer les effets de l’intérêt particulier, qui détruit le lien politique. Rousseau s’appuie encore sur les principes de La Boétie qu’il trouve dans les Essais pour penser la dépravation de l’homme en société. Le lien social ne demande pas de suivre une morale opposée à l’intérêt, mais de poursuivre l’intérêt universel qui nous lie aux autres hommes. Montaigne occupe aussi une place déterminante dans le dialogue que Rousseau entretient avec des auteurs comme Barbeyrac, Mandeville ou Locke.Cette thèse montre ainsi que la référence à Montaigne met en jeu les principes fondamentaux de la philosophie politique et morale de Rousseau. / The aim of this study is to analyze the role of Montaigne’s legacy in Rousseau’s philosophy.First, evidences and views of Rousseau’s reading of Montaigne have been examined in his published works and in his manuscripts. Editions in which Rousseau was reading Montaigne have also been identified.Then, mediations between Rousseau and Montaigne’s reception have been reviewed. Rousseau reads the Essais with the 18th century points of view. He relies on 17th century authors who judge Montaigne. Therefore, thanks to this philosophical tradition who deals with Montaigne, links between Montaigne and Rousseau are analysed.The implicit and explicit references to Montaigne in Rousseau’s work are triangulated. Rousseau quotes Montaigne to deal with Diderot, – translator of Shaftesbury, to defend natural religion as early as in his First Discourse on the Sciences and Arts.Rousseau has a political reading of the Essais. He denounces all kind of domination, and criticizes Montesquieu’s apology of luxury. The political reading of Montaigne increases in the second Discourse : the possessive individualism destroys the social link.Rousseau underlines the La Boétie’s principles in the Essais, which show the political depravation of society. The social link does not demand to follow moral rules against citizen’s interests. Humanity has to pursue a universal interest, which establishes a relationship between each human being and the whole humanity.Montaigne has a central position to understand the dialogues between Rousseau and Barbeyrac, Mandeville, and Locke. Rousseau refers to Montaigne when he defends his moral and politic fundamental principles.
|
130 |
Des maîtres d’école aux instituteurs : une histoire de communautés rurales, de République et d’éducation, entre Lumières et Révolution (années 1760-1802) / From school teachers to teachers : a history of rural communities, of Republic and education, between Enlightenment and Revolution (years 1760-1802)Simien, Côme 09 December 2017 (has links)
Cette thèse a pour objet la grande énigme scolaire de la Révolution française : l’échec de l’école publique et le succès des écoles privées (cette dichotomie publique-privée ayant été créée par la Révolution). Loin de s’expliquer d’abord par le conservatisme politique et religieux des classes populaires, ainsi que les historiens l’ont affirmé depuis la fin du XIXe siècle, la déroute du projet scolaire républicain, n’est en réalité ni évidente de partout (en ville, l’école publique n’est pas en échec), ni linéaire (elle ne survient pas avant le printemps 1795 dans les campagnes). Pour la comprendre, il importe surtout de l’inscrire dans une histoire au long cours : depuis les années 1760, l’école élémentaire (celle où l’on apprend à lire, écrire et compter) a été appropriée par les communautés villageoises, au point de devenir une véritable « institution de proximité », contrôlée dans les faits par le groupe des co-résidents, malgré toutes les règles édictées par la monarchie et l’Église catholique afin d’en confier la direction aux évêques et aux curés. « Institution de proximité », l’école l’est d’autant plus aisément devenue que les enseignants de la fin de l’Ancien Régime (presque tous laïcs) accomplissaient au village (mais pas en ville) un ensemble de services extra-scolaires essentiels à l’affirmation de cet « esprit de localité » que l’on sait être si prononcé dans les communautés rurales du XVIIIe siècle : ce sont eux qui sonnaient les cloches paroissiales, entretenaient l’horloge communale, arpentaient les terres de la communauté et en dressaient la carte, chantaient la messe lors du culte, assuraient l’entretien de l’église et assuraient les fonctions de secrétaire-greffier de la collectivité locale. Au sein du village, l’enseignement dispensé par le maître d’école était du reste lui même perçu comme un lieu de perpétuation de la « personnalité collective locale » : au cours du second XVIIIe siècle, les pratiques pédagogiques des régents d’école ont en effet fini par intégrer le vaste complexe des « coutumes » locales. À ce titre, les communautés rurales imposaient aux enseignants qu’elles recrutaient (et qu’elles regardaient comme leur « serviteur ») qu’ils se conforment en tous points aux pratiques scolaires traditionnelles du village, freinant ainsi l’introduction dans les campagnes des innovations pédagogiques pensées par la Réforme catholique (La Salle, Démia, etc.) et par les Lumières. Bien avant 1789, les collectivités locales ont donc appris à éviter les prescriptions scolaires extérieures au village pour administrer l’école en fonction de leurs propres attentes.La Révolution, bien plus qu’elle ne contrarie cette emprise du local sur l’école, contribue au contraire à accentuer ce processus au long cours, malgré ses ambitions, tôt affirmées et maintes fois rappelées, d’imposer un « État instructeur » – comme l’avaient réclamé les Lumières depuis l’expulsion des Jésuites. À partir de 1789 et jusqu’en l’an II, alors que disparaissent rapidement les autorités de tutelle traditionnelle des petites écoles (évêques, intendants) et que les communautés rurales sortent parallèlement renforcées par la création des municipalités communales, les villages parviennent enfin pleinement à exercer une autorité souveraine sur l’école et ses enseignants. Tout change à partir du printemps 1795, lorsque deux nouvelles lois scolaires tentent d’arracher l’école publique de la sphère des compétences communales. Les villages se détournent aussitôt de cette dernière, pourtant massivement investie l’année précédente, et ouvrent dans le même temps de nombreuses écoles privées (autorisées par les deux mêmes lois). Au fond, il faut d’abord voir dans ce mouvement un moyen pour les collectivités locales de ne pas être dépossédées de leurs usages coutumiers de l’école. [...] / [No summary]
|
Page generated in 0.8269 seconds