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De l'absolu littéraire au neutre : les fins de la littérature selon Maurice Blanchot et Samuel BeckettPopovici-Toma, Cosmin 04 1900 (has links)
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« C’est encore par elles qu’on arrive le plus vite » : la dynamique des pouvoirs entre le héros et ses adjuvants féminins dans Le Père Goriot de Balzac et Bel-Ami de MaupassantBégis, Léa 12 1900 (has links)
Dans Le Père Goriot de Balzac (1835) et Bel-Ami de Maupassant (1885), romans d’éducation réalistes, certains personnages féminins jouent un rôle d’adjuvants auprès du héros en l’aidant dans son ascension sociale. Si les héros exercent un pouvoir sur leurs adjuvants féminins afin de parvenir à leurs fins, ces derniers sont également puissants à la fois avec les héros et au sein de leur milieu social. L’hypothèse de départ de cette étude est que la nature des relations entre les héros et les adjuvants féminins a une influence sur le partage des pouvoirs entre les sexes.
En utilisant des approches sociocritique et historique, cette étude montre que dans les deux romans, les adjuvants féminins possèdent des capitaux à la fois économique, social, culturel et symbolique qui leur permettent d’aider les héros dans leur quête. Les adjuvants féminins peuvent être placés dans deux catégories : les « femmes-mentor » et les « femmes-escalier » . Les relations entre les héros et les adjuvants féminins sont caractérisées d’une part par le renversement des pouvoirs dans les deux romans et par la violence dans Bel-Ami. Tandis que dans le roman de Balzac, la dynamique des pouvoirs entre Eugène de Rastignac et ses adjuvants féminins demeure la même tout au long du récit, celle entre Georges Duroy et ceux-ci varie au cours du roman de Maupassant. Bien que les adjuvants féminins retirent des bénéfices de leur pouvoir sur le héros, leur capital économique est limité. De plus, dans Bel-Ami, si certains adjuvants restent puissants à la fin des romans, d’autres connaissent un destin tragique et s’épuisent en aidant le héros. / In Le Père Goriot by Balzac (1835) and Bel-Ami by Maupassant (1885), two realist coming-of-age novels, female characters play the role of adjuvants with respect to the protagonist, assisting in his social ascension. While these male characters exert power on their female adjuvants in order to achieve their objectives, the latter also hold their own in the relationship as well as within their social environment. The hypothesis of this study is that the nature of the relationships between the heroes and the female adjuvants in these works bears a significant influence on the negotiation of power dynamics between the sexes.
By using socio-critical and historical approaches, this study shows that in both novels, female adjuvants possess economic, social, cultural and symbolic capitals that enable them to help the heroes in their quest. Female adjuvants in this context may be placed in two categories : the « woman-mentor » and the « woman-stepping stone » . The relationships between heroes and female adjuvants are characterized here on one hand as being the vehicle of shifting power dynamics in both novels, but also of violence in the case of Bel-Ami. Whereas in Balzac’s novel the dynamics of power between Eugène de Rastignac and his female adjuvants stay the same throughout the whole story, those between Georges Duroy and his own vary in the course of Maupassant’s novel. Although these adjuvants benefit from their vantage with respect to the heroes, their economic capital is limited. Furthermore, in Bel-Ami, while some tend to remain powerful at the end of the novels, others meet a tragic destiny and exhaust themselves, specifically by helping the hero.
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La mise en fiction du retour au pays natal chez Émile Ollivier, Anthony Phelps et Dany LaferrièreAtis, Jean-Goualbert 10 1900 (has links)
La présente étude vise à explorer les mécanismes scripturaux d’oeuvres littéraires qui thématisent le retour au pays natal. À partir d’un corpus formé de romans publiés par des écrivains expatriés, elle ambitionne de démontrer l’adéquation de leur forme à leur contenu. À cet égard, La contrainte de l’inachevé d’Anthony Phelps, Pays sans chapeau de Dany Laferrière et Les urnes scellées d’Émile Ollivier répondent au critère de fictions qui associent étroitement thème et structure, sens et composition, fond et forme.
Ces trois romans, en effet, procèdent de choix structurels et thématiques qui découlent du principe du retour, défini comme la propension à se soumettre à un mouvement régressif ou, pour le dire plus clairement, à évoluer à reculons dans le temps aussi bien que dans l’espace.
Deux axes sont ainsi retenus afin de mettre en évidence le fil conducteur de notre recherche : le retour définitif au pays natal et le retour en alternance entre le pays d’accueil et le pays d’origine. Le premier axe prend en considération la volonté de réinstallation permanente dans leur société de provenance de certains personnages de roman exilés, l’enquête, la répétition, l’interprétation, le rituel, l’affiliation constituant les manifestations textuelles du parcours de ces individus. Quant au deuxième axe, il est focalisé sur l’aller-retour entre deux territoires de personnages romanesques, et se traduit par l’affleurement dans les récits de l’entre-deux, du motif du double, de l’autoréférentialité, de la mise en abyme et par la place réservée aux zombis, aux sosies, aux rêves ou aux miroirs. La recherche est ainsi parvenue à établir que le retour, comme signification, va de pair avec le retour, comme principe de composition, dans les romans analysés. Sur le plan de l’énonciation, chez Ollivier, Laferrière et Phelps, des procédés scripturaux font toujours écho, sur le plan de l’énoncé, au geste régressif des personnages de fiction. / The purpose of this study is to explore the scriptural mechanisms of literary works that thematize the return to the homeland. Based on a corpus of novels published by expatriate writers, it aims to demonstrate the adequacy of their form to their content. In this regard, La contrainte de l'inachevé by Anthony Phelps, Pays sans chapeau by Dany Laferrière, Les urnes scellées by Émile Ollivier meet the criteria of fictions which closely associate theme and structure, meaning and composition, substance and form.
These three novels are based on structural and thematic choices that stem from the principle of return, defined as the propensity to submit to a regressive movement or, to put it more clearly, to evolve backwards in time as well as in space.
Two axes are thus chosen to highlight the main theme of our research: the definitive return to the country of birth and the return alternately between the host country and the country of origin. The first axis takes into consideration the will for permanent resettlement in their society from certain exiles, the investigation, the repetition, the interpretation, the ritual, the affiliation constituting the textual manifestations of what animates these migrants. As for the second axis, it is focused on the round trip between two territories of fictional characters and is reflected in the stories by the outcrop in the narratives of the motif of the double, the in-between, self-referentiality, of the mise en abyme and by the place reserved for zombies, doppelgangers, dreams, mirrors, etc.
This research has thus managed to establish that return as meaning goes hand in hand with return as a principle of composition in the novels analyzed. In Ollivier, Laferrière and Phelps, with the regressive gesture of the fictional characters, on the level of the statement, always echoes in the texts, on the level of the enunciation, the scriptural processes characterized by the principle of return.
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Repenser le « classique » au XIXe siècleBoudreau-Pineault, Raphaël 08 1900 (has links)
Ce mémoire a pour ambition de comprendre comment et en quel sens l’idée de « classique » est repensée au XIXe siècle. Alors que l’Ancien Régime intégrait le classique dans un système de représentation relativement cohérent, au sein duquel sa fonction, son rôle et sa pertinence étaient clairement établis, la notion devient brusquement problématique aux lendemains de la Révolution. La France révolutionnée est marquée par une expérience du temps inédite et une nouvelle relation à sa mémoire culturelle qui font éprouver aux lettrés la nécessité de redéfinir leurs rapports au classique. Après avoir clarifié le sens général de la notion avant la Révolution, l’étude se penche sur trois grands « moments » de la dynamique de redéfinition du classique au XIXe siècle. Il s’agit d’abord de voir dans quelle mesure l’historicisation du passé dans les premières années du siècle conduit les lettrés à refuser la fonction de modèle à imiter traditionnellement associée au classique, et à l’envisager désormais en vertu d’une rupture entre le présent et l’« avant-soi ». La partie suivante s’attache aux reconfigurations du canon littéraire par la lancée romantique, et montre comment ces métamorphoses de l’horizon culturel amènent les lettrés à déterminer de nouvelles modalités d’appropriation du classique. Une dernière partie tente de voir de quelle manière la pertinence et la portée de la notion sont révisées une fois de plus dans le contexte de l’« institutionnalisation » de la distance critique entraînée par la scientifisation des études littéraires dans le dernier tiers du XIXe siècle. Inspiré à la fois par l’histoire des idées et l’histoire culturelle, ce mémoire se propose de saisir son objet dans une perspective de longue durée. Outre un large corpus secondaire délibérément éclectique, cinq auteurs sont interrogés plus spécifiquement : Ballanche, Stendhal, Sainte-Beuve, Renan, Lanson. / This master’s thesis aims to understand how and in what sense the idea of "classic" was rethought throughout the 19th century. During the historical period of Old Regime in France, the classic was incorporated into a relatively coherent system of representation, within which its function, role and relevance were clearly established. However, the notion suddenly became problematic in the aftermath of the French Revolution. Revolutionized France was marked by an unprecedented experience of time and a new relation to its cultural memory which made literati feel the need to redefine their relation to the classic. After clarifying the general meaning of the concept before the Revolution, the study examines three major "moments" in the dynamics of redefining the classic in the 19th century. First, the analysis intends to determine the extent to which the historicization of the past, in the first years of the century, led the literati to refuse the classic its traditional function of a model to imitate and instead, to consider it in the perspective of a rupture between the present and the past. The following part explores the reconfigurations of the literary canon by the romantic movement and shows how these metamorphoses of the cultural horizon led the literati to determine new modalities of appropriation of the classic. The final part attempts to see how the relevance and scope of the notion are revised in the context of the "institutionalization" of critical distance brought about by the scientification of literary studies in the last third of the 19th century. Inspired by both intellectual history and cultural history, this dissertation sets out to grasp its subject matter from a long-term perspective. In addition to a large, deliberately eclectic secondary corpus, five authors are questioned more specifically: Ballanche, Stendhal, Sainte-Beuve, Renan, Lanson.
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Méthodes et usages du privé : questions d’enquête et de langage dans Un privé à Tanger I et II d’Emmanuel HocquardLacasse, Olivier 08 1900 (has links)
Ce mémoire s’intéresse au travail d’enquête et plus spécifiquement à la méthode du détective privé dans le diptyque que composent Un privé à Tanger (1987) et ma haie : Un privé à Tanger II (2001) du poète français Emmanuel Hocquard. Suivant l’hypothèse que le diptyque ne constitue pas seulement un travail sur l’enquête, mais bien un travail d’enquête, nous chercherons à rendre compte, dans toute sa complexité et sa richesse, de la teneur de cette enquête. Puisant à la fois dans les théories de l’enquête, les études littéraires, les études médiatiques et la philosophie, ce mémoire s’affairera à montrer le fonctionnement du diptyque comme ouvrage de savoir.
Dans un premier temps, nous travaillerons à détailler la généalogie de la figure du privé et du polar sous le signe desquels est posé le diptyque. En insistant sur les nombreuses affinités entre la pratique littéraire de l’écrivain hard-boiled états-unien Raymond Chandler et celle d’Emmanuel Hocquard dans Un privé à Tanger I et II, nous chercherons à aborder leur relation sous l’angle de l’héritage plutôt que sous celui du pastiche. Puis, fort de cette compréhension du rapport étroit entre le poète français et le polar américain, nous travaillerons, dans un second temps, à analyser la structure du diptyque à l’aune de ce que nous appellerons, à la suite de Christophe Hanna et Philippe Charron, la méthode du privé. Dans un troisième temps, nous nous intéresserons à l’objet et aux visées de l’enquête hocquardienne. Si, comme l’affirme Gilles A. Tiberghien et Jean-François Puff, l’enquête hocquardienne est autoréflexive et autobiographique, notre travail sera non pas de montrer un caractère spéculaire, mais plutôt de cerner la façon dont, chez Hocquard, l’anecdotique et le personnel sont intégrés à une réflexion politique et éthique. / This dissertation explores the investigative work and the implementation of the private detective method in the diptych Un privé à Tanger, an oeuvre written by the French poet Emmanuel Hocquard and composed of Un privé à Tanger (1987) and ma haie : Un privé à Tanger II (2001). Following the hypothesis that the diptych is not only a work on investigation, but also a work of investigation, we will seek to understand the terms of this inquiry in all its complexity. Through the use of a diverse theoretical framework – combining investigation studies, literary studies, media studies and philosophy –, this dissertation aims to make plain of the inner operations of the diptych as a work of knowledge.
Firstly, we will delineate the genealogy of the diptych and detail its relation with the hard-boiled novel and the writings of Raymond Chandler; a relation that can’t and won’t be described as a pastiche. Secondly, we will analyse the structure of the diptych through its connection to what we’ll name, following the works of Philippe Charron and Christophe Hanna, the private’s method. Thirdly, we will turn our attention to the object of the diptych’s investigation. As claimed by Gilles A. Tiberghien and Jean-François Puff, the hocquardian investigation can be characterize as self-reflective and autobiographical, our work will then be to make clear of the ways in which, in the works of Hocquard, the realm of the anecdotal and the personal, is used for ethical and political thinking.
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Herméneutiques du code dans les écritures numériques d’Abrüpt : perspectives critiques pour un champ littéraire en mutationBrassard, Louis-Olivier 08 1900 (has links)
Ce mémoire a reçu la mention « exceptionnel » de la part du jury. / Ce mémoire a pour objet d’étude la maison d’édition Abrüpt, dont la variété et l’hybridité des productions interrogent les frontières de la textualité. On retrouve chez Abrüpt un ensemble hétérogène d’objets numériques et imprimés qui ne se limitent guère au codex classique : espaces web dynamiques, feuillets pliables et imprimables à la demande, installations spatiales en réalité virtuelle, robots littéraires – pour ne nommer que ceux-ci. Si de nombreux choix éditoriaux témoignent d’une continuité marquée avec la tradition imprimée, la particularité d’Abrüpt consiste à investir les potentialités créatives des technologies numériques, notamment par l’écriture du code informatique. La singularité de ce projet de maîtrise repose en partie sur l’étude de l’envers technique, laquelle donne à voir le processus de création et le fonctionnement des productions littéraires que l’on peut étudier en accès libre via des archives (« dépôts ») facilement appropriables (« clonables ») sous des conditions permissives (grâce à des « licences libres »). Nous procédons d’abord à une analyse thématique d’un ensemble de manifestes choisis parmi le catalogue de la maison d’édition, ce qui permet d’en révéler les orientations économiques, politiques et idéologiques. Nous interrogeons ensuite l’« implémentation » de telles visions du monde dans deux études de cas, « Naufrages » et « enfer.txt ». Les études critiques du code examinant les régimes « extra-fonctionnels » du code informatique situé dans son contexte sociohistorique, c’est notamment par elle que nous entendons faire émerger un surcroît de sens au texte « numériquement conditionné » et à en actualiser le discours latent. Nous intégrons à notre démarche une approche conceptuelle, en particulier au détour d’un approfondissement de la notion de « programme », et recourons à des heuristiques issues des pratiques computationnelles et de l’interprétation modélisante. / The subject of this dissertation is Abrüpt, a collective publisher whose diverse and hybrid productions question the boundaries of textuality. Its wide range of digital and printed objects are far
from limited to the classic codex: dynamic web spaces, leaflets that can be folded and printed on
demand, virtual reality installations, literary bots—to name but a few. While many of its editorial
decisions remain in line with the printed tradition, the publisher’s particularity lies in its creative
use of digital technologies, in particular through the writing of computer code. This master’s
project examines the technical slope of Abrüpt’s works, attempting to reveal both the creative process and functioning of these literary productions which can be studied in open access via archives
(“repositories”) that can be easily appropriated (“cloned”) under permissive conditions (thanks to
“free licenses”). We begin with a thematic analysis of a set of manifestos selected from Abrüpt’s
catalog, unveiling the economic, political and ideological orientations of the publisher. We then
evaluate the “implementation” of such worldviews in two case studies, “Naufrages” and “enfer.txt”.
The method of critical code studies examines the “extrafunctional” significance of computer source
code situated in its sociohistorical context. It is through this method in particular that we intend
to bring to the surface the additional meanings of these “digitally conditioned” texts, showing some
possible actualizations of their latent discourse. We integrate a conceptual approach to our work,
in particular through an in-depth examination of the notion of “program”, and draw on heuristics
from computational practices and modeling interpretation.
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La figure de l’auteur et ses doubles dans Les Chevaliers de la Table ronde et Renaud et Armide de Jean CocteauBlanchard, Adèle 06 1900 (has links)
Le théâtre de Jean Cocteau est dominé par le thème de l’illusion. Dans Les Chevaliers de la Table ronde (1937) et Renaud et Armide (1943), ce thème est illustré par les pouvoirs surnaturels de l’enchanteur Merlin et de l’enchanteresse Armide. Le présent mémoire cherche à montrer comment, dans ces deux pièces d’inspiration médiévale, le recours à ces figures légendaires éclaire de manière originale l’ethos auctorial de Cocteau.
Dans leurs éthê de magiciens, Merlin et Armide apparaissent en effet comme des doubles du dramaturge. Comme lui, ils utilisent l’art de l’illusion pour ensorceler leur public, influencer et contrôler l’intrigue et ainsi parvenir à leurs fins. Mais leur échec les confronte aux limites de leurs capacités.
L’analyse de l’ethos de Merlin et d’Armide met en relief une vision complexe de la création, où l’art théâtral, associé au maléfice, est finalement dominé par la poésie, associée au bien. Ainsi, au-delà du thème de l’illusion, ces personnages d’enchanteurs permettent d’éclairer la signification métadiscursive de la figure du double chez Cocteau. Leur étude fait émerger un reflet inédit de Jean Cocteau qui contribue à l’élaboration de son ethos discursif. / Jean Cocteau's theater is dominated by the theme of illusion. In Les Chevaliers de la Table ronde (1937) and Renaud et Armide (1943), this theme is illustrated by the supernatural powers of the enchanter Merlin and the enchantress Armide. This thesis seeks to show how, in these two medieval-inspired plays, recourse to these legendary figures sheds original light on Cocteau's auctorial ethos.
In their magician's ethos, Merlin and Armide appear as doubles of the playwright. Like him, they use the art of illusion to bewitch their audience, influence and control the plot and thus achieve their ends. But their failure brings them face to face with the limits of their abilities.
Analysis of Merlin and Armide's ethos highlights a complex vision of creation, where theatrical art, associated with evil, is ultimately dominated by poetry, associated with good. Beyond the theme of illusion, these enchanting characters shed light on the metadiscursive significance of Cocteau's figure of the double. Their study reveals a new reflection of Jean Cocteau that contributes to the development of his discursive ethos.
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Dynamique de l'aveu et de la dénonciation dans les récits du sida d'Hervé GuibertBrault, Anne-Véronique 08 1900 (has links)
Les répercussions du sida sur la communauté intellectuelle préfiguraient un changement certain dans l’esthétique littéraire contemporaine. Le témoignage de l’expérience individuelle de l’écrivain, à cet instant de désarroi collectif et de répression sociale à l’égard de la communauté homosexuelle, cherchait à provoquer une reconfiguration de l’espace de l’aveu par la projection du sujet privé dans la sphère publique. Cette posture de mise à nu avait déjà vu le jour dans les écrits féministes des années 70, mais elle a subi dans les années 80 et 90 une transformation importante puisque c’est le sujet masculin qui s’est exposé par la médiation du corps dans le récit de la maladie à l’heure du sida. Les discours de l’intime tentaient de rapprocher les espaces social et littéraire tout en affirmant des formes définies par des éthiques et des esthétiques hétérogènes.
La période d’écriture de la maladie, qui clôt l’oeuvre de Guibert, est caractérisée par l’ancrage du contexte social de l’épidémie du sida. Par conséquent, les trois récits qui la fondent, soit À l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie (1990), Le protocole compassionnel (1991) et Cytomégalovirus (1992), constituent le triptyque sur lequel s’appuiera ma réflexion, auquel s’ajoute le journal tenu par Guibert depuis son adolescence jusqu’à sa mort, Le mausolée des amants (2001), qui a été publié dix ans après la disparition de l’auteur. Cette oeuvre s’inscrit en partie dans cette mouvance du témoignage de la maladie, qui prend place entre 1987 et 1991, période pendant laquelle l’écrivain sent sa vulnérabilité sur le plan de sa santé. Il est proposé d’étudier à travers ces écrits l’écriture de l’aveu et de la dénonciation, telle qu’elle est pensée chez Guibert. Il s’agira de réfléchir sur les stratégies et les fonctions du témoignage littéraire d’une telle expérience à travers la mise en récit du sujet. Une problématique traverse toutefois cette posture de mise en danger individuelle où la nécessité de se révéler est l’objet d’un non-consensus. Or, cette recherche d’intensité par l’aveu, qui repose sur la maladie, la sexualité et la mort, veut dépasser sa dimension apocalyptique en tentant d’inscrire l’oeuvre dans une éthique sociale. De ce fait, le dévoilement, sur le mode de la dénonciation, s’oriente sur la dimension collective en prenant à partie la société et la communauté. / The impact of Aids on the intellectual community anticipates an important change in contemporary literature’s aesthetics. Testimony of the writer’s experience, in an epoch of collective disarray and social repression towards homosexuals, strived to create a new context for self-confession by prospecting the personal subject into public sphere. This mode of self-exposure was already manifest in feminine texts from the 70’s, but it underwent an important transformation in the 80’s and 90’s. In the age of Aids, it is the masculine subject that, by means of the body, unveils itself in narratives about the disease. Discourses about personal intimacy attempted to bring social and literary spaces closer by elaborating forms of heterogeneous ethics and aesthetics.
The closing period of Guibert’s work, which focuses on illness is anchored in the social context of the Aids epidemic. Consequently, the three texts, À l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie (1990), Le protocole compassionnel (1991) and Cytomégalovirus (1992) constitute the central subject of my reflection, along with the personal diary that Guibert kept from his teenage years until his death, Le mausolée des amants (2001). To a certain extent, this journal bears witness to the encroaching disease, which evolved between the years 1987 and 1991, the period during which the writer felt a growing vulnerability regarding his health.
This study will focus on Guibert’s thinking about confession and denunciation. It will be a matter of reflecting on the strategies and functions of literature bearing intensity to the subjective experience of Aids. Moreover, the quest for achieving intensity by self-confession which concerns telling the story of illness, sexuality and death, seeks to go beyond an apocalyptic dimension by inscribing the work in a social and ethical context. In this way, self-exposure holds forth the collective aspect by confronting society and community.
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Histoire, Révolution et esthétique : le temps et ses représentations dans le Tableau de Paris et le Nouveau Paris de Louis Sébastien MercierBoucher, Geneviève 11 1900 (has links)
Thèse réalisée en cotutelle avec l'Université Paris-Sorbonne (Paris IV), sous la direction de M. Michel Delon. / Cette thèse a pour objectif d’analyser les représentations du temps historique dans le Tableau de Paris (1781-1788) et le Nouveau Paris (1798) de Louis Sébastien Mercier et de faire voir comment elles se transforment sous l’impact de la Révolution française, elle qui oblige les contemporains à réévaluer leur rapport au temps. Ces œuvres s’inscrivent dans la tradition de la littérature panoramique : l’auteur y décrit l’état de la capitale et donne à voir les mœurs de ses habitants. Si Mercier s’attache à peindre la physionomie actuelle de Paris, il en vient, au fil de ses promenades, à décrypter le passé qui est enfoui, comme un palimpseste, sous la surface présente. L’espace urbain, ainsi peuplé des spectres du passé, fait cohabiter de multiples strates temporelles et donne l’image d’un temps dense au sein duquel différentes époques sont coprésentes. La persistance du passé pose toutefois problème : c’est pourquoi l’héritage antique et national se voit réévalué – voire éradiqué – afin de répondre aux exigences de l’idéologie progressiste. Avec la Révolution, de nouveaux outils conceptuels sont élaborés pour gérer le rapport avec le passé : si les révolutionnaires rejettent, après la Terreur, les entreprises d’épuration par la destruction, ils développent un nouveau mode de mise à distance du passé, la patrimonialisation. Celle-ci, par la conservation même, relègue paradoxalement le passé au rang d’histoire morte.
Le futur occupe également une place de choix chez Mercier, auteur de l’un des premiers romans d’anticipation. Il s’exprime prioritairement sous deux formes, la dégénérescence et la régénération. Alors même qu’il décrit l’état actuel de la ville, Mercier anticipe sa ruine. Une étroite corrélation s’instaure alors entre la construction et la destruction, qui est son aboutissement inéluctable. Ce phénomène s’accompagne de modulations esthétiques majeures : l’évocation de la perte plonge l’auteur dans la mélancolie et teinte son style de lyrisme et d’élégie. Si la Révolution ne fait pas disparaître cet imaginaire, elle le met entre parenthèses et entrevoit surtout son avenir sous la forme optimiste de la régénération. Ce concept clé, qui alimente projets et utopies, fait cohabiter de multiples modèles temporels, tels que la rupture radicale, le retour à l’origine, la régénération instantanée et la construction nationale.
Le fondement du projet de Mercier demeure néanmoins de capter la contemporanéité. Tentant de fixer par l’écriture la fugitivité du temps, l’auteur s’engage dans une course désespérée qui le condamne à être perpétuellement décalé par rapport à l’actualité qu’il cherche à saisir. Au-delà de cette dimension transitoire, Mercier confère au présent une certaine stabilité en l’élevant au rang d’histoire. Ce phénomène touche surtout l’histoire révolutionnaire : afin de terminer la Révolution, les contemporains l’érigent en objet historique et tentent d’en comprendre les mécanismes. Corrélativement, l’histoire révolutionnaire acquiert un statut esthétique. Les réformes poétiques appelées par Mercier depuis le début de sa carrière littéraire (contemporanéité des sujets, originalité stylistique, esthétique de la force et du contraste, invention poétique et néologie) trouvent un terrain d’expression particulièrement fertile dans la représentation de l’histoire récente. / This dissertation analyzes the representation of historical time in Louis Sébastien Mercier’s Tableau de Paris (1781-1788) and Nouveau Paris (1798) and seeks to explain how this representation was transformed by the French Revolution, a major event that changed the way contemporaries conceived their place in history. These two works are considered as panoramic literature: as he walks through the neighbourhoods of Paris, the author describes the state of the city of his day as well as its inhabitants’ customs. Although Mercier is mostly interested in painting the present, his exploration of the city leads him to exhume the past that lies, like a palimpsest, beneath the surface. Crowded with specters from the past, the urban space generates a form of temporal density resulting from the coexistence of various times. But the persistence of the past is also highly problematic: Mercier’s faith in progress implies a constant reevaluation – if not a rejection – of antique references and national heritage. After the 1789 disruptions, new conceptual tools were developed to manage the past. If revolutionaries rejected radical destruction after the traumatic experience of the Terror, they invented a new way to put the past aside – patrimony. It is, paradoxically, by its conservational function that patrimony relegates the past to a status of dead history.
The future also occupies a large place in Mercier’s works. It is represented under two antithetic forms: degeneracy and regeneration. While he describes the physiognomy of the city of his day, the author anticipates its ruin and establishes a strong correlation between construction and destruction (its inescapable outcome). This pessimistic representation of time modifies his aesthetics: as he evokes the ineluctability of loss, the author deals with a melancholy which colours his style with lyricism and elegy. This imaginative world does not entirely disappear with the Revolution, but it is marginalized. After 1789, the future is viewed mainly through the optimistic and utopian notion of regeneration, in which several conceptions of time coexist (radical rupture, return to an uncorrupted original state, instantaneous regeneration, the building of national unity, etc.).
Although Mercier oscillates between past and future, his main goal is to capture a sense of contemporaneousness. As he tries to immobilize the continuous flux of time by writing, he finds himself in a hopeless race in which he is condemned to be perpetually behind the current events he wishes to paint. But Mercier goes beyond the fugitive nature of time and grants the present a status of historical discourse. This historiographical dimension mainly concerns revolutionary history: in order to end the Revolution, contemporaries set it up as historical knowledge and hope to understand its complex evolution. As it acquires an historical status, present history also becomes an aesthetical object. Poetical reforms that had long been called for by Mercier (contemporary topics, stylistic originality, contrast and strength, aesthetical invention and neology) are fully integrated in the representation of recent history.
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Der Literaturskandal: Symbolisches Kapital und Selbstbezug am Beispiel Thomas BernhardsRiendeau, Vincent 12 1900 (has links)
Ce mémoire analyse la réception de l’auteur autrichien Thomas Bernhard (1931-1989) au regard des scandales qui ont marqué sa carrière. Tantôt identifié comme l’imprécateur de l’Autriche, tantôt comme écrivain exceptionnel, il aura remis en question le rôle de son pays dans le national-socialisme et multiplié les attaques ad hominem. Il aura tenu un rôle ambigu dans l’espace public. Tout en insistant sur le caractère fictif de ses œuvres, il se mettait en scène de façon provocatrice dans le discours public ainsi que dans sa fiction.
Ce mémoire s’intéresse au fonctionnement du scandale en tant qu’événement social complexe ayant lieu dans l’espace public. Les chercheurs s’entendent pour considérer le scandale comme un trouble ou une irritation résultant d’une transgression, apparente ou avérée. Il s’agit en outre d’un phénomène intégré dans l’ordre social et géré par les médias, caractérisé par l’actualisation des valeurs morales.
Dans la présente étude, il est postulé que le capital symbolique (cf. Bourdieu) joue un rôle d’a priori et de catalyseur dans les scandales. Une accumulation initiale de capital symbolique assure une visibilité médiatique automatique. Le capital d’identité de Thomas Bernhard – soit la personnalisation du capital symbolique – est hybride et complexe, de sorte qu’il est difficilement appréciable. La difficile appréciation du capital de l’auteur se traduit par l’incertitude des journalistes et du public quant à son message : réactions dispro-portionnées, critique du particulier perçue comme mise en cause de l’universel. Toute dé-claration, toute œuvre de Bernhard est assujettie à ses prestations « scandaleuses » antérieu-res. Ce mémoire insiste sur le caractère autoréférentiel du scandale et s’intéresse aux actes de langage performatifs (cf. John L. Austin). Le corpus comporte des romans de Bernhard, leurs recensions, des articles de quotidiens, des lettres de lecteurs, des documents juridiques ainsi que la correspondance entre Bernhard et Siegfried Unseld. / This master’s thesis analyzes the reception of the Austrian author Thomas Bernhard (1931-1989) and focuses on the scandals that punctuated his career. Acclaimed exceptional writer, he was, however, often referred to as Austria’s injurer. He called into question the in-volvement of his country in National Socialism and proliferated ad hominem attacks on politicians. His role in the public sphere was ambiguous: whilst insisting on the fictive character of his works, he staged himself provocatively.
The purpose of this master’s thesis is to show the functioning of scandals as com-plex social events taking place in the public sphere. Scholars consider scandals as public offenses resulting from real or apparent transgressions. Scandals are integrated into the so-cial order and are handled by the media. They trigger actualization of moral values.
This study postulates that symbolic capital (cf. Bourdieu) plays a role in scandals. It is both the prerequisite and the catalyst for successful scandalization. An initial accumula-tion of symbolic capital insures quasi automatically media attention. The identity capital of Thomas Bernhard – i.e. the personalization of his symbolic capital – is hybrid and intricate. This renders its interpretation difficult. The complexity of the capital configuration leads to an ambivalent appreciation of the author’s message by journalists and the public. Reactions are disproportionate and Bernhard’s particular though hyperbolic criticism is perceived as a questioning of universal values. Each and every declaration or work by Bernhard is subor-dinated and appreciated in regards to his preceding “scandalous” achievements. This mas-ter’s thesis emphasizes the autorefential nature of scandals and devotes a special interest to performative speech acts (cf. John L. Austin). The corpus includes some of Bernhard’s plays and novels, book reviews, newspaper articles, letters to the editor, court transcripts and Bernhard’s correspondence with his publisher Siegfried Unseld. / Diese Magisterarbeit untersucht die Rezeption des Autors Thomas Bernhard (1931–1989) angesichts der Skandale, die seine Karriere kennzeichneten. Bernhard galt zugleich als Österreich-Beschimpfer und als außergewöhnlicher Literat. Er stellte die Rolle Österreichs im Nationalsozialismus in Frage und griff wiederholt prominente Österreicher persönlich an. Einerseits bestand er auf den fiktionalen Charakter seiner Werke, andererseits inszenier-te er sich provokativ in der Öffentlichkeit.
Das Interesse der Arbeit gilt dem Funktionieren des Skandals als komplexes sozia-les Ereignis, das in der Öffentlichkeit obwaltet. Konsens herrscht in der Forschung darüber, dass ein Skandal ein auf einem realen oder vermuteten Normbruch beruhendes Ärgernis ist. Es handelt sich um ein im Gesellschaftssystem eingeschriebenes Phänomen, das von den Medien behandelt und zum Auslöser von Kontroversen über normative Fragen wird.
Diese Arbeit geht von der Annahme aus, dass das symbolische Kapital (vgl. Bourdieu) eine Vorbedingung des Skandals ist. Eine ursprüngliche Akkumulation symbolischen Kapitals sichert mediale Aufmerksamkeit. Das Identitätskapital Bernhards – die Personalisierung seines Kapitals – war hybrid und komplex, sodass es nur schwierig einzuschätzen war. Diese erschwerte Einschätzung seines symbolischen Kapitals führte zur Unsicherheit der Journalisten und des Publikums bezüglich seiner Botschaft: Immer wieder kam es zu überzogenen Reaktionen. Vor allem Bernhards hyperbolische Kritik des Beson-deren wurde pauschal als Infragestellung des Allgemeinen (des Österreichischen) wahrge-nommen. Jedwede Äußerung und jedwedes Werk Bernhards wurde vor dem Hintergrund seiner vorhergehenden »skandalösen« Leistungen gedeutet. Diese Arbeit betont den selb-streferentiellen Charakter und den pragmatischen Gehalt (vgl. John L. Austin) des Skan-dals. Der Korpus erfasst Texte von Bernhard, Rezensionen, Zeitungsartikel, Leserbriefe, Gerichtsprotokolle, Rechtsprechung und Bernhards Briefwechsel mit seinem Verleger Siegfried Unseld.
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