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Lectures cycliques : le réseau inter-romanesque dans les cycles du Graal du XIIIe siècle / Cyclical Readings : thirteenth-Century Grail Cycles as Narrative Networks

Moran, Patrick 07 May 2011 (has links)
Les cycles arthuriens en prose du XIIIe siècle (principalement la trilogie dite de Robert de Boron et le Cycle Vulgate ou Lancelot-Graal) sont des ensembles au statut singulier. Définis à la fois par l’autonomie et l’interconnexion des romans qui les constituent, ils se distinguent des romans en vers individualisés qui les précèdent et des proses amples mais plus homogènes qui les suivent. À leurs caractéristiques formelles s’ajoute le projet de construire des univers de fiction cohérents, susceptibles d’instaurer un canon arthurien définitif. La brièveté de la période de production (1200-1240 environ) est contrecarrée par le succès durable que ces textes connaissent pendant tout le Moyen Âge ; la cyclicité est une forme romanesque expérimentale qui crée un rapport neuf à la matière de Bretagne et génère surtout des modes de lecture nouveaux. Caractérisés par des tendances aussi bien centrifuges que centripètes, les romans cycliques génèrent un réseau que le lecteur peut explorer à sa guise, de manière partielle ou complète, ordonnée ou désordonnée ; mettant en relation des romans aux visées parfois disparates mais assumant leur interconnexion, le cycle offre au lecteur un parcours sans cesse renouvelé, où les grands effets de cohérence l’emportent sur les contradictions de détail. C’est ce réseau inter-romanesque qui est l’objet privilégié de la présente étude : les romans cycliques, loin de développer leur sens en autarcie, vivent de la mise en lien de leurs récits et construisent ensemble, par le biais de la lecture organisatrice, des mondes narratifs multipolaires. / The thirteenth-century Arthurian prose cycles (mainly Robert de Boron’s trilogy and the Vulgate or Lancelot-Grail Cycle) are groupings of a peculiar nature. Defined both by the autonomy and the interconnection of their constituent romances, they differ from the individualised verse romances which precede them as well as from the massive yet more homogenous prose narratives which follow. These formal characteristics go hand-in-hand with a coherent world-building project, which aims to formulate a definitive Arthurian canon. The brevity of the production period (ca. 1200-1240) is counterbalanced by the lasting success of these texts throughout the Middle Ages; cyclicity is an experimental form which creates a new take on the matter of Britain, and most of all, gives birth to new modes of reading. Defined by centrifugal as well as centripetal tendencies, cyclical romances generate a network which the reader may explore at will, either partially or completely, in an orderly or disorderly manner. By linking romances which may have different aims yet accept their basic connectivity, cycles allow their readers to navigate them in constantly renewed ways, while at the same time preserving their coherence in spite of localised contradictions. This cross-romance network is the subject of the present study: cyclical romances, far from existing in isolation, thrive in an interconnected narrative environment; in conjunction with the reader’s own structuring powers, they interact to build multifarious narrative worlds.
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L'évolution de l'architecture militaire du Deccan (Inde) dans les forts de Firozabad, Torgal, Naldurg et Bellary / Evolution of military architecture of the Deccan (India) : fortifications of Fīrozābād, Torgal, Naldurg and Bellary

Morelle, Nicolas 26 November 2018 (has links)
Une étude architecturale à travers quatre monographies des forts du Deccan (Inde), Naldurg, Torgal, Firozabad et Bellary dans le contexte des échanges interculturels (Orient-Occident) au sein de la culture technique de la guerre (fortification, artillerie, rôle des défenses, gestion de l’eau) dans la société médiévale et moderne indienne.Finalement, cette thèse cherche à définir les spécificités de l’architecture militaire du Deccan du 14ème au 18ème siècle, comme l’aboutissement technique de la défense médiévale et moderne en Inde. / Architectural studies of four forts of Deccan (India): Naldurg, Torgal, Firozabad and Bellary in the context of intercultural exchange (between East-West) in the technical culture of war (fortification, artillery, defenses role, water management) in the medieval and modern Indian society.Finally, this study seek to define specificities of the military architecture of Deccan from the fourteenth to the eighteenth century, as the technical outcome of medieval and modern defense in India.
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Gignitio imaginis : physique et noétique chez Maître Eckhart

Desjardins, Pierre-Luc 10 1900 (has links)
La présente thèse se donne pour fin d’interroger la notion d’être-en-Dieu telle qu’elle constitue le fondement de la pensée « mystique » du dominicain Maître Eckhart de Hochheim, connu pour ses sermons en langue vernaculaire prêchant le détachement (abegescheidenheit) et l’union déifiante de l’homme à son créateur. Se déployant doublement, l’être-en-Dieu concerne à la fois l’ordre de la réalité créée, temporelle, et celui de l’être inchangeant et atemporel. La pensée eckhartienne pense l’être-en-Dieu de l’homme comme débutant avec la création, qui fait être tout existant à titre d’idée dans l’intellect divin, et culminant dans le motif conceptuel de la Naissance du Fils dans l’âme – motif théologico-philosophique qui, en plus de constituer l’accomplissement de l’existence humaine, constitue la clé de voûte de la nature elle-même. La Naissance du Fils, simultanément descente de Dieu en l’homme et ascension de celui-ci en celui-là, devient pensable chez Maître Eckhart grâce à un appareillage conceptuel qui emprunte une part importante de ses axiomes les plus fondateurs à un certain aristotélisme dont la lecture, croisée avec celle de la Bible, fait de la divinisation de l’homme un concept rationnellement compréhensible. Il s’agit donc ici de démontrer que dans son effort pour expliquer « par les raisons naturelles des philosophes les propositions de l’un et l’autre Testament » de la révélation biblique, Maître Eckhart constitue un discours épistémologique s’appuyant sur une bipartition des discours scientifiques correspondant à celle des livres de la Bible. Induisant une tension fondatrice entre discours physique, portant sur l’être en mouvement, et discours métaphysique, portant sur l’être parfait, cette épistémologie comprend la totalité de l’existant comme marquée par la tension entre l’être mobile et l’être immobile – deux pans de la réalité qui sont opposés dans leur indivisible unité. À travers ce cadre herméneutique, il faut comprendre la nature elle-même comme cette tension vers l’être absolu et immobile qui constitue sa perfection. La mise en lumière de la construction épistémologique eckhartienne et de son fondement ontologique doit avoir pour fonction de permettre une nouvelle compréhension des motifs conceptuels les plus connus de la « mystique » de Maître Eckhart. Réinterprétés à l’aune de ce cadre épistémologique et ontologique, des notions telles que le détachement et la divinisation de l’homme apparaissent respectivement comme l’application la plus pure de la loi christique et le résultat nécessaire de cette application. La loi christique elle-même, commandant d’aimer toutes choses également, doit ainsi apparaître comme l’accomplissement du mouvement naturel, comme la re-création à laquelle toute existence créée est ordonnée. Cette étude se donne donc pour objectif de présenter au lecteur un Eckhart qui, loin d’être le symbole de dissidence religieuse (un hérétique) ou épistémique (un mystique rejetant les outils et les objectifs de la raison philosophique) qu’on a parfois voulu voir en lui, œuvre au sein d’une compréhension profonde de l’Écriture et avec les outils de la science philosophique pour initier son public à une vérité intérieure. / The following dissertation aims to question the notion of being-in-God, as it provides its foundation to the “mystical” thought of the Dominican theologian Meister Eckhart of Hochheim (widely known for his vernacular predication centered around the ideas of detachment (abegescheidenheit) and of a deifying union of man and God). Constituting a twofold notion, being-in-God as conceptualized by Eckhart pertains both to creation – the world of temporal and changing being – and God himself, who is unchanging and atemporal; for Eckhart, Man’s being-in-God starts with creation, an act through which every existing thing is grounded in being by having a corresponding idea in God’s intellect; it culminates in the concept of the birth of God’s Word in Man’s soul – a theological-philosophical concept that is both the telos of human life and the seal that unifies nature itself. The birth of the Word, understood both as descent of God in Man and ascension of Man into God, is the centerpiece of a conceptual construct which, borrowing heavily from both Aristotelianism and the Bible, presents the divinization of Man as a rational notion, one that can be adequately understood by using the tools of philosophy. Our objective is to demonstrate that, in his efforts to explain Revelation through the “natural arguments” (rationes naturales) of the philosophers, Meister Eckhart builds an epistemological discourse that rests upon the twofold unity of sciences which reflects that of the Bible – itself a reflection of the twofold unity of being. Founded on the complementary opposition of physical and metaphysical discourse – of discourse on imperfect, mobile being, and discourse on absolute, perfect and immobile being – Eckhart epistemology understands being as a whole as marked by a constitutive tension between these two complementary aspects that remain inalienably one through their opposition. Through this hermeneutical framework, we will understand nature itself as tension towards the esse absolute, its perfection. By shining light on the role this epistemology (and the ontology on which it rests) plays as the very scaffolding of Eckhart’s thought, we aim to provide a new understanding of the better known notions of his theology. Interpreted through our hermeneutical framework, the notions of detachment and of divinization of Man must appear respectively as the most accomplished application of the lex nova, and as the necessary result of this application. The lex nova itself, understood as the commandment to love everything equally in God, will present itself as the abolition of natural movement, as the re-creation towards which every being that is subjected to change is moved. This dissertation aims to paint a new portrait of Meister Eckhart as a thinker – as a theologian and a “philosopher of Christianity” – and to challenge the classical reading that sees in him a heretic and a mystic, rejecting church doctrine (or announcing the Protestant Reformation) and earthly knowledge itself – both its tools and its goals. The Meister Eckhart we will present here uses the tools of philosophy to provide his public with a rational explanation of Revelation that might put them on the way to the inner contemplation of Truth itself in God.
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Être et image : une approche de la notion de sujet chez Maître Eckhart

Desjardins, Pierre-Luc 08 1900 (has links)
Le présent mémoire constitue une tentative de circonscrire - par l’étude d’un corpus textuel principalement emprunté à l’œuvre vernaculaire (allemande) de Maître Eckhart de Hochheim (1260-1328) – le rôle joué par certains motifs conceptuels caractérisant la notion moderne de sujet-agent au sein de la pensée de ce philosophe, théologien et prédicateur. Plus précisément, il y est question de déterminer en quoi le « je » (ich) décrit en plusieurs lieux textuels de l’œuvre d’Eckhart présente les caractères d’autonomie et de transparence à soi qui sont l’apanage de la subjectivité telle que la conçoit majoritairement une certaine modernité postcartésienne. Notre argument, qui se déploie sur trois chapitres, adopte sur le corpus faisant l’objet de cette étude et la conceptualité qu’il déploie, trois perspectives différentes – lesquelles perspectives sont respectivement d’ordre ontologique (premier chapitre), existentiel ou éthique (second chapitre) et anthropologique (troisième chapitre). La première approche – ontologique – explicite le sens que donne Eckhart aux notions d’être, de néant, d’intellect et d’image, ainsi que la manière dont elles se définissent dialectiquement en rapport les unes avec les autres. Le second chapitre, dont l’approche est existentielle, expose les applications éthiques des concepts abordés au chapitre précédent, analysant la méthode de détachement prescrite par Eckhart pour parvenir à l’état de béatitude. Le troisième et dernier chapitre cherche, quant à lui, à définir de quelle manière l’homme se définit par rapport à l’union à laquelle l’invite Eckhart, et ce autant sur le plan spécifique que sur le plan individuel. / The following dissertation attemps to establish the presence of certain conceptual motives pertaining to the modern conception of subjectivity (as exemplified by the cartesian understanding of the self), in the middle-high german works of Master Eckhart of Hochheim, philosopher, theologian and predicator who was born in 1260 and died in 1328. In order to do so, it develops a three-fold argument taking place over three chapters, each of which presents a different approach - a different perspective - on Eckhart’s thought. The first chapter presents an ontological argument designed to explicitate the meaning of the key eckhartian notions of being, nothingness, intellect and image, whereas the second chapter exploits the existential consequences of Eckhart’s outlook on those notions – consequences which in ethical terms translate into the necessity for the human individual to practice a systematic annihilation of oneself in order to achieve an absolutely pure union with God. The third and last chapter of this dissertation attemps to explicitate de notion of “I” (ich), used by Eckhart to designate the identity that the detached human soul and God share, a type of identity in which we find similarities with the modern conception of the self – conception which Heidegger thought of as being entirely absent from precartesian philosophy.
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L'église Sainte-Marie-Majeure de Ferentino et la dimension cistercienne de l'architecture du Latium méridional au XIIIe siècle / The Church of Santa Maria Maggiore in Ferentino and the Cistercian Dimension of Thirteenth-Century Architecture in Southern Lazio / La chiesa di Santa Maria Maggiore a Ferentino e gli echi cistercensi nell‟architettura duecentesca del Lazio meridionale

Gallotta, Emanuele 21 June 2019 (has links)
La recherche porte sur l'étude historique et architecturale de l'église de Sainte-Marie-Majeure à Ferentino (province de Frosinone, Italie), l'un des plus importants édifices construits dans le Latium méridional au XIIIe siècle. Le contexte scientifique montre d'énormes désaccords relatifs à la période d'édification et, par conséquent, aux différentes références culturelles ayant inspiré l'architecture de l'église, à partir des abbayes de Fossanova (1208) et Casamari (1217). D'autre part, en raison de la rareté des sources médiévales qui nous sont parvenues, nous ne connaissons pas avec précision la chronologie relative et absolue du bâtiment. Le texte de synthèse, qui est supporté de deux volumes supplémentaires rassemblant les sources iconographiques et toute la documentation écrite (inédite ou non) sur Sainte-Marie-Majeure, se compose de trois parties. Après avoir retracé l'histoire de l'église, depuis ses origines jusqu'aux dernières restaurations, à partir de l'exposé critique de questions historiographiques, l'architecture de l'édifice et ses principales phases de construction sont analysées de manière exhaustive. Enfin, la dernière section contextualise notre étude de cas dans le cadre du renouvellement architectural du Latium méridional et, plus largement, dans l'histoire de l'architecture médiévale, sans se limiter à l'Italie. En sélectionnant tel édifice-clé, constituant un exemplum sous le point de vue architectural, la recherche a spécifié les modalités de réception et de transmission des modèles provenant de la Bourgogne et de l'Ile-de-France à l'architecture religieuse et civile dans la province ecclésiastique de Campagna et Marittima au XIIIe siècle. / My research deals with the historical and architectural study of Santa Maria Maggiore in Ferentino (in the modern province of Frosinone), one of the most important buildings erected in southern Lazio during the thirteenth century. The existing scholarship on the church was out of date and suffered from large gaps that left the history of its construction unexplained. Neither the date of the site‟s foundation nor that of its completion are known because of the lack of medieval documentary sources. Consequently, the main disagreements about Santa Maria Maggiore had concerned the sources of inspiration for its architecture, as scholars generally compared it to the model of the Cistercian abbeys of Fossanova (1208) and Casamari (1217). My dissertation is accompanied by two additional volumes containing the images supporting the text and a catalogue of written sources including unpublished archival documents, and it is divided into three parts. The first traces the entire history of the building and begins with a critical exposition of related historiographical issues. The second section exhaustively analyses the architecture of the church and its building phases by reconciling documentary evidence and visual analysis of the church. The third section contextualizes the design of Santa Maria Maggiore within the territory of southern Lazio and the panorama of "Cistercian" architecture. By taking this exemplary monument as its subject, my research demonstrates the complex reception of architectural models from Burgundy and the Ile-de-France, analysing their subsequent reworkings in thirteenth-century religious and civil architecture in the ecclesiastical province of Campagna and Marittima. / La ricerca affronta lo studio storico-critico della chiesa di Santa Maria Maggiore a Ferentino (FR), uno dei più importanti edifici costruiti nel Lazio meridionale durante il XIII secolo. Nonostante sia stata dichiarata Monumento Nazionale nel 1884, non era mai stata oggetto di uno studio sistematico ed è ancora oggi pressoché inedita. Il contesto scientifico, ormai desueto, soffre di grandi lacune sulle vicende costruttive della fabbrica, di cui non sono note né la data di fondazione né quella di completamento del cantiere a causa della scarsità di fonti documentarie medievali. Di conseguenza, i principali disaccordi hanno riguardato le influenze culturali fonte d‟ispirazione per l‟architettura di Santa Maria Maggiore, troppo genericamente ricondotte al modello delle abbaziali cistercensi di Fossanova (1208) e Casamari (1217). La dissertazione, accompagnata da due volumi supplementari che contengono le immagini di supporto al testo e il repertorio delle fonti documentarie, è suddivisa in tre parti: quella iniziale ripercorre l‟intera storia dell‟edificio a partire dall‟esposizione critica delle questioni storiografiche; la seconda sezione analizza in modo esaustivo l‟architettura della fabbrica e le fasi edilizie riconosciute; la terza parte, infine, contestualizza il caso studio nel quadro del Lazio meridionale e nel panorama dell‟architettura “cistercense”. Estendendo il campo di indagine, il lavoro ha acquisito un valore a scala territoriale poiché la ricostruzione delle vicende edilizie di Santa Maria Maggiore ha permesso l‟istituzione di raffronti con diverse altre architetture coeve sia italiane che francesi, al di là dei due magniloquenti monasteri di Fossanova e Casamari. A questi ultimi, infatti, la storiografia ha attribuito da sempre un ruolo privilegiato nell‟introduzione del linguaggio gotico ultramontano nel territorio a sud di Roma, di cui la chiesa ferentinese rappresenta una derivazione locale. Selezionando tale exemplum, la ricerca ha precisato le modalità di accoglienza dei modelli provenienti dalla Borgogna e dall‟Ilede-France, rintracciando le successive rielaborazioni nell‟edilizia duecentesca sia religiosa che civile nella Provincia ecclesiastica di Campagna e Marittima.
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"Du poème à l'histoire. La geste cidienne dans l'historiographie alphonsine et néo-alphonsine (XIIIe-XIVe siècles)"

Rochwert-Zuili, Patricia 16 January 1998 (has links) (PDF)
Décrivant l'ascension sociale d'un groupe de chevaliers valant par leur seule compétence, le "Poème du Cid" proclame le modèle d'une seigneurie personnelle destinée à corriger les effets néfastes d'un régime fondé essentiellement sur la 'nature'. Vouée à servir, quant à elle, les aspirations centralisatrices de la couronne, l'historiographie alphonsine tente d'imposer le modèle d'un ordre royal. Deux discours, donc, différents tant dans leur forme que dans les valeurs qu'ils véhiculent. Et pourtant, le "Poème du Cid" constitue l'essentiel du matériau narratif de l'"Histoire d'Espagne" pour l'histoire de Rodrigue Diaz et d'Alphonse VI. Quels furent, dans ces conditions, les procédés de transfert du discours épique au discours historiographique? Une étude minutieuse des similitudes que présentent les différentes versions de l'"Histoire d'Espagne" ("Chronique de vingt rois", "Version sancienne", "Chronique de Castille") permet de dégager les deux critères de sélection de l'information narrative: sa vraisemblance et sa fonctionnalité. Quatre opérations traduisent les mécanismes d'intégration de la geste à l'histoire: la segmentation, l'uniformisation, l'abréviation et surtout l'amplification. Sur ces remaniements repose l'essentiel du propos monarchique: réaliser la centralisation juridique et valoriser l'acte exemplaire de dépendance du sujet face au seigneur naturel. L'analyse des écarts entre les textes nous informe, à un autre niveau, de l'évolution du discours historiographique lui-même. Si le propos de l'historiographie reste inchangé, en revanche, la voix des destinateurs du récit s'exprime de façon plus personnelle. Ainsi, le texte accorde une large place à la noblesse chevaleresque, ces hommes désireux de gravir la hiérarchie des états en entrant au service du roi et qui, dans le dernier tiers du XIVe siècle, formeront les grandes Maisons Trastamare.
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Être et image : une approche de la notion de sujet chez Maître Eckhart

Desjardins, Pierre-Luc 08 1900 (has links)
Le présent mémoire constitue une tentative de circonscrire - par l’étude d’un corpus textuel principalement emprunté à l’œuvre vernaculaire (allemande) de Maître Eckhart de Hochheim (1260-1328) – le rôle joué par certains motifs conceptuels caractérisant la notion moderne de sujet-agent au sein de la pensée de ce philosophe, théologien et prédicateur. Plus précisément, il y est question de déterminer en quoi le « je » (ich) décrit en plusieurs lieux textuels de l’œuvre d’Eckhart présente les caractères d’autonomie et de transparence à soi qui sont l’apanage de la subjectivité telle que la conçoit majoritairement une certaine modernité postcartésienne. Notre argument, qui se déploie sur trois chapitres, adopte sur le corpus faisant l’objet de cette étude et la conceptualité qu’il déploie, trois perspectives différentes – lesquelles perspectives sont respectivement d’ordre ontologique (premier chapitre), existentiel ou éthique (second chapitre) et anthropologique (troisième chapitre). La première approche – ontologique – explicite le sens que donne Eckhart aux notions d’être, de néant, d’intellect et d’image, ainsi que la manière dont elles se définissent dialectiquement en rapport les unes avec les autres. Le second chapitre, dont l’approche est existentielle, expose les applications éthiques des concepts abordés au chapitre précédent, analysant la méthode de détachement prescrite par Eckhart pour parvenir à l’état de béatitude. Le troisième et dernier chapitre cherche, quant à lui, à définir de quelle manière l’homme se définit par rapport à l’union à laquelle l’invite Eckhart, et ce autant sur le plan spécifique que sur le plan individuel. / The following dissertation attemps to establish the presence of certain conceptual motives pertaining to the modern conception of subjectivity (as exemplified by the cartesian understanding of the self), in the middle-high german works of Master Eckhart of Hochheim, philosopher, theologian and predicator who was born in 1260 and died in 1328. In order to do so, it develops a three-fold argument taking place over three chapters, each of which presents a different approach - a different perspective - on Eckhart’s thought. The first chapter presents an ontological argument designed to explicitate the meaning of the key eckhartian notions of being, nothingness, intellect and image, whereas the second chapter exploits the existential consequences of Eckhart’s outlook on those notions – consequences which in ethical terms translate into the necessity for the human individual to practice a systematic annihilation of oneself in order to achieve an absolutely pure union with God. The third and last chapter of this dissertation attemps to explicitate de notion of “I” (ich), used by Eckhart to designate the identity that the detached human soul and God share, a type of identity in which we find similarities with the modern conception of the self – conception which Heidegger thought of as being entirely absent from precartesian philosophy.
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Représentations et exercice du pouvoir : les fables du "Calila et Dimna" castillan du XIIIe siècle, un miroir animalier du monde de cour / Representations and exercise of power : The fables of the 13th century Castilian version of "Calila et Dimna", an animal mirror of the courtiers world

Dalbion, Mathilde 02 December 2016 (has links)
Dans un certain nombre d’œuvres didactiques et sapientiales du Moyen Âge, l’animal est utilisé comme représentation du prince et de son entourage. L’animal est tantôt filtre, tantôt masque, un regard porté sur les cours princières par des auteurs plus ou moins impliqués dans celles-ci, et qui trouvent en l’animal l’outil le plus expressif pour exposer certaines valeurs ou dénoncer certains comportements. Notre étude se fonde sur un ensemble de sources, essentiellement le Calila et Dimna composé en Castille au milieu du XIIIe siècle pour l’infant Alphonse (futur Alphonse X) ; l’analyse inclut une étude de l’itinéraire textuel du Calila et Dimna : quelles différences présentent les versions indienne (Panchatantra), persane, arabe (Kalila wa Dimna), hébraïque, castillane, et les versions latines (Jean de Capoue et Raymond de Béziers). L’étude est étayée par une comparaison avec des textes indiens, persans et arabes qui offrent un rapport thématique avec ce traité dans la représentation du monde animalier. Textes latins et français (Roman de Renart, Roman de Fauvel accessoirement) complètent le corpus. Nous nous interrogeons aussi sur l’influence de la fable antique gréco-latine sur le traité (Ésope, Avianus), dans le choix des animaux et de leurs caractéristiques, notamment ; et sur les modalités de la transmission à l’Occident d’autres textes ayant suivi des itinéraires parallèles (Sendebar, Secret des Secrets, Roman des Sept sages de Rome). Nous nous demanderons si le Calila et Dimna n’était pas – comme le Renart ou le Fauvel – la caricature d’un certain milieu curial que les lecteurs contemporains n’avaient aucun mal à reconnaître ; et ce qu’il s’agisse de la version arabe ou de la version castillane du traité, étant entendu que chaque traducteur successif a contextualisé cette vision de la cour. Nous chercherons à comprendre la fonction et les mécanismes de ces masques animaliers : au-delà d’un bestiaire complexe, que nous nous attacherons à analyser de façon détaillée, en quoi et comment l’animal sert-il de filtre aux critiques politiques, comment constitue-t-il le miroir d’une vie de cour, et quelles images nous renvoie-t-il des courtisans ? Quels animaux sont-ils choisis (selon les versions) pour incarner tel ou tel homme de cour ? Quels préceptes moraux, traits de caractères, ou valences symboliques chaque animal « humanisé » véhicule-t-il ? Pourquoi utiliser des animaux ? Sont-ils là pour distraire les princes ou permettent-ils aux auteurs d’en dire plus qu’ils ne pourraient se l’autoriser, avec des héros humains ? L’animal est-il donc masque ou miroir ? / In a number of didactic and sapiential works of the Middle Ages, the animal is used as a representation of the prince and his entourage. The animal is sometimes a filter, sometimes a mask, looking at the princely courts by more or less involved authors. They find in the animal the most expressive tool to expose some values or to denounce some behaviours. Our study is based on a variety of sources, mainly the Calila et Dimna composed in Castile in the middle of the 13th century for the Infante Alfonso (future Alfonso X); the analysis includes a study of the Calila et Dimna textual path: what are the differences between Indian (Panchatantra), Persian, Arabic (Kalila wa Dimna), Hebrew, Castilian and Latin (Jean de Capoue and Raymond de Béziers) versions ? The study is supported by a comparison between some Indian, Persian and Arabic texts offering a thematic relevance in the animal world with this treatise. Latin and French (Roman de Renart, Roman de Fauvel secondarily) texts complete the corpus. We are also wondering about the Greco-Latin antique fable influence on the treatise (Esope, Avianus), concerning the choice of the animals and their characteristics. The modes of transmission to the Occident of other texts that followed parallel ways (Sandbar, Secret des Secrets, Roman des Sept Sages de Rome) are reviewed. We will be wondering whether the Calila et Dimna was not, as le Roman de Renart or le Roman de Fauvel, the caricature of a certain curial milieu that contemporary readers had no difficulty to recognise; Both the Arabic and the Castilian version of the treatise are concerned, on the understanding that each successive translator contextualised this vision of court. We will seek to understand the function and the mechanisms of these animal masks: beyond the complex bestiary, which will be thoroughly analysed, how and to what extent the animal is used as a filter for political criticism, how it constitutes the mirror of a court life, and what are the reflected images of the courtiers ? What animals are chosen (depending on the version) to embody one courtier or another ? Which moral precepts, character traits or symbolic values, each « humanised » animal is transmitting ? Why use animals ? Are they there to amuse princes or to allow the authors to tell more than they could with human heroes ? Is the animal a mask or a mirror ?
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La légende de Théophile dans l’occident médiéval (IXe-XVIe siècle) : analyse textuelle et iconographique

Côté, Mélanie 20 April 2018 (has links)
La légende de Théophile est complexe et elle occupe une place privilégiée dans l’Occident médiéval. Elle est représentée dans plusieurs manuscrits et sur de nombreux vitraux. Elle est également sculptée sur les parois de quelques églises et elle bénéficie très tôt d’une vaste tradition textuelle. L’objectif de cette étude est d’analyser ce thème en l’articulant à la réalité historique, aux comportements humains, mais aussi en effectuant de continuels allers et retours entre les images, les textes et leur environnement. Ainsi, l’étude sérielle et relationnelle de cinquante images provenant de supports variés (manuscrits, vitraux, images sculptées), combinée à l’analyse de plusieurs textes, révèle la dynamique et l’inventivité des représentations de cette légende particulièrement entre le IXe et le XVIe siècle.
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L’auteur au temps du recueil : repenser l’autorité et la singularité poétiques dans les premiers manuscrits à collections auctoriales de langue d’oïl (1100-1340).

Stout, Julien 04 1900 (has links)
Cette thèse entend proposer une analyse originale du phénomène connu mais polémique que constitue l’introduction de la notion d’auteur dans la littérature de langue française au Moyen Âge. Il s’agira d’essayer de contribuer à repenser la signification poétique, culturelle et historique de ce moment particulier où l’auteur – c’est-à-dire l’attribution d’un texte ou d’une série de textes à un nom propre donné – s’est imposé pour la première fois comme un critère structurant et primordial dans la production et surtout la transmission des textes de langue française dans les manuscrits médiévaux. Usant du concept foucaldien de fonction-auteur, des théories de la réception et du paratexte, ainsi que de la « Nouvelle Codicologie », l’approche déployée ici aborde l’auteur en tant que construction textuelle et éditoriale signifiante au sein d’un corpus de recueils littéraires de langue d’oïl où la volonté de construire des figures d’auteurs par les éditeurs de ces ouvrages est à la fois claire et indiscutable. Partie à l’origine d’un examen systématique de la tradition manuscrite d’environ 320 noms de poètes de langue d’oïl actifs entre 1100 et 1340, l’analyse se concentre principalement sur 25 manuscrits contenant des collections auctoriales dédiées à 17 poètes, dont le nom est associé avec insistance à une série de textes copiés les uns à la suite des autres. Parmi ces auteurs, on trouve les célèbres Chrétien de Troyes, Rutebeuf et Adam de la Halle, mais aussi Philippe de Thaon, frère Angier, Guillaume le clerc de Normandie, Pierre de Beauvais, Philippe de Remi, Gautier le Leu, Jacques de Baisieux, Geoffroi de Paris, Jean de l’Escurel, Baudouin de Condé, Jean de Condé, Watriquet de Couvin et Nicole Bozon. La présente analyse tente de nuancer et de dépasser la lecture répandue selon laquelle ces manuscrits à collections auctoriales individuelles constitueraient, de concert avec les fameuses biographies de troubadours et les chansonniers de trouvères, souvent présentés comme leurs « ancêtres », les débuts balbutiants d’une vaste épopée de l’avènement de l’« auteur moderne », annonciateur tout à la fois d’une « subjectivité littéraire », d’une « esthétique autobiographique » et d’un contrôle accru des auteurs historiques, réels, sur la transmission manuscrite de leurs propres œuvres. Tout en offrant une mise à jour contextuelle et matérielle – données originales à l’appui – concernant la dimension collaborative de la genèse de ces recueils et le caractère modulaire de leur transmission, on montrera qu’ils sont le fruit d’un dialogue nourri avec le modèle livresque latin et pluriséculaire de l’auctor – qui est à la fois un auteur, un garant de la vérité (auctoritas) et un ambassadeur prestigieux de la grammaire –, ainsi qu’avec l’antique exemple d’œuvres dites « biobibliographiques », qui décrivent la vie et l’œuvre d’auteurs illustres et exemplaires, comme le fait le De viris illustribus de saint Jérôme. Les manuscrits étudiés usent à répétition de ce modèle ancestral de la biobibliographie (« la vie et l’œuvre ») pour mettre en scène un face-à-face entre auteurs de langue d’oïl et auctores. Or cette mise en regard s’avère d’autant plus intéressante que, contrairement à ce qu’on observe pour les troubadours, considérés très tôt comme de nouveaux auctores illustres en langue vulgaire, dignes de cautionner l’excellence de la poésie et de la grammaire d’oc, elle ne prend pas uniquement, en français, la forme d’une imitation ou d’une adaptation de modèles anciens. En fait, l’analogie avec les auctores donne lieu à des exercices savants, autoréflexifs et parfois ironiques sur la fabrique éditoriale, poétique et épistémologique du type d’auteur et d’auctoritas qui peuvent (ou non) être bâtis dans des recueils en langue d’oïl, idiome qui était encore dépourvu à l’époque (1100-1340) de véritable grammaire, et où fleurissaient en revanche les genres littéraires de divertissement comme le roman, où l’on explorait la porosité des frontières entre le vrai et le faux, entre le bien et le mal. Plus qu’un pas pris dans la direction d’un sacre inéluctable, l’« invention de l’auteur français » à laquelle procèdent les recueils étudiés est un geste pétri des incertitudes et des interrogations de ceux qui le posaient, et qui en mesuraient la profonde vanité au regard de Dieu et de la mort. / This thesis aims to provide an original analysis on an often studied yet controversial issue: the introduction of the notion of authorship in French language medieval literature. The objective here is to reconsider the poetic, cultural, and historical signification of the particular moment when the author – understood here as the attribution of a text or of a series of texts to a proper noun – first became an essential structuring criteria in the production, and more importantly, in the transmission of French-language texts through medieval manuscripts. Using Michel Foucault’s concept of fonction-auteur, theories of reception and of the paratext, as well as New Codicology, this thesis will consider the author as a signifying textual and editorial construction within several literary collections written in langue d’oïl, in which the editors clearly and undeniably sought to construct figures of the author. Based on the systematic examination of the manuscript tradition of approximately 320 names of langue d’oïl poets, who were active between 1100 and 1340, this analysis will focus primarily on 25 manuscripts containing authorial collections dedicated to 17 poets, whose names are strongly associated with a series of texts that are copied one after the other. Among these authors are the famous Chrétien de Troyes, Rutebeuf and Adam de la Halle, as well as Philippe de Thaon, frère Angier, Guillaume le clerc de Normandie, Pierre de Beauvais, Philippe de Remi, Gautier le Leu, Jacques de Baisieux, Geoffroi de Paris, Jean de l’Escurel, Baudouin de Condé, Jean de Condé, Watriquet de Couvin and Nicole Bozon. This thesis attempts to question and ultimately discard the common conception according to which the manuscripts containing individual authorial collections constituted – along with the famous biographies of the troubadours and the chansonniers of the trouvères, often considered as their « ancestors » – the timid beginnings of the rise of the « modern author », himself a prequel to « literary subjectivity », « autobiographical aesthetics » and an ever stronger control exerted by actual empirical authors over the manuscript transmission of their own works. While offering contextual and material updates – supported by original data – regarding the collaborative process that went into the creation of these collections, as well as the modular aspect of their reception, this thesis will show that these collections were formed through a rich dialogue with the centuries-old latin model of the auctor – who is at once an author, a guardian of truth (auctoritas) and a prestigious ambassador of grammar –, as well as with the antique tradition of « biobibliographical » texts, dealing with the life and works of famous and exemplary authors, such as De viris illustribus, by saint Jerome. The manuscripts studied here repeatedly used this ancient model of biobibliography (« the life and works ») in order to stage a competition between authors writing in langue d’oïl and auctores. This confrontation is particularly interesting when one considers that – contrary to what may be observed in the case of the troubadours, who were quickly seen as the new illustrious vernacular auctores, worthy of vouching for the excellency of langue d’oc poetry and grammar – , we are not simply dealing here with a form of imitation or adaptation in French of ancient models. In fact, the analogy with auctores allows for autoreflexive and sometimes ironic learned exercises, dealing with the editorial, poetic and epistemological creation of the type of author and auctoritas in manuscript collections in langue d’oïl, an idiom which at the time (1100-1340) lacked a true grammar, yet was used in various literary genres meant for entertainment, such as romance, which explored the evanescent barriers between truth and lies, good and evil. Rather than a small step in the long path towards an inevitable coronation, the « invention of the French author » undertaken by these collections constitutes an action that reflects all the uncertainty and interrogations of those who undertook it, while being fully convinced of its utter vanity in the eyes of God and death.

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