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Le sacré espagnol aux prises avec la Modernité (1868-1923) : étude d'un motif iconographique et littéraire, au carrefour de l'identité nationale et de la création artistique / The spanish sacred struggle with Modernity (1868-1923) : study of an iconographic and novelistic pattern, at the crossroads of national identity and artistic creationLe Corre-Carrasco, Marion 27 November 2010 (has links)
A la charnière du XIXe et du XXe siècle, l’Espagne vit une révolution cultuelle et culturelle sans précédent. La question du sacré permet de cristalliser les enjeux de cette crise. Une approche résolument transversale révèle en effet le sacré comme clef de voûte des troubles qui agitent les Espagnols. La remise en cause continue de la place de l’Église dans la société, alimentée par l’affrontement sous-jacent entre cléricaux et anticléricaux, est fondamentale dans la douloureuse quête idiosyncratique qui ébranle la nation. Les artistes, témoins et acteurs de leur époque, se font l’écho de cette tension politique et sociale. Dans un premier temps, l’analyse du motif du sacré, livré par des romans et des tableaux, met en évidence non seulement la manifestation d’une sécularisation en marche, mais également la prégnance d’une culture religieuse durablement fixée. Dans un second temps, la polymorphie intrinsèque de ce sacré pré-moderne est abordée par une typologie qui en précise l’expression, de la plus manifeste à la moins tangible, cette dilution du sacré étant caractéristique de la Modernité. Enfin, au-delà de l’étude du motif iconographique et romanesque, une analyse du processus du sacré met en lumière combien les artistes de cette période sondent et interrogent la sacralité présente dans leurs œuvres, et combien celle-ci, ondoyante et industrieuse, échappe à leur contrôle, creusant les prémices d’une religion de l’art. / During the transitional period between the 19th and the 20th century, Spain experienced an unprecedented revolution, both religious and cultural. The issue of the sacred enabled to crystallize what is at stake during this crisis. A thoroughly cross-conceptual approach shows the sacred as a keystone for the mayhem that Spanish people underwent. The role of the church in Spanish society kept being questioned, due to the underlying conflict between those who supported the church and the others who were opposed to it. This questioning was fundamental in the difficult idiosyncratic quest which shook the nation. Artists, who were both witnesses and actors of their time, unveiled and showed this political and social tension. Firstly, the analysis of the pattern of the sacred through novels and paintings underlines the evidence of the secularization that took place. Likewise, it discloses the pregnancy of a religious culture established on a permanent basis in Spanish society. Secondly, the intrinsic polymorphous aspect of this pre-modern sacred is revealed by a typology which develops the representation of the sacred, from the most obvious to the least tangible one. This dilution of the sacred is characteristic of Modernity. Finally, beyond the study of the iconographic and novelistic pattern, an analysis of the process of the sacred enhances how the artists of this era took soundings and questioned sacrality in their works of art. It also shows how sacrality, constantly changing, could not be mastered by the artists, digging the roots of a cult for art.
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Accords et désaccords. Pratiques et représentations de la guitare à Madrid et en Andalousie de 1883 à 1922 / Harmony and Disharmony. Guitar Practices and Representations in Madrid and Andalusia from 1883 to 1922Trancart, Vinciane 25 October 2014 (has links)
À la charnière entre les XIXe et XXe siècles, alors que la question de l’identité nationale se pose avec acuité en Espagne, la guitare y est à maintes reprises évoquée comme « l’instrument national ». Ce lieu commun se révèle finalement être un symbole paradoxal d’une identité encore en débat. Tandis que le cliché caricature la réalité en la simplifiant, les pratiques de la guitare se diversifient au contraire pendant la Restauration, en raison des transformations techniques de l’instrument et de l’évolution de la musique populaire, classique et flamenca. La composition en 1920 par Manuel de Falla de la première pièce pour guitare soliste (Hommage à Debussy) et l’organisation du Premier Concours de Cante Jondo à Grenade en 1922 attestent la progressive reconnaissance de l’instrument. Pourtant, la multiplication des imprimés, favorisée par la loi de liberté de la presse (1883), donne lieu à de nombreuses représentations littéraires et plastiques de la guitare qui ne reflètent pas fidèlement ces mutations. Elles mettent surtout en lumière son caractère populaire, andalou, voire flamenco, et sa capacité à imprégner l’imaginaire. Publiées dans des périodiques andalous ou madrilènes, ces œuvres influencent la réception de l’instrument : celui-ci est à la fois apprécié par un public de plus en plus large, méconnu car il est absent des musées et des institutions, et rejeté selon des critères sociaux et moraux en raison de sa présence dans des lieux décriés. Pourtant, même lorsque le stéréotype est contesté, la guitare revêt une dimension symbolique originale, ancrée dans le quotidien, qui se manifeste à travers l’émotion qu’elle suscite. / During the transition from the nineteenth to the twentieth centuries, when the question of national identity is continuing to develop in Spain, the guitar is repeatedly mentioned as the “national instrument”. This platitude ultimately proves to be a paradoxical symbol of an identity that is still under debate during this period. While stereotypical descriptions caricature the reality by oversimplifying it, on the contrary, guitar practices diversify during the Restoration, because of technical changes in the instrument and the evolution of folk, classical and flamenco music. The composition in 1920 by Manuel de Falla of the first piece for solo guitar (Homenaje a Debussy) and the organization of the First Contest of the Cante Jondo in Granada in 1922 testify to the gradual recognition of the instrument. Yet the proliferation of printed matter, favored by the freedom of the press law (1883), gives rise to numerous literary and visual representations of the guitar that do not accurately reflect these changes. They mostly bring out its popular, Andalusian and even flamenco character, and its ability to impregnate the imagination. Published in periodicals in Madrid or Andalusia, these works influence the reception of the instrument: it is both appreciated by an increasingly wide audience, disregarded for being absent from museums and institutions, and rejected by social and moral standards because of its presence in decried places. Yet, even when this stereotype is disputed, the guitar takes on an original symbolic dimension, rooted in everyday life, which manifests itself through the emotions it provokes. / En la bisagra entre los siglos XIX y XX, cuando la cuestión de la identidad nacional se planteaba con intensidad en España, se aludió muchas veces a la guitarra como el “instrumento nacional”. Este lugar común aparece como un símbolo paradójico de una identidad todavía en debate. Mientras que el cliché caricaturiza la realidad simplificándola, las prácticas de la guitarra, por el contrario, se diversificaron durante la Restauración, debido a las transformaciones técnicas del instrumento y a la evolución de la música popular, clásica y flamenca. La composición en 1920 por Manuel de Falla de la primera obra para una guitarra solista (Homenaje a Debussy) y la organización del Primer Concurso de Cante Jondo en Granada en 1922 dan fe del progresivo reconocimiento del instrumento. Sin embargo, la multiplicación de los impresos, favorecida por la Ley de Policía de Imprenta (1883), dio lugar a numerosas representaciones literarias y plásticas de la guitarra que no reflejaban fielmente esas mutaciones, sino que destacaban, sobre todo, su carácter popular, andaluz e incluso flamenco, y su capacidad de impregnar todo el imaginario colectivo español. Publicadas en periódicos andaluces o madrileños, estas obras influyeron en la recepción del instrumento que, apreciado por un público cada vez más amplio, resultaba también desconocido, por su ausencia en museos e instituciones, al mismo tiempo que era rechazado según criterios sociales y morales por su presencia en lugares considerados deshonrosos. No obstante, incluso cuando se critica el estereotipo, la guitarra posee una dimensión simbólica, enraizada en lo cotidiano, que se manifiesta a través de la emoción que suscita.
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La critique d'art de Joris-Karl Huysmans. Esthétique, poétique, idéologie / Joris-Karl Huysmans's Art Criticism. Aesthetics, Poetics, IdeologyJeannerod, Aude 12 December 2013 (has links)
Étudier la critique d’art de Joris-Karl Huysmans soulève des enjeux esthétiques, poétiques et idéologiques. Si elle constitue un genre à part entière, que l’auteur a pratiqué en tant que tel, la critique d’art entretient des relations de complémentarité et d’interférence avec le reste de l’œuvre. S’y élabore en effet une esthétique, qui à son tour définit une poétique : parce que le critique est également écrivain, la réflexion qu’il mène au sujet des arts plastiques – peinture, sculpture, architecture – se développe parallèlement à sa pratique d’écriture. Ses options critiques reposent sur une analogie entre les arts, s’inscrivant en cela dans une longue tradition, qui va de l’ut pictura poesis horatien aux correspondances baudelairiennes, en passant par le paragone de la Renaissance. Aussi regarde-t-il l’art en tant qu’écrivain, y cherchant tantôt la confirmation de ses idées sur la littérature, tantôt un modèle d’écriture. Mais parce que la critique engage des valeurs et des convictions, elle se fait aussi la chambre d’écho des options idéologiques de son auteur, aux plans socio-économique, politique et épistémique. Huysmans regarde l’art à travers une idéologie qui se décline en un certain nombre de valeurs et de contre-valeurs : héritier d’un siècle de romantisme, il entretient un rapport douloureux avec son temps, en délicatesse avec la pensée de son époque. Cette idéologie – à la fois anticapitaliste, antibourgeoise et antimoderne – filtre donc le regard qu’il pose sur l’art : elle détermine en partie ses jugements esthétiques, elle les oriente de façon diverse et souvent contradictoire. / In Joris-Karl Huysmans’s art criticism, aesthetics, poetics and ideology are at stake. Though art criticism is a genre in its own right, which the author used as such, it maintains close relations with his other works: they complete one each other as well as they interfere together. In his art criticism, Huysmans develops aesthetics, which define in its turn poetics: because the critic is also a writer, his thinking about visual arts – painting, sculpture, architecture – runs parallel with his writing process/practice. His critical assessments rest upon a comparison between the arts and therefore form part of a tradition which roots in Horace’s maxim ut pictura poesis, crosses the Renaissance period with the paragone and leads to Baudelaire’s correspondances. When watching a painting, Huysmans remains a writer: he’s looking for a confirmation of his ideas about literature or a model for his writing. But because art criticism puts values and beliefs at stake, it echoes the ideological choices of its author, on socio-economic, political and epistemic levels. Huysmans sees the arts through an ideology which comes in various values (et contre-valeurs): heir of a century deeply marked by romanticism, he maintains painful relationships with his time, in trouble with modern ideas. His ideology – against capitalism, bourgeoisie and modernity – filters the way he considers the arts; it partly determines and influences, in various but often opposing ways, his aesthetic judgement.
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La diffusion du comique en Europe à travers les productions d’opere buffe, d’opéras-comiques et de komische Opern (France - Allemagne - Italie, 1800-1850) / The diffusion of comic in Europe through the productions of opere buffe, opéras-comiques and komische Opern (France - Germany - Italy, 1800-1850)Cailliez, Matthieu 18 November 2014 (has links)
Cette étude de la diffusion du comique en Europe, à travers les productions d’opere buffe, d’opéras-comiques et de komische Opern dans la première moitié du XIXe siècle, porte dans un premier temps sur les livrets et leur circulation, puis sur la diffusion des œuvres, enfin sur les modèles structurels musicaux du comique et leurs transferts. Entré le premier dans l’ère de la « littérature industrielle », le théâtre français s’impose à l’échelle du continent et les librettistes français bénéficient du système avantageux du droit d’auteur. Déconsidérés et mal rémunérés, les librettistes italiens et allemands traduisent et adaptent en grande quantité des pièces françaises. Tandis que l’opera buffa connaît une incroyable diffusion en France et en Allemagne entre 1800 et 1850, aussi bien en langue originale qu’en traduction, et que l’opéra-comique suit son exemple en Allemagne en traduction, la komische Oper est rarement jouée en France, et les genres français et allemand restent inconnus en Italie. Les modèles structurels du comique italien, dont les opere buffe de Rossini constituent la plus célèbre expression, sont repris par les compositeurs français et allemands dans leurs propres ouvrages. Les compositeurs allemands empruntent également aux modèles structurels du comique français, si bien que le genre de la komische Oper consiste principalement en une synthèse franco-italienne. Dans une période caractérisée par l’essor des nationalismes, la circulation des œuvres, des librettistes et des compositeurs favorise paradoxalement la construction d’une unité de l’Europe par le rire. / This study of the diffusion of comic in Europe, through the productions of opere buffe, opéras-comiques and komische Opern during the first half of the 19th century, firstly examines the libretti and their circulation, then the diffusion of comic operas, and lastly the musical structural models of comic and their transfers. The French theatre inaugurates the age of « industrial literature » imposing itself on the whole continent, and the French librettists benefit from the profitable system of royalties. Discredited and badly payed, the Italian and German librettists translate and adapt a great number of French plays. While the opera buffa enjoys an incredible diffusion in France and in Germany between 1800 and 1850, as well in the original language as in translation, and while the opéra-comique follows suit in Germany (but always in translation), the komische Oper is rarely played in France, and the French and German genres remain unknown in Italy. The structural models of Italian comic, of which Rossini’s opere buffe are the most famous expression, are taken up by French and German composers in their own works. The German composers also borrow from the structural models of French comic, so much so that the genre of the komische Oper ends up consisting principally of a synthesis of French and Italian elements. During a period characterised by the rise of nationalisms, the circulation of the works, the librettists and the composers paradoxically favours the construction of a European unity through laughter.
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Dialogues interreligieux, débats intellectuels et franc-maçonnerie dans la province ottomane de Syrie du milieu du XIXe siècle aux années 1920 / Interreligious dialogues, intellectual debates and Freemasonry in the Ottoman Province of Syria from the mid-nineteenth Century to the 1920sChaaya, Saïd 20 May 2015 (has links)
La franc-maçonnerie apparaît être, dans la seconde moitié du XIXe siècle et au début du XXe, un élément essentiel du développement intellectuel et culturel du Bilâd al-Shâm. Ses membres sont impliqués dans le mouvement de renaissance intellectuelle Nahda, qui profite de l’ère politique nouvelle de l’Empire ottoman ouverte par les tanzimat. Dans ce contexte, les conflits religieux continuent d’agiter une société confessionnalisée, que les francs-maçons entraînent dans la voie du progrès, de la modernité et de la laïcité. Dans la 1e partie de la thèse, on présente la franc-maçonnerie dans sa réalité concrète à Beyrouth et au Mont Liban, prenant pour modèles deux loges, Palestine et Le Liban, mais aussi dans sa dimension spirituelle. Le processus d’intégration de la franc-maçonnerie et d’inculturation dans le milieu arabe est souligné, de même que le rôle que les francs-maçons font jouer à la Société Scientifique Syrienne. L’émir Muhammad Arslan, franc-maçon et réformateur, est présentée en tant qu’exemple d’une Aufklärung arabe. La 2e partie de la thèse montre le dialogue stérile entre francs-maçons et jésuites en Syrie ottomane. Le jugement sur l’entrée des croyants en franc-maçonnerie que porte un savant musulman, est présenté à partir de l’étude du premier manuscrit en arabe qui en traite. La thèse fait appel à divers témoignages publiés de contemporains, mais aussi à des manuscrits conservés dans des archives publiques et privées. Plusieurs d’entre eux sont utilisés pour la première fois, tel le plus ancien rituel maçonnique en langue arabe, le règlement intérieur de la première loge de Beyrouth ou les statuts inédits de la Société Scientifique Syrienne fondée par les francs-maçons. La recherche conduit ainsi à relever de quelle manière la franc-maçonnerie au cœur de débats, a proposé un modèle de société qui apparaît davantage méta-religieux qu’areligieux ou antireligieux. Cette société est celle où peut vivre désaliéné quiconque aspire au progrès et à la modernité. / Freemasonry appears to be in the second half of the 19th and early 20th centuries, an essential part of the cultural development of Bilâd al-Shâm. Its members were involved in the intellectual movement revival "Nahda", which itself has been able to take advantage of the new political era of the Ottoman Empire opened by the Tanzimat. Religious conflicts continued to wave a confessional society. The Freemasons led it in the path of progress, modernity and secularism. In the 1st part of the thesis, we present Freemasonry in its concrete reality in Beirut and Mount Lebanon, through two lodges, Palestine and Le Liban, but also in its spiritual dimension. The integration and the Arabization process is emphasized by Freemasonry through the use of the ritual, and in the role that Freemasons played in the constitution of the Syrian Scientific Society in Beirut. A personality of rare diplomacy and knowledge, Emir Muhammad Arslan, Freemason and reformer, is presented as an example of an Arab intellectual. The 2nd part shows the fruitless dialogue between the Freemasons and the Jesuits in Ottoman Syria. The case of the Wandering Jew is an emblematic episode in the struggle for secularism led by Freemasons. Also we present the 1st manuscript written in Arabic in the Ottoman Empire by a Muslim scholar. The thesis uses various published testimonies of contemporaries, but is also based on manuscripts kept in public and private archives. Some of them, which have never been used so far, such as the oldest Masonic ritual in Arabic, provide a new light on the beginning of Freemasonry in Beirut and on its impact in the history of Ottoman Syria. The research concludes how Freemasonry at the heart of debates, was able to propose a new model of society that seems more meta-religious than non-religious or anti-religious. This is the new society, in which every human being is able to yearn for freedom and aspire to progress and modernity.
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L’élaboration des principes directeurs du droit pénal des mineurs : l’exemple du Nord (XVIe-XIXe siècles) / The development of guidelines for the criminal law of minors : the example of the North (16th-19th centuries)Wattellin, Guillaume 13 December 2016 (has links)
Adoptée au lendemain de la Libération par le Gouvernement provisoire de la République française, l’ordonnance du 2 février 1945 établit toute une série de principes qui, encore aujourd’hui, forment le socle du droit pénal des mineurs. Ainsi, la responsabilité progressive par paliers calquée sur l’évolution du discernement, la primauté de l’éducation sur la répression, la mitigation des peines ou encore l’adaptation des procédures, sont autant de règles dérogatoires qui structurent et orientent le traitement juridique de l’enfance coupable. Cet ensemble forme, selon l’expression consacrée, les « principes directeurs » du droit pénal des mineurs. Le recours à une étude historique permet de mieux comprendre la construction progressive du droit pénal des mineurs contemporain. / The order of February 2nd 1945 which was adopted in the aftermath of the Liberation by the Provisional Government of the French Republic establishes a series of principles which shape the base of juvenal criminal law. Thus the progressive liability in stages modelled on the development of discernment, the superiority of education on repression, the mitigation of sentences, but also the procedure adjustment, are as many derogating rules structuring and guiding the legal treatment of guilty childhood. To use the hallowed phrase, this combination constitutes the « guiding principles » of juvenal criminal law. The submission to a historical study allows a better understanding of the contemporary gradual building up of juvenal criminal law.
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Préserver la polonité en exil : les formes de mobilisation politique de l’Hôtel Lambert en France et dans l’Empire ottoman (1831-1853) / Preserving “la polonité” in exile : the forms of political mobilization of l’Hôtel Lambert in France and the Ottoman Empire (1831-1853)Papiez, Katarzyna 20 September 2018 (has links)
Cette thèse montre le rôle de l’Hôtel Lambert, parti politique dirigé par le prince A. J. Czartoryski depuis Paris, et de son agence, fondée par Michał Czaykowski, à Constantinople, dans la lutte pour la liberté de la Pologne. À travers la comparaison des actions politiques menées par ces deux personnages depuis la France et l’Empire ottoman dans la première moitié du XIXe siècle, se dessine l’analyse des modus-operandi de l’Hôtel Lambert, guidé par l’espoir de reconquérir l’indépendance de la patrie opprimée et de préserver la polonité à l’étranger. Cette recherche est complétée par l’étude de la politique d’accueil de la Sublime Porte, vis-à-vis des réfugiés de la Révolution hongroise qui cherchent asile sur le territoire ottoman, dans laquelle la conversion à l’islam de certains de ces exilés tient une place importante. De plus, l’analyse du transfert culturel dans les deux pays d’accueil et de la situation socio-économique des réfugiés polonais dans l’Empire ottoman permet de donner une vision approfondie de la construction des interactions de ces exilés dans leurs nouvelles sociétés. Un autre versant de cette recherche est centré sur la création de la colonie polonaise dans l’Empire ottoman, laboratoire social de la polonité en exil. / This thesis shows the role of l’Hôtel Lambert, political party led by Prince A. J. Czartoryski from Paris, and his agency, founded by Michał Czaykowski, in Constantinople, in the struggle for Poland’s freedom. Through the comparison of the political actions taken by these two characters from France and the Ottoman Empire in the first half of the 19th century, emerges the analysis of the modus operandi of l’Hôtel Lambert, guided by the hope of reconquering independence of the oppressed homeland and to preserve “la polonité” abroad. This research is complemented by the study of the reception policy of the Sublime Porte, vis-à-vis the refugees of the Hungarian Revolution who seek asylum on the Ottoman territory, in which the conversion to Islam of some of these exiles holds an important place. Moreover, the analysis of the cultural transfer in the two host countries and of the socio-economic situation of the Polish refugees in the Ottoman Empire gives an in-depth view of the construction of the interactions of these exiles in their new societies. Another aspect of this research is centered on the creation of the Polish colony in the Ottoman Empire, social laboratory of “la polonité” in exile.
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L'Asile de Hanwell sous l'autorité de John Conolly : un modèle utopique dans l'histoire de la psychiatrie anglaise (1839-1852) ? / Hanwell Asylum under the authority of John Conolly : a utopian model in the history of English psychiatry (1839-1852)?Dubois, Laurence 02 July 2016 (has links)
L’émergence de la psychiatrie comme discipline distincte de la médecine somatique, dans la première moitié du XIXe siècle, s’inscrit dans le cadre de la réforme de la législation sur les aliénés, qui conduit à la création de nouveaux asiles publics dédiés au traitement des malades mentaux en Angleterre, dont celui du Comté du Middlesex, à Hanwell, en 1831. L’Asile de Hanwell, situé près de Londres, est un asile pour aliénés indigents, qui fonctionne de manière complémentaire par rapport à des institutions telles que les workhouses – emblématiques de la nouvelle Loi sur les Pauvres de 1834 – dans la prise en charge d’individus qui sont dans l’incapacité de subvenir à leurs besoins. Sous la direction du docteur John Conolly (1794-1866), qui, dès sa nomination à la direction médicale de l’établissement en 1839, met en place une politique de non-restraint (abandon des moyens de contention mécaniques) à une échelle jusqu’alors inédite, l’Asile de Hanwell est explicitement conçu comme un outil dont la fonction première est thérapeutique, dénué de toute intention punitive. L’influence que cet établissement exercera sur les institutions similaires en Angleterre dès les années 1840 contribue à l’optimisme thérapeutique quant au traitement des aliénés qui prévaut alors, et l’asile victorien, en dépit de ses imperfections, se veut un authentique refuge et un lieu de soins. La conception thérapeutique du Dr Conolly s’inscrit dans la continuité du traitement moral défini par le médecin français Philippe Pinel, mais s’inspire également des expériences menées à La Retraite (York), ou à l’asile de Lincoln. Cette thérapie innovante a la particularité de mettre l’accent sur la qualité de l’environnement et du mode de vie des patients, ainsi que sur les distractions diverses qui leur sont proposées : jeux, fêtes de Noël, kermesses, lecture, musique, sport et danse. La logique de soins qui s’applique alors, le moral management, repose sur une thérapie d’occupation. L’originalité de ce traitement sur le plan médical s’accompagne d’une dimension sociale, voire politique. En effet, loin de limiter ses ambitions au strict domaine médical, le Dr Conolly, connu pour son engagement en faveur de l’éducation populaire au sein de la Society for the Diffusion of Useful Knowledge, tout autant que pour son soutien au mouvement chartiste, mène un combat permanent, de 1839 à 1852, pour que les patients, hommes et femmes, aient accès à une instruction au sein de l’école de l’Asile, dont la création et le maintien sont loin de faire l’unanimité. Conolly envisage l’éducation comme un élément central, qui va bien au-delà d’une simple distraction pour les malades et représente un véritable outil d’insertion sociale et d’émancipation des classes populaires. Il rejoint en cela une conception owéniste de l’éducation, et l’école de l’Asile de Hanwell copie quasiment trait pour trait l’école de New Lanark telle qu’elle se présentait au début du XIXe siècle. Robert Owen (1771-1858) rend d’ailleurs visite à John Conolly dès sa nomination, au printemps 1839. Étudier l’expérience menée dans cet établissement emblématique sous l’autorité de John Conolly – non sans lien avec les expériences sociales menées par les owénistes – et l’influence que cette expérience a pu avoir par la suite dans le paysage psychiatrique victorien, permet d’analyser le non-restraint dans sa dimension thérapeutique, sociale et politique. L’Asile de Hanwell sera pendant près de trente ans une référence dans le traitement des aliénés, et servira de modèle à bon nombre d’institutions, particulièrement en Angleterre. L’influence de Hanwell s’estompera dans les années 1870, qui verront l’émergence de théories de l’hérédité peu compatibles avec le traitement moral. / The emergence of psychiatry as a separate discipline from general medicine, in the first half of the nineteenth century, was linked to the Lunacy Reform movement (County Asylums Acts) that led to the creation of new public asylums dedicated to the treatment of the mentally ill in England. The Middlesex County Asylum in Hanwell, built in 1831, was one of them. Hanwell Asylum, situated in the western suburbs of London, was a pauper lunatic asylum that operated as a complementary institution to the numerous workhouses – symbols of the New Poor Law of 1834 – taking care of people who were deemed unable to take care of themselves. As soon as he was appointed medical superintendent of the institution, in 1839, Dr John Conolly (1794-1866) implemented a whole new policy of non-restraint, applied on an unprecedented scale, and Hanwell Asylum under his leadership was explicitly and primarily intended to be a therapeutic tool, devoid of any punitive purpose. The influence of Hanwell on similar institutions, from the1840s onwards, contributed to the prevailing therapeutic optimism of the time, and Victorian asylums, despite their defects, were meant to be genuine places of refuge and care. Dr Conolly’s therapeutic methods were coherent with “moral treatment” as defined by French doctor Philippe Pinel, but were also based on previous experiences conducted at the York Retreat or Lincoln Asylum. One of the main features of this pioneering treatment was the special emphasis it placed on the high quality of the patients’ environment and way of life, as well as on the wide range of entertainment offered to them: games, Christmas parties, summer fêtes, reading sessions, music, sport and dancing. The approach favoured in terms of health care, a “moral management” approach, was grounded on the principles of occupational therapy. The originality of this treatment from a medical point of view was reinforced by its social and, indeed, political dimension. From 1839 to 1852, far from limiting his ambitions to a strictly medical field, Dr Conolly – well-known for his commitment to the cause of popular education, as a member of the Society for the Diffusion of Useful Knowledge, as well as for his support of the Chartist movement – actually kept on fighting for the right of male and female patients alike to receive proper instruction within the asylum school, which remained highly controversial and constantly threatened with closure. Conolly viewed education as a central element, going far beyond a mere distraction for the insane and truly constituting a tool for social insertion and a means of emancipation for the lower classes. His views on education were similar to the Owenite conception of education and the asylum school at Hanwell was a faithful replica of the New Lanark School at the beginning of the nineteenth century. Besides, Robert Owen (1771-1858) came to Hanwell Asylum and visited John Conolly soon after he was appointed superintendent there, during the spring of 1839. Studying the case of this emblematic institution and the experience carried out within its premises under John Conolly’s authority – an experience which may not be unrelated to Owenite social experimentation – and analysing the impact this experience may have had within the Victorian psychiatric landscape in the years that followed, is an invaluable way of understanding the non-restraint movement through its various dimensions: therapeutic, social and political. For nearly thirty years, Hanwell Asylum remained a benchmark in the treatment of the insane, and served as a model for many other institutions, particularly in England. Its influence began receding in the 1870s, with the emergence of theories of heredity that were hardly compatible with the tenets of moral management.
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La contribution théorique et militante d'Annie Besant (1847-1933) au renouveau socialiste en Grande-Bretagne. Genèse et prolongements / Annie Besant (1847-1933) and the socialist revival in Britain (1880s). The making and development of a theoretical and militant contributionTerrier, Marie 28 November 2015 (has links)
Dans les années 1880, en Grande-Bretagne, les idées socialistes connaissent un regain d’intérêt et des organisations socialistes sont créées. La contribution théorique et militante d’Annie Besant (1847-1933) à l’effervescence intellectuelle du « renouveau socialiste » a été importante. Annie Besant a pourtant été marginalisée par les historiens du mouvement socialiste. Après dix ans de militantisme dans la National Secular Society (NSS), l’organisation radicale, mais antisocialiste de Charles Bradlaugh, Annie Besant en vient, dans de nombreux articles et opuscules, à définir un socialisme évolutionniste. Elle exige l’intervention de l’État dans l’économie ainsi que la mise en place de droits sociaux. En 1885, elle adhère à la jeune Société fabienne et participe à l’élaboration de la doctrine fabienne fondée sur l’implication des socialistes dans les institutions politique et sur un collectivisme graduel. En aidant les allumettières de chez Byrant and May lorsqu’elles se mettent en grève puis forment un syndicat, Annie Besant contribue au « nouvel unionisme ». En 1888, lorsqu’elle est élue au conseil des écoles de Londres, elle défend ouvertement un programme socialiste. En 1889, Annie Besant se convertit à la théosophie, doctrine spiritualiste inspirée par les religions et les philosophies orientales. Dans un premier temps, elle renonce au militantisme politique et social. Cependant, après son installation en Inde, elle milite pour l’autodétermination de cette nation dès les années 1910. Elle s’intéresse de nouveau aux idéaux socialistes et cherche à nouer des alliances au sein du parti travailliste. Prendre en compte l’évolution du parcours d’Annie Besant, ainsi que les prolongements de son engagement socialiste, permet de mieux appréhender la nature et le développement du socialisme britannique de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. / In the 1880s, socialist ideas attracted renewed interest in Britain and socialist organisations were set up. Annie Besant (1847-1933)’s theoretical and militant contribution to the intellectual ferment of the “Socialist Revival” was important. Annie Besant was nevertheless marginalised by historians of the socialist movement. After ten years of militancy in Charles Bradlaugh’s radical but anti-socialist National Secular Society (NSS), Annie Besant came to argue in numerous articles and pamphlets, for an evolutionary socialism, demanding state intervention in the economy and the establishment of social rights. In 1885, she joined the newly formed Fabian Society and took part in the elaboration of the Fabian doctrine based on involvement in traditional politics and gradual collectivism. In helping the Bryant and May’s women matchmakers when they struck and formed a union, Annie Besant contributed to “new unionism”. In 1888, when she was elected to the London School Board, she openly defended a socialist programme. In 1889, Annie Besant converted to theosophy, a spiritualist doctrine inspired by eastern philosophies and religions. First, she gave up political and social agitation. However, after moving to India she agitated for Home Rule in India from the 1910s. Her interest in socialist ideals was renewed and she sought to make alliances within the Labour party. Taking into account the evolution her career, but also the sequel to her socialist commitment, is crucial to understand the nature and the development of British socialism at the end of the 19th century and at the beginning of the 20th century.
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Classer et inventorier au XIXe siècle : administration des fonds et écriture de l'histoire locale dijonnaise par l'archiviste Joseph-François Garnier 1815-1903Lauvernier, Julie 20 June 2012 (has links) (PDF)
Située au carrefour de l'histoire des archives, de la construction des savoirs, de l'histoire des sciences et du pragmatisme, cette thèse se propose dans la double optique de la biographie intellectuelle de l'archiviste et historien dijonnais Joseph Garnier (1815-1903) et d'une généalogie des pratiques et des méthodes de l'archivistique de s'attacher à étudier la place de l'archive et du traitement qui lui fut réservé dans le courant du XIXe siècle aux Archives et dans l'écriture de l'histoire. En opposant l'archivable à l'éditable la rénovation des archives locales provoque une perturbation des cadres méthodologiques et un sentiment d'urgence technique et scientifique : l'inventorisation devait impérativement prendre le pas sur l'édition exhaustive des richesses paléographiques de la France. Ce réaménagement des représentations archivistiques offre la possibilité d'un chassé-croisé entre science des documents et administration des fonds. Ces deux nécessités réussissent une conciliation par le réajustement des objectifs assignés aux inventaires sommaires via leur normalisation. Obligées de faire de l'inventaire-sommaire et de la description des actes préalables à l'utilisation et à la publication des documents historiques, les Archives locales manifestent qu'il existe des savoirs et des pratiques spécifiques à la gestion des documents. En normalisant et en institutionnalisant les " arts de faire " de la classification, le monde des archives élabore de nouvelles technologies intellectuelles induisant à chaque étape de nouveaux rapports à l'archive et à l'histoire dont l'historiographie a su mesurer toute l'inventivité.
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