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L’invention de la rencontre : contrat et transaction dans les représentations littéraires de l’échange prostitutionnelBrassard, Léonore 08 1900 (has links)
Cette thèse porte sur la représentation littéraire de l’échange prostitutionnel dans son rapport ambigu au contrat, à l’intimité et à la rencontre. Elle est basée sur une analyse de textes de Villiers de L’Isle-Adam, Maupassant, Flaubert, Arcan, Duras, et du tableau Olympia de Manet. Dans un premier temps, je m’intéresse à un motif abordé par certains textes du corpus, et devenu lieu commun, celui qui fait de la prostitution la métaphore et l’extension du capitalisme en tant que ce dernier « réifie le monde », et j’en montre les divers déploiements. Dans un second temps, j’analyse des œuvres qui mettent de l’avant l’échange prostitutionnel en reprenant un autre rapport qu’il entretient avec le marché (intimement lié au premier) : celui de la clôture de la relation induite par le contrat. Les textes à l’étude problématisent cette rencontre « annulée ». En cela, je m’arrête d’une part sur l’invention d’un « dépassement » du contrat vers l’intimité, et de l’autre sur la mise en scène, rejouée dans l’échange prostitutionnel, d’un empêchement de la relation. Comment la prostitution figure-t-elle en tant que métaphore péjorative de la vénalité ? Comment devient-elle par ailleurs le lieu de la répétition d’une impossible rencontre sexuelle « véritable » ? Alimentée par ces questions, cette thèse analyse les représentations de l’échange prostitutionnel dans la littérature comme lieu paradigmatique du contrat, paradoxalement travaillé de l’intérieur par l’invention d’une rencontre toujours occupée à ne pas se faire. / This thesis focuses on the literary representation of prostitutional exchange in its ambiguous relationship to the concepts of contract, intimacy and encounter. It is based on an analysis of texts by Villiers de L'Isle-Adam, Maupassant, Flaubert, Arcan and Duras, as well as Manet's painting, Olympia. First, I focus on a theme addressed by some writings within the corpus which has become commonplace: the idea of prostitution as the too wide extension of capitalism, as it “reifies the world.” I show the various deployments of this metaphor. In a second step, I analyze literary works that put forward the prostitutional exchange by returning to another relationship that it maintains with the market (intimately linked to the first): that of the closure and the clarity of the rapport allowed by the contract. The texts offered for study herein problematize this “cancelled” meeting. In this, I address on the one hand the development of “surpassing” of the contract towards intimacy, and on the other, on the staging, replayed in the prostitutional exchange, of an impediment of the relationship. How does prostitution become the pejorative metaphor for venality? How does it also become the place of repetition of an impossible “real” sexual encounter? These queries spark others to unfold through the thesis, in that the latter questions the prostitutional exchange in literature as a paradigmatic place of the contract, paradoxically developed from within by the invention of an encounter constantly yearning to be inexistant.
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Le personnage queer du dandy décadent dans Les Hors nature de Rachilde et Le Portrait de Dorian Gray d’Oscar WildeSt-Martin, Émilie 08 1900 (has links)
Avec l’avènement de la sexologie à la fin du XIXe siècle, le discours médico-juridique sur les déviances sexuelles et la psychiatrie s’impose dans les sociétés européennes, devenant ainsi la référence en matière de normalité non seulement sexuelle et identitaire, mais aussi, en parallèle, culturelle et morale. Investiguant le domaine littéraire à la recherche de perversions sexuelles, la discipline médico-légale s’empare des personnages et leurs auteurs, désormais tous analysés et critiqués par ce regard « pathologisant ». Sous cet angle, les dandys décadents Paul-Eric de Fertzen dans Les Hors nature (1897) de Rachilde et Dorian Gray dans Le Portrait de Dorian Gray (1890) d’Oscar Wilde sont deux « cas » médicaux exemplaires de déviance androgyne, « homosexuelle » et dégénérescente, car ils ne performent pas (ou mal) la norme hétéronormative et virile en vigueur à l’époque. À l’aide de la théorie queer envisagée comme processus de « “déterritorialisation” de l’hétérosexualité » (Preciado, 2003), ce mémoire remet en question les présupposés historiographiques du « contrat social » (Wittig, 1992) implicite et décloisonne les personnages (et les auteurs) de leurs multiples diagnostics. En relevant dans les trajectoires narratives des protagonistes les ratés initiatiques qui empêchent leur agrégation à la société, dans une perspective ethnocritique, nous nous intéresserons à ce qui construit une identité à la fin du XIXe siècle. Une question principale guide ce travail : comment ces dandys, en étant monstrueux, anormaux, marginaux, mal initiés, se posent-ils en figures queer et « liminaires » (Scarpa, 2009) au sein du récit? / With the advent of sexology at the end of the 19th century, the medico-legal discourse on sexual deviance and psychiatry impose itself in European societies, thus becoming the reference in matters of not only sexual normality and identity, but also, in parallel, in cultural and moral discourse. Investigating the literary field in search of sexual perversions, the forensic discipline seizes the characters and their authors, now all analyzed and criticized by this “pathologizing” gaze. From this angle, the decadent dandies Paul-Eric de Fertzen in Les Hors nature (1897) by Rachilde and Dorian Gray in The Picture of Dorian Gray (1890) by Oscar Wilde are two exemplary medical “cases” of androgynous, “homosexual” and degenerate deviance, because they do not perform (or poorly) the heteronormative and virile norm in force at the time. Using queer theory seen as a process of “‘deterritorialization’ of heterosexuality” (Preciado, 2003), this thesis questions the historiographical presuppositions of the implicit “social contract” (Wittig, 1992) and decompartmentalizes the characters (and the authors) of their multiple diagnosis. By noting in the narrative trajectories of the protagonists the initiation failures that prevent their aggregation into society, from an ethnocritical perspective, we will be interested in what built an identity at the end of the 19th century. A main question guides this work: how these dandies, by being monstrous, abnormal, marginal, poorly initiated, do they pose as queer and “liminary” figures (Scarpa, 2009) within the narrative?
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La vraisemblance historique dans le roman Nicolas Perrot de Georges Boucher de BouchervilleTremblay, Étienne 10 1900 (has links)
Nicolas Perrot ou les coureurs des bois sous la domination française (1889) est un roman qui évoque la vie d’un coureur de bois à l’époque de la Nouvelle-France (autour de 1669). L’auteur George Boucher de Boucherville est bien connu pour son roman Une de perdue, deux de trouvées, mais le roman à l’étude dans ce mémoire a longtemps été oublié avant d’avoir été édité pour la première fois en un seul volume en 1996. Comme devant tout roman historique, le lecteur doit se questionner sur le rapport que l’auteur entretient avec la vérité historique. Ce mémoire se penche sur l’authenticité des informations qui se trouvent dans le roman. L’analyse se base sur une recherche sur l’œuvre, son auteur, le contexte littéraire et les deux époques pertinentes (Nouvelle-France et Québec du XIXe siècle). Ces mises en contexte conduisent à l’analyse du roman (appuyée par l’ethnologie récente) qui permet de conclure que Boucherville s’éloigne à plusieurs égards des portraits caricaturaux des coureurs de bois et des Autochtones qui sont monnaie courante à son époque. / Nicolas Perrot ou les coureurs des bois sous la domination française (1889) is a novel about the life of a coureur de bois (french fur trader) during the New France era (around 1669). The author Georges Boucher de Boucherville is well known for his novel Une de perdue, deux de trouvées, but the work studied here has been long forgotten before it was first published in a single tome in 1996. As with every historical novel, readers have to inquire into the relationship the author has with historical truths. This master’s thesis focuses on the authenticity of the information contained in the novel. The analysis is based on research on the author and his work, the literary context and the two relevant periods (New France and nineteenth-century Quebec). Following these inquiries, we analyse the novel (guided by modern day ethnology) and come to the conclusion that Boucherville’s work deviates from the clichés usually associated with coureurs de bois and indigenous people.
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Espace et récit : l’inscription des temps dans la ville : parcours stochastiques chez Julio CortázarJacques, Gabrielle 04 1900 (has links)
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Les contes de Mme d’Aulnoy et leur fortune en Europe (France ; Italie ; Grande-Bretagne ; Allemagne)1752-1935 / The Fairy tales of Madame d'Aulnoy and their fortune in Europe (French; Italy; Great-Britain; Germany) 1752-1935Alzati, Valentina 15 November 2018 (has links)
Dans cette thèse, on examine les différents aspects de la réception et de la fortune des contes de la baronne d’Aulnoy à la fin du XIXe siècle, permettant d’enrichir les analyses critiques à propos des contes de fées classiques et de leur perception en époque moderne. L’étude porte, en un premier temps, sur le domaine de nouvelles éditions des contes qui voient le jour à partir de premières années du XIXe siècle, jusqu’aux premières années du XXe. La composition des volumes et la forme des textes permettent de comprendre comment c’est uniquement à la fin du XIXe siècle que Mme d’Aulnoy commence à être considérée comme une auteure classique : une écrivaine qui propose aux lecteurs des contes merveilleux originaux et non pas une simple transcriptrice de contes folkloriques. L’analyse des réécritures et des transpositions permet, en revanche, de comprendre le rôle de la baronne et de son œuvre dans le renouvellement du merveilleux de la fin du siècle, car les réécritures complètes de certains de ses contes présentent des traits stylistiques propres au genre du merveilleux perverti. Cela permet de saisir l’intérêt que les auteurs de cette époque portent sur la figure de l’écrivaine : elle est perçue comme un modèle, au même niveau que Charles Perrault, ce qui justifie la présence de réécritures complètes de son œuvre. D’un autre côté, certaines reprises de thèmes, motifs et personnages, permettent de mieux comprendre l’importance du souvenir littéraire dans le renouvellement du genre merveilleux. Les transpositions pour le théâtre sont, enfin, présentes uniquement dans la culture anglaise. Les contes de la baronne d’Aulnoy qui participent à ce phénomène permettent un profond renouvellement de certains genres du théâtre classique et la création de nouveaux, qui présentent, pour la première fois, le thème du grotesque. Ce travail permet, donc, de souligner la portée et l’importance de la production d’une écrivaine qui a été, pendant longtemps oubliée et de mettre en relief en quel sens ses contes merveilleux ont contribué à enrichir plusieurs genres et plusieurs modèles relevant de la culture de la fin du siècle. / In this thesis, the variousaspects of the reception and the fortune of the fairy tales of the baroness of d’Aulnoy at the end of the 19th century are examined, allowing enriching the critical analyses about classical fairy tales and their perception in modern time. In first place, new editions of the tales, printed from from first years of the 19thcentury, until the first years of 20th are examined. The composition of volumes and the shape of the texts make it possible to understand how it is only at the end of the 19th century that Mrs. d'Aulnoy starts to be regarded as a classical author. She begins to be considered as a writer that proposes to the readers original marvelous tales and not a simple rewriter of folk tales. The analysis of the rewritings and the transpositions allows, on the other hand, to understand the role of the baroness and her work in the renewal of marvelous literature at the end of the century. In fact, the complete rewritings of some of its tales present some stylistics features that can be connected with the perverted marvelous, typical of the end of the century. That makes it possible to seize the interest which the authors of this time carry on the figure of the writer. She begins to be perceived as a model, on the same level as Charles Perrault, which justifies the presence of complete rewritings of its work. On the other hand, the presence of some themes and characters that can originally be found in Mrs. d’Aulnoy’s works inside new works allows to better understand the importance of the literary memory in the renewal of marvelous literary genre. In the end, the transpositions for the theater can only be found in the English culture. The tales of the baroness d’Aulnoy which take part in this phenomenon allow a deep renewal of certain genres of the classical theater and the creation of new ones, presenting, for the first time, characters and topics linked to grotesque. This work allows therefore, to stress the range and the importance of the production of a writer which, has been forgotten for a long time and to highlight in which direction its tales contributed to enrich the marvelous at the end of the century.
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La littérature à l’ère photographique : mutations, novations, enjeux : de l’argentique au numériqueMonjour, Servanne 10 1900 (has links)
Travail réalisé en cotutelle avec l'Université Rennes 2 (France) / Désormais, nous sommes tous photographes. Nos téléphones intelligents nous permettent de capter, de modifier et de partager nos clichés sur les réseaux en moins d’une minute, tant et si bien que l’image photographique est devenue une nouvelle forme de langage. Réciproquement, serions-nous également tous écrivains ? Il existe en effet une véritable légitimité historique à penser que la notion d'écrivain, comme celle de photographe, s'étend le long d'un paradigme allant de la « simple » possession d'une aptitude technique jusqu'à la gloire des plus fortes figures de la vie culturelle collective. Cette thèse vise à déterminer comment se constitue une nouvelle mythologie de l’image photographique à l’ère du numérique, comprenant aussi bien la réévaluation du médium argentique vieillissant que l’intégration d’un imaginaire propre à ces technologies dont nous n’avons pas encore achevé de mesurer l’impact culturel sur nos sociétés. À cet égard, la perspective littéraire est riche d’enseignements en termes culturels, esthétiques ou même ontologiques, puisque la littérature, en sa qualité de relais du fait photographique depuis près de deux siècles, a pleinement participé à son invention : c’est là du moins l’hypothèse de la photolittérature. En cette période de transition technologique majeure, il nous revient de cerner les nouvelles inventions littéraires de la photographie, pour comprendre aussi bien les enjeux contemporains du fait photographique que ceux de la littérature. / Nowadays, we are all photographers. Our smart phones allow us to take, edit and share our snapshots on social media in less than a minute, to the extent that the photographic image has become a new form of language. Reciprocally, have we all become writers as well? There truly is historical legitimacy in seeing the notion of the writer, like that of the photographer, as spanning a paradigmal spectrum, running from “simple” possession of technical aptitude, to the glory of the loftiest figures in our collective cultural life. This thesis aims to determine how the new mythology around the photographic image takes shape in the digital age, while also re-evaluating the aging medium of film, as well as integrating a newly imagined sphere of ideas surrounding these new technologies, for which we have yet to measure the cultural impact on our societies. In this respect, a literary perspective is rich in cultural and even ontological lessons, since literature has interacted with photography for nearly two centuries, and thus contributed to its invention : this is at least the central hypothesis of photoliterature. In this period of major technological transition, we must therefore identify photography’s new literary inventions, so that we can better understand the contemporary issues surrounding both the worlds of photography and literature.
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Identity, gender, nation : a comparative study of the science fiction writings of Han Song and Xia JiaGan, Zichuan 12 1900 (has links)
La science-fiction chinoise contemporaine gagne une attention considérable de la part du milieu académique et du public ces dernières années. Ce mémoire se concentre sur deux écrivains de science-fiction chinoise représentatifs, Han Song 韩松 (1965–) et Xia Jia 夏笳 (1984–), et examine comment leurs œuvres reflètent de manière critique la société moderne (chinoise) à travers trois sujets : l’identité, le genre et la nation. Les textes analysés sont : « The Passengers and The Creator 乘客与创造者 » et « Beauty Hunting Guide 美女狩猎指南 » de Han Song, « Goodnight, Melancholy 晚安忧郁 » et « A Hundred Ghosts Parade Tonight 百鬼夜行街 » de Xia Jia. En s’appuyant sur les théories en matière de la subjectivité et du langage ainsi que sur les critiques posthumanistes, le premier chapitre montre que les écrits de Han Song et Xia Jia réfutent le point de vue métaphysique de la possession de soi et produisent une vision critique de la subjectivité humaniste (anthropocentrique). Basé sur la discussion de la politique d’identité dans le premier chapitre, la deuxième partie du mémoire porte sur les représentations de genre dans « Goodnight, Melancholy » et « Beauty Hunting Guide ». Ces deux textes révèlent la construction sociale du genre à travers une narration hautement spéculative. « Goodnight, Melancholy » intègre subtilement la critique de l’hétéronormativité dans l’histoire, et « Beauty Hunting Guide » critique la violence et la consommation interhumaine dans la société moderne (chinoise) d’une manière similaire au « A Madman’s Diary 狂人日記 » de Lu Xun. En discutant les discours sur l’État- nation et le sinofuturisme, nous démontrons au troisième chapitre que les nouvelles de Han Song et Xia Jia illustrent pleinement l’ambivalence du concept de « Chineseness ». En un mot, ce mémoire aborde le pouvoir épistémologique des œuvres de Han Song et Xia Jia qui nous permet de reconceptualiser ce que nous comprenons comme « réalité ». / Contemporary Chinese science fiction has gained considerable attention from academics and the public in recent years. This thesis focuses on two representative Chinese science fiction writers, Han Song 韩松 (1965–) and Xia Jia 夏笳 (1984–), and examines how their works critically reflect on modern (Chinese) society through three topics: identity, gender, and nation. The texts analyzed are: Han Song’s “The Passengers and The Creator 乘客与创造者” and “Beauty Hunting Guide 美 女狩猎指南,” Xia Jia’s “Goodnight, Melancholy 晚安忧郁” and “A Hundred Ghosts Parade Tonight 百鬼夜行街.” Relying on theories about subjectivity and language as well as posthumanist critics, I argue in the first chapter that Han Song and Xia Jia’s writings refute the metaphysical view of self-possession and produce a critical vision of humanistic (anthropocentric) subjectivity. Based on the discussion of identity politics in Chapter One, the second chapter focuses on gender representations in “Goodnight, Melancholy” and “Beauty Hunting Guide.” I contend that these two texts reveal the social construction of gender through highly speculative storytelling. “Goodnight, Melancholy” subtly integrates the criticism of heteronormativity into the story, while “Beauty Hunting Guide” critiques the violence and inter-human consumption in modern (Chinese) society in a way similar to Lu Xun’s “A Madman’s Diary 狂人日記.” By discussing discourses about nation-state and Sinofuturism, I demonstrate in Chapter Three that Han Song and Xia Jia’s novels fully reveal the ambivalence of the concept of “Chineseness.” In a word, this thesis addresses the epistemological power of Han Song and Xia Jia’s works that allows us to reconceptualize what we understand as “reality.”
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SŌMA ; suivi de, «Corps là, noué aux mots» : plasticité de l’écriture et voilement du je dans Dire II de Danielle CollobertLamoureux, Frédérique 08 1900 (has links)
Mémoire en recherche-création / Sōma, c’est le temps de l’inscription de l’écrit sur et dans le corps, c’est le temps de la somatisation, de la révélation de l’affect comme symptôme, du corps qui réplique à la violence extérieure. C’est également un recueil de fragments qui se suivent comme tant de scènes et qui, à la manière d’un « corps sans organes », se lient les uns aux autres selon des connexions productives, « des circuits de conjonctions, des étagements et des seuils, des passages et des distributions d’intensité, des territoires et des déterritorialisations […] ». Un peu comme chez Collobert, l’aventure des fragments s’inscrit avant tout dans un parcours phénoménologique, dans les moyens que se donne le texte pour traduire l’expérience corporelle de la souffrance. Dans Sōma, la narration oscille entre le passé, temps de l’enfermement, de la maladie, des premiers balbutiements de l’écriture, et le présent de l’écriture, source de maux comme de soulagement, qui préside à la création du recueil. Grâce à l’enchevêtrement de ces deux temps narratifs, le je poétique explore les différents états du corps féminin souffrant, qu’il s’agisse de souffrance physique comme de souffrance psychologique.
« Corps là, noué aux mots » : plasticité de l’écriture et voilement du je dans Dire II de Danielle Collobert interroge d’abord la plasticité à l’œuvre dans le recueil Dire II de Danielle Collobert. Grâce à une étude approfondie du concept de plasticité tel qu’explicité par la philosophe Catherine Malabou, qui emprunte la notion à Hegel, il nous est permis d’en dégager quelques fonctions : potentiel de donation et d’explosion de la forme, du corps et du sujet. Formellement à l’œuvre dans le recueil à l’étude, ces fonctions innervent et décrivent la nature scripturaire du passage de Dire I à Dire II et qualifient, avec justesse, les métamorphoses internes qui ont lieu dans Dire II. Ces fonctions s’incarnent concrètement grâce à un changement de paradigme textuel : la parataxe remplace la phrase longue, l’horizontalité laisse place à la verticalité, les vers deviennent de plus en plus hachurés, le sujet morphologique semble progressivement disparaître. Ce dernier point ouvre la réflexion sur le second pan principal de l’essai, soit, le voilement du je au sein du recueil. Intrinsèquement reliée à la question de la plasticité, l’apparition et la disparition du sujet poétique soulèvent celle de l’assujettissement, c’est-à-dire de la formation du sujet qui, elle aussi, s’inscrit sous le signe de la plasticité puisque le sujet poétique est en constant devenir, il n’est jamais stable, pareil et identique à lui-même. Les métamorphoses ainsi que les différents états du sujet mènent à une étude approfondie des liens qui existent entre celui-ci et son corps, dont la représentation hante le texte. Examinant les liens entre texte, sujet et corps, l’essai esquissera, notamment grâce à l’apport de Maurice Blanchot, Évelyne Grossman, Gilles Deleuze de Jacques Derrida, une pensée de l’écriture comme souffrance corporelle, de la souffrance comme inscription textuelle. / Sōma is the time of an inscription of the text on and in the body, it is the time of somatization, of
the revelation of the affect as a symptom, of the body responding to external violence. It is also a
collection of fragments which follow one another like so many scenes and which, like a body
without organs, are linked to each other according to productive connections, " circuits of
conjunctions, stages and thresholds, passages and distributions of intensity, territories and
deterritorializations […]2 ". A bit like with Collobert, the adventure of fragments is first and
foremost part of a journey towards a phenomenological writing, in the means that the text gives
itself to translate the bodily experience of suffering. In Sōma, the narration oscillates between the
past, a time of confinement, illness, the beginning of writing, and the present of writing, a source
of pain and relief, which governs the creation of the collection. Through the entanglement of
these two narrative tenses, the poetic subject explores the different states of the suffering female
body, whether it is physical suffering or psychological suffering.
" Body There, Tied to Words " : Plasticity of Writing and Veiling of the I in Dire II by Danielle
Collobert first questions the plasticity at work in Danielle Collobert's Dire II. Thanks to an indepth
study of the concept of plasticity as explained by the philosopher Catherine Malabou, who
borrows the notion from Hegel, we are able to identify some functions: potential for donation and
explosion of form, the body and the subject. Formally at work in the work under study, these
functions innervate and describe the scriptural nature of the passage from Dire I to Dire II and
aptly qualify the internal metamorphoses that take place in Dire II. These functions are concretely
embodied thanks to a change of textual paradigm: the parataxis replaces the long sentence,
horizontality gives way to verticality, the lines become more and more hatched, the
morphological subject seems to gradually disappear. This last point opens the reflection on the
second main part of the essay, that is, the veiling of the I within the collection. Intrinsically linked
to the question of plasticity, the appearance and disappearance of the poetic subject raises that of
subjugation, that is to say of the formation of the subject which, too, is inscribed under the sign of
plasticity since the poetic subject is in constant evolution: it is never stable, the same and
identical to itself. The metamorphoses as well as the different states of the subject lead to an indepth
study of the links that exist between him and his body, the representation of which haunts
the text. Examining the links between text, subject and body, the essay will sketch, thanks in particular to the contributions of Maurice Blanchot, Évelyne Grossman, Gilles Deleuze and
Jacques Derrida, a thought of writing as bodily suffering, of suffering as textual inscription.
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Le sensorium de la lecture : l’expérience du corps et de l’esprit dans la Poésie Concrète brésilienneMate, Gissela 11 1900 (has links)
La lecture est fréquemment associée dans la modernité à un exercice de l’esprit vers l’acquisition des informations et de savoir. Cette façon de concevoir l’acte de lire comme une action centrée majoritairement sur le mental, toutefois, cache une tradition de lecture amplement corporelle pratiquée entre la basse Antiquité et la fin de la période médiévale. Cette thèse s’occupe d’examiner alors une rupture historique entre corps et lecture, un processus qui sous-tend l’avènement de la façon moderne de lire, c’est-à-dire d’un modèle qui est enraciné dans la vision et dans les fonctions intellectuelles. Ce travail s’appuie sur les études des théoriciens de l’histoire de la lecture, ainsi que sur une ample réflexion sur la sagesse émanée du corps dans le but de récupérer une lecture associée à la pratique synesthésique. Pour accomplir cette tâche, l’on cherche à l’intégration de perspectives historique, analytique et pratique pour discuter et mettre en action une lecture de teneur corporelle. Ceci implique une pratique qui entre aussi dans la dynamique de la thèse. Ainsi, on part de l’analyse de la Poésie Concrète majoritairement brésilienne pour atteindre à deux objectifs à la fois : tout d’abord, on caractérise ce mouvement poétique qui est une référence dans le contexte de la poésie visuelle, ce qui corroborait à l’importance de la vue dans le contexte de l’histoire de la lecture. D’un autre point de vue, le travail de cette thèse avec la Poésie Concrète rend tangible aussi la démonstration d’une force corporelle dans la lecture en action qu’on y apporte. Ainsi, comptant sur une approche de lecture qui est aussi pratique, la thèse vise à démontrer qu’il y a une implication inexorable du corps dans l’acte de lire. / Reading is frequently associated in modernity with a mental practice seeking to acquire knowledge and information. Nevertheless, this way of conceiving reading as an act focused mainly on intellectuality conceals a vast tradition of bodily reading practiced from late Antiquity up to the end of the medieval period. This dissertation thus aims to examine the historical rupture between the body and the reading process underlying the emergence of our modern way of reading, which emphasizes the sense of sight and purely intellectual functions. This research is grounded on theoretical studies of the history of reading, as well as on a broad reflection on knowledge emanating from the body, and thus proposes recovering a reading model associated with synesthetic practice. To accomplish this task, this study seeks to integrate historical, analytical and practical perspectives as a way to discuss and enact a reading method conscious of the body's existence; the role of the body in the act of reading is part and parcel of the dissertation’s dynamic. The analysis of Brazilian Concrete Poetry allows for achieving two objectives at once: first, a characterization of this poetic movement, considered exemplary of visual poetry, corroborates the singular importance of sight in the history of reading in modernity. In addition, however, working with the Concrete Poetry offers a tangible demonstration of the body’s force in the context of interactive reading. In other words, in endorsing an understanding of reading based on practice, the dissertation strives to show how the act of reading implies the irrepressible presence of the body.
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Récits de fin du monde : la littérature comme archeThuot, Marie-Ève 11 1900 (has links)
Cette thèse s’inscrit dans le champ des études sur les fictions de la fin du monde. J’y explore la question suivante : pourquoi existe-t-il autant de romans et de films racontant la fin d’un monde, et si peu la fin du monde ? En effet, la plupart des fictions dites de « fin du monde » mettent en scène la menace d’une catastrophe évitée, ou une destruction partielle, ou encore un univers post-apocalyptique habité de survivants. L’anéantissement total et définitif de l’espèce humaine, quant à lui, constitue rarement le dénouement de ce type d’œuvres.
Ce déséquilibre s’explique en partie par le fait que ces œuvres représentent davantage le renouvellement du monde que sa disparition. Mon hypothèse est que nombre de ces récits de la fin héritent d’un imaginaire, d’une structure, de thèmes, de motifs, etc., provenant du mythe du déluge tel qu’il s’est développé dans l’Antiquité (entre autres dans sa version biblique), lequel symbolise la refondation et la transmission, et non l’anéantissement.
Dans le premier chapitre, je propose une exploration de différents concepts et théories permettant de mieux définir les romans et les films de la fin du monde : les dispositif et contre-dispositif de Giorgio Agamben ; la conception des mythes de René Girard (principalement pour les notions d’indifférenciation et de bouc émissaire) ; le décalage prométhéen de Gunther Anders ; le catastrophisme éclairé de Jean-Pierre Dupuy ; les deux raisonnements mythologiques opposés identifiés dans les récits antiques de la fin du monde par Christine Reungoat-Dumas. Dans le deuxième chapitre, j’étudie d’abord comment le thème de la transmission s’articule dans quelques mythes antiques du déluge, avant de proposer un canevas général des mythèmes constituants. À partir de cette délimitation, je procède ensuite à l’analyse de trois mythèmes (la crise indifférenciatrice ; l’abri ; le lâcher d’oiseaux) dans un corpus de romans et de films des 20e et 21e siècles. Cette analyse permet de faire ressortir l’importance du thème de la transmission (de gènes et de mèmes, donc de réplicateurs). La transmission reflète un besoin de transcendance qui définit, oriente, ou du moins colore, pratiquement toutes les œuvres de la fin du monde. Dans ce contexte, la littérature, objet de transmission, peut être appréhendée comme une « arche métaphorique ». Le troisième chapitre se concentre sur l’analyse d’une œuvre, la trilogie MaddAddam (Oryx and Crake ; The Year of the Flood ; MaddAddam) de Margaret Atwood. J’y avance que cette œuvre prend la forme d’une épopée, dans laquelle on assiste à la mise en scène de sa propre écriture. Cette mise en abyme démontre bien que la trilogie, tout en étant une œuvre de fin du monde, raconte également la naissance d’un nouveau monde : l’épopée intradiégétique qui s’y compose tente d’immortaliser une partie du passé et d’orienter le futur. La littérature, sous la forme de cette épopée, figure ainsi une arche qui relie les mondes pré-apocalyptique et post-apocalytique de l’œuvre d’Atwood. / This thesis falls within the field of studies pertaining to end-of-the-world works of fiction. In it, I examine the following question: why are there so many novels and films about the end of a world, and so few about the end of the world? Indeed, most of the so-called end-of-the-world fiction portrays the threat of averted catastrophe, a partial destruction, or a post-apocalyptic universe inhabited by survivors. The total and final annihilation of the human species, on the other hand, is seldom the outcome of this type of work.
This imbalance is partly explained by the fact that these works represent the renewal of the world rather than its disappearance. My hypothesis is that many of these stories inherit their imagery, structure, themes, motifs, etc., from the flood myth as it developed in antiquity (notably in the biblical version), which symbolize refoundation and transmission, rather than annihilation.
In the first chapter, I offer an exploration of different concepts and theories allowing to better define the novels and films dealing with the end of the world: the apparatus and counter-apparatus of Giorgio Agamben; the conception of myths by René Girard (mainly, the notions of indifferentiation and scapegoating); the Promethean shift of Gunther Anders; the enlightened catastrophism of Jean-Pierre Dupuy; the two opposing mythological reasonings identified in ancient end-of-the-world narratives by Christine Reungoat-Dumas. In the second chapter, I begin by studying how the theme of transmission is elaborated in some ancient flood myths, before presenting a general outline of constituent mythemes. I then proceed to analyze three mythemes (the crisis of indifferentiation; the shelter; the release of birds) in a body of novels and films from the 20th and 21st centuries. This analysis highlights the importance of the theme of transmission (of genes and memes, and therefore of replicators). The transmission reflects a need for transcendence which defines, orients, or at least colors, practically all the works dealing with the end of the world. In this context, literature, an object of transmission, can be understood as a “metaphorical ark”. The third chapter focuses on the analysis of the MaddAddam trilogy (Oryx and Crake; The Year of the Flood; MaddAddam) by Margaret Atwood. I suggest that this work takes the form of an epic, in which we witness the staging of its own writing. This mise en abyme clearly shows that the trilogy, while being a work about the end of the world, also tells the birth of a new world: the intradiegetic epic composed therein attempts to immortalize a part of the past and to shape the future. Literature, in the form of this epic, thus symbolizes an ark that connects the pre-apocalyptic and post-apocalyptic worlds of Atwood’s narrative.
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