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Innocence et vérité dans le procès pénal français et anglo-saxon / The search for the truth in french and anglo-saxon criminal proceedingsInchauspé, Dominique 07 September 2016 (has links)
Le véritable enseignement de la présente étude réside en ce que, comme déjà évoqué, le poids de l’appareil judiciaire finit par acquérir plus de consistance que le crime lui-même. A « l’aventure criminelle », c’est-à-dire celle, tragique, des faits à réprimer, se substitue « l’aventure judiciaire », celle de la marche de la justice en vue de parvenir au jugement des faits. Qu’il s’agisse du procès pénal français ou anglo-saxon, l’étude démontre que les règles applicables sont d’une telle complexité qu’elles génèrent une logique judiciaire spécifique et presque détachée des faits à traiter. Les praticiens sont souvent surpris du contraste entre les faits à juger, dont les mobiles et les circonstances sont toujours simples, et la solution judiciaire plus et/ou trop élaborée.L’étude démontre encore le caractère immuable et presque immobile de la justice pénale. Qu’il s’agisse de la France ou des pays anglo-saxons, les fondamentaux des deux systèmes judiciaires en concurrence –procédure inquisitoire ou procédure accusatoire- sont les mêmes depuis le Moyen Âge. Certes, des réformes interviennent, le poids du contradictoire s’accroit, les procédures de recours sont organisées, etc. Mais il s’agit toujours en France de faire faire une enquête approfondie avant procès par un organe d’état et, dans les pays anglo-saxons, de voir s’affronter deux thèses avec un avantage pratique à l’accusation.C’est que, comme le démontre aussi l’étude, la philosophie sociale de chacun des deux mondes français et anglo-saxon est différente sur le statut du suspect : objet d’une recherche de la vérité en France et presque coupable chez les Anglo-Saxons.Cette philosophie sociale en recoupe une autre : la philosophie politique. En France, l’individu est assisté car l’Etat est plus grand que lui ; dans les pays anglo-saxons, l’individu est un homme libre et seul responsable de son destin. Dès lors, en France, l’Etat veut forger sa propre opinion sur des faits délictueux ; dans les pays anglo-saxons, l’affrontement des individus (parquetiers et défenseurs) prime le reste. De plus, dans ces pays, la liberté et l’indépendance reconnues à l’individu le rendent davantage responsable de ses faits et gestes, d’où l’importance démesurée accordée à l’aveu. Pour autant, cette philosophie politique d’un citoyen libre et fort est un extraordinaire levier pour l’Histoire de la Liberté et celle aussi de l’Expansion économique. Sans elle, les pays européens du continent n’auraient sans doute pas pu se soustraire à la botte de conquérants. Sans elle, les Etats-Unis ne seraient pas une locomotive du développement.Il ne faudrait pas croire non plus que le monde anglo-saxon n’a fait que peu d’apports positifs au procès pénal. C’est à la loi britannique sur l’Habeas corpus de 1679 que l’on doit l’idée d’un délai raisonnable pour être jugé et, à défaut, le droit à être remis en liberté. C’est encore aux Britanniques que l’on doit l’idée de droits de la défense recensés en tant que tels, d’abord dans certains articles de la Magna Carta de 1212 puis dans le Bill of Rights de 1689. C’est aux Américains que l’on doit l’idée de sacraliser les droits de la défense en leur donnant un contenu constitutionnel par les amendements à la Constitution de 1787, ajoutés à partir de 1789, une idée qui sera reprise bien plus tard dans la Convention Européenne des Droits de l’Homme et des libertés fondamentales.L’étude montre donc que les pays anglo-saxons réputés pragmatiques ont plutôt fait des contributions de principe, sans mesurer que les applications pratiques qu’ils en tirent dénaturent le procès pénal. L’étude montre aussi que la France, réputée pour ses approches dogmatiques et rationnelles mais d’une raison déconnectée des réalités, a une vision bien plus juste du procès pénal.L’étude a enfin montré que, dans le domaine de la justice pénale, les mondes français et anglo-saxons s’ignorent. / This study shows that the criminal process finally acquires more consistency than the crime itself. The “criminal adventure”, namely the tragical story of the crime itself, turns into “the judicial adventure”, namely the path of justice towards the final decision (conviction or dismissal). Whether it deals with the French or with the Anglo-Saxon models, the legal rules are so complicated that they create a judicial logic which is specific and clipped from the facts of the case. In comparison, the motives and the circumstances of a crime are always simple. Accordingly, the judicial issue appears to be more (and often too much) elaborated than the crime itself.The study also shows the unchanging character of the criminal justice. Whether it is in France or in the Anglo-Saxon countries, the fundamentals of the two justices which are concurrent – inquisitorial model and adversary one- are the same that in the Middle Age. Of course, some reforms happened. The importance of the rule of the contradictory increases, etc. However, the main concern of the French justice still deals with a pretrial investigation which is very thoroughly conducted by a state agency. The Anglo-Saxon model always lies in the confrontation of two thesis with a practical advantage given to the prosecution. These different approaches by the two justices are attributable to a different social philosophy. The status of the suspected person greatly differs whether he is prosecuted in France or in the Anglo-Saxon countries: in France, this status is a matter of the search for the truth; in the Anglo-Saxon countries, this status is in practice that of an almost guilty one, even if his guilt must be proved beyond a reasonable doubt.This social and/or ethic philosophy recuts another one: the political philosophy. In France, the individual is assisted since the State is deemed to be “stronger” than him; in the Anglo-Saxon countries, the individual is a free man; accordingly, he is solely responsible for his acts. Therefore, in France, the State wants to fix up its own opinion about the crime; in the Anglo-Saxon countries, the confrontation of the prosecution and the lawyer outdoes all the rest, in particular the truth. Moreover, in these countries, according to the freedom and the independence of the individual, an undue importance is given to confessions.However, the Anglo-Saxon political philosophy is an extraordinary lever for the history and the liberty and also for the economic expansion. Without it, the continental countries would not have been able to be freed from the conquerors of the two world wars and the cold war. Without it, the US would not be a forefront of the progress.We do not consider that the Anglo-Saxon world made few positive contributions to the criminal proceedings. Indeed, this is the famous English Habeas Corpus Act of 1679 which created the idea of a reasonable time to be tried in court and, if not, to be released from prison. From the English comes the idea of an explicit list of rights of the defence, in particular in some articles in the Magna Carta of 1212 and then officially included in the Bill of Rights of 1689. From the Americans comes the idea of making the rights of defence sacred through the amendments of the constitution. We remember that this idea arrived late in Europe with the ECHR.Therefore, the study shows that the Anglo-Saxons countries which benefit from a reputation of pragmatism have rather acted as theoreticians of criminal law. They have provided the world of criminal justice mainly with contributions close to symbols. They have underestimated the consequences of these symbols in the practice of the criminal proceedings. The study shows also that the French, who are often known for their dogmatic approach of problems, have a better understanding of the criminal proceedings.The study shows especially that the Anglo-Saxon world of criminal justice and the French one totally ignore each other.
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De la justice à la fiction : Gianrico Carofiglio et le roman judiciaire / From justice to flctlon : Gianrico Carofiglio and the legal thrillerFaustino, Pauline 26 June 2017 (has links)
L'entrée de Gianrico Carofiglio sur la scène littéraire, en 2002, a permis l'affirmation d'un genre qui, jusque-là, semblait l'apanage de la production américaine. Le roman de procédure italien, écrit par des juristes et offrant une représentation réaliste de l'univers judiciaire, est en plein essor en Italie et rencontre un lectorat important. Cette thèse tente d'en dégager les spécificités et d'en expliquer le succès au travers de l'analyse des cinq romans centrés sur le personnage de ''l'avvocato Guerrieri" . / The entry of Gianrico Carofiglio on the literary scene in 2002 allowed the affirmation of a genre that until then seemed the preserve of the American production. The ltalian legal thriller, written by jurists and offering a realistic representation of the judiciary, is growing in Italy and meets an important readershp. This thesis attempts to identify its specificities and explain its success through the analysis of the five novels centered on the character of the avvocato Guerrieri.
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Blowing the Whistle : Narratives and Frames of Truth-Telling / The Cultural life of WhistleblowingAgostoni Egede, Carlo 01 February 2018 (has links)
Cette thèse explore le phénomène de whistleblowing et comment il a été encadré, principalement du point de vue anglo-saxon, à travers des lectures proches de récits culturels et une vue critique sur l'érudition existante sur whistleblowing. À travers des lectures rapprochées d'une sélection de cas, la poursuite, l'importance et l'impact de la vérité apparaîtront comme le thème central dans les récits culturelles explorées, mais aussi les moments où la vérité est rendu impuissante, en raison de sa nature coercitive comme factualité. L'impuissance de la vérité vécue par les lanceurs d'alerte ("les whistleblowers") est ce qui relie d'autre part les récits culturels à l'art tragique. Les diseurs de vérité ne sont pas reconnus, et ils entrent dans un conflit tragique parce qu'elles révèlent des vérités qui ne sont pas pratiques pour les gens au pouvoir. En d'autres termes, les whistleblowers, en disant la vérité, cherchent à élargir l'espace épistémique dans la sphère publique et à tenir les gens et le pouvoir responsables. Cependant, ils sont continuellement négativement encadrés avec des métaphores conceptuelles qui obstruent la perception d'eux en tant que conteurs de la vérité. / This dissertation posits that whistleblowing is factual truth-telling, or truthful public denunciation. In scholarship, media, and in the popular perception of whistleblowing, the truth-claim is often overlooked, and in many occasions hampered by the dominant ways it is framed (e.g. as leak, which is explored among other frames as a problematic conceptual metaphor). Interestingly, the representation of the whistleblower is different in cultural narratives. Through close readings of a selection of cases, the pursuit, importance, and impact of truth will appear as the central theme in the explored plots, but also the moments where truth becomes impotent, due to its coercive nature as factuality - a process that furthermore connects whistleblowing with the idea of the tragic. Put differently, the special literary interest of narratives of whistleblowing is to turn ignorance into knowledge, knowledge into telling, and how the unraveling of truth becomes a reversal of fortune for the truth-teller who enters a particular tragic conflict. As frame, as narrative, and as a modern phenomenon of truthful public denunciation, whistleblowing offers particular moments of truth, often about moments of falsehood, and ultimately seeks to be a moment of impetus: for the public to restore justice, and for readerships and audience of narrative and dramatic configurations to choose or to distance themselves from multiple proposals of justice emplotted - not only ethical justice, but also epistemic, hermeneutical, and testimonial justice. In other words, whistleblowers, by telling the truth, seek to expand the epistemic space in the public sphere and hold people and power accountable.
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L'image de Galilée dans le développement de la philosophie des sciences en France entre 1850 et 1950 : l'exemple de Paul Tannery, de Pierre Duhem et d'Alexandre Koyré / Non communiquéGueye, Khalifa 21 June 2010 (has links)
Le mérite et la gloire de Galilée sont largement reconnus par ses commentateurs. La grande majorité des historiens lui octroie la paternité de la science moderne. Mais les lieux communs s’arrêtent à ces considérations. Tout se passe comme si le physicien florentin refusait tout enfermement méthodologique préférant prendre la couleur idéologique de ses exégètes. Il constitue un sujet de premier ordre en philosophie des sciences. Le développement de cette dernière, conçue comme discipline à part entière au début du XXe Siècle, s’est accompagnée en France d’une réflexion accrue sur lascience moderne et la philosophie qui la sous-tend. La glorification rationaliste des Lumières et du positivisme avait fait de Galilée le héros qui a permis de mettre la mécanique classique en lieu et place de l’ancienne physique aristotélicienne. Il était considéré par Comte comme l’inventeur de la Science. Au début du XXe S., le temps des révisions était venu. L’empirisme des Lumières et les faits généraux d’Auguste Comte laissent place à une conception aprioriste de la physique moderne défendue par Paul Tannery. La philosophie des sciences en France telle que nous la connaissons estnée avec les travaux de Tannery et de Gaston Milhaud. Si l’image de Galilée dans la pensée de Tannery est très proche de la perception d’Alexandre Koyré de la science moderne, Pierre Duhem, lui, se met en désaccord avec ses deux compatriotes en défendant l’idée d’une continuité entre la science médiévale et la science classique. / Galileo’s merit and fame are largely acknowledged by his commentators. The majority of philosophers refer to him as the father of modern science. But commonplaces stop with these considerations. Everything takes place as if the Florentine physicist refused any methodological imprisonment and did not mind taking the ideological color of his interpreters. His work constitutes a first-rate subject in philosophy of science. The development of the latter as a full-fledged discipline at the beginning of the 20th Century was accompanied in France with an intense reflection on modern science and the philosophy which underlies it. The rationalistic glorification of the Enlightenment and positivism had made Galileo the hero who allowed classical mechanics to replace astrological physics. He was considered by Comte to be the creator of Science. At the beginning of 20th Century it was time for a reevaluation. The empiricism of the Enlightenment and the general facts of Auguste Comte yielded to an aprioristic comprehension of modern physics defended by Paul Tannery. Philosophy of science as it is practiced today in France was shaped by the endeavours of Tannery and Gaston Milhaud. If the image of Galileo in Tannery closely resembles that found in Alexandre Koyré, Pierre Duhem, who defended the idea of a continuity between Medieval Science and Classic Science, stands apart.
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Ecriture de l'aventure et quête identitaire dans l'oeuvre de l'écrivain chilien Francisco Coloane (1910-2002) / The Writing of Adventure and the Quest for Identity in the Works of Chilean Writer Francisco Coloane (1910-2002)Patoyt, Estelle 05 December 2015 (has links)
Cette étude vise à montrer de quelles manières les récits de Francisco Coloane contribuent à la définition d’une identité régionale australe à travers la représentation d’un espace naturel exceptionnel et la peinture de sociétés humaines marginales dont le mode d’existence est déterminé par leur environnement. L’écriture portant cette représentation témoigne d’une volonté de lever le voile sur une réalité méconnue, isolée et fantasmée, de saisir l’essence du monde austral. L’espace exploré s'écrit d'abord à travers l’expérience personnelle de son auteur en Patagonie où il a découvert des hommes, mais surtout des lieux et une nature à part qui seront au fondement d’un univers poétique unique. En accord avec la nature du lieu où les récits sont ancrés, Coloane écrit l’aventure. Une lecture approfondie de ses romans révèle que celle-ci s’y confond avec l’apprentissage de soi : les héros australs sont confrontés à une quête identitaire dont le sens est également collectif dans la mesure où leur trajectoire romanesque est représentative du destin d’une communauté. Dans le même temps, au sein de l’espace marin, la littérature de Coloane prend une dimension universelle car l’aventure en mer, en imposant à l’homme une confrontation permanente avec la mort, devient l’occasion de questionnements métaphysiques. Les enjeux de l’aventure ne sont pas seulement ontologiques : les récits proposent une aventure intellectuelle pleinement ancrée dans le contexte physique et culturel australs, guidée par des narrateurs géographe, naturaliste et ethnologue, autant de figures de savants et d’enquêteurs sur le monde austral. Les textes se révèlent les médiums d’un vaste savoir sur la région australe, dont ils réalisent la transmission. Ils participent ainsi de la saisie d’un monde qui reste toutefois essentiellement mystérieux. Enfin, le souci de vérité qui sous-tend l’écriture de Coloane doit s’entendre aussi comme un désir de justice : ses textes s’attachent à rendre visibles les ouvriers oubliés de l’histoire officielle ainsi que les habitants originels du Grand Sud, les Indiens australs, décimés par les promoteurs de l’exploitation industrielle de la région. Dans cette double perspective heuristique et critique, Coloane dévoile une réalité tragique longtemps occultée par le voile d'une utopie qui a fait des confins chiliens une terre avant tout romantique. Pourtant, tout en se dégageant de ce mythe, Coloane pense la survie de l'identité australe dans la pérennité de liens intimes entre l'homme et son milieu. / This study aims to show how the narratives of Francisco Coloane contribute to the definition of a regional Austral identity through the representation of exceptional natural spaces and the description of maginalized human societies whose way of existence is determined by its natural milieu. Coloane’s writing testifies to a desire to lift the veil on an unknown, isolated and fantasized reality and to understand the essence of the Austral world. The space explored in Coloane’s stories and novels is first of all that of the author’s personal experiences in Patagonia, where he discovered men, but above all places, an otherworldly nature that would become the foundation of a unique poetic universe. In keeping with the settings of his narratives, Coloane’s novels are adventures. Close reading reveals, however, that adventure isalways confounded here with the quest for self-knowledge : Coloane’s Austral heroes are engaged in a pursuit for identity whose meaning is also collective, to the extent that their novelistic trajectory is representative of the destiny of a community. At the same time, maritime space, Coloane’s work takes on a universal dimension, for adventure at sea, imposing on man a permanent confrontation with death, becomes the occasion for metaphysical examinations. The stakes of this adventure are not only ontological: Coloane’s work is an intellectual adventure fully anchored in the physical and cultural context of Chile’s southern territories, navigated by erudite, investigative narrators—geographers, naturalists and ethnologists of the Austral world. Coloane’s texts are vehicules for the transmission of an encyclopedic range of knowledge about Chile’s southernmost regions. They participate in the understanding of a world that remains nevertheless essentially mysterious. Finally, the concern for truth which underlies Coloane’s writing must also be understood as a desire for justice : his texts make visible the workers forgotten by official history as well as the indigeneous inhabitants of the extreme southern territories, decimated by the promoters of industrial exploitation in the region. From this heuristic and critical perspective, Coloane unveils a tragic reality long obscured by the veil of a utopia that transformed Chile’s outermost regions into the stuff of romantic legend. Abandoning such myths, Coloane nevertheless imagines the survival of the Austral identity in the permanence of intimate connections between man and his milieu.
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Sens, référence, idéographie : études sur et autour de Frege / Sense, reference, conceptual script : studies on FregeTrebaul, Dewi 11 December 2015 (has links)
Notre travail de thèse aborde la question suivante : quel est le thème de l'idéographie frégéenne ? Nous y répondons en questionnant l'emploi de la terminologie modèle-théorique ordinairement employée. Notre méthode consiste en un examen détaillé des Grundgesetze, ainsi qu'en une approche comparative avec les œuvres de deux objecteurs contemporains de Frege, le Tractatus-logico philosophicus de Wittgenstein et les Fondements de la géométrie de Hilbert. Pour déterminer ce dont traite l'idéographie, il faut envisager la manière dont sont rendues signifiantes les expressions qu'elle contient. En vue de répondre à cette question, un examen du statut des notions de sens et de référence est accompli, au niveau épistémique, correspondant à la compréhension par un locuteur, ainsi qu'au niveau théorique, concernant leur place précise dans le compte-rendu des démonstrations en langage idéographique. Les notions de sens et de référence sont expliquées par des éclaircissements : leur introduction est déjà leur mise en œuvre. Nous privilégions une lecture interne de ces notions. Au centre de notre travail se trouve le défi formaliste : peut-on conjuguer l'idéal d'une corrélation bi-univoque entre signes et sens et l'exigence d'une pluralité de signes de même sens, nécessaire aux définitions ? Nous montrons que la distinction entre sens et référence conserve un rôle opératoire dans l'idéographie, qu'elle illustre la fécondité démonstrative du système, ce qui a peu été souligné jusqu'à présent dans les études frégéennes. Ainsi il est possible de défendre Frege face à ce défi en soutenant que la diversité des sens, même corrélée à la diversité des signes, ne lui est pas réductible. / Our doctoral thesis addresses the following question : what is the theme of the fregean conceptual script? We answer it in questioning the model-theoretical framework currently used. Our method consists in a close study of the fregean texts, especially the Grundgesetze, and in a comparative approach with the works of two contemporary critics of Frege, the Tractatus logico-philosophicus by Wittgenstein and the Foundations of geometry by Hilbert. To determine what the fregean conceptual script is about, we have to consider how the expressions it contains are made significant. For that purpose, a close examination of the notions of sense and reference is carried out, at the epistemic level, that corresponds to the understanding by a speaker, and at the theoretic level, that concerns the role it plays in the account of proofs in the conceptual script. Frege explains the notions of sense and reference through elucidations: their introduction is already part of their use. We favour an internal reading of these notions.Crucial in our work is what we reconstruct as a formalist challenge addressed to Frege: is it possible to combine the ideal of a one-one correlation between signs and senses with the demand of a plurality of signs with the same sense, necessary for the purpose of definitions? We show that the distinction between sense and reference retains an operative role in the conceptual script, that it highlights the fecundity of the system, which has seldom been underlined in the fregean studies. Thus we argue that Frege can face that formalist challenge, because the plurality of senses, even when it is correlated with the plurality of signs, cannot be reduced to it.
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La construction de la réalité historique chez le chroniqueur Jean Froissart / The Construction of Historical Reality in Jean Froissart’s ChroniclesVejrychová, Věra 21 January 2017 (has links)
Le projet historique de Jean Froissart s’inscrit dans un discours particulier sur les genres historiques, sur les rapports entre la forme et la vérité que le récit des faits est censé véhiculer, sur la manière de construire l’autorité de l’histoire racontée. C’est au croisement entre ce contexte et l’individualité de l’auteur que nous avons voulu sonder les perspectives du chroniqueur sur l’écriture historique. Préoccupé dès le début par les questions de l’impartialité et de la crédibilité de son propos, Froissart met en place un système référentiel de plus en plus complexe qui a pour but d’authentifier son récit des grands événements qui secouaient les royaumes occidentaux depuis presqu’un siècle. La réalité historique que Jean Froissart recrée dans ses Chroniques est dépendante des facteurs personnels qui conditionnaient son appréhension du monde, des manières dont il s’identifiait dans la société de son temps. Elle est recréée avec un grand talent de raconter, mais aussi – ce que l’on a trop souvent méconnu – avec un souci de plus en plus accru de découvrir et d’exposer les réseaux de causes qui sont à l’œuvre dans le cours des événements. Cependant, les moyens littéraires auxquels Froissart faisait appel et qui sont associés notamment à l’art du conteur qu’il était, participent eux à l’authenticité de l’histoire qu´il raconte. Car si le chroniqueur se veut celui qui éternise les faits dignes de mémoire, il se refuse en même temps à écrire une autre histoire que véridique. Et cette préoccupation première de son écriture ne doit pas être obscurcie par le fait que son approche ne corresponde pas à nos critères contemporains de l’écriture de l’histoire. / Jean Froissart´s historical project falls within a specific discourse on historical genres, on relationships between form and truth which an account of deeds is expected to convey, on the manner in which the authority of a story being told is constructed. It is on the very intersection of this context and the individuality of the author that I based my search for the chronicler’s perspectives on the writing of history. Froissart was from the outset concerned with the issues of impartiality and credibility of his account and created a system of references, which grew more and more complex, designed to authenticate his version of important events which had been shaking the West for almost a century. The historical reality which Jean Froissart recreates in his Chronicles is dependent on personal factors which determined his understanding of the world as well as his self-identification within the society of his time. It is undeniably recreated with great storytelling talent, but also – and this has often been overlooked – with growing desire to discover and expose the relations of causes which were at work in the course of the events. Nonetheless, Froissart’s literary means, which are often associated with his artistry as a storyteller, do contribute, for their part, to the authenticity of the story. For if the chronicler presents himself as the one who eternalizes deeds worthy of remembrance, he refuses at the same time to write any other history than the true and truthful one. This primary concern of his should not be obscured by the fact that his approach and methods do not correspond to our contemporary criteria of historical writing.
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Romanciers cyniques : Octave Mirbeau, Pierre Drieu la Rochelle, Michel Houellebecq / Cynics novelists : Octave Mirbeau, Pierre Drieu la Rochelle, Michel HouellebecqFustin, Ludivine 11 January 2017 (has links)
À travers l’étude des romans de trois écrivains jugés cyniques – au sens antique ou moderne du terme –, il s’agit de chercher à définir un nouveau statut auctorial dans l’histoire du champ littéraire du XIXe au XXIe siècles : celui de romancier cynique. Le fil conducteur de cette recherche procède, avant tout, du rapport fondamental qu’entretient le cynisme avec la vérité. Vérité historique, lorsque ces écrivains envisagent le cynisme (notion qui touche aussi bien à la philosophie, à la psychologie qu’à la morale) comme un matériau romanesque, autrement dit, un thème, un caractère, une attitude à exposer afin de dévoiler au mieux la réalité de leur siècle respectif. Vérité transhistorique, quand ils s’attachent à révéler ce que sont l’homme et le monde. Le cynisme relève alors d’une pratique, celle du dire-vrai, qui favorise le caractère aléthique du texte littéraire et conditionne la teneur du discours véhiculé par le roman : c’est un centre autour duquel gravitent des thèmes, des éléments narratifs et des procédés d’écriture communs aux écrits romanesques de Mirbeau, de Drieu et de Houellebecq, dont les horizons sont pourtant bien distincts. Cette forte implication du cynisme dans l’espace littéraire suppose nécessairement un rapport singulier au réel ; elle exige du romancier qu’il ménage la rencontre du fictif et du vécu, tout en déclenchant un processus de dévoilement, franc et lucide, à l’égard de la littérature elle-même. Le romancier cynique se doit de mettre à nu les faiblesses, les contradictions, voire les travers de la littérature afin d’être au plus près de ce qu’elle est vraiment. / The antique and modern study of the novels by these three cynical writers aims at trying to portray a new authorial status in the history of nineteenth to twenty-first century literature : the status of the cynical novelist. First and foremost, the common thread of this research comes from the essential link between cynicism and truth. On the one hand, truth as historic truth is defined when cynicism (in its philosophical, psychological and ethical terms) is considered by these novelists as a novel material, in other words, a theme, a character, and an attitude, which exposes the reality of their respective century. On the other hand, truth as transhistorical truth is when they endeavour to unveil what mankind and world are. Cynicism comes therefore from the habit of truth-telling, the one that promotes the alethic aspect of the literary text and determines the content of the speech conveyed by the novel. Mirbeau, Drieu and Houellebecq novels have really definite horizons of their owns. But if I consider the common points to these three writers, I can say that this truth-telling process is a centre around which themes, narrative elements and writing processes gravitate. This strong involvement of cynicism in the literary space necessarily implies a singular connection to reality, therefore, it implies for the novelist both to handle carefully this melting of fiction and real-life experiences and to trigger a process of a honest and lucid disclosure towards literature itself. A cynical novelist must expose the weaknesses, the contradictions and even the quirks of literature in order to be as close as possible to what it really is.
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La quête de l'identité dans le récit : étude stylistique et poétique : Le premier homme d’Albert Camus : Les Oliviers de la justice de Jean Pélégri : Ébauche du père de Jean Sénac : Outremer de Morgan Sportes / The search for identity in the narrative stylistic and poetic studyAcharchour, Tassadit 27 June 2016 (has links)
Cette thèse porte sur la quête de l’identité narrative dans quatre récits : Le premier homme d’Albert Camus, Les Oliviers de la justice de Jean Pélégri, Ébauche du père de Jean Sénac et Outremer de Morgan Sportes. Les auteurs de ces récits ont appartenu à la communauté des Français d’Algérie et, par la suite, à celle des pieds-noirs. Les textes portent, en majeure partie, sur la fin de l’Algérie française. Ceci explique la référence, entre autres périodes, aux années 1954-1962 et aux conséquences dramatiques qui en ont découlé, tels que l’exil et le déracinement. La désignation « Algérie française » contient en elle-même une double référence identitaire, quand elle ne renvoie pas à une pluralité de composantes. Définir ou formuler son identité pose, dans le cas de nos auteurs, une réelle difficulté, qui s’accentue lorsque les origines sont ambiguës. C’est ce que nous avons essayé d’étudier, à travers notamment l’énonciation et la mise en place de l’interlocution, étant donné que le questionnement sur soi est une interrogation adressée par un locuteur à un tiers. Il s’agit, en outre, de mettre en évidence les notions d’altérité et du regard de l’autre, et leur rôle dans la constitution de soi ou de la revendication d’une quelconque identité, car la quête s’organise autour de la relation avec cet autre. Ce travail montre que s’il n’y a pas de réponses claires et suffisantes aux interrogations premières des narrateurs, la recherche d’une identité est un parcours qui aboutit à la construction d’une vérité sur soi donnant sens à l’existence. / This dissertation deals with the quest for narrative identity in four distinct narratives: Le Premier Homme, by Albert Camus; Les Oliviers de la justice, by Jean Pélégri; Ébauche du père, by Jean Sénac; and Outremer, by Morgan Sportes. The authors of these narratives belonged to the community of French people born in Algeria and, later on, to that of the pieds-noirs. The texts examine mainly the end of French Algeria. This accounts for the reference to the years 1954-1962, among other periods of time, and to the tragic consequences these years led to, including exile and uprooting. The designation “French Algeria” in itself contains at least a dual reference to identity, if not referring to a plurality of components. For each of the four authors considered, defining or expressing their identity creates a real difficulty, which increases when origins are ambiguous. This is what I have attempted to explore, notably through the enunciation and interlocution process, as questions about oneself are questions articulated by one person to a third party. Beyond this, my aim is to highlight the concepts of otherness and of the way one is seen by another person, as well as the role they play in the constitution of the self or in the construction of a claim about any identity, for the quest is organized around the relation to this other. This work shows that while there are no clear or satisfying answers to the initial interrogations of the narrators the search for identity is a journey that leads to the construction of a truth about oneself which imparts meaning to one’s existence.
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La détermination d'un verdict en action et contexteSaghbini, Charbel January 2016 (has links)
Cette thèse tire son originalité du fait qu’elle se situe à la croisée des chemins entre droit et sciences sociales. En mettant en œuvre une sociologie juridique de notre système accusatoire au Canada, nous cherchons à comprendre les manières par lesquelles se construit une vérité judiciaire dans les procès criminels. Dans le cadre d’une perspective ethnométhodologique, cette thèse a pour finalité de cerner les méthodes pratiques employées par les acteurs judiciaires dans leur quotidien afin de produire une vérité judiciaire en tant que fait social objectif. Nous nous sommes ainsi penchés sur l’ensemble des pratiques et des raisonnements qui s’inscrivent dans un contexte d’action où chaque acteur judiciaire est propulsé à rendre compte de sa version de la « vérité », et par voie de conséquence, chercher l’adhésion du juge. Les cas examinés concernent des voies de fait jugés au Québec.
Dans un premier temps, cette thèse montre qu’une vérité judiciaire résulte d’un processus de construction, dans lequel la poursuite catégorise des faits en « crime » et l’image d’un individu en « criminel », pour établir la culpabilité de l’accusé hors de tout doute raisonnable. Dans un deuxième temps, une vérité judiciaire est le résultat d’un processus de déconstruction où la défense remet en question ces catégorisations par l’examen de la vraisemblance des faits et de la crédibilité d’un témoin. Dans un troisième temps, la vérité judiciaire est le résultat d’un processus de reconstruction où la défense présente une version alternative aux catégorisations initiales de la poursuite. Alors que le premier processus s’acharne sur l’activité pratique de la poursuite, les deux derniers nous ont permis de comprendre comment le jeu du doute s’opère dans l’activité pratique de la défense. Dans un dernier temps, la thèse montre qu’une vérité judiciaire est déterminée par le juge, ce dernier étant porté à se positionner sur des versions contradictoires par l’examen de la rigueur, de la consistance, de la vraisemblance et de la crédibilité des témoignages.
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