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La polyphonie dans l'oeuvre de Camus : de l'unité ontologique à la fracture discursiveArnaud-Gomez, Sylvie 09 October 2008 (has links) (PDF)
D'une confidence fortuite à la polyphonie bakhtinienne<br /><br />L'origine de ce projet de thèse est une histoire familiale. J'étais étudiante en lettres lorsque ma mère, au détour d'une conversation, me confie que Camus a écrit sur mon grand-père et qu'on peut trouver ces documents dans les Cahiers Albert Camus. Je m'étonne et prends connaissance du détail de l'affaire. Mon grand-père est le magasinier Mas emprisonné aux côtés d'Hodent, entraîné dans une fausse accusation de malversation et de spéculation par ceux-là mêmes qui agissaient dans la seule finalité de leur profit personnel en modifiant à leur guise le prix du blé fixé par des amendements du Front Populaire. L'intervention de Camus, jeune journaliste à Alger Républicain, permet d'éviter l'erreur judiciaire. Une série de quinze articles est consacrée à ce procès répertorié sous le nom d'« affaire Hodent ». <br />Je suis le procès en entendant les voix des accusés, celle du procureur, celles des avocats, des témoins cités à la barre et celle de Camus, jeune journaliste passionné et investi dans la recherche de la vérité. Et, dans ce foisonnement, je m'interroge sur le pouvoir de la parole, sur la polysémie du langage, ses zones d'ombre, sur les ambivalences des hommes, sur la foi erronée en une vérité unique. D'où parle-t-on ? À qui les discours s'adressent-ils ? Quelle croyance obsolète supposent-ils dans l'unité du sujet parlant et dans la capacité du langage à restituer une unité originelle ? Je relis Bakhtine. J'explore l'ouvrage de Dunwoodie qui met en parallèle Camus et Dostoïevski. Je découvre les influences, les intertextualités. Ma recherche s'oriente alors vers la polyphonie, vers une réflexion sur le rapport de l'homme au langage, à l'unité, à la vérité. Le procès d'Hodent m'y a conduit.<br />J'entre dans l'ère du soupçon qui est la marque du XXe siècle. Je lis avec passion L'Anneau de Clarisse de Magris qui retrace les grandes étapes du désenchantement du monde lié à la mort de Dieu. Nietzsche prend alors toute la place. Il est au centre névralgique de cette explosion à la fois jubilatoire et dysphorique. La foi dans l'unité du sujet n'est plus. L'homme est multiple. Il est une myriade d'éclats, il est bigarrures et paradoxes dans un monde marqué par la perte des repères.<br /><br />Une voix dans le fracas du monde <br /><br />Camus s'efforce de faire entendre sa voix dans le fracas du monde et dans la multitude des voix d'autrui, voix des habitants de Belcourt, voix silencieuse de la mère, voix autoritaire de la grand-mère, voix des maîtres qui guident l'enfant, voix des premiers romanciers lus avec émotion et éblouissement, voix des « grands auteurs », des Classiques, voix de la Grèce antique et de la Rome latine, voix des philosophes de l'ère chrétienne, voix du messie qui crie sa déréliction et sa souffrance de l'incarnation, voix des penseurs solitaires, des créateurs de concepts, voix des comédiens sur les planches, des amis chaleureux, des femmes aimées, de celles qui ont trahi, de celles qu'il a trompées pour dire ailleurs d'autres mots, se nourrir d'autres murmures, voix des orateurs aux tribunes de l'actualité, voix des maîtres à penser, des moralisateurs, voix des traîtres, voix des lâches, voix qui se sont tues à jamais sous les fusillades aveugles qui fauchent sans pitié la jeunesse, la bravoure. Camus reste vivant après le cataclysme de la guerre, heureux et honteux, n'ayant plus alors que le témoignage comme seule justification. Les voix des morts résonnent dans le silence bruyant de la Libération et la voix de la vengeance est impérieuse avant de s'adoucir dans l'évidence du pardon et de l'oubli. Il est un homme labyrinthique qui façonne une œuvre en costume d'Arlequin. Il est un pantin tournoyant dans les orages du siècle, restituant, jusqu'au mutisme, les clameurs du siècle. Mais il est aussi un artiste qui ne renonce jamais totalement à l'exigence d'une voix personnelle, d'une voix du secret de l'intime, de l'opacité lumineuse du renoncement aux autres et de l'acceptation de soi comme condition de la création. <br />Voilà posée la tension camusienne entre le désir d'unité et d'harmonie, la course folle vers la fusion avec le monde, l'ardeur consacrée à rétablir la paix entre les peuples, le respect et la reconnaissance d'autrui dans son altérité et dans sa mêmeté d'une part, et d'autre part, la lucidité parfois effarée face à l'éclatement de l'être, à la victoire de la confusion et du désordre, au règne du paradoxe, de l'aporie, de la guerre. L'élan enthousiaste ou désespéré vers le désir d'harmonie s'incarne dans le choix d'être un écrivain et de porter, par les mots agencés, l'unité de l'homme et du monde. L'écriture tente de lutter contre l'éclatement, la fragmentation, la diversité. Mais les mots jaillissent et restituent le désordre, la confusion, la complexité de l'homme. L'écrivain fait l'expérience dysphorique et vivifiante, jubilatoire et angoissante de la polyphonie. Par qui suis-je habité quand je parle ? C'est la question que chaque « sujet parlant » ne peut manquer de se poser à la suite de Bakhtine ou de Ducrot. Quels échos résonnent dans une voix, quels dédoublements en abyme habitent l'auteur qui prend la plume ? Quel chemin peut conduire l'individu vers la singularité authentique dans le fracas assourdissant des voix d'autrui qui se mêlent et s'emmêlent? L'uni et l'unique ne sont-ils que des leurres, des fantômes aveuglés par l'orgueil et l'outrecuidance ? Comment livrer l'intime sans impudeur ? Comment être à la fois héraut de son temps, chantre de la justice et « politiquement et affectivement incorrect » ?<br />Faut-il chercher un fil conducteur ? Y a-t-il un fil d'Ariane menant à une vérité ultime ? Il ne semble pas que Camus se soit jamais imposé cette contrainte. La lecture des Carnets témoigne, malgré l'évolution programmatique annoncée très tôt par l'auteur, d'une œuvre qui avance au gré des lectures et des événements et restitue une pensée vibrante, frémissante, curieuse et avide, toujours en mouvement, toujours à l'affût d'une nouvelle rencontre, d'un nouvel éblouissement, toujours à l'écoute de cette palpitation intérieure que ne fait pas taire la clameur du monde. Ce paradoxe tensionnel et fécond de l'unité ontologique et de la fracture discursive se retrouve dans les différentes dimensions de l'œuvre camusienne, dans le rapport à l'histoire de son temps, dans le désir du chant de l'intime, dans la volonté de restituer l'authenticité de l'homme dans ce temps qui est le sien, sur cette terre qu'il a voulue sienne. <br />Pour, à l'instar de Camus, ne renoncer à rien, pour réunir tous les paradoxes, pour faire entendre la multitude des voix, le foisonnement des œuvres, j'ai choisi de placer mon parcours sous l'œil attentif et bienveillant de trois figures tutélaires. J'ose espérer que Camus aurait emprunté, non sans déplaisir, cette route que j'espère inexplorée, qui n'exclut pas les incursions inattendues, les chemins de traverse, les explorations imprévues. <br /><br />Salomon, constructeur du Temple<br /><br />Ce personnage biblique recèle en lui les ambitions de l'homme présent dans sa cité, acteur de son destin et de celui de ses compagnons. Il est le roi d'une justice immanente, inscrite à hauteur d'homme, évidente car elle sollicite la vérité du cœur. Il est un roi de sagesse qui règne dans un temps de paix. Mais on lui attribue également L'Ecclésiaste qui oriente sa pensée vers une philosophie liée au temps présent et à la perception aiguë de la précarité. L'ambivalence non contradictoire entre le temps de l'action et l'évidence de la nécessité de construire d'une part et d'autre part la conscience d'un absurde lié à la fugacité de la vie rend compte de la tension de l'œuvre de Camus où le désenchantement n'entraîne pas la désespérance. La figure de Salomon permet d'envisager les engagements politiques de Camus, d'observer comment il a contribué à maintenir debout les fondations de notre civilisation occidentale mise à mal par la fureur des hommes et la violence des guerres.<br />Je distingue trois temps dans cette dimension de l'œuvre. Le premier temps est un temps de l'engagement dichotomique. Il permet l'émergence d'une poétique de l'innocence. Camus a la volonté d'édifier un monde équitable. Il dénonce les injustices dans son reportage sur la Kabylie. Il fustige les excès d'une Droite sûre de ses droits en choisissant le ton acerbe du satiriste. Le verbe engagé prend place sur les planches, trouvant là une autre tribune pour énoncer son désir d'un monde de justice et dénoncer les vilenies des hommes et des régimes, des partis, des gouvernements. Il dénonce les tyrannies dans des adaptations théâtrales – Malraux, Gorki – ou dans des créations collectives – Révolte dans les Asturies. <br />Plus tard – c'est le deuxième temps, le temps de la parole héroïque – il s'engage avec Pia dans la grande aventure de Combat. Sa parole est édifiante. Il fait entendre la voix de l'honneur, en appelle à la justice des nations. Il dénonce les hypocrisies face à l'Espagne franquiste et défend la République en exil. Il s'afflige du silence des Occidentaux devant la dictature. Il en appelle au patriotisme dans ses éditoriaux de Combat. Il s'engage contre l'invasion soviétique en Hongrie. Il poursuit son engagement journalistique et met en place un théâtre engagé, en Algérie, avec des moyens de fortune, puis à Paris dans un moment de sa carrière où il a gagné, par ses romans, ses essais et sa présence à la tribune des journaux, une vraie notoriété. <br />Puis vient le temps du doute et du désenchantement. Camus se trouve dans la nécessité du silence et d'un retour sur soi. Il s'isole et se marginalise. Il fait l'expérience des limites de l'efficacité du discours. Il adapte les Possédés de Dostoïevski. Cette œuvre magistrale et complexe est le miroir des paradoxes contemporains et d'un climat délétère de manœuvres et de suspicions, de mensonges et d'hypocrisies. Ses dernières interventions journalistiques, obtenues par l'habileté et l'opiniâtreté de Jean-Jacques Servan-Schreiber et la médiation de Jean Daniel, témoignent d'un accroissement du doute et du désenchantement et cultivent l'art du décalage, de la marge, de l'inattendu. Camus déconcerte. On ne le comprend plus. <br /><br />Orphée, poète de l'absence<br /><br />Orphée chante la perte de l'être aimé et charme tous les êtres vivants. C'est la voix singulière de l'homme qui se fait entendre ici. Non plus celle qui s'offre à la communauté mais celle qui s'octroie le droit à la singularité. Camus laisse vibrer la corde sensible du lyrisme, il s'autorise le désir d'harmonie et de fusion au sein d'une nature flamboyante et généreuse, pleine de promesses. Il révèle la fascination féconde pour la tension nietzschéenne entre Apollon et Dionysos et l'exploration d'une forme nouvelle de poésie au plus près de l'homme. La lecture du Nietzsche de La Naissance de la Tragédie lui permet de comprendre la tension féconde entre le beau figé, hiératique, éternel et l'éclatante fulgurance d'une vie qui ne se saisit que dans l'éclair, le fugace, le transitoire, le désordre, la folie. L'antique alliance de l'apollinien et du dionysiaque a permis l'émergence de la tragédie. Cette lucidité ne laisse guère en repos. Elle est exigence de tous les instants et ne cesse de contraindre le sujet à s'interroger sur sa place dans le monde, sur l'origine de la parole, sur l'identité de celui qui parle et sur la coïncidence entre ce qui est senti, ce qui est pensé et ce qui est dit. À moins que le verbe n'ait valeur d'authenticité du fait même qu'il est proféré, sorti de soi. Ces questions hantent Camus qui s'interroge au cœur même de son œuvre, qui fait de ce questionnement une matière poétique. Il s'interroge également, sans être le seul dans ce siècle de guerres, d'hégémonies destructrices et de génocides, dans ce monde où la bravoure cède le pas à la lâcheté et à l'hypocrisie, sur la pertinence d'une parole poétique. Les poètes de ce milieu du XXe siècle, Jabès, Jaccottet, Bonnefoy, Char bien sûr, l'ami intime, n'ont pas éludé l'horreur de leur temps. Au contraire, ils l'ont regardée avec la lucidité des artistes et l'ont inscrite au cœur même de leur œuvre sans renoncer pour autant au réel de la beauté.<br /> Camus poursuit les mêmes exigences que ses contemporains sur une voie qui est la sienne, sur une route où il va, solitaire, sombre et solaire, à la croisée des chemins, dans le clair-obscur des cultures qui se côtoient sans se comprendre. Ces exigences multiples ne sont pas aporétiques. Je les explore en écoutant le son envoûtant de la flûte de Dionysos. C'est une musique de l'insoumission, une musique non régie par le logos. Elle s'approche du mystère des origines et de l'effroi de la mort, elle est au plus près des pulsations intimes, du sang qui bat dans les tempes quand il fait trop chaud ou que l'émotion est trop intense. Elle nous fait entendre l'aulos de la Grèce antique. Elle est l'accord mineur, la gamme de l'être mi-homme, mi-dieu, du satyre, de Pan. Mais ce souffle ne saurait exister sans l'intervention d'Apollon. L'homme jaillit de l'informel dionysiaque. Il devient un individu. Il se saisit du logos. Il chante la beauté du monde accompagné du son mélodieux de sa lyre. L'instrument à cordes remplace l'instrument à vent. La gamme en accord majeur impose sa puissance et son unité harmonieuse. Le poète est alors celui qui cherche la vérité et la beauté, l'équilibre et la vérité. Il est celui qui poursuit l'éternité dans le chant de l'Un retrouvé. Dionysos et Apollon s'équilibrent, ou plus exactement s'offrent l'un à l'autre le pouvoir d'exister. J'ai ajouté un dernier chant, un peu inattendu à ces deux accords premiers, le mineur et le majeur, celui que produit l'arc d'Ulysse alors même que le héros retrouve son arme et se venge des prétendants indignes. Ulysse est présent dans l'œuvre de Camus. Il est l'homme du nostos, l'homme de la nostalgie et de l'exil. Il est celui qui ne renonce jamais. Il est ce héros à la fois brave et faible, invincible et vulnérable, fidèle et infidèle. Il est celui qui a renoncé à l'immortalité que lui offrait Calypso pour retrouver sa femme, son fils, son royaume. Il fait le choix de la précarité. Il est un homme. Il est, dans la métaphore musicale, l'accord dissonant dont parle Clément Rosset, cet accord qui, au contact de l'accord parfait, permet la fugace révélation de l'harmonie perdue. <br /><br />Adam, le premier homme. <br /><br />Placé sous le signe d'une temporalité inexorable, il est l'homme de la faute originelle, le père de Caïn, le premier meurtrier, le premier errant. Il rappelle le poids du réel et de l'irrémédiable. Le roman apparaît comme le domaine privilégié pour l'expression de la faute. L'ontologique s'inscrit dans le temporel, le précaire, l'incertain. Je retrouve le même cheminement qui conduit de l'innocence à l'édification et au désenchantement – c'est le parcours que j'ai suivi sous l'égide de Salomon. Je retrouve le désordre fusionnel dionysiaque qui prend ici la forme de la carnavalisation bakthinienne, le goût de l'unité dans la tentation épique, et le désir intact de se maintenir au plus près de l'humaine condition. Les tensions sont les mêmes et s'entrecroisent. L'art du roman inscrit l'homme dans un temps linéaire. Ce temps, dans notre tradition judéo-chrétienne, commence avec la faute originelle qui conduit Dieu à chasser Adam et Ève du paradis où le temps ni la mort n'existent. <br />La matière fictionnelle peut être un succédané à l'effroi face à la mort et à la culpabilité. Le jeune Camus est d'abord tenté par une forme d'idéalisme. Ses œuvres de jeunesse, influencées par Bergson et Nietzsche, sont teintées de symbolisme métaphysique, d'idéalisme et d'onirisme. Mais, peu à peu, les voix des habitants de Belcourt s'imposent et trouvent un écho plus puissant. L'écriture s'allège. La phrase se densifie en même temps qu'elle accède à une plus grande simplicité. La banalité du quotidien devient la matière première de l'œuvre fictionnelle. Le fait divers devient source de l'inspiration. La création se déploie dans l'ordinaire et délaisse les marges oniriques. Camus s'éloigne d'une conception symbolique de la littérature et d'une approche rousseauiste de l'homme. En réalité, ce parcours n'est pas chronologique. Camus aborde la question du mal dès ses premières œuvres. Dans son Mémoire sur Plotin et saint Augustin, il examine la conception du mal chez les agnostiques puis exprime pour la première fois l'intérêt qu'il porte au christianisme qui est la religion de la souffrance et de la mort. C'est ce moment qui cristallise un imaginaire lié à la souffrance, au sang mais aussi à l'abandon.Une remise en question de la notion du souverain Bien kantien entraîne Camus sur les chemins périlleux de l'exploration des zones obscures, des morts éthiquement inacceptables comme celles des enfants. Il est l'auteur de La Peste mais aussi du « Renégat », de La Chute. Il est l'auteur du meurtre gratuit, de cet acte inacceptable et incompréhensible, dans La Mort heureuse et L'Étranger. Il n'élude pas les monstruosités de la guerre d'Algérie dans Le Premier homme et s'immerge dans les affres slaves, depuis sa mise en scène des Frères Karamazov dans ses jeunes années, jusqu'à celle des Possédés à la fin de sa vie. <br />Mais l'importance de Dostoïevski ne doit pas oblitérer la place capitale de Tolstoï dans la gestation de l'œuvre. La fréquence des citations de l'auteur de Guerre et Paix montre la très grande fidélité à cet autre géant de la littérature russe du XIXe siècle. Tolstoï excelle dans la représentation de l'homme dans le monde, sous son double aspect, familier et héroïque. Il recherche l'équilibre, la règle, l'intelligibilité, l'ordonnance, l'organisation, l'agencement limpide, la structure, la causalité, le déterminisme. Dostoïevski cultive le désordre, la débauche, la rupture, le bouleversement, la confusion, la violence, l'excès, l'incohérence, le trouble. Il étonne et ravit dans son exploration de l'âme humaine. Tolstoï est du côté de l'épopée, Dostoïevski se situe au cœur de la ménippée. Je trouve là une opposition fondamentale dans la genèse romanesque camusienne, un paradoxe entre l'attrait de l'ordre et du monologisme, le plaisir de la sentence, de l'axiome, le goût de la vérité et de la hauteur de vue – son versant solaire, son adret apollinien et, d'un autre côté, sa tentation du désordre fécond, de la polyphonie, son versant obscur, son ubac dionysiaque.
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Die karnavaleske as sosiale kommentaar : 'n ondersoek na geselekteerde werke van Steven Cohen / A. Snyman.Snyman, Amé January 2012 (has links)
This dissertation presents an investigation into two so-called live art works – Ugly girl at the rugby (1998) and Chandelier (2001-2002) – by the contemporary South African artist Steven Cohen (1962-). These works are explored with reference to the manner in which Cohen (as self-declared queer Jewish freak) uses performance art as a form of activism in order to expose practices of marginalisation and suppression (oppression) of non-normative or so-called deviant subject positions in terms of gender, race and ethnicity. The analysis of artworks is guided by the discourse of the carnavalesque and performative conceptualisations of gender with particular emphasis on Cohen’s use of drag as contemporary form of masquerade in order to propose an alternative subject position. The argument is as follows: that Cohen, by setting up an extreme alternative to normative identity constructs, manages to destabilise existing hierarchies that are structured according to binaries as these exist in spaces (such as a rugby stadium and a squatter camp) in the South African context. This destabilising of binary hierarchies gives rise to the argument that the symbolically encoded nature of spaces known for associations of suppression, exclusion and marginalisation are wrought open so that alternative meanings can come into being by activating these spaces as multifaceted and chronotopic constructs. The conclusion is that Cohen contributes profoundly towards the destabilisation of identities and in this way also helps to propose invigorating and fresh views of gender, race and ethnicity in a contemporary South African situation. / Thesis (MA (History of Art))--North-West University, Potchefstroom Campus, 2013.
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Die karnavaleske as sosiale kommentaar : 'n ondersoek na geselekteerde werke van Steven Cohen / A. Snyman.Snyman, Amé January 2012 (has links)
This dissertation presents an investigation into two so-called live art works – Ugly girl at the rugby (1998) and Chandelier (2001-2002) – by the contemporary South African artist Steven Cohen (1962-). These works are explored with reference to the manner in which Cohen (as self-declared queer Jewish freak) uses performance art as a form of activism in order to expose practices of marginalisation and suppression (oppression) of non-normative or so-called deviant subject positions in terms of gender, race and ethnicity. The analysis of artworks is guided by the discourse of the carnavalesque and performative conceptualisations of gender with particular emphasis on Cohen’s use of drag as contemporary form of masquerade in order to propose an alternative subject position. The argument is as follows: that Cohen, by setting up an extreme alternative to normative identity constructs, manages to destabilise existing hierarchies that are structured according to binaries as these exist in spaces (such as a rugby stadium and a squatter camp) in the South African context. This destabilising of binary hierarchies gives rise to the argument that the symbolically encoded nature of spaces known for associations of suppression, exclusion and marginalisation are wrought open so that alternative meanings can come into being by activating these spaces as multifaceted and chronotopic constructs. The conclusion is that Cohen contributes profoundly towards the destabilisation of identities and in this way also helps to propose invigorating and fresh views of gender, race and ethnicity in a contemporary South African situation. / Thesis (MA (History of Art))--North-West University, Potchefstroom Campus, 2013.
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Road novel, road movie : approche chronotopique du récit de la routeBrasebin, Jenny 06 1900 (has links)
Apparu au lendemain de la Seconde Guerre mondiale avec la publication en 1957 d’On the Road de Jack Kerouac et la sortie, 12 ans plus tard, d’Easy Rider de Dennis Hopper, le road novel et le road movie constituent à nos yeux les deux versants de ce que nous avons choisi de nommer le récit de la route. Devant l’absence de réelle étude conjointe entre les deux formes et la persistance d’amalgames, nous souhaitons mettre en évidence ce qui permettrait de distinguer le road novel et le road movie d’autres récits d’errance. Un tel travail nécessite la mise au jour d’un outil d’analyse intermédial permettant d’embrasser de concert des œuvres relevant d’expressions médiatiques différentes. Nous proposons donc de recourir au concept de chronotope développé par Bakhtine en littérature, et dont il a été démontré il y a peu qu’il est aussi susceptible de s’appliquer à un objet cinématographique. Nous posons que road novel et road movie reposent sur la combinaison d’un ensemble de chronotopes fondamentaux : celui de la route, dans le contexte de la motorisation et des non-lieux de la postmodernité, et celui du seuil, compris comme l’expression du tournant d’une vie. La présence d’une dimension parodique nous amène en outre à mobiliser un autre concept bakhtinien : celui de carnavalesque, qui s’articulerait justement autour des chronotopes de la route et du seuil définis précédemment. Afin de procéder à cette analyse chronotopique, nous nous appuyons sur un corpus d’œuvres empruntées au répertoire américain, québécois et allemand, en raison notamment des multiples passerelles susceptibles d’être érigées entre ces différentes cultures. / Appearing in the wake of World War II, with the publication in 1957 of On the Road by Jack Kerouac, followed 12 years later with the screening of Denis Hopper’s Easy Rider, the road novel and road movie constitute, we argue, two sides of what we call the road narrative. Faced with a lack of comprehensive studies embracing both sides concurrently, and with recurrent amalgams, we reflect on the components differentiating the road novel and road movie from other types of wandering stories. Such a project calls for the construction of an intermedial apparatus, enabling us to jointly encompass artworks belonging to different media formats. Consequently, we build on the concept of the chronotope, as developed by Bakhtin as a tool for literary criticism, and recently extended by scholars to cinematographic objects. We show how road novels and road movies emerge from the combination of two fundamental chronotopes: that of the road, exemplified by a postmodern universe dominated by motor vehicles and non-places, and that of the threshold, understood as the expression of a critical turn in one’s life. The noted presence of a parodic dimension in road narratives calls for the introduction of an additional bakhtinian concept: the carnivalesque, which, as we show, can be articulated in relation to the previously defined road and threshold chronotopes. For this chronotopical analysis, we selected artworks from the American, Quebecois and German repertoires, a choice justified by the numerous potential connections to be established between those three different cultures. / Thèse réalisée en cotutelle, sous la direction de M. Philippe Despoix (Université de Montréal) et de M. Michel Marie (Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3)
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L’esthétique du jeu dans les Alice de Lewis Carroll / The Aesthetics of Play in the Alice Books by Lewis CarrollIché, Virginie 19 November 2011 (has links)
Cette thèse consiste en l’analyse du jeu dans les deux œuvres littéraires majeures de Lewis Carroll, Alice’s Adventures in Wonderland et Through the Looking-Glass, œuvres qui accordent la part belle au jeu, tant au niveau diégétique, narratologique que stylistique et linguistique. Il en ressort qu’une tension entre liberté et règle (entre paidia, l’expression impulsive d’un instinct de jeu, et ludus, le besoin de créer des règles et de s’y plier, pour utiliser les termes de Caillois) traverse les Alice. L’étude des jeux et jouets, des macro- et micro-structures, du style et des intertextes, permet d’affirmer que ces deux volumes sont résolument ludiques, car ils reposent sur une légaliberté, une liberté dans et par une légalité (Duflo). Ils jouent avec et contre les attentes, la langue et les connaissances du lecteur de sens commun. Toutefois, dans le même temps, le champ d’action du lecteur virtuel est considérablement restreint : ses facultés d’idéation sont orientées par l’imbrication du texte et des illustrations, et sa participation à la construction du texte carrollien se borne à compléter les « blancs » textuels, tel que Eco les définit, c’est-à-dire à faire ressurgir les déjà-dits qui ont été effacés. Les œuvres carrolliennes sont ainsi caractérisées par ce paradoxe : alors que la diégèse et l’économie textuelle semblent promouvoir le jeu, le rôle du Lecteur Modèle prévu par le texte est extrêmement réduit. Cependant, il est possible pour le lecteur réel, interpellé par le texte carrollien et son Auteur, d’endosser le rôle de Lecteur Imposteur, de les contre-interpeller, et de devenir, par ce processus de subjectivation, un lecteur pleinement joueur. Il s’avère alors que la légaliberté permet non seulement de saisir l’esthétique du jeu, mais aussi la formation des sujets (personnages, auteurs, lecteurs) à l’œuvre dans les Alice. / This thesis consists in an analysis of play and game(s) in Lewis Carroll’s two major literary works, Alice’s Adventures in Wonderland and Through the Looking-Glass, in which diegetic, narratological, stylistic and linguistic games play a significant part. It shows that a tension is at work throughout the Alice books, between freedom and rules (between paidia, the impulsive manifestation of a play instinct, and ludus, the need to invent rules and to abide by them, to state this in Caillois’s terms). The study of games and toys, of the macro- and micro-structures, of the style and the intertexts reveals the playfulness of these texts, as they rely on “legafreedom”, freedom in, and made possible by legality (Duflo). They play with and against the reader’s commonsensical expectations, language and knowledge. Yet, at the same time, the virtual reader’s playing field is considerably limited: his or her faculties of ideation are directed by the interweaving of text and illustrations, and his or her participation (involvement?) in constructing the Carrollian text is restricted to filling in the textual “blanks,” as defined by Eco, i.e. making the “already said” that has been erased reappear. Carroll’s works are, therefore, characterized by this paradoxical idea: while the diegesis and the textual economy seem to promote play, the role of the Model Reader as mapped out by the text is extremely circumscribed. However, the real reader, interpellated by the Carrollian text and its Author, can take on the role of the Impostor Reader, counter-interpellate them, and become, thanks to this process of subjectification, a consummate playing reader. As such, “legafreedom” makes it possible to understand not only the aesthetics of play, but also the formation of subjects (characters, authors, readers) in the Alice books.
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La carnavalisation dans le roman cubain contemporain / Carnivalization in contemporary cuban novelChabrier, Isabelle 15 December 2012 (has links)
Cette étude met en lumière la dimension carnavalesque telle que théorisée par Mikhaïl Bakhtine chez Rabelais dans le roman cubain contemporain (El arpa y la sombra d’Alejo Carpentier, Paradiso de José Lezama Lima, De donde son los cantantes de Severo Sarduy, Tres tristes tigres de Guillermo Cabrera Infante, El color del verano o Nuevo “Jardín de las Delicias” de Reinaldo Arenas, La piel y la máscara de Jesús Díaz). Il s’agira principalement de montrer comment les caractéristiques de « ce monde à l’envers » qui marque la « vision carnavalesque » proposée par le théoricien russe s’inscrivent dans l’écriture, tant dans l’intégration des codes du carnaval comme motifs littéraires que dans les techniques narratives employées. Dans une lecture dépassant le concept baroque associé jusqu’ici aux romans cubains de notre corpus, nous envisageons la résurgence de traditions populaires anciennes de la fête carnavalesque, le mélange entre hommage et irrévérence, sacralisation et désacralisation, comme le symptôme d’une crise du sujet cubain, l’expression postmoderne du rejet des idoles en même temps que la manifestation d’un désir profond de retrouver une liberté provisoire dans la représentation littéraire carnavalisée et de se plonger dans l’âge d’or célébré par la fête. / This study sets out the Bakhtine “carnival dimension” in the Cuban contemporary novel (El arpa y la sombra by Alejo Carpentier, Paradiso by José Lezama Lima, De donde son los cantantes by Severo Sarduy, Tres tristes tigres by Guillermo Cabrera Infante, El color del verano o Nuevo “Jardín de las Delicias” by Reinaldo Arenas, La piel y la máscara by Jesús Díaz). Our main concern is to demonstrate that “upside down world characteristics” that fixe the “carnavalesque vision” proposed by the Russian theorist is part of the writing in the integration of the carnival’s codes both as literary themes as narrative techniques. In a reading exceeding the baroque concept associated up to now with the Cuban novels of our corpus, we envisage the resurgence of the carnival’s former popular traditions, the mixture between tribute and irreverence, sacralization and deconsecration, as the symptom of the Cuban subject’s crisis, the postmodern expression of the rejection of the idols at the same time as the demonstration of a deep desire to recover a temporary freedom in the carnivalized literary representation and to plunge into a golden age celebrated by the carnival.
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Masque et pouvoir : les techniques du camouflage dans le théâtre comique / Mask and power : camouflage techniques in the comic theaterMahmoud Maher Taha, Hosnah 12 May 2012 (has links)
Il y aurait interaction constante entre théâtre comique, masque et pouvoir que nous examinons à travers une lecture intertextuelle et comparative des pièces françaises, francophones et égyptiennes des XIXe et XXe siècles, en mettant l’accent sur les techniques de camouflage et leurs objectifs, témoins d’une continuité entre les cultures. Nous démontrons que la distanciation, bien que rattachée au monde sérieux de la dramaturgie brechtienne, excelle surtout dans le théâtre comique du masque. Ce projet comporte en fait trois parties. Dans une première partie, nous passons en revue dans le premier chapitre les métamorphoses du masque avec ses procédés en arrimant théâtre comique et notion du pouvoir. Nous posons ensuite dans un second chapitre l’assise théorique et méthodologique qui sert de base à notre étude, en abordant le théâtre du masque comme un procédé dramaturgique de distanciation. Nous examinons premièrement la distanciation à travers les zones du texte (didascalies, prologue, spectacle enchâssé), où le théâtre se dit comme tel. Nous consacrons la deuxième partie à l’exploration de tous les procédés d’étrangéisation employés par les dramaturges en vue de distancier le personnage portant le masque du pouvoir, en mettant en lumière son caractère bouffon et carnavalesque. Le travestissement sous ses divers aspects impose un rapport de forces entre les personnages qui se manifeste à travers l’échange verbal et non verbal derrière le masque ainsi que l’espace et la temporalité, et constitue un vecteur de distanciation, comme on le voit dans la troisième partie. Le cadre spatio-temporel, étant le support d’un jeu de faire-semblant, enracine la relation de domination occasionnée par le masque. Du fictif se dégage une image du réel. / There would be constant interaction between comic theater, mask, and power that we examine through a comparative and intertextual reading of French francophone, and egyptian plays from the nineteenth and twentieth centuries; focusing on the techniques of camouflage and their targets, which affirm continuity between cultures. We show that “distanciation”, although attached to the serious world of Brechtian dramaturgy, excels in the comic theater of the mask. This project comprises of three parts. In the first chapter of the initial part, we review the metamorphoses of the mask with its processes, by matching comic theater and concept of power. Then we put in a second chapter ,the theoretical basis and methodology, used as the basis for our study; addressing the theater of the mask as a dramatic process of “distanciation”. Firstly we examine the distance through the zones of the text (stage directions, prologue, & embedded shows), where the theater is presented alike. We devote the second part to the exploration of all the processes employed by the playwrights, in order to distance the character wearing the mask of power, highlighting its comic and carnivalesque aspects. The travesty in its various facets imposes a balance of power (relationship of power) between the characters. Which is manifested through verbal and non verbal exchange behind the mask ,space, and time which are vectors of distanciation (as seen in the third part). The spatio-temporal framework, being the holder of a game of make-believe, rooted the relationship of domination caused by the mask. The fictitious emerges an image of reality.
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Road novel, road movie : approche intermédiale du récit de la route / Road novel, road movie. : Intermedial approach of road narrativesBrasebin, Jenny 20 September 2013 (has links)
Apparu au lendemain de la Seconde Guerre mondiale avec la publication en 1957 d’On the Road de Jack Kerouac et la sortie, 12 ans plus tard, d’Easy Rider de Dennis Hopper, le road novel et le road movie constituent à nos yeux les deux versants de ce que nous avons choisi de nommer le récit de la route. Devant l’absence de réelle étude conjointe entre les deux formes et la persistance d’amalgames, nous souhaitons mettre en évidence ce qui permettrait de distinguer le road novel et le road movie d’autres récits d’errance. Un tel travail nécessite la mise au jour d’un outil d’analyse intermédial permettant d’embrasser de concert des oeuvres relevant d’expressions médiatiques différentes. Nous proposons donc de recourir au concept de chronotope développé par Bakhtine en littérature, et dont il a été démontré il y a peu qu’il est aussi susceptible de s’appliquer à un objet cinématographique. Nous posons que road novel et road movie reposent sur la combinaison d’un ensemble de chronotopes fondamentaux : celui de la route, dans le contexte de la motorisation et des non-lieux de la postmodernité, et celui du seuil, compris comme l’expression du tournant d’une vie. La présence d’une dimension parodique nous amène en outre à mobiliser un autre concept bakhtinien : celui de carnavalesque, qui s’articulerait justement autour des chronotopes de la route et du seuil définis précédemment. Afin de procéder à cette analyse chronotopique, nous nous appuyons sur un corpus d’oeuvres empruntées au répertoire américain, québécois et allemand, en raison notamment des multiples passerelles susceptibles d’être érigées entre ces différentes cultures. / Appearing in the wake of World War II, with the publication in 1957 of On the Road by Jack Kerouac,followed 12 years later with the screening of Denis Hopper’s Easy Rider, the road novel and road movie constitute, we argue, two sides of what we call the road narrative. Faced with a lack of comprehensive studies embracing both sides concurrently, and with recurrent amalgams, we reflect on the components differentiating the road novel and road movie from other types of wandering stories. Such a project calls for the construction of an intermedial apparatus, enabling us to jointly encompass artworks belonging to different media formats. Consequently, we build on the concept of the chronotope, as developed by Bakhtin as a tool for literarycriticism, and recently extended by scholars to cinematographic objects. We show how road novels and roadmovies emerge from the combination of two fundamental chronotopes: that of the road, exemplified by a postmodern universe dominated by motor vehicles and non-places, and that of the threshold, understood as the expression of a critical turn in one’s life. The noted presence of a parodic dimension in road narrativescalls for the introduction of an additional bakhtinian concept: the carnivalesque, which, as we show, can be articulated in relation to the previously defined road and threshold chronotopes. For this chronotopical analysis, we selected artworks from the American, Quebecois and German repertoires, a choice justified by the numerous potential connections to be established between those three different cultures.
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La Fête paradoxale sur la scène britannique contemporaine / The Paradoxical Party on the British Contemporary StageAlliot, Julien 18 November 2016 (has links)
Depuis sa naissance au cœur des célébrations païennes ou religieuses du Moyen Âge anglais, le théâtre britannique a toujours entretenu des liens privilégiés avec la fête. Cette affinité élective entre le dramatique et le festif fait ici l’objet d’une réflexion esthétique reposant sur un corpus de pièces contemporaines où sont représentées toutes sortes de célébrations. En effet, qu’il s’agisse d’anniversaires, de Noëls, ou de retrouvailles entre amis, le topos festif perdure sur les scènes britanniques de la seconde moitié du XXe siècle (The Birthday Party fut joué à Londres en 1958) jusqu’au début du XXIe siècle, avec des pièces comme Jerusalem de Jez Butterworth (2009) ou In the Republic of Happiness de Martin Crimp (2012). Or, après l’expérience traumatique de la Seconde Guerre mondiale et les crises protéiformes qui ont affecté le monde au cours des dernières décennies, la rémanence de la fête sur scène a de quoi étonner. Il convient cependant d’observer que lorsque le phénomène festif se change en objet de représentation, il donne l’occasion aux dramaturges de déployer une poétique carnavalesque où l’excès cohabite avec le manque, la légèreté avec la gravité, pour finalement mettre le monde et les formes traditionnelles sens dessus dessous. Éminemment transgressive et volontiers caractérisée par la pénurie, le manque, voire la violence ou la mort, la fête paradoxale devient le lieu privilégié d’une exploration éthique et esthétique des limites du figurable. Elle offre dès lors un paradigme fécond pour rendre compte du renouvellement des formes dramatiques contemporaines. / British theatre and festivities have always been closely linked. From the moment the first plays were performed during medieval festivals to present-day representations of parties in which people binge drink or use drugs, it might even be argued that the celebratory mood has never left the stage. This intimate connection between the dramatic and the festive is investigated here from an aesthetic point of view, through a corpus of contemporary plays representing celebrations. Be they birthdays, anniversaries, Christmases or reunions, the festive motif is a recurring one in the second half of the twentieth century, with plays like The Birthday Party (1958), and on into the twenty-first century, with Jez Butterworth’s Jerusalem (2009) or Martin Crimp’s In the Republic of Happiness (2012). Considering the traumatic experience of the Second World War or the protean crises that have subsequently affected the world, we might expect parties to disappear from the stage altogether; yet, this is not the case. In fact, we find that when the festive phenomenon is turned into an object of representation, it allows dramatists to put forward a poetics of excess characterised by exuberance and transgression. Not only does this carnivalesque energy turn the world upside down, it also subverts traditional dramatic forms. Oscillating between lack and excess or lightheartedness and gravity, sometimes verging on scarcity, violence or even death, the paradoxical party becomes the epitome of an aesthetic and ethical exploration of the limits of the representable. It thus offers a fruitful paradigm to account for the renewal of dramatic forms on the contemporary stage.
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Posture et éthos dans les chansons d'Alaclair EnsembleRaschella-Lefebvre, Maxime 12 1900 (has links)
Paru en 2010, l’album 4,99 du groupe Alaclair Ensemble est reconnu par la critique comme l’acte fondateur du « post-rap », ou « nouveau rap québ », qui rassemble également les formations Dead Obies et Loud Lary Ajust. Alaclair Ensemble remplace ce terme par le néologisme « post-rigodon », ce qui annonce la dimension ludique de l’écriture du groupe ainsi que son mélange du rap et de la tradition québécoise. Comme le préfixe « post » indique l’emploi d’une « logique de la distinction » (Dubois, 1986, p. 44) par rapport au genre du rap, ce mémoire a pour objectif de décrire la singularité de l’esthétique « post-rigodon » d’Alaclair Ensemble et de saisir l’éthos du groupe ainsi que la « posture d’auteur » (Meizoz, s.d.) que supposent les termes « post-rap » et « post-rigodon ».
Pour montrer comment la posture « post-rap » a permis le renouveau du rap québécois dans la décennie suivant la parution de 4,99, l’étude de l’œuvre du collectif grâce à la théorie du « marché des biens symboliques » de Pierre Bourdieu (1992), mise en relation avec l’analyse des textes à l’aide des hip-hop studies, révèle les compromis faits par Alaclair Ensemble entre un éthos hip-hop supposé « authentique » et un éthos d’artistes « purs » à la recherche de capital symbolique. Finalement, ce mémoire s’intéresse à la dimension « carnavalesque » de l’œuvre en se basant sur les travaux de Mikhaïl Bakhtine (1970) afin de comprendre les procédés qui créent l’aspect « absurde » du groupe.
Cette approche triple de l’œuvre du collectif permet de montrer comment, à travers une poétique hybride, Alaclair Ensemble se crée une posture originale qui lui assure le succès autant dans la sphère du rap québécois que dans celle de la chanson québécoise. / Released in 2010, 4,99, an album by Alaclair Ensemble, is recognized by critics as the founding act of "post-rap" or "nouveau rap québ", which also includes groups such as Dead Obies and Loud Lary Ajust. Alaclair Ensemble replaces this term with the neologism "post-rigodon", which stresses the playful dimension of the group's writing as well as its mixture of rap and Québécois tradition. Considering that the prefix "post" indicates the use of a "logic of distinction" (Dubois, 1986, p. 44) in relation to the rap genre, this dissertation aims to describe Alaclair Ensemble's "post-rigodon" aesthetic in order to identify the group's ethos as well as the "authorial posture" (Meizoz, n.d.) implied by the terms "post-rap" and "post-rigodon".
To show how the "post-rap" posture allowed for Quebec rap’s revival in the decade following the release of 4.99, the study of the collective work’s place through Pierre Bourdieu's theory of the "market of symbolic goods" (1992) and the textual analysis using hip-hop studies reveal the compromises made by Alaclair Ensemble between an "authentic" hip-hop ethos and an ethos of "pure" artists in search of symbolic capital. Finally, this dissertation focuses on the "carnivalesque" dimension of "post-rigodon" by drawing on the work of Mikhail Bakhtin (1970) to identify the processes creating the "absurd" aspect of the group.
This threefold approach to the collective's work allows us to show how, through hybrid poetics, Alaclair Ensemble creates an original posture ensuring its success in Québec’s rap scene as well as in Québec chanson.
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